Le voyage jusqu’à Felucia avait finalement était une bonne surprise. D’un départ peu engageant et dont l’idée semblait plus qu’incertaine, il s’était découvert une amitié inattendue avec une Jedi. Une vraie, une de celles dont il avait rêvé, dans sa jeunesse. C’est ainsi que de longues heures de voyage étaient devenues des journées à discuter, et à parler. Echanger. Découvrir. Projeter. Tant de choses, tant de possibilités, et plus de limites. L’Empire, la Nouvelle République, tout perdait sens lorsque l’intérêt général prenait le dessus. Elle avait le sens du devoir, et la noblesse d’âme. Cela suffisait à s’entendre, et à se comprendre. C’est ainsi que se passèrent les journées, dans l’attente sans fin d’un signal, arrive à un moment ou à un autre. Ce détail n’est pas important, tout ce qui importait alors fut de les rejoindre. Le plus rapidement possible. La discussion était devenue concentration, et l’un et l’autre avaient pris place aux commandes pour traverser l’espace, inlassablement. Mener à bien ce vaisseau, pour atteindre le but qu’ils s’étaient donné : retrouver Leia. Il ne la perdait pas de vue, même s’il fallait reconnaître qu'Arial avait eut l’étrange don de l’apaiser, à force de la cotoyer. Mais le signal de détresse le ramena à la réalité. Au danger. A l’idée même de la perdre. Une crainte couvée, profondément, de celle que l’on lie à l’amour. La retrouver, pour intervenir à temps. Sauver cette femme, et sauver son peuple. Changer les choses à tout jamais. C’était leur pacte, de toute manière, non ? Partir la sauver, et voir ce qu’il se passerait. Ils y étaient. Ils l’avaient craint, et maintenant, face aux étoiles défilantes, il n’y avait plus de retour en arrière. Que des années lumières en train de disparaître, un peu plus, pour les rapprocher. Elle serait là. Et ils seraient là pour elle.
A l'heure où le signal devenait de plus en plus proche, les deux comparses finirent par prendre les manettes. Ils ne seraient pas de trop à deux organiques pour réussir à faire ce qu'il fallait, si la situation s'annonçait aussi peu engageante qu'ils pouvaient le craindre. Que savaient-ils de ce qui les attendait ? Rien du tout. Et cela avait le don de raviver une quantité anormale de question chez le têtan, qui se retrouvait plus que jamais confronté à la réalité de son acte. La vérité n'allait plus tarder à tomber sur lui et ses espoirs déjà bien effrités. Et maintenant ? Allaient-ils les trouver dans une position compromettante, tout enlacés qu'ils seraient ? Ou bien peut-être en pleine résistance, avec une Leia loin de ce rufian, attendant la délivrance venue du ciel ? Ou bien ignorerait-elle Althar ? Crierait-elle sur Arial ? Trop de choses. Trop de possibilités. Le vaisseau quitta enfin l'hyperespace, offrant un coup d'accélérateur au pouls princier. La planète tropicale se rapprochait tout doucement, sous les conseils avisés de la pilote royale à ses côtés. Il l'écoutait sans vraiment l'entendre, observant avec inquiétude le cercle coloré. Ils y étaient, maintenant. Pourtant, elle affirmait que quelque chose clochait. Althar jeta un regard vers elle, avant de reprendre un peu plus sérieusement sa part de co-pilotage. Allaient-ils avoir besoin de se battre ? Vraiment ? La Présidente de la Nouvelle République ainsi mise en danger ? Ce bon à rien prendrait cher. Il était fait.
L'atmosphère ne fut qu'une formalité, aussi rapidement effacée qu'ils se trouvèrent à quelques lieux de la source du signal. Les couleurs de cette planète étaient étrangement attirantes à l'oeil, il ne la connaissait en rien, mais cela avait au moins le don d'avoir un petit côté romantique. Une pointe d'exotisme en guise de lieu de rencontre, pourquoi pas. De la nature à perte de vue. Et finalement, un nouveau rappel de la part de la Jedi, et un réglage des senseurs. Plus que quelques kilomètres, plus que quelques mètres. Et une forme. Une présence. Un mal formulé uniquement par la voix de la Jedi, et la pire des craintes. Trop tard ? Un Sith, ici ? Une monstruosité, comme celle qui semblait les pourchasser depuis un certain temps ? Agir, et vite.
« Il faut faire un passage, je vais tirer, essayez de ne pas dévier, votre Altesse ! »
Après tout, n'était-ce pas la responsabilité d'un bon copilote ? Difficile à dire, la tâche devenant d'autant plus ardue qu'ils étaient tous rapprochés. Un tir à côté, et c'était de leur faute. De sa faute. Il ne se le pardonnerait jamais. Alors il fallait croire, le temps des ultimes secondes qui séparèrent les mots et l'acte, si soudainement concentré sur son écran et ses contrôles. Et ... une volée de tirs, pile où il le fallait, grace à ses mains tremblantes ! Un passage, et ils avaient réussi à temporiser. Comment était-il possible d'arriver à un tel point de perfection dans le temps ? Incroyable. Le hasard était magnifique, quand il le voulait. Althar n'attendit pas, et se dépêcha de quitter son poste pour partir dans le cockpit, chercher une des armes prises par Arial au moment du départ. Un blaster … Un simple blaster, aussi mortel que précis, mais terriblement insuffisant face à un sensitif. C’était la leçon numéro une de tout bon Jedi, mais pourtant cette fois c’était lui qui se faisait avoir. Il fallait réfléchir, et vite, trouver une solution pour compenser ça, sinon ça ne le ferait pas du tout. L’arme était prête à l’utilisation, de toute façon, et le cran de sécurité déjà relevé. Sous ses pieds, les moteurs commençaient à vrombir d’avec la proximité du sol. Le temps allait lui manquer, le sang commençait à lui battre les tempes, les choses allaient vite, trop vite ... Sans sabre, il était fait. Sans arme au corps à corps, comme à chaque fois. Une simple barre, un outil peut-être, un objet non-prévu à cet effet mais qui surprendrait suffisamment pour l'atteindre. Oui, c'était ça. Rapidement, farfouillant sous les cris de colère d'un droïde qui voit son vaisseau être mis en pièce, le Prince se dépêcha de trouver les outils de réparation d'urgence. Il y en a dans tous les vaisseaux, et même chez les Jedi on en a besoin. Ses mains fouillèrent le recoin où étaient entreposés l'ensemble pour y trouver les outils. Trop petits, trop inutiles, trop tout ce qu'il ne cherchait pas, jusqu'à finalement en extirper un très long, surement pour les choses les plus innaccessibles. Un bon mètre, en acier, ça devrait faire l'affaire face à un sabre-laser .. Non ? Non. Tant pis, le choc avec le sol le fit trembler, presque surpris, l'obligeant à se dépêcher. Des gants en bonus ? Allez, vite, manches retroussées il rejoignait une Arial prête au combat. Ce serait l'heure d'assurer, pour un fringuant Prince en chemise blanche aux manches retroussées, aux bottes de cuir et aux gants sur les mains. Un blaster à la main droite, son arme de substitution à la main gauche, le Sith en prendrait pour son grade. Un dernier mot, avant d'ouvrir le sas, avant que tout ne se passe.
« Hélas, j'en ai déjà confronté, mais sans sabre cela sera moins évident ... mais sans difficultés pas de plaisirs, n'est-ce pas ? Je vais gagner du temps, et vous vous occupez d'elle .. enfin .. eux ... Si il n'y a pas d'espoir, partez. Sa vie vaut une République. »
Sur ces mots, la lumière perça dans le vaisseau, et sur eux. Il était temps. D'un pas décidé, l'heure était à l'action. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il faisait, ni de ce qu'il fallait faire, mais il était persuadé que c'était là son rôle. Oui, ça prenait sens comme ça. Si elle était acquise à cet énergumène, alors il n'était bon qu'à faire honneur aux siens. Mourir pour autrui, et défendre un but plus grand que soi. L'honneur d'une mort digne. Ces funestes pensées n'étaient que la formulation de l'imminence de leur destin commun, entre Princesse Jedi et Prince impérial. L'un comme l'autre, ils ne valaient pas une bonne armada républicaine, mais pourtant, elle était une Jedi. Face à un Sith. Serait-ce un défi trop gros pour elle ? Elle n'aurait pas à s'y confronter, s'il réussissait à agir. Après tant de jours à limiter ses mouvements, maintenant l'action serait intense. Brouillonne. Libératoire. Ils y étaient. Son sabre allait lui manquer, celui-là ou celui que la Grise lui avait laissé, mais tant pis. Pas le choix. Plus de doute. A chaque pas sur cette rampe, les choses devenaient plus que jamais réelles. Concrètes. Matérielles. La chaleur du soleil qui tape sur leurs peaux, l'atmosphère moite de cette planète aux couleurs si pigmentées, la crainte de la mort la seconde suivante, et l'énergie soudainement trouvée pour un combat pour sa vie. L'adrénaline. Cette drogue si intense, trouvable dans bien des occasions, mais jamais aussi intensément que dans une telle confrontation. Les réminiscences de ses combats contre les Sith par le passé tentent de s'immiscer dans son cerveau, mais eux comme tout le reste finissent noyés par l'afflux sanguin ininterrompu. Les tempes sont battues par ces marées pourpres, et ses tympans redeviennent sourds. Les tambours de guerre ont entamé leur danse ...
« SIIIIIITTTTTHHHHHHH ! »
Un cri rauque, sorti du fond de la gorge, audible par tous et surtout par ce monstre. Sitôt posé son regard sur lui, sitôt hurlé. Et pire. L'instant d'après, un déluge de tirs. Ces êtres-là ne méritent ni pitié ni temps morts. Réglé par cette enfance impériale parfois très martiale, le bras droit, le corps de biais, et un oeil droit sur la cible. Le blaster devenait une arme mortelle pour quiconque avait appris à viser un temps soit peu. Et maintenant, ne plus hésiter. Ne plus craindre ce qui va se passer. Simplement avancer. Ne pas chercher à la voir. Ni elle ni les autres. Seule la mort est bonne pour ce duel, seule sa présence compte. S'il n'y a pas de corps autour d'eux, c'est qu'il reste de l'espoir. Suffisamment pour qu'elle survive, elle, celle qu'ils viennent sauver. Uniquement elle. Alors il faut avancer. Encore, et encore. Quoi qu'il advienne, quoi qu'il lance, quoi qu'on ressente. La peur qui vous brûle les entrailles, votre cerveau qui hurle de faire demi-tour, cette douleur qui reprend au fond de votre crâne, là, il ne peut pas survivre, pas cette fois. Encore quelques mètres, encore quelques secondes, et l'autre bras serait levé, lui et sa barre métallique. Y arriverait-il ? Lui laisserait-il cette ouverture ? Ou serait-ce la fin ? Seule la Force le savait à présenter ...