L'Astre Tyran

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Coincé entre "La Gueule" - un trou noir supermassif - et l'espace Hutt, Kessel est un monde mort qui sert de bagne à l'Empire. Le seul intérêt de cet astre désolé est le Glitterstim, une épice minée en abondance.
Gouvernement : Empire
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ImageFinalement, peu importe l'énergie déployée dans l'effort, l'Empire ne connaît pas la paix. Depuis sa création, cette puissance qui se voyait déjà la puissance galactique suprême ne connaît que des troubles. Même les clochards et les plus imbéciles de Bastion s'en rendent compte : l'Empire n'est qu'un fantoche. A peine capables de préserver leur dirigeant, comment peuvent-ils espérer, tous ces bureaucrates, garder intactes ces maudites frontières que la Chienne Républicaine s'amuse a grappiller par les armes et la politique ? Comment ces fils biens-nés, ces placés, peuvent-ils ne pas connaître, nier même, leur incompétence ? Palpatine, le premier Empereur, était le seul à pouvoir guider cette formidable machine, à endosser ce costume de grand ingénieur. Si son trône lui fut retiré, si Cir-Delàviel prit le titre d'Impératrice, si l'Empire se vit diriger par cette femme incompétente, c'est par l'orgueil et l'excès de confiance de ce morbide vieillard, et sa certitude absolue en ses propres pouvoirs. Aveuglé, son assassin pu assouvir son fantasme. La place était libre, la route ouverte...

ImageLe Triumvirat aurait pu ramener l'Ordre. Il aurait pu, oui, s'il avait été stable et si cette folie démocratique n'avait submergé le gouvernement ! Enfin, une façade de démocratie ; inutile de prétexter le pouvoir du peuple s'il n'en est rien, cela ne peut que diviser... Et la division, c'est le Chaos ! Les Triumvirs sont pourtant des compétents, inutile de le nier, mais la démocratie ne peut fonctionner avec l'idéal impérial. On ne peut satisfaire l'Ordre et ce stupide concept de l'ancien régime millénaire. Le croire, l'envisager même, n'est que fourvoiement ! Pour autant, l'avenir n'est toujours pas attrayant. Le Triumvirat perd certes de son influence, c'est heureux. Hélas, en parallèle de cet abaissement, une mouvance composée de notables s'élève, risquant de tout emporter. Ysanne Isard, la directrice des Renseignements Impériaux, pourrait être à la tête de ce mouvement. La rumeur le prétend, Pellaeon en est convaincu. Le Grand Amiral n'a certes aucune preuve, mais Cœur de Glace correspond parfaitement aux derniers événements ; tous les Moffs et membres de la Diète, ce lamentable sénat impérial, qui s'opposaient aux trois grands seigneurs de l'Empire sont mystérieusement morts... Assassinés "officiellement" pour la plupart, morts dans des accidents voulus par une certaine coïncidence pour les autres. Peu importe, aux yeux du Corellien, c'est un sujet parfaitement limpide : l'Empire est sujet à une purge politique de grande ampleur. L'Empire part sur un mauvais chemin. Il n'est pas impossible que la directrice des Renseignements, forte de sa puissance et des rapports de ses services, prenne de plus en plus de pouvoir. Là où le Triumvirat roulait l'Empire dans un simulacre démocratique, le régime qui se dessine plongera dans l'horreur la plus totalitaire. Il n'est pas non plus à exclure que les populations impériales se verront de nouveau plongées dans la terreur la plus absolue... Cette épreuve, si ces prédictions s'avèrent juste, l'Empire ne peut y survivre.

ImageFidèle à son intraitable dévouement à l'Empire, le vieux Gilad ne cesse, en parcourant les couloirs des Renseignements Impériaux, de réfléchir à cette situation désespérante. Son devoir, en tant que Grand Amiral de la Marine Impériale, n'est rien de plus que de sauver ce qui peut l'être... Quitte à se dresser contre la folle régnant sur ces lieux. Mais tout Grand Amiral qu'il est, il a besoin d'alliés. Et il est bien décidé à en trouver grâce aux informations collectées par les agents d'Isard.

ImageArrivé à la salle des archives - son grade lui en permet l'accès sans éveiller les soupçons - l'officier vieillissant, accompagné d'un regard sévère ne laissant aucune place à la contestation, ordonne à la responsable en service de le laisser seul, prétextant des recherches importantes dans le cadre d'une prochaine mission. Prétexte pas si éloigné de la vérité d'ailleurs... La vieille Humaine, masquant à grande peine son ego outragé, déguerpit rapidement. Installé au terminal de recherches le plus en retrait, Pellaeon s'enfonce de plus en plus profondément dans les secrets présents et passés de l'Empire : bases secrètes, projets techniques, pandémies se révélant déclenchées par le Haut Commandement Impérial, défaite restées secrètes, même les liaisons gênantes de l'Impératrice... Tout est stocké là, à portée de main pour tout haut-gradé. Mais il fallait remonter plus loin encore dans les ombres. C'est là que se trouve le salut.

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ImageEnfin, après plusieurs heures de recherches interrompues par diverses irruptions d'officiers et d'agents, un élément intéressant se présente. Quelque chose de très vague, mais possiblement d'une importance cruciale car venant du Grand Moff Tarkin, celui-là même à l'origine de la Terreur Impériale, à la suite du coup d'état de Palpatine. Un homme d'une puissance inimaginable, une arme de guerre psychologique à lui seul, capable de lire les esprits et de frapper aux failles, tout juste précis, pour faire s'effondrer même le plus résistant des héros. Le documentent parle d'un complexe ultra secret. Aucune consultation depuis des années, pas un curieux avec qui s'entretenir et à qui soutirer d'éventuelles informations plus précises... Car, sortie de l'existence de ce complexe, l'archive n'apprenait rien au Grand Amiral. Un faux espoir, encore. Mais, alors qu'il s'apprête à reprendre les recherches, il remarque un fichier pas encore consulté... Les coordonnées ! A proximité de Kessel, dans une région appelée Maw correspondant à un immense amas de trous noirs... Des trous noirs, oui. Une sacrée parade à la localisation. Sans doute un des meilleurs endroits pour dissimuler un complexe de ce genre.

ImagePensif, Pellaeon quitte la salle des archives. Peu importe la nature de cette installation spatiale, il doit s'y rendre. Peut-être est-ce dangereux. Sans doute même. Impossible d'en être certain. Il est même envisageable que ce ne soit plus qu'une coquille vide perdue dans l'immensité galactique. Mais la situation de l'Empire est telle qu'un Grand Amiral ne peut se montrer trouillard. Attrapant son comlink, il le porte à ses lèvres.

"Messieurs, préparez ma navette. Nous retournons à Bastion, dans l'instant. Je veux avoir quitté l'atmosphère de Yaga Minor dans moins d'une heure !"

ImageMême s'il n'avait pas d'autre choix que de s'y rendre, inutile de prendre des risques dont on peut se passer...

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"Ravi de vous avoir sous mes ordres, Amiral Parck. Vos états de service sont réellement impressionnants... A vrai dire, l'ensemble de votre dossier fait de vous un des meilleurs officiers de la Marine Impériale. Ah ! je vous le dis : quand ma mort viendra, vous pourrez briguer le grade de Grand Amiral !"

ImageEffectivement, l'Amiral Voss Parck est sans aucun doute l'un des amiraux de l'Empire les plus talentueux. Il allait faire un excellent bras-droit. C'est pour cette raison que le choix du Grand Amiral s'est porté sur lui, sa flotte stationnée à Bastion. Il a besoin d'un homme de confiance intelligent et fidèle à l'Empire pour l'épauler dans l'épreuve qui se dessine... Assis dans un fauteuil confortable, le jeune officier regarde son aîné prendre possession de son bureau, lui-même déménageant ses quartiers dans une suite plus modeste, plus proche des dortoirs réservés à l'équipage.

"Vous m'honorez, Grand Amiral Pellaeon. C'est un honneur de servir sous les ordres d'un des plus grands hommes de l'Empire. Vous êtes connus de tous dans cette flotte, et l'annonce de votre commandement a réjoui tous les équipages. Il nous tarde, à tous, de connaître le sujet de cette mission dont vous me parliez tout à l'heure."

"Oui, la mission... Je vais être franc, Parck. Ce n'est pas une mission. Je fais tout ceci de mon propre chef. Vous n'ignorez sans doute pas que l'Empire se retrouve dans une situation... Instable ! Oui, c'est le mot, "instable". Cœur de Glace prend de plus en plus de pouvoir et je suis certain que vous aussi êtes convaincu de son implication dans les "accidents" qu'ont subi les membres dissidents de la Diète... N'est-ce pas ? Vous n'êtes pas crédule comme les autres ? Bien. Transmettez donc ça au pont. Nous faisons route vers le Secteur Kessel. Je sais que vous allez trouver mes coordonnées et mon comportement étranges, je le comprends parfaitement, mais ne posez pas de questions... Pas pour l'instant. Revenez ici une fois que nous serons en hyperespace, je vous expliquerais tout pendant le voyage."

ImageParck claque le talon, salut le Grand Amiral et disparaît, se dirigeant vers le pont.

*J'ignorais qu'il était à ce point mystérieux...*

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ImageSortie de l'hyperespace. Secteur Kessel. Pellaeon est sur le pont, le jeune Amiral à ses côtés. Un spectacle étrange s'offre à eux : un paysage de trous noirs, partout autour d'eux. Fantastique prouesse que de pouvoir naviguer dans cet endroit, ce "Maw". Plus surprenant encore : perdue dans cet amas stellaire incroyable, flotte une immense station spatiale apparemment habitée à en croire les capteurs impériaux. Composée de plusieurs module-astéroïdes reliés entre eux par des bras de navigation, il ne peut être question, de toute évidence, que du complexe enregistré par Tarkin dans les archives impériales. Cette installation était bien de son genre.

"Vous avez vu la taille de ce truc ? Comment c'est possible qu'un monstre pareil soit inconnu ? Je suis sûr que personne n'en a jamais entendu parler. Et encore, il faut que ce soit habité !"

ImageDevant ce commentaire, le Grand Amiral se raidit.

"Un peu d'humilité, Enseigne ! Ce "truc", comme vous le nommez, contient peut-être le salut et les sauveurs de l'Empire..."

ImageMais voir trois Destroyer de l'Empire à leur porte pourrait très bien mettre ces sauveurs en état de guerre. Pas de temps à perdre, aucunement !

"Branchez-moi sur leur canal de communication."

ImageLe signal lumineux est allumé. L'approche peut commencer.

"Ici Gilad Pellaeon, Grand Amiral de la Marine Impériale. Je souhaite m'entretenir avec le responsable de cette station."

ImagePlus qu'à attendre. C'est plus simple que prévu, finalement. Enfin, tout dépend des habitants de cette base... [/table]
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La libération. Par exemple : libérer une nation d'un joug étranger ou despotique. La libération consiste surtout à changer une réalité : passer d'un état sclérosé à un autre état. Quel est cet autre ? Ce processus existe-t-il vraiment ? Ou est-ce une illusion de voir son état changer parce qu'une parcelle de la réalité change ?
Une secte religieuse du sud de la galaxie postulait la chose suivante : on ne se libère pas, on passe d'un état réputé cloisonné à un état qui n'est pas réputé l'être, du moins durant un bref instant, pour ensuite retomber dans l'état initial. Pour illustrer ce nihilisme, la secte religieuse postulait une anecdote : un fidèle venant voir le Sage se plaignait des routines de son existence. Le Maître lui dit : achète-toi un Rat-Womp, puis deux, trois, quatre. Mieux ! Achète-toi un Bantha en plus, rajouta-t-il. Le fidèle s'exécuta. Exténué par les charges de l'entretien de ces animaux, le fidèle, plaintif et interloqué de ce qu'il considéra être comme une punition, revint voir le Maître. Vends-les maintenant, lui ordonna le Maître. Ce qu'il fit. Il revint le voir. Il se sentait mieux. Pourtant, il était revenu à l'état initial. Mais son regard sur cet état avait changé. Il ne cessa ensuite de baigner dans cette extrême satisfaction. Du moins, jusqu'à la prochaine fois.




J-3 avant la Libération, le fidèle rencontre le Sage

Premier borne lumineuse passée, deuxième, troisième. Je courais comme chaque matin dans cette immense salle de sport. Un énorme rectangle dont les contours faisaient office de piste de jogging. Au centre, assez de place pour contenir trois ou quatre terrains de jeux d'équipe, selon la configuration. Aujourd'hui, j'étais seule à courir.
Les bornes lumineuses affichaient ma vitesse, mon rythme. Des capteurs calculaient en temps réel ma progression, les progrès par rapport aux tours antérieurs etc. Cette salle, c'était mon unique expiatoire à la claustrophobie qui me gagnait : le Maw me limitait autant physiquement que psychologiquement. Les salles étaient petites, les procédures répétitives, et je perdais déjà depuis quelques semaines mon imagination à inventer de nouveaux exercices pour maintenir la garnison au niveau. Je perdais pieds, mon esprit se sclérosait, c'était très mauvais signe.

Quatrième, cinquième et sixième borne. La performance était au niveau, mais elle diminuait petit à petit. Au centre du gymnase, des stromtroopers s'entrainaient tous les jours, comme le voulait le règlement que j'avais mis en place. Par rotation de la garde, tous les membres devaient faire de l'entraînement physique soutenu. Même les grosses têtes prétentieuses du complexe de recherche devaient s'y mettre. Seul moyen de ne pas rendre fou les occupants. Si je devenais folle, autant que Kratas reprenne le flambeau, mais la troupe du Maw devait rester au niveau. Seule comptait cette mission. Elle devenait longue, Tarkin devait avoir ses raisons. Pour autant, mes pensées devenaient de plus en plus mauvaises. Rien, en 9 ans. Absolument rien.

Septième, huitième... Non, cette fois il fallait que je m'arrête. Les chiffres affichaient par l'écran commenceraient à diminuer dans quelques secondes. A la vue de tous. Et il ne fallait absolument pas que les hommes me voient moins forte que la veille. En temps normal, j'aurai réservé la salle rien que pour moi. Mais le Complexe du Maw était petit, l'espace rare. J'arrêtais et je saisissais mon comlink accroché à ma ceinture pour appeler Kratas : la traditionnelle réunion des chefs de service sera avancée. Un bon prétexte pour justifier l'arrêt de la course devant les hommes. Tiens, voilà que je dois justifier mes faiblesses... Faiblesse ? A bout de souffle mais bombant le torse comme si ce n'était qu'un échauffement, je quittais la salle en serrant les dents de rage à l'idée de cette pensée inacceptable.

Non, tout ça n'allait pas du tout. Tarkin, tu dois avoir une excellente raison, je l'espère.




J-2 avant la Libération, le fidèle écoutant le Maître

Complexe de recherche, le lieu où l'élite scientifique de l'Empire, donc de la galaxie, travaillait à la recherche de nouvelles armes tant chéries par le Haut-Moff à l'origine de ce projet. Une idée géniale. Même l'impératrice n'était pas au courant de l'existence de ce lieu. Personne, sauf ses occupants, Tarkin, et peut-être quelques hommes de sa garde rapprochée. Avec ces 9 ans, je réussis à analyser rétroactivement son comportement d'un autre angle. J'en vins à croire que cet homme est plus ambitieux qu'il ne le laissait paraître. Cir-Delavièl n'était pas éternelle, même si c'est une Sith. Tarkin, avec ses moyens et son intelligence pouvait largement s'octroyer le pouvoir suprême. Il en guette l'occasion depuis le début, j'en suis persuadé. Lui seul avait une vision globale de la situation dans laquelle était plongée l'Empire. L'Impératrice, outre ses qualités revendiquées, fricotait en permanence avec une bande de ploutocrates, genre Pestage, Dangor. Le fameux cercle impérial.
Tarkin s'en plaignait souvent, et je ne le comprenais que trop bien. Quelle utilité avait un mélange d'oligarques, de politiciens véreux, de Mains ambitieuses et de militaires corrompus ? Lors de mon départ, la situation devenait abjecte. Delavièl, fourrée on ne sait où avec ses mignons et grimoires, confia la gestion réelle de l'Empire à Tarkin, devenu Haut-Moff de l'Empire.
Le véritable chef d’État. Aucun doute qu'il pouvait devenir numéro 1.

Les scientifiques travaillaient bien, ils étaient réellement les meilleurs. Tous les jours ou presque, je me rendais au centre de recherche pour examiner l'avancement, me tenir au courant des problèmes qu'ils pourraient rencontrer, me cultiver. Car je ne comprenais, je dois l'avouer, absolument rien à ce qu'ils faisaient. Heureusement pour moi, les 9 années passées au sein de ces lieux me donnèrent le temps nécessaire pour me familiariser aux sciences. D'une façon superficielle certes, mais c'était déjà ça de gagné. Actuellement, ils travaillaient à la stabilisation d'un engin pouvant changer le climat, rendez-vous compte. Nom de code : le cercle à ion. Encore très dangereux à tester, il pourrait modifier la composition physico-chimique du sol, bref transformer la biodiversité d'un monde. Le rendre viable, comme le plonger dans la stérilité. Ce côté Janus à double face rendait l'arme très intéressante sur le plan politique, beaucoup plus que l’Étoile Noire.

Le vrai connaisseur des enjeux, c'était le commandant Kratas dont les origines kuatiennes lui donnaient une espèce de qualité innée dans la compréhension de tout ce baratin scientifique. Raison pour laquelle on l'avait affecté ici d'ailleurs. Si j'étais numéro 1, lui pouvait être considéré comme le second. Un homme discret, organisateur et entreprenant. Beaucoup de changements au sein du Maw sont les fruits de sa réflexion qui déteignit sur moi. Il ajoutait une atmosphère plutôt calme et apaisante, au point qu'il m'accompagnait - ou me remplaçait - lors des inspections. Les chercheurs l'aimaient plus que moi, allons bon...

Ces scientifiques d'ailleurs en les regardant, Xux en particulier, j'en étais presque honteuse de me plaindre moi. Ils avaient vécu un calvaire lors de la sélection. Je n'étais pas présente, mais j'avais lu les rapports. Ils méritaient ma compréhension, peut-être mon indulgence. Mais je devais me montrer prudente : ma gentillesse serait interprétée comme une faiblesse à leurs yeux. Alors j'avais formé un tandem classique : Tol Sivron, le chef d'équipe et organisateur était le méchant, et moi la moins méchante. Quant à Kratas, c'était l'ange du ciel... De quoi leur offrir un appel d'air qui ne les rendait que plus efficaces dans leurs recherches. Ce petit jeu après 9 ans devenait de plus en plus ridicule, mais on faisait tous semblant d'y croire. Pitoyable.




J-1 avant la Libération, la souffrance du fidèle

En salle de réunion avec les commandants des vaisseaux de la flotte : les capitaines Kratas, Thanas, Brusc et Mullinore. Moi au milieu. Le général Odosk en face, à sa gauche Kratas. Le sujet était inhabituel, mais suffisamment spontané et caractéristique de la situation. Une situation qui pourrissait. J'allais tomber à la renverse cette fois-ci.
- Le capitaine Fredja a fait une tentative de suicide.
- Veuillez m'excuser ?
- Il s'est tailladé les veines. Il est actuellement au centre de secours, rien de grave pour cette fois.
- Pour cette fois oui, cela fait des semaines que je livre dans les rapports mes inquiétudes. Les hommes sont frustrés, les bagarres se multiplient.
- Vous avez vos ordres, général. Vous êtes responsable de la garnison du complexe. Je constate moi que les hommes de la flotte restent disciplinés. Avez-vous une explication autre que votre manque de compétence dans la sauvegarde du moral de vos troupes ?
- Amirale, la psychologie de l'infanterie est particulière : il faut de l'espace, du terrain, du vrai mouvement. Les exercices cloisonnés ne suffisent plus. Les fausses alertes, les manœuvres. La flotte a tout l'espace pour s'entrainer, elle.
Toujours à changer de sujet... Son second s'ouvre les veines, et lui n'a rien vu venir ? Au moment où j'allais le briser, Kratas me fit un léger signe : permission de parler. Pourquoi pas.
- Général, vous oubliez que nous avons déjà été confronté à ce genre de problèmes.
Il faisait allusion à l'envie des hommes. 9 ans sans avoir touché une femme, vous pensez bien qu'ils auraient été tentés. Heureusement, on avait quelques chimistes dans le lot des chercheurs, ils créèrent une substance - l'AO-5 - qui neutralisait cet instinct animal. Chaque jour dans la nourriture, et le tour était joué. Ce qui permettait de faire mes exercices en débardeur avec toute la sécurité nécessaire, pour eux bien entendu.
- Nos chercheurs travaillent cette fois-ci sur une substance qui inhiberait l'agressivité au jour le jour.
- Nos soldats devenant des drogués, c'est admirable comme issue logique, capitaine. Vous avez pensé à l'efficacité de nos troupes ? Supprimer l'agressivité, fort bien. Il ne faudra pas se plaindre de leur manque de performance aux prochains exercices. Vous disiez déjà que l'AO-5 réglerait le problème, tout instinct ne serait que sexuel à l'origine.
Cette fois, il n'avait pas tort. La suppression de l'envie avait diminué la réaction, de quelques points seulement certes. En cas d'attaque surprise, une substance sous forme de pilule à croquer - le S-02 - était dans la poche de chaque stormtrooper : un stimulant.
- Effectivement, je préfère encore de l'agressivité que de la mollesse au sein de cette station. Les recherches sur le AO-5 et le S-02 ont déjà pris beaucoup de temps et d’énergie. Sans parler des autres remèdes contre l'anxiété et la claustrophobie. Nous nous en passerons, les projets en cours doivent requérir tout l'attention des scientifiques.
Général, augmentez le temps des exercices sportifs. Nouveau rapport dans trois semaines.

- A vos ordres.
C'était un palliatif, je le savais bien. Mais on ne pouvait rien fait d'autre en l'état actuel des choses. Devinez un peu, moi même j'en prenais, c'est pour dire.




La Libération frappe aux portes du fidèle exténué

Le jour de l'exercice allait débuter. Aujourd'hui, l'attaque d'une flotte ennemie. Bien sûr, peu de chance que cela se produise, mais il était consigné dans le cahier. C'était l'exercice que je préférais à l'origine, l'ennemi serait un libérateur. En le détruisant, c'est moi que je rendais plus libre. Vaincre ses démons, ses frustrations en les projetant sur l'adversaire. Puis en l'anéantissant, je me purifiais d'une certaine manière. Sauf que, comme le reste, cela ne suffisait plus. J'évacuais cette fois ma colère en étant pointilleuse sur toutes les manœuvres et autres procédures de combat. La flotte, la garnison ; tout le monde dans son comlink pouvait entendre ma voix cassante. Malheur à la section qui recevait ma communication.

Une alerte survint. Oui, quelque chose d'imprévue. Je saisis le comlink au point de presque le briser entre mes mains.
- Centre des senseurs, trois destroyers stellaires en approche !
- Précision, fis-je froide. C'est clair qu'ils en auraient oublié les modèles à force de voir des DSI patrouillant autour de la station...
- Deux destroyers de classe 1 et un de classe 2. Manœuvre non-offensive, déglutit-il.
Bien, bien... Aucun signalement, aucune communication. Il fallait donner les ordres en conséquence.
- Amirale, une communication. Le comlink fit résonner la voix d'un homme, une cinquantaine minimum. Ton martial, un produit de l'académie. Gilad Pellaeon, Grand Amiral. Bon, c'était déjà un signe positif. Peu de chance que Pellaeon décide spontanément de venir prendre possession d'une station scientifique à ses heures perdues. J'étais en passe de devenir peut-être schizophrène, mais pas au point de perdre de vue la réalité de la loyauté de cet officier.

La seule chose qui ne collait pas, c'est qu'il ne devait pas être ici, mais Tarkin à sa place. Tout cela était très étrange. De plus, pourquoi trois destroyers ? C'était un signe de pression que seul un idiot ne verrait pas. Il voulait me forcer à l'entendre, peut-être à accepter sa venue ici. Et pourquoi pas ? Un léger rictus cynique me traversa le visage. Je répondis à la communication :
- Ici Natasi Daala, Grand Amiral de l'Empire, responsable de ce complexe au nom du Haut-Moff Tarkin. Requête acceptée. Transmission des coordonnées atterrissage pour une navette lambda uniquement. Amirale Daala, terminé.
Et les coordonnées furent transmises. Puis, je transmis toute autre chose aux unités du complexe :
- Ici amirale Daala. Exécution de la procédure B-71, ceci n'est pas un exercice. Une haie d'honneur pour le hangar 3. Amirale Daala, terminé.

Si la réputation de Pallaeon le précédait, il n'était pas censé connaître l'existence de ce lieu. Sa venue constituait déjà une alerte en soi. La procédure B-71 fut déclenchée : tous les systèmes de sécurité de la station intérieurs et extérieurs furent activés. Chaque astéroïde contenait une troupe, et des stocks d'armes permettant de défendre contre tout abordage depuis un hangar et combattre la progression le long des bras reliant les astéroïdes : avec des portes de sécurité, meurtrières etc.

Tous les hommes furent sollicités. Les scientifiques, selon une procédure très particulière se mirent à l'abri à l'intérieur d'un hangar sécurisé et verrouillé, prêt à être évacués en catastrophe en direction de Kessel par navette. Idem pour les plans et dernières avancées avec eux. L’astéroïde contenant les laboratoires - les armes et autres prototypes - était vidé de tout âme, prêt à être détruit avec son contenu si besoin. La flotte était mobilisée, prête à faire un mini-saut sur les flancs ou les arrières des DSI : heureusement elle s'entrainait non loin de la station. Le Hangar 3 et sa haine d'honneur reçurent des consignes spéciales pour neutraliser les éventuels gardes de Pellaeon.

Tout ce remue-ménage créa une adrénaline extrême au sein des occupants de la station. Tout le monde rêvait presque d'une attaque.

Mais c'était toujours peu probable, connaissant l'émissaire.

Sa navette avait décollé et rencontra les TIE du Maw, chargés de l'escorte. Seule la Force pouvait bien savoir ce qu'il s'était passé au sein de l'Empire pour que Tarkin maintienne ce maudit silence radio durant toutes ces années.

Au QG, je continuais à scruter la navette qui s'approchait, sans bruit, sans raison vers le complexe. Soudain, par je ne sais quelle defaillance, je me détacha de l'extérieur. Le temps semblait s'arrêter, du moins ralentir. Je n'avais aucun traitre souvenir de ce que j'avais fait les premières années sur cette station. Il n'y avait que moi et la navette, entre les deux une profonde et inexplicable mélancolie.

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