L'Astre Tyran

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Bandomeer se divise entre une Pangée montagneuse et désertique occupant la moitié de sa surface et un océan recouvrant l'autre moitié. Malgré la défaite de l'Empire face à la Nouvelle République, Bandomeer est resté fidèle au premier, pour lequel elle représente une importante source de minerai.
Gouvernement : Empire
#12407
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Discussion au sommet : Larone et Trachta.


Kuat - il y a 2 semaines :

Un message fut envoyé au directeur commercial des Chantiers Navals de Kuat Garret Larone. Celui-ci demandait expressément à Larone de se rendre sur la planète Bandomeer. Si ce n'était pas de la part du Grand Moff Trachta, il n'aurait même pas répondu. Mais le premier devait une fleure au deuxième : Larone était loin d'être un ingrat. Pas avec Trachta en tout cas. Mais pourquoi Bandomeer ? Un long trajet tout de même.
C'est pour ça que Larone régla rapidement ses petites affaires sur Kuat, peaufinant les dernières commandes et envoyant les accusés de réception à ses clients, afin de partir l'esprit tranquille. Maintenant, c'était à l'anneau planétaire de Kuat de se mettre en route. Sa tâche était terminée pour le moment.

Ne voulant pas que l'on sache qu'il avait osé mettre cap pour ce tas de fumier, Larone décida de prendre une navette en commun. Quitte à s'humilier de payer les misérables crédits et sentir la sueur des autres passagers. Sa réputation était plus importante que son orgueil. Il y a de ça quelques années encore, il n'aurait pas permis de se faire subir un tel traitement : la cause serait sans doute l'influence de son frère qui, lui, serait capable de se vautrer dans la boue pour accomplir son devoir. Un homme... admirable. Où était-il d'ailleurs ?

Bandomeer – un matin :

Sur Bandomeer, c'était une autre histoire. Le… Moff Trachta avait débarqué sans grandes fanfares. Navette, StromTroopers alignés, poignées de main de la part des responsables planétaires. Trachta, par politesse, rendit hommage à son prédécesseur en marquant bien les avancées sociales effectuées. Il cita la croissance économique en progrès comme un signe évident de l'avenir prospère de la planète, et qu'il était ravi de prendre ses fonctions sur Bandomeer. Un peu de reconnaissance pour les Meerians a également été fait, quand même. Ce petit discours rendit bien sur l'Impérial HoloVision. Quant à son apparence, c'était autre chose : les gens s'habitueront rapidement à ce cyborg étrange à la voix légèrement métallique. Dans tous les cas, le plus vite sera le mieux : pour eux.

Arrivé sur Bandor city, le Moff Trachta eut droit à "la visite touristique impériale privée" : c'est-à-dire la visite de quelques installations essentielles ; la rencontre avec quelques troupes stationnées aux endroits stratégiques de la planète etc. Bref, les fonctionnaires montraient qu'ils faisaient quelque chose.
Après sa prise de fonction officielle au Palais, et surtout après avoir ordonné à ses propres agents de passer au crible les mouchards du lieu, Trachta resta toute la journée à son bureau afin d'éplucher toutes les données de la planète, et prendre connaissance de ce qu'était réellement Bandomeer. Entre deux lectures, il faisait venir des adjoints, des fonctionnaires locaux afin de les nommer à la place des anciens.

Ainsi, il balança quelques :

« Votre dossier est blanc comme neige, capitaine. Je pense que Bandomeer sera heureux de vous avoir responsable de la sécurité pour Bandor city. Ne décevez pas l'Empire. Ça sera tout. Rompez commandant. »

Ou encore des :

« Le précédent directeur de la mine n°254 semblait avoir pris sa tâche un peu trop sérieux. Tellement au sérieux qu'il est en route pour Kessel. Vous êtes le nouveau directeur de la mine, veillez à augmenter la rentabilité et... éviter les fausses factures. Rompez. »

Évidemment, l'astuce était de le faire avec parcimonie. Ne pas mettre en rogne quelques fonctionnaires qui avaient le pouvoir d'emmerder son monde. Mettre des compétentes à place d'incompétentes. Garder en place les loyaux et les intelligents. Mais c'était pas gagné. L'opération pourrait se résumer à remuer de la vase avec le résultat que l'on connaît. Ce que voulait Trachta, c'était avant tout placer des gens plus ou moins intelligents et obéissants à des postes où il n'aurait pas besoin de toujours regarder par derrière : son troisième œil implanté dans le coup s'en charge déjà très bien.

Quant aux ressources financières de la planète, ça semblait pas mal. Bien mieux que les années précédentes. On avait beaucoup accompli avec cet emprunt, et pas des moindres. Il était déjà en train d'être remboursé. Tout était à l'équilibre. On s'était même permis de créer des soins gratuits pour la plèbe.
Un des adjudants – qui travaillait dans un bureau annexe - troubla le Moff et l'arracha de ses calculs ; il ne lui en voulu pas d'ailleurs. Traiter un si grand nombre de données corrélées à d'autres était étouffant, même pour un dirigeant aussi expérimenté que lui.

« Moff Trachta. Un certain Garret Larone souhaite vous voir : il affirme avoir rendez-vous, pourtant l'agenda ne... » Il fut aussitôt coupé par Trachta.

« Oui, c'était prévu. Faites-le entrer. »

Trachta s'empressa d'éteindre son datapad qui affichait des données holographiques en tout genre au dessus de son bureau. De loin, on voyait juste une masse noir munie de deux éclats rouges sinistres. Le Moff baignait constamment dans ces lumières bleutées au point d'en avoir mal aux yeux. Même s'il n'en avait pas, ceci dit...

« Vous avez fait bon voyage j'espère ! »
« On peut dire. On pourrait dire aussi que j'ai traversé un quart de la galaxie pour venir... ici. D'ailleurs, en venant ici, Moff, j'ai appris que Bandomeer... » Il se tut un instant. Il en avait dit suffisamment. Moff ? Il s'insulta intérieurement. Maintenant venait le temps des pénibles explications. Larone se disait que ce n'était pas nécessairement - il devinait bien - mais l'avait provoqué sans le vouloir.
« Oui... Dans le langage bureaucratique, on appelle ça une redistribution des postes en fonction de la conjoncture des événements. La bienséance m'interdit de dire comment on appelle ça en général... »
Et il n'avait pas besoin de le dire. Larone baissa les yeux : il y avait un espèce de mélange de respect de la gloire passée, et de pitié pour le présent dans son attitude. Trachta lui proposa de s'asseoir. La discussion sérieuse allait débuter. Mais avant, une petite introduction :

« Grand Moff, Moff... Tout ça semble si désuet maintenant, Larone. J'ai compris que les titres n'étaient que des futilités. Ces babioles de l'époque Delaviel n'intéressent plus personne désormais. L'honneur et le respect militaire sont déjà passés à la broyeuse. Une nouvelle époque s'est amorcée avec à la clé des possibilités illimitées. Il n'y a plus aucun frein à l'ambition : l'époque des seigneurs de la guerre est révolue, certes, mais leurs cendres gisent encore. »

« Vous voulez dire que... Enfin, vous voulez vous détacher de... » Il n'osa pas finir sa phrase. Mais, tous avaient compris.
« Rien de tout ça. Je méprise autant que les autres ces imbéciles qui pensent pouvoir se faire un petit fief et voir venir. On sait comment ils ont fini. Non. Je veux dire que nous avons une base pour débuter notre marche et celle de l'Empire. L'intérêt de l'Empire et le mien sont parallèles. Les deux objectifs vont de pairs : c'est ce qui me distingue d'un Zsinj.
Quoiqu'il en soit, Bandomeer c'est provisoire et je ne saurai rester ici trop longtemps. Disons juste assez pour me faire remarquer positivement, ensuite, si tout se passe bien, on pourra viser plus haut. Ne me croyez pas atteint par la fatalité : je méprise cet endroit tout autant que vous. »


Maintenant, Trachta scruta intensément Larone en attente de sa réaction. Le Moff avait déjà fait le cheminement de la pensée de Larone ; il le connaissait bien. Il devait se rendre à l'évidence que sa situation était perdante. Une planète minière éloignée du Noyau et même de Braxant. Bref, le caniveau pour un ancien Grand Moff. Mais il y avait d'autres choses comme la reconnaissance, le respect et la fidélité qui remuaient dans son esprit. Néanmoins, on ne pouvait pas que s'appuyer là-dessus. Il savait que Larone réfléchissait en homme d'affaires. Ce dernier n'avait pas non plus beaucoup d'options : il bossait pour Kuat, certes, mais la planète était isolée. Le CNK faisait affaire qu'avec l'Empire. Le destin de Larone était inévitablement tourné vers la même direction que celui de l'Empire. Ses relations avec les hommes d'affaires du Noyau étaient rompues, politique oblige.
Ce qui le fit revenir au point de départ : Trachta. Trachta était son unique fenêtre de tir, sa seule porte de sortie. L'ancien Grand Moff avait raison, il pouvait remonter vite la pente. Il n'avait pas le choix. On pourrait s'y employer.

Lentement, Larone leva les yeux et prononça seulement :

« Vous avez besoin de moi, Moff Trachta. »
« Exact. »

Il s'ensuivit un dialogue un peu trop rapide pour Larone, tandis que pour Trachta ; il était aussi ennuyeux qu'inutile. Mais c'était la raison de sa venue.
« Pour gérer les mines de la planète ? »
« Plus que ça. L'économie de Bandomeer a du potentiel. Nous sommes à cheval sur la Route Braxant et la voie Hydienne. A l'ouest c'est Bastion et Mygeeto. Au nord est c'est le Secteur Corporatif... Vous voyez ce que je veux dire ? Il y a matière à travailler ».
« Oui mais... Je suis déjà pris par les chantiers ! »
« Vous avez déjà démissionné des CNK, il y a de ça deux semaines. Juste après votre départ en réalité. On était très étonné sur Kuat d'ailleurs. »
« Quoi ?! Vous n'avez pas osé ?! »
« Vous voilà désormais président de la Bandomeer Mining Corporation et mon conseiller économique. »
«  … ?! »
« Je viens de vous offrir un travail après une – courte certes - période de chômage, vous pourriez me remercier, Garret. »
Larone le remercia, mais avec une certaine lueur de frustration dans les yeux.
« Merci de cet honneur, Moff Trachta... »
« Servir et mourir, sire Larone ».
«Servir et... subir » renchérit Larone.

L'entreprise d’État avait enfin un nouveau président. Les petites frustrations de garçons aristocrates pompeux allaient vite lui passer. Dans quelques mois, voire quelques semaines, il le remerciera. Ceci dit, ça valait pas la peine de s'être farci cette navette à la con.
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