La patience. Voila qui ramenait Haya bien loin dans son passé. Attendre que sa proie, inconsciente du danger qui la menace, se mette à la portée de la prédatrice. Certes, être Anzat était un atout, mais Haya ne s'était jamais contentée d'exploiter ses talents naturels, elle aimait créer une ambiance de confiance, quelque chose qui faisait que ses victimes venaient à elle de leur plein gré, quelque chose qui lui apportait une satisfaction supplémentaire. Point de tout cela ici. Installée derrière une poutrelle, l'Anzat attendait simplement que quelqu'un vienne voir pourquoi la balise était hors service.
Elle senti les deux présences approcher avant de distinguer les pas des techniciens. Rapidement, le premier posa à terre une petite boîte à outils et en tira une deviseuse. Quelques secondes plus tard, il retirait le couvercle du caisson. Haya sorti de sa cachette et s'approcha à son tour.
L'homme agenouillé commença à retirer une à une les lames couvertes de composants, pour les examiner avec soin avant de les remettre en place. Pendant ce temps, son collègue prenait en note ce qu'il disait, probablement à destination d'un compte rendu d'intervention. La jeune femme salua l'homme qui prenait les notes, le second ne l'ayant pas encore remarquée.
"-
Salut, Y s'passe quoi ?" interrogea l'Anzat derrière son masque qui dissimulait son vocodeur, ne laissant apparaitre que son regard perçant.
"-
Salut, un problème sur la balise. Je ne me rappelle pas vous avoir vu...", commenta son interlocuteur.
"-
Ben on m'a d'mandé de venir prendre des nouvelles, alors ch'uis là. Au cas où que j'peux aider.", se contenta d'éluder la jeune femme en haussant légèrement les épaules.
"-
Là !", interrompit le technicien qui inspectait les circuits." Il manque un proc ici, retiré n'importe comment, il y a une paire de pattes qui ont été arrachées. Il va nous en falloir un autre, et faire un signalement."
"-
Tu penses à ce que je pense ?", demanda son collègue
"-
Le proc tout seul ne sert à rien, je passe à l'atelier en récupérer un."
"-
Ok, je m'occupe du rapport."
Sans plus en dire, l'homme se releva et disparut rapidement au premier coude de la coursive. N'importe quel observateur de la scène se serait étonné que les regards ne se retournent pas directement vers l'intruse. Mais les choses étaient ainsi faites que les Anzati pouvaient inspirer une confiance qui, pour les plus expérimentés, pouvaient confiner à l'absurde, pour peu qu'ils fassent l'effort de ne pas trop bousculer leurs interlocuteurs. L'attitude débonnaire de Haya avait fini d'assoir cette confiance. Toutefois, l'homme n'eut guère le temps de montrer sa surprise lorsqu'il se retrouva face au canon de l'arme de Haya. Elle eut un bref rictus avant de lui tirer entre les deux yeux.
Sans attendre que sa première victime ne touche le sol, la jeune Sith s'étaient lancée à la recherche de l'autre homme, celui retourné chercher le processeur manquant. Elle aurait pu l'attendre sur place, mais son objectif était de mettre la main sur les pièces de rechange, et cela, seul le technicien qu'elle avait pris en chasse pouvait lui donner. D'un pas rapide, elle avait réussi à combler son retard pour le rejoindre peu avant qu'il n'entre dans une petite réserve technique.
L'endroit était mal éclairé, principalement à cause des hautes étagères qui bloquaient la lumière du plafonnier.
"-
Ton pote y m'a dit que j'pouvais t'ête t'aider.", expliqua Haya alors que l'homme lui lançait un regard interrogateur.
"-
Si je peux te donner un conseil, évite d'appeler les sous-officiers 'pote', surtout celui-là, il aura vite fait de te faire débarquer au prochain arrêt."
"-
OK d'ac. Chef.", se contenta de répondre Haya
"-
Et je suis pas chef. Vu que tu es là, prend le poste à souder.", dit-il en désignant une petite boite orange et noire posée à côté d'elle. Pendant ce temps il s'enfonça dans le local pour observer une série de petits tiroirs.
"-
C'est vach'ment plus classe que là où que j'bossais avant vot’ navire."
"-
C'est un beau navire, ha les voilà.", il sorti un étui transparent de l'un des tiroirs."
Et bien rangé en plus, ce qui ne gâche rien."
Et tout comme son collègue, il n'eut guère le temps de montrer sa surprise qu'un tir de blaster échouait entre ses deux yeux.
"-
T'inquiète, je vais tacher de mettre un peu de bordel là dedans.", conclu l'Anzat en récupérant l'étui et en finissant de vider le tiroir.
Quitter le secteur ne posa guère de problème grâce aux deux nouveaux laissez-passer si mal acquis.
<---->Côté gardes noirs, les investigations avaient bien avancées : si trouver un membre d'équipage avec des boutons nacré sur son uniforme ne s'était pas avéré bien compliqué, les affaires étant les affaires, la première jeune femme que l'un des hommes sous couverture avait abordé ne semblait pas décidée à aller plus loin, sans un rendez-vous pour la soirée. Cela pouvait se comprendre, elle était là pour ça, mais fallait-il vraiment attendre aussi longtemps ?
Trouver quelqu'un qui se montra un peu plus bavard avait nécessité de visiter le Casino, une boutique de souvenirs, ainsi qu'une boite de nuit, paradoxalement ouverte H24. Et leurs efforts avaient fini par payer. On leur avait indiqué un élévator depuis lequel ils pourraient, moyennant finance auprès du service commercial, accéder à une partie très privée du navire. Le droit d'entrée s'élevait à 850 crédits par personne, mais leur interlocutrice leur avait garanti qu'ils en auraient pour leur argent.
Cela fait, un autre des gardes se trouvait dans une posture bien peu enviable. Au moins pouvait-il se féliciter que, pour le moment, son aimable interpellation ne semble déboucher que sur un contrôle de routine. Les hommes de la sécurité restaient très courtois, et celui qui l'avait cueilli quelques minutes plus tôt lui sorti la liste des tous les bagages déclarés. Il allait falloir tous les passer en revue, en allant du contenu du tube de dentifrice jusqu'au linge sale, en passant par les échantillons supposément transportés. Coïncidence ou pas, une voix dans l'oreillette souffla à l'homme de commencer par les échantillons.
<---->Les tours de table se suivaient et réservaient régulièrement son lot de surprises. Les joueurs que M. Rawne affrontaient n'étaient clairement pas des amateurs, malgré son choix pourtant judicieux de rester éloigné des tables aux droits d'entrées les plus élevés, attirant naturellement les joueurs les plus chevronnés. Le constat était là, il ne pouvait compter les plumer en toute tranquillité, et le petit rire du Gossam lui revenait en mémoire. L'un d'entre eux, un humain au regard vide et à la chevelure déjà bien dégarnie pour son âge, avait déjà remporté quelques mises avec des mains que l'on n'aurait pas données gagnantes. Visiblement plus doué que ses partenaire de table pour le bluff, il avait su compenser son manque de chance en adoptant une stratégie polymorphe, ce qui rendait difficile la lecture de son jeu, et incitait à opter pour la prudence, ce qui, paradoxalement, lui laissait d'avantage d'opportunités.
Une fois de plus, la jeune femme installée à ses côtés ramena à lui les mises déposées au centre de la table. Le voisin de droite de M. Rawne émit un grognement de désapprobation, mais les choses en restèrent là. L'individu préféra quitter la table plutôt que de se lancer dans un esclandre qui, de toute façon, ne lui serait pas profitable. Le vainqueur attendit qu'il ai tourné le dos pour esquisser un sourire malicieux. Et les cartes furent à nouveau distribuées.
Après ce départ, les choses commencèrent à évoluer. Un associé se déclara parmi les autres joueurs. Sans échanger un mot, les jeux se complétèrent pour faire bloc contre le leader de la table. C'est lorsque l'équilibre du jeu s'était enfin rétabli que la charmante Jenny lui posa délicatement la main sur l'épaule avant de se pencher vers son oreille.
"-
M. Hog vous fait savoir qu'il vous attend au salon bleu.", souffla-t-elle.
Un coup d'œil à l'horloge indiquait pourtant qu'il y avait encore au moins une heure à tuer avant les 19h00 initialement annoncée.
"-
Si vous voulez bien me suivre. Une hôtesse va se charger de récupérer vos gains."
Naturellement le vieil homme esquissa à nouveau un sourire devant pareille aubaine.
La salle de réception était fin prête, mais en bon maître d'hôtel, Aznir refit le tour, une fois de plus, de la pièce. Le Second avait lourdement insisté sur le fait que tout devait être absolument parfait. De ses gants blancs, l'homme réajusta d'un demi-millimètre la position d'un verre. En bout de table devrait se tenir le Gossam. Il ne l'avait jamais personnellement rencontré, mais la réputation qu'il avait était largement suffisante pour qu'il s'en réjouisse. Jamais, en acceptant de monter à bord du Princesse Galatée, il n'aurait pensé avoir à travailler pour un individu de ce genre.
De l'autre côté de la salle, deux autres hommes avançaient pas à pas, avec attention. Equipés de détecteurs portatifs, ils contrôlaient chaque centimètre carré à la recherche de mouchards ou d'explosifs. Le bip régulier de leurs appareils rendait le maître d'hôtel toujours un peu plus nerveux. Pourtant cela était plutôt bon signe, car nul doute que s'il devait y avoir une mauvaise surprise, il serait en première ligne. Et dans ce funeste cas, il préférait ne pas imaginer ce qui pourrait advenir.
Lorsque la porte de la salle s'ouvrit, Aznir ne put retenir un hoquet de surprise en voyant débouler, certes M. Hog, mais avec lui toute une suite de personnes transportant moult équipements qui n'avaient, en toute logique, rien à faire dans cette salle de réception. En moins de temps qu'il n'en aurait fallut pour qu'un Rancor dévaste une boutique de Tatoine, les nappes blanches furent évacuées sans même que les couverts soient retirées, formant des ballots blancs.
"-
On prend la place, dégagez tout ce bric à brac.", se contenta d'annoncer sur un ton ferme le Second au maître d'hôtel.
Hog avait d'abord voulu s'installer sur la passerelle quand les « mauvaises » nouvelles avaient commencées à s'accumuler. Centre névralgique du navire, cela lui paraissait être une idée tout à fait pertinente. Mais son homme de main s'était évertué à lui expliquer que cela poserait de nombreuses difficultés, à commencer par le fait que cela ferait trop de monde dans un espace qui n'était pas prévu pour : il aurait été inaudible. Le choix s'était donc reporté sur la salle de réception dans laquelle il comptait faire ses annonces un peu plus tard dans la soirée.
Le commandant fit son entrée quelques instants plus tard, et lorsque M. Rawne entra dans la salle, Hog mettait fin à leur conversation.
"-
Vous serrez tenus informé en temps et en heure Commandant. Pour le moment vous pouvez rejoindre votre cabine et prendre un peu de repos, votre Second gère parfaitement la situation, mes hommes vont vous y accompagner."
"-
Hog, vous endosserez toutes les responsabilités ! Je suis encore le Commandant de ce navire ! Vous ne pouvez pas ..."
"-
Si, je peux !", coupa le Gossam en faisant signe à trois hommes en arme de faire sortir le Commandant.
"-
M. Rawne, vous me voyez désolé de devoir vous sortir de votre partie de cartes, mais il semble que les choses aient évoluées pendant que vous vous détendiez.", Il marqua une courte pause afin de s'assurer d'avoir toute l'attention de son invité. "
Comme je vous l'ai déjà expliqué, la Confrérie passe son temps à élaborer des plans ridiculement compliqués plutôt que de préférer un face à face. J'ai donc mis au point un piège, dans lequel ils sont tombés. Pour faire simple, j'ai fait croire que j'allais profiter de cette croisière pour rencontrer mes principaux lieutenants. Forcément je savais qu'ils allaient envoyer une de leurs pièces maîtresses pour tenter d'anéantir mon organisation. Et par pièce maîtresse je n'attendais rien de moins que leur leader : une sorte d'assassin psychopathe qui se prend pour l'héritier légitime d'une ancienne organisation de Loretto. Une vieille histoire sans intérêt. Cette sympathique personne s’est invitée parmi nous, comme prévu. Que diriez vous de lui montrer qu’il y a meilleur que lui à bord ?"
Le Gossam s'attacha ensuite à faire un résumé de la situation : les deux balaises du navire étaient hors service, une était sabotée, l'autre avait simplement été détruite. Les techniciens chargés de leur maintenance s'étant stupidement faits tuer au lieu de procéder à leur remise en service : plusieurs hommes de Hog ratissaient déjà le secteur. Le PC sécurité était déjà en train d'analyser les images des caméras de sécurités, mais pour le moment il n'y avait rien de probant : on y voyait un technicien se faire agresser par un individu masqué, gabarit moyen, portant un masque et casquette, habillé avec une tenue du bord.
Ensuite il y avait cette histoire de vecteurs qui ne correspondaient pas. Apparemment le vaisseau n'empruntait pas le trajet initialement prévu : la navigation lui avait laissé le choix, soit de laisser le navire poursuivre sa route, sachant qu'à l'arrivée il y aurait fort logiquement un comité d'accueil. Pour la passerelle, il n'y avait rien à craindre d'autre, car si le détournement avait eu pour but de faire passer le navire à travers une étoile ce serait déjà fait. Soit quitter l'hyper-espace, le temps de trouver l'origine du problème. Mais là il y avait un énorme doute : impossible de dire combien de temps il faudrait avant de pouvoir se remettre en route, s'ils pouvaient se remettre en route. Le système de communication du navire était opérationnel, mais sans les balises, ils ne pouvaient pas espérer que quiconque vienne les aider avant que leur position exacte n'ai été recalculée.
Tout cela semblait plus amuser le Gossam que l'alarmer : sur ces deux points, Hog le Marchand attendait les suggestions de M. Rawne, même s'il aurait été particulièrement surprenant qu'il en tienne compte.
Il adjoint aussi à son invité quatre de ses hommes. Des individus triés sur le volet, et choisis pour la complémentarité de leurs compétences techniques et martiales. Octave, aussi baraqué que roux, ancien Forces Spéciales, sponsorisé de pied en cape par toutes les grandes marques d'armement et de protections de la galaxie. Domienne, a priori assez introvertie et d'une corpulence plus dans la norme, technicienne qui connaissait le navire mieux que sa poche, elle avait un passe-droit au niveau de la sécurité, ce qui lui permettait d'accéder à toutes les parties du navire. Greg était affecté à la sécurité et devait se montrer plus polyvalent qu'Octave : ce serait l'intermédiaire entre l'équipe de Rawne et les membres de l'équipage ou les passagers. Enfin il y avait March, habillé en civil, il était à mettre dans la catégorie 'homme à tout faire', un finaud qui avait un sens inné pour la débrouille.
<---->Trop maladroite, trop directe, sans subtilité. Rebecca avait pris au mot le 'taisez-vous et marchez'. Au moins avait-elle un indice sur les liens qui unissaient l'extra-terrestre à M. Rawne. Une dette de sang. Mais il lui était bien difficile de comprendre vraiment ce que cela pouvait impliquer pour les deux individus. Hog saurait-il se contenter de cela ? La question ne se posait même pas. En même temps elle n'avait plus des masses de questions à se poser à ce niveau. Il lui fallait juste trouver du courage, beaucoup de courage.
Pendant que le Trandoshan s'était changé, l'hôtesse s'était contenté de troquer son paquet contre un sac à main, mais cela ne changeait rien au fait qu'elle sente la peur.
"
On peut y aller, je n'aime pas laisser Rawne tout seul, il a une faculté à attirer les ennuis qui me laisse toujours songeur... Dites-moi jeune fille, vous avez mentionné que vous vous sentiez seule. Vous n'avez pas d'ami à bord même parmi le personnel ? Pas de partenaire de chasse pour vous couvrir ?"
La question ne manqua pas de surprendre la jeune femme. Et elle s'en étrangla alors qu'elle voulu répondre.
"-
C'est que.. ", elle toussa,"
Excusez moi.," nouvelle quinte de toux. "
Non, il n'y a que des gens de passage ici. On m'a dit que M. Hog avait demandé à voir M. Rawne. On va les rejoindre directement."
L'hôtesse avançait d'un pas rapide, et ne pipait plus un mot. Tant de choses se bousculaient dans son esprit qu'elle en était incapable de réfléchir. Elle sentait ses mains devenir moites et une bouffée d'angoisse l'envahir. Sa poitrine la serrait abominablement. Faire quelque chose maintenant, c'était maintenant ou jamais, car dans quelques secondes elle allait céder à la panique et ce serait la fin.
Alors elle se retourna vers le reptilien, un blaster léger au poing, tiré de son sac.
"-
Je suis désolée, ils m'obligent à le faire. Je n'ai pas le choix.", la jeune femme renifla, les larmes lui montaient aux yeux. "
Il faut que je le fasse. Une mère ferait tout pour sauver son enfant. Vous comprenez ?" Bien sur, elle n'attendait pas de réponse.
Probablement était-ce la première fois qu'elle braquait quelqu'un, tant le canon de son arme oscillait. Il s'agissait avant tout d'un blaster de dissuasion, du genre qui pique, mais loin d'être assez puissant pour constituer un danger mortel pour un Trandoshan. Ce qui était plus inquiétant, c'était le sac que Rebecca venait de laisser tomber au pied du Reptilien.
"-
Prenez le et entrez là !" Son ton était devenu un peu plus assuré et autoritaire. Elle désigna une porte sur le côté de la coursive.
<---->L’Aqualish passa sa main encore valide sur le métal de son bras cybernétique, tout en regardant la courte vidéo d’une petite escadre d’aile A aux couleurs des Défiants prendre son envol. Le communiqué était près, il ne restait qu’à attendre le signal.