L'Astre Tyran

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By Haya Fuu
#25858
La nuit était tombée en silence sur Loretto. Progressivement les rues passantes s'étaient illuminées, exposant aux promeneurs nocturnes une autre de ses nombreuses facettes. Dans une galerie d'art contemporain, les verres se vidaient et se remplissaient au rythme d'une musique qui tenait à la fois du mystique et du zen.

ImageInstallés devant une représentation particulièrement symbolique de la fondation de la capitale de la planète, deux hommes discutaient.
"- J'ai comme l'impression que le court de certains investissements sont en baisse.", L'homme paraissait petit à côté de son interlocuteur, malgré son mètre soixante quinze. Son costume, un peu serré, soulignait sa forte musculature.
"- Ne soyez pas si pressé, profitez de la soirée. La ponctualité ne fait plus partie des qualités de la jeunesse d'aujourd'hui." Theolis Ernvert était calme, comme à son habitude. C'était un homme au port altier, particulièrement grand, et dont le crâne dégarni reflétait la lumière des spots qui éclairaient la salle."Et puis je ne suis là que pour ouvrir les portes. Je ne saurais être responsable de ce que vous trouvez derrière." Il porta à ses lèvre la coupe qu'il avait en main pour en boire une gorgée. "Je trouve la couleur bien choisie. Notez les nuances employées. Cet artiste a un don particulier pour retranscrire toute l'émotion des scènes qu'il représente."
"- A mon avis il a balancé sa peinture au hasard avant de trouver un titre à son œuvre." Lui répondit laconiquement l'homme au costume serré.
"- Possible, mais en tant que ses invités, n'est-il pas plus courtois de lui accordé du talent ? ...On dirait que le court de mes actions repart à la hausse." D'un geste discret, Theolis Ernvert pointait du doigt un jeune homme, blondinet aux cheveux longs et à la fine moustache.
"- Il semble en effet.", conclut son voisin

Chrystal, tel était son pseudonyme, attendait installée sur une petite baquette, son verre à moitié plein, à moitié vide. Régulièrement elle jetait un œil discret à sa montre. Plusieurs fois déjà elle avait été tentée de partir. L'importune visite d'un vieux rabat joie qui s'était contenté de venir voir la marchandise de plus prêt, à savoir s’il était possible d’en voir d’avantage malgré le peu que dissimulait sa robe, était clairement un des arguments qui lui faisait regretter d'être venue. Mais avait-elle vraiment le choix ? Dans tous les cas le temps passait, et son contact restait aux abonnés absents.

"- Madame Chrystal ?"
Un regard interrogateur se portait sur elle.
"- Excusez-moi, je cherche Chrystal. A vous voir pareille beauté dans un si bel écrin, j'ose espérer que vous soyez la personne que je cherche."
"- Oui, pardon. J'étais un peu distraite."
Le jeune homme lui tendit la main alors qu'elle se relevait. Elle s'en aida.
"- Merci. Yohann, je suppose ?"
"- En personne." Les yeux du jeune homme brillaient. "Vous avez ... ?"
Direct, beaucoup trop direct pour la jeune femme qui avait espéré un peu plus d'attention sur sa personne. Probablement devrait-elle se contenter du compliment d'introduction.
"- Je suis là pour ça.", sourit-elle aimablement.
"- Le galeriste est un ami. Je dispose d'une chambre à l'étage."
"- Alors qu'attendons-nous ?" La question n'appelait pas de réponse.
"- En haut de l'escalier, deuxième porte à gauche. Je vous rejoins dès que j'aurai fini de saluer quelques connaissances. Ne commencez pas sans moi." Sans plus s'intéresser à la jeune femme, le jeune homme s'éloigna en ne manquant pas d'embarquer un verre au passage.

De son côté Chrystal reposa le sien sur un piédestal supportant une statuette difforme intitulée "Voyage au cœur du monde". Il fallait croire que l'art contemporain n'était pas fait pour elle. Monter l'escalier lui donna un peu de hauteur sur la salle principale de la galerie. Mine de rien, il y avait du monde pour ce vernissage. Un couloir étroit, éclairé par quelques spots incrusté au plafond, permettait l'accès à la fameuse chambre. De sa main gantée, elle en tourna la poignée en acier anodisé.

Nul besoin d'être un devin pour savoir à quels plaisirs s'adonnaient ceux et celles qui se rendaient ici. Une paire d'inhalateurs trônaient sur une table basse, deux banquettes toute aussi basses à côté des quelles se trouvaient de petites coupelles, une pite à la base noircies qui avait glissé sous une commode. Mais surtout il y avait cette odeur si particulière, reconnaissable entre toutes pour qui avait fréquenté une fumerie.

ImageQuelques instants plus tard, la porte s'ouvrait à nouveau. Le blond était là, mais il n'était pas venu seul.
"- Un ami à moi.", se contenta d'annoncer Yohann, sans plus de précisions.
"- Bonjour ami de Yohann." Sourit la jeune femme, toujours aussi aimablement.
Visiblement habitué des lieux l'un comme l'autres, ils s'installèrent, l'un sur une banquette, l'autre assis sur le lit qui occupait le fond de la pièce.
"- L'ami de Yohann a-t-il des préférences ?"
"- Il prendra la même chose." Coupa le jeune homme visiblement impatient.
Chrystal s'agenouilla à côté de la banquette occupée par son principal client. Les yeux de ce dernier se perdirent une fraction de seconde sur la poitrine à peine dissimulée par la robe au profond décolleté de Chrystal, avant d'aller au petit comprimé violet qu'elle tenait délicatement.
"- Faites de beaux rêves mon prince." La jeune femme déposa le comprimé sur la langue du blondinet. Avant de se relever pour aller vers son ami. De son côté, son client ne prêtait déjà plus attention à elle, laissant fondre la tête de nounours dans sa bouche, les yeux fermés.

"- Avant, serait-il possible de profiter un peu de votre compagnie ?" s'enquit l'homme installé sur le lit.
"- Une autre fois peut-être. Maintenant il est temps de rejoindre votre ami au pays des songes paradisiaques."
"- Vous êtes paradisiaques." Se contenta-t-il de répondre, tandis que la femme lui proposait un comprimé en forme d'étoile.
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By Haya Fuu
#25883
La soirée battait son plein. Le DJ était plutôt efficace et la piste ne désemplissait pas. Chrystal avait reçue l'invitation assez tardivement, mais avait malgré tout décidé d'abréger sa sortie pour venir y faire un tour. Pour être honnête, il fallait aussi avouer que cela faisait partie de son job, et que ses supérieurs n'auraient probablement pas apprécier qu'elle fasse défection.

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Installées sur une banquette elle regardait la haute de Loretto se trémousser comme si sa vie en dépendait. Cela lui rappelait un peu ce reportage qu'elle avait vu les poissons qui frayaient en bancs pour avoir l'air plus gros. Il n'y avait pas vraiment de rapport, si ce n'est que cela lui faisait d'autant plus de contacts potentiels.

Un petit tour au bar, dont le service était assuré par de vrais professionnels en chair et en os, mais qui n'avaient pas vraiment la tête à discuter. Peut-être plus tard, quand la fougueuse jeunesse retournerait se coucher avant d'attaquer une longue et difficile grasse matinée. Passage obligé par les toilettes, histoire de voir ce qui s'y disait, mais on n'était pas dans une boîte des bas quartiers, et les jeunes femmes préféraient utiliser les petits salons privatifs pour se confier à leurs copines.

Retour sur la piste. Un prince charmant vient à se rencontre, quelques regards se croisèrent, un sourire, et sa copine qui vient le rechercher. Décidément ce n'était pas la soirée qu'elle attendait. Enfin Yohann fit son apparition, accompagné de quelques amis, elle allait peut-être réussir à avancer finalement.

"- Ha quel plaisir de te retrouver.", Chrystal avait abordée le jeune blondinet comme s'il s'agissait d'un vieil ami, le saisissant par les épaules pour une bise. Il ne s'en offusqua pas et la présenta même rapidement.
"- Je vous présente Chrystal, une amie. Voici Carmen et Julie, là tu as Steve, et Milann, que tu as déjà rencontré il me semble."
"- D'ailleurs il faudra que l'on discute.", répondit le dénommé Milaan.
"- Bien sur." lui répondit en souriant la dealeuse.
"- Tu es installée ?", lui demanda Carmen
"- J'ai une table par là.", Chrystal désigna un emplacement un peu en retrait de la piste de dance.
"- Je vais commander une bouteille.", annonça Steve, dont la voix laissait clairement penser que ce n'était pas la première de la soirée.

En bonne sociophile, Chrystal n'eut guère de difficulté à s'intégrer. Bien sur elle ne pouvait prétendre faire partie du groupe, mais il y avait une opportunité de se rapprocher qu'elle avait saisie.

Installée à la table, il ne restait plus qu'elle et Milann, les autres étant partie s'amuser un peu plus loin.
"- Je te trouve sympa tu sais. Sérieusement.", en même temps, le jeune homme avança sa main pour prendre celle de la jeune femme. Elle la retira délicatement.
"- Sérieusement ? Tu crois au coup de foudre ?", Chrystal connaissait bien la rengaine et ne pouvait pas lui en vouloir de tenter sa chance. Elle savait ce qu'il cherchait, de quoi égayer ses mornes soirées, à moindre coût surement.

Parce quelle avait vite compris que Milann, s'il faisait partie du groupe, n'était pas vraiment du même monde que le reste de la clique. Probablement devait-il se ruiner pour se donner l'apparence d'un train de vie plus élevé que celui qui était réellement le sien. Il ne faisait pas partie de son cœur de cible, mais il pourrait peut-être lui ouvrir quelques portes supplémentaires.

Déjà les autres revenaient vers eux.
"- On ne vous dérange pas au moins ?", questionna Julie en sachant bien que leur retour ne ferait pas les affaires de Milann.
"- Il se fait tard, ou plutôt tôt.", intervint le blondinet. Il regarda Chrystal. "Tu aurais un petit quelque chose de sympa ?"
"- Des paillettes et du bonheur à revendre."
"- Je vous laisse, abusez pas quand même.", trancha Carmen.
"- Carmen..", lui lança Steve sur un léger ton de supplique. "Un jour faudra que tu essaies avant de condamner."
"- Chrystal, au plaisir de ne pas te revoir.", et elle quitta les lieux.
"- Fait pas attention à elle, elle l'a mauvaise à cause de son père, mais elle en t'en veut pas personnellement. Bon, on attaque ?"
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By Haya Fuu
#25904
Après-midi Shopping. Milann faisait clairement des efforts pour se rapprocher de la belle Chrystal, et celle-ci comptait bien tirer profit de la situation. Le jeune homme en savait pas où il s'embarquait, et moins vite il le comprendrait, mieux ce serait.

Pour l'occasion, il avait opté pour une tenue décontractée, qui lui allait nettement mieux que son costume. Il entretenait son physique, à défaut de briller par son esprit ou sa fortune. Chrystal s'était installée devant la vitrine d'un bijoutier en l'attendant, c'était toujours là le risque d'arriver en retard, même légèrement.

"- Tu es chaque jour plus ravissante."
"- Et toi chaque jour plus intensionnel.", salua-t-elle en lui faisant la bise. "Je suppose qu'en venant ici tu avais une idée derrière la tête."
"- Hé bien disons que tu es une fort belle femme et que je supposais que comme elles tu apprécierais de faire une petite sortie."
"- Tu as tout compris aux femmes."

Quelques banalités furent ensuite échangées tandis que le couple parcourait nonchalamment l'une des avenues les plus connues de Loretto. Ici, rien qu'avec ce que coutait un café en terrasse, il était possible de faire vivre une personne pendant deux jours. Et Chrystal aimait le café, avec une crème fouettée dessus et légèrement saupoudrée de poudre de cacao. Rien de bien ruineux pour l'un comme pour l'autre, mais il fallait commencer par défaire les cordons de la bourse avant de l'avoir complètement ouverte. Et Milann ne se priva pas.

ImageOn ne pouvait nier à la jeune femme un pouvoir de séduction terriblement efficace. Elle jouait de son sourire comme un Mandalorien joue de ses armes. Impitoyable tueuse en marche. Son talon de chaussure venait de lâcher, la faisant basculer dans les bras de son soupirant, alons en acheter une nouvelle paire. Justement un créateur de la nouvelle vague venait de sortir une collection. Et comment ne pas céder à la tentation d'un essayage chez un couturier de renom ?

La jeune femme offrait un spectacle rafraichissant. Milann la dévorait des yeux lorsqu'elle passait une tenue de soirée élégante, rougissait lorsqu'elle essaya un bikini au prix inversement proportionnel à la quantité de tissu utilisé pour ne pas trop dissimulé ses formes avantageuses. Au final la jeune femme avait réussi à faire se crever le plafond que c'était imposer son compagnon d'une journée. Objectif atteint.

"- Quelque chose ne va pas ?", l'interrogea-t-elle
"- Non, rien, c'est le plus bel après-midi que j'ai passé de puis bien longtemps."
"- Moi aussi. Mais je te sens soucieux."
"- Il va juste falloir que je rentre."
"- Je vois bien que tu as quelque chose sur le cœur."

Alors finalement, sur le chemin du retour, Milann lui avait plus ou moins expliqué qu'il n'avait pas vraiment les moyens financièrement, de maintenir le train de vie que Chrystal attendait. Elle lui proposa de ramener les robes. Il refusa. Alors peut-être pouvait-elle l'aider autrement. Elle avait des contacts, des gents biens qui l'avaient sortie de la misère. Peut-être que s'il acceptait de l'introduire auprès de personnes comme Yohann, ils lui viendraient en aide. La proposition était faite, à lui de voir s'il voulait avancer dans la vie.

L'acte deux de la journée avait été plus problématique. En effet, Chrytal croisa Steve en remontant la rue où elle avait laissé Milann. Charmant séducteur aussi, avec sa moustache à la mousquetaire. Contrairement à la dernière fois qu'elle l'avait croisé, il marchait bien droit, et c'est sur un ton jovial qu'il l'aborda.

Milann semblait beaucoup l'apprécier. Elle ne le nia pas, les quelques paquets qu'elle transportait témoignait de l'intérêt qu'il lui portait. Qui la fournissait ? Secret. Comment avait-elle rencontré Yohann ? Lors d'un vernissage. Pouvait-elle le dépanner de quelques grammes ? Bien sûr, mais en toute discrétion.

Chemin faisant, la discussion tournait de plus en plus sur l'activité professionnelle de Chrystal, et pendant un moment elle se demanda si elle n'avait pas à faire à un policier. Ce n'était pas impossible après tout. Lors de leur dernière soirée, il avait trop bu pour participer à la fin de la fête, et n’avait donc pas consommé.

Alors il finit par en venir au fait, entraînant la jeune femme dans une rue vide de monde.
"- Ecoute-moi bien, parce que je ne me répèterai pas. Toi et tes grands airs, vous me faites de l'ombre. J'étais ici le premier et je ne vais pas te laisser ma place sans rien dire. Que les choses soient claires, tu deales plus ici, tu retournes d'où tu viens. Sinon des potes à moi viendront te rendre une bonne visite de courtoisie à toi et à ton petit cul trop serré, avant d'aller te faire prendre un bon bain avec les poissons. J'ai été clair ?"

Et pour s'assurer que le message était bien passé, il lui mit un bon coup de couteau, rien de mortel pour autant.
"- Les vacances sont offertes par la maison. Profites-en bien pour réfléchir.", conclu-t-il sur un ton dédeigneux.
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By Haya Fuu
#25965
Après la disparation de Chrystal, Yohann était rapidement revenu vers son ami et dealer officiel. A l'évidence, le message était bien passé auprès de la jeune femme. Personne ne s'était vraiment inquiété de ne plus la voir. En fait, seul Milann la regrettait, et s'était aussi bien, parce que du coup il avait augmenté ses commandes auprès de Steve, pour pallier le vide qu'elle avait laissé.

Cela avait été la première fois qu'il s'était senti aussi clairement menacé. Chrystal l'avait totalement pris au dépourvu tant elle s'était rapidement imposée au sein du groupe de Yohann. Il faut dire qu'elle avait un joli minois et qu'elle savait en jouer. Il avait encore quelques scrupules à l'avoir plantée, mais il fallait agir vite et tout de suite mettre les points sur les i.

Les mains dans les poches, Steve remontait donc vers l'After, une boîte branchée où il avait ses habitudes et ses habitués. Pourquoi donc les gens s'obstinaient à vouloir dissocier plaisir et travail ? Pour lui, il était essentiel que les deux aillent de concert. C'est pour cela qu'il aimait son job. Il gagnait bien sa vie, tout en s'amusant. Que demander de plus ?

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Pendant ce temps là, dans un appartement d'une banlieue bourgeoise de Loretto, Chrystal recevait la visite de son ange gardien, Cameron.
"- Ca va aller ?", questionna-t-il.
"- Oui, t'inquiètes, je reprends la mission.", lui répondit la jeune femme.
"- Je ne parlais pas de ta mission. La blessure, ce n'est pas toujours facile."
"- Ca fait encore mal, parfois. Mais ca va aller. J'ai eu de la chance."
"- Il n'avait pas l'intention de te tuer. Pas en frappant comme ça. Ou alors il est vraiment très mauvais.", l'ancien soldat en avait vu d'autres. Il savait la blessure douloureuse, mais d'ici quelques temps ce ne serait plus qu'un mauvais souvenir.
"- Juste me faire peur."
"- Il a réussi ?"

Chrystal ne savait si elle devait lui répondre franchement. Bien sur elle avait eu peur. Et elle avait encore peur. Le métier n'était pas sans risque, elle en était bien consciente, mais entre le savoir et le vivre, il y avait un fossé qu'elle aurait préféré ne jamais franchir. La moue qu'elle fit, autant que le temps qu'elle mit à répondre, parlèrent pour elle.

"- Question idiote.", répondit Cameron. "Nous sommes tous derrière toi. Si tu as besoin d'aide nous t'aiderons."
"- J'aurais préféré que tu sois là pour l’empêcher."
"- Personne ne s'y attendait. Toi même tu ne l'avais pas vu venir. Quoi qu'il en soit, désormais il est à nous."
"- Il va mourir ?", non que Chrystal se soucia vraiment de l'avenir de son agresseur. La vraie question était de savoir si elle allait devoir lui faire face à nouveau.
"- Le contraire serait surprenant. Tu as prêté serment. Forcément il sera puni.", Cameron fit une courte pause. "Je n'aimerai pas être à sa place."
"- Tu sais par qui ?"
"- Non, ni comment d'ailleurs. Et je ne veux pas le savoir, pour être franc. Il faut que j'y retourne, boulot boulot ..."

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Dans l'obscurité d'une ruelle, deux ombres silencieuses attendaient. Un peu plus loin, un speeder était garé tous feux éteints à côté d'une benne à ordure, le conducteur à son poste. Appuyé contre un lampadaire dans la rue principale, un quatrième homme patientait aussi, fumant lentement une cigarette. Les passants passaient, vacant à leurs promenades nocturnes.

L'affaire avait été bien préparée et devait être vite réglée. Aucun ne savait pourquoi ils devaient embarquer le bonhomme. Chacun avait reçu des instructions précises, comme à chaque fois que la confrérie du poing faisait appel à eux.

L'homme à la cigarette se redressa, donnant du même coup le signal aux deux autres de se tenir prêts.
"- Vous auriez l'heure ?", question on ne peut plus bateau. L'homme s'était avancé vers sa cible et l'incitait à reculer vers la ruelle en entrant dans sa zone de protection.
Sorti brutalement de ses réflexions, l'individu s'écarta.
"- Pardon ? L'heure ? T'as qu'à t'acheter une montre."
Alors l'inconnu à la cigarette jeta son mégot à terre d'une pichenette, et tendit la main vers sa cible désignée. Instinctivement, l'homme voulu l'écarter, et, sans vraiment comprendre par quels moyens son interlocuteur y était arrivé, il se retrouvait avec le bras tordu de côté.

C'est sans aucune difficulté que le mercenaire avait contrôlé le dealer. Celui-ci n'avait rien vu venir, et quand il s'était enfin libéré, il était déjà de deux pas enfoncé dans la ruelle. Alors il n'avait rien trouvé de mieux à lui opposer qu'un petit couteau papillon. Après deux ou trois mouvements pour, vainement, tenter de l'impressionner, l'homme s'était retrouvé à terre, inconscient, tandis que les deux autres anciens soldats en embuscade lui étaient tombés dessus.

Quelques passants s'intéressèrent à la scène qui venait de se dérouler, mais quand il leur fut présenté un plaque de police et demandé de circuler afin de ne pas empêcher le bon déroulement de l'action des forces de l'ordre, ils s'en étaient retournés à leurs occupations. Il ne restait plus qu'à déposer le colis. Ce qui fut fait quelques minutes plus tard.
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By Haya Fuu
#26043
Image"- Bonjour Monsieur Steve Droltir." la voix synthétique venait de plus loin dans la salle.
Pour toute réponse, Steve émit un grognement.
"- Vous voilà de retour parmi nous. Nous étions inquiets."
Nouveau grognement. L'homme avait la langue pâteuse, et surtout affreusement mal à la tête.
"- Qu'est ce que ...", parler même était douloureux.
"- Qu'est ce que ceci ? Qu'est ce que vous faites là ?" Interrogea la voix en complètent la question restée en suspend.
Steve tenta d'ouvrir les yeux, mais l'éclairage lui agressa la rétine, faisant pleurer ses yeux.
"- Mal aux yeux ? Peut-être devrions-nous changer nos plans, et commencer par vous les retirer. Pour votre confort."
Au moins le ton était donné, même si cette dernière proposition n'était certainement pas faite pour rassurer l'homme. Il tenta de bouger. En vain, il sentait des sangles l'entraver. Au niveau de ses poignets et de ses chevilles, mais aussi de son torse. Et sa tête était elle même fermement tenue.
"- Ne vous inquiétez pas monsieur Steve Droltir. En tant que professionnel, je ne manquerai pas de vous faire honneur."

L'opportunité qui avait été donnée à l'Arcaniste était trop belle. Voilà une personne de choix qui tombait dans son giron. Quelqu'un dont elle comptait exploiter autant la capacité de survie que sa volonté. Cela faisait un bon moment qu'elle n'avait pas eu à relever un défi aussi passionnant. Il fallait qu'elle se montre à la hauteur.

Loin de partir bille en tête, Haya avait donc soigneusement préparé son intervention. Et pour commencer, elle avait décidé de reprendre les fondamentaux de son art. Celui-là même que son maître avait pris tant de soin à lui enseigner. Installée confortablement, mais sobrement, la jeune femme avait donc choisi de remonter le temps. Pas au sens propre, même si elle était persuadée que, d'une manière ou d'une autre, la Force put lui permettre pareil exploit. Pour cette fois, son support serait donc sa mémoire.

Elle retourna donc avant son retour sur Loretto, avant ses années d'errance, avant même la mort, pathétique, de son maître. Elle retourna avant qu'elle ne soit officiellement son agent personnel. Plus loin encore, cela remontait loin, très loin, alors qu'elle commençait sa formation. Au début, les lointains souvenir étaient flous et ne formaient qu’une série éparse de souvenirs imprécis.

ImageA force d'efforts et de concentration, la brume se dissipait. Elle retrouvait ce mélange de fierté et de crainte lorsque, pour la première fois, elle avait réussi à utiliser l'Etreinte sur un esclave qui avait tenté de fuir le temple de son maître. Elle se rappelait maintenant le bruit sec du craquement de ses os ou son visage qu’elle aurait cru oublié pour toujours. Ses sentiments pourtant restaient troubles, mais cela elle le mettait sur le compte de son manque de pratique dans le voyage mémoriel.

Elle fouilla donc sa mémoire pour retrouver les enseignements de son maître. Pour se rappeler ses conseils et sa maîtrise. Pour se rappeler ses moments précieux où elle réussissait à trouver le point de rupture des os, à l'approcher sans le franchir. Mais elle voulait aussi faire de même avec l'espoir. Cet espoir qui faisait dire tout et n'importe quoi. Voilà ce qu'elle cherchait aujourd'hui, perfectionner son savoir-faire, trouver ses points faibles, affiner ses sensations. Alors il était temps pour elle de passer à la phase de travaux pratiques.

Malgré le calme qu'elle affichait, elle était animée par une certaine excitation, comme un enfant devant un cadeau. Elle le regardait attaché et quelque chose en elle se délectait de ce qui allait être fait. C'était comme une soif trop longtemps ignorée et qui allait enfin pouvoir être étanchée. Un appel de la Force, un appel aussi obscur qu'irrésistible. Steve Droltir souffrirait, supplierait, parlerait, et mourrait. Alors seulement la justice de la Confrérie serait rendue pour celle qu'il avait agressée.

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By Haya Fuu
#26287
"Les quais" était un café restaurant chic, installé face à une série d'embarcadères auxquels étaient amarrés toute une collection de petits yacht. Même à l'air du voyage spatial, certains appréciant toujours les plaisirs de la navigation fluviale. Dès son ouverture, le propriétaire avait placé la barre assez haute en gamme et proposait un éventail de cocktails et de menus à destination des riches propriétaires qui venaient régulièrement depuis.

Une légère brise faisait battre les franges des parasols mis en terrasse, tandis que cette dernière commençait à se vider des clients qui repartaient à leurs occupations en ce début d'après-midi. Le service était assuré par une brigade de jeunes serveurs aux tenues impeccables et à la coiffure d'ébène gominée, qui naviguaient entre les tables à desservir.

"- Mademoiselle.", un serveur s'était approché par la droite. Il avait à la main un plateau argent sur lequel se trouvait posé une carte.
Chrystal leva les yeux de sa tasse désormais vide, et regarda l'objet que lui présentait le serveur.
"- De la part de la personne installée à la table là-b...", indiquant une table en bordure de terrasse, le serveur du se rendre à l'évidence qu'il n'y avait plus personne.
"- Quelqu'un qui ressemble à tout le monde je suppose. Sans signe distinctif ni accent."
"- A peu près cela.", se résigna le jeune homme.
"- Merci.", conclu Chrystal en prenant la carte.

Une face rouge, l'autre verte, sur laquelle se trouvait tracé en surimpression deux anneaux dorés entrecroisés. Un objet anodin, mais porteur d'un message important. Il fallait qu'elle rentre et, sur le trajet, bien des questions se posaient à elle.

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Alors elle se réveilla. Elle avait un léger mal de tête. Elle était dans son lit. Que s'était-il passé ? Elle se rappelait la carte. Elle était rentrée chez elle. Quelqu'un l'attendait. Qui ? Impossible de se rappeler son visage, elle n'avait en tête qu'une impression générale. Une impression de bienveillance.

Elle l'avait félicité pour sa promotion, son entrée dans le second cercle. Sa voix était indéchiffrable à cause d'un vocodeur. Elle devait apprendre de Steve, en tout cas c'est ce que son interlocuteur lui avait dit. Comme si elle pouvait simplement aller le trouver et lui demander qui étaient ses clients, ses contacts ou ses fournisseurs. L'ombre l'avait fait pour elle, et elle allait lui apprendre ce qui était important.

Les visages, elle les connaissait, elle connaissait aussi les noms et les activités. Pourtant elle ne les avait jamais vus, en tout cas la quasi-totalité. Pour ce qu'elle en comprenait, ces souvenirs n'étaient pas les siens, mais elle les avait en elle. On les lui avait donnés, et ce n'était pas pour rien. Un instant elle se demanda comment cela était possible. Mais elle savait qu'en rejoignant la Confrérie du Rêve, il y aurait des choses qu'elle découvrirait au fil du temps.

Finalement elle s'était levée, douchée, habillée et avait bu un café serré, bien serré même. Il y avait quelques messages en attente pour elle. Beaucoup de choses avaient changées, mais rien n'avait changé. Machinalement elle fit défiler entre ses doigts les quelques cartons d'invitation qu'elle avait. Son choix s'arrêta sur une soirée à l'After. Il était temps d'aller se réapprovisionner.

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By Haya Fuu
#26310
Haya n'était du genre à s'auto-congratuler, pourtant elle était assez fière de sa collaboration avec la Confrérie du Rêve, et plus particulièrement de Chrystal. L'Anzat n'avait rien à dire sur la gestion que faisait Miss Tatoo : elle avait les pleins pouvoirs sur son secteur, et n'avait fait appel à elle que pour ses compétences hors normes.

Etait-ce la preuve que l'organisation qu'elle avait bâtie fonctionnait bien ? Probablement, mais elle était encore jeune et n'avait même pas fini de surmonter le premier des obstacles qui se dressait devant elle. Le fait est que la collaboration inter-secteurs était un point crucial, et que pour le moment tous les feux étaient au vert.

Miss Tatoo avançait ses pions avec intelligence, privilégiant une conquête en douceur de la haute société de Loretto. Il n'était nullement besoin d'effrayer sa nouvelle cible en employant des mesures inadaptées. Ce qui comptait, c'est que ses futurs clients continuent de baigner dans l'atmosphère de calme et de prospérité que leur conférait leurs richesses.

L'action menée par Chrystal n'était ainsi qu'un exemple parmi quelques autres, et s'inscrivait dans un cadre plus large et plus complexe, qui avait été mis au point avec Smoke. Loin de se contenter d'ouvrir des portes au hasard, le Céréen avait préféré orienter la femme aux tatouages vers des cibles plus précises, qui lui permettrait ensuite de gagner plus facilement du terrain grâce à leurs réseaux.

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Ainsi, Yohann et ses quelques amis, permettraient à Chrystal de rapidement étendre son réseau au milieu de l'Art. Car Yohann n'était pas qu'un riche junkie, il entretenait aussi des relations complexes avec bon nombre d'artistes de la planète, cela grâce aux mécénats de son père. Et puis l'arrivée de Steve avait même permis d'élargir encore le champ d'action de la jeune femme.

D'autres aussi faisaient leur trou, approchant avec subtilité les milieux du divertissement, se mettant au service de familles rentières, ou soutenant avec ardeur les fonctionnaires d'état étant arrivés aux plus hautes fonctions de la planète. Haya ne manquait pas de travail, tout comme les hommes de l'Aqualish. Il ne s'agissait pas tant de faire le ménage, encore qu'il y avait bien quelques exemples de gêneurs qui avaient subitement disparus du circuit, que d'assurer les arrières de leurs confrères et consœurs.

Désormais, la Confrérie espérait pouvoir rapidement profiter des fruits de ces opérations de séduction.
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By Impartialité
#26719
Malgré ce qu'avait subi Chrystal, il fallait souligner tout le travail qu'elle avait accompli et réussit à faire. En choisissant les bonnes personnes de départ, elle avait petit à petit bâti un réseau ... Et avec un réseau, tout se décuplait et devenait exponentiel. Qui dit consommation par une petite élite qui plus est portée sur l'art dit clairement consommation de masse et à la mode. Ce petit monde était au final le plus dur à incorporer, mais sa conquête se faisait d'autant plus rapidement. Qui plus est, le charme naturel de Chrystal lui facilitait grandement les choses, peut-être mériterait-elle une récompense pour ce qu'elle venait d'accomplir ? Après tout, il n'est jamais évident de conquérir un homme, alors réussir à conquérir une grande part de la haute société ( très active socialement ) relevait d'un petit exploit dont elle pouvait tirer satisfaction ... Ils lui tombaient tous à ses pieds, et à ce rythme elle n'aurait vraiment aucun mal à tirer vers le haut son petit commerce florissant. Qui plus est, cette jeunesse (mais pas que) en totale recherche de l'extrême ne demandait qu'à goûter toujours plus de ce plaisir nouveau ... Elle les tenait par les bourses, littéralement, et pouvait en faire ce qu'elle voulait. Ils lui resteraient pour la plupart fidèle, maintenant qu'elle était devenue la figure incontournable pour cet extase d'un nouveau genre. Elle était la figure à connaître, la distributrice de plaisir unique.


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