Il respirait lentement, animant par son poul régulier le mouvement de la tête posée sur lui. La tendresse était devenue la maîtresse de ces deux amants, dans l’espoir de transformer les paroles en actes, de transformer des sentiments en ressentis sur l’épiderme, en frissons partagés entre ces deux peaux collées. Comme à chaque fois, seuls leurs actes parlaient mieux que leurs bouches. Une caresse, un embrassade, une proximité forcée par ses bras devenus geôliers … La terrible annonce était alors devenue un point de rapprochement. Une raison de plus de croire à ce petit quelque chose idiot qui les faire se tenir l’un contre l’autre, qui les fait respirer ensemble. Elle s’était apaisée aussi vite qu’elle s’était animée, et sûrement était-ce ce qu’elle avait voulue. Un pardon par les actes, un pardon par la vie, et non la mort. Un acte de chair pour mieux se rappeler qu’elle vit avec ce passé, mais surtout dans un présent nouveau. Cet aveu venait de les rapprocher. Physiquement, oui, mais plus émotionnellement. Au fond de lui, au milieu des pensées qui se battaient entre tristesse et appréciation sincère de l’instant, le moment lui semblait naturel. Presque trop, même. A un point qu’il n’avait pas soupçonné. Qu’étaient-ils, en réalité, tous les deux ? Qu’est-ce qu’ils étaient vraiment, ainsi collés l’un à l’autre, à parler de choses comme ça ? Est-ce que … est-ce qu’ils sont un couple ? La question est dure à poser, presque impossible, en réalité. S’il devait se fonder sur ses expériences passées, il ne serait même pas en capacité de le dire. Avait-il déjà discuté de choses si sérieuses au sortir d’une partie de jambes en l’air ? Une fois, peut-être, fut un temps, dans un premier amour tapani d’un autre temps. C’est en tout cas ce qu’il lui semblait, mais des quelques amantes qu’il eut par le passé, aucune n’avait eut la prétention de lui parler de sa vie de la sorte quelques instants après avoir fait ce qu’ils venaient de faire, surtout aussi intensément qu’entre lui et Helera. Cette pensée était étrange, pourtant il ne se voyait pas faire autrement. Pas nier ce qu’elle disait, ni s’en désintéresser. Au contraire, il avait un appétit de ces instants qui le surprenait presque. Juste en savoir plus, juste la connaître, juste profiter de ce temps avec ces cheveux d’argent … Pourquoi ne serait-ce pas possible ? Est-ce que cela signifie donc que c’est si sérieux ? Si réel ? Non, quand même pas … Si ? Non, pas envie de savoir, pas envie de se poser la question. Pas cette fois. Juste s’occuper d’elle, juste lui dire ce qui lui vient à l’esprit, et échanger. Son baiser dans le cou, un simple remerciement, finit de le convaincre qu’il avait fait le bon choix, et qu’il pouvait l’aider. Un geste juste, mais significatif. Il n’était rien mais représentait beaucoup, c’est tout ce qui comptait. Elle et lui, capables de bien plus que simplement se procurer du plaisir. C’était plus que ça. Voilà. Peut-être que c’est dit. Ou peut-être pas.
Le reste de l’échange fut moins évident, moins enjoué, mais pour apprécier les hauts il faut goûter les bas. Certes, c’est une exagération face aux espèces de compliments qu’elle faisait, mais il était ainsi fait. N’était-ce pas là une découverte commune de l’autre ? C’est en cela que l’instant était riche et appréciable, même dans son amertume. Ironie d’un homme qui venait de la critiquer sur son incapacité à accepter des compliments. Mais il en avait marre d’être un centre d’intérêt non-souhaité, un Prince mis en avant par un rang qu’il avait gagné uniquement par sa naissance. Si tout cela était une aberration très acide dans sa bouche, elle devenait presque frustrante lorsqu’il était question de s’intéresser aux autres. Il n’y avait qu’elle, dans ses pensées, à ce moment. Pas sa vie, pas ses propres qualités, ou ses propres défauts. Juste cette femme dont il pouvait sentir le cœur battre contre son torse. Elle. C’est peut-être ce qui le poussa à l’embrasser, comme la première fois. Juste elle, et ses lèvres contre les siennes, sa langue dansant avec la sienne. Juste elle, et un plaisir innocent à vouloir profiter d’un instant si unique en son genre. Son existence n’avait de valeur que pour un moment comme ça. Une scène, un jour, parmi des mois et des années sans intérêts, pour mieux découvrir le goût de la vie. Une vie aux yeux d’azur, et aux cheveux d’argents. Un contact salvateur, capable de faire oublier tout le reste. Et étrangement inquiétant à l’heure de savoir s’il allait les quitter. Cela à peine une journée, ou peut-être moins, et tout ça semblait si rapide, si sérieux. La question, entendue comme un écho de ses questionnements internes, est déstabilisante. Elle coupe les jambes, pour mieux lui faire comprendre la réalité dans laquelle il vit. Qu’elle est bel et bien en chair et en os, qu’elle est bien sérieuse, qu’il tient vraiment ce corps contre lui, et que tout ce qu’ils ont fait n’est pas l’oeuvre d’un fantasme trop intense. Non, non, elle est bien là, ils l’ont bien fait, et ils ont soif de bien plus. Mais il ne peut pas le dire. Pas le comprendre. Pas l’accepter. Pas si simplement. Pas sans combattre, armé d’un boulet amoureux attaché à une autre femme. Ce serait trop simple de l’oublier, elle et tout ce qu’elle a représenté, pour se concentrer sur le visage kuati. Ce serait trop simple.
Il valait mieux passer à autre chose pour l’instant. Se concentrer sur d’autres choses, sur elle, sur leur apprentissage commun. Quelques questions, de l’un à l’autre, et des réponses qu’il aurait cru claire mais qui ne le furent pas. Hélas, elle ne dit rien, et il fut bon pour paraître inutilement compliqué pour une situation simple, ne se rendant compte de rien. C’est pour ça qu’il renvoya la balle en touche, vers d’autres questions venues naturellement de l’échange. Son frère, ou ce titre de Reine. Les deux étaient des points de mystère qui l’excitaient au plus haut point, tel le fils unique, Prince de Têta, qu’il était. Un frère, elle … Il ne l’imaginait pas comme quelqu’un ayant de la famille, de toute façon. Alors forcément, savoir qu’elle a un frère, cela éveille quelque chose. Une familiarité soudaine, trop perceptible peut-être, et une envie de savoir. Connaître ces gens, connaître cette Helera insoupçonnée. Mais … venir l’aider ? A faire quoi ? Elle restait bien mystérieuse, cette femme aux atouts pourtant révélés. Excitant. Elle passa aussitôt à l’histoire de reine, et de Grand Chaman, et de mots prononcés avec la gorge. Il n’arrivait pas à dire si cela pouvait être faux ou non, à vrai dire. Elle sonnait très sérieusement, mais pourtant, l’étrangeté du langage avait quelque chose qui poussait à se questionner. Tout comme l’idée d’avoir des Chaman … Ne parle-t-on pas de ça pour des peuples arriérés ? Ca existe encore dans la Galaxie ? Et puis même, Reine, sans qu’il le sache ? Sans qu’elle n’ait d’obligations à remplir ailleurs ? A moins qu’il ne soit qu’un objet de détente pour cette Reine surmenée ? D’autant plus que si cela s’avérait, il était d’un rang inférieur, et ne la respectait pas à la hauteur de ce qu’elle était. Une Reine, lui un pauvre Prince, il n’était pas grand-chose à côté. Et oui, même les Princes ont une conscience de classe, et un respect de l’étiquette qui se vaut vers le haut de l’affiche. C’était étrange, mais pourquoi pas … Qui eut cru qu’il aurait fiat tout ça avec une Reine ? Il en eut un sourire idiot, avant de se risquer à tenter de prononcer comme elle le faisait.
« Au-rack … Oo-hooo-hooorag, Nelvareuh, nelvarrr … Oooorack nelvaart… » La tentative fut interrompue soudainement par un fou rire d’Althar, bien conscient d’écorcher maladroitement ce qu’elle avait dit.
« Pardon, pardon ... » Il s’excusa d’un baiser dans ses cheveux, alors que tout cela continuait de le titiller. Cette manière de parler, le fait qu’il ne connaisse rien de tout ça, c’était si étrange, si reculé. Un goût d’aventure, ou d’inconnu, comment l’était-elle devenue ? Etait-elle une Nelvaan ? Ces humains devaient être si différents d’eux … Il avait envie de savoir, mais aussi de se garder le plaisir de la découverte. De toute façon, ce n’était pas encore le moment d’en savoir plus, pas encore. Bientôt elle lui dirait tout, mais pas tout de suite. Alors il demanda ce qui vint en premier dans son esprit, sans trop de filtres, sans s’en rendre compte. Et rougissant presque aussitôt, alors qu’elle venait de reprendre ses gestes tendres sur son torse. Le don de gacher les instants, sans aucun doute. Heureusement qu’ils ne pouvaient pas se voir, ni partager leur gêne, ou en tout cas d’Althar. Peut-être entendrait-elle ses battements de cœur accélérer, vue la réaction. Mais à ce qu’il semblait, elle semblait plutôt à l’aise, de son côté. Ok. Tant mieux, tant mieux, on se parle de ça comme deux adultes, juste nus, et après des aveux dramatiques, eux-même arrivant après des ébats intenses. Ok. Normal. Adultes et fiers.
Ou pas. Ou peut-être qu’elle avouait avoir eut une femme comme longue relation, et un pirate comme amant. Elle n’a donc jamais eut de relations sérieuses avec un homme, vraiment ? Il se refusait de le croire. D’accord, ça correspondrait à son histoire terriblement tumultueuse, mais quand même, une femme comme elle … Les yeux portés vers le plafond, son esprit se perdait à la contemplation mentale de cette femme. Helera, personne pour l’aimer ? Ou .. une femme ? Attendez, une femme ? Mais … ses sentiments actuels, leurs échanges, leurs vies … Non, elle lui ment, c’est sûr. Elle ne dit pas tout, c’est obligé. Il ne la croit pas malgré leurs précédentes discussions. Que disait-elle lorsqu’ils s’étaient trouvés ainsi accolés la première fois, dans la salle d’entraînement ? Ces petites piques sur l’idée qu’elle aurait pu être source d’attachement pour bien de ceux qui l’entouraient ? C’est obligé, c’est une femme au charme redoutable. Une veuve noire, une Sorcière capable de faire plier la volonté de n’importe quel homme … et femme. Helera avec une femme … Il n’en revenait pas. L’image avait quelque chose d’excitant, pour être honnête. Ses longues jambes, son cou dénudé, et la voir embrasser Le … Pensée aussi rapidement disparue qu’arrivée dans son esprit. Mais quand même, sacrée Helera. La question vit forcément en retour, cependant, le poussant au bord du précipice. L’air eut un peu de mal à venir, mais finalement, d’une voix en train de se chercher quelque peu, il se décida à lui répondre. Pourquoi tant de gêne, hein ? Si elle n’est rien de plus qu’une amante, ou une histoire de quelque jours ? Cette pensée le renvoya à celle qu’il eut à l’heure de la rassurer. Une telle discussion, comme ça, est-ce normal ? Surtout avec de tels ressentis ? Surtout maintenant ? Bon sang.
« Et bien … Hmmm … comme presque tout le monde j’ai eu une première amourette de jeunesse … Qui ne dura pas bien longtemps mais bon … Puis il y a quelques années, sur Tapani, j’ai cru que j’avais trouvé une personne, je pensais peut-être m’y installer … mais .. hmm .. Non … puis il y a eut … enfin .. hmmm … la Princesse Organa … donc voilà … Et pour être honnête … J’ai eu quelques amantes, mais pas autant que les clichés voudraient en donner … enfin bon … hmmm ... »
Il toussa. Quelle horreur de parler de ça. Il était gêné, surtout en la sentant totalement à l’écoute, posée qu’elle était de la sorte contre lui. Ses doigts n’étaient plus une douceur, mais une déchirure. Que son cerveau est idiot, quand il parle aux femmes … Vite, une autre solution, autre chose. Penser à elle, ou à autre chose … Son ventre blanc, sa po .. non, plus bas … Ses longues jambes, ses genoux tout ronds, et ses pieds hyper actifs … Oui, ses pieds.
« Et heu .. sinon … tu chausses du combien ? »
Cela avait au moins eut le don de lui faire relever la tête, dans une expression partagée entre incompréhension et amusement. Surement vit-elle la détresse dans le regard d’Althar, qui la fixa avec de grands yeux, pour réagir comme elle le fit. Il n’eut même pas le temps de bouger, ou trouver quoi que ce soit de mieux à dire qu’elle était déjà en train de se déplacer en rigolant, se laissant prendre au jeu idiot d’un Althar gêné … Rhaaa, il ne la méritait pas. En une poignée de secondes il la sentit totalement inverser leurs position, pour lui offrir la vue d’une paire de fesses confortablement installées contre lui. Des cheveux d’argent, qu’il avait jusqu’à présent sous les yeux, il retrouvait le refuge intime d’une Grise joueuse. Se rendait-elle compte de ce qu’elle offrait à sa vue, de la sorte ? Sûrement que non. Si innocente, et si douce. D’une bouche amusée il était passé à un sourire bien plus personnel, révélé à ses yeux malgré tout, et qui avait le don de remettre un peu de bois dans l’âtre du désir. Un sourire légèrement malmené par ses embrassades répétées des minutes précédentes, mais un sourire qui laissait rêveur tout de même. Comme une envie d’y goûter, pour la surprendre. Mais elle est trop loin. Elle n’est pas comme ça, il ne faut pas, en plus. Son esprit lubrique ne doit pas se déverser sur elle sans aucune restriction, ce serait la corrompre dans une innocence à préserver. Oh que non, il ne la mérite pas. Et comme un retour à la réalité, il l’entend rigoler alors qu’elle commence à se saisir de ses propres pieds, qu’il ne peut s’empêcher de remuer sous les touches inattendues dessus, le tout dans un rire mal retenu. Son regard fut bien obligé de quitter les valons si lisses que représentaient ce dos nu face à ses yeux pour se porter sur ses pieds sous son nez. Alors elle veut jouer ? Soit ! Une main sur chaque pied, à son tour il se risqua à découvrir plus méticuleusement ces pieds amusés, tout remuant qu’ils étaient. Elle tenta une estimation, qu’il préféra décliner, pour garder le mystère.
« Tu es curieuse … Mais tu as l’oeil … Toi par contre … »
Il jeta un nouveau regard entre les jambes de la belle, pour essayer d’en dénicher un visage et sa chevelure si unique, mais la position l’en empêchait visiblement. Ses yeux purent donc de nouveau glisser sur ses courbes, jusqu’à se risquer pour lui à aller mordiller le côté d’un de ses pieds offerts à ses yeux, un instant.
« Je dirais … au moins du 50, pour des grands pieds qui ont botté pleins de fesses ! »
Un rire amusé, et quelques remuages de pieds.
« Ou alors … du 35 pour des petits remuants dès qu’on touche à certains coins de ta peau … Oui oui je les ai vu ! »
Et un nouveau fou-rire, en chatouillant sans vergogne les deux zones hyper-sensibles tenues entre ses mains.
« De beaux petits pieds ! On en mangerait ! »
Il continua encore un peu cette bataille de chatouilles qui s’amorça, comme un instant de relachement après une discussion trop sérieuse. Elle avait le don de savoir quoi faire, bien malgré elle. Cette jeune et innocente Kor’rial. Ses lèvres se posèrent une nouvelle fois sur ses deux extrémités qu’il avait du mal à retenir sous leurs remuages énergiques pour les couvrir de quelques baisers amusés, difficiles à cibler mais c’est pas faute d’essayer. Tout ça pour quoi, hein ? Pour goûter à la beauté de ces dix doigts hyperactifs qu’elle paradait sous ses yeux ? Quoi qu’elle fasse, elle devenait un objet de désir intense. Electrique. Juste par cette inversion des positions elle venait de lui faire retrouver un appétit déplacé, partagé entre des regards vers des zones interdites, et des mordillements sur un pied révolté. Non, tant pis, il n’y résiste pas, et finalement une de ses mains se perd un peu plus loin, sur un de ces morceaux de chair qui la rendent si courbée. Sorcière maléfique et aimantée, il est incapable de résister. Mais il lui fallait autre chose, un quelque chose qui tournoya au fond de son ventre, le poussant à lui demander de manière subtile si l’occasion n’était pas celle de manger. Mais parlait-il de mets matériels, ou d’appétit de corps ? Certes le Prince était un peu fatigué, mais tout cela avait le don de donner chaud. Surtout elle. Alors pourquoi pas mêler les deux éléments, dans un plaisir commun ? Et un mordillement par-ci, et un autre par là, une main un peu à l’aise, et fatalement, un mouvement, pour essayer de fondre sur celle qui avait l’ascendant jusque-là. Fini de se faire tenir les pieds, avec un peu de motivation et de force, Althar se tourna et se contortiona jusqu’à atteindre ce bout de viande de ses lèvres, prêt à dévorer un corps offert en sacrifice à son ventre. Il était le monstre qui mangeait toute vie, et qu’aucune forme n’arrêterait. Un mordillement sur la hanche, un autre sur le ventre, puis sur un sein et même une épaule, saupoudré d’un peu de menton et de front, le tout servi avec sa dose de chatouilles sur ce corps nu, la scène avait de quoi faire rire. Un plaisir enfantin mais sincère à l’entendre rigoler de la sorte, le poussant à continuer son petit jeu encore un peu, la marquant de ses dents partout où il pouvait avec sa fausse tête de monstre mangeur. Elle avait le don de le ramener à plus de simplicité, c’était certain. Et c’était pas désagréable. Tellement pas qu’il finit par tomber sur ses yeux, et se laisser haper par ce regard, et par cette chevelure unique qui finit par être son point d’impact. La tentation était à l’embrasser, mais un petit coup de dents sur son nez conclut l’échange avec plus de douceur, et de symbolisme, le sourire au coin des lèvres. Un ange passa, alors qu’ils continuaient de s’observer. Et finalement, de sa voix mielleuse, elle fut celle qui brisa le sortilège pour appeler le monstre par sa vraie nomination !
Un choc, un outrage ! La bouche grande ouverte, il fit mine d’être totalement vexé de cette appellation non méritée, véritable atteinte à sa dignité. Avec appétit, cependant, il se dépêcha d’aller lui mordre le cou pour lui faire comprendre qu’elle disait peut-être vrai.
« On n’a jamais osé m’appeler comme ça de toute ma vie … »
Désormais accoudé sur le flan, pour la laisser passer, elle gloussa avant de lui voler un baiser sur sa mine faussement malheureuse. Il ne la gênerait pas pour s’écarter, de toute façon, ses yeux ne la quittant pas.
« Mais bon … peut-être bien que tu as découvert la vérité … un ogre dont l’unique source de nourriture est une jeune femme aux cheveux blancs, kuati et surtout aux fesses si ... »
La fin de sa phrase se perdit dans sa pensée, son regard accroché à cette hypnotique silhouette féminine qui s’éloignait en rigolant. Féline et séduisante, quoi qu’elle fasse. La vision était bien trop belle pour qu’il ne puisse pas s’en détacher. Mais tout de même … Où partait-elle comme ça ? Elle cache une réserve, et ne lui a rien dit ? En quelques mouvements, il fut à son tour hors du lit, enfin debout. L’étirement qui s’ensuivit fit un bien fou, offrant un peu de réconfort à ce corps encore fatigué. Mais cette pudeur qu’il avait au début avec elle avait disparue. Oh oui, il se sentait bien comme ça, même en imaginait qu’elle puisse revenir et tomber sur lui dans le plus simple appareil, en train d’essayer de toucher le plafond de ses bras tendus. Oh, mais qui voilà ? Retombant de ses mains sur ses hanches, il l’accueillit d’un haussement de sourcil en voyant qu’elle tenait quelques bouts de tissus.
« Hmmm oui s’habiller … Pas faux ... »
Parlé trop vite. Encore. Beaucoup trop vite. Lorsqu’elle lui tendit l’étoffe, il comprit le piège. Et c’est d’un regard plissé, presque blasé, qu’il la jugea en train d’enfiler elle-même son peignoir, qui était sûrement identique à celui qu’elle venait de lui tendre. Toujours les yeux plissés, il enfila une manche, puis l’autre, avant de reposer ses mains sur ses hanches en hochant négativement la tête. Et elle rigolait en plus, et elle le jugeait ! Voilà un vrai outrage ! Qu’est-ce que c’est que cette tenue qui en dévoile plus qu’elle n’en cache ? Pour femme en plus ? Elle a vécue avec une femme c’est ça ? C’était une vraie relation ? Rhaaa. Il essaya tant bien que mal de fermer décemment la chose, mais visiblement la carrure masculine n’était pas prévue dans le découpage du tissu. Il avait l’air fin … ha vraiment … Et ça l’amusait hein.
« Tu trouves ça drôle hein … T’aimes bien profiter de moi … Non mais ok … Je vois ta vraie nature … Mais en attendant je sais pas qui doit avoir le plus honte : toi qui te ferait surprendre avec un homme habillé de la sorte, et dont les attributs sont présentement visibles, ou moi qui suis l’homme habillé de la sore, aux attributs présentement visibles, mais surtout qui ne sait pas te dire non. Tu es une vilaine magicienne, j’espère que tu le sais ! »
Tout en parlant il s’était laissé tomber sur le bord du lit, dévoilant effectivement dans cette position plus que la décence ne le permettrait. Mais pas d’inquiétude pour Helera, la pointe d’amusement était perceptible dans ce qu’il disait, même s’il s’efforçait de la masquer comme un mauvais acteur de théâtre. Et c’est avec un sourire qu’il l’accueillit dans ce lit, où elle se faufila derrière lui. Elle se voulait caline, malgré tout, et cela ne lui déplut pas. Au contraire, en la sentant se glisser contre lui, voire même se faufiler entre les pans de tissu qui couvraient mal son torse. Ses mains trouvèrent les siennes, pour les couvrir.
« Merci pour la tenue, tu es une hôte formidable. »
Un chuchotement sincère, et plus sérieux, lâché vers cette tête sur son épaule, avant de frissonner. Des baisers dans le cou ? N’était-elle donc jamais repue elle non plus ? Il offrit son cou à ces attaques, dans un plaisir non feint. Cette position, et cette chaleur, il aurait presque pu la préférer à tous les autres. Mais en sentant qu’elle animait ses pieds sur ses cuisses, il comprit le message. Pourquoi ne veut-elle pas le laisser profiter, hein ? Rhaa. Il quitta le confort de ses mains pour essayer de passer les siennes sous ses fesses, s’efforçant de se lever en parallèle. La manœuvre fut physique, presque un peu trop, mais dans un cri de surprise dans son tympan et un éclat de rire tous les deux furent sur pied. Il leur fallut quelques instants pour s’ajuster, elle s’agrippant avec un peu plus d’envie à son corps, et lui réajustement cet organisme qui venait de se greffer à lui. Elle le guiderait donc, c’est parti ! D’un pas certain, il se dirigea vers le couloir. Mais comme un bon homme méfiant, et sentant bien les signaux de la Grise, il se stoppa à la porte, en se penchant en avant. Ainsi, de leurs deux têtes ils pouvaient regarder à gauche, puis à droite, et finalement prendre la direction donnée par sa maîtresse d’un temps. La scène avait de quoi être comique, tous les deux avançant d’un pas lent et méfiant dans ce couloir qui s’éclairait à leur venue. Et histoire de rajouter un peu plus à cette scène, Althar s’efforçait de rester fléchi, presque même penché avec son poids sur le dos, comme dans un mauvais film d’espionnage de l’Holonet. Il ne faudrait pas qu’ils se fassent surprendre, n’est-ce pas ? Ils arrivaient au bout du couloir. Evaluation de la menace : pas de docteur à l’horizon. Non, ok, zone sécurisée. On peut continuer. La sentir comme lui, sa tête à côté de la sienne, l’incitait à en faire toujours plus, comme un enfant qui veut s’amuser avec celle qu’il convoite. Elle avait la peau douce, et les cheveux aventureux, il les sentait. C’était cool. Plus que l’espèce de soufflerie qui balayait le couloir, et dont le vent avait le don de lui frigorifier les jambes … Ha moins que ce ne soit vivifiant. A vrai dire il n’en savait rien, mais cela avait au moins le don de lui faire encore plus apprécié la proximité de son amante.
Elle aussi avait remarquée, d’après la remarque qu’elle venait de lui murmurer. Il ne comprit pas tout de suite, jusqu’à qu’à percevoir de quoi elle parlait, l’air vraiment surpris cette fois, perdant le rythme de sa marche et se redressant presque en essayant de la regarder. Une allusion, comme ça, sortie de nulle part ? Elle ? Il ne trouvait même pas de mot, éberlué de la voir ainsi faire des sous-entendus de cette manière. La bouche grande ouverte, il dévia même de sa trajectoire. Etait-elle innocente, en réalité ? Etait-ce un jeu pour elle ? Ou bien, qu’est-ce que tout cela signifiait ? Il ne trouvait rien à répondre, ce qui encouragea sûrement Helera à l’embrasser dans le cou avec un air hilare. Et à lui indiquer la suite des évènements, pour qu’il retrouve contenance. Helera … Des sous-entendus sexuels ? Toi ? Mais … et tout à l’heure … Et hier … mais … non … innocente, et joueuse, mais … Vraiment ? Il ne savait plus. Pas plus que ce qu’il aurait du lui répondre … Du genre «
Je connais un endroit chaud parfait pour la réchauffer ? » ou encore un «
C’était ça ton entrainement au sabre ? » ou même juste rigoler … Non, il était resté perturbé par la situation, qu’il n’imaginait pas. Oh non elle ne lui déplaisait pas, mais elle pouvait changer quelque peu la pudeur qui restait encore entre eux, et favoriser certains choses. Mais bon, c’était fait, et il était déjà en train d’ouvrir la porte de la Chambre Froide. Aucune idée de ce qu’ils faisaient là, étant donné qu’il espérait quelque chose de plus … chaud, ou classique, à déjeuner, mais bon. Il n’était pas homme à contredire une femme. L’ensemble déplacé, il tâcha de voir où il mettait les pieds, et surtout de comprendre le mélange de choses qui arrivaient à son visage.
Odeurs, lumières, trop de choses. Et surtout, un froid mordant. Et dire qu’il était quasi-nu … Brrr, il en frissonna presque, balayé par ce sentiment soudain de température bien trop basse pour son corps. Le lit lui paraissait un refuge bien plus intéressant. Et cette odeur. Difficile à décrire, mais cela lui ouvrait presque un peu plus l’appétit. Elle ne lui avait pas servi ça hier, tiens. Etait-elle cuisinière ? La question titilla sa curiosité, mais ce n’était le moment. Il faisait trop noir, et il lui sembla bien avoir frôlé d’un peu trop près une caisse de quelque chose. C’est Helera qui tendit le bras pour allumer la lumière, tandis qu’il cherchait dans quoi il avait bien pu buter. Mais pas le temps de s’attarder, la réaction qu’elle eut, sur son doss lui fit relever la tête vivement, surtout qu’elle descendait déjà. Il eut un recul à son tour, manquant presque de lui marcher sur le pied en découvrant la figure massive qui venait de se découvrir. Qu’est-ce que c’était que ça ? Grand Shaman ? Quoi ? La bête était inquiétante, et plus que grande, surtout calée comme ça. Etait-ce un nouveau cauchemar ou bien il était bel et bien là ? Helera passa à côté de lui, elle avait l’air inquiète mais quand même … Qu’est-ce que … Enfin … C’est inquiétant non ? Il m’en menait pas large, ne sachant pas comment réagir. La gueule de l’animal était certainement mortelle. Mais le fait qu’il soit occupé à touiller son chaudron cassait légèrement l’aspect terrifiant qu’il avait naturellement. Son regard cependant, qui se porta vers eux, n’en finit pas de le faire douter. Non mais oui, peut-être bien qu’ils feraient mieux de le laisser tranquille, et ne pas poser la question … Pourquoi avait-il fallu que son histoire implique des aliens qui font 2 fois sa taille ? Pourquoi n’était-ce pas des humains ? C’était pour ça que c’était si dur à répéter ? Rhaaa, non, Helera … Viens on s’en va … Mais non, elle avait déjà fait un pas de plus vers lui, obligeant Althar à essayer de prendre un peu de confiance, même si en réalité il se cache vaguement derrière elle. Oui, parce que c’est plus simple d’inverser les rôles, et de prendre la Grise, qui fait peut-être 30 ou 40 kilos de moins que lui servir de bouclier. Après tout, elle connaissait cet espèce de bête, et il fallait bien qu’il réajuste sa tenue, qui en laissait trop voir et qu’il avait partiellement oublié, avant de sentir le froid beaucoup trop s’engouffrer. Ne pas se serrer conte Helera, et ne pas la toucher, allez, ok, faire illusion de confiance.
« Bonsoir Monsieur .. monsieur Grand Chaman … Excusez-nous de .. de vous interrompre … »
Il ne savait pas vraiment quoi dire, mais s’efforça de gagner un peu de temps, et faire comprendre qu’ils ne comptaient pas rester. Et un raclement de gorge pour y arriver.
« Enchanté de vous rencontrer .. Je suis un ami .. de … Hm … Helera … juste un ami .. Et heu … hmm … »
Percevait-elle sa détresse ? Sûrement.
« Vous savez, on peut peut-être vous aider à trouver un plat ou un cuiseur pour votre … préparation … enfin, j’imagine qu’on peut faire ça … Ou juste vous laisser, on voulait pas interrompre votre repas … Pardonnez-nous Grand Chaman … »
Sa main gauche chercha imperceptiblement celle d’Helera, sans qu’il ne s’en rende compte. Trouver une main où se glisser, pour se donner confiance, ou juste l’inviter à le suivre et partir. L’atmosphère n’est pas faite pour les humains, ici. Surtout dans cette tenue. C’était pas un lieu pour discuter. Il était transis de froid, et passablement inquiet de la bête et de sa réaction. Et puis il n’était plus certain d’avoir encore faim, après cette découverte, et tous ses détails étranges avec son bâton décoré de bien de choses obscures. Allez Helera, viens, on s’en va …