- mer. 19 juin 2019 09:38
#35660
Ambiance
Deux mois s’était désormais écoulés depuis la bataille de Nouane. Ils avaient gagné leur avait-on dit, ils avaient rendu un énorme service à l’empire. En revanche, ils ont oublié de préciser ce qu’ils avaient abandonné ce jour-là. Elle se souvenait de cette tempête de neige, comme elle la voyait dehors sur Nelvaan actuellement. Assise dans le salon, le regard livide, tandis que ses enfants jouaient ensemble à faire des constructions de bois. Ce bois, elle était allée le récupérer le matin même dans les forêts, vagabonde solitaire traçant son sillon dans la neige. Bercée par les vents murmurant des paroles interdites. Elle avait choisi avec précaution les morceaux pour n’être ni trop fins, ni trop épais. Ni trop coupant, ni trop mous. La reine avait gardé le silence, comme depuis les semaines qui précédaient celle-là. Un mutisme volontaire dont elle ne sortait que pour s’occuper de ses enfants. L’espoir d’abord l’avait conduite à lancer des Nelvaaniens aux quatres coins de la galaxie à la recherche d’indice. Une piste, quelque chose. Rien qu’une idée l’aurait contenté et lui aurait donné de grands élans. Mais rien.
La morosité avait pris le dessus, le deuil accompagné de grosses larmes dans son lit. Lors de ces longues soirées où elle attendait patiemment le sommeil. Et où ce dernier tardait toujours à toquer aux portes de son cerveau. Dans ces moments-là, elle se demandait ce qu’elle aurait dû faire, cette journée-là. Quel geste, quelle décision aurait pu changer les choses, l’empêcher d’être emmené. Quel était le choix ou le parti qui avait conduit à cette trahison. Car pour elle, ce n’était rien de moins que cela. Il avait tout donné, et elle s’en était détournée, pour se préoccuper encore une fois des autres. Ces mêmes autres qui n’avaient été reconnaissants de rien, préférant lancer des accusations à son encontre. Allant même jusqu’ à la condamner. Tout cela n’avait plus d’importance. La tristesse s’était installée, puis la lassitude.
Elle était là, seule devant cette table, à jeter des regards inquiets à ses enfants que rien ne semblait toucher. Et les larmes revenaient, se présentaient à son royaume comme des intrus indésirables. Emmenant dans leurs bagages les regrets, les souvenirs. Les mots échangés, les frôlements de leur peau, les baisés échangés, les odeurs mélangées. Il ne restait rien et la vie devenait fade face à ce constat. Le spectre de sa présence la hantait et la harcelait, lui montrant à quel point elle l’avait trahi. Elle avait dit ces mots à ses enfants, ce jour-là, tandis qu’ils se demandaient pourquoi elle était dans cet état :
« Quel que soit vos choix. Battez-vous pour ceux que vous aimez. Serrez les forts contre vous quand vous le pouvez et ne les laisser pas s’envoler. Jamais. »
Encore une fois, le bilan fut noir. C’était un échec. Et tandis que l’espoir s’était éteint, il y avait eu cet appel :
« Ma reine, l’homme au chapeau l’a retrouvé. »
Ambiance
Haruun Kal était de ces planètes qui vivaient paisiblement à l’abri de tous les regards. Il n’y avait rien d’intéressant sur la planète, mais le climat était clément. On y trouvait de large étendue d’herbes grasses tout autant que d’épaisses jungles dense. L’hygrométrie variant du tout au tout entre les deux biomes. On retrouvait de l’eau douce en quantité et la vie fleurissait sur toutes les strates de l’écosystème. La faune était particulièrement active et dangereuse. Allant de la guêpe qui pondait des œufs dans le cerveau à rendre dément, le léopard des branchages ou encore l’énorme le chien Akk. Tout cela était fait pour tuer, et éloigner les éventuels maraudeurs qui traînaient trop proches de la structure de métal. A quelques jours de marche depuis la lisière, inaccessible par les véhicules sans risquer de sonner l’alerte. Ils en étaient là, voyageant en rang serrés à travers la verdure. Les branches repoussées, les feuilles écartées pour une progression lente mais assurée.
Leur équipe était constitué de plusieurs hommes du BSI, commandé par le non sans moins connu Winston. Le vieux avait repris du service, touché par la perte de Zygmunt et faisant de cette affaire quelque chose de personnel. Il était accompagné d’une demi-dizaine de soldat du bureau en armure complète qui repérait les pièges laissés sur le passage. Avec eux, le chasseur au chapeau, le garçon de vache au poncho rouge. Celui qui avait donné l’alerte et traqué l’agent. Quant à savoir ses motivations, elles ne regardaient que lui et se chiffreraient uniquement en crédits assurément. Enfin, trois Nelvaaniens étaient présents pour terminer cette escorte. La reine de la planète sauvage en personne, ainsi que les deux chefs maraudeurs, Raxxor et Alfarh. Le gros loup et l’humain au crane à demi rasé. Ces deux derniers, experts dans les environnements naturels, patrouillaient en avant ou sur les côtés, dans les arbres comme au sol. Ils étaient devant et derrière, ils étaient des maraudeurs et leur première assurance vie.
« Bon dieu d’bon dieu. Ce n’est pas permis d’être aussi humide. Tout mon corps suinte. »
« Vous vous plaignez Winston. »
« V’verrez quand vous aurez mon âge et que chacun d’vos mouvements grinceront comme un vieux portail rouillé. »
Helera étira un sourire mais ne dit mot. Depuis cet appel et la renaissance de cet espoir, elle n’avait eu de cesse de montrer de l’empressement à retourner dans la guerre. Winston avait bien pu l’accueillir, recréant leur équipe de baroudeur. Ils étaient là pour récupérer leur chef. Cela l’emplissait d’une détermination plus puissante encore. En armure complète, avec un nouveau bras métallique, plus perfectionné encore. Il y avait devant elle dans cette structure cachée le fruit de ses songes et le fantôme de ses passions. L’idée de le revoir faisait bondir sa poitrine. L’état dans lequel elle le retrouverait l’emplissait cependant d’appréhension. Elle s’imaginait devoir le combattre, tandis que leurs ennemis lui auraient retournés l’esprit. Comme elle dû le faire avec sa mère jadis, avec Althar, avec son père ou encore son frère. Toutes les personnes qu’elle avait aimées s’était au moins une fois retournée contre elle. Aurait-elle la force de lutter cette fois-là ? Elle n’en était pas sûre. Pas sûre d’avoir la volonté de lutter contre son agent. Et si son futur s’arrêtait maintenant, c’était que la Force l’avait décidé. Il n’y aurait alors aucun retour en arrière.
« Je n'ai pas peur, Helera. Parce que tu es à mes côtés. »
Deux mois s’était désormais écoulés depuis la bataille de Nouane. Ils avaient gagné leur avait-on dit, ils avaient rendu un énorme service à l’empire. En revanche, ils ont oublié de préciser ce qu’ils avaient abandonné ce jour-là. Elle se souvenait de cette tempête de neige, comme elle la voyait dehors sur Nelvaan actuellement. Assise dans le salon, le regard livide, tandis que ses enfants jouaient ensemble à faire des constructions de bois. Ce bois, elle était allée le récupérer le matin même dans les forêts, vagabonde solitaire traçant son sillon dans la neige. Bercée par les vents murmurant des paroles interdites. Elle avait choisi avec précaution les morceaux pour n’être ni trop fins, ni trop épais. Ni trop coupant, ni trop mous. La reine avait gardé le silence, comme depuis les semaines qui précédaient celle-là. Un mutisme volontaire dont elle ne sortait que pour s’occuper de ses enfants. L’espoir d’abord l’avait conduite à lancer des Nelvaaniens aux quatres coins de la galaxie à la recherche d’indice. Une piste, quelque chose. Rien qu’une idée l’aurait contenté et lui aurait donné de grands élans. Mais rien.
« Je te donne tout. Tout ce que j'ai, tout ce que je suis. Je t'appartiens. Corps et âme. »
La morosité avait pris le dessus, le deuil accompagné de grosses larmes dans son lit. Lors de ces longues soirées où elle attendait patiemment le sommeil. Et où ce dernier tardait toujours à toquer aux portes de son cerveau. Dans ces moments-là, elle se demandait ce qu’elle aurait dû faire, cette journée-là. Quel geste, quelle décision aurait pu changer les choses, l’empêcher d’être emmené. Quel était le choix ou le parti qui avait conduit à cette trahison. Car pour elle, ce n’était rien de moins que cela. Il avait tout donné, et elle s’en était détournée, pour se préoccuper encore une fois des autres. Ces mêmes autres qui n’avaient été reconnaissants de rien, préférant lancer des accusations à son encontre. Allant même jusqu’ à la condamner. Tout cela n’avait plus d’importance. La tristesse s’était installée, puis la lassitude.
« Tu sais, je crois bien que je t'aime, Helera. Est-ce que ça te gêne comme confidence ? »
Elle était là, seule devant cette table, à jeter des regards inquiets à ses enfants que rien ne semblait toucher. Et les larmes revenaient, se présentaient à son royaume comme des intrus indésirables. Emmenant dans leurs bagages les regrets, les souvenirs. Les mots échangés, les frôlements de leur peau, les baisés échangés, les odeurs mélangées. Il ne restait rien et la vie devenait fade face à ce constat. Le spectre de sa présence la hantait et la harcelait, lui montrant à quel point elle l’avait trahi. Elle avait dit ces mots à ses enfants, ce jour-là, tandis qu’ils se demandaient pourquoi elle était dans cet état :
« Quel que soit vos choix. Battez-vous pour ceux que vous aimez. Serrez les forts contre vous quand vous le pouvez et ne les laisser pas s’envoler. Jamais. »
Encore une fois, le bilan fut noir. C’était un échec. Et tandis que l’espoir s’était éteint, il y avait eu cet appel :
« Ma reine, l’homme au chapeau l’a retrouvé. »
Haruun Kal était de ces planètes qui vivaient paisiblement à l’abri de tous les regards. Il n’y avait rien d’intéressant sur la planète, mais le climat était clément. On y trouvait de large étendue d’herbes grasses tout autant que d’épaisses jungles dense. L’hygrométrie variant du tout au tout entre les deux biomes. On retrouvait de l’eau douce en quantité et la vie fleurissait sur toutes les strates de l’écosystème. La faune était particulièrement active et dangereuse. Allant de la guêpe qui pondait des œufs dans le cerveau à rendre dément, le léopard des branchages ou encore l’énorme le chien Akk. Tout cela était fait pour tuer, et éloigner les éventuels maraudeurs qui traînaient trop proches de la structure de métal. A quelques jours de marche depuis la lisière, inaccessible par les véhicules sans risquer de sonner l’alerte. Ils en étaient là, voyageant en rang serrés à travers la verdure. Les branches repoussées, les feuilles écartées pour une progression lente mais assurée.
Leur équipe était constitué de plusieurs hommes du BSI, commandé par le non sans moins connu Winston. Le vieux avait repris du service, touché par la perte de Zygmunt et faisant de cette affaire quelque chose de personnel. Il était accompagné d’une demi-dizaine de soldat du bureau en armure complète qui repérait les pièges laissés sur le passage. Avec eux, le chasseur au chapeau, le garçon de vache au poncho rouge. Celui qui avait donné l’alerte et traqué l’agent. Quant à savoir ses motivations, elles ne regardaient que lui et se chiffreraient uniquement en crédits assurément. Enfin, trois Nelvaaniens étaient présents pour terminer cette escorte. La reine de la planète sauvage en personne, ainsi que les deux chefs maraudeurs, Raxxor et Alfarh. Le gros loup et l’humain au crane à demi rasé. Ces deux derniers, experts dans les environnements naturels, patrouillaient en avant ou sur les côtés, dans les arbres comme au sol. Ils étaient devant et derrière, ils étaient des maraudeurs et leur première assurance vie.
« Bon dieu d’bon dieu. Ce n’est pas permis d’être aussi humide. Tout mon corps suinte. »
« Vous vous plaignez Winston. »
« V’verrez quand vous aurez mon âge et que chacun d’vos mouvements grinceront comme un vieux portail rouillé. »
Helera étira un sourire mais ne dit mot. Depuis cet appel et la renaissance de cet espoir, elle n’avait eu de cesse de montrer de l’empressement à retourner dans la guerre. Winston avait bien pu l’accueillir, recréant leur équipe de baroudeur. Ils étaient là pour récupérer leur chef. Cela l’emplissait d’une détermination plus puissante encore. En armure complète, avec un nouveau bras métallique, plus perfectionné encore. Il y avait devant elle dans cette structure cachée le fruit de ses songes et le fantôme de ses passions. L’idée de le revoir faisait bondir sa poitrine. L’état dans lequel elle le retrouverait l’emplissait cependant d’appréhension. Elle s’imaginait devoir le combattre, tandis que leurs ennemis lui auraient retournés l’esprit. Comme elle dû le faire avec sa mère jadis, avec Althar, avec son père ou encore son frère. Toutes les personnes qu’elle avait aimées s’était au moins une fois retournée contre elle. Aurait-elle la force de lutter cette fois-là ? Elle n’en était pas sûre. Pas sûre d’avoir la volonté de lutter contre son agent. Et si son futur s’arrêtait maintenant, c’était que la Force l’avait décidé. Il n’y aurait alors aucun retour en arrière.