L'Astre Tyran

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Arkania, dans le système Perave, est une planète au climat inhospitalier. Couverte de toundra et de glaciers, elle abrite cependant de nombreuses mines qui sont sa principale source de revenus. Arkania est également connue pour ses centres d'expérimentation génétique qui furent à l'origine de la création de nouvelles races.
Gouvernement : Neutre - Accointances avec l'Empire
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By Harlon Astellan
#28953
Ecrasant.

S'il existait un mot pour commencer à effleurer la surface de la charge émotive déployée depuis peu. L'ovale qui attaquait depuis les murs les deux êtres enfermés dans cet endroit rond et effilé ne se fixaient plus que par les yeux. Les mots allaient et venaient, durs, blessants, trop peu doux. Il n'était pas venu un temps de baume placé sur les coeurs. Chacun pointait sur l'autre un couteau émoussé à la garde de rouille, chargé de rancoeur et de non-dits, des ustensiles qui n'avaient jamais été brandis que pour exprimer à tort une envie de s'asseoir à table comme une seule entité.

Harlon, du plus loin qu'il se souvenait, avait perçu ses mots comme porteurs de dégâts latents. Mais il était une chose qu'il n'avait, pour rien au monde, prévu en cet instant.

Ce qu'expliquait Elizabeth tombait sous le sens. Il n'y avait pas eu d'échange, par manque de confiance. On eut put être vexé, un temps ou une vie, de cet aveu, mais dans le monde sournois et empli de vipères rampantes qu'était la politique, se prémunir était la règle d'or. Pour autant, Harlon avait brisé l'omerta entourant cette tradition auprès d'elle. Un retour n'était pas attendu - tel résidait l'intérêt d'un acte désintéressé, aussi rares fussent-ils dans ce domaine - mais en l'absence d'un retour en question, aucune gentillesse ni considération n'était à exiger.

Deux choses, alors, se brisèrent. La voix de l'Arkanienne, après un moment d'égarement et d'aveu torturé, se laissa tomber dans les soubresauts éraillés... jusqu'à la démonstration d'un interdit, d'un tabou de la Haute. Un acte qui inspirait d'ordinaire mépris, rires gras et accusations de faiblesse.

Des larmes coulaient le long de la joue de la femme face à lui. Harlon écarquilla les yeux devant ce constat, tombant comme un couperet.

C'était sa faute... entièrement sa faute.

Harlon ferma son visage, plissa tristement les yeux, et inclina le menton, presque posé sur le gorgeret léger qui soutenait ses épaulières ornementales. La tête ainsi inclinée, dans une position d'humilité restreinte, il porta ses yeux sur le petit fleuve salé qui roulait sur le satin perlé d'une peau pâle. Il avança une jambe... la droite, qui se figea un bref instant. Il pouvait encore reculer... Renier tout ceci. Batailler avec les angoisses d'une femme sous l'emprise de tourments inconnus ? Supporter des caprices lunatiques ?

Il pouvait laisser là choire sa jambe gauche. La ramener au niveau de la droite, stopper, attendre, dos droit, menton levé. Charger son regard de ce mépris dont les nobles étaient si friands. Condamner en silence une preuve de faiblesse qui ne séyait pas à une Reine. La peine personnelle devait être tarie, enfouie, et ne se libérer qu'une fois le travail accompli.

Harlon fit alors un choix.

Un choix porté depuis le début. Depuis l'instant sur Télos où Elizabeth Civicius choisit de s'asseoir timidement à ses côtés, dans un jardin botanique artificiel, à admirer une plantation qui n'aurait pas dû pousser là.
Par le choix d'Elizabeth Civicius d'accepter de venir à lui une soirée. De lui pardonner un coup d'éclat qui aurait du le condamner.
Par une sincérité rare, et un éclat au fond de ces yeux d'ivoire poli, vides de tout mais tellement emplis à la fois.
Par cette bague acceptée sans coup férir, sans abuser de ses privilèges, sans user de son pouvoir pour s'y porter plus avant encore.

Harlon avança encore. Il ouvrit doucement les bras, plaça une main sur l'épaule gauche de l'arkanienne. D'un petit mouvement ferme et amical, comme celui d'un danseur de Bachata appelant à lui sa partenaire endiablée. De sa main gauche, il glissa jusqu'au creux des omoplates de la Dame, porta sa main à plat, doucement, sans forcer, dans sa nuque. Naturellement, il voulut l'attirer à lui. Laisser choire le visage embué de larmes au creux de son cou... Poser sa joue sur ses cheveux gris. Ramener sa main droite dans le dos d'une femme secouée par tant de choses.

Entre le mépris et la tolérance, il avait choisit autre chose. Il avait choisi le réconfort. Qui viendrait en son temps.

Il avait choisi en silence ce destin qui paraissait si peu reluisant. Celui de batailler contre des angoisses, survenues entre deux caprices lunatiques. Celui de porter un fardeau aveugle, qui lui restait hors de portée. De comprendre, mais sans savoir. De pardonner, sans jamais savoir quelle offense serait commise, ni quand, ni de quelle façon, ni dans quelle mesure.

Quand le temps des larmes passa, que les joues purent sécher au contact de l'air recyclé d'un bunker militaire, Harlon écarta doucement sa tête... courba l'échine, et mit ses mains en coupe pour soutenir tête et regard de l'arkanienne. Lui demander fermement mais sans douleur de le regarder. D'admirer ce qu'il lui offrait.

Ce qu'il lui offrait, c'était un visage sans trace, sans colère, sans mépris, sans rancune. Juste un visage affublé d'un sentiment de compassion, de compréhension, d'affection... et d'un sourire léger, comme une virgule en coin de phrase.

        « Elizabeth... »

Il essuya d'un revers du doigt une larme en suspens, abandonnée de ses congénères dans leur course folle vers le centre de gravité de tout un peuple. Une goutte perla au bout de ce doigt, réverbérant tout un monde les entourant, caléidoscope de misère saline échappée d'un corps qui ne laissait d'ordinaire rien s'échapper sans filtre.

D'un sourire amical, il reprit une façade plus alarmée.

        « Dites moi ce que vous voulez que je fasse... »

Des songes l'avaient conduit à cet instant. Il se demandait alors ce qu'il convenait de faire. Partir, déclamer son aide, discuter stratégie comme si de rien ne s'était passé... l'embrasser, peut-être. Mais ultimement, Harlon décida de ne pas imposer son impériale majestée. Il laissait en définitive un choix, le dernier. Tout serait ensuite scellé.

A tout jamais.
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By Elysia Astellan
#29112
    Quelque chose s'était brisé. Une Reine ne pleurait pas. L'Empereur pouvait partir maintenant et tourner le dos à ce souverain sans dignité. Mais au lieu de cela, il s'approcha, initia un contact imprévu et la guida lentement jusqu'à l'enlacer. L'Arkanienne se raidit au début de la manoeuvre mais abandonna finalement toute résistance, par envie du contact, ou par crainte de vexer Harlon, un subtil mélange des deux.

    Pendant un instant, elle resta blottie contre lui, le visage enfoui contre l'uniforme impérial rigide. Elle gardait serrées contre son coeur ses deux petites mains jointes. C'était inconfortable, mais réconfortant. Les sanglots se firent plus discrets, jusqu'à disparaître complètement. Elizabeth ne bougeait plus, l'esprit vide. Voilà, c'était terminé. Une partie du tourment c'était envolé, et on aurait pu croire que toute la peine avait disparu. Mais ce n'était qu'une impression de circonstances. Un mensonge du coeur.

    Puis il se détacha et Elizabeth laissa lentement tomber sa tête pour porter un regard coupable vers le sol. Elle n'osait pas le regarder lui. La peur du jugement. Harlon insistait cependant pour qu'elle relève le menton. Ses yeux suivirent le mouvement pour découvrir les traits sans colère de l'Humain. Avec douceur il chassa une larme égarée. Elizabeth réagit dans l'instant, avec maladresse, finissant d'essuyer son visage d'une main, l'autre tenant toujours fermement sa bague mordorée.

      « Pardon ... »

    Que devait-il faire ? La question était déjà trop complexe. L'Arkanienne retrouvait peu à peu sa consistance.

      « J'ai ... »

    Elle cherchait des yeux un point du visage d'Harlon sur lequel elle aurait pu fixer son regard.

      « Vous pourriez rester ... quelques jours ... nous avons beaucoup de points à aborder ... »

    Elle guettait avec anxiété la réaction de l'Empereur. Il n'eut toutefois pas le temps de répondre.

      « Pouvez-vous m'accorder quelques jours ... ? »

    C'était une demande extravagante en ce temps de guerre déclarée par un ennemi si mystérieux. Elizabeth cependant craignait de voir repartir Harlon aussi si vite qu'il était arrivé.

    La main libre de l'Arkanienne chercha à l'aveugle un contact, elle se posa sur le bras de l'Empereur, légèrement crispée.
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By Harlon Astellan
#29225
Une autre preuve. De sa part. Dans un énième instant de faiblesse, il se laissa aller au pardon inconditionnel. Il se demandait parfois ce qui pouvait bien l'attirer chez cette femme. Elle n'était pas plus ambitieuse et enviable que certaines autres personnes du Nord au Sud galactiques. Il se sentait pourtant, toujours, le besoin d'un contact, même lointain. Quand il aurait du la secouer et lui donner une paire de claques, comme il aurait du le faire à propos de l'Union.

Encore maintenant, il se laissait aller à l'enlancer tendrement. Il aurait aussi bien pu comprimer ses bras. Il avait la force de l'étouffer avant de serrer son cou. De lui briser la nuque en passant sa main subtilement dans son dos selon un angle parfait qui n'éveillerait pas le moindre soupçon.

Pourtant, il laissa là les mains serrées en petites boules de chair inerte et froide, leurs uniformes rafraîchis ne faisant pas taire une chaleur qui se dégageait de l'étreinte. Harlon laissa son nez respirer doucement une odeur parfumée, venue des cheveux de l'Arkanienne. Une douce odeur qui lui fit fermer les yeux, le laissant avec l'idée de savourer le paysage qu'il se fantasmait plutôt qu'en sentant bêtement l'effluve.

Elizabeth pleurait. Il devait composer avec cette information. Quelque part, dans son choix de mot, dans la réponse de l'Arkanienne, se cachait la source d'un tourment intrasèque puissant. Lequel était-ce ? Un indice subsistait : la phrase déclencheuse. Morte dans l'oeuf. Un évènement. Tout avait du se résumer à un évènement.

Eliabeth s'eesuya brutalement les yeux d'un revers de main mal assuré. Elle semblait encore bouleversée. A l'intérieur, Harlon ne possédait pas tellement plus de constance, mais il se devait d'afficher une image forte. Il fallait toujours quelqu'un pour rester ferme. Si tout le monde fondait, le sol ne serait plus composé que d'une grosse flaque amalgamée de bleu marine et de blanc nacré.

Et, la demande, soudaine.

    « Pouvez-vous m'accorder quelques jours ... ? »

Il devait avouer ne pas s'y être attendu. Au contraire. Il pensait se voir demander de partir. De la laisser seule. De revenir plus tard.

De ne jamais revenir.

Pourtant elle lui demander de rester. Quelques jours. Une semaine ? Il aurait du se fermer. S'emporter, signaler que c'était la guerre, qu'un ennemi menaçait, qu'il avait une grande nation à protéger, qu'il n'avait pas que ça à faire. Qu'ils devaient arrêter les enfantillages et terminer ce qu'ils avaient commencé.

Il aurait du. Pourtant il ne s'y résolut pas. Il ne le souhaitait même pas. En cet instant précis, là, à côté d'Elizabeth Civicius, Harlon Astellan eut une pensée unique. Celle que l'Empire, pour une fois, pouvait bien aller se faire foutre.

        « Oui. »

Son bras sembla hameçonné par une main fragile, qui se raidit un instant à peine posée sur lui. Une boue de sauvetage, peut-être. Un écho désespéré d'un émoi tari. Harlon fit habilement glisser son bras pour prendre cette main pleinement, laissant glisser ses doigts entre ceux, plus fins et moins nombreux de l'Arkanienne. Il enserra doucement la petite chose, reporta son regard agrémenté d'un sourire rieur sur la Dame, l'enjoignit d'un geste de son autre main de le suivre. La table trônait là, inutile pendant un temps, et maintenant porteuse d'un office complet. Harlon tira doucement une chaise et enjoignit Elizabeth de s'y asseoir.

De quelques claquements secs, il se défit de sa cape, sa surcape et ses épaulières ornementales. Posés sur le dossier d'une chaise à deux emplacements de celle d'Elizabeth, il se retrouva en un éclair en simple pourpoing de cuir, tunique élégante tombant mi-cuisse sur une chemise noire de coton fin, agrémenté d'un pantalon de lin coloré de sombre. Il tira du milieu de la table une carafe d'eau cristalline et un verre à fond plat dont il remplit le fond du liquide précédent.

Il s'assit à côté d'Elizabeth, tout tourné vers elle. Pas besoin de protocole ici. On s'asseyait pour ne pas feindre. Il tendit le verre plein à Elizabeth.

Et brisa un tabou.

        « Maintenant Elizabeth... dis-moi tout. »
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By Elysia Astellan
#29416
    Elle se retrouvait assise à côté de lui, un verre d’eau entre les mains. Elle hésita un instant, contemplant le liquide translucide. Elle n’avait pas soif, et pourtant s’agrippait à son verre. Il avait dit oui, d’accord pour rester. Elle but finalement une gorgée.

    Elizabeth était désespérément perdue, à des années-lumière de ce bunker froid. Sa pensée vagabondait sans but défini. La tristesse s’était envolée, il ne restait qu’un grand vide. Oui, sans cette peine, elle était vide. Elle n’avait cependant pas atteint sa destination, et demeurait immobile, après avoir parcouru la moitié du chemin.

    Elle n’avait même pas conscience que l’Humain franchissait des limites qu’elle ne voulait pas voir violées.

      « Harlon … »

    Rien ne vint. Un silence, comme après une phrase nettement ponctuée. Après ce long moment de mutisme, elle leva les yeux vers lui.

      « Je n’ai rien à dire. »

    Non, rien. Que pouvait-elle raconter ? Ses traumatismes ? Ses angoisses ? Ridicule … Elle en était incapable. Incapable de se confier, de partager. Elle vivait et évoluait résolument seule, depuis dix années. Elle aurait voulu qu’il le comprenne sans qu’elle n’eut rien à lui dire, simplement qu’il le devine, pour préserver ce beau silence, et qu’il accepte d’attendre que la glace fonde.

    Mais il était évident pour Elizabeth, que si l’Empereur n’obtenait qu’un ‘non’, il se lèverait, et repartirait pour de bon. Dans un murmure, à peine un souffle.

      « Je ne veux pas en parler. Je n’y arrive pas. »

    Les Siths, voilà un sujet de conversation approprié, de quoi mettre à l’aise tout le monde. Mais pour rien au monde Elizabeth ne voulait parler d’elle. Vider son sac, dit-on ? Mais pour quoi, et pour qui. Il n’y avait pas d’intérêt autre qu’une curiosité morbide, et elle n’en voulait pas. Ses erreurs passées étaient siennes, et Elizabeth ne voulait pas les partager. Elle ne demandait qu’une épaule pour pleurer, pas une oreille pour écouter avidement les récits d’une vie ratée. Cette vie, celle qu’on renie, qu’on oublie. Et dans laquelle on ne se reconnait pas. Ce n’était qu’un rêve lointain, si flou qu’on peinait à le raconter au matin. Il laissait une marque indélébile, mais on se trouvait incapable de le décrire.

    Harlon était là, devant elle, et elle ne l’avait pas lâché des yeux. Elle implorait en silence.

      Ne pars pas.

    Le voir partir. Sa seule véritable crainte. Qu’il disparaisse de son paysage. Elle aurait pourtant tout fait pour le faire fuir.

      Ne m’abandonne pas.

    Elle s’interrogeait. Pourquoi resterait-il, à la regarder pleurer et geindre. Elle lui avait promis une vie de malheur. Aucun homme ne pouvait vouloir un tel fardeau. Pourquoi restait-il alors, après avoir assisté à toute cette pitoyable scène. Forte de cette constatation, elle força une courte explication malaisée.

      « Je ne vis qu’à travers ma fonction. Je n’ai pas envie de voir qui est Elizabeth … et je pense que vous ne voudriez pas non plus. »

    Sans sa couronne, la Reine n’était plus rien. La petite personne sous cette royauté avait disparu depuis longtemps, et quand le temps de rendre le trône viendrait, Elizabeth s’évaporerait, inconsistante sans ce titre inutile, cette mission à accomplir. Incapable de s’adonner à autre chose.

    L’Arkanienne avait replacé la chevalière autour de son doigt. Elle avait lâché son verre et n’osait tendre à nouveau la main vers Harlon.
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By Harlon Astellan
#29478
Un mélange de tout se bousculait. Amalgamant la peine, la compassion, l'envie et un peu de mépris, l'Empereur, si haut si fier, observait une femme réduite à l'état de poupée qui pleure. Agrippant son verre comme une dernière amarre à la réalité, menton enfoncé, les yeux vides, silence pesant. Un spectacle indigne d'un chef d'état. Les deux s'étaient étrangement comportés depuis quelques minutes, un spectre étendu entre des comportements colériques, accusateurs, et peureux. Elizabeth semblait aussi triste et silencieuse que n'aurait put l'être un enfant prit en flagrant délit. Mais nul sermont ici. Pas verbal, du moins. Peut-être que la Reine se sentait jugée à une valeur biaisée. De Reine autoritaire, elle retombait dans un état fragile, un embryon en déploiement. Qu'un coup de vent aurait emporté.

Harlon, tout aussi malheureux eût-il été, ne se sentait pas l'âme de s'affaiblir. Dans ce duo improbable, dont la teneur des échanges restait confuse, Harlon ne pouvait pas se permettre d'être le faible. Dans un malheur, il fallait une larme, et une épaule. Harlon ne pouvait se donner le rôle de la larme. Elizabeth semblait trop perturbée par ce qu'elle refusait encore de dire pour qu'elle dût porter à son tour le peu de misères matérielles qu'avait du endurer Harlon. Le deuil de son frère était porté, et la douleur était passée avec le temps. Sa douleur était devenue philosophique... quelque chose de plus enfoui. Un mal ordinaire. Une triste compagne. Peste qui murmurre.

    « Harlon … »

Une victoire, petite, mais une victoire. Pas d'éclair dans les yeux alors qu'une barrière se brisait. Un petit tic, une narine qui frétille. Bon. Un test. Raté. Dommage... Harlon aurait aimé qu'elle le voit comme plus proche. Mais en fait il se rendait compte qu'il ne s'en sentait pas proche spécialement non plus. Quelque chose pouvait naître, mais l'introduction de toute histoire entre eux d'eux ne venait pas de s'achever. Peut-être que pour commencer quelque chose, il fallait un évènement... une action brève... un Big Ban de plusieurs milliards d'années démarrait sur une fission atomique d'un dixième de seconde après tout. Peut-être n'aurait-il fallu que ça.

Un signe. Une ouverture. N'importe quoi...

    « Je n’ai rien à dire. »

N'importe quoi... finalement rien du tout. Un mot aurait suffit. Un nom aurait suffit. Une date. Devait-il donc envoyer des espions chercher le passé de la femme ? Ca serait rapide. En une heure il pouvait retourner une question qui planterait là les considérations mélancoliques du bout de femme habillée en amazone. La robe au dos échancré avait laissé place à une tenue d'entraînement au sabre ou au blaster, la Reine avait troqué sa façade gelée au profit d'une femme qui voulait paraître guerrière, avant de retomber petite fille. Petite fille qui ne voulait pas dire pourquoi elle pleurait. Qu'ambitionnait-elle dans cette entreprise, à se cloîtrer dans un silence circonspect, dont son homologue ne tirerait tout au plus que de l'impatience. Elle offrait le néant, elle récolterait le néant.

    « Je ne veux pas en parler. Je n’y arrive pas. »

Harlon se tenait aussi immobile qu'auparavant. Ses yeux fixaient Elizabeth, clignant doucement par intermittence, dans une posture qui ne dégageait rien. Sa chaleur corporelle était banale, même si encore chaude de tantôt, le bras droit à plat sur la table, main gauche sur la cuisse, à écouter patiemment. Avec une patience qui, il était le premier à s'en étonner, ne s'égrainait que très lentement. Le moment se déroulait, mais n'affichait rien. Les mots parlaient mais ne disaient rien. L'émotion tambourrinait mais ne sortait pas. Les fenêtres claquaient mais filtraient tout.

    « Je ne vis qu’à travers ma fonction. Je n’ai pas envie de voir qui est Elizabeth … et je pense que vous ne voudriez pas non plus. »

Vide. Ces déclarations étaient vides. Sans teneur, juste témoins d'un mal qu'on ne disait pas, et qui devait se traduire par la perte de quelque chose, ou de quelqu'un. Démonstratif d'un manque de force morale. Se noyer dans le travail pour substituer un deuil était digne d'un pleurnichard qui n'avait même pas la honte de sa faiblesse. Tout se bousculait. Un échantillon exhaustif pouvait se servir.






Harlon claqua Elizabeth d'un revers de main. Le V de sa chevalière s'imprima en rouge sur sa joue pâle comme un linge de condamné montant sur l'échafaud.

        « Vous êtes ridicule. Resaisissez-vous enfin ! »

Tempétueux, colérique, Harlon se leva en trombe, son siège se renversant dans le processus. Debout, bras en l'air, comme deux soufflettes laissées à expirer, il s'agitait, la douleur et la magie passée.

        « Vous êtes là, vous vous lamentez sur votre sort... Vous avez perdu quoi, un frère ? Un chien ? Le temps des pleurs passe, vous avez des responsabilités maintenant... Êtes-vous une Reine ou une fillette ? »

Il ne semblait pas désireux de s'arrêter en si bon chemin. Cette tempête qui s'abattait en trombes sur Elizabeth ne se comparait pas à celle vécue peu avant. Il n'était pas abonné au registre des menaces - question d'originalité - aussi s'était-il mis à la page de la remontrance. Le doigt accusateur s'était incliné face au sermont paternel. Nulle punition, mais une leçon. Elizabeth, aussi Reine fut-elle, était en deçà de ses capacités politiques, ne lui en déplaise.

Elle pouvait trouver en Harlon un mentor.

        « Maintenant, debout, Elizabeth Civicius. Montrez-moi une face digne d'une Reine. »






Harlon hocha la tête. Briser le silence ? Il ne s'en sentait pas vraiment l'envie. Quelque chose le bloquait. Elizabeth elle-même peut-être. La laisser mariner dans sa solitude n'était pas une galanterie à laquelle on le surprendrait. Pourtant, quelque part, il sentait que c'était son désir immédiat. Montrer qu'il encaissait. Qu'il comprenait. Qu'il était là, pour l'aider dans la mesure de ses envies.

Après un temps, court, mais suffisant, il se laissa pourtant libérer de cette étreinte muette. Il ne forcerait pas Elizabeth à se confier. Mais pourrait-elle l'empêcher de le faire ? Pourrait-elle le laisser seul dispensaire de confidence ?

        « Quand... les rebelles ont détruit la Station en orbite de Yavin... mon frère est mort dans l'explosion. »

Distraitement, une précision.

        « Un StormTrooper en faction. »

Regard tourné vers un point sur le mur. Vers Elizabeth, mais pas sur elle. Elle voyait ses yeux fixer un défaut du crépis mural, sans contact direct. Regard vide. Sans malice.

        « Pendant longtemps avant, je... je le détestais. Lui, fringant, succès social, des amis en pagaille... tout lui tombait dessus, en bien, jamais en mal. Lieutenant arraché sur les affectations spéciales. Tout. Tout était fait pour lui réussir. Moi ? Juste le cadet. En conversation je n'étais pas Harlon, j'étais le frère de Milo. Un subalterne. Un boulet.

        Un sous-homme.
        »

Un soupir. Langoureux.

        « Quand il est mort, toutefois... tout s'est éclairci. Un déclic. Milo... je m'étais rattaché à lui comme un ennemi. Mais en fait, avec le recul... si j'avais besoin d'aide, il était là pour moi. Si je n'étais que son frère, c'était pour la bonne raison qu'il était celui qui me tirait par l'épaule pour me présenter quand je n'étais pas assez social pour le faire. Son succès auprès de la gent féminine m'avait amené à rencontrer des tas d'entre elles. »

Une époque étrange où, tout asocial avait-il été, il avait aussi fait preuve de promiscuité sexuelle intensive. Les rendez-vous d'un soir s'étaient multipliés, parfois comme réponse à deux esprits inhibés, parfois quand deux corps s'étaient mêlés dans un instant de détresse commune, et parfois, pire que tout, en guise de paiement pour telle ou telle chose. Un épisode dont Harlon n'était pas fier.

        « J'ai pleuré sa mort. Mais pas longtemps. Je m'étais rendu compte qu'il n'avait eu qu'un souhait pour moi... que je vive bien. Et heureux dans ce que je voulais faire. Ce que j'ai fais. Je vis ma vie, non pas en portant ce deuil. Mais en vivant mes envies. Ne serait-ce que par devoir de mémoire envers lui. »

Il secoua la tête.

        « J'ai tourné une page pour ne pas m'alanguir. Parce que jamais il n'aurait accepté que je me morfonde à jamais. Parce qu'il aurait été égoïste qu'il le souhaite. S'il avait jamais pu exprimer un seul souhait pour moi... et pour Nova... c'était que nous soyons heureux. »

Tourner la page. Rendre hommage au passé. Poser une gerbe de fleur sur une tombe. Pleurer une ultime fois l'être aimé. Puis le laisser partir. Se tourner vers un fragment de présent.

Harlon tendit sa main vers Elizabeth. Qu'elle prenne cette main. Qu'il la serre tendrement. Qu'elle puisse trouver en Harlon un ami sincère.






Harlon resta un moment sans bouger. A fixer Elizabeth, simplement. Ses courbes douces, sans défaut. Ces yeux d'un blanc immaculé. Cet émoi sans fond. Pour autant qu'il pouvait en juger... Il partageait presque par instinct cette peine. Ce sentiment sourd d'empathie qu'il ne connaissait que ponctuellement. Avec ceux qui, il en jugeait d'ordinaire trop tard, comptaient pour lui. Comptaient pour quelque chose. Des gens dont il n'aurait pas voulu se séparer. Des gens arrachés à sa trame par besoin, mais qu'il aurait aimé voir chaque jour. Dont il voulait entendre le timbre de voix chaque matin.

Harlon pensait maintenant savoir. Quelle nature grandissait en lui, à l'égard d'Elizabeth. Quelle importance elle revêtait pour lui. Il se leva doucement. Tête un peu enfoncée. Des yeux un peu rieurs. Il accomplit une deuxième fois un acte sans équivoque. Qui ne souffrait pas d'une manifestation de faiblesse, mais de force intérieure. D'envie personnelle. Il posa un genou devant Elizabeth. Assise, elle restait dominante.

Lentement, avec une précaution rare et précieuse, il prit une main libre. La serra dans les siennes doucement, voulant transmettre un peu de sa chaleur corporelle pour faire battre une fois encore un coeur figé depuis trop longtemps.

Yeux dans les yeux.
Tout lui dire.

        « Je vous ai observée. Je vous ai... suivie, attentivement. J'ai voulu vous revoir. Sans savoir pourquoi. Sans savoir comment. »

Son pouce caressa un dos de main fraîche. Cette main, il aurait voulu ne pas la voir s'écarter.

        « Je vous vois... je vous entends. Je sais, maintenant. Pourquoi je veux vous aider. A surmonter votre peine. Je veux vous aider à vous libérer. Je veux voir la vraie Elizabeth. En faire une Elizabeth heureuse, épanouie. Merveilleuse. »

Son doigt toucha par mégarde une bague semblable à la sienne. Un anneau d'or simple et discret. Rien qui seyait à une Reine, mais qui la rendait pourtant si spéciale. Au-dessus de beaucoup. Une chevalière indigne. Harlon aurait voulu la remplacer. Lui passer un anneau, forgé de son sang et de sa sueur.

Il releva la tête. Offrit le visage le plus sincère qu'il aurait pu lui offrir. Bouche tremblante.

        « Je... »

Silence, pauvre fou. Non. Se taire ? Plus maintenant.

        « Je... j'aimerais vous aider à surmonter vos peines. Même si cela doit tout me coûter. »

Un dernier silence.

        « Elizabeth... je... je vous aime, Elizabeth. »






Harlon songeait à tout ceci. Se demandant ce qui convenait pour elle. Ce qu'elle voulait. Un mentor, un ami, un amant. Il pouvait lui offrir ce que son coeur demandait. Quitte à ce que la situation change plus tard. Que cela change. Ou s'arrête. La décision, en fait, revenait à Elizabeth.

Que désirait-elle entendre ?


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By Elysia Astellan
#29511
    Que désirait-elle entendre ? Voulait-elle un mentor, un ami, un amant ? Harlon Astellan s’interrogeait, muet. Il posait sur elle un regard insistant. S’en remettait-il, avec indécision, au choix de la Dame ? Avait-il lui-même exprimé son désir ? Oui, non, toute l’incertitude de la situation les paralysait tous deux, amas de frustration. Pourquoi n’osait-il pas se définir à haute voix ?





    « Ressaisissez-vous ! »



      L’Empereur se leva brusquement, sa main vola jusqu’à la joue d’Elizabeth dont le cœur s’arrêta de battre, le temps de reprendre son souffle. La claque l’avait déstabilisée, si bien qu’elle n’eut d’autre choix que de se lever, pour ne pas tomber pour de bon. Harlon lui faisait face. Il vociférait, violent et insultant. Depuis l’impact rougeoyant de la chevalière, s’étendait jusqu’aux lèvres une griffure nette. Peut-être avait-il frappé plus fort qu’il ne le pensait.

      Voilà donc l’issue de cette belle main tendue, la violence. L’Empereur donnait une fois, pas deux. Il l’avait tendrement attiré à lui pour sécher ses larmes, imaginant surement qu’un rapide contact effacerait la solitude de dix années de dépression. Désormais qu’un nouveau blocage s’opposait à sa fulgurante progression vers l’amitié de la Dame, il dévoilait avec force son impatience. L’avait-elle trop éprouvé ? Ne pouvait-il supporter plus ?

      Une Reine … Le masque de cristal d’Elizabeth vola soudainement en éclat. L’Arkanienne, en quelques enjambées, rejoignit la porte coulissante de la pièce où ils s’étaient enfermés. Frappant résolument le bouton blanc contre le mur, elle déverrouilla l’accès.

        « Dehors ‼ »

      Humain dégénéré ! Connard prétentieux ! Fallait-il toujours se tenir droit ? Afficher noblement son indifférence ? Ne pouvait-on pas être, l’espace d’un instant, en privé, simplement un vivant maladivement introverti ? Il l’avait rattrapée, la sauvant de la chute, laissant sous-entendre qu’en sa présence elle pouvait se laisser aller un instant … tout cela pour mieux la précipiter lui-même ensuite.

      Il voulait une Reine ? On ne frappait pas une Reine.

      La porte coulissa sans presque un bruit. Quand elle arriva en bout de course, le taquet métallique résonna imperceptiblement. La Reine arracha sa chevalière de son doigt porteur et la jeta avec désinvolture au visage de l’Empereur. Et avec un semblant de calme, elle ne lui cracha que quatre mots.

        « Nous en avons terminé. »

      Elizabeth pivota, tournant ostensiblement le dos à l’Empereur, pour quitter définitivement la pièce. Dans le couloir, elle fut très vite rejointe par son Capitaine de la Garde.

        « Raccompagnez personnellement l’Empereur à sa navette. »

      Oberan fit immédiatement demi-tour, et suivi de quatre autres soldats, se présenta à la porte de la pièce où l’orage avait éclaté. Dans son uniforme anthracite, il salua.

        « Votre Altesse Impériale. J’ai reçu l’ordre de vous escorter jusqu’à l’astroport de Novania. »

      La Reine avait disparu dans les méandres du bunker … elle ne voulait pas d’un homme violent, fusse-t-il mentor ou amant.

      Ensuite … et ensuite ?





    Se tourner vers un fragment de présent.



      Dans son attitude, Elizabeth bloquait toute conversation. C’était à Harlon, son unique interlocuteur, de passer outre ce malaise latent afin d’initier enfin le dialogue libérateur. Se montrer attentif, et encourager l’Arkanienne à s’exprimer, par des questions, par un doux intérêt. Il devait s’effacer, contenir toute cette prestance qui semblait lui être acquise de naissance, et placer Elizabeth au centre de tout, juste un instant …

      Mais comment deviner quoi faire ?

      Harlon crut bon, au lieu de ça, de se confier, de raconter sa propre perte. Chose qui ne manqua pas d’intéresser Elizabeth. Elle écouta le récit avec beaucoup d’attention, jusqu’à la fin, un triste sourire sur les lèvres. Et bien que l’Arkanienne eût déjà connaissance de la malheureuse disparition de Milo, elle ne pouvait s’empêcher de partager la peine d’Harlon. Elle posa délicatement sa main sur celle de l’Humain.

        « Je suis désolée, Harlon. »

      Un murmure, rien de plus. Il n’y avait pas de commentaire à faire sur ce genre d’histoire. Elizabeth soutenait le regard d’Harlon, un sourire franc étirait ses fines lèvres, elle comprenait et partageait sa peine.

        « Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. »

      Un ami sincère …

      La Reine enfouit sa peine au fond de son cœur, se sachant incapable d’assécher la source de ses cauchemars, elle tâcherait, au moins, de ne plus y penser. Elizabeth prit une brève inspiration, son regard glissa jusqu’à son verre à demi vide.

        « J’ai détruit la vie de mon frère, Kadmo. Il était au courant de la présence de Kor’Rial sur Arkania. J’ai personnellement révélé sa traitrise au Dominion qui l’a condamné à une vie d’enfermement. Mais … »

      Elle se tut un instant, serrant davantage la main de l’Humain.

        « Pour le soustraire à sa peine j’ai prétexté une maladie cérébrale, pour laquelle une opération s’avérait nécessaire. Officiellement, l’opération devait stopper la maladie et le contraindre à une vie de repos, loin de tout. Il retrouvait une partie de sa liberté, bien que surveillé et … hormonalement reconditionné. Après des mois de calme, il a rejeté la greffe et a tenté de mettre fin à ses jours. »

      La Reine leva les yeux vers l’Empereur.

        « Kadmo aurait gagné les élections haut la main. Sa petite erreur de parcours l’a disqualifié … »

      Elle ne savait plus quoi dire désormais.

        « J’ai des regrets concernant tous les chapitres de cette histoire. »

      Cette histoire aussi causait grande peine à la Reine, mais pas autant que la disparition d’Eva. Elizabeth ne serait jamais en paix avec ce souvenir désormais déformé par le temps. Elle n’oserait jamais parler de son enfant à Harlon, elle ne parviendrait pas à en faire le deuil. Et retenue par ses démons passés, elle ne pourrait jamais avouer à l’Empereur l’amour sincère qu’elle développerait pour lui au fil de leurs échanges. Deux amis …





    « Je vous aime. »



      Au beau milieu de tout ce mal être, l’Empereur se mit debout, pour mieux s’agenouiller au pied d’Elizabeth. Elle l’observait, doucement surprise, mais toujours immobile, se laissant prendre la main, un nouveau contact. Un frisson la parcourut des pieds à la tête tandis qu’Harlon brisait le silence. Il n’avait cessé de se languir de l’absence de l’Arkanienne, de songer à elle, chaque jour, chaque nuit. Et elle, combien de fois s’était-elle surprise à le rêver ? À espérer qu’il se tourne enfin vers elle, avec aux lèvres, trois mots ? Si simples et si complexes à la fois.

        « Je vous aime, Elizabeth. »

      La Reine lâcha brusquement la main de l’Empereur, non pour fuir, mais pour mieux s’approcher. À peine debout, elle franchit le mètre qui la séparait d’Harlon. Elle se laissa tomber à genoux, et se blottit contre lui, fermement agrippée à lui. Elle ne fut totalement comblée que quand les bras de l’Humain se refermèrent dans son dos.

      Il n’y avait plus ni Empire, ni Arkania, ni Sith, ni guerre. Seulement les bras d’Harlon. Et cette odeur, si humaine, cette chaleur. Et si les mots, son amour à elle, peinaient à se faire entendre, étouffés par l’embrassement des deux corps, Elizabeth s’accrochait de toute ses forces, pour qu’on ne les sépare jamais.

      Elle gouvernerait avec lui, ou ne gouvernerait pas. Elle vivrait avec lui, ou ne vivrait pas.





    L’Empereur se complaisait dans son mutisme. Elle l’avait fait taire. Définitivement ? Il ne devait pas apprécier de voir ainsi se morfondre la Reine, pas supporter les jérémiades larmoyantes dégoulinantes de manque de confiance en soi. Et dans l’idée d’Elizabeth, la colère reprendrait bientôt le dessus. Une colère dévastatrice, qui balaierait tout.

    Elle ne l’imaginait pas non plus prendre les devants, plus maintenant, pour se lancer dans une confession déplacée. Peut-être aurait-il l’amabilité d’oublier cet épisode navrant, sans fureur ni éclat de voix. Mais il n’en résulterait qu’un grand vide. Vide de sentiment, vide de confiance. Tout lien entre eux serait brisé. Le dégoût d’un côté, la honte de l’autre. Un dialogue aimable serait préservé, pour leurs nations.

    Voilà qui était ridicule, il fallait se ressaisir, avant le drame. Elle se lamentait depuis trop longtemps.

    La Reine délaissa son verre, quitta son siège, et d’un pas, se plaça devant l’Empereur, toujours assis. Elle ne le toisait pas de bien haut. Ses deux petites mains se posèrent à la base du cou de l’Humain. Elle était tout proche de lui, penchée vers lui. Leurs deux fronts se touchaient presque.

      « Pardon, Harlon, je me lamente. »

    Elle retenait ses mots et guettait les réactions de l’Humain. Sa main droite glissa jusqu’à la nuque d’Harlon.

      « Je ne pourrais pas être sans vous. J’ai besoin de vous, près de moi. »

    L’emprise de ses doigts se resserra doucement. Elle ferma les yeux un instant.

      « Je … »

    Elle posa finalement son front sur celui d’Harlon. La suite, l’expression de son amour naissant, était retenue par une timidité et une convenance qui faisaient d’elle, au quotidien, une femme froide et désagréable.

      « J'ai besoin que vous m'aimiez … »

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By Harlon Astellan
#29534
M'extraire du cadre
La vie étriquée
D'une écorchée
J'ai cru la fable
D'un mortel aimé
Tu m'as trompé


Dehors ? Dehors. Après tout... Au moins il y avait une réaction. Merde à la fin. Elizabeth Civicius se bougeait un peu. Montrait les crocs. Colère, haine, tout ceci formerait un esprit encore plus froid. Un résultat immédiat. La patience était une vertue... en politique. Pas en amitié. Qu'était-ce, l'amitié ? Sinon... rien ? Un rien, un sentiment de faible... de... de chiard pathétique.

Se lamenter n'était pas digne, de personne. La contenance. La dignité. Le détachement. Quand on était chef d'état, on se mariait à sa fonction, pas à une personne. Pleurer c'était l'ultime preuve que rien n'était acquis. Harlon s'auto-congratulait d'avoir interrompu la petite bouderie d'enfant gâtée d'Elizabeth. Il se demandait même comment il avait pu songer un seul instant à cette gamine autrement qu'en ces termes.

Dehors ? Il se drapa d'un coup franc de sa surcape, la rattacha vite fait et passa en trombe la porte, non sans un dernier regard de pur mépris vers la femme. Il sursauta quand la bague atterrit dans sa nuque. Il la rattrapa maladroitement et la glissa sans un mot dans sa poche.

A la dernière déclaration, il haussa les épaules. Terminé ? Avaient-ils seulement commencés ?

Harlon se laissa reconduire à sa navette, et ensuite sur son vaisseau amiral.

Dès qu'il fut sur le pont, il ordonna le retrait sur Yaga Minor. Arkania garderait ses ambassades. La station garderait une direction conjointe. Mais les rapports ne seraient jamais que froids et distants.

Comme ils l'avaient toujours été.







When I met you, I must have been out my mind
Everybody said, "He'll do you wrong"
But you kiss me
For awhile you were kind
And every dream begins so sweetly
Then it goes to hell, completely


Désolée. Pas autant que lui. S'accrocher à des souvenirs n'avait rien d'idéal. Rien de sain. Ni de serein. On tournait soit en dérision soit en perfection ce qu'on voyait avec une perspective plus humaine... terriblement plus humaine.

    « Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. »

Oh, ce n'était pas grand chose en vérité. Un peu de miel, une bague, des mots... quoi d'autre ? Peut-être plus rien maintenant, si ce n'est des occasions volées de recueillir des larmes sur une tunique au cuir lisse, pour les laisser rejoindre la terre et la poussière.

Le récit de Kadmo se présenta comme une avancée. Il avait offert une confidence, petite confidence. Elizabeth se sentait-elle obligée de lui répondre ou le voulait-elle ? La main posée sur la sienne fut serrée. Son pouce glissa sur le dos, se voulant rassurant. Elizabeth s'était montrée sous un jour certain dans cette affaire. Harlon n'en avait pas perdue une miette. Mais Elizabeth avait put pousser sa chance en signant un traité historique avec l'Empire. Traité porteur de son nom. Harlon savait faire la différence entre celui qui devrait gagner... et celui qui le doit. Pour autant, entendre les rétrospectives n'étaient pas pour remplir les coeurs de joie.

        « Je suis navré Elizabeth. Navré de l'entendre. »

D'entendre le sort de Kadmo, ou de voir Elizabeth regretter ses choix ? Lui-même n'en savait trop rien. Elizabeth pouvait y percevoir le double sens et interprêter dessus. Sacrifier sa famille pour ses ambitions était un choix terrible. Harlon s'en était départi de par l'absence d'obstacle familial pour son avancée. Mais s'il avait fallut sacrifier père ou mère, frère ou soeur, pour qu'il se hisse en haut, l'aurait-il fait ?

Il pensait que oui. Rien n'arrêtait Harlon Astellan.

Et il devait maintenant seconder Elizabeth Civicius pour que rien ne l'arrête elle non plus. Il posa son autre main sur celle refermée de la Reine.

        « Maintenant, il faut vivre et se battre. Pour honorer ce destin amputé. Se battre pour la dignité de votre famille et de votre peuple. »







Elizabeth's song

Inattendu, brusque, spontané. Sincère. La réaction ne l'avait pas déçu. Il l'avait rêvée. Il les avait rêvées, toutes les deux. Elle surtout. A genoux tout d'eux, chacun prosterné l'un devant l'autre, ouverts aux sacrifices, aux sentiments réciproques... tout était avoué. La honte ne perçait plus, rebiffée par un éclat singulier, elle avait préféré plier bagages et s'en aller hanter d'autres histoires. La leur commençait dans la poussière d'un bunker et dans les larmes entremêlées, mais quelle importance.

L'existence d'Harlon se bornait maintenant à cette étreinte sauvage, cette poussée d'adrénaline qui l'encourageait à enlacer l'arkanienne toujours plus fort. Joindre les mains pour l'empêcher de s'enfuir. Ne rien dire... tout était déjà dit. Laisser l'instant se prolonger... le rattacher non plus à un mot, mais à ce simple acte de grande miséricorde mutuelle. Les Dieux avaient prit en pitié deux êtres esseulés quis'étaient trouvé des oeillères dans leur fonction. Maintenant ils se tournaient l'un vers l'autre. Le reste n'avait plus d'importance. Au diable l'Empire, la guerre, Organa et sa fonction. Dans les bras de l'Arkanienne, il se sentait plus que nu, dépouillé de ce qui faisait de lui ce qu'il était aux yeux de tous.

Et il s'en sentait plus comblé que jamais. Il voulait partager sa chair, ses os, son sang, tout ce qu'il avait, avec Elizabeth. La peau douce et nacrée, ce parfum enivrant, tout éveillant chez lui ce qu'il laissait cloîtré depuis trop longtemps déjà.

Mais il était temps de cesser de penser. De laisser l'instant durer une seconde d'éternité. Désormais... place au silence.







La foule d'idée roulaient dans l'esprit d'Harlon. Un torrent fluide de scenarii, allant de l'absurde au moins absurde. Il s'était vraiment imaginé à bombarder Arkania ? Il se ressaisit en songeant qu'il en était presque venu à là plus tôt. Et guère en songes. Le cours des choses avait pour le moins été surprenant. Ce n'était que 5 minutes plus tôt. Pour autant, il aurait juré qu'une éternité s'était déroulée depuis. Le silence entre lui et Elizabeth s'étirait. Pesait un peu lourd sur l'atmosphère. Il hésitait. Des trois voies qu'il envisageait, une était à exclure. Une autre, en fait, aurait mené vers un endroit à la chaleur éphémère. Non. Il ne voyait, finalement, qu'une seule issue logique. Une seule voie où il saurait faire quelque chose.

S'imaginer aller quelque part, loin des guerres, des problèmes, du malheur. Prendre une voie classique. Une voie qu'il n'avait fait que contourner. Il fallait agir.

Mais, lui, l'homme, le droit, celui qui devait être fort, ne fût pas celui qui agit. La Reine s'était levée. Sa hauteur la rendait dominante. Il pensait sincèrement qu'elle allait juste prendre la carafe pour se resservir une coupe - ce qui était ridicule, le verre était encore à moitié plein. L'inattendu arriva. Elle se pencha sur lui... glissa ses mains sur sa nuque. Harlon renversa doucement sa tête. Les yeux fixaient ceux, si beaux de rien, de l'Arkanienne.

    « Pardon, Harlon, je me lamente. »

Il lui offrit un rapide sourire, accompagné d'un petit clignement d'yeux. Il ne comprenait pas - le pourrait-il un jour ? - mais pourtant il le voulait. Pour l'aider, simplement. Partager cette peine invisible. Il le pouvait déjà. Il s'y était engagé tacitement. Peut-être ne pourrait-il jamais en mesurer la portée, mais il se pouvait d'être un baume suffisant. Cela débutait par l'acceptation de ces lamentations.

Elizabeth pouvait se permettre de laisser son apparat royal au vestiaire. Pas besoin de gifle ici. Rien n'avait besoin de se justifier. Tout était, par avance, pardonné.

    « Je ne pourrais pas être sans vous. J’ai besoin de vous, près de moi. »

Harlon n'était pas un expressif. Il lui arrivait d'être désarçonné. Surpris par des tactiviens plus malins ou mieux préparés. Mais il ne faisait d'ordinaire montre d'aucun désarroi. Il ne gonflait pas l'orgueil de ses ennemis en apparaissant désemparé. Mais Elizabeth... non, ce n'était pas l'ennemi. C'était tout l'inverse. Elle ne craignait rien. Il ne craignait rien. Des yeux écarquillés analyzèrent cette déclaration. Besoin... de lui ? Besoin...

Il en avait besoin aussi. Il le voulait aussi.

    « Je … »

Il se laissait faire. Il ne luttait pas. Il sentit le front sur le sien. Ce front... si parfait. Elle, si parfaite... Non... Non. Pas parfaite. Au contraire. Pleine d'imperfections. Pour autant, Harlon ne se sentait pas le coeur à moins l'aimer. Il ne se sentait même pas le coeur à entreprendre d'en gommer les plus forts aspects. Elizabeth était ainsi qu'il voulait qu'elle soit. Elle-même, pleine et entière. Il se modulerait lui s'il le fallait. Il déposerait les armes aux pieds de César si cela pouvait voler une heure d'éternité auprès d'Elizabeth Civicius.

    « J'ai besoin que vous m'aimiez … »

Lui aussi, durant un instant, il ferma les yeux. La bouche entreouverte, les yeux fermés... le front au contact de la Reine d'Arkania. Elizabeth Civicius. Rencontrée par hasard sur Télos. Toute timide et réservée. Aujourd'hui Reine. La plus belle des Reines.

Une Eclipse pour Toutes les Autres. Il ne la voyait guère autrement. Il ne laissa aucun silence s'installer. Il fit un geste, s'arrêta un instant... Le reprit, le paracheva. Sa main se posa à plat sur l'avant-bras d'Elizabeth. Il se leva aussi. Front à front, les yeux fermés. A son tour, il se laissait aller. Pour la première fois de sa vie. De ses yeux naquirent deux nappes de joie. Un filet de sel et d'eau chemina sur le sillon de sa joue, se noya dans sa barbe poivre et sel. Il glissa à son tour sa main dans la nuque de la Dame. Une seule voie se dessinait. Il n'aurait pas imaginé autre chose.

Maintenant, il le savait. Son but n'était pas de devenir Empereur. Ce n'était qu'un outil, un passage obligé. Son chemin ne devait pas le conduire au trône impérial, ni même galactique. Tout à coup il s'aperçut de son erreur. La guerre avec la Nouvelle République ne valait rien. Rien face... à elle.

Son chemin était de trouver Elizabeth Civicius. De la trouver. De l'aider. De l'aimer.

        « Oh... Elizabeth... »

La voix était brisée. Transportant l'émotion, elle semblait ne pouvoir tenir le flux, tant il était lourd, mais pourtant si léger. Son coeur si serré et sa bouche si sèche... il craignait de ne pas pouvoir le dire. Qu'un sombre Dieu moqueur l'empêche de tout, le laisse mariner, et le voit dépérir. Aucun Dieu pourtant n'aurait put empêcher la suite. Rien ne l'aurait permis.

        « Elizabeth... Je... »

Timide. Il l'était. Il ressentait cette impression de timide. L'idée qu'il ne pouvait pas dire quelque chose qu'il ne voulait que hurler à la face du monde, mais qu'il réfrénait, de peur de se couvrir de ridicule. Harlon sembla saisir une des infimes partitions de ce qu'on nommait le courage. Ce n'était pas foncer dans des ruines de Renatasia. Ni regarder en face un Moff qui nous braquait d'un blaster. Ni ordonner des expériences sur un pauvre hère dirigé par ses idéaux dépassés. C'était affronter ses peurs les plus secrètes.

Et la dernière.

        « Je... vous ai aimé... hier.

        Je vous aimerai... demain.

        Et aujourd'hui, Elizabeth Civicius... Aujourd'hui... Aujourd'hui, je...
        »

Ce n'était plus bloqué. Le prisonnier avait réussi son coup. Il était sorti maintenant. Il s'exprimait, s'écriait, s'ébattait.

Libre.

        « Je... Je vous aime... Elizabeth... »

Sa main dans la nuque trembla. Pas du tremblement du menteur prit sur le fait, et forcé de prononcer une ultime fausserie dans l'espoir que la vessie ressemble assez à une lanterne. Non. Il se dévoilait. Il avait peur, mais d'une belle peur. D'une peur qu'il aurait voulu avoir pour toujours. Ses faiblesses transpiraient librement devant Elizabeth Civicius. Mais c'était sans importance.

        « Je vous aime, Elizabeth... Pour toujours... toujours... ... ... et à jamais... »

Ce n'était pas une fin. C'était, en vrai, en dur, un commencement. Le commencement de ce qu'il voulait être la plus belle chose qui puisse leur arriver, à tous les deux. Une revanche sur le passé, et sur les autres, tant épris de haine envers les autres et les différences. Harlon ne voyait plus d'un cap. Une preuve, la dernière, pour sceller deux destins. Il décolla son front, plissa les yeux, une petite fois... entrouvrit les lèvres. Entreprit d'en chercher deux autres, face à lui... si elles daignaient lui répondre...
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By Elysia Astellan
#29612
    L’Empereur se leva et les petites mains de l’Arkanienne s’agrippèrent à ses épaules. Pour le retenir, pour prévenir une réaction. Mais il ne s’éloigna pas. Il devint timide, presque hésitant. Les mots ne venaient pas, il devait les pousser dehors. Jusqu’à enfin articuler la seule chose qu’Elizabeth eut voulu entendre en ce bas monde. Harlon en tremblait presque. À cet instant, tout aurait pu prendre fin. Plus rien n’avait d’importance. Ils étaient arrivés. Il l’avait dit et l’exprimait avec sincérité. Elizabeth en oublia le lieu et les circonstances de cette rencontre peu commune. Elle ne sentait plus ses pieds reposer sur le béton enduit, ni même sa couronne d’argent peser sur sa chevelure albe.

    Harlon se pencha vers Elizabeth. Et dans un mouvement presque inconscient, elle se hissa jusqu’à lui, afin de poser ses lèvres sur celles de l’Humain. Un contact doux et délicat, qui ne dura que le temps d’un soupir. Puis l’Arkanienne fit marche arrière, se détacha de l’Empereur. Elle le dévisagea longtemps, sans rien dire. Le silence. Harlon devrait s’y habituer. La jeune femme semblait imperméable aux émotions et n’exprimait que rarement les sentiments qui l’animaient. Introvertie, plus que timide. Repliée sur elle-même, à l’abri dans un écrin de glace. Pour un Humain, se pouvait être insupportable.

    Après ces longues secondes de rien, résolument perdues, un léger sourire apparut sur les lèvres de l’Arkanienne. Elle ne tarda pas à chercher à nouveau les bras d’Harlon et leur inconditionnelle chaleur, pour se blottir encore auprès de lui.

    Et maintenant ?

    On était venu chercher des solutions. Des solutions contre les Sith. Des solutions contre les pirates. Et l’on se retrouvait, de prime abord, avec un nouveau problème sur les bras, dans les bras. Un problème qu’on espérait honnête et sincère, qui n’amènerait aucune trahison, soit elle lointaine ou prochaine. Cette situation si particulière engendrait de nouvelles questions et de nouvelles méfiances. Il fallait investir de sa personne, au risque d’y perdre un cœur, pour un bien maigre profit. Allaient-ils se jeter brusquement corps et âme dans cette aventure dangereuse, ou bien avancer, pas après pas, vers la construction d’une entité immortelle. Pour Elizabeth, c’était la seconde option. Surtout rien de soudain. Une guerre, un coup d’état, un assassinat, pouvaient être soudains et impulsifs. Mais les sentiments s’avéraient toujours prudents. Ce manque de spontanéité, pouvant être interprété comme une retenue, évoquerait peut-être à l’Empereur un rejet de sa personne. Ou bien verrait-il en la mesure la preuve de l’honnêteté de l’Arkanienne.

    Toujours immobile, Elizabeth, inconditionnelle monomaniaque, s’interrogeait. Et après ? Qu’allait-il se passer ? Qu’allaient-ils devenir ? Elle ne parvenait pas à formuler pour Harlon une question à la hauteur de sa pensée.

    Que va-t-on faire ? Que va-t-on devenir ? Que fait-on de nos fonctions ?
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By Harlon Astellan
#29764
Le pouvoir. Une des premières créations du règne animal n'avait été ni plus ni moins que le pouvoir. L'idée que tout se doit de tourner autour d'un chef existait depuis que le monde était monde. La métaphore associée à l'ambition la plus vieille du monde prenait souvent la figure d'une montagne à gravir. Parfois on aimait se contenter des stations au pied des monts, à boire des cocktails chauds et fortement alcoolisés. D'autres voyaient l'acsencion comme une activité de groupe ludique où chacun allait à son pas. Les derniers, les chefs de meute, grimpaient sans faire halte. Peu importait le vent d'Est glacial. Tout ce qui comptait était le Sommet.

Oh, qu'il était envié ce Sommet. La base de la montagne s'étendait sur des kilomètres de chaînes, majestueuses et gargantuesques, pleines de forêts, de neige, de roches gelées, de parcours d'une beauté à couper le souffle. Pourtant, chacun n'avait d'yeux que pour une pointe irrégulière avec un monceau de neige crasse posé dessus, se terminant sur un atome de large de roche calcaire et errodée.

Mais parfois, il existait quelqu'un qui n'avait pas pour projet de pointer son doigt vers le ciel, poussant unn ultime cri de défi : "Un jour, c'est toi qui te soumettra !" pouvait-on lire sur ses lèvres à peine secouées par sa pensée post-mortuaire. Parfois il sortait un individu qui profitait de la vue, pour regarder sous lui. Qui se laissait embrasser par l'horizon qu'il savait impossible à atteindre. Qui accueillait cette immensité sous ses pieds, et d'un coup pointait un doigt vers un espace isolé qu'il n'avait pas vu. "Là-bas !" s'écrit-il. Et alors il devient l'alien. Le dissident. Il abandonne son pic des grandes illusions, laisse la pointe sans intérêt à d'autres, et entame sa descente en trombe pour rejoindre ce bosquet épargné du temps et des hommes.




C'est tout un univers qui sembla disparaître quand elle s'écarta. Un baiser, bref, mais un baiser malgré tout. Une réponse silencieuse. Sur la pâle figure de sa Dame de Coeur, Harlon vit se dessiner un sourire fin comme une virgule, et elle revint à lui. Pas de baiser. Deux bras vêtus d'une tenue d'Amazone, fière guerrière des forêts éloignées, inconnue des sentiments et tueuse sans surface.

La situation avait quelque chose de délicieusement complexe, même si tout n'était qu'un désespoir de simplicité. Harlon aimait celle qu'il accueillait en son sein en ce moment - ou du moins le pensait-il - mais une interrogation subsistait. Etait-ce réciproque ? Elle n'avait prononcé aucun mot. Un rapide baiser aurait aussi bien pu être une façon de lui flatter les idées et les sentiments, mais ne pas laisser envisager de suite à la déclaration. Un "Je sais" laconique trop bien connu, preuve de rien, absence d'un retour.

Cela sonnerait-il le glas de ce qui semblait prendre racine depuis un instant ? Il lui avait laissé plusieurs jours. Pour parler de dossiers communs. Pour avancer ensemble.

Y aurait-il un instant pour eux ? Pourrait-il la voir, elle, rien que pour elle ? Admirer ces beaux yeux, tenter d'ôter la détresse latente d'un visage ciselé dans un ivoire interdit ?

Il serra un peu son étreinte. Il la détendit pour éviter de lui broyer les os, préférant déployer une envie de l'enclaver. Il ferma les yeux. Humma le doux parfum émanant de ses cheveux gris. Non. Non, on ne brusquera rien. Il avait toujours conquis avec patience. Monté ses premiers échellons avec malice. Anéanti des carrières par des plans savamment montés. Un maître mot : la patience. Tout tombait face à elle. Ne pas brûler les étapes, pour ne pas avoir à regarder en arrière.

Elizabeth pouvait le penser, mais les actions originellement reprochées n'avaient pas été spontanées. Tout était calcul. L'esclandre dans l'Auditorium ? Un petit monologue répété mentalement. Les excuses présentées ? Une ligne directrice à adopter, une improvisation sur champ lexical à bâtir. Calcul, calcul, encore des calculs. Des préparations. Des prédictions. Face à elle il avait offert un brin de spontanéité pourtant. Une exception à cocher sur un calendrier galactique. Harlon aussi savait se fermer. Ne rien laisser paraître. Accorder un sourire fugace quand aucun oeil indésirable ne dardait son iris vers lui.

Dans un éclair, il perçut le besoin de répondre. A quoi ? Il ne savait pas. Mais il sentait le flot de questions.

        « Nous allons rester nous-même. »

Il rouvrit les yeux, mais ne déserra pas son emprise pour autant. Il tourna un peu la tête, son nez se fichant dans les mèches gris de la Reine, sa bouche près des oreilles parfaites de l'Arkanienne, où il pouvait se contenter de murmurrer.

        « Vous serez Reine d'Arkania. Je serais l'Empereur Astellan. Aux yeux de tous nous serons Reine et Empereur. Nous allons travailler ensemble, comme Reine et Empereur. Nous allons proposer des solutions, comme Reine et Empereur. Nous allons tenir des conférences de presse, comme Reine et Empereur. Nous allons offrir des sourires hypocrites aux roquets jappants de la Haute, comme Reine et Empereur. Nous allons mener une enquête sur les Sith, comme Reine et Empereur. Nous allons annihilier les menaces... comme Reine... et Empereur... »

Un silence. Il deserra un peu ses bras, mais maintint un contact, tout en refermant les yeux.

        « Nous allons montrer que nous sommes encore qui nous sommes censés être. Et que nous ne le sommes pas qu'en surface. Vous êtes née pour être Reine. Pour diriger. Nous sommes nés pour guider des peuples. »

Il défit son étreinte pour de bon, avec tendresse. Ses mains trouvèrent des arrière-bras encore chaud, mais si froids pourtant. Il appliqua une légère pression sur eux. Pas prisonniers. Réconfortés.

        « L'Empereur Astellan va maintenant discuter avec vous du problème Sith et tenter de trouver une solution. Et mettre à profit les jours à venir pour parler de tout ce que la Reine Civicius aura à lui dire. De Reine à Empereur. »

Un autre sourire. Fugace lui aussi. Un peu malicieux également.

        « Harlon, lui, aimerait, à nouveau, vous avoir à dîner ce soir. Et les autres soirs. Profiter des jours à venir pour parler de ce qu'Elizabeth aura à me dire. De vous... à moi. »
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By Elysia Astellan
#29832
    Un sentiment simple que le cœur identifiait avec évidence mais auquel le cerveau prêtait une complexité insurmontable. Et c’était toute une escorte de questions, de doutes et d’incertitudes qui accompagnait cet acte si sincère, une main tendue, trop rapidement interprété comme un engagement irrévocable. À trop s’interroger, on bâtissait autour d’une confidence également partagée un garde-fou, non pour se prémunir des pièges tendus, mais pour s’épargner une trop grande douleur quand serait levé le voile de la précautionneuse vérité. Chacun, en conséquence, jouait son rôle, bien campé sur ses acquis, et plaçait ses cartes au moment opportun, avec un calcul malsain et une constante optimisation émotionnelle. Comment préserver les avantages du sentiment amoureux sans en subir les inconvénients ? Il était question de donner, suffisamment pour paraitre crédible, mais pas assez pour se causer du tort, et de prendre à outrance pour que l’ego en soit flatté. Dans cette valse morbide, la confidence sincère, qui s’était présentée nue et sans vice, se trouvait parée de fripes brodées de doutes et contrainte de tournoyer vainement sur le parquet, lustré au point d’en devenir glissant, d’une scène bordée de ce garde-fou devenu cage.

    Si par malheur l’un des deux amants, par un excès d’originalité et de confiance en l’autre, jouait à cœur ouvert, en toute transparence, arrachant à la confidence des pans entiers de sa parure ternie, il serait jeté à bas et malmené par les restrictions de son partenaire calculateur. Le second aurait alors un ascendant sans pareil sur le premier, imprudent rêveur à l’imagination débordante, convaincu de l’égalité parfaite des deux êtres composant le tout. Il n’en était rien. Malgré la promesse d’un avenir commun, la sécurité importait plus encore que le partage sans compte de l’amour réciproque. Incapables alors de se présenter sans masque, les deux partenaires construisaient leur idylle sur une fausse vérité. Ils s’étaient aimés, un jour, et avaient enfermé leur amour dans un écrin inviolable, afin qu’il perdure toujours, et demeure ainsi immuable. Eux-mêmes enchainés à ce coffre-fort, inventaient les plus belles raisons du monde pour continuer d’évoluer côte à côte. Aveugles face au mensonge qu’ils avaient construit ensemble.

    Quand commenceraient-ils à mentir ?

    C’était déjà fait. Depuis le premier jour, en tant que Membre du Domion et Grand Moff. Ils s’étaient menti en orbite de Télos. Même quand ils avaient tenté de se dévoiler, ils gardaient le contrôle. Pourtant ils s’étaient plu. Mais étaient incapables de jouer sans masque.

    Un baiser, trop léger, trop court, trop timide. Un secret, trop lourd, trop douloureux, trop enfoui. Deux vérités qu’il fallait accepter sans tort. Ce pouvait être trop pour le calculateur qui devait imaginer son aimée à son image, calculatrice. Il la découvrirait viscéralement simple. Une simplicité à faire rougir. La soie et les diamants, les ordres et les politesses, n’étaient qu’un emballage diplomatique nécessaire, une parure reluisante à exposer aux yeux de tous. Imaginait-il un esprit complexe, une femme mystérieuse dispensant des énigmes tortueuses ? Elizabeth était une femme simple. Une Dame, en apparence. Mais avant tout une enfant. Il y avait fort à parier que la déception serait, pour Harlon, sans pareille. Et incapable de se montrer spontané, il entretiendrait le doute, dans l’esprit de sa Reine.




    Avait-il perçu la tension de l’Arkanienne ? Les questions qui l’habitaient ? Les interrogations muettes trouvèrent réponses. Des promesses tintées d’espoir. Un espoir nouveau qui chargeait le cœur de réconfort. Rester eux-mêmes. Reine et Empereur. Une vérité établie. Leurs aveux ne bouleverseraient en rien la définition qu’on leur avait attribuée. Ils gouvernaient, c’était leur fonction. Cette fonction qui les définissait. Il y avait, au fond des yeux nacrés de l’Arkanienne, une pointe de déception. Oui, je suis Reine. Mais avec tout ça, je n’ai plus très envie de l’être. Reine, et seule. Cette fonction qui leur imposait la solitude. Un Roi et une Impératrice, n’auraient en rien comblé ce manque, cette solitude si typique du dirigeant. Ou alors il fallait gouverner à deux, en une symbiose parfaite, sans doute, ni masque. Impossible. L’un ou l’autre, viendrait toujours à camoufler ses pensées, ses actions, par protection de sa propre personne ou de l’être aimé. Seuls, donc, ensemble mais seuls.

    Elizabeth n’ajouta rien. Cette décision était la bonne. Elle ne l’appuyait que par son silence. La dernière déclaration, cependant, lui arracha un sourire timide. Était-ce un aparté sincère, ou encore un calcul judicieux ?

      « De moi à vous, c’est promis. »

    Presque un murmure, d’une petite voix absente. Elle leva malgré tout les yeux vers lui, ils brillaient d’un éclat certain. Toujours en contact avec Harlon, toujours un sourire accroché aux lèvres …

      « Empereur Astellan, il est de grande nécessité que nous nous entretenions de la question Sith. »

    Le sourire devint triste. Elizabeth recula d’un pas, ses mains glissèrent jusqu’à celles d’Harlon, qu’elle serra une dernière fois avant de les lâcher définitivement. Le retour aux affaires.

      « À la suite de l’attentat du Praxeum, une enquête a été ouverte. »

    La Reine rejoignit une extrémité de la table dont elle ouvrit un tiroir pour en tirer un datapad grand format. Elle le tendit à l’Empereur.

      « Plusieurs points …

      L’examen des corps des Siths ne donne que des résultats peu exploitables. Un profil génétique type a toutefois été dressé en vue d’une potentielle et ultérieure identification.
      »

    Il y eut un silence. À croire que ceci n’inspirait rien à la Reine.

      « Le corps de leur présumé chef a été, lui, examiné par le Général Koress, de l’Ordre Gris. Le rapport complet de cet examen est à votre disposition. »

    Elle désigna le datapad. Et passa très vite sur le sujet.

      « Le transmetteur a en revanche été retrouvé dans l’arrière scène. Son analyse révèle que sa coque est composée de plaxacier hybride. Catégorisé rare depuis près de dix ans, ce métal est aujourd’hui pratiquement introuvable.

      Il nous est, à l’heure actuelle, impossible d’identifier la provenance de ce matériau. Seul un traçage minutieux des métaux rares le pourrait. L’Empire a sûrement beaucoup à apporter dans cette tâche.
      »

    Elle le toisait désormais avec sérieux.

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