L'Astre Tyran

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By Althar Fanrel Keto
#30484
    Par delà les frontières.
    Résumé de la situation.



La vie les avait séparés, à peine rencontrés. Comme une parenthèse au creux de leur destin, ils n’avaient fait que s’éloigner, pour mieux se retrouver. Le Prince était parti confronter la Galaxie, dans l’espoir vain de trouver la lumière qui l’aveuglait. La Reine, elle, avait continué sa lutte pour sa propre survie. Et tout avait échoué. Autant pour l’une, titubant au bord d’un précipice, que pour l’autre, marqué dans le sang d’un échec cinglant. Ainsi furent amenées leurs destinées à se rencontrer de nouveau.

Il ne le voulait pas plus qu’elle ne pensait le revoir. Les choses à dire auraient pu être nombreuses, douloureuses, voire même malheureuses … Mais la Réunion fut tout autre. A l’heure de s’entendre sur la lutte commune, les choses ont vrillé, pour mieux s’effondrer. Le rideau tomba fatalement, révélant avec lui la duperie si crainte des Sith. Un hôte, une maladie, et de la crainte. Suffisamment pour mettre fin à cette union de la Force, et aboutir à l’union des âmes. Contre vents et marées, contre logique et responsabilité, ce fut elle qui le tira de là. Seuls dans l’espace profond, désormais, tout serait à recommencer. Une nouvelle rencontre, une nouvelle chance, et peut-être plus. Sûrement plus. Forcément plus. En tête à tête, pour s’écouter et se redécouvrir. Comme si une vie entière était passée. Mais une chose avait changé. Terriblement changé. Une ombre cruelle s’était installée au-dessus de leur destinée. Une fin potentielle à tout cela, une course contre la montre. Seuls, face à face, les mois étaient à rattraper. A exprimer, à redécouvrir. Les mots ne suffirent plus. Peut-être que les choses auraient du finir comme cela depuis le début. Un baiser, et une dernière conviction. Une journée devint une nuit, et dans la lueur de l’espace les deux êtres finirent par s’unir de la plus belle des manières. Les corps avaient vaincus. Et maintenant, à nouveau épuisés de ces contacts répétés, le nouveau jour débute pour les deux royaux … mais avec quels sentiments ?
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By Helera Kor'rial
#30485
Une petite phrase, à peine prononcée. Une petite phrase qui n’avait de sens que si l’on comprenait ce qui n’était pas expliqué. La croyait-il ? Est-ce qu’il lui répondait avec hésitation, sans fondement ? Tout cela restait pour elle un mystère, et elle ne pouvait pas chercher à en déceler toutes les clés. Encore une fois, il y avait des univers qui ne devaient pas être violés. Puis il lui avait expliqué ce qui se présentait sans doute comme son plus grand crime dans sa vie. Un matricide infâme et abjecte. Pourtant, ce qu’elle lut sur le visage de son interlocuteur n’était pas de la rancœur, de la peur, de la colère. Il y avait une forme d’acceptation, et plus encore, de compréhension. Il déposa de nouveau un baiser sur son front et prononça son nom plusieurs fois. Elle s’était allongée totalement sur lui. Cet homme était bien trop compréhension, bien trop parfait pour être réel. Tout cela prenait une tournure qui dépassait sa propre personne, s’en était déstabilisant. Ses multiples baisers l’a rassurait bien plus qu’il ne pouvait sans douter. Elle aimait cela, et avait l’impression qu’ils étaient autant de marque d’affection qui les faisaient se rapprochement inexorablement. Collée à lui, elle était bien, vraiment elle se sentait heureuse d’être à ses côtés. La grise espérait que rien ne pourrait arrêter ce moment. Il était plus de 5h du matin et pourtant elle se sentait déjà en forme, par ce qu’elle était avec lui, dans ses bras. Puis il tenta de la motiver, de lui prouver qu’elle n’était pas un monstre. Ses phrases étaient pour elle autant de plumes qui caressaient son esprit. Uniquement par ce qu’elle venait de lui, cela l’apaisait et plus encore. Lui était là, et il la serrait contre son torse. Si elle ne s’était pas retenue davantage, elle en aurait presque versée une larme. En seul réponse à cela, elle se leva davantage et déposa un baiser dans son cou. Sans avoir à prononcer une seule parole, un baiser passionné. Un merci à sa manière. D’être resté là, de l’écouter, de la réconforter. Même si les tenants étaient funestes, elle avait l’impression d’être heureuse que tout cela se soit déroulé de cette manière.

Pour le reste, quand ce fut son tour, les compliments semblèrent ne pas avoir l’effet escompté. Pire encore, elle avait l’impression que ses mots lui faisaient plus de mal que de bien. Alors elle s’était tue, même si elle pensait réellement ce qu’elle disait. Qu’il avait encore le choix, qu’il était exceptionnel et qu’il avait beaucoup de valeurs. Néanmoins, cela resta dans son esprit. Que devait-elle dire pour qu’il se sente aimé ? Elle avait encore tant de choses à apprendre sur lui. Pour le contenter, pour l’accompagner … Mais le voulait-il à l’inverse ? Dans tous les cas, Helera se rendait compte que la réponse à cette question lui était égale. Elle avait envie de l’accompagner quoi qu’il en coûte. Fusse-t-il avec elle ou. Car il était quelqu’un de bien et qu’il méritait que l’on veille sur lui. Il l’embrassa par la suite sans qu’elle ne le vit réellement venir. Trop tard, elle se rattrapa en ouvrant sa bouche, touchant ses lèvres avec les siennes. Un si doux baiser. Puis un sourire. Il lui caressa la joue, elle lui caressa le dos de la main. Son regard dans le sien, sa proposition n’était pas piégeuse, et n’était même pas une proposition. Si elle devait n’être présente que quand il en avait besoin, elle aurait eu tendance à lui dire oui. Par froideur, par précipitation.

Vinrent ensuite les questions. Organa ? Une sœur de Leia ? Elle n’en avait aucune idée, ni même ne comprit quelle était le sens de cette affaire confidentielle. Elle ne demanda rien de plus, le prince lui ayant fait comprendre que cela ne la regardait pas. Les histoires de familles ensuite. Tout cela semblait compliquer. Un problème de couleur de peau se traduisant par des menaces … Cela n’avait aucun sens. Helera n’arrivait pas à le suivre que sur les grandes lignes. Il parla ensuite d’une prétendue lignée jusqu’à l’impératrice Têta, sûrement la femme qui aurait donné son nom à la planète. Avait-elle été une bonne reine ? Ou son règne avait été marqué par la crainte et le sang ? Helera n’en avait aucune idée, elle n’avait aucune culture sur l’histoire tétienne. Les sourcils fronçés, il parla ensuite de titre impérial. Un titre ? C’était ce que l’on mettait devant les prénoms, où la référence à une monnaie. Le visage collé sur son épaule, Helera regardait dans le vague. Tout cela était bien trop compliqué. Elle ne voulait pas cependant lui demander plus d’explications, pas peur de le gêner davantage. Puis il repassa sur son frère et cela la fit sourire. Qu’avait-il donc avec son frère ? Sa curiosité avait piqué la sienne.

« Mon frère fera sûrement parti de l’équipe pour venir m’aider. Quant à savoir si je suis vraiment reine … Et bien … Comme je te l’ai dis, je crois, il y a sur ce vaisseau le grand Chaman Nelvaan qui pourra attester de mon identité. Je suis Krinar, reine. Ou alors Ohorag Nelvar, le guide des nelvaaniens. Tu verras, ils ne parlent que très peu le commun. »

Puis une question un peu plus gênante, du moins pour lui. Helera n’avait pas tellement honte de ses anciens compagnons. En même temps, ils pouvaient se compter sur les doigts d’une main. Elle resta allongée sur son épaule et avec son index et son majeur se hasarda sur son torse. Le terme qu’il utilisa la fit sourire de plus belle. « Physiques et passionnés », c’était bien dit.

« Je suis resté quelques mois avec la chef de l’inquisition pendant ma jeunesse un peu perdue. Puis j’ai eu un … contact bref avec un pirate. Pour ce deuxième, j’étais complètement saoule… Donc … Enfin … »

Pour le deuxième, elle avait un peu honte de lui dévoiler cela. C’était un peu sa première fois raté avec un homme, et dans un état second. Drake avait été très honnête avec elle, mais … Cela restait un coup d’un soir.

« Et toi ? »

Elle s’imaginait le prince comme ayant des filles à bout de bras. Des conquêtes d’un soir, amourettes de cantina. Etait-elle comme ces autres filles ? Une petite distraction bien trop facile, pour passer le temps ? Non, il n’était pas comme cela … Elle ne le connaissait pas encore totalement, mais avait été dans son esprit. Il n’était pas comme cela … Helera se répéta cette phrase, comme un rituel, pour se convaincre que ce qu’elle disait était la pure vérité. La prochaine question la tira de ses rêveries. La Grise en rigola sur le torse de son compagnon puis se leva vers lui pour le regard, un regard incrédule et amusé.

« Ma pointure ? »

Helera se redressa et se retourna dans le sens du lit. Un air amusé tout en ricanant. Elle s’allongea de nouveau de tout son long et posa ses pieds sur son torse et les agita dans tous les sens.

« Devine ! »

Elle se mit sur le ventre, dévoilant alors tout son dos nu, ses cuisses et ses jambes. Ses deux pieds se leva et se mit en stature sur la pointe des orteilles, balançant de droite à gauche. La Grise de son côté avait attrapé des petits doigts de pieds dans les mains et s’amusait avec.

« Toi tu fais du … 44 ! »

Un chiffre totalement au hasard, puisqu’elle n’avait aucun moyen de mesure. Le prince lui annonça son envie de manger. Encore ? Helera en rigola de nouveau tout en se concentrant sur son pied. Elle sentit le prince se lever, et une main se poser sur ses fesses. Elle n’eut aucune réaction, aucune gêne. Ils avaient déjà dépassé ce stade. N’ayant plus de pied à regarder, elle se retourna et vit le prince fondre sur elle et mimer le fait qu’il la dévore vivante. En agitant ses doigts, il la chatouilla, et se débattit dans l’air tout en rigolant. Ses mouvements devinrent plus calmes, et il renifla ses cheveux, et elle arrêta de rire, le fixant avec un sourire en coin. Qu’il était beau … Un mordillement de nez, dont elle retroussa la pointe. Une caresse sur sa joue, elle lui murmura :

« Il faut me laisser passer si tu veux que je nourrice mon ogre. »

Elle sourit et gloussa sans ouvrir la bouche. Avant qu’il ne se sépare d’elle, elle lui vola un baiser. Helera roula à l’autre bout du lit et se dirigea ensuite vers la penderie. De là, elle en sortit deux peignoir de couleur terne. L’un était à feu sa collègue, mais elle n’en avait plus besoin. De toute manière, elle n’avait que cela à lui proposer. Evidemment, il était trop cours, et au lieu de lui tomber en bas des genoux, il lui arrivait seulement en bas du bassin. Helera hocha négativement la tête en le voyant ainsi, un sourire au bord des lèvres. Il s’assit sur le bord du lit, et elle vint se poser derrière lui, écartant les jambes de part et d’autre. Sans lui laisser le temps de se relever, ses mains glissèrent sur son ventre et des baisers se posèrent dans son cou. Les uns après les autres, elle le harcela jusqu’à ce qu’il la prenne par les cuisses et ne se lève avec elle sur son dos. Elle poussa un cri de surprise et s’accrocha plus fermement.

« Woah … Il va falloir écouter mes conseils pour partir en quête de la nourriture ! Alors … En avant ! »

Amusée par ce nouveau jeu, elle agitait les jambes comme pour lui signifier d’avancer plus vite. Il franchit en premier lieu la porte de leur chambre, et elle regarda de part et d’autres.

« Chut … Il n’y a personne, mais on doit être prudent. »

Ses mains vinrent poser autour de son cour et sa tête sur le côté de la sienne, sa tempe au niveau de son oreille. Elle avait réduit le timbre de sa voix et le guida à travers le vaisseau. C’était une ligne droite, la cuisine n’était pas très loin. Elle le fit tourner à droite, appuyant elle-même contre l’intercom. La fraicheur de l’endroit la saisit, n’ayant que très peu de vêtement. Il y avait des courants d’air absolument partout sous sa tunique. Et sûrement plus avec celle du prince. Helera s’approcha de son oreille et lui glissa quelques mots avec un ton véritablement amusée :

« J’en connais une qui ne va pas vraiment appréciée. »

Elle gloussa en silence et ponctua sa phrase par un baiser dans son cou. D’un geste de la main, elle lui indiqua la lourde porte de la chambre froide. Aie, il allait souffrir. Peut-être même que de la vapeur allait s’échapper tellement il avait de chaleur à revendre. En silence, ils pénétrèrent dans le grand local à température négative. Une odeur d’herbe la saisit directement. Tiens, cette odeur lui rappelait quelque chose… Une lueur nimbait le fond du réfrigérateur et vacillait légèrement. Helera fronça les sourcils et activa la lumière en rentrant. La bête se révéla à eux. Vétue d’une longue et unique toge. Ancienne et à la fois parsemée de motifs carrés, ressemblant à son tatouage bleu. Il y avait des bigoudis à ses poils sous son museau et des poils semblaient cacher ses yeux fatigués. Un bâton était posé à côté de lui, sur lequel étaient accrochés des petits os, des mèches de … poils ? Deux petits pots qui frappaient l’un sur l’autre à chaque mouvement et autres reliques … Le Nelvaanien avait devant lui un feu improvisé et faisait brûler un pot de fonte noir dont s’échappait l’odeur d’herbe. De l’eau sautait de la petite marmite à intervalle irrégulier et se transformait en petite gerbe de vapeur sonore. Helera se laissa tomber du dos de son destrier alors que l’occupant releva la tête vers eux.

« Grand Chaman ?! »
#30495
Il respirait lentement, animant par son poul régulier le mouvement de la tête posée sur lui. La tendresse était devenue la maîtresse de ces deux amants, dans l’espoir de transformer les paroles en actes, de transformer des sentiments en ressentis sur l’épiderme, en frissons partagés entre ces deux peaux collées. Comme à chaque fois, seuls leurs actes parlaient mieux que leurs bouches. Une caresse, un embrassade, une proximité forcée par ses bras devenus geôliers … La terrible annonce était alors devenue un point de rapprochement. Une raison de plus de croire à ce petit quelque chose idiot qui les faire se tenir l’un contre l’autre, qui les fait respirer ensemble. Elle s’était apaisée aussi vite qu’elle s’était animée, et sûrement était-ce ce qu’elle avait voulue. Un pardon par les actes, un pardon par la vie, et non la mort. Un acte de chair pour mieux se rappeler qu’elle vit avec ce passé, mais surtout dans un présent nouveau. Cet aveu venait de les rapprocher. Physiquement, oui, mais plus émotionnellement. Au fond de lui, au milieu des pensées qui se battaient entre tristesse et appréciation sincère de l’instant, le moment lui semblait naturel. Presque trop, même. A un point qu’il n’avait pas soupçonné. Qu’étaient-ils, en réalité, tous les deux ? Qu’est-ce qu’ils étaient vraiment, ainsi collés l’un à l’autre, à parler de choses comme ça ? Est-ce que … est-ce qu’ils sont un couple ? La question est dure à poser, presque impossible, en réalité. S’il devait se fonder sur ses expériences passées, il ne serait même pas en capacité de le dire. Avait-il déjà discuté de choses si sérieuses au sortir d’une partie de jambes en l’air ? Une fois, peut-être, fut un temps, dans un premier amour tapani d’un autre temps. C’est en tout cas ce qu’il lui semblait, mais des quelques amantes qu’il eut par le passé, aucune n’avait eut la prétention de lui parler de sa vie de la sorte quelques instants après avoir fait ce qu’ils venaient de faire, surtout aussi intensément qu’entre lui et Helera. Cette pensée était étrange, pourtant il ne se voyait pas faire autrement. Pas nier ce qu’elle disait, ni s’en désintéresser. Au contraire, il avait un appétit de ces instants qui le surprenait presque. Juste en savoir plus, juste la connaître, juste profiter de ce temps avec ces cheveux d’argent … Pourquoi ne serait-ce pas possible ? Est-ce que cela signifie donc que c’est si sérieux ? Si réel ? Non, quand même pas … Si ? Non, pas envie de savoir, pas envie de se poser la question. Pas cette fois. Juste s’occuper d’elle, juste lui dire ce qui lui vient à l’esprit, et échanger. Son baiser dans le cou, un simple remerciement, finit de le convaincre qu’il avait fait le bon choix, et qu’il pouvait l’aider. Un geste juste, mais significatif. Il n’était rien mais représentait beaucoup, c’est tout ce qui comptait. Elle et lui, capables de bien plus que simplement se procurer du plaisir. C’était plus que ça. Voilà. Peut-être que c’est dit. Ou peut-être pas.

Le reste de l’échange fut moins évident, moins enjoué, mais pour apprécier les hauts il faut goûter les bas. Certes, c’est une exagération face aux espèces de compliments qu’elle faisait, mais il était ainsi fait. N’était-ce pas là une découverte commune de l’autre ? C’est en cela que l’instant était riche et appréciable, même dans son amertume. Ironie d’un homme qui venait de la critiquer sur son incapacité à accepter des compliments. Mais il en avait marre d’être un centre d’intérêt non-souhaité, un Prince mis en avant par un rang qu’il avait gagné uniquement par sa naissance. Si tout cela était une aberration très acide dans sa bouche, elle devenait presque frustrante lorsqu’il était question de s’intéresser aux autres. Il n’y avait qu’elle, dans ses pensées, à ce moment. Pas sa vie, pas ses propres qualités, ou ses propres défauts. Juste cette femme dont il pouvait sentir le cœur battre contre son torse. Elle. C’est peut-être ce qui le poussa à l’embrasser, comme la première fois. Juste elle, et ses lèvres contre les siennes, sa langue dansant avec la sienne. Juste elle, et un plaisir innocent à vouloir profiter d’un instant si unique en son genre. Son existence n’avait de valeur que pour un moment comme ça. Une scène, un jour, parmi des mois et des années sans intérêts, pour mieux découvrir le goût de la vie. Une vie aux yeux d’azur, et aux cheveux d’argents. Un contact salvateur, capable de faire oublier tout le reste. Et étrangement inquiétant à l’heure de savoir s’il allait les quitter. Cela à peine une journée, ou peut-être moins, et tout ça semblait si rapide, si sérieux. La question, entendue comme un écho de ses questionnements internes, est déstabilisante. Elle coupe les jambes, pour mieux lui faire comprendre la réalité dans laquelle il vit. Qu’elle est bel et bien en chair et en os, qu’elle est bien sérieuse, qu’il tient vraiment ce corps contre lui, et que tout ce qu’ils ont fait n’est pas l’oeuvre d’un fantasme trop intense. Non, non, elle est bien là, ils l’ont bien fait, et ils ont soif de bien plus. Mais il ne peut pas le dire. Pas le comprendre. Pas l’accepter. Pas si simplement. Pas sans combattre, armé d’un boulet amoureux attaché à une autre femme. Ce serait trop simple de l’oublier, elle et tout ce qu’elle a représenté, pour se concentrer sur le visage kuati. Ce serait trop simple.

Il valait mieux passer à autre chose pour l’instant. Se concentrer sur d’autres choses, sur elle, sur leur apprentissage commun. Quelques questions, de l’un à l’autre, et des réponses qu’il aurait cru claire mais qui ne le furent pas. Hélas, elle ne dit rien, et il fut bon pour paraître inutilement compliqué pour une situation simple, ne se rendant compte de rien. C’est pour ça qu’il renvoya la balle en touche, vers d’autres questions venues naturellement de l’échange. Son frère, ou ce titre de Reine. Les deux étaient des points de mystère qui l’excitaient au plus haut point, tel le fils unique, Prince de Têta, qu’il était. Un frère, elle … Il ne l’imaginait pas comme quelqu’un ayant de la famille, de toute façon. Alors forcément, savoir qu’elle a un frère, cela éveille quelque chose. Une familiarité soudaine, trop perceptible peut-être, et une envie de savoir. Connaître ces gens, connaître cette Helera insoupçonnée. Mais … venir l’aider ? A faire quoi ? Elle restait bien mystérieuse, cette femme aux atouts pourtant révélés. Excitant. Elle passa aussitôt à l’histoire de reine, et de Grand Chaman, et de mots prononcés avec la gorge. Il n’arrivait pas à dire si cela pouvait être faux ou non, à vrai dire. Elle sonnait très sérieusement, mais pourtant, l’étrangeté du langage avait quelque chose qui poussait à se questionner. Tout comme l’idée d’avoir des Chaman … Ne parle-t-on pas de ça pour des peuples arriérés ? Ca existe encore dans la Galaxie ? Et puis même, Reine, sans qu’il le sache ? Sans qu’elle n’ait d’obligations à remplir ailleurs ? A moins qu’il ne soit qu’un objet de détente pour cette Reine surmenée ? D’autant plus que si cela s’avérait, il était d’un rang inférieur, et ne la respectait pas à la hauteur de ce qu’elle était. Une Reine, lui un pauvre Prince, il n’était pas grand-chose à côté. Et oui, même les Princes ont une conscience de classe, et un respect de l’étiquette qui se vaut vers le haut de l’affiche. C’était étrange, mais pourquoi pas … Qui eut cru qu’il aurait fiat tout ça avec une Reine ? Il en eut un sourire idiot, avant de se risquer à tenter de prononcer comme elle le faisait. « Au-rack … Oo-hooo-hooorag, Nelvareuh, nelvarrr … Oooorack nelvaart… » La tentative fut interrompue soudainement par un fou rire d’Althar, bien conscient d’écorcher maladroitement ce qu’elle avait dit. « Pardon, pardon ... » Il s’excusa d’un baiser dans ses cheveux, alors que tout cela continuait de le titiller. Cette manière de parler, le fait qu’il ne connaisse rien de tout ça, c’était si étrange, si reculé. Un goût d’aventure, ou d’inconnu, comment l’était-elle devenue ? Etait-elle une Nelvaan ? Ces humains devaient être si différents d’eux … Il avait envie de savoir, mais aussi de se garder le plaisir de la découverte. De toute façon, ce n’était pas encore le moment d’en savoir plus, pas encore. Bientôt elle lui dirait tout, mais pas tout de suite. Alors il demanda ce qui vint en premier dans son esprit, sans trop de filtres, sans s’en rendre compte. Et rougissant presque aussitôt, alors qu’elle venait de reprendre ses gestes tendres sur son torse. Le don de gacher les instants, sans aucun doute. Heureusement qu’ils ne pouvaient pas se voir, ni partager leur gêne, ou en tout cas d’Althar. Peut-être entendrait-elle ses battements de cœur accélérer, vue la réaction. Mais à ce qu’il semblait, elle semblait plutôt à l’aise, de son côté. Ok. Tant mieux, tant mieux, on se parle de ça comme deux adultes, juste nus, et après des aveux dramatiques, eux-même arrivant après des ébats intenses. Ok. Normal. Adultes et fiers.

Ou pas. Ou peut-être qu’elle avouait avoir eut une femme comme longue relation, et un pirate comme amant. Elle n’a donc jamais eut de relations sérieuses avec un homme, vraiment ? Il se refusait de le croire. D’accord, ça correspondrait à son histoire terriblement tumultueuse, mais quand même, une femme comme elle … Les yeux portés vers le plafond, son esprit se perdait à la contemplation mentale de cette femme. Helera, personne pour l’aimer ? Ou .. une femme ? Attendez, une femme ? Mais … ses sentiments actuels, leurs échanges, leurs vies … Non, elle lui ment, c’est sûr. Elle ne dit pas tout, c’est obligé. Il ne la croit pas malgré leurs précédentes discussions. Que disait-elle lorsqu’ils s’étaient trouvés ainsi accolés la première fois, dans la salle d’entraînement ? Ces petites piques sur l’idée qu’elle aurait pu être source d’attachement pour bien de ceux qui l’entouraient ? C’est obligé, c’est une femme au charme redoutable. Une veuve noire, une Sorcière capable de faire plier la volonté de n’importe quel homme … et femme. Helera avec une femme … Il n’en revenait pas. L’image avait quelque chose d’excitant, pour être honnête. Ses longues jambes, son cou dénudé, et la voir embrasser Le … Pensée aussi rapidement disparue qu’arrivée dans son esprit. Mais quand même, sacrée Helera. La question vit forcément en retour, cependant, le poussant au bord du précipice. L’air eut un peu de mal à venir, mais finalement, d’une voix en train de se chercher quelque peu, il se décida à lui répondre. Pourquoi tant de gêne, hein ? Si elle n’est rien de plus qu’une amante, ou une histoire de quelque jours ? Cette pensée le renvoya à celle qu’il eut à l’heure de la rassurer. Une telle discussion, comme ça, est-ce normal ? Surtout avec de tels ressentis ? Surtout maintenant ? Bon sang.

    « Et bien … Hmmm … comme presque tout le monde j’ai eu une première amourette de jeunesse … Qui ne dura pas bien longtemps mais bon … Puis il y a quelques années, sur Tapani, j’ai cru que j’avais trouvé une personne, je pensais peut-être m’y installer … mais .. hmm .. Non … puis il y a eut … enfin .. hmmm … la Princesse Organa … donc voilà … Et pour être honnête … J’ai eu quelques amantes, mais pas autant que les clichés voudraient en donner … enfin bon … hmmm ... »

Il toussa. Quelle horreur de parler de ça. Il était gêné, surtout en la sentant totalement à l’écoute, posée qu’elle était de la sorte contre lui. Ses doigts n’étaient plus une douceur, mais une déchirure. Que son cerveau est idiot, quand il parle aux femmes … Vite, une autre solution, autre chose. Penser à elle, ou à autre chose … Son ventre blanc, sa po .. non, plus bas … Ses longues jambes, ses genoux tout ronds, et ses pieds hyper actifs … Oui, ses pieds.

    « Et heu .. sinon … tu chausses du combien ? »

Cela avait au moins eut le don de lui faire relever la tête, dans une expression partagée entre incompréhension et amusement. Surement vit-elle la détresse dans le regard d’Althar, qui la fixa avec de grands yeux, pour réagir comme elle le fit. Il n’eut même pas le temps de bouger, ou trouver quoi que ce soit de mieux à dire qu’elle était déjà en train de se déplacer en rigolant, se laissant prendre au jeu idiot d’un Althar gêné … Rhaaa, il ne la méritait pas. En une poignée de secondes il la sentit totalement inverser leurs position, pour lui offrir la vue d’une paire de fesses confortablement installées contre lui. Des cheveux d’argent, qu’il avait jusqu’à présent sous les yeux, il retrouvait le refuge intime d’une Grise joueuse. Se rendait-elle compte de ce qu’elle offrait à sa vue, de la sorte ? Sûrement que non. Si innocente, et si douce. D’une bouche amusée il était passé à un sourire bien plus personnel, révélé à ses yeux malgré tout, et qui avait le don de remettre un peu de bois dans l’âtre du désir. Un sourire légèrement malmené par ses embrassades répétées des minutes précédentes, mais un sourire qui laissait rêveur tout de même. Comme une envie d’y goûter, pour la surprendre. Mais elle est trop loin. Elle n’est pas comme ça, il ne faut pas, en plus. Son esprit lubrique ne doit pas se déverser sur elle sans aucune restriction, ce serait la corrompre dans une innocence à préserver. Oh que non, il ne la mérite pas. Et comme un retour à la réalité, il l’entend rigoler alors qu’elle commence à se saisir de ses propres pieds, qu’il ne peut s’empêcher de remuer sous les touches inattendues dessus, le tout dans un rire mal retenu. Son regard fut bien obligé de quitter les valons si lisses que représentaient ce dos nu face à ses yeux pour se porter sur ses pieds sous son nez. Alors elle veut jouer ? Soit ! Une main sur chaque pied, à son tour il se risqua à découvrir plus méticuleusement ces pieds amusés, tout remuant qu’ils étaient. Elle tenta une estimation, qu’il préféra décliner, pour garder le mystère.

    « Tu es curieuse … Mais tu as l’oeil … Toi par contre … »

Il jeta un nouveau regard entre les jambes de la belle, pour essayer d’en dénicher un visage et sa chevelure si unique, mais la position l’en empêchait visiblement. Ses yeux purent donc de nouveau glisser sur ses courbes, jusqu’à se risquer pour lui à aller mordiller le côté d’un de ses pieds offerts à ses yeux, un instant.

    « Je dirais … au moins du 50, pour des grands pieds qui ont botté pleins de fesses ! »

Un rire amusé, et quelques remuages de pieds.

    « Ou alors … du 35 pour des petits remuants dès qu’on touche à certains coins de ta peau … Oui oui je les ai vu ! »

Et un nouveau fou-rire, en chatouillant sans vergogne les deux zones hyper-sensibles tenues entre ses mains.

    « De beaux petits pieds ! On en mangerait ! »

Il continua encore un peu cette bataille de chatouilles qui s’amorça, comme un instant de relachement après une discussion trop sérieuse. Elle avait le don de savoir quoi faire, bien malgré elle. Cette jeune et innocente Kor’rial. Ses lèvres se posèrent une nouvelle fois sur ses deux extrémités qu’il avait du mal à retenir sous leurs remuages énergiques pour les couvrir de quelques baisers amusés, difficiles à cibler mais c’est pas faute d’essayer. Tout ça pour quoi, hein ? Pour goûter à la beauté de ces dix doigts hyperactifs qu’elle paradait sous ses yeux ? Quoi qu’elle fasse, elle devenait un objet de désir intense. Electrique. Juste par cette inversion des positions elle venait de lui faire retrouver un appétit déplacé, partagé entre des regards vers des zones interdites, et des mordillements sur un pied révolté. Non, tant pis, il n’y résiste pas, et finalement une de ses mains se perd un peu plus loin, sur un de ces morceaux de chair qui la rendent si courbée. Sorcière maléfique et aimantée, il est incapable de résister. Mais il lui fallait autre chose, un quelque chose qui tournoya au fond de son ventre, le poussant à lui demander de manière subtile si l’occasion n’était pas celle de manger. Mais parlait-il de mets matériels, ou d’appétit de corps ? Certes le Prince était un peu fatigué, mais tout cela avait le don de donner chaud. Surtout elle. Alors pourquoi pas mêler les deux éléments, dans un plaisir commun ? Et un mordillement par-ci, et un autre par là, une main un peu à l’aise, et fatalement, un mouvement, pour essayer de fondre sur celle qui avait l’ascendant jusque-là. Fini de se faire tenir les pieds, avec un peu de motivation et de force, Althar se tourna et se contortiona jusqu’à atteindre ce bout de viande de ses lèvres, prêt à dévorer un corps offert en sacrifice à son ventre. Il était le monstre qui mangeait toute vie, et qu’aucune forme n’arrêterait. Un mordillement sur la hanche, un autre sur le ventre, puis sur un sein et même une épaule, saupoudré d’un peu de menton et de front, le tout servi avec sa dose de chatouilles sur ce corps nu, la scène avait de quoi faire rire. Un plaisir enfantin mais sincère à l’entendre rigoler de la sorte, le poussant à continuer son petit jeu encore un peu, la marquant de ses dents partout où il pouvait avec sa fausse tête de monstre mangeur. Elle avait le don de le ramener à plus de simplicité, c’était certain. Et c’était pas désagréable. Tellement pas qu’il finit par tomber sur ses yeux, et se laisser haper par ce regard, et par cette chevelure unique qui finit par être son point d’impact. La tentation était à l’embrasser, mais un petit coup de dents sur son nez conclut l’échange avec plus de douceur, et de symbolisme, le sourire au coin des lèvres. Un ange passa, alors qu’ils continuaient de s’observer. Et finalement, de sa voix mielleuse, elle fut celle qui brisa le sortilège pour appeler le monstre par sa vraie nomination !

Un choc, un outrage ! La bouche grande ouverte, il fit mine d’être totalement vexé de cette appellation non méritée, véritable atteinte à sa dignité. Avec appétit, cependant, il se dépêcha d’aller lui mordre le cou pour lui faire comprendre qu’elle disait peut-être vrai.

    « On n’a jamais osé m’appeler comme ça de toute ma vie … »

Désormais accoudé sur le flan, pour la laisser passer, elle gloussa avant de lui voler un baiser sur sa mine faussement malheureuse. Il ne la gênerait pas pour s’écarter, de toute façon, ses yeux ne la quittant pas.

    « Mais bon … peut-être bien que tu as découvert la vérité … un ogre dont l’unique source de nourriture est une jeune femme aux cheveux blancs, kuati et surtout aux fesses si ... »

La fin de sa phrase se perdit dans sa pensée, son regard accroché à cette hypnotique silhouette féminine qui s’éloignait en rigolant. Féline et séduisante, quoi qu’elle fasse. La vision était bien trop belle pour qu’il ne puisse pas s’en détacher. Mais tout de même … Où partait-elle comme ça ? Elle cache une réserve, et ne lui a rien dit ? En quelques mouvements, il fut à son tour hors du lit, enfin debout. L’étirement qui s’ensuivit fit un bien fou, offrant un peu de réconfort à ce corps encore fatigué. Mais cette pudeur qu’il avait au début avec elle avait disparue. Oh oui, il se sentait bien comme ça, même en imaginait qu’elle puisse revenir et tomber sur lui dans le plus simple appareil, en train d’essayer de toucher le plafond de ses bras tendus. Oh, mais qui voilà ? Retombant de ses mains sur ses hanches, il l’accueillit d’un haussement de sourcil en voyant qu’elle tenait quelques bouts de tissus.

    « Hmmm oui s’habiller … Pas faux ... »

Parlé trop vite. Encore. Beaucoup trop vite. Lorsqu’elle lui tendit l’étoffe, il comprit le piège. Et c’est d’un regard plissé, presque blasé, qu’il la jugea en train d’enfiler elle-même son peignoir, qui était sûrement identique à celui qu’elle venait de lui tendre. Toujours les yeux plissés, il enfila une manche, puis l’autre, avant de reposer ses mains sur ses hanches en hochant négativement la tête. Et elle rigolait en plus, et elle le jugeait ! Voilà un vrai outrage ! Qu’est-ce que c’est que cette tenue qui en dévoile plus qu’elle n’en cache ? Pour femme en plus ? Elle a vécue avec une femme c’est ça ? C’était une vraie relation ? Rhaaa. Il essaya tant bien que mal de fermer décemment la chose, mais visiblement la carrure masculine n’était pas prévue dans le découpage du tissu. Il avait l’air fin … ha vraiment … Et ça l’amusait hein.

    « Tu trouves ça drôle hein … T’aimes bien profiter de moi … Non mais ok … Je vois ta vraie nature … Mais en attendant je sais pas qui doit avoir le plus honte : toi qui te ferait surprendre avec un homme habillé de la sorte, et dont les attributs sont présentement visibles, ou moi qui suis l’homme habillé de la sore, aux attributs présentement visibles, mais surtout qui ne sait pas te dire non. Tu es une vilaine magicienne, j’espère que tu le sais ! »

Tout en parlant il s’était laissé tomber sur le bord du lit, dévoilant effectivement dans cette position plus que la décence ne le permettrait. Mais pas d’inquiétude pour Helera, la pointe d’amusement était perceptible dans ce qu’il disait, même s’il s’efforçait de la masquer comme un mauvais acteur de théâtre. Et c’est avec un sourire qu’il l’accueillit dans ce lit, où elle se faufila derrière lui. Elle se voulait caline, malgré tout, et cela ne lui déplut pas. Au contraire, en la sentant se glisser contre lui, voire même se faufiler entre les pans de tissu qui couvraient mal son torse. Ses mains trouvèrent les siennes, pour les couvrir.

    « Merci pour la tenue, tu es une hôte formidable. »

Un chuchotement sincère, et plus sérieux, lâché vers cette tête sur son épaule, avant de frissonner. Des baisers dans le cou ? N’était-elle donc jamais repue elle non plus ? Il offrit son cou à ces attaques, dans un plaisir non feint. Cette position, et cette chaleur, il aurait presque pu la préférer à tous les autres. Mais en sentant qu’elle animait ses pieds sur ses cuisses, il comprit le message. Pourquoi ne veut-elle pas le laisser profiter, hein ? Rhaa. Il quitta le confort de ses mains pour essayer de passer les siennes sous ses fesses, s’efforçant de se lever en parallèle. La manœuvre fut physique, presque un peu trop, mais dans un cri de surprise dans son tympan et un éclat de rire tous les deux furent sur pied. Il leur fallut quelques instants pour s’ajuster, elle s’agrippant avec un peu plus d’envie à son corps, et lui réajustement cet organisme qui venait de se greffer à lui. Elle le guiderait donc, c’est parti ! D’un pas certain, il se dirigea vers le couloir. Mais comme un bon homme méfiant, et sentant bien les signaux de la Grise, il se stoppa à la porte, en se penchant en avant. Ainsi, de leurs deux têtes ils pouvaient regarder à gauche, puis à droite, et finalement prendre la direction donnée par sa maîtresse d’un temps. La scène avait de quoi être comique, tous les deux avançant d’un pas lent et méfiant dans ce couloir qui s’éclairait à leur venue. Et histoire de rajouter un peu plus à cette scène, Althar s’efforçait de rester fléchi, presque même penché avec son poids sur le dos, comme dans un mauvais film d’espionnage de l’Holonet. Il ne faudrait pas qu’ils se fassent surprendre, n’est-ce pas ? Ils arrivaient au bout du couloir. Evaluation de la menace : pas de docteur à l’horizon. Non, ok, zone sécurisée. On peut continuer. La sentir comme lui, sa tête à côté de la sienne, l’incitait à en faire toujours plus, comme un enfant qui veut s’amuser avec celle qu’il convoite. Elle avait la peau douce, et les cheveux aventureux, il les sentait. C’était cool. Plus que l’espèce de soufflerie qui balayait le couloir, et dont le vent avait le don de lui frigorifier les jambes … Ha moins que ce ne soit vivifiant. A vrai dire il n’en savait rien, mais cela avait au moins le don de lui faire encore plus apprécié la proximité de son amante.

Elle aussi avait remarquée, d’après la remarque qu’elle venait de lui murmurer. Il ne comprit pas tout de suite, jusqu’à qu’à percevoir de quoi elle parlait, l’air vraiment surpris cette fois, perdant le rythme de sa marche et se redressant presque en essayant de la regarder. Une allusion, comme ça, sortie de nulle part ? Elle ? Il ne trouvait même pas de mot, éberlué de la voir ainsi faire des sous-entendus de cette manière. La bouche grande ouverte, il dévia même de sa trajectoire. Etait-elle innocente, en réalité ? Etait-ce un jeu pour elle ? Ou bien, qu’est-ce que tout cela signifiait ? Il ne trouvait rien à répondre, ce qui encouragea sûrement Helera à l’embrasser dans le cou avec un air hilare. Et à lui indiquer la suite des évènements, pour qu’il retrouve contenance. Helera … Des sous-entendus sexuels ? Toi ? Mais … et tout à l’heure … Et hier … mais … non … innocente, et joueuse, mais … Vraiment ? Il ne savait plus. Pas plus que ce qu’il aurait du lui répondre … Du genre « Je connais un endroit chaud parfait pour la réchauffer ? » ou encore un « C’était ça ton entrainement au sabre ? » ou même juste rigoler … Non, il était resté perturbé par la situation, qu’il n’imaginait pas. Oh non elle ne lui déplaisait pas, mais elle pouvait changer quelque peu la pudeur qui restait encore entre eux, et favoriser certains choses. Mais bon, c’était fait, et il était déjà en train d’ouvrir la porte de la Chambre Froide. Aucune idée de ce qu’ils faisaient là, étant donné qu’il espérait quelque chose de plus … chaud, ou classique, à déjeuner, mais bon. Il n’était pas homme à contredire une femme. L’ensemble déplacé, il tâcha de voir où il mettait les pieds, et surtout de comprendre le mélange de choses qui arrivaient à son visage.

Odeurs, lumières, trop de choses. Et surtout, un froid mordant. Et dire qu’il était quasi-nu … Brrr, il en frissonna presque, balayé par ce sentiment soudain de température bien trop basse pour son corps. Le lit lui paraissait un refuge bien plus intéressant. Et cette odeur. Difficile à décrire, mais cela lui ouvrait presque un peu plus l’appétit. Elle ne lui avait pas servi ça hier, tiens. Etait-elle cuisinière ? La question titilla sa curiosité, mais ce n’était le moment. Il faisait trop noir, et il lui sembla bien avoir frôlé d’un peu trop près une caisse de quelque chose. C’est Helera qui tendit le bras pour allumer la lumière, tandis qu’il cherchait dans quoi il avait bien pu buter. Mais pas le temps de s’attarder, la réaction qu’elle eut, sur son doss lui fit relever la tête vivement, surtout qu’elle descendait déjà. Il eut un recul à son tour, manquant presque de lui marcher sur le pied en découvrant la figure massive qui venait de se découvrir. Qu’est-ce que c’était que ça ? Grand Shaman ? Quoi ? La bête était inquiétante, et plus que grande, surtout calée comme ça. Etait-ce un nouveau cauchemar ou bien il était bel et bien là ? Helera passa à côté de lui, elle avait l’air inquiète mais quand même … Qu’est-ce que … Enfin … C’est inquiétant non ? Il m’en menait pas large, ne sachant pas comment réagir. La gueule de l’animal était certainement mortelle. Mais le fait qu’il soit occupé à touiller son chaudron cassait légèrement l’aspect terrifiant qu’il avait naturellement. Son regard cependant, qui se porta vers eux, n’en finit pas de le faire douter. Non mais oui, peut-être bien qu’ils feraient mieux de le laisser tranquille, et ne pas poser la question … Pourquoi avait-il fallu que son histoire implique des aliens qui font 2 fois sa taille ? Pourquoi n’était-ce pas des humains ? C’était pour ça que c’était si dur à répéter ? Rhaaa, non, Helera … Viens on s’en va … Mais non, elle avait déjà fait un pas de plus vers lui, obligeant Althar à essayer de prendre un peu de confiance, même si en réalité il se cache vaguement derrière elle. Oui, parce que c’est plus simple d’inverser les rôles, et de prendre la Grise, qui fait peut-être 30 ou 40 kilos de moins que lui servir de bouclier. Après tout, elle connaissait cet espèce de bête, et il fallait bien qu’il réajuste sa tenue, qui en laissait trop voir et qu’il avait partiellement oublié, avant de sentir le froid beaucoup trop s’engouffrer. Ne pas se serrer conte Helera, et ne pas la toucher, allez, ok, faire illusion de confiance.

    « Bonsoir Monsieur .. monsieur Grand Chaman … Excusez-nous de .. de vous interrompre … »
Il ne savait pas vraiment quoi dire, mais s’efforça de gagner un peu de temps, et faire comprendre qu’ils ne comptaient pas rester. Et un raclement de gorge pour y arriver.

    « Enchanté de vous rencontrer .. Je suis un ami .. de … Hm … Helera … juste un ami .. Et heu … hmm … »


Percevait-elle sa détresse ? Sûrement.

    « Vous savez, on peut peut-être vous aider à trouver un plat ou un cuiseur pour votre … préparation … enfin, j’imagine qu’on peut faire ça … Ou juste vous laisser, on voulait pas interrompre votre repas … Pardonnez-nous Grand Chaman … »

Sa main gauche chercha imperceptiblement celle d’Helera, sans qu’il ne s’en rende compte. Trouver une main où se glisser, pour se donner confiance, ou juste l’inviter à le suivre et partir. L’atmosphère n’est pas faite pour les humains, ici. Surtout dans cette tenue. C’était pas un lieu pour discuter. Il était transis de froid, et passablement inquiet de la bête et de sa réaction. Et puis il n’était plus certain d’avoir encore faim, après cette découverte, et tous ses détails étranges avec son bâton décoré de bien de choses obscures. Allez Helera, viens, on s’en va …
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By Helera Kor'rial
#30524
Althar se moquait, se raillait du langage qu’elle utilisait. Couchée contre lui, elle donna une petite tape du bout de doigts sur son torse.

« Hey ! Mais tu te moques en plus. »

Le ton était joueur, et Helera étira un sourire que le prince ne put qu’imaginer, car elle reposait sur son épaule. Sa douce épaule qui servait de support alors qu’il fit de s’excuser en déposant sur son crane un baiser. Sa main sa balade sur son torse comme pour essuyer les traces de sa petite tape. Vint ensuite la question sur ses relations, pour lesquelles Helera n’avait pas vraiment de gênes. Pour en parler, du moins, et surtout avec Althar. Elle avait franchi le stade du secret qui gênait de son côté et lui avouait tout ce qu’elle avait sur le corps. Presque tout. Pourtant de son côté, elle sentit son cœur battre davantage alors que sa courte phrase fut évoquée. De la jalousie ? Ou de l’appréhension quand la question inverse allait être posée. Evidemment, c’est ce qu’il se passa et la jeune femme, prise de curiosité naturelle tenta de lui arracher quelques bribes de sa vie. Une vie qui pourtant était loin de la sienne mais pour laquelle elle était prête à tout connaître, tout étudier, encore et encore, dans les moindres détails. Pourquoi ? Se rapprocher de son état d’esprit, le comprendre sans doute. Penser comme lui, par lui et pour lui. Ses jambes croisées à travers les siennes, leurs corps collés l’un contre l’autre, Helera resta pensive quelques instants. Le bout de ses doigts se hasardant sans trop de conviction sur ses pectoraux. Là où Helera n’avait pas de problème à discourir, le prince semblait bloqué. Problème respiratoire, hésitation, de quoi avait-il peur, qu’elle le juge sur sa vie ? Des deux, c’était elle qui avait le plus à se faire juger et pas l’inverse. Althar avait eu une vie normale, ou ce qui se rapproche de cette normalité.

« Je n’écoute pas les clichés et les ragaux », finit-elle par dire.

Ces bruits de couleurs n’étaient fondés que des on-dits, souvent cherchant à installer la dhisarmonie. Très peu de ragauts tentaient de méliorer un personnage, en réalité. Trois femmes à son actif, c’était plutôt bien, non ? Helera ne savait pas si c’était beaucoup ou trop peu … Elle n’avait aucun point de comparaison sur ce genre de chose était aussi novice que ses apprenties. Elle n’en rajouta pas davantage. L’histoire avec la princesse Leia, ce qu’il avait ressenti, elle l’avait ressenti aussi. Son admiration, son envie … Autant de sentiment qui, lorsqu’elle avait fouillé son esprit, avaient sauté à son visage. Quant était-il aujourd’hui ? Althar était-il toujours en adoration devant cette femme, si puissante, en haut du panier, allant jusqu’à braver les barrières de sa faction, de son empire, de sa planète pour lui prouver son amour. Remettre en cause jusqu’à son titre pour sa belle. Et la deuxième question évidente, c’était de savoir s’il était aujourd’hui capable de faire cela pour quelqu’un d’autre. Elle en particulier ? Non pas qu’elle le voulait, ni qu’elle le cherchait. Juste savoir à quel point il se sentait investi. La réponse à cette question était assez apeurante, à bien des égars. Cela faisait parties de ces questions qu’elle se devait de garder sous silence. Non elle ne pouvait pas lui demander, c’était impossible, et elle le perdrait à coup sûr. La paume de sa main frôla son torse et remonta jusqu’à son cou où elle s’y déposa.

Mais trêve de rêverie, car sa prochaine question la tira instantanément de ses songes. Sa pointure ? C’était tout à fait nouveau, et innovant. Tout en se retournant, Helera rajouta :

« C’est une manière de faire la cours aux dames sur ta planète ? »

Suivit d’un petit ricannement tandis qu’elle fit face à ses pieds. A demi-avachée sur lui, ses pieds presque dans la figure de son amant, à dessein évidemment, Helera contempla la paire d’orteilles qui bougeaient devant ses yeux. Elle se saisit du majeur et de son voisin et les fit bouger dans une lutte avec acharnée, tandis qu’eux-mêmes bougeaient dans tous les sens. De l’autre côté, elle sentit le prince se saisir également de ses pieds. Elle serra les dents dans un sourire concentré, les yeux plissés, se concentrer pour ne pas rigoler. Les pieds, c’était ce qu’il y avait de pire, et lui semblait plutôt bien y résister. Peut-être s’était-elle aventurée sur un terrain où elle ne pourrait peut-être pas gagner. Il mordilla de l’un d’eux, elle remua le bassin tout en gloussant pour éviter de se lancer dans des mouvements incontrôlables. C’était trop chatouilleux ! Il fit deux proposition et cette fois alla directement de main morte pour jouer de ses doigts sur la plante de ses pieds. La lutte était perdue d’avance. Elle enfouit sa tête dans les draps et rigola tout en bougeant épaule, bassin et les jampes et orteilles, mais sans bouger un seul pouce les pieds.

« Ahaha arrête ! Je n’en peux plus ! Je fais du … du 39 à peu près, j’avoue tout. Arrêêêêêête ! »

Et nouveau rire incontrôlé, mouvements supplémentaires des pieds. Son rire était presque une plainte, une torture des plus horribles qu’on lui infligeait. Une torture qui, dû t-elle le reconnaître, appréciait néanmoins. Ses deux mains enserrèrent ses cheveux blancs qu’elle tira dans tous les sens. Aucune pensée ne vint perturber ce moment car elle n’en avait tout simplement pas la possibilité. Tout partait dans son rire, véritablement exclamation de son corps quant à la stimulation de cette zone sensible. Tout cela prit fin par un mordillement supplémentaire et une main sur ses fesses. Retournant sa tête, les cheveux totalement en désordre, elle haussa un sourcil dans un air de défi sans rien ajouter. Défi visiblement accepté puisqu’il s’attaqua à elle, sur ses fesses, ses hanches elle se retourna en le sentant arriver vers elle dans un mouvement vif. Le prince mordilla un bout de sein, puis remonta sur son épaule. Il mordilla son bout de nez, mais Helera attrapa son visage et déposa néanmoins un baiser, court, mais servant de piqure de rappel. Il était là au dessus d’elle. Un sourire illuminait son visage et elle se mordilla la lèvre supérieure tout en le fixant de ses grands yeux bleus. Des yeux qui auraient tout aussi bien l’engloutir dans une mer déchaînée de passion. Mais il fallait couper court à cette conversation silencieuse et aller nourrir son homme, qui prit sa réflexion avec un air faussement blessé. Helera caressa sa joue et tira une mine triste à son tour, passant son pouce sur son nez.

« Est-ce que son altesse princière pourra s’en remettre ? »

Elle ricanna de nouveau et se laissa glisser hors du lit, alors qu’il laissa traîner une remarque. Un regard en arrière pour l’apercevoir observer son corps. Cela en définitif lui fit plaisir, qu’il apprécie ce qu’elle était. Son sourire n’en tarit pas et elle était allée chercher les hâbits pour la cérémonie qui se préparait. Le voir se battre avec l’ancien peignoir de Jenna la fit drôlement rire. Sa mine décomposée quand il remarqua que rien n’était dissimulé. La remarque ensuite. D’un bond, elle se retrouva derrière lui et essaya à son tour de fermer le peignoir.

« Mais non mon althar ! Regarde, tu fais une boucle comme ça et c’est bon. Ensuite, tu peux te lever et rien ne tombe. Après pour la taille, je ne peux pas y faire grand-chose je regrette… »

Ses mains parcouraient son torse et son bas ventre tout en ajustant la ceinture du peignoir. Un baiser supplémentaire sur son cou, puis elle demanda.

« Althar … Comment je vais te trouver un surnom hein ? Comment est-ce que l’on t’appelle à la cours ? »

Thar, Alth, bof … Cela ne sonnait pas très bien. Le prince la remercia à son tour par un baiser, et elle en étira de nouveau son sourire qui finalement ne la quittait plus. En position de force, c’est elle qui lui déposa des baisers dans son cou, encore et encore. Happant la chaleur qui s’y trouvait, l’aspirant comme une essence de vie. Puis elle posa sa tête sur son épaule et s’en suivit la charge de la nouvelle cavalerie nouvelle formée. Une cavalerie espionne, vraisemblablement. Quelque chose de nouveau. Le prince était sortit à pas feutrés dans le couloir cherchant du regard des éventuels intrus, des ennemis. Toutes personnes qui pouvaient les surprendre. Helera faisait de même et lançait sa tête de part et d’autres du dédal d’acier, ponctuée par des petits gloussements. Ils étaient arrivés assez rapidement dans la cuisine finalement, la où le froid était sans doute le plus marqué, sans pour autant être véritablement gênant. Elle avait fait sa remarque, qui semblait avoir mal été interprétée par le prince. Helera se pinça les lèvres de nouveau. Zut. Il devait l’avoir mal pris. Helera se contenta de déposer un baiser dans son cou de nouveau mais n’en dit pas davantage, gênée finalement par son manque de tact envers le prince. Pourtant elle avait encore soif de jeu, toujours plus de jeu avec lui. Ce sujet était donc à éviter à l’avenir.

Ils pénétrèrent dans la chambre froide et finalement tombèrent sur le grand chaman. Helera était descendue de ses épaules et l’avait interloquée en train de brûler des planches ou la grande mère sait quoi. La fumée stagnait en hauteur et devenait presque écoeurante. Helera se précipita vers le feu et tandis les mains pour l’éteindre mais … Non, pas une bonne idée de cette manière. L’homme loup les regarda tour à tour, assis. Les poils devant ses yeux vitreux, son dos courbé et ses gestes lents. Il était vieux, très vieux.

« Mar Krinar, dar nelek una boye? »

Mais la Krinar ne répondit pas et était partie chercher en toute hâte un morceau de glaçon qui avait commencé à se former sur l’évaporateur et aux alentours. Elle en arracha un gros morceau. La glace lui brûla les mains et lui coupa la surface de la peau. Pas assez cependant pour qu’il y ait une ouverture et du sang. Helera déposa le morceau de glace dans le feu. Le chaman se releva tout doucement. Il faisait environ un bon mètre quatre-vint, mais se tenait vouté. Sans doute dans sa jeunesse devait-il dépasser les deux mètres. L’homme loup suivit de sa tête les allées retours d’Helera puis décida de poser son regard sur Althar. Son nez se retroussa et il renifla l’air dans sa direction.

Image« Ami de Helera. » Ses babines se levèrent légèrement, montrant une série de dents. « Je espère toi pas avoir beaucoup amie en même temps. »

Helera passa entre les deux, deux torchons dans les mains. Elle se saisit de la casserolle, la releva lentement. Que c’était lourd … De la fonte remplie de liquide. Mais cela ne l’arrêta pas pour autant. Fléchissant sur ses jambes, elle releva la marmitte puis regarda dans la direction du loup.

« C’est impoli de renifler les gens, Grand Chaman. »

Puis elle s’éclipsa hors de la chambre froide qui n’avait plus rien de froid. Le chaman agita sa main et son bâton qui émit quelques cliquetis. En hauteur, il était rempli de babiole, des boules qui se tapaient les unes contre les autres, des os d’un blanc immaculé, quelques plantes. Le loup s’inclina devant Althar ensuite, comme le permettait sa position de vieillard. Il se frappa le torse du poing, dont les griffes avaient été usées. Il avait de longs doigts poilus.

« Je suis Grand Chaman Booros. »

Il se frotta ensuite le menton et sembla regarder d’un air suspicieux le prince. Helera fit de nouveau son apparition dans la chambre froide et vint se positionner de nouveau entre les deux, tout en soufflant. On entendait les ventilateurs de manière plus forte. La fumée s’évacuait lentement. Elle étira un sourire quand Althar, véritablement gêné ou pire, apeurée, essayait de faire la conversation avec le chaman. La jeune femme sur ses longues jambes se tenait en face du chaman avec un sourire prononcé. Le vieux chaman lui rendit son sourire dans une grimace des plus horribles. Puis elle sentit la main d’Althar se glisser dans la sienne et son visage blémit, avant de rôsire de nouveau. Elle eut un bref mouvement de regard vers sa main. Le geste, devant témoin, avait quelque chose d’officielle. La grise ne voulait pas montrer le moindre signe d’affection envers Althar devant les autres pour ne pas le gêner, ne pas le placer dans des situations inconvenantes. Pourtant à l’inverse, il lui avait tenu la main. Son cœur s’était acceleré et elle avait tout le mal du monde à se concentrer sur autre chose que ses propres battements. Elle serra plus fort sa main dans la sienne.

« Hm … »

Le chaman fit le tour de la chambre froide du regard.

« Je … feu ! Pour ourak, pour … enlever glace. Mais, Ohorag Nelvar …. Tempête est venue ! »

Le dos du chaman se souleva par intermittence alors qu’il semblait prit d’un rire appuyé et sénil. Le chaman à l’apparence de loup garou n’était pour ainsi dire pas plus menaçant qu’un chiot. Son regard de charbon semblait empli d’une intelligence profonde et marquée par la vie qu’il venait de passer. Une longue vie sans doute, car même Helera ne connaissait pas son âge exact. Elle balbutia quelques mots, se remettant quelque peu de sa torpeur.

« Je … heu … On va sortir. Grand Chaman, je vais t’expliquer comment ce vaisseau fonctionne. La chambre froide ne peut pas contenir trop de chaleur où elle serait cassée. Jar krelor … « vaisseau » roush or. Der nelak ourak az nelam or. »

Le grand loup prit les devant et plaça une main sur l’épaule de la reine tout en passant à côté d’elle. Il plaça quelques mots en passant à côté dans un regard de défi mais emprunt de sa gentillesse habituel.

« Vaisseau trop chaud ! »

Elle étira un sourire et le laissa sortir en hochant négativement la tête. Ce loup bizarrement était pour elle comme un grand père, un ancêtre vénérable dont il fallait prendre soin et dont les conseils étaient emprunt d’une immense sagesse. Quoi qu’il en soit, quand il fut définitivement sorti, Helera se retourna vivement vers Althar et lui sauta au cou, pour l’embrasser. Parce qu’elle le voulait et qu’elle en avait envie. Et qu’elle devait exprimer par ses gestes ce qu’elle ressentait. Le contact cependant ne dura pas car son « papi » n’allait pas attendre indéfiniment. Dans un chuchotement, elle lui expliqua :

« Il n’est pas méchant ne t’en fais pas. C’est un être d’une grande gentillesse. Viens, on sort d’ici. J’espère que l’on n’a pas détruit cette chambre froide… »

Le tenant par la main, elle l’entraîna à sa main quand une idée lui vint en tête. Un nouveau jeu, une provocation envers le prince. Peut-être allait-il mal le prendre ? Oh tant pis, elle avait envie d’écouter son âme d’enfant et continuer de lui imposer ses petites piques. L’entraînant par la main droite, elle lacha sa main à mi-parcours pour attraper le bas de son peignoir. D’un geste nonchalant, elle en releva légèrement le tissu pour découvrir ses mollets, ses cuisses et ses fesses tout en continuant d’avancer. Elle se retourna vers lui, un grand sourire se dessinant sur son visage, puis elle lui fit un clin d’œil. Arrivée au seuil de la porte, elle lacha le vêtement qui retomba sur son corps afin de protéger sa pudeur. Mais qu’est ce que le prince lui faisait faire … Il était claire qu’elle ne ferait pas ce genre chose à n’importe qui, pour cela c’était certain. Sa tête réapparut par le cadre de la porte avant que le prince ne sorte à son tour.

« N’oublie pas de fermer la porte et la lumière. »

Puis elle imita le fait qu’elle lui envoya un baiser et sautilla dans la pièce à manger totalement vide. Il y avait cinq tables en tout avec quelques chaises ça et là. Helera avait déjà disposé trois chaises autour d’une des tables de métal, où le chaman s’était déjà assis. La marmitte du chaman avait été déplacée sur la plaque à induction. Helera le héla de l’autre bout de la cuisine. Le vieux loup tourna sa tête vers Althar qui arrivait, puis vers Helera.

« Regarde, c’est ici que tu fais chauffer les plats. Là bas », elle désigna la chambre froide, « c’est pour garder les plats. Ici, » elle se dirigea vers un appareil électronique contre le mur. « C’est pour la température. Dans la chambre que tu auras choisie, tu peux tourner ce bouton pour faire descendre la température. Tu comprends ? »

Le chaman hocha lentement la tête de haut en bas, comme un père patient devant les explications de sa fille. La fille en question se baissa et disparut derrière le comptoir. Seule la porte transparente du réfrégiréateur à température positive était ouverte. Le chaman posa ensuite son regard vers le prince qui s’installa à ses côtés.

« Tu êtres prince. Quoi être prince ? De quelle étoile … ton clan venir ? »

Sa voix rauque et dur comme le charbon roulait légèrement chaque « r ». Mais sinon, pas d’hostilité dans sa voix. Il écoutait le prince en agitant la tête par moment. Il semblait très posée et patient. Son regarda pénétrait le sien, mais sinon, rien ne pouvait indiquer qu’il avait envie de lui arracher la gorge. La jeune femme enfin revint après qu’une sonnerie ne retentisse dans la salle, tirant, ou pas, les deux mâles de leur discussion. Elle revint avec un plat remplie de soupe qu’elle déposa devant le chaman.

« Je suppose que je ne te propose pas de soupe à cette heure ».

Elle étira un sourire vers Althar et déposa des croissants chauds, un couteau, du beurre et ce met merveilleux qui avait été fondu, du chocolat !

« C’est beaucoup d’artifices mais tu comprendras vite que l’on n’a pas tant de nourriture diversifiée. »

En fait, il était rare d’avoir des croissants, mais comme le vaisseau était prêt à accueillir dix fois plus de monde, il y en aurait dix fois plus. La jeune femme se posa enfin et se plaça en face des deux compères, mais davantage face à Althar. Il ne fallait pas pousser quand même, et puis le chaman avait besoin d’espace. L’excuse …
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Et c'est ainsi que leur parade perdura jusqu'à une étrange question, assez surprenante. Alors qu'il accompagnait les mains de la Grise, en les tenant délicatement dans leur manoeuvre, une réponse joueuse se fit entendre, tout doucement. Un défi lancé au visage de la Grise.

    « Un surnom ? Mais ma petite Lera ... tu sais ... On m'en a donné un certain nombre plus ou moins avantageux ... mais tout l'intérêt est que tu le trouves toi-même, n'est-ce pas ? Qui serais-je à te dicter cela ? Regardes, tu es bien Lera ... ou Beauté Blanche, pour les intimes ... »

Althar lui lança un regard de défi avant de retenir un éclat de rire, difficilement. Un surnom ... Comme s'il allait lui dire comment il fallait l'appeler. Tout cela est trop personnel pour qu'elle ne le décide pas d'elle-même. Et puis bon, il avait la facilité d'avoir connu l'étrange illusion de cette Grise qui lui parlait, par le passé. Une Helera toute dévouée, qui le sortit de certains pétrins, et donc il distinguait l'existence par un surnom. Il n'était pas forcément très sexy, ni peut-être trop souhaité par son amante, mais il symbolisait assez bien l'étrange lien existant entre eux. Elle avait été là, elle lui avait parlé, elle lui avait fait confiance. Et c'est ce qui les avait empêché de s'oublier. Lera ... Un don de soi qu'il n'oublierait pas, même s'il faisait mine de ne pas savoir. Quelle étrange idée elle avait, en plus, de vouloir lui trouver un surnom, si soudainement. N'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Rien ne lui venait en le regardant ? Etrange situation, qui soulevait quelques questions, mais elles furent vite balayées par les attentions baveuses offertes par ses lèvres sur son cou. Tant pis, elle trouverait de toute façon. C'est ainsi que le duo se retrouva sur la route de la froideur, intrépides aventuriers en quête d'une nourriture si essentielle à leur survie. Que feraient-ils sans elle, comment ferait-il pour réussir à tenir la distance avec cet être si inépuisable qu'est cette jeune femme ? Il n'a plus l'énergie de ses 20 ans, ni même l'énergie de son âge actuel, en réalité. Alors il faut tricher, et manger pour combler cet appétit retrouvé grace à l'épuisement sain d'un corps qui a travaillé. Et quel travail ...

Il avait peut-être mieux fallu qu'il soit dans cet état. Autant pour lui que pour elle. Si son corps était capable d'éprouver de la fatigue et une nécessité de manger, son désir, lui, ne semblait rencontrer des frontières que très difficilement en réalité. Elle était un aimant auquel un Prince ne trouvait aucune résistance. Un aimant si puissant qu'un simple regard suffisait à renvoyer des images très "personnelles" que seul son esprit méritait de voir encore et encore. Un appât, ou une faiblesse, selon les différents points de vue. Mais un attrait certain. Trop certain. Au point de l'épuiser physiquement. Alors bon. C'est ainsi qu'il se retrouvait à farfouiller dans une chambre froide, à une heure indécente du matin - ou de la nuit, c'est selon - pour chercher de quoi manger. Mais forcément, que trouve-t-on dans une chambre froide, la nuit, en peignoir pour femme ? Un Nelvan. Réveillé, lui. Et l'étrange sensation de ne plus être ni à sa place, ni en capacité de se battre pour sa survie. La présence de l'animal n'avait été ni souhaité, ni même imaginé, à vrai dire. Comment était-il supposé croire qu'on l'attendrait dans une chambre froide, dans un vaisseau soit-disant endormi ? Quelle histoire. Celle-la, même ses amis ne la croiraient pas. Alors, tout gêné de voir ce regard se poser sur eux, et leur tenue un peu trop légère, il fut pris au dépourvu. Pourquoi lui enlevait-elle toute l'assurance princière qu'il avait en temps normal ? Comment faisait-elle ? Tout juste eut-il le temps d'essayer de parler, pour vaincre le silence qui allait le faire prisonnier de ses craintes, qu'Helera s'activa déjà, le laissant un peu au dépourvu, à une bonne distance quand même derrière elle. Valait mieux avoir un écran, surtout si elle le connaissait. Pourquoi est-ce que l'animal ne lui inspirait pas plus confiance que cela ? Pourquoi ces yeux, et ces crocs, lui paraissaient si menaçants ? Brrr.

Leurs deux regards se posèrent sur Helera, qui s'activait avec énergie. Elle était inarrêtable, quand elle s'y mettait, et même les grognements ... enfin ... le langage du vieux loup ne suffirent pas à l'arrêter. Pire, il se releva, offrant toute sa stature aux yeux inquiets d'un Althar qui ne le dépassait pas en taille. Alors qu'il était courbé. Bon sang, quelle bête. Nerveusement, pourtant, le Prince s'efforçait de réajuster sa tenue sans trop savoir quelle attitude adopter. Il aurait aimé aider Helera, mais elle seule savait ce qu'elle faisait, d'un pas trop rapide pour qu'il ne fasse pas sans la gêner. Alors il était là, à la regarder, jusqu'à sentir l'attention portée par le Chaman sur lui-même. Tandis qu'une main s'efforçait de garder sa tenue bien fermée au-dessus de parties trop intimes pour être révélées au vénérable chaman. Le rouge aux joues, transis d'un froid devenu mordant, que pouvait-il faire d'autre que d'affronter cet ennemi de circonstance ? Sa voix rauque formula quelques mots, visiblement dans un basic un peu difficile mais pas incompréhensible. Et la remarque ... Il sentit une boule au fond de son ventre se former. Qu'est-ce qu'il voulait dire ? Pourquoi maintenant ? Mais ... Comme il le craignait, Helera passa devant eux et montra toute sa puissance soudaine en prenant la lourde marmite, sous les yeux inquiets d'Althar, tout en offrant une pique au loup. Ils sont proches. Très proches. De ce qu'il avait pu constater, au plus près, elle avait certain un pelage mais pas suffisamment pour soupçonner qu'elle soit de la même race que le Chaman. Mais il devait être un mentor, ou quelque chose du genre, ce qui expliquerait pourquoi il montre ses dents en voyant un amant en petite tenue se présenter à lui avec elle. Des dents pointues, et capables de lui arracher le coup sans peine ... Pourquoi avait-il fallu qu'il ait faim ? Ah oui, parce qu'il voulait passer sa journée au lit avec Helera ... Tout est de sa faute, tout est de sa faute. Il déglutit avant d'attendre finalement qu'Helera disparaisse de la pièce gelée pour répondre au grand père.

    « Je n'ai pas beaucoup d'am ... je n'ai pas d'autres amies en même temps, Monsieur ... Helera est unique, même à mes yeux, je vous le jure, elle n'est pas comme les autres, seule et unique ... »

A ses mots, dits avec un peu plus d'assurance, sa main droite s'était placée au niveau de son coeur. C'était là une tentative maladroite pour exprimer peut-être ce qu'il pensait, ou ce qu'il avait essayé de dire plus haut. Parce qu'en fait là ... Attendez .. Quoi ? Il vient de dire quoi ? Non ... quand même pas ? Passons, ce n'est pas important, si ?

    « Je ne lui ferai pas de mal, je vous le promets. »

Peut-être bien qu'il avait pris peur, et qu'il avait perçu l'attitude nelvanienne comme une paternalisation de la situation. Un grand père, musclé, armé, et denté, qui le mettait en garde. Les questionnements venaient de prendre une énorme claque, le secouant de part en part pour qu'il s'assume. Face au fait accompli, qu'est-ce qu'il pouvait dire de plus ? A part reconnaître la réalité ? Heureusement qu'elle n'avait pas été là pour l'entendre, lui et son air gêné. Et pire encore lorsque le Chaman se décida à prendre son énorme bâton, et s'incliner. Quel monstre ... il émanait de puissance quand bien même il semblait vieux et endolori. Incroyable, surtout sous yeux, si près. Et une présentation. Booros ... Difficile à dire comme lui, avec son gros accent, mais il ne valait mieux pas oublier, clairement.

    « Véritablement honoré, Grand Chaman, je suis le Prince Althar Fanrel Keto ... Un .. enfin ... « L'ami » d'Helera ... »

Une inclinaison protocolaire, qui ramena un peu de fraîcheur sur son arrière train, et le feu aux joues, encore et toujours. L'ami d'Helera ... dire qu'il s'était posé la question de savoir s'il devait rester incognito ou non, autant sur son identité que sur son activité à bord ... C'était compromis, dès le départ. Encore plus en avouant à demi-mots des choses qu'il ne devrait pas dire normalement. Un sourire plus ou moins sympathique s'étira sur son visage, en direction du loup qui le fixait. Son regard en disait long, ou en tout cas, c'est ce qu'il lui semblait voir. C'était à la fois inquiétant et terriblement désagréable de se savoir rejeté d'emblée de la sorte. Et si l'entourage d'Helera le voyait d'un mauvais oeil, lui, Prince d'une autre planète, coureur de jupons galactique, bon à rien d'humain ? Et si tout ce qu'il espérait vivre, à bord de ce vaisseau, en s'offrant avec elle, devenait soudainement une épreuve à passer en-dehors de cette chambre ? L'idée le révulsait, lui donnant la vie de se recroqueviller et se cacher pour ne pas affronter ce rejet. Pourquoi était-ce si important, face à lui ? Pourquoi n'était-il pas capable de rejouer le rôle du Prince que rien n'atteint, et qu'aucune épreuve n'arrête ? Pourquoi fallait-il que ce soit lié à elle ? Il ne comprenait pas, et ne voulait pas le savoir. Pas l'affronter. Offert en pâture au loup, il ne résisterait pas s'il l'attaquait, le buste offert. Mais ce ne fut pas lui qui passa à l'offensive, mais sa sauveuse, unique et éternelle, avec ses cheveux ébouriffés, et sa beauté sans commune mesure. Peut-être qu'elle avait entendue son appel, puisqu'elle se plaça sans hésitation devant lui, comme une place évidente pour l'espèce de duo en pleine découverte. Elle avait l'air d'avoir chaud, mais semblait satisfaite, le souffle un peu lourd. De son côté Althar regrettait de ne pas l'avoir aidé, maintenant que l'instant terrible s'était effectivement déroulé ... Autant tenter de sauver les meubles, et s'en aller avant qu'il ne soit trop tard.

    « Tu as besoin d'aide Helera ? Enfin, je m'en voudrais de déranger le Grand Chaman, maintenant que nous nous connaissons et que nous nous sommes présentés ... »

Une manière de botter en touche, clairement. Mais visiblement, pas question de l'aider, ni de sauver la situation. Les deux s'observaient, sans qu'il ne sache dire ce qu'en pensait Helera. Mais lui, en tout cas, voyait très bien la tête du Nelvan. Et elle n'avait rien de rassurante. Voilà, c'était sûr, il le détestait. Il s'opposait à tout ça, il était de trop. Ne restait qu'à fuir, et ne plus se retourner, vaincu. Posté derrière elle, il n'y avait qu'une seule solution pour ne pas l'abandonner là ... Oui, il allait s'inspirer de son pire ennemi. Celui qui enleva celle qu'il convoitait sous nez : et si, maintenant, c'était lui qui enlevait Helera ? C'est la meilleure solution. La seule, même. L'attraper et partir avec elle, quelque part, ailleurs, vivre leur désir ardent sans être jugé ni détesté. Sans technologie, sans habits, ils n'auraient que d'un peu d'eau et de nourriture, le sol étant plus que suffisant pour leur plaisir sans fin. Et dans une ultime overdose d'hormones ils mourraient noyés dans leur propre plaisir. Une vie paisible dont il découvrait soudainement l'envie profonde, en bon hédoniste refoulé qu'il était depuis son départ de Tapani. Tout doucement, alors, sa main trouva la sienne, pour lui donner le signal ... Ou pas. C'était stupide, une pure création de son esprit, une simple raison pour se cacher dans le contrefort de cette chair qui frémissait au contact de la sienne, une simple raison de se rassurer au plus près d'Helera. Elle était la barrière qui le séparait du loup. Le seul rempart, le plus cher et plus important de tous. Celui qui était central, à cet instant, pour donner sens à tout ce qui se déroulait. L'humain ne vit même pas la surprise qui secoua la Grise, mais sentit bel et bien qu'elle serrait plus sérieusement sa main. C'était peut-être mieux comme ça, malgré la forme de gêne qui subsistait. Le Chaman était au courant, alors il n'y avait plus trop de raison de ne pas en faire étalage. Et cela le rassurait. Vraiment. Cette chaleur humaine, cette vie transmise d'une main à l'autre, elle était le remède à cette douleur qui le prenait en regardant le loup. Désormais, il resterait silencieux, mais agrippé à elle. Voilà.

L'échange qui suivant était un peu surréaliste, tant dans l'attitude du vieux chaman que dans ses propos. Son rire glaçant, son histoire à moitié en basic, et le fait qu'en plus Helera prit du temps à répondre. C'était étrange, perturbant, il ne se sentait pas très à l'aise. L'histoire du vaisseau, sûrement du feu à ne pas faire ici, et d'autres choses. Etait-il si sauvage ? C'était dur à dire. En tout cas, s'installer dans une chambre froide pour se préparer à manger, c'était peu commun. Mais il ne le regardait plus vraiment. Les yeux baissés vers le sol, ou vers Helera, il ne se risquait plus à affronter du regard la bête. Pas question de voir encore plus de déception, ou de jugement. Helera est à lui, oui, c'est tout. Il est là, il se battrait s'il le faut, mais voilà. Acceptez. Certes, c'était un combat sans fierté, mais c'était un combat quand même non ? N'est-ce pas un pas en avant ? Si seulement quelqu'un pouvait lire dans ses pensées ... Dommage. Il fut tiré de sa passivité par Booros qui s'approchait doucement, et toucha l'épaule d'Helera, dans un très léger écart volontaire d'Althar. Une dernière plaisanterie, à laquelle s'efforça de vaguement rire Althar, et il fut parti. En un instant, en une silhouette disparue, c'est tout le poids d'une existence qui quitta son dos. Clairement, l'impression était celle d'avoir combattu avec toute son énergie pendant une bonne heure. Et maintenant qu'il était libéré, dans un résultat trop incertain, il n'y a plus que jambes faibles et impression de fatigue. Heureusement, elle, ne l'abandonnait pas. Mais elle n'hésita pas à le prendre par surprise, dans son état de faiblesse, pour l'embrasser avec fougue. Quelques micro-secondes furent nécessaires avant qu'il retrouve ses esprits, et apprécie ce baiser salvateur, mais un peu sorti de nulle part. Avait-elle eut besoin d'être rassurée elle aussi ? Rhaa, cela ne se demandait pas, tant pis, il n'y avait qu'à apprécier l'instant, et ce moment de grâce. Le plus doux des contacts, et le plus inespéré. Un regain d'énergie, une raison d'être et de se battre. Mais trop court, bien trop court, il la regarda avec de grands yeux, dans un élan d'imploration, mais la raison était bonne. Pas question d'être le prochain repas de Booros. Et tandis qu'elle chuchotait un semblant d'explication, il se frotta rapidement le visage pour essayer de se redonner un peu d'énergie, jusqu'à que sa main se perde dans la sienne, comme par hasard. Etrange rencontre de deux axes, n'est-ce pas ? Elle aimait ça, elle aussi. Alors il ne s'en priverait pas. Mais c'est dans un même chuchotement qu'il lui répondit.

    « J'espère que tu dis vrai ... Mais tu l'as bien réparée je crois ... tu es douée, même dans ça ... »

Un mot d'encouragement, pour ne pas lui révéler qu'il se faisait détester par le Chaman. Un mensonge, le premier. Un coeur qui se déchire, mais un mal nécessaire pour la voir sourire. Ou bien il se faisait juste des idées, non ? Oui sûrement, c'était ça, elle le connait, si elle dit ça c'est qu'il a dû l'imaginer. Voilà, oui, pensons à autre chose. Ils n'avaient pas fait plus de quelques mètres qu'elle le lachait déjà, l'incitant à s'arrêter tandis qu'elle le devançait d'un pas un peu plus rapide, à dessein. Un sourcil haussé, il ne comprit pas tout de suite, jusqu'à voir l'effet de cette main sur ce tissu. Lentement, très lentement, une pudeur indécente se découvrait, agrandissant sans cesse le sourire princier. Un mollet, d'abord, beau renflement musculeux de cette guerrière sans peur, puis une cuisse, dont la forme se laissa entrevoir à chaque centimètre gagné. Un vrai supplice, à la vitesse de son geste, qui avait le don d'éveiller le feu de son désir. Dire qu'il y a 5 minutes il tenait ce mollet sous ses doigts, sous ses lèvres. Cette cuisse si douce, et si goûtue, il donnerait cher pour pouvoir y poser sa bouche dessus, et enfin, le clou du spectacle, tandis qu'elle arrivait à la porte : un arrière-train digne des plus beaux mannequins de Têta. Taillées par ces pas cadencées, elles dansaient sous ses yeux dans une tentative dangereuse de l'hypnotiser. Cela allait fonctionner, oui, maintenant qu'il reprenait sa marche avec l'idée d'en prendre le contrôle. Mais aussitôt avait-il fait un pas, signifiant sa défaite par là-même, elle laissa tomber le fin tissu qui ne laissait plus qu'imaginer ce qu'il cachait. Cette vue avait été magnifique, et sa douceur était ancrée encore un peu sur ses rétines, heureusement. Seule une pique lui vint à l'esprit, en voyant ce clin d'oeil se confronter à sa propre frustration.

    « Il ne faudrait pas qu'il y en ait une qui prenne froid ... »

Là, est-ce clair maintenant ? Un rire retenu marqua son mot. La bosse qui se dessinait sous sa tenue témoignait suffisamment de la situation, à tel point qu'il n'y avait que cette phrase, cette phrase qu'elle avait osée lui sortir avant qu'ils n'arrivent, qui lui venait à l'esprit. Elle était devenue si à l'aise que c'en était excitant. Terriblement. Brutalement. Helera avait réussi à comprendre sa faiblesse, et son incapacité à lui résister. Et maintenant, elle prenait le dessus, lentement, mais sûrement. C'est bien pour ça qu'elle ne se gêna même pas pour lui envoyer un baiser, après les dernières consignes devenues presque des ordres. Difficile de ne pas rire à cette situation, même si c'était là l'affaire d'une amoureuse plus que d'une amante. Le faisait-elle ironiquement ? Difficile à dire, mais pas désagréable à voir, l'amenant presque à retrouver ce rouge aux joues qui ne le quittait plus depuis quelques minutes. Mais une fois ce devoir accompli, et cette porte refermée, il découvrit cette cuisine ratée l'instant d'avant. Illuminée, elle semblait nettement plus intéressante ... mis à part l'énorme bête à l'intérieur, déjà attablée. Cette dernière, d'ailleurs, ne manqua pas de le regarder - pour ne pas dire défigurer - avant de se détourner pour se concentrer d'Helera. Mais l'espace d'un instant, encore porté par ce petit jeu de la Grise, il avait soutenu le regard. Ni cligné. Un nouveau défi, et une nouvelle tentative de s'affirmer. Se doutait-il de ce qu'ils venaient de faire ? Sûrement que non. Mais bon. Avec un peu de chance, ils ne mangeraient pas ensemble. Réajustant encore une fois sa tenue, Althar resta silencieux tandis que sa belle s'efforçait d'expliquer le fonctionnement du vaisseau au Chaman. Cette fois, l'impression était plutôt relative à l'idée qu'il venait lui aussi d'arriver sur ce vaisseau. A vrai dire, était-il à la Réunion ? Ses souvenirs étaient flous et refoulés mais peut-être bien fut-ce le cas. Cela expliquerait sa fraîcheur sur le vaisseau, et pourquoi il aurait suivi ... Cette question l'occupa le temps de la discussion des deux autres, ne sachant pas s'ils allaient manger là ou non. Il espérait que non, mais un regard vers le frigo, et surtout Helera, lui signifia que non. Super. Vraiment, super. Et bien sûr, quelle place ? A côté de lui.

Ce n'est pas sans gêne ni malaise qu'il s'installa à la tablée, s'efforçant de ne rien laisser paraître. Le Chaman, lui, ne se gêna pour poser une nouvelle fois ses grands yeux de loups sur lui. Est-ce que même ça ça lui déplaisait ? Bon sang. Le repas allait être long. Il allait lui falloir de quoi décompresser, parce qu'il n'allait pas supporter cette pression autrement. Et comme on pouvait s'y attendre, c'est la lourde voix de l'alien qui brise la glace entre eux, en bon Grand Chaman qu'il était. Il n'arriva pas à dire si c'était par curiosité ou pour mieux le tuer par la suite. Le choix était difficile, mais le poids de son regard l'obligea à répondre, quand bien même Helera ne fut pas là. Il était temps de reprendre un peu de stature.

    « Oui, je suis Prince d'Impératrice Têta, dans le Noyau Profond. C'est une planète ancienne, où on fait la carbonite ... Hmmm ... » Le défi de la compréhension serait grand, à ce qu'il semblait. « En tant que Prince, je suis l'héritier du trône d'Impératrice Têta, je serais le futur Roi. Et par clan vous voulez dire ... ma famille ? En tant qu'héritier, je suis le descendant d'une lignée très longue de gens qui ont régné sur la planète. A vrai dire, on a même sauvé la Galaxie des Sith il y a des millénaires, mais bon. Cela fait vraiment très très longtemps que les Keto sont sur le trône. Moi je m'appelle Fanrel Keto, parce qu'à force il a fallu des mariages pour faire perdurer la lignée. Est-ce que vous comprenez ? Mon étoile est dans le centre de la Galaxie, là où il y a des trous noirs, et où il est très difficile de voyager. Et du coup là-bas, je suis le fils du Roi et de la Reine, je suis Conseiller, et tout plein d'autres choses .. Mais je suis Prince, celui qui sera le Chef quand mon père décèdera. »

Honnêtement, il ne sut pas trop si c'était compréhensible, ni même ce qu'attendait le Chaman. Mais ce n'était pas faute d'essayer. Heureusement, la cuisinière de choc arriva avec quantité de mets pour eux. Oui, il avait de nouveau faim, galvanisé par ses propos, et son assurance retrouvée. Allez, ça va le faire. A l'évocation de la soupe, il secoua négativement la tête avec un sourire.

    « Merci pour la proposition mais je me contenterai du reste. »

Surtout que c'était celle du Nelvan, et qu'il était hors de question de taper dans son plat. Risquer un incident diplomatique parce qu'on se sert dans son énorme marmite. Non merci. D'autant plus que les viennoiseries qu'elle posa devant lui dégageait un fumet des plus tentants ... Il en bavait d'avance. Un croissant, un bon et bouillant croissant. S'il n'était pas si bien élevé, certainement qu'un ou deux seraient déjà passés au fond de sa gorge. Mais non. Ce n'est pas très décent.

    « C'est plus qu'excellent, Helera, merci pour tout ça, vraiment, je t'en demande beaucoup déjà, et à chaque fois tu surpasses largement ce dont je pourrais me contenter. Merci, vraiment. Puis-je au moins te servir, pour te remercier ? Et .. heu .. vous Grand Chaman ? En souhaitez vous ? »

Selon les réponses, il entreprit avec ferveur de préparer quelques croissants, souriant à cette Helera qui se plaçait face à lui. Heureusement qu'elle était là. Vraiment. Tandis qu'il s'affairait, son regard se perdit de temps à autre sur elle, laissant un très léger instant de silence s'installer. Mais soudainement inspiré par cette vision féminine qu'il ne quittait plus, très malencontreusement un de ses doigts finit par toucher le chocolat fondu qui honorait la table. Un met de choix, qu'il n'avait pas mangé depuis longtemps tant c'est peu courant dans certains cercles. Un petit plaisir, dont la noirceur venait de s'emparer de son doigt qu'il mit presque aussitôt à la bouche.

    « Exxxquiiis ... »

Langoureusement, placé face à la Grise, et tandis que le grande père mangeait sa soupe, ce fut de très longues secondes qu'il lui fallut pour sucer ce doigt chocolaté. Un délice pour ses papilles qui se réveillaient du goût plaisant de la bouche d'Helera au profit du chocolat. Mais plus encore, c'était un délice pour ses yeux, qu'elle put nettement voir quitter son visage pour s'attarder un peu plus bas, vers deux pointes d'intérêt, le temps d'une inspiration. Suffisamment court pour ne pas paraître pervers, et suffisamment long pour qu'elle voit son petit manège. Et le tout avec l'application de sa bouche autour de son doigt, dans un message très clair. Un clin d'oeil conclut l'instant, à moins que ce ne soient ses pieds qui trouvèrent les siens sous la table. Ne jamais se délier, ô grand jamais. Telle était la règle entre eux. Le Prince reprit ensuite son oeuvre ainsi interrompue, reprenant comme si de rien n'était la discusion.

    « Vous êtes Grand Chaman, alors ? Si ce n'est pas indiscret ... qu'est-ce que cela signifie ? Qu'est-ce que votre rôle ? Sur ma planète nous n'avons pas de Grands Chamans, je crois ... Surtout avec un bâton comme le vôtre. »

Là, comme ça, directement au Nelvan. Ok, d'un coup. Porté par l'excitation de cette Grise joueuse, il se sentait soudainement transporté, oubliant presque tout le malaise ressenti auprès de lui. Mais après tout, s'il voulait savoir, il fallait demander. Alors autant formuler la question. Et sur ces mots, et ceux du Nelvan, il tendit à Helera deux croissants qu'il venait de préparer. S'ajouta à ce traitement de faveur une très légère caresse du pied sur une des jambes de l'humaine, au niveau de la cheville, et dans le bas du mollet. Voyons voir ça.

    « Parce que si je comprends bien ... vous vous connaissez depuis ... longtemps ? Helera me disait qu'elle était ... Reine ... ? Ce serait donc vrai ? »

La question était sérieuse. Très sérieuse. Pour le coup, encore une fois, c'était sauter à deux pieds dans le plat. Mais bon, à dire vrai, son pied était plutôt occupé à continuer ses caresses très lentes de ce mollet galbé, avec une délicatesse insoupçonnée. Comme s'il avait déjà fait ça par le passé, avec une autre personne. Arriverait-il au même résultat ?

    « Mais dans ce cas, vous venez de loin ? Enfin, je ne suis pas sûr de comprendre, et c'est peut-être secret, donc je ne veux pas trop demander non plus ... Je n'ai jamais croisé de gens de votre race, c'est pour ça que je pose beaucoup de questions ... Pardonnez ma curiosité si elle est déplacée dans ce cas ... »

Et maintenant, les choses sérieuses. Une cuisse, oui, une belle cuisse. Un beau défi, surtout en sachant ce qu'elles cachent, ainsi fermées. Se laisserai-elle faire à ce point-là ? Il en doutait très fortement, parce que la situation restait au final très sérieuse, avec le Chaman à côté de lui. Mais tandis qu'il faisait mine de manger son croissant, comme elle, le Prince s'affairait tout de même comme il le pouvait à la faire craquer. Au moins réussir à écarter les pans de son peignoir, à l'aveugle, serait une belle victoire. Juste ça. Mais c'est tellement difficile à imaginer, et à faire, que cela relève de l'impossible. Alors bon. Cette petite vengeance serait un début, un petit jeu entre eux, un sourire en coin adressé aux iris bleutées de la Kuati.

    « Votre soupe est bonne, Grand Chaman ? »
Trop de confiance. Beaucoup trop. Beaucoup beaucoup beaucoup trop. N'est-ce pas, Helera ? Un nouveau clin d'oeil, et une nouvelle phase de duel.
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By Helera Kor'rial
#30571
Un surnom, oui il avait raison le bougre, c'était à elle de trouver un surnom qui lui convenait le plus, et pour l'instant, mise à part son titre, rien ne lui venait. Rien qui ne caractérise l'attachement qu'elle lui portait mêlé à la fantaisie de leur relation. C'était à réfléchir. Tout comme pour la relation qu'il allait entretenir avec ceux qu'elle appelait désormais sa famille. Notamment avec le grand chaman, le loup qui dans son jeune âge dépassait les deux mètres. Althar, même s'il essayait de le cacher, transpirait la peur. Il allait s'y faire, c'était bien ce qu'elle se disait. Les Gris avaient été surpris également, mais au final, les Nelvaaniens se révélaient de bien meilleures que personnes que les humains eux mêmes. Alors il fallait simplement tendre l'oreille, écouter attentivement et ne pas porter de jugement. Autant de qualités dont était pourvu son prince. Le Chaman aux réponses d'Althar hocha la tête toujours avec lenteur. Rien ne servait de se presser selon lui, et il appliquait que trop bien souvent ce dicton. Helera faisait des allées retours entre les deux, ne s'attardant pas vraiment sur leur conversation, essayant de sauver la chambre froide. La précipitation failli lui faire se renverser l'eau boullante dessus. Il y aurait encore eu du dégat. Mais pas d'affolement, rien de tel ne se produit et la marmitte fut posée sur les plaques de cuissons prévues à cet effet. Quand elle était revenu, c'était pour voir son prince désemparé face à un grand chaman visiblement en pleine excitation. Il semblait plus réveillé qu'à son habitude. Le prince lui proposa même son aide, qu'elle refusa d'un revers de main.

« Ne t'en fais pas, j'ai tout emmené dehors, tout va bien. »

Elle avait ensuite d'un geste de la main demandé au loup de quitter la chambre froide. La pauvre pièce avait déjà été assez malemenée comme cela. S'en était suivit l'échange intense et passionné de leurs lèvres. Et le désir qui revenait sans cesse à la charge, éternellement innassouvi. Ses mains sur son peignoir, devinant la forme de son corps et la chaleur qui s'en dégageait. Et ses quelques paroles qui dans un chuchotement furent prononcées.

« Flatteur. » Se contenta t-elle de répondre.

Avant que le rouge ne monte à ses joues. Il est vrai qu'Althar savait toujours placer le mot qu'il fallait au moment le plus opportun. Helera aurait bien voulu ne jamais le quitter, même dans cette chambre froide. S'allonger à même un sol glacer et le sentir encore une fois qui se baladait sur son corps. "Encore une fois", c'était bien ce qui définissait la situation de frustration dans laquelle elle se trouvait. Mais il fallait se rendre à l'évidence, le prince n'était pas encore assez entraîné pour pallier à la fraicheur de l'endroit. Peut-être un jour, qui sait ... Pour palier à sa frustration, elle avait décidé de l'échanger et la transmettre au prince. Cela semblait fonctionner, jusqu'à ce qu'il ne la pique avec sa phrase. Après tout, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle même, elle l'avait bien cherché. Mais avant de lui donner son ordre de bon fonctionnement pour la chambre froide, elle le provoqua davantage.

« Moi je suis sûr qu'on pourra la garder au chaud. »

Ce jeu de non-dits et de fausses phrases au sens double, mais compris très clairement par l'un et l'autre des deux partis. En fait, elle aimait vraiment jouer avec lui de cette manière. C'était ... enivrant. Mais hors d'un lit, c'était toujous aussi frustrant. Alors seule solution, c'était s'occuper l'esprit par autre chose. Et c'est ainsi qu'elle se mit aux fourneaux. Pendant ce temps, le loup les attendait à la table, ses sourcils trop broussailleux masquant à moitié sa vue. Il semblait dormir, dans une position totalement statique. C'est sa tête qui le trahit quand il pivota entre Helera à la cuisine et le Prince qui s'approcha de lui. Il n'émit pas un son, pas un claque de dents, rien, il l'observait simplement. Une certaine distance semblait se placer entre les deux. Helera dans le fond le remarqua et s'en navra. Elle lança quelques regards par ci par là pour voir l'avancement de la situtation. Rien ne probant alors que les secondes continuaient de défiler. Enfin, le chaman brisa le silence. Enfin. Un léger sourire éclaira le visage de la jeune femme quand elle entendit le son rauque de sa voix.

Tout content qu'il était le chaman attendait une explication à sa question ouverte. Il ne testait pas vraiment son interlocuteur, mais était vraiment pris d'une curiosité qui ne se lisait malheureusement sur son visage pour un initié. Il aimait apprendre, découvrir, léguer et enseigner. La réponse ne le déplu pour le moins du monde. En revanche, il ne compris pas un traître mot de ce qu'il racontait. Avec des mots qu'on ne lui avait pas appris. Bien qu'il soit un des nelvaaniens qui parle le mieux le commun, il avait beaucoup de mal à le suivre. Ce n'est qu'à la fin qu'il compris, quand le prince décru le niveau de son discours. Le chaman ouvrit alors grand les babines et frappa de son bâton sur le sol. Ses yeux semblèrent s'illuminer.

« Ah ! Je crois comprendre. Toi, Fanrel Keto, fils de chef de clan. Prince être fils de chef de clan. Kronarai Zonr. Tu habiter au centre des étoiles. »

Un sourire se dessina sur son visage de canidé, si tant est que cela puisse apparaître comme un sourire. Puis se tarît ensuite, retombant alors dans une sorte de transe méditative. De sa main qui ne tenait pas le bâton, il se frotta le menton.

« Ohorag Nelvar expliquer quoi être Sith. Guerrier de l'ombre, le mal. Eux vouloir prendre ce qui ne leur appartient pas. Eux doivent être arrêter ! »

Il frappa une nouvelle fois de son bâton sur le sol.

« Ton peuple être grands guerriers pour avoir arrêter Sith. Tu être chasseur, Fanrel Keto, Kranarai Zonr, ami de Ohorag Nelvar ? »

En voilà un titre qui allait faire fureur dans la cours tétienne. Helera gloussa en pensant à cette idée. Le prince qui utilisait un langage alien pour se présenter. C'est à ce moment là qu'elle intervient avec ses plats, qu'elle déposa sur la table.

« Il s'appelle Althar, c'est son prénom. Et non il n'est pas un chasseur. Il faudra que je vous explique encore la notion de politique, Grand Chaman. »

Le Grand chaman passa son regard vers Helera et déposa son bâton sur la table adjacente quand elle déposa sa soupe.

« Connaître politiciens. Toi me dire que eux profiteurs, ravisseurs de ressources et possession voisins. »

Helera s'en mordit la langue et rosit légèrement. Il est vrai que peut-être elle eut laissé échapper ce genre de commentaire devant le grand chaman. Elle se rattrapa, la mine visiblement gênée par la situation qui lui échappait totalement.

« C'est un peu compliqué que cela ... »

Elle jeta ensuite un regard à Althar, la tête légèrement baissée, comme une enfant qui aurait dit une bêtise. Elle devait surveiller son langage, c'était désormais certain. Nelvaan vivait en autarcie, et Helera voulait les préserver des attaques extérieures, tout en leur montrant la voie des étoiles. Les choses n'allaient sans doute pas durer longtemps ... Le prince fut des plus compréhensif et ne fit aucune remarque qui ne la descende davantage. Le chaman quant à lui compris le message et remua sa soupe à l'aide d'une cuillère en bois. L'outil était bien plus profond que ne l'étaient celles des "humains". Cela permettait aux Nelvaaniens d'y boire convenablement, et non de laper le contenu. Le prince, disions nous, la remercia pour le repas, et le chaman hocha la tête comme pour répondre à la politesse qu'administrait le prince à leur hôte commun. Le chaman répondit :

« Plantes Nelvaaniennes meilleure pour santée. »

Ce qui était totalement faux. Mais il ne fallait pas lui changer ses habitudes. Raxxor quant à lui, jeune chasseur désormais intégrés aux Maraudeurs Gris, avait commencé à goûter aux différents mets galactiques. Pour le plus grand plaisir de ses coéquipiers d'armes. Helera ne répondit pas au prince, ce qu'il prit à juste titre pour une proposition. Il lui servit un croissant et elle le remercia par un regard, un sourire en coin. Oh elle l'aurait bien mangé plutôt que le croissant. Le Chaman devenait presque gênant... La Grise le regarda placer malencontreusement sa main dans le chocolat, et en lécher son doigt tout en baissant lentement son regard jusqu'à sa poitrine. Il savait. Il savait qu'elle en brûlait d'envie et en jouait. Une douce punition pour avoir joué l'impertinente dans la chambre froide. Elle se voulait être ce doigt, remplie de chocolat. Alors que le prince la nettoyait du liquide noirâtre. Cette simple pensée provoqua une vague de sensation dans tout son corps qui se répercuta sur toutes ses zones sensibles. Elle baissa les yeux sur son croissant, prenant un instant de pause, éviter le regard du prince. Une expiration lente, pour se calmer et laisser la chaleur retomber. Helera n'en fut pas déçue, parce que c'est la fraicheur qu'elle ressentit, mais au niveau de ses pieds. Si elle s'était mise face à lui, ce n'était pour rien, c'était à dessein. Mais le prince venait de lui voler son prochain jeu. C'est Althar qui entra le premier en contact, mais elle se laissa faire et entra également dans la danse, carressant elle aussi son mollet, tout en relevant sa tête dans sa direction. Sûr de lui, il continua sa discussion avec le chaman. Ce dernier, le voyant poser à son tour et s'interesser à lui s'en réjouit. Ses babines se montrèrent davantage, derrière quelques poils mouillés par l'eau de la soupe. Il posa sa cuillère et commença son explication.

« Je Grand chaman. Je ... accompagne les membres du clans, soigne eux, parlent avec eux, guéris mal, physique et psychique. Un chaman par clan, et ensemble, nous aller dans Orek. Orek être euh... »

Il lança un regard vers Helera, elle traduisit vers Althar.

« La Force. »

« Oui, la Force. Nous sommes ensembles, tous chamans dans la Force. Quand Ohorag Nelvar unifier clans, venir nous ensemble devenir peuple, moi devenir grand chaman. Autres chamans décider moi devenir. Depuis, je être grand chaman. Premier grand chaman de la grande mère ! Ah oui, parce que nous être gardien de la grande mère et de la tradition. Nous respecter elle, nous adorer elle, nous protéger elle. En échange, elle donner nous quoi survivre ».

Helera traduisit de nouveau.

« La grande mère c'est Nelvaan, la planète. Mais c'est également ... Ce n'est pas que la planète, c'est ... Réel. »

La grise continuait de se faire caresser et de rendre les mêmes caresses au prince. Elle évitant cependant de le regarder pour ne pas exploser d'un rire déplacé. Chacun des passages froids du pieds du prince lui transmettaient des sensations. Elle n'arriverait jamais à lui procurer autant... La prochaine question qu'il lui posa remis en question ce qu'elle lui avait dit, et, pire encore, cela voulait dire qu'il ne la croyait pas. Mais, elle savait, sûrement autant que lui, que la réponse n'avait de sens que pour celui qui la prenait comme tel. Autrement dit, ils étaient tellement pris dans le jeu qu'il n'y avait pas vraiment de remise en question.

« Depuis ... beaucoup journées ... Plusieurs centaines. Elle suivre prophétie. Venir avec ceux qui descendent étoiles. Nous avoir construit grand chateau pour reine ! Elle être Ohorag Nelvar, le guide Nelvannien. Celle qui nous conduit dans les étoiles. »

Il accompagna ses paroles d'un geste de la main tout en levant la tête vers le ciel. Le prince écoutait-il ou non, Helera n'en avait aucune idée. En tous cas, il mettait du coeur à l'ouvrage, et elle le ressentait dans chacun de ses passages.

« Nous venir de Grand Mère, Nelvaan comme vous appeler elle. Ou toi vouloir nous venir d'autre ? »

Il hoqueta dans un rire d'une vielle personne avec des spasmes de son vieux corps. Spasmes qui agitaient également Helera à mesure que le prince glissait sur sa peau. Les mollets d'abord, puis la cuisse. Elle ne pouvait plus rien faire, et plus que cela, ne le voulait tout simplement pas. Il n'y eu pas de résistance mais une ouverture progressive, inconsciente, ne serait ce que pour sentir davantage ses caresses. Helera croqua dans son croissant puis fit mine de s'avancer davantage sur sa chaise puis se racla la gorge. La chaleur lui montait aux joues et elle se dirigeait naturellement en direction de la salvation. Sa cuisse en proie à ses caresses, qui s'approcha davantage, le pan de son peignoir qui tomba sur le côté, dissimulé par la table de métal. Helera qui d'abord gardait le chaman en vue, baissa la tête, puis croqua dans son croissant. Le rose devint rouge, et les vagues de sensation l'attaquait de toute part. Petite prince effronté que voila. Finalement, prise à son propre jeu, elle essayait de garder quand même toute la dignité qui lui restait. Son regard rivé sur son croissant, elle se concentrait pour garder son calme.

« Soupe très bonne. Toi savoir que plante Nelvaan remplie de force brute. Moi pas avoir vocabulaire dans ta langue. Elles constitués de ... Lamia, Norak et Behte. Trois substances propriétés seines pour le corps. Purifie l'esprit, les muscles et en plus faire sentir bon haleine. »

En effet, il y avait de la menthe. Cela Althar ne put pas s'y tromper. Tout cela se trouvait presque être un thé à la menthe tout ce qu'il y avait de plus basique. Probablement avec d'autres plantes qui avaient des propriétés qu'il ne connaissait pas. Le chaman but plusieurs autres gorgées.

« Nous sur Grande Mère manger principalement ... Bantha. Ca être votre mot. Bantha de Neige. Eux très nombreux. Nous envoyer chasseurs, qui eux être grands guerriers. Eux ramener bantha vivants ou mort. Grâce à Ohorag Nelvar, nous commencer élevage, pour permettre approvisionner tout peuple grand chasse suffit pas. Nous cultiver également plante grâce à elle et plein légume. Comme pomme dans la terre. Par contre, nous devoir faire attention attaque grand Horax. Je expliquer toi plus tard comment chef de clan être élu. Et comment Krinar apaiser Horax fou dans montagne bleu. Toi venir sur Nelvaan, pas venir avec politicien. Juste toi. »

L'invitation était on ne peut plus claire. Althar avait évidemment un privilège que d'autres n'avaient pas. Et ce n'était pas les flottes en orbite qui allaient le contredire. Toute personne indésirable était reconduit à la frontière, ou au pire, abattu. On ne rigolait pas avec la grande mère... Helera croqua de nouveau dans son croissant, mangeant avec une lenteur des plus marquées, toujours concentrée à ne pas succomber. Pourtant elle en avait terriblement envie. Si sa main droite tenait son croissant, la gauche vint attraper celle d'althar, sans prévenir, et la serrer aussi fort que ce qu'elle ressentait de sensation. C'était pour dire à quel point elle lui tenait la main. Le chaman quant à lui continua dans ses discours.

« Au final, Nelvaan pas avoir vu beaucoup monde. Nous une fois voir venir du ciel vaisseau avec homme métal à l'intérieur. Eux essayer de soumettre peuple. Eux sith. Alors clan unifier avec l'aide de Holt Kazed. Un premier ! Nous pensez lui prophétie mais nous pas savoir si réaliser avec lui. Eux être armer comme Ohorag Nelvar, avec grand bâton de lumière. Eux aider nous à chasser les hommes robots. Beaucoup chasseurs mourir, mais nous grande gloire et chanter victoire pour guerrier mort et guerriers sauveur au bâton de lumière. Puis eux partient et clan retourner seul. Chaman savoir que nous devons rester ensemble, et pas juste clan. Nous êtes plus fort si nous ensemble. Ca être sur. Horax pas faire différence quand lui manger peuple, non non... »
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Elle osait faire des remarques graveleuses sur des parties basses de son anatomie ... cela allait lui jouer un tour. Ce fut presque prémonitoire, à vrai dire, maintenant qu'ils allait être à table tous les trois. Seul à côté du Chaman, la première épreuve de la journée continuait lentement, servie par une Reine toujours plus distancée des deux hommes. Le choix n'était donc plus à l'ignorance, et au silence, mais à une tentative difficile de ne pas se laisser écraser par la voix puissance du Nelvan, qui lui posait maintenant une question. Le plus paradoxal, dans tout cela, reste néanmoins l'attitude et le ton général que gardait son interlocuteur. Porté par sa voix gutturale, il aurait pu faire retomber Althar dans les pires peurs d'un enfant en bas âge. Pourtant, à l'inverse, sa manière de parler, visiblement civilisée, laissée entendre une discussion normale avec celui dont il venait de faire connaissance. C'était aussi inquiétant que décontenançant, mais malgré tout ... la chose appelait à une curiosité timide, difficilement explicable. L'inquiétude laissait place à un échange certes cordial, mais qui pouvait laisser entendre autre chose ... Fallait-il jouer la carte de la défense, dans ce cas ? Se complaire dans la crainte permanente de cet ennemi qui n'en est pas un ? Ou tenter de s'assumer, et dépasser ses propres préjugés ? La décision était complexe, et appelait à sa propre éducation princière : l'ouverture à l'autre, et l'affirmation de soi. Un savant cocktail destiné à éviter de telles situations. C'est ainsi que lentement, sous l'impulsion du Grand Chaman, la discussion s'entama, elle et ses échanges improbables entre le Prince d'Impératrice Têta et le Grand Chaman de Nelvan. Deux mondes qui s'affrontent, deux cultures que tout opposent, et une langue difficilement commune.

Pourtant, il faisait bonne figure. Difficilement imaginable, pourtant, leurs deux cultures trouvaient des points de convergence et de commun là où tout les oppose. Est-ce une manière de relativiser la culture ? De croire que tous peuvent s'entendre malgré les différences notables entre eux, quand même fut-ce un loup de cent an et un humain de 30. Côte à côte, ils traversaient l'abysse des différences pour trouver la main de chacun. Du moins, c'est ce qu'il était possible d'en penser, pour un jeune idéaliste comme pouvait l'être Althar. Tout comme avant lui Helera et les Gris avaient certaiment pu le faire, à son tour il s'étonnait de cette discussion naissante entre eux. Eux aussi avaient du s'émerveiller de cette incroyable capacité d'adaptation, et de ce qu'ils étaient capables de comprendre alors même que leurs modes de vie leurs paraissaient sauvages, ou arriérés. C'était à la fois fascinant et surprenant, même si la peur restait présente pour cette personne qu'il ne connaissait pas. Mais bon, c'était maintenant à son tour de lui laisser entendre qu'il avait compris, en formulant à sa manière la situation princière. Ne pouvant retenir un sourire, malgré le risque, Althar acquiesca d'un hochement de tête à la direction du monstre. Il comprenait rapidement, lui et ses grandes dents, sans même se moquer. Cela aurait pu être simple pour un être des bois de le faire, mais il ne le faisait pas. Ce n'était que pure affirmation et bilan de ses propos, comme un digne savant qu'il devait être par chez lui.

    « Voilà ... KronrZré .. »

Il toussota en voyant qu'il n'arrivait pas à redire la formulation nelvane et se tut donc. Helera n'avait pas caché l'existence Sith, même s'il ne connaissait pas le terme tel que le Prince l'entendait. Mais l'idée était comprise dans son ensemble, alors il était normal de le gratifier d'un sourire de satisfaction. Les coups de bâtons sur le sol, répétés, le firent légèrement s'inquiéter mais il ne le montra, comme un enfant à qui on n'adresse uniquement les félicitations. Vinrent les Sith, à leur tour, prouvant que nul dans cette Galaxie n'en était épargné. L'ombre à arrêter, oui. Une belle manière de les présenter, si on en oublie toute la réalité derrière : la violence. Une monstruosité sans nom face à laquelle même un nelvan n'était pas prêt à se battre. Mais là encore, cela ne le regardait pas vraiment. Alors silencieusement, il l'écouta, même quand il posa une question à laquelle il n'eut pas le temps de réponse, pris de court par une Helera soudainement réapparue. Elle et ses bras chargés, et qu'il aida à installer quand même pour la décharger malgré la remarque qu'elle faisait à son Chaman. Après tout, il pouvait l'appeler comme il le voulait, l'humain pouvait difficilement s'opposer à la volonté d'une telle bête. Mais l'échange qui s'ensuivit n'en resta pas moins assez comique, tirant un rire retenu chez le Prince à l'évocation de la politique. Etrangement, cela ressemblait bien à Helera de dire ça, sans qu'il n'arrive à dire pourquoi. Sûrement son air rebelle qui donnait ça, maintenant qu'il s'en rendait compte. Aussi amusant que sexy. La situation retomba là-dessus, maintenant qu'ils étaient tous installés, et légèrement gênée pour certaine, et amusé pour un autre. Et puis il faisait faim, alors autant rompre la glace une nouvelle fois et passer outre tout cela ? La politique est toujours une question délicate, même ici elle le retrouve, alors bon ... Difficile de s'offenser de choses qu'il a entendu et subi depuis toujours. Autant attaquer ce pourquoi ils sont là : se nourrir. Et ce n'est non sans malice que cette nouvelle phase s'amorce, elle et le regard fuyant d'une Helera visiblement loin d'avoir froid.

La remarque sur les plantes ne fut surtout pas remise en cause par Althar, ne voulant pas vexer le vieux bonhomme dont l'imposant bol - si on peut encore appeler ça comme ça - fumait devant lui. L'odeur qui s'en dégageait n'était pas désagréable, un poil forte mais il n'y avait rien de dégoutant là-dedans ... Du moins à ce qu'il en sentait. Et vue la quantité que le loup allait engloutir, peut-être ne valait-il mieux pas vérifier plus que ça. Mais ce n'était plus l'essentiel de sa concentration, désormais.

Ainsi donc, elle aussi avait eut la même idée que lui. Un nouveau duel en perspective ? Faute d'être un duel de regard, ce serait celui des caresses, et de l'insinuation graduelle d'un contact sur leurs jambes respectives. Oh, elle voulait jouer, et bien soit. Pas question de lui résister, elle et ses petites jambes ! Vient donc gravir ce que tu as à gravir, et voyons voir qui de nous deux sera le plus aventureux. Joueuse mais excitée, même pas un regard de défi. Soit. Le vieux loup pouvait-il au moins imaginer ce qu'ils étaient en train de faire sous la table ? Certainement que non, loin de l'excitation inarrêtable des deux humains. Installés comme ils étaient, la disposition était parfaite pour les deux, malgré la proximité dangereuse de la patte du Nelvan. Mais c'était peut-être aussi le meilleur moyen de briser la glace, l'air de rien, que de faire front de cette proximité physique. En espérant qu'elle n'aboutisse pas à un meurtre inconscient, tout cela valait d'être un risque pris, au moins pour voir les yeux d'Helera s'illuminer de nouveau, et ses joues rougir. Cette vue serait splendide, oui, comme elle le fut l'heure d'avant, et la nuit précédente. Juste pour ces petits détails insignifiants il pourrait la regarder des heures durant, encore et encore, et perdre ses yeux sur les contours de cette face en train de le marquer. Oui jeune femme, toute souriante face à moi, votre présence me travaille. Suffisamment pour que nos corps ne se lachent pas, même durant ce repos mérité que devrait être ce repas. Mais assez. Le temps n'était pas à l'observation, ni au jeu des regards. La bouche pleine, désormais, et la main fermée autour de son déjeuner salvateur, sa concentration était repartie sur son voisin de droite, à qui il venait de répondre.

Ils faisaient bien la paire, ces deux-là, à expliquer ce que disait l'autre. Cela n'avait pas l'air de déranger le Nelvan, dont les propos étaient tout de même dans l'ensemble compréhensibles. Ainsi donc, ils étaient sensitifs. Etrangement. Mais dans un rôle qui n'était nullement guerrier ou même politique, à ce qu'il semblait en dire. Loin des Jedi, des Sith ou des Gris, lui n'était qu'un conseiller à celui qui le lui demandait. Une vision humble de ce que pouvait être un sensitif, et surtout étrangement pacifique pour une race comme celle-la. De découverte en découverte, le Prince pouvait s'émerveiller de tout, et serrer très fort entre ses dents son déjeuner en sentant les tentatives dangereuses de la Grise. Il n'avait plus aussi froid que tout à l'heure, au moins, mais le fait que sa tenue soit trop courte offrait une porte grande ouverte à celle qui voulait le déstabiliser. Il fallait mieux se concentrer, et ne pas trop la regarder. Booros était donc l'homme de la situation, un ajout nécessaire pour qu'ils résistent tous les deux à la tentation ardente. Lentement mais sûrement, Althar se retranchait dans un simple enchainement de questions/réponses plus propice à son apprentissage personnel qu'à une discussion réelle. Mais le vieux monsieur continuait de l'étonner, à chaque fois. Cette fois, plus que la Force, il était bel et bien question de prophétie, d'élue et de tout un mysticisme qu'il n'avait pas imaginé lorsqu'elle lui parlait d'être Reine.

Son regard revint sur Helera, comme pour s'assurer qu'ils parlaient bien d'elle. Le rythme était devenu plus lent, le temps de cette observation au sourire haussé. Pourrait-il la concevoir comme Booros venait de le faire ? Comme un être venu des étoiles unifier les clans, et ainsi bâtir cette nation Nelvanne ? Etait-elle cela à ses yeux ? Pouvait-elle le devenir ? Objet de désir, et de sentiments enfouis, elle n'en restait pas moins l'humaine un peu garçonne qu'il avait croisé sur Têta. Celle qui s'était bien amusée sur Constancia mais qui l'avait fait souffrir avec son sabre. Celle qui l'avait recueilli, à une heure de douleurs, pour devenir celle avec qui il venait de partager une nuit. Elle était d'une proximité qu'il n'arrivait pas à nier, et que poser sur un piédestal, moyen douloureux de l'éloigner, n'était pas possible. Celle dont la peau brûlante qui lui faisait face ne pouvait pas devenir plus qu'elle n'était déjà dans le coeur du Prince. Inconcevable, elle qui était si humaine, mais qui aux yeux de son voisin était presque inatteignable. C'est ce qu'il se figurait, en tout cas, telle une déesse venue du ciel pour les aider à eux. Hélas, fallait-il qu'il calme cette proximité soudaine avec elle devant le Chaman ? Le frapperait-il s'il voyait ce qu'ils faisaient ? L'aveu d'Althar sur la relation qu'il entretenait avec elle n'avait pas eut l'air de le faire réagir plus que de raison, mais était-ce une manière de lui faire baisser sa garde, pour mieux frapper ? Des questions fugaces, inutiles, qui l'éloignaient de l'essentiel, et de cette Ohorag sous ses yeux. Bénie des dieux, élue d'un peuple, et joueuse invétérée. Drôle d'idée, qu'il ne trouva même pas quoi en répondre, si ce n'est par un sourire béat d'admiration.

Mais cela suffisait. Déesse ou non, elle n'était pas intouchable, et il n'en avait pas finit de son exploration. Elle, par contre, avait laché l'affaire, quitte à se mettre dans un certain embarras pour mieux se laisser offrir à son aventure. Gourmande et faible, s'il n'y avait rien eut entre eux il serait sur elle à l'embrasser. Or, il y avait un grand loup fort loquace, et une difficulté toujours plus forte à se concentrer pour l'humain. Cela se vit à sa dernière question, sur sa boisson, alors même que l'instant d'avant il était question de prophétie et de politique. Comme la vie est bien faite et si simple, de la sorte. Finissant tout juste ce qu'il mangeait, Althar eut tout le loisir de lancer une nouvelle offensive d'importance sur les mots gris, une dernière fois, pour la gloire et la victoire. La limite allait être atteinte, et rien ne pourrait être fait plus loin, mais la simple satisfaction de la voir s'abandonner valait tout l'or du monde. Maintenant, les propos du Nelvan semblaient moins urgents, moins importants, suffisamment pour qu'une seule oreille lui soit dédiée. Le couperet tomba plus vite qu'il ne l'eut cru cependant. Ses machoires s'animaient mollement pour manger, son regard perdu sur la table, mais soudain une main trouva la sienne, posée sur la table, pour la serrer très fort. Althar en fut presque surpris, retenant difficilement un fou rire soudain mais n'en dit rien, comprenant ce qu'il se passait alors que le Nelvan continuait. Fini, gagné, il ne lui en imposerait pas plus.

Abandonnant tout doucement cette jambe qu'il venait de hanter de sa présence fantôme, ses jambes allèrent se croiser avec les siennes sans la perdre de vue. Hors de question d'aller plus loin, d'autant plus qu'il n'avait pas cette expérience-là, et qu'elle devrait être très bizarre. Elle brûlait, cela lui suffisait. Un peu mieux redressé, sa main dans la sienne, il approcha sa bouche ainsi que la main féminine pour y poser un baiser appuyé dessus. Le Nelvan était au courant, il ne fallait plus se cacher. Les yeux sur elle, ses lèvres sur ses doigts, la conclusion était apportée légèrement. Au final, il était content de tenir cette main, et c'est ce qui importait. Son attention pouvait de nouveau être totalement dévolue au Nelvan, devenu suffisamment à l'aise pour expliquer sa culture, et son passif. Mais parler de Jedi et de droïdes avait quelque chose d'étrange ... Un doute, un questionnement, mais rien de certain. Il n'osa pas rebondir dessus, préférant se resservir, dans un silence palpable.

Mais quitte à être sur ce thème, peut-être serait-il à présent possible de le recentrer vers ce qui l'importe-lui. La question qui lui venait était étrange, autant une pique qu'une question sous-jacente à l'indescriptible situation dans laquelle il se trouvait avec la Grise. Main dans la sienne, malgré l'envie de se resservir, il se tourna un peu plus vers le Nelvan, et formula avec soin sa question l'air innocent.

    « Votre peuple est très particulier, Grand Chaman, il faut le reconnaître. Mais l'ensemble est intéressant, très différent de ce qu'on croise plus souvent dans la Galaxie ... et votre culture est très ... enfin ... surprenante, mais heureusement qu'Helera est venue, et qu'elle a réussie à unifier vos clans, si le premier Haurragg n'a pas réussi ... Mais je voulais vous demander, du coup, cela signifie que son futur est écrit ? A-t-elle des obligations ? Je veux dire par là, j'imagine que pour préserver votre .. Grande Mère, c'est bien ça ? » Regard à Helera, puis de retour à Booros « ... elle va devoir épouser un des votres, et faire des enfants ? Ou bien est-ce déjà le cas ? Je m'en voudrais d'interférer dans ce qui ne me regarde pas ... surtout si elle est mariée, ou si elle est promise à quelqu'un, Grand Chaman ... »

Oh oui, un sourire en coin, et un regard lancé tout droit à son amante. Peut-être qu'il ne croyait pas en cette possibilité, ni même au fait qu'elle soit destinée à être mariée sur Nelvan, et que c'était pour ça pour qu'il souriait en demandant si elle lui serait enlevée. Ou bien était-il trop pris par sa bêtise, pris dans les yeux azurs pour ne pas s'en rendre compte. Toujours est-il que la question avait de quoi faire rire, ou faire pleurer. Au choix de la réponse, et au choix de ce que chacun espérait. Mais aussi innocent qu'il paraissait, peut-être la question ne l'était pas tant, maintenant qu'il caressait d'un pouce cette main qu'il gardait prisonnière. Comment allait-elle réagir ? Elle devait de toute façon déjà en connaître la réponse, et se moquerait d'Althar au pire des cas. Alors bon, pourquoi pas hein ? Cette grande Reine, venue du ciel, et au nom si imprononçable ...

    « Hm d'ailleurs Grand Chaman, comment dois-je appeler votre Reine ? Seriez-vous d'accord pour m'apprendre quelques mots ? Ou au moins à les prononcer ? C'est ... pas très évident ... Enfin ... HorRRroag NellevaarRr ... Je ne veux pas vous insulter, mais j'aimerai respecter les règles, et même envers vous, comment dois-je m'adresser à vous ? Vous pouvez simplement me prénommer Althar, mais vous .. vous êtes plus importants, plus grand, plus ... sage ? Il faut respecter cela, comment faut-il le dire ? »

La question, cette fois, était bien sérieuse. L'attitude princière était redevenue droite, un sourcil haussé en direction de la gueule du loup. S'il y a une chose que l'on apprend tôt, c'est l'étiquette. Certains savent s'offusquer de ne pas se faire appeler de la bonne manière, et peut-être était-ce pareil pour les deux personnes les plus importantes - du moins le soupçonnait-il - de ce peuple poilu. Helera méritait bien des noms, ou des surnoms, qu'ils soient bénéfiques ou négatifs, respectueux ou plus osés, mais elle n'en restait pas moins la Reine de ce Chaman qui la surveillait. C'était important, même pour un Prince comme lui. Si la réalité de son rang devait s'imposer à eux, au moins saurait-il s'adresser à elle comme il le faudrait, en la respectant elle et ses traditions. La parole, et la langue, incarnent cette culture et cette manière de penser si particulière. C'est en cela, peut-être, qu'il voulait se mettre proprement en respect avec leurs coutumes tout juste découvertes. Et puis ... bon ... ne nous mentons pas, peut-être qu'il s'amuserait de savoir comment la prénommer, et l'utiliserait à certains moments opportuns, comme toujours. Après tout, il avait une Reine pour qui il était devenu le favori, le membre du harem, dans l'unique but de la satisfaire. Ne fallait-il pas connaître comment la prénommer, de ce fait ? Rororag Nelvar n'a qu'à bien se tenir ! Quant au Chaman, c'était un moyen de lui montrer un peu de respect, chose qu'il méritait bien après tout ce qui venait de passer sous la table.

    « Oh et peut-être pourriez-vous me dire comment ... hmmm ... par exemple ... un homme doit s'adresser à une femme ? Ou ... un ami à une amie ? Enfin ... vous comprenez ... »

Tant qu'à y être, autant en profiter. Il aurait été plus évident de parler de deux termes plus clairement, mais c'était peut-être la frontière de trop, celle à ne pas franchir devant aucun des deux. Difficile de parler d'une telle union devant la loi alors qu'ils étaient tous juste deux amants qui découvraient les recoins bouillonnants de leurs corps respectifs. Mais pique sur pique, le jeu avait un autre sens, désormais. Plus sérieux, peut-être, mais tout aussi dangereux, ses yeux portés vers elle de temps à autres. Jamais le thème ne changeait, jamais il ne s'éloignait d'elle. Comment le prendrait-elle ? C'était peut-être un coup à goûter à une claque, ou une bouderie, mais le corps disait autre chose, lui. Ses lèvres trouvèrent une nouvelle fois le chemin de cette main, où elles marquèrent au fer rouge la chaleur de ses mots sur sa peau. Elle comprendrait, oui, elle comprendrait ...

Mais en attendant, il faisait faim. Et l'histoire des plantes magiques n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd, qui plus est, surtout en considérant la fatigue continue qui s'exerçait sur le corps du têtan. Effet de sa maladie, ou bien de l'exercice éreintant auquel il s'adonnait avec la Reine ? Elle seule en avait la réponse, mais sous ses yeux il était prêt à tout pour continuer. Oh oui, aveu de faiblesse public, mais sincère dans sa démarche, comme toujours. Qui plus est, à force d'avoir sous le nez le fumet de cette boisson, force était d'avouer que l'envie d'y goûter était présente. Timidement ou presque, la question fut présentée au grand manitou.

    « Grand Chaman, m'autoriseriez-vous à goûter à votre ... boisson ? Soupe ? S'il vous plait ? Toutes ces plantes, si elles donnent de la force ... cela me ferait un bien fou. Je suis un peu malade, et il me manque des forces, surtout ces dernières heures ... et j'ai des "obligations" à tenir, alors je pense que ça me sauverait, si vous dites que c'est si fort ... Si vous acceptez, je suis prêt à accepter à mon tour quelque chose. »

A l'acquiescement nelvan, Althar lacha la main d'Helera avec un sourire pour pouvoir se redresser. Bien conscient des faiblesses de sa tenue, il fallut bien des efforts pour ne pas révéler plus qu'il ne le souhaitait, surtout au regard gourmand de la Grise. Et c'est de cet air gêné difficilement dissimulé, le Prince s'achemina vers la cuisine où la bassine trônait sur des feux. Imposante et profonde, elle était loin d'être vide. Surtout qu'il ne comptait pas en prendre autant que le Nelvan, clairement.

    « C'est .. ici ? Tu en veux ? »

La question était adressée à Helera, maintenant qu'il y était. L'endroit était inconnu pour Althar, qui n'avait même pas fait attention un peu plus tôt quand elle préparait le tout. Alors guidé à distance, il fallait trouver un bol, d'abord, puis une cuillère, et enfin se servir sans se brûler ni en mettre partout. Une vraie aventure culinaire, qui le ramena rapidement à table, à son tour, où il put renifler pleinement les herbes qui baignaient là. Un beau mélangé, fruité et curieux, surtout à bord d'un vaisseau où tout est déjà préparé, mais pas désagréable. Fallait juste espérer qu'il ne le vomisse pas, de un, et surtout, de deux, que ce ne soit pas des plantes étranges. Une première tentative minorée goûta du bout des lèvres, et après quelques secondes d'hésitation la dégustation devin plus franche. Pas mauvais, un peu fort pour lui quand même, mais maintenant il ne pouvait plus reculé. Ne manquait plus qu'à tremper un bon croissant dedans, et ce serait parfait.

    « Ce n'est vraiment pas mauvais ... Je ne sais pas ce que sont vos plantes, comme vous les avez nommé, mais ça a un goût de menthe ... c'est .. tonique, je crois ... »

Un grand sourire destiné au nelvan accompagna les mots.

    « Alors comme je le disais, je vous remercie pour ce remède. Et de ce fait, je suis prêt à accepter votre invitation, Monsieur, si tel est votre souhait. Je sais que vous ne m'aimez pas beaucoup, parce que j'entretiens une relation avec Helera, mais je suis prêt à venir vous voir sur Nelvan si vous me promettez que ce n'est pas pour me tuer. Sinon je ne viendrais évidemment pas. Mais je suis sincèrement honoré de votre proposition, même si je ne crois pas trop avoir le choix, et je n'y ferais pas de politique. Si vous me guidez, je serai curieux de voir vos Banthas, et les plantes que vous utilisez pour faire cette soupe. Qu'en pensez-vous ? »

Les deux se jaugèrent un instant, en attendant la réponse finale. L'invitation qui avait été formulée ne l'avait pas fait réagir initialement, trop pris qu'il était à baver sur sa jeune amante, mais maintenant qu'il s'en rendait compte, c'était important. Et assez impressionnant. Certes, il ne lui avait pas laissé trop le choix, mais quand même, c'est important non ? Découvrir son peuple ? Aller avec lui sur ce monde sauvage et inconnu ? En quelques échanges le vieil homme avait souhaité sa présence, c'était tout de même quelque chose qu'il fallait honorer. Il le sentait bien, maintenant, que cela avait du sens, et qu'il était quelqu'un d'important. Cette aura était palpable, au final des phrases, cette espèce de sagesse étrange qui émane de son attitude. Comment refuser, alors ?

    « Et je suis prêt à faire autre chose, Monsieur, puisque vous me faites l'honneur de cette invitation. Si vous le souhaitez, je peux vous montrer ma planète, et mon Palais. Cela ne doit pas avoir grand intérêt pour vous, mais c'est dépaysant, je pense, très différent de chez vous, et c'est peut-être pour ça que cela peut vous intéresser. »

Deal égal, non ? Encore que ... devoir expliquer à la Garde que les Grands Loups sont très sympathiques et amicaux allait être une belle paire de manches.

    « Bon bien sûr ... il faudra un traducteur, quelqu'un pour vous faire comprendre ce que je dis, moi ou d'autres, et inversement ... Mais quand même, je dois dire que vous parlez plutôt bien le Basic, vous voyez je vous comprends bien, et on arrive à discuter ... C'est beau, même si ça ne doit pas être facile, surtout avec une langue comme la vôtre, qui a l'air complexe et très riche. Alors je vous félicite, en espérant être capable de parler comme vous un jour ... »

Pour un savant, reconnaître un effort valait bien un peu de joie. Du moins, il l'espérait en le complimentant de la sorte. Ce n'était pas dit pour le rabaisser, ni lui rappeler ses organises, mais bien pour le féliciter de cette capacité qu'ils avaient à échanger tous les deux, malgré toutes leurs différences. Helera ne devait pas les avoir rencontré depuis si longtemps, en plus, alors le progrès n'en était que plus remarquable.

    « Mais ... j'aurais une dernière question à vous poser ... Qu'est-ce qu'un chasseur ? Pourquoi avez-vous demandé si j'en suis un ? Est-ce que si je viens avec vous sur votre planète, sur la Grande Mère, je deviendrais un chasseur ? »

Là par contre, ça devenait plus sensible, et beaucoup plus bancal. Cela pouvait très bien se retourner contre lui, ou l'engager dans une voie qu'il ne demandait pas forcément. Un risque pas bien calculé, et dont la réaction de l'un et de l'autre seraient sûrement très expressifs pour savoir s'il avait bien fait. Mais la finalité était pourtant encore et toujours innocente ... Depuis le départ, il ne cherchait qu'à bien faire. Si Booros ne l'avait pas apprécié depuis le départ, ce n'était pas faute d'avoir été honnête avec lui, même au cours de ce petit déjeune à trois.

    « C'est surtout qu'en fait ... enfin ... vous comprenez sûrement ... mais si je veux être Ami de la Reine ... d'HororRragg Nelvan .. Je dois remplir des conditions ? Enfin, peut-être devoir subir des épreuves, ou être accepté pour ne plus être un étranger ? Je veux juste faire les choses bien, Grand Chaman, et ne pas faire de fautes ou de bêtises ... même auprès de toi Helera ... »

Fatalement, il fallait l'affronter elle. La regarder à elle, et baisser le regard devant elle. Comme un enfant en plein apprentissage, Althar se replaçait dans cette position d'infériorité et d'apprentissage qui avait été sienne longuement dans sa courte vie. Maintenant, accompagné de sa soupe, il ne restait qu'à entendre la conclusion de tout ça, en mangeant cette soupe qui refroidissait entre ses doigts. Que dirait-il ? Et surtout, que dirait-elle, elle ? Toutes ces tentatives, toutes ces manières détournées d'en parler, ou de ne pas en parler, bien des choses prenaient sens au final, si elle y faisait attention. Mais était-il prêt à aller jusque-là ? Etait-ce des questions en l'air et douloureuses ou bien sincères et dangereuses ? Que se passerait-il alors ? La discussion se terminait ici, peut-être, avec le Grand Chaman, mais elle ne faisait que commencer avec cette amante qui n'en était plus une. Les yeux baissés, les chaines se resserraient ...
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By Helera Kor'rial
#30631
Et il en fut finies de ses tortures incessantes. Le prince se retira de ses cuisses lentement, dans une dernière caresse d’un pied expert. Un pied royal et doux, mais surtout royal. Helera se mordit la lèvre et la tête toujours tournée vers la table, leva les yeux pour croiser son regard. Lui sauter dessus, cette envie incessante, ce désir ardent, ce volcan en feu qui ne voulait pas s’éteindre. Jouer avec le feu était dangereux, très dangereux, et le prince le savait pertinemment. Pire encore, il en jouait. Il savait ce qu’il faisait, et il le faisait très très bien. En réalité, peu importe que ce soit un pied, une main, une tête, chaque contact avec sa peau était comme les patins sur de la glace. Ils glissaient, crissaient et la faisaient vibrer. Il avait ce dont de la faire rougir, de la faire aimer, de la faire fondre. Il avait rompu ce contact de sa jambe, mais à peine eut il touché le sol qu’elle l’enserra entre ses deux pieds. Ne jamais le lâcher, toujours le sentir. Helera n’avait pas envie de le quitter, pas s’il était si proche, pas après qu’il ait fait monter la tension. De ses pieds, elle caressa le sien avec affection, simplement par affection. Le Prince récupéra sa main et y déposa un baiser dessus, elle en sourit mais ne dit mot. Pourtant, là non plus elle ne le lâcha pas. La Grise ne le retenait pas pour autant. Sa main le força à se placer de dos et elle fit glisser ses doigts contre sa paume. Pas la peine d’aller plus loin, car la discussion avait son importance. Il aurait été mal à propos de l’y déconcentrer. Grand mal lui en pris car la question la figea sur place et elle sentit le rouge lui monter au creux des joues, les yeux s’écarquillant. Oui, il avait osé. Heureusement qu’elle n’avait pas de taboos particuliers, mais il venait quand même de lancer la question tellement subitement qu’elle en fut surprise. Surtout qu’elle était juste à côté. Elle n’arrêta cependant pas ses caresses mais ne dit davantage de mot. Quant au chaman, il ouvrit grand la gueule et fit claquer sa mâchoire dans un rire guttural et sourd, finissant par une quinte de toux. Cela fit sourire Helera qui baissa la tête de nouveau sur sa main en plein travail de caresses et s’y appliqua davantage. Cette question ne lui était pas destinée, bien que dans tous les cas, elle aurait le dernier mot. Booros leva un doigt et le fit tourner tout en commençant son explication.

« Juste un Ohorag Nelvar, mais plusieurs Holt Kazed. En fait, plusieurs interprétations de la prophétie. Grand-mère pas toujours très claire, mais elle sage, et nous écouter attentivement, yeh-da. Holt Kazed libérer nous invasion, mais lui partit ensuite et nous plus jamais revu. »

Le chaman s’arrêta ensuite et poussa un soupire méditatif pendant lequel il regarda vers le ciel et se gratta la barbe. Il posa ensuite son regard sur Helera, qui avait relevé la tête et suivait avec silence la conversation. Puis, il fit par regarder Althar.

« Helera être … comme … eau. Parfois dur comme glace, forte et résistante. Mais si elle veut, elle devenir fumée, et pas pouvoir attraper. Quant à eau, c’est application dans sa tâche, c’est douceur. Toi comprendre, Kronarai Zonr ? »

Il était très sérieux, se savait dans tous les cas observés par sa reine.

« Elle avec l’un des nôtres, mais pas Nelvar. Il repartit en fou rire pendant plusieurs secondes et but une gorgée de thé pour se calmer. Grand-mère très sage, mais jamais brusquer nature. Humain et Nelvar incompatibles, pas pareil, pas même nature. Beurk. »

Il claqua de la mâchoire en imitant sur sa face déconfite le dégoût. Devant sa pittoresque imitation, exagérée à outrance, Helera étira un fin sourire et hocha la tête négativement tout en le regardant. Le chaman étira ses babines et posa ensuite sa main velue dans le dos d’Althar.

« Grand-mère pas décider de vie des gens. Grand-mère au-dessus considérations de nous. Helera faire ce qu’elle veut, pas obligations, neh-da. Elle Krinar, elle Ohorag Nelvar. Nous pas décider. Je aimer que futur roi soit Nelvar, que lui soit chasseur. Que lui passer rite. Ca donner sens à peuple. Tu comprends ? Mais moi pas pouvoir sur la fumée. »

Dans cette dernière tirade, Helera n’avait cessé de regarder son prince. Il lui souriait, et elle le lui rendit. Mais elle ne savait pas à quoi s’en tenir. Sa question l’avait en réalité bouleversée, puisqu’elle signifiait tant de choses … Etait-ce de la simple curiosité d’un prince avide de connaissance, ou une preuve d’un engagement ? Althar essayait-il de comprendre les rites de Nelvaan pour pouvoir les appliquer par la suite ? Helera était dans le flou le plus total, et la question, qui faisait rire le chaman, la mettait dans le plus grand des désarrois, parce que c’était de ses sentiments dont il était question, de sa vie. Elle n’aurait pas permis d’être contrôlée, c’était certain. Pas par les Chamans. Elle leur avait expliqué, et ils l’avaient entendu. Trop de questions qui se bousculaient dans sa tête, sans pouvoir ne trouver aucune réponse. Qu’essayait-il de dire, ou de faire ? Absente, elle continua ses caresses avec application cependant, l’esprit totalement ailleurs. Oh prince des rêves, tu me fais tourner la tête …

Le chaman quant à lui avait repris sa soupe dans le lapse de temps que lui avait permis le silence. Il sirotait son jus comme un vrai être humain. En fait, il se rapprochait le plus des bothans finalement et de leurs manières de manger et de se mouvoir. Toujours en faisant fi de sa présence, le prince continua avec le chaman avec lequel le courant semblait toujours bien passé. Les deux prenaient le temps d’écouter, et de parler. Un temps pour tout, bien séparé et bien distinct pour une conversation où personne n’avait le dessus ni ne cherchait à l’avoir.

« Reine dans ta langue. Krinar dans la mienne. Nous pas avoir beaucoup mots pour cela. Krinar être pour reine, Kronarai être pour roi. Ca etre comme … Crie et heu … nar comme nar, pas avoir comparaison. Kronarai être croc, puis na puis rail. Ca être Kronarai. Mais nous pouvoir passer beaucoup temps à parler langue. Quand toi venir sur Nelvaan, toi apprendre. Moi enseigner toi. »

Il étira ses babines et pris une autre gorgée de thé.

« Moi pas plus grand que toi, ni important. Ca être conception humain. Nous tous enfants de la Grande Mère, pas mieux, pas moins. Je être Booros, ou Grand chaman, Orek Greter Skam, qui être mon métier, mon statut. Toi althar très respecter moi et je apprécier ça. Mais toi doit pas diminuer. Toi fort comme Nelvar. »

Il se frappa le torse de son poing velu, ce qui tira la petite grise de ses pensées. Elle les regarda l’un l’autre, discuter comme deux vieux copains. Cela la fit sourire et lui fit plaisir. Althar qui plaisait au grand chaman, sûrement l’inverse aussi, vu avec quelle application il lui répondait. Cet althar qui l’impressionnait de jour en jour, qui sans peur s’était lancé dans la conversation avec le vieux loup. Elle aurait pensé l’inverse, du fait de son apparence quelque peu démoniaque, dans les mœurs humaines. Un homme loup qui dévorait les gens. Pourtant même avec cela, il semblait à son aise. Nouvelle question, nouveau sourire. Il était l’enfant qui apprenait que la cigogne n’existait pas et qui, curieux de nature, voulait tout apprendre. Ce petit air craquant quand il essayait de comprendre et de s’intéresser, avec cette droiture du fait de sa stricte éducation. Sa stature noble, la mine légèrement levé, comme s’il toisait son interlocuteur. Un nouveau sourire, et un mordillement de lèvre tandis qu’il était concentré dans sa discussion avec le chaman. Le prince qui dos droit se tenait, d’un peignoir vêtu. La scène avait de quoi être comique. D’un mouvement de tête, elle réarrangea ses cheveux derrière la tête. Ainsi décoiffée, ce qui n’était pas souvent, ils vagabondaient à n’en plus finir et s’extasiaient au moindre courant d’air. Trop fins, ils étaient beaucoup trop fins. Dans un glapissement, le chaman haussa les épaules.

« Pour ça, moi pas savoir. Femme Nelvar comme homme, pas différence. Respect mutuel. »

La question de hiérarchie marquée et de sexisme n’existant pas dans la société Nelvaanienne, il était donc pour le chaman impossible à cette question dont il ne comprenait pas le concept. Beaucoup de choses étaient différentes sur Nelvaan. Une bulle entourait la planète, et rien ne passait ni ne ressortait. Nouveau baiser sur sa main, Helera le regarda faire, sourit, et toujours sans mot dire, fit pareil avec sa main. Son regard resta dans le sien ne le quittait pas. Plus que le désir qui s’était étouffé, restait ce sentiment étrange, puissant et impulsif qui restait en elle. Cette admiration pour l’homme qui avait partagé sa nuit. Intense nuit qui fut pour elle sans doute l’une des meilleures de sa vie. Ce prince à l’allure si fringante, au vocabulaire si élaboré, aux gestes si appliqués. Et elle ne le quittait pas du regard, ne le voulait pas. Si beau, si fier, si fort… Pourquoi lui et pas un autre, pourquoi, toujours pourquoi. Non, elle se posait des questions dont il n’existait pas de réponse. C’était ainsi, c’était comme cela. L’amour qu’elle lui portait dépassait tout ce qu’elle avait pu ressentir jusque-là. C’était ainsi, c’était comme cela.

« Toi peux servir, soupe pour tout le monde. »

Bien qu’il ne comprenne pas la référence, il désigna la marmite du regard avec un sourire en coin. Parce qu’il était content de ce petit bout d’homme qui lui rendait plus d’honneur que ses propres compatriotes. Il ne demandait rien après tout. Althar faisait sans aucune attente. Une bonne éducation qui tapa dans l’œil du chaman. D’ailleurs, une fois qu’il fut parti vers la cuisine, il s’approcha d’Helera en s’accoudant davantage sur la table.

« Dar ein greter lomeross. Greter greter Nelvar komess. »

La reine sourit et inclina la tête respectueusement, devant les petits gestes du chaman. Elle se positionna comme lui, les cheveux dans son assiette.

« Ilar neh-da Nelvar yit … »

Le chaman l’interrompit d’un geste de la main et un signe négatif de la tête.

« Ilar komess, Krinar. Ilar komess … »

Helera acquiesça et n’en dit davantage, interrompu par le prince qui cherchait ses affaires. Le chaman avait foi en ce qu’il disait, bien plus qu’elle-même. Avait-il eu une vision ce vioeux loup ? C’était encore une question qui venait s’ajouter et qui lui brûlait les lèvres. Elle se retourna et le repéra qui cherchait dans les placards.

« Oui c’est ici, et non merci, ça ira. Les couverts sont en dessous. Voilà. Plus à droite. Hop, ici. »

La soupe, c’était pour les grandes occasions. Parce que ce n’était pas qu’un vulgaire thé, et sûrement contenait plus de caféïne que dans le café lui-même. En plus d’autres composants qui rendait la forme à un vieillard. Le chaman en abusait. Cela était naturel après tout et il n’y avait rien à craindre du breuvage cependant. Il n’y avait nulle magie, nulle addiction. Juste de l’aromathérapie à la Nelvaanienne. Une gorgée de soupe plus tard, et le prince laissa ses peurs parler pour lui. Finalement, il avait au plus mal analysé le vieux chaman. Helera en haussa un sourcil et reprit sa main dans la sienne, sans trop de cérémonie. Le chaman étira ses babines.

« Pourquoi toi penser moi pas aimer toi ? Tu être libre, comme Nelvar. Libre de penser, parler, bouger. Toi faire ce que tu veux tant que toi respectes autres et Grand-mère. Mais je accepter. Toi désormais ami des Nelvar, ainsi je décider. Et je décider sous regard de Krinar, notre reine. »

Il tourna la tête elle, qui hocha lentement la tête. Ainsi il venait sur Nelvaan. Helera en était tout excitée de lui montrer son monde, son mode de vie et tout ce qui suivait. Il était le premier étranger à fouler le sol de la planète. La première personne autorisée à venir, invité gracieusement par le grand chaman, sous le regard de la Reine. Althar ne se rendait sûrement pas compte de l’honneur qui lui était fait, car bien que le grand chaman était amical, il l’était seulement parce qu’Althar était quelqu’un de bien. Entre autre, ils avaient tous des crocs et des griffes, et savaient s’en servir. Gare à celui qui osait s’aventurer sans autorisation sur la grande mère. La main dans la sienne, Helera s’amusait de nouveau avec ses doigts et semblait sautiller sur sa chaise comme une enfant en attente de la fin d’année. Elle prévoyait déjà le périple qu’elle allait lui présenter. D’abord le château, puis les grandes plaines enneigées qui bordaient la chaîne des crocs bleus. Peut-être même aller jusqu’à la montagne et gravir une partie, pour lui montrer la vue imprenable sur la vallée. Oh et il y avait aussi l’autel des cérémonies, qui sans doute, dans tous les cas, allaient avoir l’opportunité de très près.

« Je très honoré proposition. Ohorag Nelvar promis nous voir étoiles. Je veux voir étoile ! Ah ! Mais avant, toi devra faire moi histoire de ton clan. Pour que je pas faire d’erreurs de rites. Je apprendre à toi langage des Nelvar, je apprendre à toi … Pas difficile. Grognement, chasseurs ! »

Et comme pour expliquer son propos, il leva de nouveau les babines, et son air devint menaçant. Ses yeux se rétrécirent, son nez se plissa et le grognement qui produisit fit vibrer les babines en rythme. Helera savait qu’elle impression ce que cela faisait, et elle lui serra plus fort la main, pour lui signifier qu’elle était là. Le don du Nelvar, c’était comme cela que les Gris appelaient ce grognement, cette façon de penser. Helera en avait fait sa ligne de bataille, et il allait de pair avec les tambours de guerre. Le visage blême d’Althar fit de nouveau rire le chaman qui tapota amicalement son épaule.

« Ca être base langage Nelvar. Toi apprendre, Althar, Kronarai Zonr. »

Enfin la dernière question. La mine du chaman devint neutre, et il leva la tête. Helera se mordit les lèvres. Elle s’attendait à cette question de la part d’Althar. Mais pas si vite. Ce n’était pas une insulte, loin de là, mais cela impliquait beaucoup. Elle aurait préféré que cela soit posé plus tard, sur Nelvaan par exemple. Tant pis. Il fallait faire avec la curiosité du prince. Le chaman se retourna vers elle et lui demanda en langue commune.

« Toi pouvoir partir, Krinar ? »

Helera opina du chef et de leva. Mais elle ne partit pas tout de suite. Elle s’approcha d’althar et lui déposa un baiser sur la joue. Elle resta quelques temps contre lui et lui murmura :

« Il t’aime bien. Chasseur ou pas, tu restes mon prince. Je t’attends dans la chambre, votre altesse. »

Elle déposa de nouveau un baiser sur sa joue et s’éclipsa en sautillant. Une fois partie, le chaman se leva et se saisit de son bâton, sur lequel il se tint.

« Chasseur. Devenir chasseur pendant le rite de la chasse. Chasseur sont nelvar du clan, du peuple. Eux avoir lance qui être leur … totem. Lance en bois, et eux accrocher bijoux à lance. Plus lance est plein de … artifices, plus chasseur être important. Mais, au tout début, il faut passer le rite de la chasse, et accepter don du nelvar. Il faut accepter de devenir membre du peuple Nelvar et devenir gardien de la grande mère. Protéger planète, respecter planète. Mais attention, tous peut pas devenir chasseur. Tous pas avoir la bonté d’âme pour être chasseur. Ce que toi appeler Gris, être. Parce que eux respect de la grande mère. Etranger souvent pas respecter la grande mère, toi comprendre ? »

Il frappa de son bâton pour ponctuer son discours.

« Toi être quelqu’un respect Althar Prince. Toi avoir en toi force pour devenir chasseur. Mais toi d’abord comprendre ce que être nelvar. Tu apprendre langue Nelvar, chasser comme Nelvar, penser comme Nelvar. Puis, toi passer le rite ou grande mère bénit toi et offrir toi don du nelvar. »

Le chaman ferma les yeux et posa sa main sur le front d’Althar. Il entonna un rite chamanique avec des sons étranges, tout en agitant son bâton. Il continua de parler sans ouvrir les yeux.

« Si Ohroag Nelvar choisir toi, c’est que tu avoir grande force. Et je voir cela. Je voir que toi peut devenir Chasseur. Si toi accepter. Je être ton ohorag, ton guide, pour suivre la voie du Nelvar. »

Il ouvrit un œil et prit un air un peu solennel.

« Toi pas avoir à répondre moi tout de suite. »

Il referma l’œil dans une posture toujours théâtral et ferma de nouveau. Le chant résonna dans son énorme cage thoracique et il fit claquer son bâton plusieurs fois contre le métal. Puis il retira sa main.

« Si toi pas avoir questions, toi pouvoir partir et réfléchir ! Oui réfléchir. Je attendre quand toi prêt. Je vieux, mais je bien aimer toi, Althar Prince. Je bien aimer toi … »

Il ricana et frappa une ultime fois de son bâton contre le sol.




Sur les genoux, accoudée à la verrière de sa chambre, Helera regardait l’immense espace vide devant elle. Par moment, un vaisseau passait devant à toute allure. Un autre, plus loin, plus gros, se trainait et semblait glisser dans le vide. Que penser de tout cela ? La reine n’avait pas envie que son prince ne partent à cause d’une éventuellement pression qu’il pouvait se mettre. Elle n’avait pas envie qu’il prenne tout cela comme une preuve d’engagement, ou d’emprisonnement. Mais en même temps, elle avait l’impression qu’il essayait de lui faire passer un message. Comment en être sûre ? Sa tête couchée sur son avant-bras, elle attendait le retour de son aimé. Toutes ces preuves pour lesquels il semblait vouloir prendre connaissance. Voulait-il vraiment devenir comme elle, faire partir du peuple Nelvaanien ? Cela serait une preuve. Oui, sans doute. Une preuve qu’elle pouvait voir au-delà que leurs quelques heures passées ensemble. Commencer à prévoir un avenir. Etre « ami de la reine ». C’est ce qu’il avait dit … Mais alors c’est qu’il le voulait finalement ? Ou peut-être pas … Elle ne savait pas, elle avait envie d’y croire. De tout son cœur, elle avait envie.
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By Althar Fanrel Keto
#30734
D'une poignée serrée à l'extrême elle s'était transformée en brise légère et douce. Cette main qui le retenait, et qui réveillait tout doucement quelques frissons au bas du dos, extension de la volonté grise de le garder sans cesse en ébullition. Sans s'en rendre compte, sans n'avoir une quelconque pensée là-dessus, il se prenait à apprécier cette tendresse trop peu connue dans cette vie. En une journée, en une nuit, cette inquiétante tendresse qu'il redécouvrait était devenue un plaisir délicat que son esprit appréciait plus que jamais. Qui était-elle pour lui faire cela ? Qui était-elle pour qu'il se prenne à aimer ce contact si fin mais pourtant si symbolique ? Que lui avait-elle fait ? Comme si elle avait conscience de la magie opérant entre leurs mains, leurs regards se croisèrent. Une seconde, un instant, et l'impossibilité de ne pas afficher un sourire. Un simple sourire. Une simplicité naturelle, parce qu'il n'y a plus d'artifices dans une telle situation. Le cap est franchi, l'ancre est remontée depuis longtemps. Quelque chose peut changer, quelque chose peut se tromper ... Rhaaa. Trop de questions. Trop de folie de se laisser à rêver là-dessus. Il n'y pouvait rien, et n'y ferait rien. Cette main resterait sienne, et c'est ce qui comptait.

Il pourrait donc lentement et surement la faire réagir. Poser la question qui fache, celle qui glisse de temps à autres au fond de son esprit. Une tentation, un avenir potentiel, un chemin particulier. Tant de possibilités que rien ne saurait prédéterminer, mais qui ont toutes leur importance. Il perçut sa tension soudaine, et la surprise qu'elle ne réussit pas à masquer, mais il était trop tard. Avait-il dit une bêtise ? Etait trop loin ? Elle n'en dit rien, offrant simplement l'expression de neutralité habituelle, comme si de rien n'était. A côté, le Nelvan ne manquait pas de rigoler quant à lui, comme si l'idée lui paraissait aussi saugrenue qu'elle l'était pour les humains. C'était déjà ça de gagné, peut-être ... Gagné pour quoi ? Cette question n'avait pas de sens, si ? La réponse vint cependant par étapes. L'histoire, toujours l'histoire. Un autre par le passé, venus les libérer d'une menace, puis repartis ... Comme si la guerre n'avait jamais pu les épargner. Le traumatisme devait être grand, pour un peuple comme celui-la. Etre envahi de la sorte, confronté brusquement à la modernité, pour tout voir disparaître ... Quel malheur. Mais peut-être étaient-ils trop innocents, trop naïfs, et n'ont fait qu'accepter celle qui resta ? Helera ? La chose paraissait folle, suffisamment pour égayer sa curiosité. Il faudrait qu'il se renseigne, qu'il lui demande à elle. Mais pas maintenant, surtout quand le Grand Chaman commence à parler d'Helera. L'allégorie ne lui est pas tout de suite très claire, mais le Prince finit par la comprendre, et voir l'idée. La volonté. Pure et simple. La volonté d'Helera. Douce ou violente, terrible ou amoureuse, nul ne saurait la dicter. Qu'était-elle en train de penser, à cet instant ? Etait-elle la glace, qui n'attendait qu'un instant pour faire taire à jamais celui qui se jouait d'elle ? Ses yeux bleus prenaient une nouvelle forme, une nouvelle incarnation ... Le bleu de la Glace, l'azur de ce froid mordant qui pouvait être dangereux ... La douceur qu'il pensait être incarnée chez elle n'était que façade. Il s'en persuadait, il le redoutait. C'était tentant. Terriblement tentant.

    « Je comprends, Grand Chaman, je comprends. »

Il fut difficile de la quitter des yeux, mais il hocha la tête vers le Nelvan, pour l'inciter à continuer. Lui qui semblait devenu si sérieux, l'espace d'un instant. Elle était sa Reine, indiscutablement. L'autorité qu'il respectait, et qu'il protégeait. Elle seule décide de sa vie et ça, il ne peut que le comprendre. Si proche et si loin en même temps, et si compréhensible. Il ne se posa pas vraiment la question de ce sérieux, ni de la signification de l'ensemble. Peut-être avait-elle insisté, peut-être des Nelvans s'étaient-ils mordus les doigts à tenter des choses. En attendant, la réponse était offerte et ... il repartait dans un fou rire. Sérieusement ? Il n'y a donc aucune gravité là-dedans ? On parle d'un mariage et d'une dynastie quand même ... Rhalala. Althar eut un éclat de rire en le voyant presque s'étouffer de rire aussi, un peu nerveusement, en voyant ce vieux loup aussi simple. Au moins ça faisait redescendre la tension, même s'il explicita sa pensée, à laquelle il n'apporta pas de réponse. Juste un nouveau hochement de tête. Elle était libre. Et pas mariée. Tel était le bilan final de cette jeune femme toute décoiffée qui lui faisait face.

Ils se jaugeaient. Encore. Se fixaient. Ne se quittaient plus des yeux. Voyait-elle en lui un prétendant potentiel ? Ou bien veut-elle lui lancer un défi, pour se venger ? Que signifie ce regard ? La tradition nelvan, omniprésente, l'empêche pourtant, en théorie, de pouvoir se considérer à cette place. Et puis ... pourquoi il se considérerait, hein ? Il n'est rien, pour elle. Il n'y a rien. Tout cela n'est que .. que ... une aventure ? Oui voilà, un échange temporaire, un séjour commun en vaisseau, une thérapie qu'elle essaie de le faire vivre ... Il n'y a ... rien ... non ? Pourtant elle ... enfin ... c'est que ... Mais ... la maladie ... et ... Elle aime les femmes .. et puis ... Nelvan, toussa ... Pourquoi il resterait avec elle, sinon, hein ? Pourquoi est-ce qu'il n'arrive pas à se dire quand rentrer, hein ? Non, il n'y a ... rien ... Enfin ... Il y a peut-être autant dans sa propre main que dans son coeur ... mais ... Non, la figure sombre reste là, encore, comme une relique, un espoir brisé. Une ultime barrière. Il n'y a .. rien ... entre elle et lui, voilà. C'est pour ça qu'il est le premier à fuir du regard, et se réfugier dans un sauvetage in extremis avec le vieux loup.

Un peu moins concentré, peut-être, le Prince écouta la suite, sur le langage. L'idée lui paraissait amusante, même si l'explication fut nettement plus comique qu'il ne l'avait imaginé, en voyant le loup essayer de décomposer les syllabes. Il s'efforça cependant de ne pas rire, autant nerveusement que véritablement, du fait de son état d'esprit et de ce qui se passait. Cela n'aurait rendu honneur à personne, pas plus que cela ne l'aurait aidé à faire son choix. A présent, il valait mieux retrouver le calme et le sérieux de la discussion qu'il entretenait avec le vieil homme, et oublier tout le reste. Krinar ... Kronorai ... Il s'efforça de les répéter après le loup, mais ce n'était pas l'heure de la leçon. Il esquissa un léger sourire à la reformulation de l'invitation, mais n'en dit pas plus. Le loup était un Grand Chaman. Un professeur, certainement, un des sages qui préparent les nouvelles générations. Mais ... il restait un loup. Un grand et gros loup. Est-ce que le risque d'être un mauvais élève est le même qu'avec un proche humain ? Là est tout le dilemme, en le voyant boire sans peine son énorme récipient. Et la force qu'il a mis à se taper la poitrine est suffisamment impressionnante pour lui faire passer l'idée de faire des bêtises. Il avait beau dire qu'il était fort comme un nelvar, c'était évident que non ... Cette masse de muscle devait être phénoménale au combat. Un frisson. Inquiétant et titanesque. Et leurs femmes ... Comment ont-il pu rester dans le passé avec une telle capacité physique ? Bien des peuples se sont imposés grace à ça, dès qu'ils eurent les technologies à la hauteur de leurs ambitions, pourquoi pas eux ? Qui ne pouvait pas prétendre avoir peur, à côté d'eux ? Qui ? Femme ou homme, cultivant l'égalité, ils devaient être imbattables. Des légions terribles, des meutes sans peur ni ennemis ... Terriblement terrible. L'image du tueur fut difficile à enlever de la tête. Peut-être qu'il valait mieux se fortifier avant de prétendre à quoi que ce soit avec Helera, si ... s'il devait prétendre à quelque chose, bien sûr. C'était mal engagé, pour l'instant, avec la rencontre du Grand Chaman, mais ... Ca le fait, si jamais, non ? Peut-être ... oui on va manger plus, et boire un peu plus, il y en a largement besoin ...

Sur l'autorisation de Boroos, Althar se redressa donc pour aller se servir. Un périple tranquille mais un peu rafraichissant, le temps de se trouver de quoi se caler la panse un peu plus. Au moins il pouvait se permettre de penser à autre chose, et de revenir à ses besoins primaires. L'odeur qui lui venait au nez avait réussit à ouvrir son appétit plus qu'il ne l'était déjà, amenant donc à un service toujours plus conséquent. Mais dans sa recherche de couvert, il remarqua bien que ça discutait un peu plus loin, dans ce langage qu'il ne connaissait pas. Sûrement devait-il se plaindre de lui, et Helera le défendre. Du moins, il l'espérait. Ou alors ça n'avait rien à voir. Difficile à dire, il ne le saurait sûrement jamais. Que faire alors ? Vivre dans l'ignorance, et passer à autre chose ? Ou le confronter, subtilement ? Tenter sa chance ? L'invitation lui trotait dans la tête ... Une raison de la voir elle, peut-être, et un lieu de vacances en tant que tel. Où vivent-ils ? Dans les bois ? Dans une ville ? Qu'a-t-elle apportée à ce peuple ? Tant de mystères et d'idées qu'au final il ne saurait le dire. Si ce n'est l'image d'une chevelure blanche, voletant ça et là, au fil des couloirs et des rues, sans qu'il n'arrive à l'attraper. Elle y serait, elle devrait y être. Elle y était obligée. Oui. Il irait. Pour apprendre. Pour .. la voir. Pour apprendre. Il était temps de confronter le loup, désormais, et de lui donner son verdict.

Mais la réaction fut ... différente. Décalée. Pas comme il se l'était imaginé, ni même vraiment compris ... Venait-il de le vexer ? Est-ce qu'il avait mal interprété l'attitude générale du vieux loup ? Lui qui l'avait guetté, et jugé, n'était-ce pas de la méfiance qu'il y avait vu ? Le doute. Le doute complet, et un sentiment de regrets. Ami des Nelvar, sous le regard d'une Helera qui confirmait cette situation. Idiot. Sa main libre dans les cheveux, la soupe passait difficilement au fond de sa gorge.

    « Hmm .. Pardonnez-moi, dans ce cas ... Je ... vous m'honorez ... mais je ne le mérite pas ... »

Gêné. Une simple gêne, mais si douloureuse, en y réfléchissant. Gêné de sa bêtise, et de ses mots. Et une tentative de se rattraper en l'invitant à son tour, en lui expliquant qu'il fallait qu'il vienne, pour l'honorer lui. Montrer le respect du, et effacer l'erreur ... Idiot. Regarder Helera était devenu un peu moins évident, comme si on venait de lui donner une leçon, mais c'était trop tard. Il fallait passer à autre chose maintenant, reprendre un peu de sa boisson, et de sa nourriture, pour s'empêcher de dire une nouvelle idiotie. Au moins, lui semblait motivé à venir, et heureux de sa proposition. Cet homme était surprenant. Aussi simple que grand, aussi puissant que pacifique. C'était incompréhensible, et pourtant si réel. Un homme bon et honnête, il le voyait au fond de lui. Et sûrement Helera l'avait-elle perçue elle aussi, à le préserver de la sorte. Le trouver dans une chambre froide, à allumer un feu, prenait un nouveau sens en l'entendant parler de la sorte. Respectueux et ouvert, entreprenant, même. Tout ça tout en respectant sa Reine, en allant dans son sens, en lui offrant la valeur qu'elle a à ses yeux. N'est-ce pas fou ? N'est-il pas fou ? Sûrement avait-il vu totalement faux. Cette méfiance, cette crainte de l'autre ... Tout ce qui ronge l'Empire actuel. Tout ce qu'il déteste, et tout ce qu'il cache au fond de lui, pourtant. C'est en cela que l'Empire gagne toujours. Formaté et préconçu, il avait beau avoir combattu les clichés et le racisme ambiant, voilà où il avait fini. En pleine méprise face à Helera, et face à Booros, qui se voulait amical. Idiot. Pourtant, il fallait passer outre. Comme toujours. Ne rien montrer. Le moins possible. Rester humble, et faire bonne figure. Un sourire, à son acceptation, et une tête qui s'incline.

    « Je vous dirais tout ce que vous voudrez savoir, Grand Chaman. »

Mais déjà était-il passé à autre chose, comme si l'échange avait lieu dès à présent. Le langage ... le fameux langage. Un grognement. Et un sourcil princier haussé. Par contre, cette fois, sa peur était justifiée, trop certaine dans sa temporalité. Sans qu'il ne le prémédite, il s'était légèrement reculé, en le regardant avec de grands yeux. Telle l'incarnation de sa pensée terrible, le loup était devenue le monstre cauchemardesque qu'il redoutait. Ses yeux, ses dents acérés, son museau tourné vers lui ... Difficile de ne pas cacher la peur soudaine que ressentit Althar à cette vue. Même la main d'Helera n'y changea rien, serrée plus fermement, sans y réfléchir. Un réflexe pour se rassurer, pour espérer. Puis un éclat de rire après les grognements, sûrement pour se moquer. Le Prince nécessita plusieurs secondes pour reprendre ses esprits, et se forcer à rigoler, l'air blême. Et il se moquait en plus, offrant quelques tapes de sa patte velue sur son épaule malheureuse. Pas de doute, le Chaman s'était bien vengé, vu l'état de crispation de l'humain. Pas évident de soutenir le regard d'un nelvan qui grogne.

    « Belle langue .. hahaha ... Vous m’apprendrez j’espère ... »
Un regard à Helera, et une main qui se gratte de nouveau la tête. Il ne sait plus trop quoi faire, maintenant. Quoi dire, non plus. C'est étrange. Le sentiment de s'être fait jouer un tour, ou d'avoir subi un contre-coup. La sensation n'était pas forcément agréable. Comme si ... comme s'il se sentait un peu exclu, dans sa découverte. Différent. Elle les connaissait bien, elle en était une, malgré elle. Une nelvan, une fierté, une déesse pour un peuple qui n'était pas de sa race. Et lui était le grand ordinateur des clans, de la magie, de tout ce qu'ils revêtaient de plus sacré. Et à côté, il y avait un Althar. Prince d'un monde lointain, image d'un Holonet plus voyeur qu'intellectuel, et amant non-assumé de la femme qu'il avait sous ses yeux. Que dire de plus ? Que prétendre de plus ? Il n'est rien. Parfois, la soif de découverte cache autre chose. La curiosité, l'envie d'ouvrir une porte sur l'inconnu ... tout ça n'est que le sommet visible de l'iceberg. Comprendre, et connaître, pour être considéré. Pour mettre un pied au milieu de tout ça, et ne plus en être exclu. Il n'y a que ce qu'on ne connait pas que l'on craint. Alors, cette fois, il pouvait poser sa dernière question, celle qui vient d'un mot répété plusieurs fois, sans qu'il ne comprenne. Agir, et réagir. La conversation avait fini par y mener, quoi qu'il arrive. Et il voulait le savoir. Pour ... toutes ses questions, cet avenir, cette possibilité, cette curiosité. Pour trop de raisons impossibles à formuler à haute voix. Le chasseur. L'attribut de l'homme qui sert sa tribu, dans les sociétés primitives. L'idée de sacrifice pour nourrir les plus faibles. Bien des idéaux en ont découlé, sûrement lui-même et ses idées chevaleresques en est un reste contemporain, mais chez eux, chez ces bêtes aussi féroces que mortelles, était-ce le même sens ? A-t-on jamais eut le témoignage direct d'un homme du passé sur sa propre société, loin des connotations et croyances qu'on ait pu lui donner par l'interprétation après sa mort ? Peut-être jamais. Peut-être était-il tout simplement encore perdu dans sa rêverie, pour se cacher de ses erreurs, et de ses craintes. Assez. Qu'est ce qu'un chasseur. Qu'est ce que demande la Krinar, pour entrer dans son cercle. Parles, Chaman, car aujourd'hui tu dis ce qui compte.

Mais son expression changea. Son visage avait perdu l’amusement, pour y afficher une nouvelle expression, une attitude plus réservée. Etait-il en train de l’évaluer ? Avait-il dit une bêtise ? S’était-il mêlé d’une chose de trop ? Althar chercha une réponse du côté d’Helera, qui réagissait pareil. La voix du loup apporta une nouvelle inquiétude, comme s’il venait de se rendre compte qu’il n’aurait pas du s’embarquer là-dedans. Mais la curiosité était là, hélas. Maintenant qu’ils faisaient mine d’avoir un cérémonial, la soif de connaître le secret était née au milieu de la forêt de ses inquiétudes. Ses yeux allèrent de Booros à Helera qui s’était approché pour venir réchauffer sa joue. Un chuchotement, un très discret … « J’ai dit une bêtise ? » et aucune réponse, simplement une affirmation de la Grise. Il l’apprécie, dit-elle. Sans qu’il ne sache dire pourquoi, sans qu’il ne sache si elle dit vrai. Chasseur ou pas … Comme il l’avait pressenti, il n’y avait aucune raison à ce qu’il puisse accéder à cela. Ni même n’avait-il la prétention de vouloir en être un. La curiosité semblait avoir été prise pour un souhait, à tort. Et maintenant qu’elle était partie, et que le Chaman se levait, il ne pouvait en être autrement. A son tour, il se mit sur ses jambes, face à lui, son maigre habit réajusté pour ne rien dévoiler. Plus que jamais la scène était incongrue. Mais il resta sérieux, et à l’écoute. L’homme sérieux qu’il voyait dans le Grand Chaman prenait consistance à cet instant. L’homme de savoir, le pédagogue, le sage. Celui qui lui explique, celui qui lui fait comprendre. Le grand ordinateur des choses. Althar était redevenu l’étudiant sérieux de ses jeunes années. Celui qui accepte le savoir des anciens, celui qui écoute, les mains jointes devant lui. Le chasseur. Le Nelvar. Tant d’idées, tant de notions impossibles à comprendre sans voir cette planète. Le respect d’un monde qui n’était pas le sien. Une prétention impossible, et même lointaine, pour un noble de Têta. Le voulait-elle ? Etait-ce pour cette raison qu’elle était partie ? Même sans être là, sa présence était palpable, à l’ombre du vieux loup. Quoi qu’elle ait pu en dire ou en penser, elle était cachée derrière lui, derrière cette voix et ses grands yeux.

    « Je le comprends, Grand Chaman … Respect, honneur, fidélité … »

Cette fois-ci, le coup de bâton ne le fit pas bouger d’un pouce, comme si le fait d’être un acteur de cette scène le rendait préparé à cela. A la manière dont il le comprenait, et le percevait, le Chaman en expliqua la limite pour lui. Elle était certaine, et même logique. Presque rassurante. Il n’était pas engagé dans un processus inéluctable et fou qu’il aurait été incapable d’arrêter. Les mots étaient justes, et bien formulés. Il n’avait pas besoin d’en formuler quelques compliments pour le rassurer, ils ne servaient à rien. Puis la grosse patte se posa sur sa tête, l’obligeant à redoubler de concentration pour ne rien penser. Pour écouter. Un chant, une parole, un rite. Quelque chose d’enchanteur qu’il ne connaissait pas, mais qui offrait quelques étoiles. Que disait-il ? Que faisait-il ? La chose était si peu commune qu’elle n’était pas effrayante. Puis vint la proposition. L’affirmation. La chose qui n’aurait pas dû être dite, parce qu’elle n’était pas voulue. Mais, étrangement, au moment d’ouvrir sa bouche pour contester, rien ne vint … Pas un son. Juste un regard, dans les yeux du loup, un lien, quelque chose. Une volonté d’y croire. De penser que ça, peut-être, était réel. Ou qu’on le surestimait. Que c’était artificiel. Non. Il ne sait rien. Jamais.

Ne pas répondre tout de suite, il avait raison. Et un dernier mot. L’honneur d’un guide comme lui. Et de son amitié. Son étrange amitié, dans son grand rire, maintenant qu’il avait fini. Il était le meilleur des deux, c’était une certitude maintenant. Bien plus sage que ne le serait jamais ce Prince idiot …

    « Je vais y réfléchir, Grand Chaman, mais … Vous m’honorez beaucoup trop .. vraiment plus que je ne le mérite, vous êtes véritablement sage. Mais je ne sais pas si elle m’a choisi, peut-être … Je .. je lui en parlerai … Je vous apprécie aussi, sachez-le, malgré tout cela … J’espère vous revoir rapidement … Reposez-vous bien, et merci pour la boisson, elle est excellente … »


__________________________



Un dernier mot. Un dernier rangement, c’est l’esprit occupé qu’il retourna dans leur cocon personnel. Et qui plus est, il avait les plats remplis de victuailles, entre un récipient plein de cette boisson qui lui avait redonné la pêche et un bon nombre de patisseries préparées par Helera, s’ajoutant à cela le chocolat. Pour ne pas se mentir, peut-être bien qu’initialement seul le chocolat l’intéressait, pour quelques jeux d’adultes très gourmands. Mais après coup, quelque chose le tracassait. Quelque chose de simple, trop simple. Un silence. Celui d’Helera. D’un pas discret il pénétra dans la chambre, où son regard se posa sur celle qui l’attendait. En train de se morfondre, le regard perdu dans le vide. Que dire ? Lui en voulait-elle pour ce qu’il avait fait ou dit ? Il était incapable de le dire. Incapable de la comprendre. Plus que jamais il se savait dans la méconnaissance totale de cette femme, et plus que jamais il voulait s’en rapprocher. Mais que dire ? Plaisanter ? Etre sérieux ? Sa réflexion fut plus longue que prévue, et déjà se retrouvait-il à déposer l’ensemble de ses victuailles sur la table de chevet malheureuse. Au passage, d’une main distraite et dans un réflexe habituel, sa main prit son datapad sans qu’il ne le regarde. Seule comptait la jeune femme aux cheveux blancs, dont il approchait d’un pas hésitant.

    « Je me suis permis de ranger un peu la cuisine et de .. hmm .. en ramener … enfin, si t’es d’accord … »

Sans savoir pourquoi, pourtant, au fond de lui le Prince se sentait un peu idiot. Parce qu’elle ne semblait pas heureuse, parce qu’elle n’avait pas l’air plus enjouée que cela à leurs retrouvailles, et qu’elle était restée si silencieuse durant la discussion. Quelque chose n’allait pas. Et bien malgré lui, Althar en était le fautif.

    « M’autorisez-vous à prendre place à côté de vous, Krinar ? »

Le dernier mot avait dit avec application, pour lui prouver qu’il était bel et bien sérieux dans sa question. Et plutôt que de s’asseoir face à elle, ou derrière elle, c’était sur le côté, sur le plat du lit, qu’il s’assit. De la sorte, elle était perpendiculaire à lui, qui se trouvait face à cette épaule. Le datapad fut posé un peu plus loin, et les jambes croisées sous lui, il se risqua à poser un baiser sur le coin d’épaule qui était désormais sien maintenant.

    « Es-tu .. glace, maintenant ? Ou plutôt eau … Quelque chose te .. te tracasse ? »

Tout doucement, comme s’il fallait apprivoiser un animal sauvage, son buste se pencha de plus en plus vers elle, tout comme ses mains. Le risque est grand à vouloir dompter la bête, mais parfois la chaleur humaine suffit à la calmer. Doucement, avec affection, chaque main vient trouver un flanc lointain tout comme son menton vient se caler sans appuyer sur cette épaule. Mais l’ensemble s’était fait rapidement, suffisamment pour ne pas lui laisser le temps de répondre.

    « Je m’excuse pour .. pour avant, pour les questions et .. tout le reste … J’ai bien vu que ça te déplaisait, tu restais silencieuse, et … enfin … je sais pas … Justement je ne sais rien … Je suis incapable de dire si tu me désapprouves, si tu m’en veux, ou si tu es juste fatiguée … Mais … je ne l’ai vraiment pas fait pour te faire du mal ou je ne sais quoi, je voulais juste … enfin … je voulais juste savoir, juste comprendre … »

Une hésitation, dans cette voix basse, et des lèvres qui se frottent nerveusement à l’étoffe fine de sa tenue.

    « Je te connais si peu … je te maitrise si peu … je sais même pas si tu es contente ou malheureuse, si tu me détestes ou je ne sais quoi, si ce que je te faisais te plaisait … Plus j'en apprends sur toi, et moins j'en sais sur toi ... Tu sais, j’ai douté du fait que tu sois Reine, et j’ai été stupide. Je voulais pas … je voulais pas te rabaisser, je voulais pas te dénigrer, pardonnes moi, tu es … tu es impressionnante … Des loups ? Comment est-ce possible ? Enfin non … juste, woaw, des loups, toi, Reine … Tu es tellement impressionnante, si incroyable, si unique ? C’est fou, c’est tellement fou, Reine … Krinar … Tu es tellement grande, tellement .. tellement … je ne sais pas … »

Sans le vouloir, sous cette soudaine conscience de cette réalité, l’excitation l’avait amené à remuer un peu plus ses bras, à être plus dynamique au fur et à mesure qu’il marquait sa stupéfaction sincère. Comme un enfant qui secoue un ami qui vient de agner quelque chose, il venait de vivre la prise de conscience de ce qu’elle était, sans jalousie ni même amertume. Si il n’avait pas été gêné, sûrement l’aurait-il embrassé, mais là encore c’est son épaule qui eut droit à un baiser appuyé du bout des lèvres. Finalement, avec douceur, après avoir relaché cette étreinte un peu forcée, c’est sa joue qui se posa sur elle. Simplement de la tendresse, tandis qu’une main se perdait sur une cuisse grise qu’elle caressait du bout des doigts, sans volonté lubrique ou déplacée. Juste un peu d’amour.

    « Mais du coup … j’ai un voyage de prévu, alors ? Est-ce que … est-ce que c’est une bonne idée que je le suive ? Il a dit qu’il m’appréciait, avant de s’esclaffer … Alors je sais pas si .. enfin … je ne risque rien à le suivre ? Parce que j’en ai envie, vraiment, pour voir sa … votre planète … et apprendre ce qu’il veut m’apprendre tu vois, pour connaître votre peuple, votre monde, votre nourriture …

    Et puis … est-ce que je t’y verrais, là-bas ? Tu crois qu’on me laissera le temps de t’embêter dans tout ce que tu dois avoir à faire … ? Je te prends déjà trop de temps inutilement …
    »

L’aveu prenait un peu plus corps, maintenant qu’il savait ce qui pesait sur elle. Elle méritait cette bouffée d’air frais qu’il pouvait lui offrir, ce bout de temps où elle pourrait décompresser et quitter ses responsabilités pour s’oxygéner. Il n’était qu’un objet de plaisir pour elle, cela devenait plus clair, mais ce n’était pas désagréable non plus. Pour autant, même si sa main continuait de caresser ce flanc recouvert et un peu de ce ventre difficile à atteindre, son autre main quitta cette cuisse pour tatonner sur le lit, à la recherche d’un objet précis : son datapad. Sans même l’approcher du visage, d’un doigt habile, il activa quelque chose dessus. Pas question de se prendre la tête avec les dizaines de notifications qui l’attendaient, non. Au contraire, il releva la tête pour la remettre comme elle l’était quelques instants plus tôt, et regarder ce visage. Ces traits féminins, cette douleur mise à nue si près de ses yeux, et ces cheveux si uniques. Elle est belle. Trop pour lui, sûrement. Mais à cet instant, elle lui appartient.


Clac. Une photo, aussitôt affichée à l’écran, d’un garçon en train de sourire de bonheur tout en regardant une jeune femme. Un Prince en train d’admirer une Reine. Althar en train d’apprécier l’instant avec Helera.
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By Helera Kor'rial
#30736
Ambiance


Helera ne bougeait pas, restait pensive, sur le futur, sur sa vie qui se présentait à elle. Une vie qu’elle avait abandonnée pour se consacrer à la protection des autres. Une vie qui aujourd’hui lui tendait potentiellement les bras. Potentiellement, car tout était encore à préciser. Pour lui comme pour elle. Elle l’imaginait en train de parler avec le chaman. Lui d’un air solennel, donnant une grande importance à ses propos. Son prince qui l’écoutait religieusement, comme il avait été éduqué. A cette simple pensée, elle sourit, l’imaginant dans sa droiture, légèrement cul serré. Elle avait toujours été amusée de le voir se tenir ainsi, tout simplement parce qu’elle le connaissait autrement. Joueur, terriblement joueur. Il aimait à le lui rappeler à chaque instant, dans chacun de ses mouvements. Le prince aux deux visages. Le prince aux multiples facettes. Son prince à elle. Les cheveux en bataille qui filaient au vent, ou sous ses doigts. S’entortillant et s’y mêlant lentement. Son souffle contre elle, leurs corps réunis. Helera ferma lentement les yeux et se laissa submerger par ses souvenirs. Son visage, ses yeux, ses mains, son torse, ses hanches, ses cuisses. Le calme la submergea. Elle était bien, juste bien. La plénitude l’avait envahie, vidée de tous ses tracas, vidée de tous ses malheurs. Parce qu’il était dans sa tête et que son regard était posé sur elle. La Grise prit une grande inspiration et souffla lentement, ouvrant les yeux sur la flotte qui paradaient autour d’eux. Ils étaient au centre des attentions, au centre de tout. Ils étaient unis. Mais était-ce à jamais ? Il entra avant qu’elle n’ait pu réfléchir à cette douloureuse question. Elle resta dans sa contemplation de l’extérieur, faisant mine de ne pas l’avoir entendu. Son parfum emplie la pièce et sa présence embellie cet espace noirâtre.

Quand il lui indiqua sa volonté, elle tourna lentement la tête vers lui, mais resta posée sur son bras. Elle le gratifia d’un sourire en signe de réponse. Le dos droits, les genoux sur les coussins, la jeune femme était quand même plus petite que lui. Il lui demandait permission pour ce qui n’en requérait aucune. Il était autant chez lui que chez elle. Ce vaisseau était le centre de leur passion, pas seulement de la sienne. L’autorisait-elle à sa s’assoir à côté de lui ? Elle haussa un sourcil et releva la tête. Elle fit mine de prendre un air suffisant, dans toute la douceur qui était sienne. Sa tête s’inclina légèrement en haut et son dos fut mis bien droit, faisant ressortir sa poitrine en deux petites bosses par-dessous son peignoir. Lentement, elle tendit la main vers lui, écartant le petit doigt du reste des quatres soldats.

« Si vous m’embrasser la main, alors peut-être accéderais-je à votre demande, Kronarai Zonr. »

ImageLe jeu d’acteur était mauvais, très mauvais, et elle se trahit en étira un grand sourire quand il déposa un baiser sur ses lèvres. Puis il se plaça à côté d’elle, le dos tourné vers le vide. Il déposa un autre baiser sur son épaule, et ses yeux le suivirent, sans ôter le petit sourire qu’elle avait sur le bord des lèvres. Pourtant sa question lui ôta toute envie de sourire davantage. Ce dernier s’envola comme les cendres d’un foyer sous le vent. Sans répondre, elle se mit face à lui et plaça ses jambes de part et d’autre de sa taille. Ainsi, ses deux jambes étaient dans le vide causé par l’élevement du lit, mais se tenait sur ses jambes à lui, leur ventre et leur torse se touchant, au plus près. Comme d’habitude. Ne jamais rompre le contact. Une de ses mains vint entourer son cou et l’autre se balada dans ses cheveux qu’elle regarda avec intérêt. Sa pensée et son souvenir, tout y était identique. Elle n’était pas pressée, elle ne voulait pas répondre trop vite, laisser le temps au temps, et profiter de lui, de son contact. Le dos droit, elle le surplombait légèrement. Son visage au niveau de ses cheveux pour vérifier ce qu’elle faisait, c’est-à-dire pas grand-chose. Il s’excuse. Pourquoi ? Helera fronça les sourcils mais ne le regarda pas encore, profitant de ses cheveux et l’odeur qu’ils dégageaient. Le prince impressionnée par ce qu’elle était, et pourtant elle n’était rien. Reine depuis quelques mois, alors que lui l’était depuis des millénaires. Cela n’était pas comparable. La noblesse était dû à son rang, elle par ses actions. Et encore, elle pensait fermement que l’un comme l’autre n’était noble que par leur cœur. Car l’un comme l’autre faisaient passer leur envie propre après celles des autres. Elle avait envie d’y croire en tous cas. Quand le silence revint et que le prince attendit sa réponse, elle s’affaissa sur elle-même, pliant son dos qu’elle forçait à maintenir droit. Son visage se retrouva devant le sien. Sa main qui errait alors dans ses cheveux descendit lentement et se posa sur sa joue.

« Althar … Il y a des moments pour parler, et d’autres pour se taire. Je n’ai pas parlé parce que je n’avais pas à le faire. Le Grand Chaman avait envie de t’expliquer les choses par lui-même. Et qui de mieux que lui aurait pu le faire ? Qui plus est … Je ne suis pas comme toutes les nobles de la cours. Je veux dire, elles savent se tenir, elles savent parler, s’exprimer et … plein d’autres choses. Je n’ai pas tout cela. Mon mode de vie est plus primitif, et le peuple avec lequel je vis est loin des standards galactiques. Je ne veux pas t’imposer cela si tu ne le veux pas. Je … parler, si j’avais parlé, j’aurai influencé ce choix. Et je ne veux pas le faire. »

Elle fit une pause et ses yeux azur fixèrent les siens. Ses petits yeux fatigués qui étaient posé sur le piedestal de ses cernes. Il avait l’air si fatigué. Tout cela devait encore être un nouveau poids sur ses épaules. Ses doigts passèrent le long de sa joue et son pouce fit quelques allées retours entre le bord de ses lèvres et sa joue où était logée sa main.

« Tu sais sûrement tout de ma vie actuelle Althar. Et je te raconterai tout ce que tu veux savoir. Je ne veux pas avoir de secrets pour toi. Ni aujourd’hui ni jamais. Tu sais … Avec toi je ne serais jamais glace ou gaz avec toi. Tu as ce que les autres n’ont pas. Je serais toujours liquide, douce, aimante. Tu as ce truc … »

Elle se tut et hocha la tête négativement, cherchant un mot dont elle ne connaissait même pas le terme, parce qu’il n’existait pas. Un mot entre la grandeur d’âme, d’esprit, la bonté, la beauté et la prestance. Du charisme, peut-être. Elle étira de nouveau son sourire.

« Je suis heureuse avec toi. Vraiment heureuse. C’est cela qui me tracasse. Je ne veux pas que cela finisse … C’est égoïste de penser cela, mais … mais … je veux rester avec toi… »

Son sourire se tarit de nouveau. Elle ferma les yeux et posa son front contre le sien.

« Ce moment est tellement magique, tellement unique. »

Son bras qui se tenait derrière sa nuque se serra davantage, il posa une main sur sa cuisse et sa joue contre la sienne. Le contact du front se transforma en un calin l’un contre l’autre. Les yeux fermés, Helera restait en paix avec elle-même. Une paix intense, comme jamais elle n’avait eu le loisir d’expérimenter. Elle était bien et ne le répeterait jamais assez. Ses deux bras avaient entourés sa nuque et elle respira doucement, écoutant le champ de son souffle à côté de son oreille. Lentement, elle bascula la tête sur le côté pour se reposer contre lui. Il romput le silence, mais elle ne bougea pas, resta contre lui dans cette étreinte voulue, demandée. Les yeux fermés, la douceur du moment, tout était magnifique. Helera prendrait son temps. Sa question avait du sens, il avait ce tic pour dire les bonnes choses au bon moment. Il était unique. Lentement, elle se recula pour lui faire de nouveau face. La reine haussa les sourcils dans une grimace de moquerie infantine et bon enfant.

« Tu lui as tapé dans l’œil, ça c’est sûr. Tu ne risques absolument rien, parce qu’il t’a invité. Etre l’ami des Nelvaaniens, c’est rare, mais une fois qu’ils te le disent, alors ils resteront tes meilleurs amis. Et puis, je ne te lacherai pas d’un pouce, crois moi. Je te protégerai des dangers de Nelvaan. Comme le froid, l’odeur intetêtante de la fumée des différents foyers ou encore de la langue qui tient plus du rugissement que du dialecte. »

Elle ricanna légèrement, se moquant par amusement, sans vraiment le penser. Elle faisait tout pour le lui montrer, elle le taquinait. De même qu’elle ne pensait pas ce qu’elle disait, car la langue Nelvaannienne, bien que gutturale, avec de très belles sonorités. Bien plus jolie que celle d’un hutt.

« Je suis la reine après tout. Je fais ce que je veux. »

Son sourire s’étira de nouveau et elle se mordilla la lèvre inférieure tout en fixant ses deux yeux marron. Qu’il était beau quand il était apeuré. Et même quand il ne l’était pas d’ailleurs. Ses deux mains enserrèrent son visage dans un étau et la reine s’approcha de lui et déposa un baiser sur ses lèvres, tendrement. Sans brusquer. Lèvres contre lèvres, très doucement. Après tout, elle avait le temps, même si ce dernier filait à toute vitesse. Chaleur partagée, douceur entre mêlées, passions croisées. Elle rompit le contact et le regarda. Clac. Elle tourna la tête et vit l’appareil qui venait de faire une photo. Elle n’en dit pas davantage et retourna dans sa position initiale avec ses bras autour du cou.

« Est-ce que … tu vas partir quand tu seras soigné ? J’imagine que oui, tu as sûrement des affaires importantes. Je ne te retiendrai pas, jamais, tu le sais. Par contre, est-ce que je te reverrais Althar, ami des nelvar ? »

Elle étira un sourire. Elle n’était pas triste, plutôt résignée. Helera avait réfléchit justement à leur relation, et bien qu’elle ait une marge de manœuvre assez ample, ce n’était peut-être pas le cas du prince. Elle s’était faite à l’idée de le voir partir, peut-être. Mais le plus important ce n’était pas cela.

« Tu sais, mon père m’a toujours dit. « Il ne peut y avoir de retrouvailles sans départ ». Les départs sont toujours difficile, mais … »

La Grise baissa la tête, les yeux dans le vague fixant la ceinture de l’ancien peignoir de Jenna. Ses sentiments dans son esprit se précisaient, s’unifiaient, s’ordonnaient. Dans un murmure, elle prononça simplement.

« Je t’attendrai. Quel que soit le temps, je t’attendrai… L’éternité ne me fait pas peur. »
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