L'Astre Tyran

[Elysia Astellan]

Bakta Wood avait rejoint la caserne proche de Kanti. La toundra était plus blanche que jamais et la neige n'avait cessé de tomber depuis son arrivée. Les entraînements se faisaient dans le vent glacial de la plaine désolée. Galmeth Kalh avait pris du grade et était devenu instructeur en ce lieu qu'il appréciait tant. Il griffonnait toujours autant, mais ces dernières semaines avaient été mouvementées : les nouvelles recrues lui donnaient du fil à retordre. Elles étaient toutes civiles, et resteraient très probablement civiles après leur passage ici, et cela le désespérait.

Galmeth faisait son petit tour avant le repas du soir. Il prenait soin de vérifier que les vigies étaient à leur place et y resteraient jusqu'à la relève. L'instructeur se montrait particulièrement dur avec les tirs aux flancs en tout genre. Il paraissait strict, parfois intolérant, mais c'était là sa bienveillance qui s'exprimait. Il demeurait, en vérité, fondamentalement gentil, pendant ses permissions.

L'Arkanien débarqua dans le centre de communication. Les deux soldats présents se levèrent pour le saluer et lui remettre un rapport oral rapide. Quelques messages généraux, quelques messages pour la caserne, et plusieurs communications personnelles. Avec un soupir, Galmeth consulta la liste, puis il se dirigea vers le réfectoire où il fit son annonce après avoir réclamer le silence en frappant sur une table.



« Les soldats Maler, Hivki et Wood ont chacun reçu une comm'. Ils peuvent aller la consulter dès maintenant. »

L'instructeur Kalh quitta la grande salle d'un pas décidé, il n'avait pas fini d'inspecter la seconde cours.



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La console principale de la salle des communications clignotait. Trois soldats étaient invités à se rendre sur des consoles privées pour consulter leur courrier. Celui de Bakta Wood était un peu particulier.



Monsieur Wood,

Nous avons étudié votre candidature et avons le plaisir de vous annoncer que votre profil a été retenu pour le poste d'ingénieur consultant chez ASAD Novania.
Je vous invite à nous contacter rapidement pour un entretien de confirmation avec l'un de nos managers.
Bien cordialement,

Ester Narmelior
RH AéroSpatial Armement et Défense

[Hayden Kor'rial]

Le froid, c’était sûrement la caractéristique principale de la planète. Il faisait tout le temps froid. Son casque de protection était gelé et ses habits rigidifiés par la glace. Bakta néanmoins s’y plaisait, car celui lui rappelait ses douces années de jeunesse, dans les camps d’entraînement de l’empire. Les standards y étaient sensiblement les mêmes, alors il n’était pas trop dépaysé. Quoi que les entraînements sous la neige, c’était autre chose que dans les plaines de verdure, mais qu’importe. Il s’y plaisait et la sueur gelée qui perlait sur son front valait bien toutes ses années de labeurs derrière un bureau. Il se ressourçait, et c’était le principal pour l’instant. L’instructeur Kalh était le genre de personne qu’il aimait bien. Grande gueule, il faisait peur aux novices mais était respecté par tous. Bakta n’entretenait avec lui pas d’autres relations que celle d’un soldat et de son commandant. C’était à peu près pareil avec les civils avec lui. Wood n’avait pas à avoir de relations pour le moment avec quiconque tant qu’on ne l’avait pas installé dans une unité. C’est là où il pourrait commencer à faire ami ami. Sinon, les gars avec qui il était étaient pour la plupart sympas. Souvent, c’était des gens qui en avaient marre de leur vie de misère et voulaient s’investir davantage pour leur planète. Il y avait également quelques tolards, mais cela on ne pouvait jamais les éviter. Comme à l’époque, il faisait tout pour se diriger dans les escouades de tireurs d’élite. C’était là où il était le plus efficace et c’est là qu’il voulait aller. Du reste, il ne lui restait plus qu’à montrer sa motivation.

Le matin de la communication, il était sorti du lit très tôt, profitant de la pénombre ambiante pour être seul. Dans le froid de cet hiver sans fin, il repensait à sa planète et à ses amis laissés dans la zone de guerre. Patience, c’était le maître mot de toute cette organisation. La patience. Plus tard dans la journée, il lut le message avec une esquisse de sourire. Le dirigeant n’avait pas trop tardé. C’était un gars bien, soucieux de son peuple et remplie de cette hargne bien connue. Ils parlaient tous les deux le même langage, cela le rassurait. De la console, il envoya une confirmation de lecture et envoya une réponse positive, pour un entretien dans la semaine qui suivait, pendant sa période de permission. Un message très court, cordiale soit, mais court. Il devait rester le plus neutre possible. Après cela, il ferma la console et s’en alla à ses occupations.

Une semaine plus tard, il se présenta en costume sur le lieu que l’entreprise lui avait indiqué : ASAD Novania.

[Elysia Astellan]

Si la candidature était factice, l’entretien, lui, était bien réel, et le manager qui se tenait face à Bakta n’était pas décidé à lui donner un emploi si facilement. La petite salle où ils se tenaient tous deux était éclatante de sobriété : une table et deux chaises. Les affaires de Bakta avaient été enregistrées et déposées à l’accueil dans un petit casier portant le numéro 23, on lui avait également confisqué sa carte d’identité et remis un badge visiteur qui donnait le droit d’ouvrir la porte des toilettes et le gratifiait d’un accès aux distributeurs d’eau fraiche.

Le manager inspectait, encore, le dossier du Mutant. Un air dépité, parfois dégouté, de petits coups d’œil en direction de son interlocuteur, le tout couronné d’un profond mépris : l’Arkanien ne comprenait vraiment pas pourquoi Ester avait dit oui à ce gars-là, dont le parcours était médiocre et qui avait une tête de tueur. Il se décida enfin à parler.


« Je me ferai, pendant cet entretien, le porte-parole de la société ASAD. Ce nom vous évoque-t-il quelque chose ? »
La question, au fil des entretiens, était devenue purement rhétorique. Le manager n’attendit pas la réponse et enchaina.


« ASAD fut fondé par la famille Civicius dans le but de développer ce dont manque cruellement Arkania : une véritable industrie aérospatiale. Nous fabriquons en effet des armes de points, des blasters en tous genres, des canons, et la plupart des composants d’une bonne arme de guerre. Mais pas de vaisseaux spatiaux. »
Une grimace tordit la bouche du manager, la situation lui brisait le cœur, comme si toute sa vie dépendait des futurs projets ASAD.


« Au jour d’aujourd’hui, ASAD conduit plusieurs projets dont l’objectif final est la mise en place d’équipes permanentes pour la recherche, la conception, le développement et la production de véhicules spatiaux armés 100% Arkaniens. C’est pourquoi nous avons besoin, pendant cette phase de transition, de consultants qualifiés aptes à réorienter les bureaux d’études actuels vers notre nouveau domaine de prédilection. À termes, les plus méritants se verront offrir une place de choix dans les équipes de conception et de développement, chez ASAD, mais également dans les futurs projets gouvernementaux. »
Il en avait fini, il avait bien récité, et apprécia un instant le silence apaisé qui suit toujours un beau discours. Il restait à savoir si ce Bakta Wood était méritant …


« Si vous n’avez pas de questions nous allons passer à votre entretien. J’ai plusieurs questions à vous poser, soyez le plus précis possible dans vos réponses. Merci. »
Un sourire narquois étira les lèvres de l’Arkanien dont les yeux blancs scrutaient les moindres réactions de Monsieur Wood. Les questions commencèrent.


« Pouvez-vous, dans un premier temps, me résumer votre parcours ?
Pourquoi avoir choisi de vous engager dans une formation militaire après votre premier emploi ?
Pourquoi avoir choisi ASAD ?
L’aérospatial est un domaine qui demande de la rigueur. Quel est votre niveau de rigueur ?
Quel intérêt portez-vous aux engins de transport interplanétaire ? Et aux vaisseaux de combat ?
Avez-vous déjà eu une équipe sous votre direction ?
Quelle évolution envisagez-vous pour vos trois prochaines années professionnelles ?
Que pouvez-vous apporter à la société ASAD ?
Pensez-vous que vos origines Mutantes soient un handicap pour un poste à responsabilités ? »

[Hayden Kor'rial]

Bakta était donc là, dans ce grand bureau avec cette grande personne, une plaque de métal sur le visage. Son œil gauche était le seul à voir, tandis que le droit lui donnait une vision plus « robotisée » des choses. Les pieds à plat, les mains jointent au niveau de la table et le dos droit, Wood regardait avec insistance celui qui allait être son bourreau. Il avait l’air d’être un type bien et honnête, mais était-il compétent ? La première technique qu’il opta fut de tenter de le déstabiliser en regardant son dossier. Et quel dossier … Lui-même ne se serait pas engagé … Mais bon, le challenge n’en était que plus amusant. Une première question rhétorique et il expliqua le fonctionnement de l’entreprise. Une entreprise qui comme la sienne avait subi la crise de plein fouet. Il ne s’était jamais rendu compte à quel point son peuple était autant dans le besoin, mais passons. Le manager l’appelait à l’aide, cela se sentait. Dès qu’il termina sa longue tirade, Bakta profita du temps de pause pour déclarer :

-Avant que l’on commence cet entretien, je tiens à vous remercier pour la chance que vous me donnez, vous ne le regretterez pas, soyez en sûr.

Un mince sourire s’étira sous son masque alors que sa peau brûlée devait normalement le faire souffrir le martyr. La course commença 5 minutes après que le silence retombe.

-Mon parcours à réellement commencé lors de ma treizième année. Enfant déjà, ma passion pour l’aérospatiale m’a poussé à m’inscrire à l’ISDAA. J’ai étudié tout le long de ma scolarité, avant de me tourner vers un poste de technicien hydraulique et thermique. Mes activités tournaient essentiellement autour de la maintenance d’une installation hydraulique qui alimentait la capitale en électricité. Malheureusement, un accident dans la centrale a causé des dommages irrémédiables sur mon visage. Mon investissement au sein de l’entreprise m’a permis de sortir du lot et d’être nommé au rang d’ingénieur. L’entreprise déposa le bilan quelques mois après pendant la crise.

Il fit une pause après avoir récité lui aussi sa leçon.

-Après la perte de mon emploi, j’ai décidé de m’investir plus encore dans la vie de ma planète, et c’était pour moi un bon moyen. Je reste au service d’Arkania et de notre dirigeant.

-ASAD est ce que je me plais à appeler une entreprise émergente avec un potentiel énorme. J’ai choisi cette entreprise car elle est pour moi la plus apte à pouvoir collaborer. Vous avez besoin de moi, comme j’ai besoin de vous. C’est une coopération dont les fruits ne peuvent être que juteux.

-J’ajouterai à votre question que l’aérospatial demande également un investissement de soi. Créer, innover ou entretenir des vaisseaux ce n’est pas comme s’occuper de son speeder personnel, non. Ma rigueur à ce niveau-là est sans faille. Je me veux être le plus irréprochable quand il s’agit de vaisseaux. Des vies Arkaniennes vont plus tard embarquer dans nos futures créations, cette seule constante devrait obliger tout ingénieur à être irréprochable.

-Les engins de transport planétaires sont ce qui nous relie avec le reste du monde. Sans eux, nous sommes enfermés sur nous-mêmes, sur notre planète. Notre économie a besoin d’une ouverture vers le monde. Quant aux vaisseaux de guerre, ils sont ceux qui nous protègent des agressions extérieurs, mais ils sont également le rayonnement de notre puissance et de notre indépendance. Dans un cas comme dans l’autre, l’aérospatial reste ce pourquoi je suis né.

-Oui, j’ai déjà eu des équipes sous ma direction, même plusieurs. Nous avancions avec la politique économique de l’entreprise, ensemble.

-Dans les trois prochaines années, je vois une entreprise à l’avant-garde des plus grands projets d’Arkania, de la galaxie même. Je me vois ingénieur, mettant en place ces projets.

-Je peux apporter l’innovation et la créativité à cette entreprise. Même si la crise ne l’a pas détruite, elle n’en reste pas moins très affaiblie.

-Nullement. Un être vivant est un être vivant, avec ses qualités et ses défauts. L’ordre nouveau instauré jadis par l’empire ne prenait pas cela en compte, et c’est ce qui a causé sa perte.

Voilà qui était fait, il s’était vraiment vendu. A voir s’il avait touché le manager ou pas.

[Elysia Astellan]

Était-il à ce point sûr de lui ? Ou n’était-ce qu’une façade qui s’effondrerait d’un simple coup de vent ? Le manager se posait des questions. Un parcours banal pour des ambitions grandioses. Le contraste était frappant. Et puis ce visage … Et puis cette audace … Il était évident qu’un Mutant ne pouvait pas sérieusement prétendre à un tel poste. Même ceux qui faisaient les plus hautes études avaient du mal à se placer sur des postes à responsabilités. Mais il avait cette passion de l’ingénierie, un bon atout. Et puis, s’il était réellement compétent, chacun reconnaitrait son mérite, mais, en tant que Mutant, ne serait pas méprisé de ses congénères techniciens. Encore un bon point pour un consultant. Il n’avait qu’à déclarer une période d’essai, on verrait bien. Le manager revint à Monsieur Wood, il tria ses pensées et se leva pour conclure.


« Je n’irai pas jusqu’à dire que vous êtes l’homme de la situation, mais je ne doute pas de votre potentiel. Cependant, l’envie ne fait pas tout, Monsieur Wood, il vous faudra être à la hauteur et dépasser nos espérances.

Je vais être franc avec vous, vous avez le bon profil : vous avez fait la bonne école et avez le mérite d’avoir reçu un enseignement militaire considéré comme indispensable chez ASAD. Nous travaillons avec des militaires, souvent pour des militaires. C’est votre beau discours que j’ai du mal à digérer : vous serez un petit nouveau ici, préférez penser que vous êtes médiocre, votre mérite sera d’autant plus grand. »
L’Arkanien abandonna un instant son costume de manager. Il en voyait passer tous les jours, des Purs, des Mutants, des Yakas, qui rêvaient de vaisseaux et d’étoiles. Il se rassit et planta son regard froid dans les pupilles de Bakta.


« Votre contrat commencera par une période d’essai. Vous devrez jongler entre les techniciens, les militaires et les ingénieurs prétentieux. Ceux-là, ces ingénieurs, seront tous des Arkaniens de pur-sang, et ils ne veulent pas de vous parmi eux. Faites-moi le plaisir de les surpasser et d’obtenir à leur place les accréditations pour travailler sur les projets gouvernementaux. »
Il lui adressa un sourire forcé, rajusta sa veste puis se releva.


« Monsieur Wood, ce fut un plaisir. Vous embaucherez au début du mois prochain. D’ici-là, le département management vous contactera pour les détails contractuels. N’hésitez pas à nous joindre si vous avez des questions. Et je vous ferai parvenir le descriptif exact de votre mission. Bienvenue chez ASAD. »
Il lui serra la main et le fit raccompagner à l’accueil.


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La société ASAD n’avait pas été choisie par hasard. Elle n’avait pas été sélectionnée pour ses beaux projets, son dynamisme ou son rayonnement, mais uniquement pour sa politique de recrutement. Le gouvernement, envers et contre tous, encourageait les entreprises à recruter des employés de toutes origines, y compris Yakas et Mutants. Beaucoup avaient encore du mal à se faire à cette idée, mais Civicius avait compris que la diversité lui donnerait l’initiative sur bien des projets. La cupidité avait pris le dessus sur un racisme latent, les PDG et managers des entreprises du clan avaient pour ordre de recruter des compétences, et uniquement des compétences.

Si Bakta Wood brillait chez ASAD, il pourrait accéder aux projets aérospatiaux de premier ordre, encore en discussion au Conseil Militaire. Il pouvait suivre la même voie que Neila, elle faisait désormais partie des hautes sphères : Conseillère du Monarque, un beau privilège. Mais ça, Hayden Kor’rial ne pouvait se le permettre, il devrait rester dans l’ombre, une ombre brillante.

[Hayden Kor'rial]

L’équipe était au grand complet. On le regardait de travers, on susurrait dans son dos. Mais cela n’était que le début d’une relation entre un groupe de jeunes et lui. Dans une équipe d’ingénieur, il ne fallait pas s’attendre à avoir des vieux, si l’expression ne choque pas. Bakta le regard dans le vague regardait à travers la baie vitrée les allées et venues des vaisseaux de marchandise. Une énorme plateforme où l’on aurait pu poser un croiseur entier, et qui serait sans nul doute le lieu où le premier vaisseau allait voir le jour. Son engouement et son avis n’avait plus de limite. Il était prêt à partager son savoir de Kuati à Arkania. Que cette dernière resplendisse, c’était un bien moindre paiement pour les services qu’elle lui rendait. Bakta se retourna et de son œil fixa l’équipe, autour d’une table holographique. La projection, il l’avait déjà vu plusieurs fois, étudié encore et encore pour au final l’installer sur des allégeances de plusieurs kilomètres de longueur. De bien belles pièces. Il s’installa autour de la table avec les autres, quand le silence se fit et tous les regards se tournèrent vers lui, certains plus inquisiteurs que d’autres.

-Banal. Se contenta-t-il de dire.

L’un des ingénieurs se redressa d’un bond et le pointa de son index.

-Ecoute bien le mutant, t’es peut-être notre chef, mais c’est tout. Je ne sais même pas pourquoi t’es là. Tu penses que ça c’est banal ? Bah va te faire foutre. On a mis plusieurs mois à le mettre en place, alors que toi tu trainais encore dans ton taudis.

Bakta ne le regarda pas mais les Arkaniens s’écartèrent tous légèrement de lui. Il s’installa devant la console et pianota sur les quelques boutons.

-Putain c’est quoi ton problème, tu …

-Banal, ne veux pas dire que c’est du mauvais travail, le coupa-t-il. Vous avez refait un réacteur de vaisseau spatial en plusieurs mois, en réinventant un système déjà existant. Nous sommes d’accord avec cela ?

Il leva la tête et toisa l’équipe. La forte tête du nom de Buck plissa les yeux. Sa curiosité avait été piquée.

-Ce moteur ionique est à quelques différences près celui d’un destroyer impérial. En fait, la différence c’est le logo de l’entreprise. Vous voulez quoi ? Etre des constructeurs ou des innovateurs ?

Il les fixa un à un alors que le silence venait de tomber, le silence était presque funeste. Après avoir eu leur intention, il devait leur montrer comment faire.

-Le principal, ce n’est pas de construire gros, c’est de multiplier. Imaginer un cercle en deux dimensions. Qu’est ce qui forme la couleur ? C’est la multitude de pixel le composant. Là c’est pareil. Les grilles ne bougent pas, mais on va y installer plusieurs projecteurs à électron autour d’un même axe. Quand vous abaissez le diamètre d’un tuyau, vous augmentez le débit. Il se reproduira exactement la même chose. On sera perdant au niveau du prix en revanche. Un gros injecteur reste moins cher que 8 à 12 plus petits.

L’image s’afficha, modifiée légèrement. Les armes Arkaniennes vont être très cher, mais d’une qualité à tout épreuve. La population visée ne sera pas le petit pirate, mais les gouvernements, toujours avides de guerre. L’empire pourrait même en acheter, qui sait ? Pour une même masse, on aurait un gain en vitesse qu’il faudra calculer, restait plus qu’à savoir la hausse du prix que cela engendrerait. Bakta les vit, les étoiles dans leurs yeux. Pour ceux qui sortaient de l’école, avoir construit un réacteur à ion, c’était déjà pas mal. Pour celui qui avait dirigé la planète qui les avait créé, les améliorer était une évidence. Un silence plana, certains prirent des notes. D’autres comme Buck regardèrent avec insistance les composants et suivaient les fils avec son index. Non, cet engin était irréprochable et il était basique. Le progrès, ce n’était pas créer des objets qui changent la vie, c’était d’utiliser des objets de la vie pour les rendre plus performants. Ainsi était son point de vu. Les PF1 n’en était que l’exemple le plus typique. Les foreurs existent depuis la nuit des temps. Il en a fait un robot tellement simple qu’à sa vue on ne pouvait que dire : « Ah oui, il fallait y penser ». Là allait le progrès. Il ne nécessitait qu’une petite étincelle, une lumière qui s’allume, une idée. Le reste suivait. Les jeunes allaient très vite le comprendre, si ce n’était déjà fait.

La porte derrière lui s’ouvrit, laissant entrevoir un gars chauve aux allures de fantôme.

-On m’a dit qu’un mutant était chef d’une équipe. Vous pensez pouvoir mettre au point un grille-pain spatial ?

Bakta se retourna. Lui, il ne l’avait jamais vu. Un ingénieur ? Sûrement, il n’était pas de la sécurité en tous cas. En emmerdeur de raciste, comme tous les autres. Bakta s’approcha de lui et lui tendit la main.

-Ravi de vous rencontrer également. Je peux vous aider ?

-Ouais, je viens voir sur quoi vous travaillez.

Sur ses mots, il le poussa d’un geste violent, le faisant tomber, et s’approcha de la console. Buck sauta presque sur cette dernière et l’éteignit.

-Notre grille-pain ne t’intéresse sûrement pas Alhreim. Barre-toi.

Le chauve le toisa, et grommela avant de rebrousser chemin. Buck s’approcha de Bakta te lui tendit la main pour l’aider à se relever.

- Ca ce n’est pas banal. Le moteur pourrait avoir des performances bien plus élevées que les autres. J’veux bien travailler avec toi pour faire de la technologie de pointe, chef …

[Hayden Kor'rial]

-Deuxièmement, le nerf de la guerre se trouve dans l’information. Si vous avez des croiseurs d’une très grande qualité, une flotte a coupé le souffle, mais que l’ennemi connait toutes vos tactiques, vos vaisseaux vont se faire déchirer comme une feuille de tissu.

A ses mots, il illustra ses propos en déchirant une feuille. Il la laissa tomber à terre et alluma le projecteur holographique, dévoilant une sorte d’antenne, similaire aux radars traditionnels.

-Ce système est une technologie hybride entre les brouilleurs, les satellites holonet et les systèmes informations embarqués des croiseurs. Des remarques ?

Il repéra la main levée d’une des demoiselles de l’équipe. La jeune blonde avec sa blouse blanche portant un datapad entre ses bras menus, où elle notait les commentaires de Bakta.

-N’existe-t-il pas déjà cette technologie dans les systèmes embarqués des croiseurs de combat ?

-A la différence près qu’il n’y a pas de brouilleurs. Là aussi on parle d’une transmission et d’une réception normale mais brouillé pour l’ennemi. Ce n’est pas un problème de code, c’est un problème d’écran. Ne vous y trompez pas cependant, toutes personnes verront le brouillage ce qui annihilera la communication. Comment vaincre cela ?

Son œil gauche regarda un à un les jeunes. Il n’était pas leur professeur, mais à cet instant, c’était tout comme. Ce n’est pas le rôle qu’il voulait jouer, aussi préféra-t-il laisser quelques zones d’ombre sur la technologie. Il savait ce qu’il allait utiliser, mais de nouvelles idées seraient les bienvenus. Buck s’approcha et montra la base de l’antenne.

-Une reconnaissance de transpondeur ? Je pense que chaque vaisseau connaîtra l’indentification de son voisin, c’est même obligatoire, tout bon amiral le saura. Donc le système validera la présence des transpondeurs, ou non.

-C’est logique je pense. Mais si un ennemi copie le transpondeur d’un vaisseau de la flotte ? Demanda Bakta.

-Impossible en fait. Aucune identification ne peut être valide pour deux vaisseaux. La flotte reconnaîtra l’anomalie et suivant la formation adoptée, partant du principe que les scanners sont en marche, ils sauront qui est le bon vaisseau du mauvais.

-Alors à la limite, continua un gars aux cheveux noir, tout maigrelet. On a qu’à créer des transpondeurs typiquement arkaniens. Les vaisseaux sortiront de nos usines après tout. Autrement dit, si deux vaisseaux auront le même transpondeur, cela voudra dire qu’il y a une taupe dans les chantiers, et la sécurité se chargera du reste.

-Pourquoi pas, admit Bakta. Pourquoi pas. Evaluons chaque problème. Nous aurons le copiage du transpondeur, qui pourra vite être surmonté grâce à l’identification arkanienne. Sinon le système sera automatique relié à la flotte via les antennes. La coordination et la rigueur de nos flottes devra être optimale. Une erreur entraînera la mort de nos soldats. Il faudra le préciser. Je vous propose d’inclure néanmoins un système de marche arrêt sur le brouillage. On ne sait jamais ce qu’il peut se passer dans l’espace. Nos gars auront besoin de communiquer, en toutes circonstances.

Tous acquiescèrent. La question des communications était terminée. Le système n’aurait plus qu’à être mis en place. L’antenne ne serait donc que le capteur. Elle se diviserait en deux appareils distincts. Un réservé à la communication, l’autre au brouillage. Si l’antenne est détruite, tout est détruit. C’est pour cela qu’elle sera dissimulée sous la coque des vaisseaux, avec ouverture sur l’arrête centrale. Tous les vaisseaux arkaniens seraient désormais équipés de ce procédé si cela était validé par la grande direction. Il était temps pour eux de passer au plus important, c’est-à-dire la création de ce qui allait devenir la flotte Arkanienne.

[Hayden Kor'rial]

Et les voilà pour le dernier round, celui de la construction d’une coque solide. Un blindage tiré directement de ses propres créations. Un de ceux jamais utilisé par ses anciens patrons. Bien tort avaient-ils de ne pas considérer ses créations comme des moyens de suprématie. Ils n’ont même pas voulu y voir le moindre intérêt, s’évertuant à s’enfoncer dans des stratégies vieilles de trente ans. La guerre évoluait, et les machines également. Ils l’apprendraient à leur dépend. Quoi qu’il en soit, on en était là. Les gars travaillaient d’arrachepied pour mettre au point un blindage qui existait déjà. Il fallait que cela soit une découverte, et non une reprise. Il s’infiltra dans les rangs.

-On a quoi comme métaux résistants ?

C’est Buck qui prit la parole :

-Ca dépend, Duracier, Ultrachrome … Y’en a plein en fait.

-Oubliez tout ce qui est trop cher et introuvable. On garde la base du duracier. C’est solide, ce n’est pas cher et tout le monde est bien être caché derrière. Par contre on peut trouver un alliage encore plus solide, et encore plus lourd. Qu’est-ce que vous connaissez des vaisseaux existants ?

Une pause, puis une des femmes répondit :

-Les croiseurs Mon cal tirent leur résistance de leurs triples boucliers mais leur blindage est conventionnel, même pour les destroyers impériaux.

-Donc on est dans une impasse ? Tout ce temps de travail pour s’entendre dire que l’on n’y arrive pas ? Allons les gars, ne pensez pas comme des faiseurs de plans, réfléchissez à tous les paramètres. Prenons l’exemple des destroyers impériaux. La zone faible c’est le générateur à ionisation solaire. Or, qu’est-ce que la guerre nous a appris ?

Nouveau silence. Tous se concertèrent du regard sans comprendre où il voulait en venir. Enfin, l’un d’eux, perdu dans ses pensées releva la tête.

-Les pilotes républicains n’ont jamais attaqué ces générateurs, visant principalement les générateurs d’écran déflecteur sur le dos.

-Exactement, surenchérit Bakta. L’alliage qui entoure ce genre de destroyer est tel qu’il ne peut pas être détruit. Sa position également sur le vaisseau en fait quelque chose de très difficile à toucher. Vous allez me dire, pourquoi ne pas l’avoir mis sur tout le vaisseau ? Car ce blindage est très lourd. Dans l’espace, le problème de la masse va résider dans le déplacement du vaisseau. Et vous savez le meilleur ? Nos réacteurs sont bien meilleurs que ceux des destroyers, annulant ce poids supplémentaire.

Des sourires s’égaillèrent tandis que d’autres cherchaient encore à comprendre. C’était évident pourtant. Trop de masse, donc plus de poussée. Mais le nouveau réacteur comblerait ce trop-plein et au final le futur vaisseau n’aurait pas un manque de vitesse, au contraire d’avoir un blindage bien plus puissant. C’était là toute la beauté des choses.

-Mais donc, s’éleva une voix dans l’assemblé, comment on va faire pour mettre en place un alliage comme cela ?

-Deux métaux faciles à produire et pourtant dont on ne soupçonne pas les qualités une fois ensemble ?

-Carbonite et Duracier. Dit l’un des gars.

-Exactement. Mais comme nous sommes des gens biens, nous allons également plusieurs types d’alliages, tel que le duracier et le phrik. Nous verrons bien ce que l’on va en tirer.

-Coût du réacteur
-Temps de recherche du réacteur
-Performance du réacteur

-Coût de la communication cryptée
-Temps de recherche de la communication cryptée

-Coût du blindage ultrachrome/Duracier

[Démence]

- Coût du réacteur
- Temps de recherche du réacteur
- Performance du réacteur

- Un réacteur ( et son apport d'énergie ) coûterait 1.250.000 crédits
- 2 mois pour 20.000.000 crédits
- Les performances en soit ne se mesurent pas exactement comme tu l'entends... enfin si évidemment, plus la masse du vaisseau est grande plus la prise de vitesse est grande, mais dans l'absolu, l'absence de friction spatiale permettrait d'arriver à un réacteur de X-Wing de propulser l'Executor ( ça prendrait trèèèès longtemps, mais mettons un apport éternel d'énergie, au bout de 100 ans l'Executor filerait à au moins 1.000 km/h )

Donc je dirais que les performances s'établiraient ainsi :

• Pour 1 réacteur engagé, la prise de vitesse serait de 30 MGLT par seconde sur un tonnage lourd, de 23 MGLT par seconde sur un tonnage moyen, et de 18 MGLT par seconde sur un tonnage léger
• Pour 2 réacteurs engagés, la prise de vitesse serait de 21 MGLT par seconde sur un tonnage lourd, de 16 MGLT par seconde sur un tonnage moyen, et de 13 MGLT par seconde sur un tonnage léger
• Pour 3 réacteurs engagés, la prise de vitesse serait de 15 MGLT par seconde sur un tonnage lourd, de 10 MGLT par seconde sur un tonnage moyen, et de 6 MGLT par seconde sur un tonnage léger
• Pour 4 réacteurs engagés, la prise de vitesse serait de 8 MGLT par seconde sur un tonnage lourd, de 5 MGLT par seconde sur un tonnage moyen, et de 3 MGLT par seconde sur un tonnage léger

Je vois pas quoi dire d'autre...

- Coût de la communication cryptée
-T emps de recherche de la communication cryptée

- 250.000 crédits par vaisseau.
- 2 mois de recherches, 55.000.000 crédits de recherche ( ça paraît lourd mais on parle d'un moyen de détourner les super-calculateurs de l'Empire qui feraient fi du premier algorithme aussi "basique" que celui-là, pense au masque jetable la prochaine fois )

- Coût du blindage ultrachrome/Duracier

Déjà, dans le texte tu parles tantôt de Carbonite / Duracier puis de Duracier / Phrik pour tomber sur Ultra-Chrome / Duracier ^^ donc dans le doute je vais parler des trois :

- Les alliages au phrik et ultra-chrome sont soumis de facto à la règlementation sur les métaux rares et doivent donc être déterrés à la main ou achetés sur un sujet dédié à prix d'or. L'estimation se feront en aval.
- Je ne connais pas la composition de la carbonite au niveau moléculaire et atomique, donc je saurais encore moins établir de niveau de métastabilité :/ mais vu la dureté apparente de la cage de Han, on peut supputer que c'est plutôt solide, en revanche pour l'alliage... Je dirais "oui mais", c'est à dire quand dans un environnement très froid ( genre l'espace ça passe ) la dureté équivaut à 130% du duracier classique, tandis que dans un environnement trop chaud ( plus de 100 degrés Celsius en extérieur ) l'alliage commencera à se ramollir et à ne faire que 20% de la dureté habituelle du Duracier. Je ne place rien sur l'exposition aux radiations solaires.

Le coût du blindage augmentera le prix des vaisseaux, mais aucune vraie estimation ne peut se faire sur cette base... En revanche il faudra 3 bons mois pour le développer correctement, ainsi que 30.000.000 crédits pour la recherche moléculaire la plus stable.