L'Astre Tyran

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La vision que semblait avoir Rena par rapport à mes interrogations ressemblait à la mienne en bien des points. La différence entre l’amour et les relations charnelles par exemple, mais aussi ce lâché prise que j’essayais d’enseigner à Ella. Nous avions le droit d’aimer. Peut être plus que n’importe qui. Mais nous devions savoir vivre avec la vie comme avec la mort. Au final tout ce que décrivais mon amie, c’était déjà ce que j’éprouvais et développais en vivant avec Merar, Aslan, Feran et Ella. Même avec elle. La question qui subsistait se centré sur l’amour, à la fois passionnel et charnel. Aimer, être ami, je savais le faire, tout autant que le gérer. Aimer, dans cette autre définition, cela restait un mystère. Mais peut être n’était pas tant quelque chose de différent de ce que je connaissais déjà. Peut être n’était ce qu’une extension. Un ajout, une interprétation supplémentaire. Et peut être que si je ne le connaissais pas encore et que je luttais contre, c’était parce que jusque’à présent la question ne s’était jamais vraiment posée. Tout comme pour le reste, le temps viendrait certainement m’apporter les réponses à ces questions.

Finalement, Rena revint avec sa question pour me taquiner. Je ne pu retenir un sourire. Sa curiosité me fit sourire. Je ne me rappelais pas avoir rencontré tant de monde que ça pendant cette période de ma vie. A vrai dire, mon temps en tant que contrebandier c’était principalement axé autour de la fuite et de la survie. Assez rapidement, j’avais finalement entrepris ma recherche de Ruusan. Et ce n’était pas vraiment un bon moyen pour rencontrer du monde, sauf des personnes pour me tirer dessus peut être. Quand elle s’approcha de moi, je reculais par réflexe, me penchant légèrement en arrière tandis que je pouvais presque sentir le rythme de sa respiration sur ma peau.

    - Non, je te l’ai déjà dis. Personne, je suis simplement curieux. Quant aux personnes que j’ai rencontré, la plupart avaient un blaster à la main ou un sabre laser pointé vers moi. Et ça t’inclue je te rappelle. En faite, si ont réfléchi un peu, tu fais partie de ce peu de personnes rencontrées.

Quand elle recula pour se rassoir normalement, je me redressais en lui adressant un sourire bienveillant. Ca faisait du bien de discuter tranquillement, sans pression aucune et sans ressentir une sentence planer au dessus de ma tête.

    - Je vois mal ta mère rester à rien faire les bras croiser. Peut être que le mieux c’est un peu un mixte de ce qu’elle t’a raconté. Attendre de tomber dessus, et quand tu sais ce que tu veux, tu fonces. Ce n’est pas bien éloigner des principes de persévérance de l’ordre.

Je laissais échapper un petit rire en m’enfonçant un peu dans le canapé du vaisseau. Je ne me souvenais plus la dernière fois ou j’avais été si détendu. Rena semblait à son aise elle aussi. Peut être était il temps de la taquiner aussi. Elle voulait que je lui dise quand ça m’arriverai, certes, même si je n’aurais su dire pourquoi, j’aurais été gêné de lui parler de ça. Nous en discutions depuis un moment, mais lui dire que j’avais rencontré quelqu’un aurait été étrange. Quoi qu’il en soit, je me demandais ce qu’elle ferait dans cette situation en inversant les rôles.

    - Du coup Rena, je t’ai dis que je n’avais jamais rencontré personne à part toi en gros. Mais et toi ? Tu as déjà eu des vues sur quelqu’un ? Je ne sais pas moi… Un apprenti de l’ordre Jedi peut être ?

Mon sourire n’était plus bienveillant, plutôt malicieux à présent. Je me demandais ce qu’elle allait bien pouvoir me répondre. Et au fond de moi, j’avais un peu d’appréhension. Elle était peut être plus expérimentée que moi, ou peut être avais tout simplement peur de sa réponse. Tout comme ce sujet me questionnait beaucoup, j’étais perplexe quant à ses réponses, sans pouvoir poser de mots dessus.
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La discussion avait pris une tournure amusante et pour cause, deux Jedis qui discutaient de sexe et d’amour n’était pas une chose courante. En même temps, les changements au sein de l’Ordre avaient dû être perturbant pour plus d’un Jedi et surtout pour ceux qui avaient suivi un enseignement plus classique. La jeune femme avait déjà rencontré d’autres padawans qui avaient reçu leur enseignement par des Jedis ayant fui après l’Ordre 66 et tout comme Dashel, cela les avait perturbé que les relations sentimentales ne soient pas proscrites. Il était certain que ce bouleversement ne manquerait pas de créer des difficultés par la suite, notamment chez ceux qui ne parviendraient pas à calmer leur colère ou leur peur de voir l’être aimé disparaitre de leur vie. Le Côté Obscur allait certainement s’en donner à cœur-joie pour les faire sombrer et cela allait donc dépendre de l’apprentissage des nouveaux Maîtres afin qu’une telle perte soit gérable et acceptable sans sombrer totalement.

Rena ne put s’empêcher de rire au souvenir que Dashel énonça à demi-mot en lui rappelant que lors de leur première rencontre, elle l’avait menacé de son sabre laser. Il faut dire qu’il l’avait un peu cherché à l’époque, surtout en parlant de sa mère alors qu’elle ne le connaissait pas et surtout, semblant la connaître alors qu’elle n’avait pas quitté leur planète depuis très longtemps. Cela aurait pu laisser croire qu’il était à sa poursuite et il représentait donc une menace importante à l’époque. Fort heureusement, les choses avaient bien changé depuis cette période et ils étaient maintenant devenus amis. Même sa mère ne tarissait pas d’éloges envers Dashel, surtout après ce qu’il avait vécu et la façon dont il était parvenu à reprendre pied dans ce nouveau monde des décennies plus tard.

« Si tout le monde te menace lors de sa première rencontre avec toi, c’est peut-être que le problème vient de toi. »

Tout en rigolant, elle le regarda en se demandant comment il pouvait s’attirer tous ces problèmes avec autant de facilité. En l’écoutant, elle dût reconnaître qu’il avait assez bien cerné sa mère et elle ne put que rire à nouveau. A ce niveau, elle n’avait pas changé d’un poil, fonçant sur sa cible et ne la lâchant pas jusqu’à ce qu’elle ait obtenu ce qu’elle veut. Elle agissait comme ça aussi lorsque Rena était petite et qu’elle ne voulait pas manger l’immonde bouillie qu’elle avait préparé. La fuite, la rébellion ou même la guerre ne connaissaient aucune fin où la victoire émergeait et pour cause, sa mère ne lâchait pas le morceau et la brunette se retrouvait condamnée à manger ce qu’elle avait préparé. Si elle avait mis autant de volonté dans sa poursuite de son père, il était clair qu’il n’avait eu aucune chance d’y échapper.

« Je ne sais pas si c’est de la persévérance ou du harcèlement mais bon, je suppose que c’est la finalité qui détermine de quel côté ça penche. Hahahahah ! Je l’ai toujours connue comme ça. Même quand j’étais triste et que je ne voulais pas parler, elle restait là jusqu’à ce que je lui dise ce qui n’allait pas. Mon père n’avait aucune chance de lui échapper. »

Alors que la discussion sur sa mère lui rappelait de bons souvenirs, lui faisant même désirer de rentrer temporairement pour passer un peu de temps avec ses parents, elle baissa la garde et évidemment, Dashel en profita pour la taquiner à son tour. La vie sentimentale de Rena n’était pas vraiment une grande réussite et pour cause, sur Polmanar, cela n’avait pas été des plus faciles et même s’il y avait bien eu un garçon qu’elle appréciait, elle était assez vite partie pour le Temple Jedi de Coruscant. Avec les autres recrues, cela n’avait pas été si facile non plus. Son visage se fit donc plus triste en se rappelant de cette période.

« J’ai bien eu des vues sur quelqu’un mais bon, ça ne s’est pas très bien passé à l’époque. Ma mère m’avait toujours conseillé d’exprimer franchement mes sentiments, mais je me suis rendue compte que ce n’était pas toujours le mieux à faire. Après, ce garçon n’est pas resté longtemps au Temple, sans doute à cause de son absence d’empathie. Maître Skywalker ne voulait pas qu’il soit formé. Après tout ça, on m’a appelé la Reine de Glace car je me montrais froide et distante, ça n’aide pas à faire des rencontres. Enfin bon, grâce à Maître Treboh, à toi et aux autres, j’ai l’impression d’avoir pu changer et m’ouvrir un peu plus facilement. »

C’était la première fois qu’elle abordait cette partie de sa vie, même si elle avait évité d’entrer dans les détails. Les moqueries de ce garçon avaient été reprises par d’autres et ce n’est qu’en se renfermant qu’elle était parvenue à y faire face. Les moqueries laissant place à des commentaires sur sa froideur avec tout le monde au sein du Temple. Elle avait maintenu les gens à distance et sans son Maître et sa façon de la pousser, elle serait encore dans son cocon. Evidemment, si Rena avait été honnête vis-à-vis de la question de Dashel, elle ne comptait toutefois pas le laisser s’en sortir si facilement, surtout vu son petit sourire malicieux au moment de poser sa question. Elle se fit donc plus féline, s’approchant à nouveau de lui comme une prédatrice, son regard posé sur sa proie.

« Maintenant, je suis plus attirée par un … Chevalier Jedi … »

Son visage se rapprocha du sien alors que son regard restait plongé dans le sien. Les secondes semblaient durer des minutes et la température du vaisseau semblait connaître un bouleversement. La jeune padawan resta un moment comme ça avant de finalement sourire.

« Ou pas … »

En se rasseyant à sa place, elle se mit à rigoler, cherchant à dissimuler le rouge qui lui était monté aux joues. Si elle avait voulu mettre mal à l’aise Dashel pour lui jouer un tour, elle était parvenue à en faire de même pour elle. En ayant son visage si près du sien, son cœur avait semblé battre plus rapidement et plus fort. Son esprit était déjà occupé à répondre au pourquoi d’un tel phénomène, élaborant tout un tas d’excuses pour l’expliquer. Rien que de penser à ce qu’elle venait de faire, une crainte fit son apparition sur ce qu’il pourrait penser d’elle. Si lui aussi venait à se moquer d’elle, la trouver moche et repoussante, ils ne pourraient plus être amis et ça, elle ne le voulait pas. Non, elle devait reprendre le dessus afin d’éviter qu’un malaise s’installe entre eux. Son amitié était des plus précieuses à ses yeux. Elle rigola afin de briser la glace avant de lui parler comme si de rien n’était, malgré la teinte rose de ses joues.

« Je suis une femme difficile donc il ne sera pas évident pour un homme de faire palpiter mon cœur. En plus, tu m’imagines devoir le présenter à mes parents. Ma mère le harcèlerait de questions et mon père risquerait de le menacer de le découper s’il me fait verser une larme. Il faut que j’en trouve un fou courageux pour affronter tout ça. Hahahahahaha !!!! »
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La caractère de Rena tranchait avec celui de sa mère. En tout cas, c’était l’impression que j’avais eu la première fois que je l’avais vu. Aujourd’hui, la jeune femme semblait bien plus sur d’elle même. Quand bien même, il était amusant de voir la différence avec sa mère. Je souriais en l’écoutant raconter les histoires de son enfance. Je n’avais pas beaucoup de souvenir de mon temps à la ferme. Ils étaient si lointain et j’avais été séparé tôt de ma famille. Aujourd’hui, il me restait encore mon frère et ma soeur. Nous nous étions rapproché avec la restauration du domaine familiale grâce à Merar. Mais mes parents n’étaient plus qu’un souvenir flou et lointain. J’aurais aimé pouvoir leur dire que tout allait bien pour moi et qu’ils avaient pris la bonne décision en me laissant à l’ordre Jedi. Malgré la guerre, la chute de l’ordre et ma chance habituel, j’avais survécu et j’aurais souhaité qu’ils le sachent.

Mais les choses étaient ce qu’elles étaient et j’avais fais la paix avec cette partie de ma vie. De toute évidence Rena aussi. Nous avions eu des enfances différentes mais cela ne l’empêchait pas d’avoir vécu des instants difficiles. Quand je voyais ce qu’elle devenait, il me paraissait évident qu’elle s’en sortait plutôt bien. Même avec cette histoire de reine des glaces.

Pendant qu’elle me racontait les dessous de ce surnom, je luttais tant bien que mal pour garder un visage impassible et détaché. Je n’aurais su expliquer pourquoi mais j’étais perturbé par le fait qu’elle ait déjà connu ce dont nous discutions depuis un moment maintenant. Contrairement à moi, elle avait déjà eu des vues sur un garçon. Mais je ne savais pas dire si ma jalousie venait du fait qu’elle ait déjà vécu ce type d’expérience et pas moi… Ou si la raison venait du fait qu’il y avait eu un garçon. C’était assez perturbant et je n’étais pas habitué à devoir cacher ce que je pensais de la sorte. Surtout alors qu’elle se tenait juste à côté de moi. Je pris la parole pour me redonner contenance et trouver quelque chose à faire à mon visage…

    - La reine de glace… C’est plutôt mignon je trouve. Mais je comprends ce que tu veux dire. Quand je suis arrivé au temple pour commencer ma formation, je ne parlais quasiment pas. Avec mes parents nous utilisions principalement le langage des signes de Lorrd. J’ai eu du mal à m’intégrer à mon arrivée à Coruscant. Je signais plutôt que de parler en Basic. Les autres enfants me trouvaient bizarre.

Mais l’instant d’après, ce surnom devenait tout à coup bien obsolète à mon gout. Elle me renvoyait la balle. La taquiner sur un potentiel garçon dans l’ordre n’avait pas été une si bonne idée finalement. Elle s’approcha doucement de moi, me renvoyant le même regard malicieux que celui que je lui avait jeté. Son visage était tout proche du miens. Je sentais son souffle contre ma peau dont la chaleur avait augmentée de façon exponentiel au fur et à mesure que son regard resté encré dans le miens. J’avais chaud. La glace avait définitivement fondue. Et je serais le rouge me monter au visage. Plus encore quand elle prononça ces quelques mots. Au dernier, c’était comme si le vaisseau entier c’était immobilisé. Le ronronnement des moteurs semblait même s’être interrompu. Seul le bâtiment régulier de mon coeur résonnait encore à mes oreilles.

Soumis à la volonté de la jeune femme, le temps, lui même, semblait s’étirer. Durant ces secondes qui devenaient des minutes, je tentais tant bien que mal de me contenir. Figé ainsi, je gardais, sans succès, mes yeux loins de la douceur de sa peau halée. Je les retenais de parcourir les longues boucles brunes qui cascadaient délicatement le long de son dos. Je les empêchais de détailler les lignes bleues et grises de ses iris envoutant. Je les éloignais de son nez fin qui se plissait légèrement lorsqu’elle riait. Je leur interdisaient de se poser sur ses lèvres roses et charnues. Ces lèvres si proches qu’il m’était presque possible d’en imaginer le contact, le goût, la chaleur… Ces lèvres si proches et pourtant si lointaines.

Et puis le temps reprit ses droits. Les heures redevinrent des minutes et les minutes des secondes. Son beau visage s’éloigna doucement, comme s’il était encore prisonnier du temps. Je le regardai devenir un peu plus inaccessible, un peu plus distant, alors que j’étais pétrifié. Mes muscles ne me répondaient plus, mon cerveau ne pouvait plus se concentrer que sur les yeux bleus-gris qui se détournaient petit à petit de moi. La bulle écarta avec une violence peu commune. Il fallait que je me reprenne… Et je m’en sentais incapable. Après tant de moment passé à vivre sur le qui-vive, à vivre toujours en alerte, je me trouvé tout à coup démuni face au visage et aux mots de mon amie. Vite… Je devais reprendre possession de mes moyens. Ma gorge était sèche, les mots ne venaient plus. Vite… Dire quelque chose d’intelligent…

Mais tout ce que je parviens à produire n’était que quelques sons incompréhensible. Et alors que je balbutiais pitoyablement quelques syllabes, la voie de la jeune femme prit le dessus à nouveau, coupant court définitivement à cette instant si étrange. De la bulle, il ne restait plus qu’une flaque grotesque dispersée au sol. « ou pas ». Ces mots résonnaient alors que je cherchais une explication rationnelle à ce qu’il venait de se passer. Son rire avait suivi et je me demandais ce qu’elle avait essayé de me dire. Pourquoi mon rythme cardiaque était il encore si élevé ? Pourquoi ma peau semblait elle aussi brulante que des braises ? Pourquoi les images de ses yeux et de ses lèvres se bousculaient elles dans mon esprit ? Je n’avais pas de réponse. Pas la moindre idée de ce qu’il se passait. Je me redressais dans la canapé du vaisseau, essayant de me tenir le dos droit, comme pour vérifier que j’en étais encore capable. Je pouvais voir la teinte légèrement plus rosée de ses joues alors qu’elle riait en évitant mon regard. Devinait elle ce à quoi je pensais ? Avait elle eut les mêmes idées ? Ou avait elle poussé la blague trop loin à son gout ? Tant de question… Si peu de réponses. Mon cerveau tournait à vive allure. A tel point que tout semblait flou autour de moi. Je la voyais parler, mais je n’entendais plus rien. Seul mon éducation lorrdienne me permit de lire sur ses lèvres et de comprendre ce qu’elle disait.

    - Même…

Le premier mieux que je prononçais à nouveau fut difficile à faire sortir. J’avais l’impression d’avoir du gravier dans la bouche. Je me levais en essayant de vérifier que tous mes muscles répondaient encore. Puis je me dirigeais vers la bouteille d’eau sur la placard un peu plus loin. Je toussais un peu en me servant un verre et en restant le dos tourné à Rena. Même si je voyais dans le reflet de la bouteille que mes joues avaient récupérées leur teinte normal, je sentais toujours cette chaleur étrange qui les parcourait. J’avalais quelques gorgées avant de me retourner et de m’appuyer sur le meuble en souriant tant bien que mal. Les mots semblaient venir plus naturellement à présent.

    - Même si ton père sait surement manier le sabre laser, je penses que ta mère ferait plus peur !

Et tandis que je disais ces mots, je ne pouvais m’empêcher de penser que je connaissais déjà sa mère. J’avais connu pire. Mais je n’osais rien dire, me contentant de faire comme si tout cela n’était qu’un jeu entre deux amis. A dire vrai, je ne m’autorisais même plus à le penser. Je rangeais cet instant dans un coin de mon esprit, comme si cela n’était pas naturel. Mon entrainement Jedi reprenait le dessus petit à petit.

    - Je crois que niveau danger, j’ai une chance inhabituel. Même si je m’en sors plutôt bien, je pense que tout ce que j’ai vécu ne serait rien en comparaison. Je serais plus à l’aise avec un sabre laser à la main.

Ca y est. J’arrivais de nouveau à rire. J’avais repris le contrôle de mes émotions et de mon corps. Et même si je plaisantais sur le fait d’être à la place de ce garçon, j’avais la sensation que j’avais simplement repris le jeu que nous avions innocemment commencé. La cloison mental que j’avais édifiée semblait tenir bon. J’étais de nouveau moi même.
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S’il trouvait que la Reine des Glaces était un surnom mignon, c’est clairement qu’il n’avait pas eu à le supporter durant des années. En même temps, avec le recul, Rena avait compris que mettre une barrière entre les autres et elle afin de ne pas souffrir avait été une erreur. Eviter de souffrir en se coupant des autres n’était clairement pas une solution car cela l’obligeait à passer à côté de bons moments comme ceux qu’elle avait pu vivre avec Dashel ou son Maître. Elle ne put s’empêcher de sourire lorsqu’il évoqua à son tour son passé. Les différences étaient toujours une source de moquerie, spécialement chez les enfants qui n’avaient pas forcément le savoir nécessaire pour comprendre que différentes cultures pouvaient coexister en harmonie.

« Si ça peut te rassurer, je ne te trouve pas bizarre moi. »

Ponctuant son intervention d’un rire, Rena connaissait la puissance que les mots pouvaient avoir sur les gens. Cela en avait eu beaucoup sur elle durant des années et d’un côté, se faire accepter était libérateur à bien des égards. La suite de la discussion ne manqua pas de piquant et pour cause, la Jedi se joua un peu de son ami en le titillant mais au final, elle fut sans doute plus gênée que lui d’avoir osé une telle chose. Heureusement, elle était parvenue à reprendre un peu contenance et avait habilement détourné l’attention pour passer à autre chose. Toutefois, cette proximité avait eu le don de faire battre son cœur bien plus vite, sans qu’elle ne sache réellement pourquoi. Était-ce simplement la proximité avec un homme, sa timidité qu’elle avait oublié l’espace d’un instant ou peut-être était-ce parce qu’il s’agissait de Dashel, tout cela était très confus dans sa tête. Quoi qu’il en soit, le Chevalier Jedi sembla retrouver un peu de verve en parlant de ses parents et de leur rencontre avec son potentiel petit ami.

« Hahahahaha ! Ma mère doit certainement faire plus peur à première vue mais au moins, tu sais si elle t’aime bien ou pas. Mon père, ça ne sera pas si évident je pense. »

Bien qu’il ait toujours été très démonstratif envers elle, son père était assez taciturne en dehors du cadre familiale. Les années d’anonymat avaient fait leur œuvre et il n’était plus le genre à aller parler ouvertement avec les gens. Rendre service, aider ou écouter, il n’y avait pas de souci mais il était très difficile d’entrer dans son cercle intime. Il serait donc un gardien impitoyable si Rena venait à essayer d’y faire entrer quelqu’un. Les paroles de Dashel firent à nouveau vibrer quelque chose en la brunette. Elle ne comprenait pas cette sensation et surtout, les propos vagues de son ami. Était-ce une façon de parler ou envisageait-il une éventuelle rencontre avec ses parents ? Non, cela devait être une façon de parler et rien d’autre. Souriant à sa bêtise, Rena tenta de se sortir cette idée de la tête mais au final, les mots sortirent sans qu’elle put les retenir.

« Tu te verrais donc te battre au sabre laser avec mon père ? »

A peine sa phrase terminée, elle rougit comme une enfant avant de se lever en vitesse, toute gênée que sa pensée ait pu sortir de la sorte. La situation était devenue étrange et une tonne d’idées farfelues se bousculaient dans sa tête. Elle devait reprendre le contrôle et restaurer son calme. Rena avait voulu jouer et elle s’était clairement brûlée les ailes dans cette tentative. Son cœur était confus et ne parvenait plus à discerner clairement les sentiments qui l’habitaient. Cette confusion n’était pas idéale pour la mission qui était la sienne. Elle se devait donc de reprendre le contrôle et de se calmer. Dashel est un ami et c’est tout ce qu’il y avait à en dire pour le moment. Souriante et le rouge aux joues, Rena chercha clairement à fuir en prétextant une séance de méditation.

« Bon ce n’est pas tout ça, mais il faut que je me vide l’esprit pour réussir ma mission. C’est la première fois que je pars en mission avec Maître Tano et je veux être à la hauteur. Appelle-moi si je peux t’être utile. »

La jeune padawan n’était clairement pas dans son état normal et intérieurement, elle se maudissait d’avoir joué de la sorte. Elle s’était faite prendre à son propre jeu et au final, elle avait dû avoir l’air d’une idiote complète. Quoi qu’il en soit, elle sourit à Dashel en lui faisant un geste de la main, avant de se retourner pour se diriger vers sa cabine. Son cœur palpitait et il ne semblait pas vouloir se calmer tant qu’elle était dans la même pièce que son ami. Peut-être qu’elle avait été trop loin et qu’il serait plus distant avec elle désormais ? Ou peut-être qu’il allait éviter de lui parler pour ne plus se retrouver dans cette situation gênante ? Ces questions et un milliard d’autres se bousculaient dans l’esprit de Rena qui espérait sincèrement ne pas avoir mis à mal leur relation.
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Rena semblait reprendre possession de ses moyens elle aussi. La teinte rosée de ses joues s’effaçait doucement. La température de l’Hermes revenait également normale. Les secondes s’écoulaient à un rythme régulier à présent et nous étions revenu à une conversation classique. Elle riait, je riais. L’instant si étrange que nous avions vécu était fini. Et nous faisions comme s’il n’avait jamais existé. Je prenais une autre gorgée d’eau fraiche en l’écoutant parler de ses parents. Entre un combat au sabre laser contre son père et les questions de sa mère je ne savais pas ce qui était le plus terrifiant.

    - Ton père ne ferait qu’une seule bouchée de moi…

De nouveau un rire. Comme si la discussion ne contenait plus de sous-entendus. Je restais à distance cependant alors que la Padawan s’était relevée et me tournait le dos. Elle désirait se retirer pour méditer. Je pouvais la comprendre. J’avais besoin d’être seul moi aussi et de faire le point. Après tout la mission qui nous attendait tout deux était importante pour l’ordre Jedi et la nouvelle république. Je ne comptais pas la retenir quand bien même l’idée qu’elle quitte la pièce me paraissait étrange.

    - Je ferais bien d’en faire de même. Je vais vérifier combien de temps il reste avant d’arriver sur Corellia. Je vous tiendrez au courant.

Elle me salua de la main en s’éloigna, me laissant seul. Tout semblait bien vide à présent. Je restais plusieurs minutes adossés au meuble qui me soutenait maintenant depuis un bon moment. Finalement je secouais la tête en me dirigeant vers le cockpit. Je m’installais dans mon siège en observant les lignes bleues et infinies de l’hyperespace. Il me fallut un moment pour me détacher de leur envoutement. Je parametrais le tableau de bord pour voir combien de temps il nous restait. Encore deux jours de voyage. Deux jours en compagnie de Rena. Cela me procurait un plaisir étrange tout en m’effrayant.

Heureusement, le reste du voyage se passa sans encombre. Nous nous entrainions souvent, pratiquant le Soresu comme Rena nous l’avait appris. Je continuais d’enseigner ce que je savais à ma nouvelle Padawan. Ahsoka et Rena travaillait ensemble également. Si nous passions de nombreux moments tous ensemble, j’étais devenu légèrement plus distant avec Rena. Je n’étais pas différent en sa présence. Mais je ne savais plus comment réagir. Ce que j’avais ressenti, je cherchais encore des mots pour le décrire.

Finalement, les deux jours passèrent assez rapidement, jusqu’à notre sortie de l’hyperespace et la Corellia se dessinant à l’horizon. Je faisais se diriger le vaisseau vers la planète, en profitant pour apprendre à Ella les bases du pilotage. Elle n’avait jamais eu à piloter un vaisseau jusque’à présent. Nous nous posions donc sans encombre à l’astroport de la capitale. Merar avait dû atterrir elle aussi. Avec un peu de chance nous nous retrouverions plus tard. A présent, il était temps de partir rejoindre Maître Matarmenno. Et Rena allait partir en compagnie de Maître Tano.

Je saluais la Maître Jedi et la Padawan, les observant s’éloigner de l’astroport. Je ne pouvais m’empêcher de regarder Rena partir pour sa mission. Me demandant quand nos chemins se recoifferaient encore. Malgré les deux jours un peu étrange qui venaient de s’écouler, j’avais hâte de la revoir. Il y avait quelque chose de nouveau en moi. Je ne savais toujours pas ce que je ressentais, ni ce qu’il s’était passé. Mais certaines idées étaient un peu plus clairs dans mon esprit. A dire vrai, je regardais sa silhouette s’éloigner avec un regret qui se développé maintenant depuis plusieurs heures. Quand elle s’était rapprochée de moi, quand elle avait eu son visage à quelque centimètres du miens, j’avais eu envie de poser mes lèvres sur les siennes. Peut être aurais je dû.

    - Tout va bien ?

Ella descendait du vaisseau. Elle s’arrêta à côté de moi en regardant dans la même direction. Elle ne savait pas ce qu’il s’était passé et c’était tant mieux. Elle me ramena d’ailleurs à la réalité en e rejoignant.

    - Oui. Allez. Mettons nous en route. Maitre Matarmenno doit nous attendre.
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