L'Astre Tyran

StarWars Online Roleplay Cliquez ici pour voir l'intro...

Image

Arkania, dans le système Perave, est une planète au climat inhospitalier. Couverte de toundra et de glaciers, elle abrite cependant de nombreuses mines qui sont sa principale source de revenus. Arkania est également connue pour ses centres d'expérimentation génétique qui furent à l'origine de la création de nouvelles races.
Gouvernement : Neutre - Accointances avec l'Empire
Avatar de l’utilisateur
By Harlon Astellan
#28425
Bien que la tâche de contacter Elizabeth se fut d'abord échue à Rhedatt Fanrel, en tant que conseiller informellement attribué à la diplomatie - pour le moment - Harlon se prit à contredire l'ordre initial, pour s'en échoir en personne. Il avait même daigné offrir au concerné une explication, pour ne pas laisser son ordre comme absolu.

        « Je pense, en effet, que Pellaeon a raison. Il est important que l'Empire projette une image de puissance aux yeux de tous, mais il est aussi important de projeter une image de force tranquille à nos alliés. En vous choisissant comme intermédiaire, je ne fais qu'afficher une distance. Je parlerai à la Reine Civicius de Chef d'Etat à Chef d'Etat. On ne doit plus présenter de distance envers nos alliés. »

La contenance requise pour une telle missive ne lui ferait pas défaut. Mais à l'intérieur, il alternait le bouillonnement et la tristesse. Sa colère venait du proche passé. Pris au piège dans un auditorium, manipulés physiquement et mentalement, par manque de sécurité qu'il avait, visiblement, été le seul à pointer.

Et triste d'avoir du le faire remarquer aussi durement. Il avait fallut marquer le coup, mettre le comité face à son manque de sérieux. Mais le prix avait été, personnellement, terrible. L'Empire devait se faire pardonner pour cet éclat, et sa disparition soudaine.

Harlon, en personne, et face à Elizabeth, devait faire de même.

Enfermé dans ses quartiers, il enregistra un message, debout, à destination de la Royauté arkanienne.

        * Reine Civicius.
        L'Empire, bien que troublé et meurtri d'une attaque en un lieu jugé sûr par les autorités planétaires, ne peut se résoudre à abandonner, à une heure aussi critique, son allié le plus sincère.
        *

Une pause légère, le temps de formuler correctement.

        * Outre des excuses officielles, l'Empire se propose de collaborer à la traque définitive des Sith aux côtés d'Arkania, et d'Arkania seule.

        Ces objets devraient faire l'objet, pour montrer notre sincère volonté, d'une rencontre entre Chefs d'Etat. Privée.
        *

Encore une pause.

        * Notre dernier souhait serait de nous détourner d'Arkania et de ses sujets. Notre aide pleine et entière leur sera toujours, et à jamais, acquise, en plus de partager le deuil qui les accable en ce jour.

        Empereur Astellan, terminé.
        *

Fini. Quelques réglagles automatiques, et tout fut envoyé en express par les voies holonet. Le trajet durerait à peine quelques micro-secondes. Ils voyageaient en direction de Nouane depuis 48 heures à peine. Le trajet de retour serait aussi long. De quoi laisser du temps aux autres délégations de s'en aller.
Avatar de l’utilisateur
By Elysia Astellan
#28546
    Immobile et muette, son invisible regard se promenait dans la salle que les autorités avaient transformée en complexe terrain d’enquête. L’expertise avait débuté la veille, après l’extraction de tous les corps. La Reine suivait l’affaire de très près. Elle profitait d’un moment d’accalmie pour venir constater par elle-même le travail fourni par le bureau d’enquête.

    Planait dans la salle cette odeur de mort, et l’on n’aurait pu dire si elle était physique ou si l’esprit l’inventait se remémorant les événements du sommet diplomatique. Elizabeth entendait encore la voix de la créature qui avait mis à genoux les deux grands de la Galaxie. Elle résonnait comme le glas annonce le trépas.

    Le cyborg se posta au bas de l’auditorium, il porta jusqu’à l’Arkanienne son regard dépourvu d’affect. Puis machinalement, le crâne d’os et d’acier pivota sur la première vertèbre, un discret aller-retour, de la Reine à la scène, puis de la scène à la Reine. Avec un rapide calcul – posture du corps, inclinaison de la tête – il comprit que cette croix rouge tracée sur la scène défoncée par un pan de mur tombé était le centre de sa préoccupation. L’Empereur.

      « Ma Reine, une communication. »

    Il n’en fallut pas plus pour que le regard de nacre pique d’aigreur le messager. Longtemps après l’annonce du cyborg, le silence perdura. Il savait. Ne rien dire, ne rien faire, attendre qu’elle se décide. Finalement l’Arkanienne hocha la tête et fit volte-face, quittant l’auditorium par la porte supérieure, et laissant Hyon au pas de la porte inférieure, seul. L’ordinateur cérébral demeura un instant perplexe, il se laissa en fin de compte distraire par la tâche suivante de sa liste.




    Droit et immobile, le visage fermé, l’hologramme délivrait son froid message. Quand il eut terminé, la Reine s’autorisa un moment de réflexion, seule et tête basse, le regard perdu dans la contemplation des plumes d’ébène qui ornaient abondamment la jupe de sa robe.

    Puis vint l’heure de répondre, d’une voix atone.

      « Empereur Astellan,

      Le concours de l’Empire à la traque de notre ennemi commun est le bienvenu.
      Les détails organisationnels de la rencontre vous seront envoyés sous peu.

      Mes salutations distinguées.

      Reine Civicius.
      »

    Dans l’heure qui suivit, Astellan reçut une invitation sommaire indiquant uniquement la temporalité de la rencontre. La suite viendrait en son temps. Si bien sûr, l’Empereur daignait remettre les pieds sur Arkania.




    Si l’Executor pointait à nouveau son nez en territoire arkanien dans les trois jours avenirs, il lui serait demandé de se placer en orbite et de faire débarquer sa navette diplomatique à l’astroport de Novania. De là, l’Empereur et l’escorte de son choix seraient conduits en terrain militaire souterrain, en un lieu qui n’apparaissait pas sur les cartes planétaires.
Avatar de l’utilisateur
By Harlon Astellan
#28585
La réponse, aussi froide que n'avait pu être la sienne, laissait planer un soupçon d'incertitudes sur Harlon. Son message n'avait pas transpiré la joie... mais celui d'Elizabeth le laissait néanmoins dans un trouble au fond maladroitement creusé. Que pouvait bien penser la Reine en cet instant ? Est-ce que la présence de l'Empereur était vue comme une ingérence qu'il convenait de faire passer sous le tapis en lui accordant son rendez-vous, en espérant qu'il s'en aille ? L'acceptation était-elle docile ? Sincère ? Intéressée ? Souhaitait-elle en fin de compte le voir ? Si oui, pour quelle raison exacte ?

Trouvait-il cela agaçant ? Non. Enfin, peut-être un peu. Mais ce n'était que secondaire. S'il avait voulu d'Arkania, il lui aurait suffit de la prendre, aussi simplement que cela. Quelque chose pourtant l'en retenait. Annexer cette planète n'était pas inintéressant ou dénué d'intérêt.

C'était juste hors de question. A cause de sa résidente.

Alors qu'il visionnait une dizième fois le message retour d'Elizabeth, Harlon s'interrogea sur les raisons de cet émoi. Aucun des deux n'avait fait la moindre ouverture envers l'autre. Harlon s'était confié d'un bloc sur Télos, et en échange, celle qui n'était alors qu'une simple membre de clan n'avait dispensé que quelques graines d'informations sur quelques points de vue. Harlon, en fait, avait parlé de son passé. Elle avait parlé de son avenir.

Comment étaient-ils censés se rencontrer ? Au milieu, et former un présent ? On aurait cru une ballade d'un ménestrel ridicule, grattant son luth pour quelques crédits dans une cantina crasseuse de la Bordure.

Mais entre les métaphores, Harlon pensait discerner quelque chose. D'étrangement similaire à ce qu'il pouvait lui-même ressentir depuis tant d'années.

Le pouvoir comme remède à un mal solitaire.

Diriger était pour beaucoup un moyen d'assouvir pulsions, fantasmes et ambitions grotesques. Des gens comme les Fanrel se complaisaient à penser qu'il n'était là que pour le prestige de porter l'écusson impérial suprême. Imbéciles. Ils étaient loin du compte.

Harlon, qu'il fût bon ou mauvais dans sa tâche, avait toujours été consciencieux et travailleur. Toujours présent, jamais un jour de congé, pas même de congé maladie, en avance le matin, à faire des heures supplémentaires non réclamées le soir, à emmener du travail jusque dans son lit. Une pile de documents officiels trônait sur ses tables de chevet successives, substitut de livres de distraction. Il n'avait pas lu une fiction depuis des années déjà. Depuis qu'il était Moff en fait. Il aimait pourtant se plonger dans une histoire au scénario débridé de temps à autre.

Le pouvoir ne l'avait en fait jamais vraiment attiré... oh, il était fait de la race de ceux qui gouvernent et décident. Mais il n'en tirait aucun plaisir particulier.

Il gouvernait pour ne penser à rien.

Ce soir-là, sur la station en orbite de Télos, Harlon s'était en fait excusé après une offense parce qu'il avait perçu quelque chose, alors qu'Elizabeth allait s'en aller. Un éclat qu'il avait déjà vu quelque part.

Un éclat qu'il entrevoyait tous les matins dans son miroir. Sa quête n'était pas de conquérir quoique ce soit. Il voulait savoir quelle partie de la vie de la Reine justifiait qu'elle voulut l'oublier en gouvernant.

Et tenter, en même temps que lui, de trouver un remède définitif.




L'Executor et son escorte se présentèrent de nouveau, mais cette fois-ci, les Destroyer Imperator se placèrent en boulier autour de la structure menançant du Super Destroyer. Une attaque Sith était toujours prévue dans l'espace, et les circonstances exigeaient donc des moyens défensifs en conséquence.

La navette de clase Lambda se posa sur l'astroport de Novania, d'où sortit un Empereur vêtu de son accoutrement d'Empereur qu'il avait fait dessiner sur ses propres plans, seulement accompagné de deux gardes rouges, pour la figure. Aucun conseiller, aucune troupe. Le message était clair : il s'agissait bien d'un face à face.

La cape longue claquait au vent froid, la lourde surcape de cuir épais bouilli protégeait les épaules, tandis que le fermoir du long manteau noir fait de simples pièces de tissus souples mais rembourreés de protections discrètes terminait le col, le tout protégeant l'Empereur d'un froid mordant, si propre à cet endroit. Attendaient sur place quelques arkaniens. Harlon tenta de trouver celui qui, si l'on en croyait les "rumeurs", était le laquais personnel d'Elizabeth. Hyon, de mémoire. La seule chose qu'Harlon ne saurait déterminer était l'orthographe s'il avait du l'écrire. Par défaut il voyait un 'i'.

        « Je ne dispose d'aucun transmetteur, d'aucun appareil d'enregistrement. Juste une balise GPS. »

Hors de question d'aller sous terre sans qu'il ne fut assuré qu'on puisse aller le chercher. Il avait confiance, mais pas aveuglément. Et sur Arkania, pour ce genre d'affaire, la Reine passerait avant la membre de la Voix. Harlon se laisser guider jusqu'au bunker militaire, dans l'attente d'être reçu par une femme qui, il le savait parfaitement, ne serait pas ravie de le voir.
Avatar de l’utilisateur
By Elysia Astellan
#28626
    Deux jours auparavant ...

      « Apprenez-moi. »

    Il la regardait d'un air interloqué, comme si ses mots n'avaient aucun sens. Après quelques secondes de silence immobile, à échanger des coups d'oeil curieux, il posa son arme. Et tout en désignant le stand de tir, il l'interrogea.

      « Quoi donc ? Ça ?
      Entre autres. »

    Il eut à nouveau l'air surpris, ne sachant que répondre à cette requête inattendue.

      « Ce pourrait être chronophage, et dans les circonstances ... »

    Il se tut découvrant la mine sévère de son vis à vis.

      « Votre avis ne m'intéresse pas. »

    Le soldat en uniforme se redressa et hocha la tête, recevant l'ordre donné.

      « Bien, ma Reine. »




    L'Empire à nouveau quitta l'hyperespace en limite du territoire arkanien ... et l’Empereur put débarquer sans complications. Le comité d'accueil était exclusivement composé de soldats et d'officiers arkaniens. On salua l'Humain avec un froid respect, une distance purement protocolaire, dépourvue de tout artifice diplomatique et de flatteries inutiles. Le reste du trajet s’effectua dans un silence presque total. On mena l'Empereur jusqu'à la Reine.

    Au lieu d'une robe longue digne d'un gala royal, l'Arkanienne arborait un tout autre type de vêtement. Il n'y avait ni dentelle, ni tulle, ni sequins. L'habit était davantage adapté à l'endroit où s'écrirait cette nouvelle page de négociations arkano-impériales, un bunker glacial enterré sous des dizaines de mètres de roche. La balise GPS d'Astellan ne fournirait qu'un signal minable.

    Pour la première fois depuis leur toute première rencontre, Elizabeth se présentait en pantalon, noir et lisse, et fait d'une toile qu'on devinait rigide. Aux pieds, des bottes montant jusque sous le genou, qui s'apparentaient davantage à des rangers, mais féminines. A supposer que des rangers puissent être féminines, sinon, sa porteuse leur donnait cet attrait. Un long manteau ébène, au col montant et doublé d'une soyeuse fourrure anthracite, était ouvert sur une tunique d'un noir tout aussi sombre qui tombait jusqu'à mi cuisses, était élégamment ceinturée à la taille et autorisait même un décolleté discret. La jeune femme ne portait aucun bijou autre que la chevalière confiée par Astellan et arborait, tête haute, sa couronne d'argent dans laquelle était sertie un unique rubis rouge sang, et qui surplombait une coiffure des plus sophistiquées. Le tout formait un ensemble sobre et harmonieux, structuré par de nobles étoffes dont le sombre contrastait avec le teint d'ivoire de l'Arkanienne.

      « Empereur Astellan. »

    Elle plantait dans les yeux de l'Humain un regard acéré.

    Les escortes furent congediées et les deux chefs d'état s'enfermèrent dans l'espace qui leur était réservé. Au centre de la pièce aux murs de béton enduit, une table sommaire autour de laquelle auraient pu se tenir quatre négociants tout au plus. Les sièges semblaient malgré tout confortables et on avait disposé, sur une desserte, boissons et collations.

    Elizabeth affichait une mine fermée, et tandis qu'elle invitait son interlocuteur à s'installer, elle lui proposait un désaltérant.

      « Vous savoir rétabli est un soulagement. Permettez moi de vous présenter mes plus sincères excuses pour ce qui s'est produit. »

    Le ton était froid, tout autant que dans le message par lequel elle avait répondu à l'initiative de l'Empereur.

      « Une enquête est en cours. Je crains cependant que les premiers éléments récoltés ne soient pas de bonne augure. »
Avatar de l’utilisateur
By Harlon Astellan
#28628
Un transport privé. La porte qui coulissait était épaisse de presque vingt centimètres. Un blindage quadri-phasé certainement. Une protection protocolaire, laissant le véhicule tout loisir d'être attaqué par plusieurs tirs de différentes natures quelques secondes cruciales, le temps de demander un appui. Le véhicule se fondit dans la populace, jouant non sur une protection rapprochée mais sur une discrétion totale. Un arkanien à la mine sévère était assis en face d'Harlon, la mine sobre et pointant l'horizon avec un intérêt forcé.

Harlon, en retour, le fixait intensément. L'arkanien s'en était aperçu très vite. Et même si aucune fente noir ne pouvait trahir le placement de ses yeux, aucun globe oculaire ne pouvait cacher des vaisseaux sanguins à leur périphérie. Et les petits vaisseaux s'agitaient de gauche à droite. Une fois d'abord, puis régulièrement. Il le fixait. Visiblement, un Empereur avait le regard vissé sur lui, et ça ne lui plaisait pas.

        « On dit souvent que les habitants d'une planète sont à l'image de leur patrie. »

Un regard plus instant encore.

        « Qu'en dites-vous ? »

Aucune réponse. Nul besoin. Son silence ne fit que confirmer la théorie d'Harlon.

Comme Arkania, il était froid, distant... inhospitalier.




Le bunker aurait convenu à la réunion de cauchemar de l'auditorium. Plongé loin sous terre, aux protetions anti-radiation, anti-atomique et anti-vibrations, étroit et facilement défendable par des tourelles automatisées. Aucun sith n'aurait pu faire face à un turbolaser en bout de ces couloirs longs de quelques centaines de mètres. Aucune fuite possible, juste un tir droit et continu. Les morts seraient tombés comme des moucherons.

Harlon se refusait à croire que ceci avait été un piège tendu par la Reine. Il voulait croire que ce n'était pas le cas. Pourtant, à l'image des moyens réels d'Arkania, le doute ne faisait que l'assaillir de plus en plus.

Les sous-sols aussi profonds laissaient l'endroit fortement réchauffé, et Harlon commença à sentir de la transpiration lui couler dans le dos. Heureusement sa doublure interne absorberait ceci en un rien de temps.

Présenté devant Elizabeth, Harlon marqua un arrêt pour observer la femme devant lui. Bien que la royauté se lisait sur ses traits durs et glacés, une allure de guerrière des temps reculés se dégageait de son surcôt et son pantalon de bataille. Il aurait pu être un pantalon d'équitation, mais aucune créature ne se chevauchait ici. C'était une Cheffe des Armées qui allait parler alors, ou du moins ainsi voulait-elle se présenter.

La tenue martiale d'Harlon ne jurait donc pas.

A son titre, il répondit par une légère courbure de sa taille, yeux dans les yeux avec Elizabeth.

        « Reine Civicius. »

La promiscuité de la pièce aurait permis à quelques grands chefs de s'y réunir. L'Empire, la Nouvelle République, Hapès et Elizabeth pour représenter les neutres. Cela aurait suffit. Peut-être un autre pour faire bonne figure.

    « Vous savoir rétabli est un soulagement. Permettez moi de vous présenter mes plus sincères excuses pour ce qui s'est produit. »

Harlon ne réagit pas. Il ne bougeait en fait même plus.

    « Une enquête est en cours. Je crains cependant que les premiers éléments récoltés ne soient pas de bonne augure. »

Il n'avait toujours pas bougé en réalité. Et sa mine s'était décomposée. Comment devait-il agir ? Comme un Chef d'Etat. Prendre les devants, montrer qui est le chef, parler de ses propres services, bien meilleurs. Rappeler à quel point cette attaque aurait du être prévue, à quel point c'était stupide... comment se sentait-elle d'avoir ces morts sur la conscience.

Mais au diable les morts. Au diable le Comité. Les délégataires n'importaient en rien. L'Empire importait, mais pourtant, pendant un instant, à nouveau en face de la Reine, il se sentit quitter ses bottes trop petites d'Empereur Galactique. Pendant un instant, c'était Harlon Astellan qui parlâ.

        « Non... Non, c'est moi qui suis désolé... Elizabeth... »

Il se décida enfin à bouger. A contourner la table d'un pas lent et mesuré, insistant sur une gestuelle qui ne voulait pas être oppressante.

        « Même si les faits me donnèrent raison quand à mes formulations... si vous saviez... Il était de mon devoir de Chef d'Etat de pointer du doigt cette entrevue. Mais la douleur la plus grande n'aura pas été celle infligée par cette femme. »

Près, maintenant. Tout près. Deux mètres à peine de distance. Il stoppa son allure. Campa dans ses bottes. Une expression plus abattue que d'ordinaire, mais avec une voix calme qui ne tressautait pas.

        « La plus sourde, et qui le reste encore, aura été de vous faire le moindre tort. A vous ou à votre peuple. Je ne peux pas effacer mes mots, et pourtant je le voudrais. Je le devrais. Mais c'est trop tard. »

Une main tendue, venue de derrière son dos. Main ouverte, sur une main caleuse engoncée dans un gant de cuir épais, à fermoir d'acier sur l'avant-bras, pour une fixation optimale, un gant si épais qu'il nécessitait un blaster spécial à grosse gâchette pour pouvoir le manier. Une main forte. Maintenant suppliante.

        « Beaucoup pensent que l'amitié qui lie nos deux nations sont un arrangement politique, une frasque de tranquillité. J'ose espérer que c'est faux. J'ose espérer que nous sommes... unis. Vraiment. Même dans le conflit qui nous a opposé un instant sur cette scène, et qui plane encore dans cette pièce.

        J'ai... fui. J'ai fui. Mais guère pour faire soigner mon corps cassé. J'ai fui pour ne pas croiser votre regard. Ne pas avoir à me confondre devant mon injure. Et aussi... par peur de vous imaginer blessée. Par moi ou par elle.
        »

Main toujours tendue.

        « Que me répond Elizabeth Civicius ? »
Avatar de l’utilisateur
By Elysia Astellan
#28713
    Le silence de l’Empereur s’avérait déstabilisant. Elizabeth, cependant, le méprisait. Rien dans son attitude, ne laissait entrevoir le moindre désir d’un dialogue à cœur ouvert. Mais après un long mutisme, Astellan s’aventura malgré tout sur ce dangereux chemin. Peut-être n’en avait-il pas conscience : il misait tout, tapis, avec le risque de voir s’envoler pour de bon tous ses espoirs. La confession eut au moins le mérite de provoquer une surprise non dissimulée. Mais l’Empereur commettait une grave erreur. Il se montrait faible. Qu’espérait-il en retour ? Pitié ? Pardon ? Union ? Qu’attendait-il d’Elizabeth Civicius, elle qui n’était plus que Reine ?

    L’Arkanienne ignora la main tendue.

      « Vous ne mesurez certainement pas les conséquences de votre arrogance. »

    Après la courte pause qu’elle marqua, son agressivité rendait ses propos plus abrupts encore.

      « L’Empire n’avait nul besoin de se présenter en ces lieux s’il jugeait la sécurité insuffisante et la réunion trop ostentatoire. Vous avais-je dissimulé les détails, heure et lieu, de la réunion pour que vous soyez à ce point surpris en arrivant ? Vous avez pourtant fait le choix de venir jusqu’à nous pour proférer publiquement vos insultes. »

    Elle s’éloigna de lui.

      « Votre acte est révélateur de votre état d’esprit. Humilier. Écraser. La situation requérait un communiqué privé développant la raison de votre non présence. Mais la démonstration de votre suprême intellect était bien plus tentante. »

    Malgré son déplacement, elle ne l’avait pas lâché des yeux.

      « En ces termes, il n’y a ni amitié, ni union. »

    Le silence tomba subitement entre eux, et Elizabeth l’entretenait de son attitude corporelle, signalant à son vis-à-vis qu’elle n’avait pas fini de parler, mais également que l’Empereur n’était pas autorisé à prendre la parole. De son regard vide, elle le jugeait, et de la pire des manières.

    Enfin, elle reprit.

      « Cette arrogance, celle dont se drape l’Empire, est impardonnable. Je conçois donc que vous ne tentiez pas, même en de mots simples, d’implorer mon pardon. »

    Il n’y avait qu’une chose à faire. S’y abaisserait-il ?
Avatar de l’utilisateur
By Harlon Astellan
#28723
Et ainsi fût-ce. Un bon espoir, envolé ? Une racine persistait, mais une finalité changeait. Rien ne s'envola. Mais tout vola en éclat. Une balle d'argent, véloce et féroce, percuta de plein fouet le bloc sec sous la cage thoracique d'Harlon, mais au lieu de percer la coque de métal souple, il n'en fit que rajouter une couche solide d'une pureté amenée à se ternir et dépérir.

Harlon Astellan, homme lambda, avec des désirs et des faiblesses, fut si proprement rejeté que revint à lui une figure plus fidèle à sa réputation. Il avait tenté quelque chose. Avait-il raté ? Mais pouvait-on sincèrement parler d'échec quand il s'agissait de se confier ? D'être sincère ? Mal calculé peut-être, mais la notion d'échec ne s'appliquait pas. Celle de rejet en revanche, semblait appropriée.

Rejeté. Harlon était rejeté. Elizabeth le détestait.

Soit.

    « Cette arrogance, celle dont se drape l’Empire, est impardonnable. Je conçois donc que... »
        « Faites attention, jeune fille... Où vous pourriez vous faire couper les ailes en plein élan, comme votre frère ! »

Harlon... Harlon Astellan. Jonglant de victoire en complot. De défaite cachée en victoire éclatante. De sourire de fin de dernier acte en introduction feutrée. Un Harlon qui ne s'était introduit qu'en privé. Qui ne se présentait que devant sa famille. Qui avait pensé avoir trouvé quelqu'un. Cet Harlon était faible et stupide alors.

Il ne restait maintenant que l'Empereur.

Cet Empereur qui avait maintenant fermé sa main tendue en un poing furieux, porté en avant ses épaules de buffle, un regard chargé de haine éternelle, de cette haine qu'il portait sur cette existence qui avait tenté de le mettre à l'écart de tout. Rejeté ? Harlon, peut-être.

L'Empereur en revanche ne souffrait aucune pitié ni aucun rejet. Il s'imposait si l'envie lui en dictait la marche à suivre. Les opposants à ces funestes projets pouvaient se comparer à autant d'obstacle.

Elizabeth Civicius pouvait se comparer à un bloc de glace. Ces blocs ne demandaient qu'à être brisés à coup de laser industriels. Les voir fondre ou transpercés pour laisser passer une expédition inexorable. Implacable. Elizabeth Civicius n'était qu'une Reine. Astellan était bien plus.

        « Vous avez condamné la chair de votre chair à un sort funeste au nom de vos ambitions personnelles. Pensez-vous que j'aurais plus de scrupules ? Savez-vous quelles ambitions je nourris pour vous ? Vous n'avez rien que je ne possède déjà au centuple. Votre position ne vous donne aucune marge de manoeuvre face à moi... et face à mon arrogance impériale. »

Un regard toujours dur, mâchoires cripsées. Sonde ma chaleur de tes yeux, sale alien. Sonde de tes yeux vides. Peut-être un jour aurais-je loisir de les ôter et de te laisser palper l'air en quête d'un support.

        « Ni amitié ni union. Très bien. L'Empire accepte les termes de votre accord. Le Traité entre Arkania et l'Empire est dorénavant caduque. Mais l'Empire n'est pas ingrat, nous vous laissons le loisir de jouir en entier des bénéfices de cette horreur volante qui ceint votre ciel. »

La messe était dites, les cartes battues, le coeur brisé. Il n'y avait qu'une chose à faire. S'y abaisserait-il ? Oui, il s'y abaissa.

        « Nous transmettrons à vos ambassadeurs la position de l'Empire sur votre Etat prochainement. »

A mesure qu'il parlait, il avançait subtilement vers Elizabeth. Sa haute stature lui donnait un avantage physique certain dont il ne s'était pas privé. Et la menace tacite planerait longtemps autour du crâne d'une Reine qui allait devoir recevoir une missive de ses ambassadeurs, qui seraient vite rappelés de leur lieu de prêche arkanienne.

Harlon commença à se détourner d'Elizabeth, les yeux empli d'une malice teintée de haine farouche.

Son visage agrémenté d'un sourire fugace, ses canines brillant sous le néon faiblard du plafond rapproché.

        « A l'avenir, songez à votre réunion dans l'auditorium. Comparez avec cet endroit. Cinq places en sécurité, face à plus d'une centaine de sièges à ciel ouvert. Certains voient dans l'attaque d'un auditorium une preuve de l'arrogance impériale... »

Et, avant de quitter, la pièce... un demi-tour, toujours tout sourire.

        « ... d'autres y voient... une invitation... à destination des Sith. »

Traîtresse.

Et Harlon s'en fut.
Avatar de l’utilisateur
By Elysia Astellan
#28740
    Il était tout près d’elle désormais, menaçant, proférant de nouvelles injures. Elle demeurait immobile, sans peur. Tout ceci n’avait rien d’original. Une tirade comme celle-ci, elle en avait déjà vécue une au cours de l’acte I. Aussi trouvait-elle que le scénario tendait à s’épuiser, et que l’acteur se renouvelait peu. Inutile donc de répondre aux attaques d’un Empereur blessé, il y avait bien plus grave, et bien plus urgent à régler.

    Il se retourna une dernière fois, pour lui jeter une dernière pique. Et pendant qu’il pivotait à nouveau vers la porte, Elizabeth de quelques pas légers, réduisit à presque rien la distance qui la séparait de l’Empereur. La main ferme qu’il tendit pour déverrouiller la porte fut stoppée par le geste prompt de la Reine.

      « Harlon, n’en faites rien. »

    Elle s’était interposée entre l’Empereur et l’unique sortie. La porte close dans son dos, il aurait fallu la pousser sans manière pour libérer le passage, et, à dire vrai, la jeune femme comptait un peu sur la dignité d’Astellan pour ne rien en faire.

    Elle levait vers lui des yeux vides et qui, pour tout observateur extérieur, n’exprimaient rien. Elizabeth, cependant, ressentait une profonde peine. Malgré l’improbable situation, elle brisa rapidement le silence, à voix basse, et sans animosité.

      « Vous avez menti. »

    Elle rompit finalement le contact qu’elle avait établi avec Astellan pour l’empêcher de fuir à nouveau, lâchant sa main, mais barrant toujours le chemin.

      « Vous n’avez rien appris … vous avez mal appris. »

    Les quelques lignes de cette note inattendue, perdue au beau milieu de documents lassants, elle les avait lues, plusieurs fois. Elles lui avaient inspiré surprise, joie, mais aussi tristesse.

      « Vous ne tolérez pas plus ma colère d’aujourd’hui que ma peine d’alors. Et … vous n’avez jamais cherché à me revoir, en d’autres circonstances. Vos mots sont vides aujourd’hui parce qu’ils ne s’appuient sur aucune autre démonstration que celle de votre autorité et de vos injures. »

    Des yeux, elle cherchait le regard d’Harlon.

      « Si vous aviez entretenu à mon égard une quelconque affection, vous auriez agi différemment, il y a deux jours, et aujourd’hui. Je constate simplement votre manque de prévenance et de tolérance, et je désespère, forcée de conclure que mon inconditionnelle lubie me mène à ma perte. »

    Sa voix était de moins en moins audible. Il ne restait qu’un murmure.

      « Je trouve que supporter et pardonner ce caprice aurait été une belle manière de me faire oublier l’humiliation que vous m’avez fait subir. »

    Elle le lâcha des yeux, le temps d’entremêler ses doigts pâles en une gymnastique légèrement brouillon. Relevant la tête, elle s’écarta finalement, laissant à l’Empereur libre accès à la porte. D’une main à peine tremblante, elle lui tendit la chevalière marquée du V de la Voix.

      « Allez, si le cœur vous en dit. Mais emportez les promesses que vous ne tiendrez pas. Et faites ce qui doit être fait. »

Avatar de l’utilisateur
By Harlon Astellan
#28755
Un acteur qui ne se renouvelle pas, disait-on, n'était guère acteur, et se contentait non d'incarner une figure mais de s'incarner lui-même. Blessé, sanguin, ferme, faible... tout pouvait passer par n'importe qui, et si Harlon ne se renouvellait guère, c'est qu'il n'avait jamais fait que se jouer lui-même. Il n'y avait qu'une psyché à avoir, qu'un esprit à convaincre. Il ne jouait un autre rôle que si le besoin s'en faisait sentir. Il s'était présenté sans artifice autres que les colifichets ternes qu'il avait posé sur ses épaules, mais d'un homme qui s'ouvrait par de rares moments, il n'y avait qu'un pas à franchir pour être celui qu'il avait présenté à tous si longtemps. Se fermer et partir dos droit et menton levé était si ancré dans ses actions qu'il n'avait plus à faire semblant de respirer la confiance et la suffisance. A force d'être sollicitées en permanence, ces deux chastes amantes de toujours n'avaient plus d'autre choix que de se laisser embarquer et de fusionner avec l'amas de chair et d'os qui se prétendait au-dessus des autres amalgames de sang et d'eau.

Il tendit sa main vers une poignée de porte en fer laminé, avant qu'un obstacle imprévu ne se glisse entre lui et l'objet de son désir immédiat.

    « Harlon, n’en faites rien. »

L'espace entre la porte et la femme n'était que trop restreint, il lui aurait fallut gratter le mur en se tortillant comme un ver de cadavre pour se glisser jusqu'à la porte. Ou pousser Elizabeth ? La pousser, la houspiller, la frapper ?

La tuer ?

Aussi meurtri était-il, il ne sentait pas l'âme de lui faire le moindre mal. Pas plus que ce qui avait déjà été fait. En venir aux mains étaient pour les lâches. Une destruction physique ne justifiait rien de ses états. Une destruction en règle des édifices porteurs de pouvoir, en revanche, envoyait un message clair à tous. Dans le feu de l'action, Harlon ne nota même pas la chose, si simple, qu'il avait pourtant longtemps désirée, que venait de déployer Elizabeth. Elle l'avait appelé de son prénom. Simplement son prénom. Mais trop assourdi par cette haine froide qui montait et descendait, allait crescendo en son être, il ne pensa qu'au reste de cette phrase, si simple et si complexe.

Qu'il n'en fasse rien ? Allons donc. Chacun crachait sur l'autre, sans retenue, Harlon devant des centaines d'yeux tournés vers eux, elle devant lui seul. Dans une joute verbale qui n'avait rien d'une égalité, il partait avec le dernier mot, pour mettre fin à ce qui, dès le début, n'avait été rien de moins qu'une absurdité d'état. N'importe qui aurait senti le piège. Il l'avait senti. Il avait payé 3 côtes pour signifier que les responsabilités d'un chef d'état nécessitaient avant tout d'abandonner le faste et le spectacle au profit d'une gestion de l'ombre, accompagnée d'un panel de péchés par excès de confiance.

Mais alors que la femme s'interposait entre lui et la sortie - elle finirait bien par s'en écarter - Harlon se contenta de laisser sa main dans celle d'Elizabeth, mais la fermeté de la femme n'eclipsant que de peu celle qu'il mettait à contribution pour la maintenir dans une position fixe qui ne tremblait pas. Sa poitrine se soulevait à la manière de verrin hydraulique industriel tandis qu'il la suite de la joute, s'imaginant déjà mille scenarii justifiant ce qu'il prévoyait déjà dans un coin de sa tête.

L'injonction soudaine le laissa relativement pantois.

    « Vous avez menti. »

Après coup, elle lâcha prise et le laissa libre de sa main. Elle ne tremblait ni ne s'abaissait, mais son poing fermé se déserrait déjà.

    « Vous n’avez rien appris … vous avez mal appris. »

Harlon s'autorisa un haussement de sourcil. Son visage toujours fermé, ses yeux jetant des arcs à haut voltage sur Elizabeth, ses narines qui frémissaient sous l'effet du'une colère qu'il ne dissimulait pas, il s'autorisa ce petit signe qui signifiait en clair qu'il attendait la suite... une suite qui devait être bien choisie. Elizabeth était passée dans une catégorie qui ne la protégeait de rien ni de personne.

    « Vous ne tolérez pas plus ma colère d’aujourd’hui que ma peine d’alors. Et … vous n’avez jamais cherché à me revoir, en d’autres circonstances. Vos mots sont vides aujourd’hui parce qu’ils ne s’appuient sur aucune autre démonstration que celle de votre autorité et de vos injures. »

Cette fois, Harlon se laissa aller. Un éclair de rage traversa ses yeux un instant, ses yeux froncés, sa buche tordue en un rictus d'absolue détestation. Il voulut un temps ramener derrière lui sa main à plat pour claquer l'insolente qui osait...

Qui osait...

Qui osait... quoi ? Dire la vérité. La pure vérité. L'absolutisme et la détermination semblait maintenant avoir abandonné l'arrogant impérial, qui laissa ses bras se déraidir et se balancer le long de son corps, qui aurait pu être aussi frêle que celui d'un insectoïde quelconque à ce stade. Il avait voulu la revoir. Des dizaines, des centaines, des milliers de fois. Tenter de lui parler, de partager, de se confier. N'importe, quelque chose, ou ne serait-ce qu'entrevoir son ombre fugace au détour d'un couloir. Tout aurait été bon.

Avait-il contribué à cela ? Avait-il poussé sa chance, fait part de ses envies ? A personne, jamais. Il s'était terrer dans son travail et n'en sortait que pour ceux qui lui avaient déjà offert une affection inconditionnelle.

    « Si vous aviez entretenu à mon égard une quelconque affection, vous auriez agi différemment, il y a deux jours, et aujourd’hui. Je constate simplement votre manque de prévenance et de tolérance, et je désespère, forcée de conclure que mon inconditionnelle lubie me mène à ma perte. »

Harlon ne fit que rester là, en silence, la bouche ouverte, une moue de surprise teintée d'une peine immense, les yeux relâchés, son visage figé.

    « Je trouve que supporter et pardonner ce caprice aurait été une belle manière de me faire oublier l’humiliation que vous m’avez fait subir. »

Le geste d'ensuite lui retourna l'estomac. D'un petit geste, Elizabeth déchaussa sa chevalière, lui tendit, dans une posture qu'il n'aurait pas pu ignorer. Le message était clair.

    « Allez, si le cœur vous en dit. Mais emportez les promesses que vous ne tiendrez pas. Et faites ce qui doit être fait. »

Son regard, porté sur le V en métal brossé sur fond de gueules passa aux yeux de l'arkanienne, la bouche toujours entreouverte, les yeux rougis par les vaisseaux sanguins sous pression, des cernes légères pochant son visage d'ordinaire sans fausse note. Au bout d'un temps, il tendit une main, qui tressautait de peu à chaque mouvement, comme s'il ne contrôlait plus son organe, qu'il ne s'agissait que d'une poutre en métal levée par à-coups avec un treuil mécanique imprécis. Non.

De son autre main, dans un geste doux, il tira son gant droit, le laissa choir au sol, déjà oublié, glissa sa main nue vers la chevalière... avant un arrêt... alors il glissa sa main avec une infinie douceur sous celle d'Elizabeth, enferma les doigts pâles de la femme des siens, porta sa main gauche gantée sur elle, et referma doucement la main arkanienne sur la chevalière.

Comme elle avait enfermée plus tôt sa main, il laissa la main de son congénère captive de la sienne, le regard toujours perdu sur l'amoncellement qui s'étalait devant lui. La porte était libre. Il pouvait s'en aller. Mais il ne ressentait qu'une envie de mourir foudroyé en ce lieu plutôt que d'affronter l'air libre. Pas avant de répondre de ceci.

Il devait garder mesure. Il n'avait pas eu la preuve de pouvoir s'ouvrir en entier, vu l'accueil qui lui avait été réservé. Il se devait de garder la tête froide, l'esprit clair, de présenter une allure digne.

Mais, aussi, d'être sincère et juste.

        « J'ai voulu vous revoir... après cette soirée sur Télos. Tant et tant de fois que je ne saurais dire combien exactement. Cela ne transfigure pas dans mes actes ni mes dires, pourtant c'est vrai. Je n'ai jamais poussé ma chance... en ce que j'ai toujours senti chez vous une... absence de réciprocité dans ce désir.

        Dès le début vous m'avez donné l'impression de quelqu'un qui n'espérait plus jamais me revoir. C'est pour cette unique raison que je n'ai jamais accompli ceci que dans des cadres officiels. Et que j'ai été si surpris il y a un mois quand vous m'avez contacté sur mon comlink privé.
        »

Il se souvenait de cette communication, prisé quand il trônait dans un bombardier TIE après un entraînement de vol. Il n'avait pas dissimulé sa surprise. Un espoir inespéré s'était réalisé, et la raison de cet appel avait avant tout été intéressée. Elizabeth ne voulait alors pas simplement parler, mais lui demander une aide militaire ex officio. Qu'aurait-il du tirer comme conclusion ?

Il tourna la tête un instant, s'interdisant un acte qui allait définitivement miner sa vie. Soutenir les yeux de l'arkanienne allait provoquer l'ouverture d'un canal qu'il pensait à sec depuis un moment. Il prit une grande inspiration, laissa son oeil le piquer un moment et revint vers elle, se décidant à ouvrir le carcan de ses mains chaudes, pour laisser à nouveau la Reine libre de ses mouvements.

        « Si j'avais pensé un temps soit peu que vous aviez nourri à mon endroit un quelconque intérêt... même le plus futile... il aurait fallut d'un mot, d'un signe... et j'aurais tout quitté, l'Hydien, l'Empire, et la politique pour être à vos côtés et vous aider. Quelqu'en auraient été les risques et les conséquences. »

Il commença à signer ses mots de gestes des mains, passionné qu'il se sentait, un air sérieux remplaçant sa façade givrée, comme lors d'une conférence sur la politique extérieure en amphithéâtre.

        « Je ne demande pas mieux qu'à vous aider, Elizabeth. Et vous connaître plus avant. Je n'ai jamais rien voulu d'autre pour vous que vous voir heureuse et en bonne santé. Malgré tout le pouvoir dont je dispose, je ne dispose pas de celui qui me permet de vous aider si vous ne me dites rien. Parce que vous ne me dites rien. Je n'ai pas fouillé votre passé et je ne me le permettrai jamais.

        Vous me laissez impuissant en pleine connaissance de cause. Comment voulez-vous que je tolère ce dont j'ignore même la teneur ? Tolérer votre peine me semblerait plus secondaire que vous aidez à la surmonter. Mais il faudrait que j'en connaisse la couleur... comme je pense qu'il serait judicieux pour nous deux de parler de cette... inconditionnelle lubie.
        »

Il soupira, ferma les yeux, se pinça l'arrête du nez, avant de revenir, le visage adouci, sur Elizabeth. Il joignit les mains dans le dos, se pencha en avant, légèrement, soupira encore, plus longuement.

        « Sachant que vous n'avez jamais manifesté qu'envies politiques à mon égard, soit pour trouver un partenaire économique soit scientifique, et même militaire par le biais d'une confrérie qui vous tend les bras, je ne me suis, en effet, pas senti obligé de réfreiner mes envies dans l'auditorium, des envies motivés par un besoin fondamental de dispenser une image forte pour redonner confiance dans un peuple composé de milliers de milliards d'habitants.

        Et... supporter et pardonner ce caprice aurait été une belle manière de me prouver mon tort.
        »

Il secoua tristement la tête.

        « Je vous ai annoncé que j'étais navré, en expliquant mes raisons, et j'aurais présenté mes excuses, en tant que Chef d'Etat et en tant que personne. Vous les avez rejetées avant même qu'elles ne soient formulées.

        Je laisserai de côté la mesquinerie d'état, et vous éviterez de porter le deuil de cette décision. Je ne vais rien accomplir à votre égard ou celui de votre peuple, quand bien même décideriez-vous de me tirer dessus. Mais je ne pense pas que quelque chose s'arrête ici.
        »

Il se détourna pleinement cette fois. Il offrit un dos massif à la vue de l'arkanienne.

        « Je ne le pense pas... car je ne suis même pas sûr que quelque chose ait déjà commencé. Entre nos deux Nations.

        Ou entre nous.
        »

Il avait du se cacher pour prononcer ceci, une petite bouteille de poison concentré lâchée à la naissance d'un fleuve. C'est totalement tourné vers Elizabeth, la figure impériale toute dehors, qu'il termina son symposium.

        « Je ne demande que d'avoir tort, Elizabeth. Je ne demande qu'à m'être trompé. Par un mot, par un geste...

        Si je devais être confondu, dans un tort humain, et uniquement humain... alors, oui, je le jure, sur le Sang de mon Sang, et devant toutes les forces à l'oeuvre en ce Monde... Que jamais plus, jamais plus, il n'y aura de tel acte commis, en votre demeure, ou la mienne...

        Que jamais plus il n'y aura de mot tel.

        Et que, à jamais, j'oeuvrerai pour racheter ma conduite, laver cette opprobre, et votre honneur. Dussé-je en payer de mon titre, de mes biens... de ma vie.
        »

Il s'avança vers elle à nouveau. Sa haine envolée, il laissait place au questionnement. Il suffisait d'un non, d'un oui, pour que cela se finisse ici. Un rejet serait accueilli avec un calme affolant, et Harlon promettrait de ne pas en tenir compte. A la lumière de ce que venait de dire Elizabeth, il ne pouvait maintenant plus lui en vouloir. Une page se serait fermée, il se savait encore capable d'en ouvrir une autre ailleurs. C'était la vie, et sous sa peau d'Empereur, il n'était bien qu'un homme.

Mais si Elizabeth s'ouvrait à lui... peut-être, peut-être, que quelque chose allait changer pour de bon. Il l'espérait. De nouveau, il tendit la main, cette main sans gant. Où brillait subtilement l'éclat d'un or massif frappé d'un V sur fond vermeil. Que répondait Elizabeth Civicius, à cette demande muette ? Une demande qu'il n'aurait voulu que crier.
Avatar de l’utilisateur
By Elysia Astellan
#28905
    Hommage


    La rage d’Harlon s’estompait à mesure qu’Elizabeth tentait d’exprimer son tourment. La colère disparut totalement lorsque fut dévoilée à ses yeux la chevalière qu’elle avait toujours portée avec assiduité, chaque jour. Le silence s’installa, suspendu entre eux. Du regard, l’Arkanienne guettait les réactions de son vis-à-vis, elle était incapable, en ces circonstances, de prédire la suite, elle explorait là un terrain inconnu. S’ouvrait un nouvel acte, un échange inédit sur lequel elle n’avait aucun contrôle. L’Humain tendit la main en un mouvement imprévu à l’objectif incertain. Elizabeth aurait voulu reculer, la peur de voir ainsi basculer sa destinée la hantait. Elle s’interdisait cependant toute retraite et acceptait par avance la décision qu’il prendrait. Mais au lieu d’une fin brutale et prématurée, un contact doux et réconfortant s’établit.

    Elizabeth avait oublié combien la chaleur humaine était agréable et apaisante. L’Arkanienne oublia un instant l’échange violent qu’ils avaient eu pour ne se concentrer que sur cette chaleur si lointaine qui appelait de douloureux souvenirs. Ces huit doigts-là, qui avaient déjà rencontrés ceux d’Harlon, sur Télos, étaient neufs. Leur peau n’avait pas la mémoire des contacts précédents, si chaleureux. Elizabeth peinait à préserver ce souvenir d’un autre temps qui s’estompait un peu plus chaque jour. Le contact d’Harlon ne venait que mettre en évidence ce qui était perdu à jamais. À nouveau, elle leva les yeux vers lui. Elle l’avait déjà remarquée, cette ressemblance, mineure mais terrifiante. La jeune femme ressentit soudain l’irrépressible envie d’extraire ses doigts de l’emprise de l’Humain, de se recroqueviller sur elle-même et de se faire oublier. Cesser d’être. Mais elle ne bougea pas, ne dit rien. Pour lui, de l’extérieur, elle était immobile et muette. Mais intérieurement, une violente douleur lui perforait le cœur.

    Harlon rompit le silence, puis libéra finalement la frêle main au creux de laquelle était nichée la chevalière. Elizabeth la ramena près d’elle sans desserrer les doigts. Elle était sienne, et elle l’avait toujours voulu sienne. Se la voir confier à nouveau était une issue soulageante. L’Empereur, par son discours, édifiait une solide défense et l’Arkanienne le laissait construire, suivant de son invisible regard ses mouvements et manœuvres. Elle voulait tout entendre cette fois. Mais les derniers mots étaient les plus durs, glissant vers un sombre registre. Et la douleur qui s’amenuisait frappa de nouveau.

    Rien n’avait commencé.

    Cette fois, Elizabeth recula. La peine plissait son front et tordait sa bouche en un rictus discret. L’évidente vérité la frappait de plein fouet. Il n’y avait jamais rien eu, aucun échange susceptible de laisser à penser que l’intérêt était partagé. Lui, avait bien essayé. Par une invitation à dîner, quelques lignes clandestines, cette chevalière méticuleusement ajustée à la taille de son doigt. Autant de signes qui pouvaient faire office de déclaration. Cependant l’Arkanienne ne les avait jamais reçus comme tel, et sa seule véritable manifestation d’intérêt, le Grand Moff n’avait pu y assister, plongé dans un profond coma. Pourquoi faire preuve d’autant de retenue ?

    Il avait terminé et la confrontait désormais. Il était proche, trop proche. Et face à lui, Elizabeth se sentait minuscule. Elle se sentait incapable de parler, piégée face à un choix qu’elle ne voulait pas faire. Les mots vinrent pourtant d’eux-mêmes.

      « Grand Moff, maintenant Empereur. Combien sont à la recherche d’une noble compagnie, pour passer le temps, flatter leur ego, et apporter un peu de chaleur au glacial exercice de leur pouvoir ? »

    Elle se détourna de lui, s’éloigna jusqu’à ce qu’entre eux la distance soit suffisamment confortable. Sa voix portait à peine et arrivait aux oreilles d’Harlon comme un murmure qu’on ne s’adresse qu’à soi-même.

      « Comment me prémunir des avances d’un homme puissant à la recherche d’une telle compagnie ? Pourquoi laisser exprimer une affection susceptible de me perdre ? Je ne pouvais rien vous dire. Je ne voulais pas que vous m’utilisiez. »

    Elle ne le regardait pas, les yeux rivés sur la chevalière trônant au creux de sa main désormais ouverte.

      « Votre attention est réelle … je ne vous comprends pas. »

    Pour l’Empereur, il aurait été facile d’abandonner là la petite Reine. Pour lui, une autre histoire pouvait débuter. Ce n’était qu’un prologue avorté qui ne laisserait qu’une cicatrice insignifiante. Mais pour Elizabeth, l’histoire était déjà écrite, la fin en était tragique, et laissait une plaie béante, suppurante de souvenirs douloureux.

    L’Arkanienne releva la tête pour porter sur Harlon un regard triste.

      « Vous seriez obligé de batailler avec mes angoisses, entre deux caprices lunatiques … »

    La suite ne vint pas. Elizabeth, immobile, pleurait.
long long title how many chars? lets see 123 ok more? yes 60

We have created lots of YouTube videos just so you can achieve [...]

Another post test yes yes yes or no, maybe ni? :-/

The best flat phpBB theme around. Period. Fine craftmanship and [...]

Do you need a super MOD? Well here it is. chew on this

All you need is right here. Content tag, SEO, listing, Pizza and spaghetti [...]

Lasagna on me this time ok? I got plenty of cash

this should be fantastic. but what about links,images, bbcodes etc etc? [...]