L'Astre Tyran

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By Haya Fuu
#39809
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Haya Fuu "Décevant."

La jeune femme regardait le gamin allongé à terre, au milieu de l'espace goudronné d'un vieux parking abandonné, jouxtant les ruines d'une cantina oubliée que seuls les rongeurs du coin devaient continuer à visiter.

Jim "Allez gamin, tu peux mieux faire, me fout pas la honte, sinon je te colle une raclée."

Le contrebandier s'était installé sur ce qui restait d'un landspeeder, une bière à la main, il avait regardé son petit protégé se faire passablement démonter.

Haya Fuu "Très décevant même."

Sur ce coup, L'Anzat avait remplacé le recruteur attitré du Poing. Ce dernier était retenu sur Loretto pour gérer les encours avec les familles qui s'opposaient encore à l'organisation criminelle ressuscitée par la jeune Arcaniste.

Haya Fuu "On va pas se leurrer gamin, tu tiens à peine sur tes jambes. A mon avis tu as pris quelques cours pour mettre une branlée à tes potes de cours à la récré, le jugement était sévère. On va se rentrer et tâcher d'oublier le temps que tu nous a fait perdre."

Sans plus attendre Haya tourna les talons pour rejoindre le speeder garé non loin. Jim balança sa bière en direction de jeune homme qui se relevait. Il préféra ne rien ajouter et suivre silencieusement la jeune femme, bien conscient que le reproche était autant à destination de son protégé que de lui-même.

ImageProbablement blessé dans sa fierté par le mépris dont venait de faire preuve son adversaire, le jeune homme, qui n'avait en fait rien d'un gamin, ne comptait pas en rester là. Dix mètres maximum, c'était la distance qu'il avait à parcourir pour reprendre le combat et montrer qu'il valait bien plus que ce qu'il venait de montrer. Il s'était laissé berner par l'allure trompeuse de la recruteuse, son petit gabarit, son air si innocent, sa nonchalance. Maintenant il savait, et il comptait bien remporter le second round. Il prit son élan, mettant toute sa rage dans sa charge.

Un saut. Inattendu. Elle avait simplement fait un saut. Il l'avait regardé passer au dessus de lui, comme si elle devait être son reflet dans un miroir invisible. Et elle avait atterri souplement derrière lui. Il en resta sans voix. Encore accroupie, l'Anzat avait ses yeux de prédatrice fixés sur l'homme. Il ne lui fallut qu'une fraction de seconde pour bondir à nouveau, les poings serrés, prête à frapper.

L'homme s'écarta juste à temps, repoussant de son avant bras celui de celle qui lui avait repris l'initiative. En temps normal, il savait qu'il aurait pu riposter d'un coup dans les côtes ou à la mâchoire, mais l'attaque l'avait part trop déstabilisé. Aussi choisit-il de monter au contact et de la saisir pour la mettre à terre. Ses doigts agrippèrent le tissu de la combinaison, et il tira son adversaire à lui pour la déséquilibrer. Emportée par son élan, la jeune femme se retrouva au sol. L'affaire était pliée. L'homme arma sa frappe du poing droit dans un mouvement purement technique. Il aurait surement eu le dessus si la lourde botte du contrebandier n'était pas venue s'écraser sur son flanc.








Jim
"Tu veux une deuxième chance ? Alors demande poliment.
Haya Fuu
- Tu as entendu le monsieur ?, envoya l'Anzat à l'attention de l'homme alors qu'elle se relevait.
Recrue
- Je veux une vraie chance, vous m'avez trompé, ça ne se reproduira pas. Et comme j'ai encore de l'honneur, je vous préviens que j'ai étudié le Teras Kasi auprès de l'école d'arts martiaux de Sho Hen Tehn.
Haya Fuu
- Me voilà prévenue.
Jim
- Non mais attend gamin, t'es complètement con ? Elle vient de te mettre une trempe, et toi tu lui balances des infos. J'comprends pas la logique. Jim était visiblement totalement dépité.
Recrue
- Ben, il hésita une seconde. Quand je t'aurai battu, tu seras obligée de reconnaître que je sais me battre.
Jim
- Sauf que tu viens de la tuyauter sur comment te mettre une bonne rouste.
Haya Fuu
- Ca se dit encore ? Mettre une rouste ? Allez papi, on va se faire un un contre un, le gamin et moi, et après on ira se boire une bière pendant qu'il ramassera ses dents éparpillées sur le bitume."


Le mépris qu’affichaient les recruteurs pour la recrue ne faisait qu'attiser sa colère. L'homme savait qu'il avait les moyens de s'imposer, pour peu qu'il se montre assez inventif, et, évidemment, tant que son parrain ne s'en mêlerait pas. Ils avaient fait connaissance lors d’une bagarre dans une cantina, Et ils avaient plus ou moins instinctivement pris le parti de s’allier. Jim y avait vu un signe et lui avait proposé de rencontrer quelqu’un qui pourrait lui apporter beaucoup s’il se montrait à la hauteur.

Sautillant d'une jambe sur l'autre, souplement, il adopta la garde traditionnelle du Terais Kasi, tandis que son adversaire, visiblement sure d'elle, l'attendait simplement. C'était à lui de montrer ce qu'il savait faire, donc à lui d'attaquer.

De son côté, Haya attendait effectivement que la recrue fasse le premier pas. Elle l'avait gentiment asticoté pour voir comment il saurait gérer la situation. En deux petites foulées il se rapprocha, et d'entrée testa les reflexes de l'Anzat. Cette dernière ne se laissa guère surprendre par les quelques frappes dont il était évident qu'elles étaient avant destinées à la jauger. L’homme avait retenu la leçon et se montrait plus prudent que lors de leur affrontement initial.

Elle fit donc le minimum nécessaire pour les éviter, sans chercher à prendre l'ascendant, tout en observant la recrue se fatiguer toute seule à lui tourner autour, preuve supplémentaire de son manque d'expérience.

Puis l'arcaniste se lança à son tour dans quelques frappes basiques, sans y mettre trop de puissance. Lors du premier round, elle avait directement mis le paquet, et l'homme était rapidement tombé. Trop rapidement même devrait on dire. Alors pour le moment elle se contentait de l'observer, à la recherche de ces défauts qu'on les débutants : une jambe trop avancée, une garde trop ouverte, trop haute ou trop basse. Probablement la recrue aurait voulu étudier son adversaire de la même manière, mais l'Anzat se montrait particulièrement avare en mouvements.

Quelques minutes plus tard, la respiration de la recrue se faisait plus bruyante, tandis que son adversaire ne semblait guère montrer de signe d'essoufflement. Et, bien que l'homme ait réussi à percer la garde de l'Anzat une fois et à lui porter deux coups bien placés, elle ne semblait pas trop en souffrir, ou alors elle cachait bien son jeu. A ce rythme, ils allaient passer la nuit à s'affronter, et même Jim montrait des signes de lassitude. Personne ne semblait en fait prêt à prendre le dessus, l'Arcaniste travaillait sa défense, et, au contraire, l'humain tentait de la percer. Les ripostes étaient rares et sonnaient généralement plus comme un avertissement "Attention, tu as trop baissé ta garde", "Si tu te déplaces de ce côté je vais te cueillir".

Jim "Bon les jeunes, la bière réchauffe là."

Sans prévenir, Haya accéléra, plaçant successivement trois coups sur la gauche. L'homme les bloqua, sans surprise, et, là aussi sans surprise, il laissa une ouverture sur son autre flanc, précisément là où il avait reçu le fameux coup de botte quelques minutes plus tôt. Il réalisa son erreur lorsque le poing de la jeune femme vint s'écraser au même endroit. La douleur fut intense au point qu'il préféra mettre de la distance avec la jeune femme. Mais cette dernière entendait bien profiter de son avantage. Elle se permit donc de lui porter un second coup en tout point similaire au premier, suivit d'un troisième qui atteint l'homme au maxillaire inférieur. Et de terminer son enchainement avec un coup de coude à la tempe. Complètement sonné, la recrue tenta malgré tout de rester debout, mais elle n'y parvint pas.

Jim "Il a son compte cette fois."

Semblant partie à la recherche de ses sensations, l'homme était tombé à quatre pattes sur le bitume, un filet de sang descendant de sa bouche entrouverte. Haya affichait un sourire victorieux en le regardant tenter de ne pas perdre définitivement la face. Alors elle lui tendit la main, fière et supérieure. La recrue avait compris la leçon, son adversaire était d'un autre niveau, même s'il lui paraissait improbable que l'on puisse porter des coups aussi rapidement. Il était vaincu et il le reconnaissait. Il attrapa la main tendu.

Recrue "C'est bon, tu es la plus forte, soupira-t-il"

Le sourire changea, c'était à peine perceptible. Haya se saisit de la main, puis du bras, avant de se retourner pour réaliser une clé, obligeant l'homme à se remettre à terre sous la contrainte de la douleur. C'était toujours un tel plaisir que de les voir se tortiller à ses pieds, si faibles et elle si puissante. Il était temps de terminer la démonstration.

Haya Fuu "C'est le gagnant qui décide quand un combat est terminé, personne d'autre."

Elle termina la torsion de bras en l'étirant. La recrue lâcha une lugubre plainte, que l'Anzat interrompit rapidement d'un coup de la pointe de son pied à la gorge du vaincu. Cette fois il n'y reviendrait plus. La nuit devrait se terminer une pelle à la main.

Haya Fuu "Maintenant, il a son compte, conclut l'Anzat."

Le lendemain, la jeune femme se présentait au manoir qui tenait lieu de salle d'entraînement à l'école d'arts martiaux de Sho Hen Tehn. Peut-être un professeur aurait-il plus à lui proposer que ce qu’avait montré son adversaire de la veille.

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#39860
      « RELÈVE TOI ! »

    Dargul, un matin, 4h12.

    La Mirialan trépignait au centre de la salle tandis que son élève peinait à se remettre sur pieds. Elle vint le chercher, finalement, le saisissant au col pour le soulever face à elle. Elle le jaugea un instant, comme soupesant le poids de sa médiocrité. Elle le jeta violemment au sol. L’Arkanien grogna de frustration. Il ne demandait pas grand-chose, il n’escomptait pas gagner contre elle, mais s’il pouvait au moins, juste une fois, porter la riposte avec succès. Il serra le poing, la colère le submergeait, et il oublia. Invoquant son pouvoir, il lança un éclair de rage en direction de son Maître. Elle pivota sur ses appuis, arma sa garde, et para de son avant bras nu. L’Arkanien stupéfait jura. Un bouclier. Il se précipita aussitôt pour espérer encore se mettre hors de portée de la fureur de la Dame Sombre. Trop tard. Une enjambée à peine la porta au corps à corps, et un revers de poing acheva l’Apprenti. La vainqueur lâcha un soupir dédaigneux.

      « Va te changer. Fais en sorte d’être présentable. »

    L’Arkanien, assis à même le sol, dos au mur, haussa un sourcil hautain.

      « Obéis. »

    Il s’accorda encore une seconde de répit, puis s’exécuta.

    Seul face à son reflet, Irae constatait l’ampleur des dégâts. Son Maître ne le ménageait jamais. Les entraînements le laissaient rompu, le visage parfois en sang. Il en venait à se demander pourquoi avait-elle tant tenu à faire disparaître la brûlure qui avait détruit ses traits, sinon pour le plaisir de l’amocher elle-même. Au moins avait-il l’impression de progresser, malgré les propos du Maître. Il lui semblait avoir contré aujourd’hui une attaque de plus que la veille. Sans qu’il sût pourquoi, les entraînements qui se déroulaient sur Dargul étaient plus intenses que les autres. Ici, la Mirialan était investie d’une rage toute particulière. Ici, son mépris se transformait en haine sauvage. Il ne l’avait jamais interrogé sur la question, et préférait garder ses observations pour lui-même.

    La Jen’Ari, sur Dargul, n’adressait la parole à personne, hormis la rouquine inutile à qui elle passait tous ses caprices. Encore une étrangeté que l’Arkanien était incapable d’expliquer. Isabo, la Comtesse, avait tous les droits. Loin de l’idolâtrer, le Maître l’écoutait avec patience. Un tempérament inconnu en d’autre compagnie. Une certaine jalousie s’était logée dans le cœur d’Irae. Il était l’Apprenti, mais il était celui qu’on traitait le moins bien. Les sbires le respectaient, certes, mais l’entourage proche du Maître ne le considérait en rien. Une telle arrogance de la part des tueurs de Jedi n’était guère surprenante, mais venant de la gamine embourgeoisée. La Gardienne … Non, vraiment, c’était incompréhensible. L’Arkanien laissait son esprit divaguer. Il lui vint soudain une pensée étrange qu’il tenta de chasser, en vain. L’idée lui collerait sans doute à la peau toute la journée.

    Bien des heures plus tard, en plein après-midi, commençaient les cours des élèves les plus expérimentés et les plus désireux d’atteindre les sommets. Parmi ceux-là, évoluaient des individus qui avaient fait des arts martiaux leur vie. Nekanasaza, passive, observait les entraînements. Ses cheveux avaient suffisamment repoussés pour être tressés finement et attachés en chignon. Un masque de tissu opaque noir couvrait la moitié accidentée du visage du Maître et dissimulait l’éclat d’or de son oeil droit. Toute d’ébène vêtue, elle portait des chaussures et un pantalon de combat adaptés à l’endroit. Les manches amples de sa tunique tombaient jusqu’aux coudes, et laissaient voir à gauche la peau d’émeraude mirialan et à droite un gant de kevlar qui couvrait l’intégralité de l’avant bras. Les deux pans avant de la tunique descendaient d’une longueur classique jusqu’en haut des cuisses, tandis que les pans arrière flottaient plus bas, à hauteur des genoux. La tunique était ceinturée à la taille par un simple ruban.

    La Dame Sombre avait envisagé sélectionner, parmi les plus robustes, quelques combattants propices à l’enrôlement. Mais les profils qui s’affrontaient pédagogiquement dans la salle ne lui donnaient pas entière satisfaction. L’annonce faite dans le hall du manoir tira la Mirialan de ses pensées. L’école recevait aujourd’hui, et pour quelques jours suivants, un maître de grande renommée, compétent d’arts martiaux variés. On lui fit bel accueil, l’activité de l’école s’arrêta un moment afin qu’on présentât le maître aux élèves et professeurs en présence. Isabo était absente, on gérait l’école pour elle, n’étant que la propriétaire des lieux. Le directeur s’occupa donc d’installer l’invité de qualité dans la plus grande salle d’armes du bâtiment. La première initiation de l’après-midi était ouverte à tous, et nombreux étaient venus assister aux démonstrations inhabituelles de l’école.




#39933
Voilà qui était assez inattendu. Fallait-il donc que l'école ai une telle réputation pour qu'autant de combattants s'alignent devant ses portes ? En tout cas cela ne devait pas décourager la jeune femme qui se dirigeait maintenant d'un pas assuré vers la porte principale du manoir.

Ici et là, quelques groupes s'étaient formés, que l'on pouvait aisément classer en deux catégories. D'un côté il y avait ceux qui, à l'évidence, et surtout du fait de leur tenues, étaient constitués d'élèves, ou au moins de pratiquants d'un niveau certain. Ils discutaient assez bruyamment à propos de la visite d'un maître qui venait d’arriver. Voilà qui expliquait l'afflux inattendu de monde ce jour. Mais cela ne devait en rien décourager la jeune visiteuse, qui, au contraire, voyait sa curiosité attisée par cet évènement.

De l'autre côté, il y avait les groupes dans lesquels on trouvait majoritairement des femmes, généralement assez jeunes et bien maquillées, que Haya devinait être les amies ou proches de certains élèves. Globalement, elles confortaient la jeune adulte dans le choix de sa tenue monochrome blanche, dont le pantalon et le chemisier avaient été taillés dans un tissu au rendu presque vaporeux. Seul bémol, la longueur des pattes qui se portaient actuellement courtes, dégageant largement la cheville. La vendeuse avait insisté sur le port d'un chapeau, et Haya avait finalement opté pour un borsalino blanc, dont le ruban légèrement rosé et satiné était floqué sur le côté d'une fleur.

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Derrière la double porte de l'ancienne bâtisse, on découvrait un bureau improvisé installé pour l'occasion. Les nouveaux arrivants présentaient ce qui devait être une carte de membre, ou s'enregistraient auprès des deux gaillards qui tenaient l'accueil, et dont le vocabulaire semblait se limiter à "Suivant" et "Merci". En l'occurrence, le discours changea au passage de l'Anzat, lorsque cette dernière vint aux renseignements.

L'évènement fut largement promu, vanté et vendu à la jeune femme, avant que la discussion ne s’orienta vers l'école en elle-même. Haya écoutait tout sourire, bien qu'il y eu masse de détails insignifiants et peu à en retenir. Finalement l'hôte fut interrompu par son voisin de table qui, pendant ce temps, gérait seul les entrées. C'est avec un rapide clin d'œil que Haya abandonna son sympathique interlocuteur, après l'avoir aimablement remercier pour ses précieuses informations. Dès lors il se retrouva pris par la petite file qui s'était formée, oubliant du même coup de demander à la jeune femme de lui indiquer son nom pour le registre. Il était trop tard.

Naturellement la salle principale, qui accueillait le maître en arts martiaux, était pleine, quoique les places fussent visiblement attribuées avec soin aux adhérents afin que chacun puisse au mieux profiter de la visite du maître. En fond de salle, se retrouvaient amassés les spectateurs venus profiter plus anonymement de son enseignement, ou simplement venus en accompagnateurs. Installée timidement dans un coin, Haya observait discrètement ce qui se déroulait sur la surface de combat. Etrangement, cela lui semblait être d'une embarrassante platitude, au point qu'elle se demandait si les enseignants du dojo n'avait un peu honte de ce qu'ils présentaient à leur invité de marque. Ou peut-être était-on réellement sur un travail d'initiation et de démonstration et les choses évolueraient elles dans le temps.

Un peu perdue dans ses pensées, Haya voyait le spectacle qui s'offrait à elle comme une sorte de pièce de théâtre rythmée par le brut des chutes et des coups. Il y avait ceux qui, sur la surface de combat, s'amusaient à se prendre pour des guerriers dans ce qui n'était rien d'autre qu'une chorégraphie bien rodée. Chacun voulait montrer aux autres qu'il était le plus fort, sans pour autant s'en donner vraiment les moyens, comme si la hiérarchie implicitement établie entre eux devait être immuable. Encore une fois, cela devait être à cause de l’effet ‘initiation et démonstration’, mais l’Anzat restait sur sa faim.

A ses yeux, tout cela n’était qu’un moyen d'impressionner un public que la naïveté ou l'ignorance poussait à s'extasier devant certains mouvements, parfois plus impressionnants qu'efficaces. A ce jeu elle avait déjà repéré un des combattants, un homme à l'allure provocatrice qui semblait mettre autant d’énergie dans ses techniques que dans ses démonstrations de motivations. Haya l'imaginait comme un disciple du maître, choisi pour tester la qualité de l’enseignement du lieu.

Enfin, et principalement, il s'agissait d'un jeu de séduction à l'égard de l'invité d'honneur. Entre ceux qui s'imaginaient pouvoir entrer dans le cercle restreints de ses élèves privilégiés, et qui pourraient se vanter d'avoir un maître de renom, et ceux qui étaient désireux de faire valoir l'enseignement qu'ils avaient reçu, afin d'être mieux vu de leurs professeurs. Toutefois la fausse concurrence que cela générait n’était pas suffisante pour relever le goût du spectacle.

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L'Arcaniste aurait presque considéré, après coup, que c'était son inconscient qui l’avait poussé à intervenir dans cette comédie. Comme s'il lui était simplement vital de la faire dérailler avant que sa conscience ne se laisse happé par l'atmosphère outrageusement studieuse du lieu. Il y avait suffisamment de mouvements un peu partout pour qu'elle puisse discrètement se faufiler vers les prochains à passer sur les tapis. Son regard était plus ou moins détaché, sa démarche assurée, son esprit d'avantage ouvert à la Force et aux Présences qui circulaient autour d'elle.

Alors elle la sentie pour la première fois. L’Anzat ne l'avait probablement pas perçue jusqu'ici car dissimulée parmi le flot continu des invités, mais maintenant, elle la sentait nettement. Instinctivement, Haya tourna son regard vers l'estrade où se tenait le principal invité de la journée. L'homme était installé sobrement mais confortablement, et observait avec calme et attention ce qu'avaient à offrir les combattants qui se présentaient tour à tour. Mais le regard de l'Anzat ne s'arrêta pas sur lui, et poursuivit son chemin jusqu'à trouver celle qu'elle cherchait, toute de noir vêtu, le visage partiellement masqué. Elle était désormais arrivée en bout de file. Et c'est presque mécaniquement qu'elle souffla son commandement tout en poursuivant son chemin : "Met KO ton prochain adversaire."

Il n'y avait guère de doute sur l'identité de la femme : elle l'avait déjà rencontrée une fois, et cela avait été particulièrement explosif. Alors avec naturel, elle se laissa porter par l'ambiance environnante pour tenter de disparaître en toute discrétion de la Force, en réduisant le niveau de son aura à celui des personnes qui l'entouraient. Elle espérait au moins assez pour que la femme en noir ne la repère pas, même si intérieurement, elle supposait que ce fut déjà trop tard. Elle réussi un moment à s’abstenir de la regarder, mais ne pouvait éternellement s’en empêcher. Alors elle détacha son regard de la surface de combat et leva les yeux dans sa direction.

#40004
    L'euphorie martiale des combattants flottait dans la salle au-dessus des têtes. Chacun voulait montrer ses aptitudes et attendait la leçon que donnerait bientôt le maître. La Jen'Ari observait toute cette effervescence en gardant ses distances. Elle détestait les bains de foule. La proximité des vivants pensants attisait sa colère meurtrière. Comme les autres, elle attendait la leçon, sans pour autant se prendre au jeu des duels. De son seul œil valide, mirait la file des arrogants en quête de sensations et de renommée. Le spectacle la dégoûtait. Elle irradiait de mépris, si bien qu'on ne restait jamais longtemps à son côté.

    Un autre duel pris fin, le maître hocha lentement la tête. Il tenait parfaitement son rôle, depuis les hauteurs de son savoir, tout bienveillant qu'il était. Deux nouveaux combattants se présentèrent. La Force vibra soudain. La Sith se raidit aussitôt, cherchant alors du regard la source de la perturbation. Cela semblait venir du plus jeune des deux combattants, de sa direction proche. L'esprit de la Mirialan se tendit vers lui, elle l'effleura de sa pensée. Ce n'était pas lui. L'impulsion avait été trop brève. Ce n'était peut-être qu'une coïncidence, ou bien une attaque. Le Cercle de Dargul avait déjà été menacé une fois par le passé, et l'Ordre grandissant comptait un nombre croissant d'ennemis, revanchards, curieux. La Dame Sombre adhérait cependant difficilement à l'idée qu'on pût venir la chercher sur ses terres. Elle devait trouver cet intrus.

    Au centre de la salle, le combat commença violemment, anormalement violemment. La Sith se détourna de l'aire d'affrontement pour se fondre dans la foule. Elle inspira profondément. Ne faire qu'un avec la Force … elle se drapa du Voile et devint anonyme, invisible aux yeux de chacun, dissimulée par l’amas des badauds. La traque commença. La Jen’Ari errait lentement dans la salle bondée, passait entre les rangs, projetait son esprit à la rencontre des inconnus, tous suspects. En osmose avec la Force et à l’écoute de celle-ci, la Mirialan se donnait pour mission d’identifier le sensitif qui était venu se pavaner sous son nez, volontairement ou non. La fébrile vibration obscure ressentie plus tôt impliquait ralliement ou destruction. La survie solitaire d’un enténébré était exclue. Et s’ils étaient plusieurs agresseurs, les membres de l’Ordre feraient face ensemble. Protéger la Gardienne. Traquer.

    Nul sensitif, nulle menace ici bas. Seulement un agglomérat de chairs mouvantes diverties par l’inhabituel et acharné combat qui leur était proposé. La Sith, loin de renoncer, contenait péniblement sa colère. Mais enfin elle l'aperçut, évitée des courants immatériels sensitifs, à l’abri de toute détection, l’Anzat de Balmorra. Jubilation silencieuse. La Mirialan se tint à couvert, ne présentant à son adversaire qu’une pensée subtile.

      Je t’ai trouvée …

    Au même instant, le maître invité se leva sur l’estrade, réclamant l’arrêt du combat qui tournait au pugilat. Ses disciples intervinrent pour séparer les deux opposants. Le plus agressif des deux fut sorti de la salle, et l’on passa à l’activité suivante : la leçon. Sous la direction des organisateurs, les participants se placèrent en ligne et deux par deux. Le maître, désormais debout sur l’estrade, annonça le programme.

      « Nous commencerons par le K’Tara, qui demande précision et discipline. Un art discret et rigoureux … »

    Il pivota face à la salle. Au pied de l’estrade, deux de ses disciples se tenaient face à face, prêts pour la démonstration.

      « En garde. »

    Les deux disciples réagirent, plus ou moins bien imités par les participants. L’Anzat se trouvait au cœur des rangées, forcée à mimer ses voisins, ou à quitter la salle. La Mirialan avait gagné le fond de la salle, toujours sous couvert du Voile.




#40021
Installée dans le public, Haya attendait avec une impatience contenue que son poulain entre en scène. Ce dernier montrait d'ailleurs aussi quelques signes d’agitation, pour ne pas dire de tension, sautillant d'un pied sur l'autre ou faisant craquer son cou en penchant sa tête de droite à gauche. C'est lors de son entrée sur le tapis que Haya jeta un bref coup d'œil derrière le maître. Plus personne, en tout cas plus la personne qu'elle s'attendait à y trouver.

Le jeune homme sur le tapis salua brièvement avant de tenter une attaque sautée au poing, qui surprit autant son partenaire que le reste de l'assistance. Même le maître accusa un léger mouvement en avant, mais il se retint d'intervenir pour laisser les combattants poursuivre un temps leur démonstration.

Malgré sa tenue de guerrière, l'Anzat eu quelques difficultés à localiser son hôtesse. Mais à mesure que la femme au visage à moitié dissimulé approchait, Haya finit par la distinguer. Pas matériellement, mais il fallait bien avouer que sa Présence n'avait pas décru depuis leur dernière rencontre, et elle la sentait approcher, effaçant même les Présences devenues presque anecdotiques des personnes qu'elle croisait pour s'exposer, tel un phare au milieu de la nuit, sans même en avoir conscience.

Sur le tapis, les choses dégénéraient, provoquant du remous dans la foule. La vague, mélange d'incrédulité et d'indignation, qu'avait provoqué le jeune combattant avait atteint son paroxysme. Le maître fit signe d'interrompre le combat, qui, d'une simple démonstration, tournait maintenant au règlement de compte assumé. Et tandis qu'une évacuation s'organisait autour de l'assaillant indélicat, le jeu du chat et de la souris se terminait parmi les spectateurs, ignorants des présences obscures qui rodaient en leur sein.

Les paroles avaient voyagé jusqu'à l'Arcaniste, inaudibles au bétail assemblé autour d'elle. "Je t'ai trouvée..."

A côté de l'Anzat, les rangs indisciplinés s'étaient prestement structurés en lignes de bons petits soldats.

"Et pourtant ça a quitté sa place ... et manqué le spectacle offert." Point de jugement dans le ton employé dans la réponse transmise par un fil télépathique ténu, juste l'énoncé de ce qui paraissait être un fait, une évidence.

Deux disciples se faisaient à nouveau face sur le tapis, mais, contrairement aux précédents, ils s'attachèrent à suivre les instructions du maître, exécutant avec précision les mouvements imposés par ce dernier. Puis d'un seul homme, les rangs s'animèrent à l'unisson, imitant comme autant d'imparfaits miroirs ce qu'ils avaient vu.

[Haya Fuu] "Profitons-nous de votre éminent invité ?, le son des dizaines pieds retombants lourdement au sol résonna dans la salle, où nous rejoignons-nous dans le hall ? Interrogea l'Anzat tout en portant un coup avec une retenue qui ne lui était pas coutumière,à la gorge de son adversaire, de ses phalanges repliées."

Et une fois de plus il s'éveillait. L'appel de la Force l'avait sorti de sa torpeur, et lui avait généreusement ouvert une nouvelle fois la voie au travers des ténèbres qui le retenaient prisonnier, vers ce monde matériel qui lui était de plus en plus étranger. Lui aussi la sentait, la reconnaissait, et se rappelait sa brève discussion avec la Miralan. Il se rappelait comme il avait senti son pouvoir, comme il avait un instant envié sa liberté. Et comme un indiscret curieux, il écoutait la conversation télépathique, tapis aux tréfonds de l'esprit de l'Anzat, attendant que son heure vienne.
#40088
    La Mirialan ne quittait plus l’Anzat des yeux, totalement obsédée par l’idée d’asservir un nouveau pseudo-sith. Elle l’imaginait Darth autoproclamée, détentrice d’un titre usurpé, ou pire encore, décerné par un faux maître, lui-même non Darth. La Jen’Ari jubilait à l’idée de briser la fierté de ces néo-sith persuadés de maîtriser le vrai Pouvoir. Et si elle n’était pas un Darth, si elle n’était pas un Darth … La Dame Sombre aurait tout loisir de lui éviter une grotesque humiliation. Il n’y avait nul honneur à se revendiquer Darth, la race des traîtres. Le Maître proposerait bien plus gratifiant à sa nouvelle collaboratrice. Tant d’espoirs, tant d’avenirs, concentrés, projetés sur l’Anzat. Tant de désir. Et si elle refusait de collaborer, si elle refusait … La créature de jade se crispa soudain. Jouerons-nous ? Ici ? Dehors ?

      « Changez ! »

    Les élèves changèrent de partenaire d’exercice et les mimes martiaux reprirent de plus belle.

    Nekanasaza voulut soudain savoir, la voir. L’avoir. Toujours sous le couvert du Voile, elle s'immisça entre les rangs des quidams. Elle s’approcha à pas mesurés, sans risquer de bousculer les mortels. Nul doute que la perturbation qu’elle générait en la Force devait piquer les sens de l’Anzat. Elle était tout près maintenant, presque à portée. Un frisson de cruauté chatouilla la main gantée de la Mirialan. Elle fut subitement prise d’une envie violente. Le jeu attisait sa colère. Elle se complaisait dans l’excitation de cette nouvelle rencontre, au point d’envisager une exécution sommaire de sa proie. Il fallut à la Jen’Ari une bonne dose de sang froid pour ne pas céder à ses pulsions meurtrières. Contact. La main d’émeraude se posa sur l’épaule du binôme de l’Anzat, elle le sortit gentiment du rang. Et quand il esquissa un signe de protestation, la Dame Sombre le foudroya du regard.

      « Va voir ailleurs. »

    Le gamin s’en alla, laissant ainsi seules les deux Sith, face à face. Nekanasaza adopta aussitôt le rythme de l’exercice. Elle porta un coup scolaire à sa nouvelle adversaire, imitant les disciples disposés au pied de l’estrade.

      « Quel plaisir. »

    Les mots sifflaient entre ses dents acérées, à peine audibles pour leur destinataire. Elle lui adressa un sourire tiré de malice qui, l’espace d’un instant, fit étinceler l’azur de son seul œil visible.

      « Viens-tu poursuivre la conversation que nous n’avons pas eu le temps de terminer la dernière fois ? »

    Je devrais te tuer. À moins que tu ne gages de ton utilité pour mes intérêts. Tu pourrais apprendre beaucoup, à l’occasion.

    Une nouvelle apprentie ? Un nouveau sbire ? Ou une toute nouvelle forme de collaboration ? Tant de possibilités, tant de fantasmes. Et d’un autre côté … encore une nouvelle trahison ? Encore une nouvelle ennemie ? Encore une nouvelle traque ? La cicatrice laissée par la mort de Pavian brûlait encore le cœur et l’âme de la Mirialan, devenue avare de confiance. Les Sith - les Darth - n’étaient dotés d’aucune forme de loyauté. La Jen’Ari les avait soumis, les uns après les autres, pervertis par son pouvoir. Elle avait manipulé leur perception, réécrit leurs ambitions. Elle avait fait d’eux des esclaves, de bons chiens fidèles. Fallait-il en passer par là aussi avec l’Anzat ? Ce nouveau jouet se tiendrait-il à sa place ?! Mille questions.

      « Qui es-tu ? »

    Plus que neuf cent quatre-vingt-dix-neuf.




Modifié en dernier par Jen'Ari Nekanasaza le mer. 5 janv. 2022 20:35, modifié 1 fois.
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By Haya Fuu
#40117
Finalement elle était venue à elle. Indéniablement, le temps avait fait son œuvre, laissant deviner, sous le masque qui lui couvrait pour partie le visage, sa marque indélébile. Oui, elle avait changé, son aura même était plus obscure que dans le souvenir de l'Arcaniste. Devrait-elle à son tour, dans un avenir plus ou moins proche, faire face à cet aspect peu enviable des personnes qui se dévouent au côté obscur de la Force ? Haya n'était pas particulièrement pressée de le découvrir.

Tout comme les autres pantins qui l'entouraient, l'Anzat exécutait les exercices, basiques, que le maître de séance demandait. Il se dégageait de l'ensemble cette aura particulière, de celle que l'on retrouve souvent lors des démonstrations militaires. Cette structuration, cet ordre, cette sensation supérieure que tous ces individus font partie d'un même corps. Pourtant l'Anzat la percevait plus comme un signe de soumission, comme un troupeau de brouteurs qui se soumettrait à son propriétaire, se contentant d'engraisser avant de passer à l'abattoir.

Qui était Haya ? Voilà une question à laquelle il était devenu difficile de répondre.

Haya Fuu"Qui je suis ?, répéta la jeune femme aux allures d'adolescente, grand merci à son repas de la veille, Si c'est mon nom que vous souhaitez connaître, sachez que j'en ai à peu près autant que de planètes que j'ai visitées. Ici ce sera Kandiss. Pour le reste je vais où me porte la Force[/b], sans parler de son appétit, mais il n'était pas forcément indispensable d'aborder immédiatement le sujet, même s'ils étaient intimement liés désormais. Justement, puisque vous en parlez, Narella se porte-t-elle bien, ou avez vous eu à lui faire ravaler sa morve en même temps que ses ambitions ?"

De sa voix puissante, le maître en art martiaux fit cesser l'exercice. Il lança un regard furtif aux deux femmes, mais préféra s'abstenir de tout reproche à leur encontre. L'homme ne semblait guère apprécier le bavardage, aussi discret qu'il put être. Dans une gestuelle très caricaturale, il descendit sur les tapis, puis salua sobrement l'assistance avant de se lancer dans un discours très théorique sur les origines du K'Tara, pour aboutir à la description générale de la philosophie qui l'animait. Puis il se lança dans une démonstration plus technique et relança ses troupes novices dans une nouvelle série d'exercices.

Haya Fuu"Quoi que vous en pensiez, vos affaires ne sont pas l'objet de ma présence. J'ignorais jusqu'à il y a quelques minutes que je vous trouverai ici. Par contre, je ne pense pas que cette nouvelle rencontre ne soit que le fruit d'une coïncidence. Surtout dans un délai aussi bref. Nous savons combien la Force est puissante lorsqu'il s'agit de faire se rencontrer les bonnes personnes."

Ca, c'est son maître qui le lui avait répété à chaque fois qu'il avait été question de savoir comment il avait trouvé l'Anzat. C'était là toute l'ironie de son triste sort. Pourtant, Haya avait pleinement conscience que le même scénario ne se rejouerait pas avant longtemps. Son interlocutrice n'était pas du même acabit, son aura parlait pour elle plus que son attitude ou ses cicatrices. Et elle ne laissait pas l'Arcaniste indifférente. Certes sa Présence ne manquait pas d'intérêt, mais Haya avait cette impression de s'approcher dangereusement d'un fruit défendu contre lequel son maître avait pris soin de la mettre en garde, et cela ne manquait pas d'exercer sur elle une attraction à laquelle il était difficile de résister. Elle réalisait alors combien Itradious était petit, et elle encore d'avantage. Elle l'avait toujours su, mais c'était autre chose que d'y être directement confrontée.

Haya Fuu"La question serait donc de savoir quel intérêt la Force trouve à nous réunir. Cela pourrait être un sujet de conversation intéressant ne trouvez-vous pas ?"
#40149
    Leur rencontre n'était pas fortuite. La Force les avait réunies, à nouveau. Et elle les faisait désormais danser, l'une en face de l'autre, au rythme régulier des instructions martiales. Elles échangeaient tantôt une attaque mesurée, tantôt une parade convenue. Et faisaient, ensemble, connaissance à voix basse.

    L'Anzat refusa de décliner son identité, provoquant ainsi un nouvel élan de colère de la Mirialan, dont l'aura vibrait en réponse aux provocations adverses. Il lui suffisait de tendre la main, broyer le crâne de la jeune femme et lui soutirer l'information tant désirée. Elle en avait la capacité, elle en avait l'envie, et contenir cette pulsion était un véritable supplice. L'évocation de Narella s'avéra être la plaisanterie de trop. La souillon de Balmorra, fut-elle la clef des affaires locales, ne méritait guère qu'on s'y attardât, et d'autant moins en guise d'appât rhétorique à l'adresse de la Dame Sombre. Nekanasaza frappa violemment son binôme, pas assez fort pour la déstabiliser, mais suffisamment pour précipiter sa parade.

      « Kandiss … »

    Le faux sourire avait disparu. Le rictus qui tordait la bouche de la Sith était mauvais. Fin des amabilités. Les exercices stoppèrent dans le même temps, et l'Anzat fit enfin preuve de raison. Elle, ici, la Force … Le maître d'armes ayant bien parlé, il énonça sa nouvelle leçon, préparant déjà ses élèves à l'exercice suivant. Assez. Elles avaient assez joué. La Jen'Ari saisit sans délicatesse le bras de l'Anzat et lui fit quitter la salle avec elle.

      « Viens. »

    Le ton était ferme, plus décidé qu’agressif. Retour dans le hall. La Mirialan lâcha Kandiss.

      « Allons discuter ailleurs. »

    Elle lui désigna une porte de service étiquetée « privé » qui donnait sur un escalier, de service également, ancien cheminement des domestiques du manoir. La volée de marches en bois sombre débouchait sur une pièce étriquée aménagée en bureau. La poussière accumulée témoignait de l’absence de personnel régulier dans les parties de la bâtisse non accessibles aux visiteurs. Une fois seule avec l’Anzat, la Dame Sombre, plus que jamais, caressa l’idée de la liquider sur place. Le poing pourpre, dans son gant de kevlar, se crispa, serré, désireux d’en finir avec la cervelle de l’intruse candide. Une brève inspiration permit à la Sith de temporiser ses élans morbides.

      « Tu as raison, ta présence ici n’a rien d’un hasard. »

    Sa voix tressautait d’impatience. Quelconque empressement signifiait, pour beaucoup, faiblesse. Mais l’Anzat devait sentir le courroux fulminant de son interlocutrice et le danger d’un emportement imminent, sans aucun doute soutenu d’une rage obscure. De sa main d’émeraude, le Maître Sith détacha le masque qui lui cachait la moitié ravagée de son visage. La peau autrefois éclatante de son profil avait été lacérée par les griffes d’un mal surnaturel. Quiconque avait l’expérience des cicatrices ordinaires était en mesure de déceler la corruption qui suintait encore des plaies pourtant éteintes. Et on imaginait sans peine l’âme proportionnellement défigurée qui habitait cette enveloppe charnelle de jade et d'ébène. Trônait au beau milieu des chairs calcinées une bille d’or scintillante, éveillée d’un éclat machiavélique, jurant au côté de sa jumelle cobalt, sereine et pure. Le regard vairon qui se posa sur Kandiss trahissait l’ampleur de la folie de sa propriétaire.

      « Je renouvelle ma proposition … sois mon alliée loyale, et élève-toi à mes côtés … ou rejette mon ascendance, prends les armes et surpasse-moi. »

    La Sith avait déjà presque posé la main sur son sabre. Elle ne rêvait que d’un duel enflammé et de gerbes de sang écarlates. L’acceptation de l’Anzat, si elle advenait, serait presque une déception tant son désir de combattre la submergeait.
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By Haya Fuu
#40189
Telle une ombre, silencieuse, l'Anzat avait suivi son hôtesse jusque dans le bureau, laissant derrière elles la salle d'où l'on entendait monter maintenant plus que de lointains échos. Changement de décor, changement d'atmosphère. Impatience, frustration, rage. Voilà ce que percevait l'Arcaniste désormais. Une chaîne puissante pour qui s'adonnait au côté obscur de la Force. Ici la Dame Sombre ne se cachait plus derrière son masque.

Elle l’avait d’ailleurs retiré, au sens propre comme eu sens figuré. Etait-ce pour impressionner son invitée inattendue qu’elle lui exposait son visage ? Probablement pour partie. Mais des horreurs, Haya en avait vu autant qu'elle en avait commises. Et ce n'est pas de découvrir cette moitié de visage cauchemardesque, reflet de la corruption qui avait gagné l'âme et le cœur de son interlocutrice, qui devait l'atteindre. Bien au contraire, Haya percevait dans cette cicatrice la trace, savoureuse, d'un profond attachement à la Force. Durant un bref instant, une fraction de seconde, il lui revint en mémoire la sensation de puissance que lui avait procurée le lien qu'avait son maître avec la Force, alors que ce dernier y puisait pour tenter, désespérément, de sauver sa vie.

Il était tentant au plus haut point de se l'approprier, mais quelque chose retint l'Anzat de monter à l'assaut de la Miralan. Une étreinte puissante dont elle ignorait l'origine, mais qui tentait coute que coute de l'empêcher de commettre l'irréparable. Et tandis que se livrait en elle ce combat plein de rage, elle fit son possible pour rester stoïque, afin de ne rien laisser transparaitre de cette lutte intérieure.

« Je renouvelle ma proposition … sois mon alliée loyale, et élève-toi à mes côtés … ou rejette mon ascendance, prends les armes et surpasse-moi. »

Le mouvement de main de la femme aux yeux vairons n'avait pas échappé à l'attention de l'Anzat. Haya n'avait jamais prétendue être une combattante, et soupçonnait même sans ancien maître d'avoir fait le nécessaire pour que cette idée ne fasse pas partie de ses ambitions d'à l'époque. Probablement dans le but de s'assurer un avantage en cas de confrontation. Haya ne voyait donc nul intérêt à risquer inutilement sa vie dans un engagement martial, dont l'issue lui serait inévitablement défavorable, et très probablement fatale.

Haya Fuu "Si nous avions du nous affronter, nous l'aurions fait lors de notre première rencontre,... et je ne serais plus là pour en parler. Je vous fais confiance sur ce point. Par contre, allier nos compétences sera bien plus profitable, j'en suis certaine."

Il était difficile pour l'Anzat de se montrer avenante. En tout cas pas dans une situation où elle cumulait autant de désavantages. Elle n'était pas sur son terrain, elle était moins puissante dans la Force que la Miralan, et cela devait logiquement être aussi vrai pour ce qui était du combat au sabre. Et pour couronner le tout, elle n'avait aucune idée précise de ce qui pouvait intéresser la Dame Sombre. Autant jouer au sabbac les yeux bandés.

Haya Fuu "Car le fait est que pour ma part, les arts obscurs que nous pratiquons ne me sont pas aussi accessibles que ce que je souhaiterai. D'autant qu'avec la tragique disparition de mon maître il y a quelques années, je ne progresse qu'à tâtons, préférant la discrétion à l'intérêt que pourraient me porter les Jedis par exemple."
#40207
    La clairvoyance de la novice quant à ses médiocres chances de survie face à la Dame eut au moins le mérite de lui faire décrocher un sourire sournois. Aux yeux de la Jen’Ari, et en comparaison à sa propre démence, l’Anzat avait la candeur d’une enfant égarée, abandonnée par son précepteur, livrée à elle-même dans le vaste monde. La situation avait tout pour plaire à la Mirialan, désireuse d’assouvir ses instincts maternels peu conventionnels, incapable d’un amour assumé. Tout ce qui avait échoué avec Sabina pouvait réussir avec l’Anzat. Ainsi, l’espoir vint à renaître. Une orpheline, une autre, pour lui donner une nouvelle chance de faire correctement les choses.

      « Je comprends … »

    La Sith s’était brusquement radoucit, devenue presque pensive. Son regard détaillait lentement les traits du visage de son interlocutrice, sans trouver à se poser quelque part, ne percevant soudain plus aucun défaut sur la peau calcite.

      « Je pourrais t’aider, sans aucun doute. »

    Il s’agissait désormais de ne pas se précipiter, ne pas effrayer l’objet de sa convoitise.

      « Je peux t’aider à mieux appréhender ton potentiel, tes pouvoirs. »

    La Mirialan avait elle-même supplanté son maître, le reléguant au rang de traître et de couard, et le forçant à l’exil. De ça, il n’était pas question de parler avec la novice. Plus tard, peut-être, avec la confiance grandissante. Pour l’instant, méfiance …

      « En échange, je ne te demande pas grand-chose … ton honnêteté, premièrement. »

    L’index viridien s’étira vers le plafond. Rapidement rejoint par son comparse majeur.

      « Ta loyauté, également. »

    Nekanasaza punissait sévèrement les traîtres, ou ceux qu’elle considérait être des traîtres - ce qui avait tôt fait d’arriver, les Sith étant, par essence, une race de traîtres.

      « Et commençons avec la vérité, si tu le veux bien. »

    Un bref sourire dévoila une canine acérée.

      « Je m’appelle Mya. C’est le premier de mes noms. Quel est ton nom ? »

    La Mirialan tendit lentement la main vers l’Anzat, paume vers le ciel.

      « J’aimerais comprendre exactement ce que tu es, quel est ton lien avec la Force. Me permets-tu de sonder brièvement ton esprit ? »

    La Sith n’avait pas de mot précis pour désigner cette exploration violente de la mémoire d’autrui. Elle en avait les capacités, elle s’y adonnait. Et tout était si simple.

      « C’est un petit peu douloureux … »

    Elle tentait de se montrer prévenante, tout en sachant pertinemment que l’expérience était une torture cérébrale terrible. Nekanasaza imaginait que si le sujet était consentant, la chose rêvetrait alors un caractère moins brutal. Elle se trompait, très certainement. Elle proposait donc ni plus ni moins que la charmante Kandiss se laissât disséquer la mémoire, en toute cordialité. Et ce dans le but de faire plus ample connaissance et de mieux se comprendre mutuellement. L’exercice s’avérant être unilatéral, la Jen’Ari en connaîtrait plus sur l’Anzat, et l’Anzat aurait au moins appris que la Jen’Ari possédait le pouvoir de visiter les souvenirs de ses victimes. C’était donnant-donnant, non ?


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