L'Astre Tyran

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By Jen'Ari Nekanasaza
#35003
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    - Un cœur patient -


    Dargul. Début d’après-midi. Bureau d’un fonctionnaire joufflu.

      « Mademoiselle … Comtesse Daerenth … »

    Confortablement installé au fond de son fauteuil moelleux, il feuilletait du bout des doigts le projet de la jeune Humaine à la chevelure de feu.

      « Ainsi, vous prévoyez … trente places. N’est-ce pas ? »

    Elle acquiesça d’un hochement de tête. Eh bien, elle n’était pas bavarde celle-là.

      « Bon, alors … »

    Il se dandina sur son séant, faisant mine de se pencher vers son interlocutrice.

      « Vous avez les fonds, il ne manque plus que l’emplacement. Je serais favorable à une rénovation, ou une reprise, plutôt qu’une construction, n’est-ce pas ? Hein ? »

    D’un froncement de nez, ses petites lunettes remontèrent sur leur promontoire.

      « Absolument. Nous n’avons pas pour objectif de faire construire. La reprise ou la restauration d’un établissement existant est à préférer. À l’achat, bien entendu.

      - Ha ! Oui, oui. Alors. Voyons. »

    Il se détourna du dossier, pianotant minutieusement sur l’écran de son poste de travail. Il cherchait, lentement, mais il cherchait.

      « Ha, oui. L’année dernière, l’école spécialisée de … de … de … »

    Il plissait les yeux pour mieux lire.

      « … de … oui, bon, tant pis. »

    Un peu gêné par l’intitulé de la formation, il poursuivit sans attendre.

      « C’est un bâtiment de deux étages qui comporte quatre salles de classe, trois petits dortoirs, un réfectoire et une cours intérieure, et quelques bureaux. Pour trente enfants ça devrait être suffisant. Il peut également accueillir une dizaine de personnes supplémentaires, enseignants, surveillants, et autres. C’est … euh … à Abravio, vous voyez à peu près ?

      - Oui, oui. Je peux le voir ?

      - Bien sûr ! »

    On prit rendez-vous pour la visite dudit bâtiment. Le fonctionnaire s’était arrangé pour planifier cela le plus tôt possible, trop heureux de pouvoir peut-être se débarrasser de murs devenant ruines et qui coûtaient bien trop à son goût.

    L’homme n’avait pas menti. L’ancien lycée était constitué de deux étages et divisé en trois ailes distinctes. L’une dédiée aux dortoirs et aux salles de bain, une autre destinée aux salles de cours au nombre de quatre, et la dernière réservée à la cuisine, le réfectoire et les locaux administratifs, et autres logements du personnel. Il y avait bien quelques réparations et rénovations à prévoir, mais au moins, la toiture était en bon état. Ce n'était pas très grand, mais pour une trentaine d’orphelins, c’était bien suffisant. Car c’était bien là le projet : un orphelinat.

    De retour au bureau du fonctionnaire bouffi, Isabo lui fit part de son souhait d’acheter le bâtiment. Combien ? Ensuite, elle trouverait l’entreprise idéale pour effectuer les réparations et la mise aux normes. Pour combien ? Puis, elle procéderait à l’équipement complet de son orphelinat. Un prix ? Mais, pour l’heure, elle n’en avait pas fini avec ce monsieur.

      « Vous l’aviez peut-être constaté, le dossier comprend une demande de subvention.

      - Oui.

      - Et …

      - Et oui, l’état distribue des subventions pour ce type d'initiative. Et votre association … vous avez bien une association ?

      - Euh, oui, enfin. C’est un collectif. Sakti. C’est le collectif Sakti qui se trouvera être à l’initiative.

      - Bien. Bon, et bien, le collectif entrera dans la liste des établissements pour l’adoption des orphelins. Voilà. »


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Modifié en dernier par Jen'Ari Nekanasaza le lun. 4 févr. 2019 09:37, modifié 1 fois.
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By Destin
#35018
----- Modération Flash -----
La demande étant essentiellement économique, pas besoin de développer. Bon projet en tout cas, et chouette image pour le bâtiment.


Consolider la façade d'une hybridation manoir/chapelle close comme un cimetière allait donner une ambiance fort catholique à l'ensemble. Eut-on posé croix à l'envers sur le fronton que la couleur n'aurait pas été mieux annoncée.

Pour payer le terrain, en friche, abandonné, en mauvais état, on pouvait convenir d'une somme rondelette à 400.000 crédits, idéal pour un investissement pour un bricoleur. Pour rénover la bâtisse, - combler les fissures, refaire les charpentes, re-terrasser les fondations - on proposait un devis à 3 millions. Pour payer le matériel, on rajoutait un bon 500.000, incluant les équipements obligatoires hors de prix, et le matériel dont on aimait s'équiper. Entretenir l'endroit n'était pas excessif : en payant les réparations, les contrats liés au bâtiments ( énergie, sécurité ) on venait à un entretien affaibli, d'à peine 100.000 crédits au mois. Petit endroit, petit matériel, pas de sécurité, au sein d'un endroit galactique où la vie était moins chère.

Etant donné le caractère non-lucratif de l'endroit, mais compte tenu de sa capacité d'accueil très restreinte, le gouvernement accorda trois choses :
    L'abandon de la taxe sur les revenus ( remarque, 10% de zéro faisait toujours zéro )
    Un don brut de 500.000 crédits pour la remise en état
    Une subvention de 15.000 crédits par mois.

Soit :

- 3.9 millions de crédits d'achats, avec 0.5 million à investir dedans
- 100.000 crédits d'entretien pour 15.000 crédits de subvention.

Soit : 3.4 millions à investir pour un entretien de 85.000 crédits en solde tout compte.
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By Jen'Ari Nekanasaza
#35044


    Depuis déjà longtemps Isabo gérait les affaires de son grand-père. Il avait toujours eu toute sa tête, mais la quantité des comptes à tenir imposait une assistance complète. Aussi l’entrepreneuriat n’était pas chose inconnue pour la jeune Humaine. Et la petite galerie d’art n’échappait pas à la méticulosité maladive de la rouquine. En outre, la Comtesse était connue pour son généreux don d’une collection complète d’antiquités au Musée National, et réputée pour son goût expert en matière d’impression picturale moderne. Le tout concordait parfaitement, et sa présence au vernissage de l’exposition sculpturale des céramiques de Baez allait ainsi de soi.

    Isabo évoluait avec grâce dans ce milieu bourgeois, un mélange de petites fortunes et d’artistes évanescents, venus admirer les nouvelles créations d’un presque maître. Le fin du fin. La petite noblesse de Dargul se donnait en spectacle. Une représentation bien médiocre donnée aux pieds de ces immondes amas de céramique moulée. Chacun se targuait d’avoir reçu l’invitation. Il en fallait peu à cette petite cour du fin fond des Colonies pour se gorger d’arrogance. Rien n’aurait été plus à même de combler la jeune femme.

    Une coupe de pétillant à la main, le regard au ciel, elle observait ce grand animal sans tête mais trois jambes qui se dressait fièrement sur son promontoire. La pièce étant centrale, tout un chacun venait nécessairement se frotter à la céramique jaunâtre de la bête, qui pour s’en aller admirer la sculpture suivante, qui pour attraper un petit four sur le buffet voisin. Ça ne rata pas, après deux « pardon » et un « excusez-moi », un coude bouscula la Comtesse qui s'esclaffa avec retenue.

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      « Oh, pardon, pardonnez-moi. »

    Il était grand, la barbe fraîchement taillée et d’un brun sombre. Élégamment habillé, il portait haut son monocle ridicule.

      « Vraiment …

      - Ce n’est rien, Marquis, j’ai été distraite. »

    Elle allait simplement se détourner. Il fut surpris de s’entendre appelé par son titre. Tous ceux-là ne connaissaient que leurs débiteurs.

      « Comtesse Daerenth, n’est-ce pas ? »

    Il parvint à la retenir un instant.

      « Absolument. »

    Le Marquis décrocha un sourire satisfait, sa lecture du matin n’avait pas été inutile.

      « Alors, vous investissez ?

      - Peut-on parler d’investissement lorsqu’il s’agit d’un acte charitable ?

      - Non, évidemment. »

    Il lui trouvait une voix timide, pourtant son regard était infaillible.

      « J’ai toujours rêvé de mener une action comme celle-ci … offrir aux autres … utiliser cette fortune pour rendre notre monde meilleur … »

    Il s’égarait, le sourire de la dame s’étirait.

      « La fortune ne fait pas tout. »

    Elle venait de débourser trois millions.

      « C’est de le faire seule qui est douloureux. Je crains que la structure en elle-même ne suffise pas. Je voudrais être assurée que les enfants ne manqueront jamais de rien. Je voudrais me savoir accompagnée. »

    La Comtesse parut soudain fort triste. Le Marquis dégaina sans hésiter.

      « Mais vous n’êtes pas seule, vous m’avez convaincu. Je veux voir cet orphelinat, faites-le moi visiter. Et ensemble, nous trouverons des parrains à nos chers enfants !

      - Oh, Marquis … »

    Il fallait savoir que le Marquis de Parovin était célibataire, et il s’ennuyait.

    Dans les jours suivants, Isabo rencontra les potentiels parrains de l’orphelinat d’Abravio. Chaque rendez-vous était organisé par le Marquis, qui développait une énergie considérable à trouver des soutiens financiers pour ces trente enfants sans parents des Colonies.

    Quelques deux semaines plus tard, la Comtesse concéda au Marquis un après-midi de détente dans un salon de thé réputé de la capitale. Une longue discussion, principalement animée par Parovin, qui ne pouvait s’empêcher de se vanter de son action bienveillante.

    Mais en fin de compte, combien avait-on de parrains ? Et combien parraineraient-ils chaque mois ?

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By Destin
#35053
----- Modération Flash -----
J'émets cette fois une protestation sur l'utilisation de l'image. Il y avait mieux que cela !


Et ainsi, le coquin de marquis, conquis par les quinquets d'Isabo la cocotte, se mit à passer d'oreille en oreille la rumeur. On faisait état d'un orphelinat, de ceux qu'on visita et auquel on donna. Point de méprise, c'est pour l'art de la surprise. Cultivant le secret pour l'annoncer en bloc, le marquis fini par en rameuter tout un stock. Dans l'espoir de glisser dans une jeune culotte, il avait mit en branle toute une horde de marmottes ; donnant leurs noisettes laissées à l'endort, pour le seul désir inachevé du maître porc.

Si elle savait ! Les mécènes se bousculaient. Il restait encore une étape : pour mériter l'or il fallait passer le cap. Un bénéfice net serait malhonnête ; restait au notaire de commettre l'impair. « Je puis faire disparaître votre or... tout ce que j'exige, c'est un un port. » Ainsi fut porté à un vingtième la part du maître des blasphèmes. Pour un total de quelques millions, le détour valait bien sa leçon !




Je pose et ajoute :
- 4 millions de donations, venus de 67 mécènes sans rengaine
- J'y soustrait 200.000, pour le joyeux drille
- Isabo hérite de son mérite gagné aux Awards, la cocarde ! Un avancement dans la faction... ça fera 3,8 millions tout rond.
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By Jen'Ari Nekanasaza
#35256
    Cillant d’émotion, la jeune Mirialan admirait la petite Pantoran dormir à poings fermés. Après de longues minutes de contemplation, elle se tourna vers son hôte qui posait sur elle un regard implacable.

      « Que vas-tu faire maintenant que tu as accompli ta mission ? »

    Amyelle se trouva bête, incapable de répondre. Elle n’en savait rien. Par peur, et mue par son dévouement, elle avait amené Ophillia là où on lui avait ordonné de se rendre. Maintenant, il n’y avait plus rien à faire. Elle haussa timidement les épaules, trouvant que la Comtesse avait quelque chose d’effrayant.

      « Je ne sais pas. Je … »

    Sa phrase mourut. Non, vraiment, elle n’en savait rien.

      « Si le cœur t’en dit, je peux te proposer un emploi. Tu seras logée et nourrie.

      - Oui ? »

    Elle ne savait pas non plus si cela l’intéressait. La jeune Mirialan était un peu perdue. Seule perdue sur Dargul, loin du temple. Le temple avait brûlé. Et la Grande Soeur … Elle retint un sanglot.

      « L’orphelinat a besoin d’une institutrice. Tu es calligraphe, c’est bien ça ?

      - Oui. Un orphelinat ?

      - Viens, je vais te montrer. »

    Cette proposition n’était pas celle d’Isabo, mais un ordre du Maître. Ranath avait besoin d’Amyelle. Elle n’avait pas dit pourquoi, elle avait ordonné qu’on la gardât sur Dargul. Isabo obéissait. Ainsi, elle accompagna la calligraphe jusqu’à Abravio et lui fit visiter l’orphelinat. Il y avait une vingtaine d’enfants, peut-être une trentaine, d’âge tous différents, des petits et des grands. Ils guettaient les allers et venus de la Comtesse et de son invitée avec curiosité. Pendant la visite, l’Humaine expliqua que la calligraphe pouvait vivre ici, avec les enfants, et leur dispenser les cours nécessaires à leur bonne éducation. Rien de bien compliqué, si l’on écoutait la voix douce d’Isabo. Amyelle se sentit soudain mal.

      « Pourquoi me faire un tel cadeau. Je ne comprends même pas ce que je fais là.

      - C’est Mya qui t’as envoyé ici. Cet orphelinat existe grâce à elle.

      - Ce n’est pas du tout … »

    Elle hochait négativement la tête.

      « C’est pourtant vrai. Mya te propose de travailler avec elle.
      Elle a confiance en toi, et elle tient à toi. Sinon, tu ne serais pas là.
      »

    Une vraie surprise pour la Sœur jamais sortie de son trou.

      « Euh … eh bien … d’accord … »

    Elle n’avait plus que cela, de toute façon, même pas un crédit pour quitter cette planète. Et dans un petit coin de tête, Amyelle restait persuadée que Mya lui avait sauvé la vie, et Sabina aussi, même si Sabina s’était mise en colère, ce qu’elle n’expliquait pas.

    Ainsi, sans vraiment en avoir conscience, Amyelle devint un serviteur de l’Ordre Sith.

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    Amyelle Affea
    Calligraphe
    Institutrice de l’orphelinat d’Abravio

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By Jen'Ari Nekanasaza
#35443
    Après l’arrivée d’Amyelle, l’orphelinat avait accueilli une dizaine d’enfants supplémentaires. Tous venaient de Mirial, mais tous n’étaient pas des Mirialan. Tous n’étaient pas orphelins, mais avaient été donnés au temple, et donc de fait abandonnés. Ils avaient entre cinq et douze ans, souvent peu éduqués, et farouches. Les ordres de la Dame Sombre étaient clairs à leur sujet. Aussi avaient-ils été intégré au groupe d’enfants déjà présents, et Isabo devrait passer de longues journées à les observer, tous, pour déceler les potentiels prometteurs.

    Le regard de la rouquine se promenait entre les gamins qui couraient dans le patio. En bas, Amyelle les surveillait, entourée des plus petits. La Mirialan s’était rapidement acclimatée à son nouveau foyer. Elle apprenait aux enfants à lire et à écrire, et se chargeait de leur conter l’histoire de la Galaxie, dans ses grandes lignes. De ses jeunes élèves, elle croyait déjà percevoir quelque sensibilité à la Force, souvent observée chez les jeunes en provenance de Mirial. Mais rien de suffisamment probant, rien qui ne la surprit outre mesure. Isabo se fiait à l’instinct de l’enseignante. Et seul les prouesses d’un enfant étaient dignes d’un réel intérêt.

    Le gamin était un jeune Epicanthix de onze ans, aux origines inconnues, qui riait en faisant trébucher avec malice ses petits camarades. Il se trouvait doté de réflexes agiles et d’une capacité d’anticipation rare. Isabo, un matin, l’attrapa à la sortie du réfectoire.

      « Tu t’appelles Zetrall, c’est ça ? »

    Le mioche hocha nerveusement la tête.

      « Tu viens de Mirial ? »

    Nouvel aller et retour du menton.

      « Viens. »

    La Comtesse fit quelques pas en compagnie du gamin.

      « Qu’est-ce-que tu apprenais là bas, au temple ? »

    La pensée du jeune se rétracta aussitôt, Isabo pouvait sentir son empreinte dans la Force. Il s’arrêta.

      « Tu ne veux pas en parler. »

    Zetrall haussa les épaules, le regard harponné à ses pieds. L’Humaine s’agenouilla devant lui, son esprit entourant délicatement les sens de l’enfant.

      Tu es différent. Le ressens-tu ?

    Il écarquilla de grands yeux tandis que la voix de sa tutrice temporaire résonnait entre ses oreilles.

      Ils t’ont parlé de la Force ? Non … de la Lumière ?

      « Oui … »

      Qu’ont-ils dit ?

      « On a appris à … se battre. À … taper. »

    Il tremblait comme une feuille. Isabo prit ses mains dans les siennes.

      Raconte-moi.

    Et à son rythme, le gamin raconta la vie qu’il menait au temple, et les histoires qu’on lui donnait à écouter sur la Lumière. La Comtesse porta beaucoup d’intérêt à tout ceci, donnant au jeune Epicanthix un peu de confiance. Quand il eut terminé, elle sourit chaleureusement.

      La Lumière dont on t’a parlé, son vrai nom est la Force.

      « C’est quoi … ? »

    Il avait mis le doigt dans l’engrenage, et pour le reste de la matinée, il demeura au côté de l’Humaine, écoutant une nouvelle histoire sur la marche du monde.




    Assise à une table de la terrasse ensoleillée, sous un parasol aux nuances pastelles, la Comtesse guettait à peine l’arrivée de son ami. Il arriva en trottinant, essoufflé, désolé.

      « Pardonnez-moi, pardonnez-moi. »

    Bien avant de s’asseoir, il lui présenta un bouquet de tulipes, bleues et roses, et lui donna la révérence.

      « Pardonnez-moi, Comtesse. »

    Il s’assit finalement.

      « C’est le maître chien qui m’a mis en retard. J’ai couru tout le chemin pour rattraper le temps perdu, en vain. »

    Il souffla bruyamment, s’essuya le front d’un mouchoir, et reprit de plus belle.

      « Comprenez, ce gros incapable voulait me montrer la patte de mon bon Glorieux, mais … »

    Mais elle ne l’écoutait déjà plus. Elle détaillait d’un regard attentif le bouquet bicolore qu’elle tenait dans les bras. Elle posa en fin de compte sur la table devant elle, près de la théière déjà bien entamée, et poursuivit la silencieuse inspection. Il passa ainsi plusieurs minutes sans que le Marquis ne se tut.

      « … et je voudrais que vous m’accompagniez au vernissage ce soir, au Grand Palais. »

    Soudain, le silence. Dans le fond, le brouhaha des passants de la place. Isabo releva prestement le nez.

      « Comment ?

      Oui, je sais, c’est … quelque chose. »

    De quoi parlait-il ? Le Grand Palais, ah oui.

      « Mais … je voudrais que vous m’accompagniez … officiellement. »

    Ce fut certainement l’air perplexe d’Isabo qui le poussa à se montrer plus explicite. Quittant sa chaise de fer forgé, il posa un genou aux pieds de la belle.

      « Épousez-moi. »

    Le temps, sur la terrasse du café, s’arrêta. Les regards se tournèrent vers la Comtesse.

      « Relevez-vous, allons, c’est gênant. »

    Il obéit aussitôt, glissant jusqu’à l’assise de son siège.

      « Pardonnez-moi … »

    Son regard demeurait insistant.

      « Alors ? »


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By Jen'Ari Nekanasaza
#35656
    Il la trouvait splendide et comprenait mal le choix qui venait d’être fait. La Comtesse l’évoquait avec beaucoup de détachement. Elle s’était assise là, dans un fauteuil du salon, dans le soleil de la grande baie vitrée. Il la connaissait à peine, envoyé à son côté pour servir. Mais qu’était-il ? Un aide ménager ? Un serviteur ? Quoi ? Elle traitait comme un invité. Dès les premiers instants de leur rencontre, il l’avait trouvée d’une grande beauté, et d’une grande bonté. Cela faisait maintenant une paire de semaines qu’il séjournait ici, sans vraiment comprendre ce qu’on attendait de lui. Srey, en ce jour encore, guettait les ordres de la Comtesse. En réponse aux longues phrases sans question de la jeune Humaine, il ne pouvait que s’exprimer sur les sujets qu’il maîtrisait.

      « Le composé provoque une transe presque immédiate. Pendant près de dix minutes, le sujet convulse. Physiquement, c’est épuisant. Mais le cerveau, lui, fonctionne à plein régime et fantasme jusqu’à l’endormissement.

      - En combien de temps il agit ?

      - Je dirais … deux ou trois minutes.

      - C’est trop long.

      - Il faut temporiser. Il faut …

      - Ne me dis pas quoi faire. Ne parle pas de ça. »

    Le silence tomba entre eux. Srey donnait à voir une moue contrariée. Sa bouche se tordait en un rictus déplaisant. Le regard d’Isabo s’était échappé par la fenêtre. De profil aussi, il la trouvait jolie. Pendant plusieurs minutes, elle ne dit plus rien. Puis soudain …

      « Ça ira. »

    Il releva le nez.

      « Prépares-en une quantité suffisante. »

    Il ne lui restait plus qu’à s’exécuter. Mais le constat d’une consolidation de sa décision le dégoûtait. Dès lors, le Themien se donna pour mission de mettre au point un poison qui cohabiterait avec le composé commandé. Le Marquis passerait vite son chemin.




    Le regard de la Comtesse glissa jusqu’aux traits du Marquis. Il souriait, presque avec bêtise. Il n’était pas laid, mais définitivement pas son type. Pourtant, il s’entretenait, comme tout homme bien sur lui qui se voulait fier de sa personne. Dans son costume bleu roi épinglé par la broche frappée de ses armoiries, la barbe taillée avec élégance, ses lunettes cerclées d’or, il avait grande allure. Mais il souriait bêtement.

      « Oui. »

    La foule, derrière eux, réagit d’une clameur enthousiaste. Et le sourire devint niais.




    La demeure de Parovin était immense, une quinzaine d’ares environ, et dominait un long parc arboré cerné d’un haut mur. C’était pour Isabo la seconde occasion d’admirer le petit château. Mais ce soir, les parquets grouillaient d’invités en tous genres, tous issus de la noblesse. Le Marquis avait fait organiser un grand banquet, et profitait pleinement de la fête, en se tenant au centre de l’attention. Il était attablé, mangeait et buvait plus qu’il ne le devait, sans guère s’en soucier. Les convives défilaient face à lui, pour le féliciter, pour lui faire part de leurs vœux. Certains s’attardaient à glisser quelques mots à la désormais Marquise de Parovin, surtout les dames. Isabo, quant à elle, s’occupait surtout à surveiller le valet qu’elle avait engagé, et qui remplissait sans relâche la coupe de son époux.

    Vint l’heure du gâteau. Puis des cadeaux. On ne déballait que les cadeaux des invités les plus importants, les autres attendraient, on ferait imprimer de petits cartons de remerciement sans saveur qu’on enverrait plus tard à tous les convives. Parmi eux, parmi les cadeaux ouverts, il y avait celui-ci, il était tout petit, fait de papier vert d’eau et ceint d’un ruban émeraude. Le Marquis le trouva aussitôt ridicule, mais se garda bien d’en faire la remarque, car il était offert par Rerandan, le Duc de Rerandan. Il adressait alors à Isabo un regard curieux, qu’elle lui rendait avec insistance, tant elle était persuadée ne pas le connaître. L’homme se tenait droit, les mains derrière le dos. Il était simplement habillé d’un ensemble moderne, rasé de près et les cheveux taillés courts.

    La jeune femme déballa le cadeau qu’on lui avait tendu un instant plus tôt, défaisant délicatement le ruban, mal à l’aise dans cette situation étrange, où tous les regards se trouvaient braqués sur elle. Elle retira le couvercle, le papier de soie, et extirpa le petit objet de sa boîte. C’était un miroir dont le cadre d’or blanc emprisonnait une rivière de saphirs bleus. Il était à peine plus grand que la main d’Isabo, et son reflet était sans défaut. Le Duc sourit doucement, et l’on s’empressa de passer à la suite.
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By Jen'Ari Nekanasaza
#35668
    Il était soûl, complètement soûl. Cependant, il tenait encore debout, à la grande surprise de son épouse. Il monta les marches de marbre seul, sans soutien. Concentra toute son attention pour rejoindre sa chambre d’un pas assuré. Et finalement se laissa tomber sur le bord du lit. Il attira à lui sa femme, enfouissant son visage dans son corsage élégant, mais était incapable d’en défaire les lacets. Il renonça, ses doigts trop gourds pour obtenir quelconque résultat, et retira lui-même sa veste. Il s’allongea maladroitement, invitant sa compagne à l’imiter. Avant tout, elle se délesta de la lourde robe de ses noces, dévoilant un ensemble bustier un rien trop sage pour une mariée. Et avant de s’allonger à son tour, attrapa sur la commode le bol de sucreries qu’on avait disposé là à l’intention des mariés.

    Elle était installée sur le flanc, appuyée sur un coude, et supportait le contact lointain des mains du Marquis sur les armatures rigides de son bustier. L’alcool le rendait gauche et lent, mais au moins ne tentait-il pas mieux, pour l’instant, qu’une caresse maladroite. Isabo lui adressait un sourire doux qui frisait l’hypocrisie. De temps à autre, elle lui glissait dans la bouche une pâte de fruit gélatineuse, et cela suffisait à le tenir patient. Entre deux bouchées, il balbutiait des idioties, parfois des vulgarités. Il la répugnait. Mais en quelques minutes seulement, le supplice prit fin. Parovin tomba tête en arrière, paupières entrouvertes, et muscles tendus, dans la plus humiliante des postures. Dès les premières convulsions, Isabo quitta son côté. Elle jeta le reste des douceurs dans la cuvette des toilettes de l’immense salle de bain, et s’offrit une douche tiède. Quand elle revint dans la chambre, le Marquis avait fini. Elle lui retira efficacement son pantalon et le laissa dormir.




    La Marquise disposait de ses propres appartements. Il n’était pas de coutume de partager sa chambre avec son époux. Tout ce qu’elle entendit dire de son mari au lendemain matin, c’était qu’il dormait encore profondément.

    Isabo se passa de petit-déjeuner, trop préoccupée par la journée qui l’attendait. On vint cependant la déranger dans ses préparatifs. Son unique dame de compagnie se proposa pour l’habillage, mais elle la renvoya, préférant passer par elle-même ses vêtements habituels. Lorsqu’elle descendit le grand escalier central, on la cueillit sur la dernière marche. Le majordome, planté dans le hall, attendait à côté d’une cage dorée de petite dimension dans laquelle tournait en rond un petit animal.

      « Marquise …

      - Qu’est-ce que c’est ? »

    Elle venait de l’interrompre, et il lui fit remarquer d’une grimace discrète.

      « Un présent.

      - De qui ? »

    Elle répondait du tac au tac, s’étant en apparence débarrassé de sa maladive timidité pour donner une illusion de supériorité à ses gens.

      « Un anonyme, ma Dame. »

    Elle s’approcha de la cage. La petite pelotte de fourrure leva vers elle de grands yeux admiratifs. Il ronronnait déjà avec allégresse, un appel à une libération immédiate.

      « Qu’est-ce que c’est ? »

    Isabo se détourna un instant pour poser sa question. L’animal devint ronchon. le regard de l’Humaine revint à lui.

      « Un Voorpak, ma Dame.

      - Montez-le dans ma chambre. »

    Il acquiesça sans plus un mot et obéit. La Marquise regarda partir le petit animal qui semblait déjà déprimer de se trouver à nouveau seul.




    L’arrivée d’Isabo à Abravio ne passa pas inaperçue.

      « Madame ! Madame ! »

    Le surveillant vint à elle en courant, déjà essoufflé. Il se planta devant et prit une grande inspiration.

      « Félicitations ! »

    Les mots se précipitaient à ses lèvres. La Marquise doutait qu’il se fut presser ainsi pour lui conter son bonheur procuré.

      « On a de la visite ! Ils viennent juste d’arriver, mais j’ai pas pu les empêcher d’aller voir les enfants !

      - Qui ça ?

      - Le Duc. Rerandan. »

    La rouquine hocha doucement la tête. La mémoire lui revenait peut-être. Elle gagna rapidement la cour, qui à cette heure de récréation grouillait d’enfants. Amyelle accompagnait le couple Rerandan le long de la coursive, Isabo les rejoignit en cours de promenade. Lui se fendit d’un sourire gracieux.

      « Ha, Marquise, bonjour. Je vous présente ma sœur, Meighan. Nous venons rendre visite à sa filleule. »

    Isabo salua, avec tout le respect dû à la noblesse. La sœur la stoppa net.

      « Pas de manières entre nous, Isabo. »

    Et c’est en entendant la voix de la Duchesse que tout devint limpide. La jeune femme se sentit tout d’abord honteuse. Ses joues se tintèrent de gêne.

      « Meighan … je suis désolée … tout ça … c’est un peu oublié …

      - Ça ne fait rien, c’est normal. Rends-toi compte, c’était il y a quinze ans. Et tu as eu quelques rudes moments dernièrement. Je suis contente que ta vie prenne ce nouveau virage. »

    La Duchesse prit délicatement ses mains et les serra affectueusement. Étant enfants, les deux gamines partageaient parfois des jeux de jardin, alors que leurs aînés conversaient sur la terrasse, autour de verres généreusement remplis. Sans pouvoir se retenir, Isabo laissa échapper quelques larmes, qui lui valurent une étreinte chaleureuse bien que brève.

      « Il ne faut pas que les enfants te voient pleurer … »

    C’était très juste, aussi la Marquise essuya t-elle rapidement ses yeux et ses joues.

      « J’ignorais que vous étiez parrains de l’orphelinat …

      - C’est tout récent. C’est la première fois que nous venons.

      - Qui est ta filleule ?

      - Escia, une petite Arkanienne un peu timide. »

    Meighan sourit doucement, échangeant un regard complice avec son frère.


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By Jen'Ari Nekanasaza
#35848
    Isabo accompagna le Duc et la Duchesse pour leur visite. La gamine ne parlait pas beaucoup, et selon le métabolisme arkanien, elle avait déjà presque atteint sa majorité. Cependant, Meighan insista pour procéder à une adoption complète. La procédure fut initiée ce jour-là. Cela prendrait quelques mois, pas plus. La jeune Escia quitterait l’orphelinat bientôt.

    Tandis qu’on s’affairait à faire adopter la jeune Arkanienne, la Marquise partageait son temps entre Abravio et sa galerie personnelle. Elle entendait désormais louer un local plus grand, peut-être acheter, et embaucher une deuxième hôtesse. Des petits projets qui la contentaient facilement. Pendant ce temps, son mari tombait malade. Quelque chose d’assez inexpliqué. Une maladie ramenée d’un voyage peut-être, les médecins statuaient sur le développement anormal d’un virus pourtant bien connu. La rouquine s’en émut un temps, puis s’habitua à la situation. Et un soir, elle le découvrit mourant, plongé dans l’obscurité de sa chambre.

    Le Marquis rendit son dernier souffle sans tenter de prononcer un mot. Il avait à peine regardé son épouse, qui se tenait à côté de lui, les traits attristés. La mort de Parovin resterait un demi mystère. Les analyses avaient révélé bien des choses. Des maladies exotiques, et plus banales. Un cocktail mortel, dont chaque composant trouvait son explication. Quand la nouvelle parvint aux oreilles de Srey, il s’en réjouit en silence. Et Isabo, qui l’observait alors, perçut cette aura malsaine, un écho de celle émanant du Marquis sur son lit de mort.

    À suivre ...

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