L'Astre Tyran

StarWars Online Roleplay Cliquez ici pour voir l'intro...

Image

Avatar de l’utilisateur
By Zygmunt Molotch
#35722
Laissé seul pour dormir, il n'y parvint pas avant longtemps, perdu dans les innombrables pensées qui menaçaient de lui griller le cerveau. Il lui était difficile de concevoir ce qui lui était arrivé. Comment avait-il pu oublier toute son existence ? Les souffrances qu'il avait subi avaient-elles été telles que son esprit s'etait replié sur lui-meme, incapable de supporter plus sans s'effondrer et lui faire perdre la raison ? Était-ce un mécanisme de défense ordinaire ? Il n'en savait rien Il n'était pas toubib.

Pire encore était cette nouvelle qu'il avait une ex-femme et un fils. Il ne s'en souvenait pas, il ne se rappelait même pas leurs visages ni leurs noms. Enfin, il y a avait bien celui d'Eleena qu'il avait prononcé plus tôt sans même y faire attention. Mais son propre fils, oublié lui aussi ? Quel genre de père avait-il dû être pour qu'un peu de douleur le lui fasse oublier ? Seul dans la chambre a sa demande, il se rendait maintenant compte combien il avait le silence et la solitude en horreur depuis sa captivité.

La simple idée de rester seul trop longtemps le faisait frissonner. Au souvenir de cette cellule humide ou il gisait alors, il comprenait que ce n'était pas tant la douleur et les tortures qui l'avaient détruit mais la certitude d'être totalement et pleinement seul, sans personne pour compatir ni le soutenir. S'il n'y avait eu cette pensée souterraine d'Elle, il aurait complètement perdu les pédales. Mais dans le même moment, c'était cette pensée de ne plus jamais la revoir qui lui avait fait mal, plus que jamais ses tortionnaires ne l'auraient pu.

Il lui fallut de nombreuses heures pour réussir à s'endormir et quand ce fut le cas, son sommeil ne fut pas le moins du monde paisible. Dans ses rêves revenaient des bribes de ce qu'il avait vécu et rien n'y était plaisant. Il revoyait les visages moqueurs et cagoulés qui le battaient comme plâtre, les formes indistinctes des matraques et les rires sadiques qui le narguaient. Il se revoyait allongé par terre, immobile et incapable de bouger, à espérer, à prier pour mourir mais en vain. La mort n'etait jamais venue pour lui délivrer son baiser fatal.

Et à présent, il était là, brisé et en morceaux, sans souvenir de rien et avec l'impression qu'il n'avait pas d'avenir. Il ne lui restait qu'une famille dont il ne savait rien et ce vague objectif de retrouver une femme dont il n'avait comme souvenir que des yeux bleus et le réconfort qu'elle lui prodiguait alors même qu'il oubliait peu à peu tout. Il aurait eu mieux fait de se vider de son sang dans sa cellule afin de soulager tout le monde du poids de son existence. Résultat : il était maintenant un fardeau pour tout le monde et surtout lui-même.

Empereur, pourquoi m'as-tu permis de vivre ? Pourquoi m'as-tu interdit de quitter ce monde ?

Le sommeil vint finalement, vaincu par la fatigue comme il l'était. La dernière chose à laquelle il pensa avant de fermer les yeux et sombrer dans l'inconscience étaient ces yeux d'un bleu intense et pur qui lui jetaient un regard espiègle et joueur.




Il dormit jusqu'au lendemain matin sans être dérangé. Durant son sommeil, les médecins étaient venus examiner son état et s'étaient entretenus avec Winston pour en savoir plus. Ils avaient ainsi diagnostiqué ce que lui et la jeune femme avaient soupçonné, que son amnésie complète venait de ce qu'il avait subi, son esprit s'étant replié dans une tentative inconsciente et instinctive de se protéger. En revanche, ils ne disposaient guère de solution pour y remédier car la mémoire était une chose très complexe et capricieuse, infiniment délicate.

Il faudrait appliquer un savant mélange de douceur et de fermeté pour le mettre sur la voie du rétablissement. Et il était important que son corps, pratiquement remis, pratique des exercices physiques d'une intensité qui irait croissante afin de le stimuler et surtout, de faire fonctionner sa mémoire musculaire. La question de la prothèse pour remplacer sa main, mécanique, fut évoquée évidemment.

On établit que pour l'heure mieux valait attendre un peu qu'il soit remis complètement et en forme, d'autant qu'i faudrait également choisir un modèle. Le standard était préconisé, étant peu onéreux et fiable au détriment de capacités de sensation amoindries, surtout par rapport à une main organique. Il restait possible de voir s'il souhaiterait un modèle plus perfectionné mais également plus cher. Peut-être disposait-il d'une réserve financière suffisante pour amortir le coût de l'opération ?

Pour l'heure, il était ignorant de tout cela, peinant à se tirer hors du lit pour aller faire un tour hors de sa chambre. Il réalisa bien vite qu'elle avait eu raison, tout ce temps de captivité et d'immobilisme n'avaient pas fait du bien à ses membres, au point que simplement se tenir debout lui paraissait tenir du miracle. Incapable de rester debout, il se résolut à tendre le fauteuil roulant et s'y installer. Inutile de dire que l'opération fut diablement longue, d'autant que sortir de la chambre était compliqué aussi. A peine sorti dans le couloir, il était essoufflé et fatigué.

Pour autant, hors de question de songer à retourner au lit. Il fallait qu'il bouge et surtout, qu'il parle à quelqu'un. Il en avait assez de la solitude. Il parvint à sortir sur la terrasse à l'entrée de la clinique avant de se rendre compte que ce n'en était absolument pas une mais plutôt un genre de palais. L'idée l'etonna mais il n'eut pas le temps de s'en interroger plus avant que revenait visiblement d'une promenade la maîtresse des lieux, qui semblait amusée de le voir là.

Ouais j'en avais marre de flâner dans mon lit, j'avais besoin de bouger un peu.

Il prit quelques secondes pour savourer le vent frais soufflant sur son visage et l'odeur de pureté qui se dégageait des lieux.

Je tenais à m'excuser encore une fois d'avoir perdu mon sang-froid hier, vous êtes formidable, patiente et attentionnée et je suis bien ingrat. C'est juste que c'est très frustrant, parfois j'ai l'impression d'être à rien de me souvenir et de tout et l'instant d'après, plus rien.

Long soupir fatigué avant de fermer les yeux, concentré et comme perdu dans ses pensées.

Vous m'aviez demandé hier si je voudrais voir mon ex et mon fils. Je crois que je ne préférerais pas. Je n'ai aucun souvenir d'eux et je préférerais qu'ils ne me voient pas dans cet état. De toute façon, je ne devais probablement pas être un bon mari ni père, chaque fois que je pense à eux je ressens du regret et de la honte... En revanche, si c'est possible, j'aimerais qu'ils sachent que je ne suis pas mort et pourquoi j'ai disparu de la circulation si longtemps. Que ce n'était pas volontaire et que je suis désolé si je leur ai fait du mal par mon absence. Vous pensez qu'il est possible de leur envoyer un message ?

Il hésita brièvement avant de poser une autre question.

Vous avez parlé de l'agente junior Zai. Tel que je me rappelle du concept, c'est un genre d'apprenti agent aux côtés d'un mentor. Vous la connaissez ? Vous savez ou elle est ? Est-ce que... Est-ce que j'ai été un bon agent senior pour elle ? Est-ce que je l'ai aidée à devenir une meilleure agente ? Est-ce qu'elle est encore en vie après toute cette histoire de chasse aux terroristes ?
Avatar de l’utilisateur
By Helera Kor'rial
#35723
Ambiance


« Ce n’est rien. Vous avez tout en vous, j’en suis persuadée. »

La reine étira un sourire et s’assit sur les marches. Son petit ami sur son épaule renifla du bout de la truffe vers Molotch et inclina la tête de côté. Il fit le tour sur sa nuque et se déplaça dans le coin opposé à l’agent, par crainte du grand monsieur en siège. Helera regarda faire le petit animal et leva le bras pour le laisser s’y réfugier. Puis, elle regarda vers un des arbres et fit venir plusieurs fèves par la Force. L’agent ne se souvenait probablement plus de cela non plus.

« Je suis une sensitive », coupa-t-elle avant la question.

« N’ai pas peur, il ne va pas te manger. Il en est encore à boire un bouillon. »

La reine sourit et se retourna vers l’agent. Elle déposa quelques graines dans sa main. Légèrement surélevé par rapport à elle, elle dû lever plus haut le bras.

« Attirez le du bout des doigts. »

C’est ce qu’il fit et l’animal retourna sur la nuque de la reine, et regarda tour à tour l’agent et son médecin. Puis, se décida, sauta d’un bond sur le rebord du siège et examina tranquillement la main. Il fit quelques pas sur l’avant-bras et se saisi rapidement d’une grande, avant de s’enfuir dans le cou de la reine pour y déguster son festin. Helera posa son regard la main de l’agent, voulut la saisir avant d’y renoncer. Son regard leva vers lui.

« Bien sûr, nous pourrons leur envoyer un message écrit ou enregistré. Je pense même possible que ce soit le BSI qui les informe. »

Quant à l’autre question, elle fit sourire le médecin qui désengagea le regard et s’enfuit vers les champs. Pendant quelques secondes, elle resta silencieuse et observa les immenses champs. Le Scurriers quant à lui retourna récupérer son dû dans la main de l’agent.

« Je la connais assez bien oui. Encore une fois, vous la verrez quand vous aurez retrouvé votre mémoire. Ne pensez pas que je vais vous faciliter la tâche. »

La reine se leva et se plaça derrière le fauteuil, poussa lentement l’agent vers d’autres horizons. L’animal quant à lui était resté sur ses genoux, mangeait le reste des graines tout en se laissant porter.

« Je pense que vous avez été un bon agent senior, mais je ne suis pas sûr qu’elle soit devenue meilleure. Pas de votre fait. Disons qu’elle a toujours du mal à suivre les ordres, qu’elle est une tête brûlée et une sacrée tête de pioche. Ne vous inquiétez pas, elle va toujours bien. »

La quiétude qu’ils observaient à ce moment était presque proscessique. Le vent soufflait à peine, l’étoile peinait à darder ses rayons sur cette surface de la planète, les odeurs se mêlaient. Et le pauvre malade était traîné sur la pierre tranquillement par la Reine. Lui emmenant faire un tour du propriétaire.

« Quand nous sommes arrivés ici, il y a presque un an, nous ne savions pas vraiment comment appréhender cet endroit. Nous ne voulions pas entacher sa beauté naturelle, ni son caractère propre. Alors nous avons décidé de planter des champs. De fève de cacao, évidemment. J’en suis friante. Le palais quant à lui … Disons que je ne le regrette pas, mais il est assurément trop grand pour l’utilité que l’on en a. Il est entièrement bâti avec des pierres récupérées depuis Nelvaan. Rien n’a été subtilisé à la terre ici. »

Elle prit une grande respiration et souffla lentement. Ils firent le tour de la batisse. En réalité, sobre mais peu entretenu. La nature reprenait ses droits rapidement. Quelques lières grimpaient sur les parroies, de la mousse était présente s r les rebords des fenêtres et même les carreaux s’opacifiaient d’en bas. Elle l’arrêta devant un panorama idyllique. De grandes plaines s’étendant à perte de vue, encadrées par d’épaisses forêts. Se terminant sur un lac et devant une immense montagne. Un couple de Famba, animaux impossants et véritables colosses ici.

« Cette planète a quelque chose de particulier. Je savais bien que vous alliez venir ici. J’aurai aimé dans de meilleures conditions. »

La reine sourit et apparue à côté de lui.

« Ne faites pas attention à ce que je dis. Essayez de vous lever. Vous ne craignez rien, je vous retiens. Et au pire, vous tromberez dans l’herbe. »

Elle présenta une main et s’éloigna à un demi-mètres. Tout était encore à franchir. Un pas qui serait le déclenchement de sa renaissance. Helera en était persuadée. Son regard arpentait son visage et se perdit dans le sien. Un fin sourire étira sur le bord de ses lèvres. Léger froncement de sourcil et un signe de défi, comme il en avait connu plusieurs. Sa main toujours tendue, elle attendait qu’il ne la saisisse et recula lentement. Son regard ne quittait jamais le siens et elle l’obligeait à ne pas baisser la tête.

« Regardez moi. Uniquement moi. Vos jambes vous tiennent toutes seules. C’est comme votre cerveau, vous avez ça en vous, qui ne demande qu’à ressortir. Vous êtes la clé de votre guérison. Ayez foi en mes mots. Laissez vous aller à vos impressions. Allez. »

Elle recula toujours, s’écartant de plus en plus de lui, assez loin pour presque se séparer. Mais il vacilla et elle se rapprocha pour l’empêcher de choir. Sa main dans son dos, l’autre prenant la sienne. Une proximité interdite et oubliée. Les yeux baissés, elle restait honteuse et parfaitement désorientée par d’anciennes impressions. D’anciennes pulsions jusqu’à alors tout autant oubliées.

« Je vous tiens. Je ne vous lacherai pas. Je ne vous lacherai jamais, j’ai donné ma promesse. »

Son regard remonta vers le sien, et elle le fixa. Les rayons de l’étoile doucement se déplaçaient et bientôt allaient les submerger.
Avatar de l’utilisateur
By Zygmunt Molotch
#35724
Il n'avait pas vu de prime abord la petite bestiole bizarre qui se baladait sur les épaules de la jeune femme. C'était quoi ce truc ? Jamais vu ni entendu parler, il n'avait pas l'air méchant après et lui trouvait la bestiole intrigante. Il avait fait mine de tendre la main tranchée vers l'animal avant de réaliser son geste puis s'était stoppé alors, d'autant que le machin semblait avoir peur de lui. Fallait dire qu'une extrémité pointée vers vous et qui ne ressemblait pas à grand-chose ça devait être bizarre à interpréter pour un cerveau animal. Pas autant que pour lui qui réalisait à nouveau sa condition, qu'il avait plus ou moins zappée depuis son réveil.

Il soupira, de lassitude et de regret pour ce qu'il avait perdu. Comme si sa mémoire et tout ce qu'il était n'était pas assez, voilà qu'on le privait de ce qui pouvait lui permettre de se sentir entier. Et le pire c'est qu'il ressentait comme une douleur au bout du bras, comme si il était encore en place et picotait sous le froid du matin. Mais il n'y avait rien. Il n'y aurait plus jamais rien. Du regret, à nouveau. Cela ne dura pas longtemps toutefois, car ce qui se produisit ensuite l'interloqua autant que ça le fascina.

Comment vous avez...

Elle le coupa et lui délivra une réponse aussi cryptique que d'habitude, ce qui lui fit froncer les sourcils sous l'incompréhension. Sensitive de ? Par rapport à ? Oh, fallait-il vraiment rappeler à qui elle parlait là ? Le bougre n'avait pas la moindre idée de ce dont elle parlait et ne comptait pas s'en laisser conter fleurette. Les réponses évasives et les demies-vérités, il commençait à en avoir assez autant que le brouillard dans sa tête. On ne frustre pas un patient en convalescence, que diable !

C'est quoi un sensitif ? J'ai jamais vu ça, vous avez tendu la main et ces graines ont volé des arbres jusqu'à votre main ! C'est de la magie ou bien ? Bigre, c'est pas croyable, on dirait pas un de ces tours à la con dans les cirques ambulants pourtant. C'est quoi votre secret ? Allez quoi, dites-le moi, je dirai rien à personne, promis ! Croix de bois croix de fer, si je mens je vais en enfer ! Enfin... Façon de parler...

Vu qu'il en revenait, il préférait éviter d'y retourner si possible, la dernière fois ça avait laissé des marques mine de rien. La docteur déposa quelques graines dans sa main afin qu'il appâte le bidule qui s'agitait sur sa nuque. Essayant de paraître joyeux et confiant, souriant d'une manière stupide qui ne lui allait pas du tout, il bougeait la main de droite et de gauche pour attirer le regard de l'animal, lequel sembla lentement sa méfiance de côté, le temps de venir se servir avant de repartir à sa planque.

Open bar, mais visiblement tu préfères te la couler douce sur mamzelle Helera hein. Bon, je peux pas te le reprocher, elle a quand même l'air plus engageante que moi. Mais ce n'est que partie remise, petit voyou.

Un instant la jeune femme sembla vouloir lui agripper la main mais n'en fit rien. Il est vrai qu'il n'avait pas encore pris sa douche aujourd'hui, avec le vent qui soufflait doucement, ça devait se sentir.

Si ça ne dérange pas mes supérieurs, j'aimerais qu'on leur dise que j'ai été indisponible à cause de mes devoirs envers l'Empire, question de sécurité nationale et tout le tralala. Mieux vaut qu'ils ne sachent pas que j'étais en train de me faire charcuter dans tout les sens, quelque chose me dit que c'est pas bon pour un enfant d'apprendre que son père a été recyclé comme exutoire pour une bande de cinglés.

Peut-être qu'il rédigerait lui-même une lettre, pour peu qu'il apprenne à écrire de la main gauche. Encore une chose qui lui était désormais impossible ou excessivement compliquée à présent. Il ne s'y habituerait jamais sacrebleu. La docteur passa derrière lui et commença de pousser le fauteuil tandis que l'animal s'installait sur ses jambes et grignotait les graines qu'il lui restait. Sacrée bestiole, tellement simple, on lui proposait à manger, elle le prenait et en échange vous réchauffait un peu tout en ronronnant joyeusement. Une telle simplicité lui faisait du bien par ces temps compliqués.

Toutefois, la nouvelle énigme de la jeune femme eut tôt fait de le renvoyer à son humeur maussade de la veille. Ne pouvait-elle donc pas cesser cela une seule fois ?

Encore des faux-semblants ? Vous adorez me faire tourner en bourrique ou quoi ? J'irai me plaindre à... Euh... Vous pourriez m'indiquer ou on peut se plaindre des mauvais traitements au juste ? Oui je sais, ça rend le tout un peu con... Bon, laissez tomber...

Maugréant contre lui-même et en fait un peu tout et tout le monde, il jurait tout bas pour ne pas être entendu. Et puis il y avait des oreilles innocentes à portée de voix là, hein Monsieur Moustache ? Oui bon le surnom était ridicule mais pour sa défense, il était amnésique et fatigué hein donc voilà.

Suivre les ordres, c'est bien jusqu'à un certain point. Arrive un moment ou les règles peuvent devenir des entraves qui ne servent que ceux qu'elles devraient condamner. Il faut savoir parfois sortir des sentiers battus pour obtenir la victoire. Par contre faut mieux être sûr de soi sinon c'est un coup à se prendre un bon coup de pied au cul. Mais bon, tant qu'elle va bien et ou qu'elle soit, c'est le principal. Déjà que j'ai l'air d'avoir à peu près tout raté de mon ancienne vie, si en plus j'avais appris qu'elle était morte ou virée parce que j'ai mal fait mon boulot, ça aurait été franchement pas drôle.

Il s'arrêta, vaguement embarrassé.

Bon sang, écoutez-moi un peu, j'arrête pas de parler pour rien dire et je m'exprime plus familièrement qu'un cadet de l'académie en permission. Je me souviens qu'une fois on était descendus avec Norah et Wystan et on avait...

Il se tut brusquement en sentant remonter la tristesse. Cette douleur, il la reconnaissait pour ce qu'elle était à présent et chaque fois qu'elle revenait, il avait envie de pleurer et de hurler. Il aurait voulu pouvoir s'époumoner, tout faire sortir une bonne fois pour toutes. Mais il n'y arrivait pas. Chaque fois, le souvenir de son deuil s'attachait à lui et lui rappelait la dette qu'il devait payer. Même la torture n'avait pas pu détruire ce dégoût de lui-même qu'il ressentait. Il commençait sérieusement à croire qu'il ne s'en débarrasserait jamais. Baissant la tête, il se borna à contempler l'animal manger et s'installer pour somnoler paresseusement sur lui.

Son guide les faisait faire le tour de tout le bâtiment, ce qu'il avait pris pour une clinique qui était en fait un palais. Extérieurement, cela ressemblait plutôt à une grosse structure en pierre sans grande décoration ni fioritures, très simple voire grossière. Il était clair que dans le coin, on se souciait peu de faire des palais qui ressemblent... A des palais. C'était étrange mais bon, vu toute la collection de trucs étranges qu'il avait, une de plus ou de moins n'allait pas faire grand mal.

Toutefois, lorsqu'elle les mena non loin d'un grand lac au bout de plaines à perte de vue avec une montagne au loin qui semblait sacrément haute, le panorama suffit à lui couper le souffle et le laisser sans voix. C'était magnifique, ni plus ni moins. Il ressentit une grande paix rien qu'en contemplant l'horizon et songea que rien de plus beau que ça ne pouvait exister. Le paysage lui fut alors partiellement caché par la silhouette de la jeune femme qui tendait à distance légère de lui sa main, comme pour l'encourager à la rejoindre. Il releva la tête pour l'observer tandis qu'elle le sommait impérieusement de se lever.

Ce fut pour le moins difficile. Ses jambes ne lui obéissaient pas entièrement et le repos bien mérité qu'il avait pris la veille lui avait fait assurément du bien mais pas gommé toute la fatigue accumulée. Difficilement, il parvint à se relever, bien que son allure le faisait plutôt ressembler à un vieillard infirme qu'à un homme dans la fleur de l'âge. C'est exactement ça tiens, un vieux tout cassé et plus bon à rien, songea-t-il amèrement. Mais, serrant les dents, encaissant la douleur des membres qui tiraient durement sous l'effort de volonté qu'il déployait, il parvint à rester à peu près droit.

Il prit sa main, le contact en était chaud et lui envoyait des vibrations agréables à travers la peau. Il y avait quelque chose de tellement familier dans ce simple contact, terriblement familier et pourtant impossible à se rappeler. La frustration lui donnait envie de vociférer, de crier sa rage au monde pour cette injustice de son esprit brisé qui était devenu son pire ennemi pour le protéger. Il avait l'impression que jamais il n'arriverait à se remettre complètement, que le brouillard resterait, persistant, comme si il ne pouvait plus convaincre son esprit que tout était fini, qu'il pouvait se calmer et tout laisser sortir.

Elle avait encore et toujours plus reculé, sa main dans la sienne, pour l'encourager à bouger. Il parvint à faire un pas puis un autre avant de vaciller et de s'écrouler par terre lourdement, incapable de rester en place. Son corps, après son esprit, le trahissait à son tour. Elle le rattrapa pourtant et l'aida à se relever, supportant son poids - qui en soi ne devait pas être bien lourd, ironiquement - pour qu'il puisse contempler son regard. Au-delà de son visage aux traits gracieux et d'une finesse à couper le souffle, le lac et ses vagues paresseuses avec en toile de fond la lointaine montagne.

Quelle genre de promesse peut vous lier pour que vous perdiez votre temps avec un infirme, boiteux, manchot et plus bon à rien ? Vous ne craignez pas de gaspiller votre attention pour rien avec moi ? Vous croyez vraiment qu'il subsiste quelque part là-dedans ce fameux Zygmunt Molotch qui ne m'évoque rien ?

Il ne pouvait plus supporter ce regard bleu océan qui le regardait. Il ne pouvait plus supporter la compassion et l'inquiétude qu'il y lisait, l'empathie dont elle faisait preuve. Il ne pouvait plus supporter l'épave qu'il était et la certitude qu'il ne s'en remettrait jamais. Il ne voulait plus qu'une chose, qu'on le laisse tranquille. Qu'on l'abandonne. Qu'on le laisse pourrir sur le bas-côté et qu'on le laisse enfin mourir. Est-ce qu'il n'avait pas assez souffert comme ça pour mériter la paix de la tombe ? Pourquoi lui refusait-on encore cette ultime faveur ?

Ce ciel, ce lac, ces plaines... Regardez un peu ça Helera. Je ne crois pas avoir rien vu d'aussi beau depuis mon entrée à l'académie avec Norah et Wystan. Je voudrais ne plus faire qu'un avec cet endroit et tout laisser derrière moi. Je voudrais... J'aurais voulu mourir là-bas. J'aurais voulu disparaître entièrement pour ne plus souffrir et ne plus faire souffrir. Quand je pensais à cette femme dans les pires moments, cela me donnait la force de ne pas me laisser mourir. Mais j'aurais dû le faire, pour elle. J'aurais dû la soulager de l'attente et l'incertitude quand à mon sort. Je n'ai même pas été assez fort pour ça.

Alors, lâchant involontairement la main de la jeune femme, il s'écroula au sol, à genoux, fixant sans ciller le lac et ses eaux profondes. Comme un océan dans lequel il aimait se noyer. Sa bouche se tordit en une grimace de douleur qui l'enlaidissait tandis qu'il pleurait en silence, sans verser une larme. Même cela, il n'en était pas capable. Il avait oublié comment faire. Il avait tout oublié et tout perdu. Tout.
Avatar de l’utilisateur
By Helera Kor'rial
#35727
« Un sensitif, c’est une personne qui a la naissance, a reçu un don de compréhension, d’interprétation et d’empathie de l’univers qui l’entoure. Il est capable de sentir la vie, au sens premier et figuré du terme. Il est le garant de la stabilité universelle. Ce sont aujourd’hui des gens qui dans l’empire sont traqués et enfermés pour leur particularité. L’empereur actuel ne les porte pas en grande estime, pour tout vous dire. »

Il ne se rappelait pas non plus de l’épisode dans la base de Yaga Minor, ni même des pouvoirs qu’elle avait déchainés sur Nouane. En un sens, c’était pas mal. Il voyait en elle quelqu’un de normal. C’était tout ce qu’elle désirait venant d’une personne extérieure. Zygmunt s’amusa ensuite avec le Scurrier, lequel allait et venait pour récupérer sa nourriture. Ce dernier en profita bien et ne cessa ses allées et retours. La remarque sur sa famille fut accueillie par un mouvement de têt. C’était sa décision et elle n’avait pas le droit de revenir dessus. Aussi ne tergiversera-t-elle pas plus sur le sujet.

« Il y en aura toujours, des faux-semblants. Ils font partis de la thérapie et cultive votre sens de la déduction alors si affuté. Prenez patience. »

Et il avait beau essayé de de parler d’ordre ou quoi, Zai n’aurait dans tous les cas pas aimé cela. Encore une fois, la reine ne répondit rien et se contenta de sourire. Elle était enfermée dans une forme de mutisme avec son patient, qui n’était plus rien d’autre que cela. Elle était trop de formes pour lui, trop d’existence que son cerveau n’avait pas su remettre dans l’ordre. Cela l’obligea à se questionner sur l’utilité de cette ancienne démarche. Elle était fermement convaincue que cela le desservait. Ils firent le tour du propriétaire, en oubliant les vieilles rancoeurs de Wynstan et de Norah, probablement sa sœur. Et ils s’essayèrent à un premier exercice qui termina avec un agent en perte d’équilibre et une reine qui le rattrapa in extremis. Leurs regards s’étaient plantés, mais la gêne qu’elle avait ressentie ne semblait pas être réciproque. Peut-être n’existait-il en lui plus rien qui ne la lie à elle. Peut-être n’était-elle qu’une voix dans son cerveau. Une simple voix sans consistance ni essence.

« La plus belle des promesses, Zygmunt. Il existe en vous la force de la conviction. La force de l’honneur et de la bravoure. Du devoir et de l’ordre. Vous n’êtes pas obligé de redevenir celui que vous étiez, ni même de l’y ressembler. Vous pouvez être qui vous voulez, si tant est que vous êtes en phase avec vous-même. Aucun de vos proches ne vous en voudra de n’avoir pas voulu retourner dans votre ancienne personnalité. »

L’agent détourna le regard qui se perdit derrière elle, sur l’horizon paradisiaque de la planète. Il ne restait en lui que ce qu’il était actuellement. Un papillon débarassé de sa mue, ne sachant pas encore s’il devait s’envoler ou y rester. Helera n’y avait pourtant pas la réponse. Il lacha sa main et se laissa tomber au sol, pleurant son saoule tandis que ses démons intérieurs ressurgirent. Les mots qu’il énonça lui firent mal et elle fronça légèrement les sourcils de questionnement internes. Il tomba et elle le laissa. Pourtant, elle ne s’arrêta pas là et ne fit pas volte face. La reine prit place à ses côtés et dans un geste dépassant le cadre légal d’une relation, médecin/patient, l’entoura de ses bras. Puis, elle tira légèrement vers elle pour le laisser tomber contre ses cuisses, le regard continuellement tourné vers le panorama.

« Cette femme vous en est reconnaissante de ne pas être mort. Cela l’aurait détruite. Savoir que vous êtes en vie est sans doute la meilleure chose qu’elle a reçu durant les mois de votre absence. Cette conviction, Zygmunt, gardez la en tête. »

Assise, l’agent couché sur elle, entouré de ses bras, le regard vers le reste de la planète, Helera dû se taire à nouveau sur le sujet. Elle en disait probablement trop, ou pas assez. Cela devait être une torture pour lui. Nécessaire ? Peut-être. Bien qu’elle ne sût pas si vraiment c’était le cas. Etait-elle un bon médecin ? Elle faisait de son mieux en tous cas. Elle donnait son temps et ses secrets, espérant que cela suffise. L’avenir serait seul témoin de l’efficacité de sa convalescence, et encore une fois, la présenterait-il devant le purgatoire de ses choix.

« Je vous ramène dans votre chambre. Demain, nous commençons les entraînements. »




Plusieurs jours, plusieurs semaines, avaient passé. La routine s’était alors doucement installée, ordonné par le médecin du pauvre agent. Dès le troisième matin, il avait pour ordre de se lever et de se servir des baiquilles qu’on lui présenta. L’aide fut minime, l’obligeant à trouver la force en lui de poursuivre. Au bout d’une semaine, il n’avait plus besoin de rien. La partie facile avait été réussie avec efficacité mais lenteur. Ensuite venait le moment de l’apprentissage de nouveau réflexe. Pour cela, elle le retrouvait après sa marche matinale dans les jardins sur la terrasse du palais. Une sphère remplie de sable lui avait été présentées. L’objectif étant simple. On la lui jetait, il devait la récupérer. Bien qu’elle fut lourde cependant, il devait mobiliser plusieurs muscles supplémentaires. Ceux du dos, des épaules et des bras. On enchaînait alors avec des exercices de renforcement de la ceinture abdominales. Un jour sur deux, on changeait de muscle, et venait celui des jambes. Cette routine, elle y tenait et elle l’obligeait à s’y contraindre. Elle-même faisait tous les exercices avec lui, sans jamais manquer à la séance. Et à chaque fois, ne se découvrait-elle jamais le haut du corps. Ses bras restaient cachés derrière des chemises ou des T-shirts à manche longue. Car l’on ne savait pas ce qu’il pouvait se trouver derrière ce tissu. Peut-être des souvenirs encore enfouis qui ne demandaient qu’à ressortir. L’après midi, c’était quartier libre et elle passait le plus claire de son temps avec lui, quand il voulait bien de sa présence. Parfois, il était morose, parfois, il était triste, de son état, de son manque de progrès. Il se jugeait attivement, et à chaque fois la reine le réconfortait et lui prouvait qu’il était loin de ne pas avancer. Parfois en revanche, il était plus jovial et visitait le Scurrier qui avait désormais prit l’habitude de réclamer quelques fèves de cacao. « Monsieur Moustache » avait-il été appelé par le patient, et ce nom était resté. Avec l’accord dudit porteur, bien évidemment.

La vie avait suivi son cours dans ce paradis qu’était Delchon. Est-ce que la mémoire lui revenait, est-ce qu’il avait des réminiscences de son passé ? Cela, ce n’était pas à elle de le dire. La reine faisait tout pour que cela soit le cas, mais doutait encore de ses propres capacités à réussir. Cette après-midi là, ils s’étaient retrouvés après le déjeuné devant le panorama devant lequel ils s’étaient quittés quelques semaines plus tôt. L’après midi venait de débuter et ils pouvaient observer ces montagnes vers lesquels des kilomètres semblaient les séparer. Sur un transate, un cocktail de … chocolat frais à la main, il profitait des lueurs de l’étoile qui berçait cette partie de la planète.

« Demain, nous essayerons de charger davantage pour vos exercices. Quelques poids supplémentaires devraient ne pas vous fatiguer davantage. »

La reine regardait face à elle, énonçant une recette plus que de vraies paroles. Elle se tourna vers lui :

« Dites moi, où en êtes vous dans vos souvenirs ?
»
Avatar de l’utilisateur
By Zygmunt Molotch
#35728
Le fragile équilibre qu'il avait pu avoir depuis son réveil s'était effondré en même temps que lui et c'était une créature bien pitoyable qui en avait été réduite à pleurer sans pouvoir verser une seule larme, en silence, piégé dans la solitude de son tourment intérieur. Il ne ressentait en lui qu'un vide que rien ne pouvait combler, perdu qu'il était dans ses réminiscences sans fin et sans fond.

Pourtant, comme un pilier sur lequel s'appuyer et qui jamais ne faillissait, la jeune femme était là, se posant a côté de lui et l'enlaçant gentiment tout en faisant pression sur lui pour que sa tête ne glisse sur ses jambes. Elle y reposait, tournée vers le lac d'un bleu profond et pur. Petit à petit, la paix lui revenait et l'emplissait. Si elle n'avait été là, il aurait très probablement fini par rester au bord du lac, seul et sans but, a se laisser mourir lentement là où personne ne serait venu le chercher.

Mais elle avait été là tout comme elle avait été présente à son réveil et pour répondre a ses questions de son mieux possible. A présent qu'il reposait sur ses jambes, il lui était encore plus reconnaissant de tout ce qu'elle avait fait pour lui et continuait de faire et dans le même temps, s'interrogeait sur les raisons qui la poussaient à autant se préoccuper de son sort. Qu'y avait-il en lui qui justifie tant de compassion ?

Au bout d'un moment, bien trop court à son goût, il fut temps de repartir en sens inverse et se réinstaller sur le fauteuil avec la bestiole qui attendait leur retour. Et au-delà, jusqu'à sa chambre qui l'attendait. Il aurait nettement préféré rester ici, a se perdre dans la contemplation des vagues mouvantes en sentant la présence réconfortante de la docteur. Mais ce genre de paix n'était jamais que temporaire et il lui restait un long chemin a parcourir avant de pouvoir prétendre le mériter a nouveau. Ils n'échangèrent pas un mot durant le voyage de retour et il fut de nouveau seul une fois dans sa chambre.

Avant de s'endormir, il se mit à rêver des yeux bleus comme un océan et dans lesquels il aimait se noyer auparavant.




Le temps avait passé à une vitesse folle par la suite. Inflexible et intraitable, elle avait insisté pour qu'il se mette à faire du sport et des exercices physiques afin de stimuler son corps toujours bien amoché. In comprenait la logique de l'argument, il était nécessaire qu'il fasse travailler muscles et membres pour se remettre s'il voulait éviter de devenir un vieillard plus bon a rien. Bien sûr, il y avait les faits et il y avait la pratique.

Inutile de dire que les premiers jours furent un véritable calcaire, le temps que son corps se réhabitue et son endurance se remette en place. D'autant que l'usage des béquilles, au début, obligatoire vu sa difficulté à se tenir debout, était également insultant. Il détestait cette impression d'être un infirme incapable de se débrouiller seul. Il détestait avoir besoin d'une assistance même minime et il détestait tout détester.

Autant dire que jusqu'à ce qu'il parvienne enfin à tenir debout sans rien et longtemps, les béquilles furent obligatoires. Une semaine durant laquelle son humeur fut massacrante, il était mauvais avec tout le monde et désagréable, bien qu'il s'efforçait de n'en rien montrer à la jeune femme qui, il le savait, ne voulait que l'aider. Une fois qu'il eut laissé derrière lui smces satanées béquilles, il fut temps de passer au plat de résistance, le vrai défi qui demanderait un effort physique intense tant qu'il ne reprenait pas du poil de la bête.

On lui avait prêté des vêtements de sports en plus de ceux, ordinaires, qu'il portait en dehors de tout ça. Lentement, il retrouvait les réflexes et les gestes ainsi que les vieilles habitudes. Si son esprit avait tout perdu, son corps portait en lui les souvenirs de ce qu'il avait été et avait été capable de faire, ne demandant qu'à être stimulé pour s'y remettre. Il avait été très maigre a son arrivée sur Delchon au point d'être dangereusement proche de l'anorexie. A présent, soutenu par un régime alimentaire riche en protéines et vitamines en plus des exercices physiques constants et somme toutes intenses, il reprenait du muscle.

On était encore loin de ces pectoraux qui en avaient fait fondre plus d'une par le passé mais c'était en bonne voie. Bien sûr le fait qu'il lui manquait une main empêchait de pratiquer un certain nombre d'exercices physiques à même de donner un coup de pouce à cet objectif. Cela ne manquait jamais de le déprimer et l'agacer chaque fois qu'i y songeait mais faisait contre mauvaise fortune bon coeur.

Un beau matin elle l'avait amené à cet endroit près du lac ou des semaines plus tôt il s'était effondré et n'avait tenu que grâce à son soutien. Cette fois, plus de fauteuil roulant ni de Monsieur Moustache, uniquement eux et du chocolat frais a boire. Le liquide restait diablement agréable à boire et faisait un bien fou et il se sentait d'humeur légère ces derniers temps. Les cauchemars qui le hantaient depuis des semaines s'étaient calmés dernièrement, laissant la place à d'autres souvenirs plus doux.

Eh bien, certains noms, visages, endroits me sont revenus. Je me souviens qu'étant gosse je voulais un Nexu de compagnie et que j'avais supplié ma mère d'en acheter un. Elle a toujours refusé ça va de soi. Je me souviens aussi de la première fois où j'ai embrassé une fille, c'était le soir de mon premier jour a l'académie, On avait fêté notre admission à tout les 3 et j'avais pris une cuite monumentale. Je suis incapable de dire si je ne me souviens pas de son nom ou si je ne l'ai jamais su. Je crois que je me suis pas trop mal débrouillé, pour un ado déchiré qui ne savait pas du tout ce qu'il faisait.

Norah nous avait surpris en train de nous embrasser en plus, elle n'a pas arrêté de se moquer de moi pendant des semaines après ça mais j'ai eu ma revanche quand j'ai appris qu'elle en pinçait pour... Dites, je parle encore trop non ? Excusez-moi, c'est pas un sujet très intéressant. Faut pas hésiter à me le dire si vous en avez marre de ce que je raconte surtout.


Il eut un sourire embarrassé comme pour s'excuser. Il était probable qu'elle n'en avait rien à faire de ce genre de choses, guère pertinentes avec le processus de guérison attendu par la thérapeute.

Bref, ça va un peu mieux même si le brouillard persiste à me cacher autant de choses qu'il m'en dévoile. Maintenant que vous me posez la question... ça va vous paraître bizarre mais boire ce... Chocolat me rappelle un truc. Je vois une jeune femme aux cheveux mi-longs noirs dans un lit a côté de moi, elle tend un doigt sur ma joue pour y mettre de ce truc et... Bon, ne rigolez pas mais je crois bien qu'elle lèche ma joue ensuite. J'imagine que ça remonte à une paire d'années mais j'ai l'impression bizarre que c'est relativement récent...

Étrangement, il ne se sentait pas gêné de partager tout les souvenirs ce genre qu'il retrouvait avec elle. En principe, il aurait dû être considérablement mal à l'aise vu leur caractère souvent privé voire intime. Il mettait ça sur le compte de l'empathie de la jeune femme qui le mettait en confiance. Il lui plaisait de croire qu'une forme de complicité s'était installée entre eux même s'il était possible que tout cela ne fasse partie que de son travail, difficile à dire.

Vous ne m'avez jamais parlé de vous au fait, je ne sais pour ainsi dire rien à votre propos a part que vous êtes une magicienne, une sportive accomplie, une docteur aux méthodes insolites et une femme peu commune. Et ne me sortez pas l'excuse du fait que qui vous êtes n'est pas important dans le cadre de mes soins ou que ça ne me regarde pas, parce que ça va me faire mal et vous allez devoir travailler encore plus dur pour rattraper tout ça.

Alors, qui êtes-vous, Helera ? Qu'est-ce qui vous motive à vous lever le matin ? Pourquoi avez-vous rejoint l'Empire ? Est-ce que vous êtes fan de grav-ball ? Y a-t-il un monsieur Helera quelque part qui s'inquiète de vous savoir h24 avec vos patients ? Bon, j'avoue que cette dernière est trop personnelle, on oublie. Par contre les autres vous n'y couperez pas, je refuse de faire plus d'exercice tant que je n'en saurais pas plus sur vous.
Avatar de l’utilisateur
By Helera Kor'rial
#35737
« Non, pas du tout. J’aime bien vous écouter. Et puis cela exerce vos cervelas pour faire ressurgir vos anciens souvenirs. C’est un très bon exercice. »

Elle frappa des cils tout en aspirant dans la paille dont les couleurs rouges et blanches s’alternaient en spirales. A demi couchées sur le côté afin de ne pas perdre une miette de ce qu’il disait. Cela faisait partie de la thérapie après tout. Un médecin savait être professionnel et intègre à chaque instant. Son autre main qui ne portait pas le verre était accrochée au dossier du siège et faisait des allées retours instinctifs entre le tressage de la chaise longue et ses cheveux de cascade blanche. Le fait d’avoir retrouvé une sensation dans ses cinq doigts restait toujours aussi nouveau. La reine ne lâchait pas son regard, seulement pour observer ses différentes mimiques et sa gestuelle peu expressive. Les prochaines révélations quant à elle lui firent hausser les sourcils. Elle garda le silence, esquissant un sourire sur le coin des lèvres. Une gorgée de chocolat à travers la paille, un battement de cils et un hoquet de rire.

« Vous avez été marié à Eleena, mais vous connaissez son visage. Vous savez donc que ce n’est pas elle. Une autre aventure par la suite ? J’imagine qu’un agent du BSI doit savoir s’entourer des plus belles femmes de la galaxie. D’après tous nos échanges, il n’y a pas trente-six femmes dont vous vous rappelez au final. Nous avons donc, votre ex-femme, l’agent junior Zai, la voix et maintenant cette femme qui vous lèche avec du chocolat. La phrase sonne bizarre ... »

Helera se retourna et regarda le ciel, faisant mine de réfléchir au problème de l’agent. Il était si difficile d’avoir de la déduction, surtout pour un agent du BSI. Il avait perdu de sa superbe.

« Zai porte un tatouage au bras droit, la femme au chocolat des cheveux mi- courts noir. Avec cette dernière, vous êtes assez proche visiblement. Est-ce que vous arrivez à l’apercevoir entièrement dans votre esprit. Ses traits physiques, ses particularités qui vous aurait marqué ? Pareil pour Zai. Comment est son visage ? La couleur de ses yeux, de ses cheveux etc. Avançons pas à pas. »

Déjà une première série de question qui pourrait l’aider. Le silence et les réponses évasives ne l’avaient pas mis sur la voie. Peut-être que se rappeler de cette autre femme pourrait l’aider à revenir ? Peut-être. Il restait encore beaucoup de chose à déduire avant d’en arriver au résultat final et beaucoup de questions du médecin. Zyg reporta alors ses questions sur elle, l’assaillant d’une cavalcade d’interrogations. Elle prit une autre gorgée et étira un sourire.

« Je vais vous répondre, ne vous inquiétez pas. Du moins, je ferai de mon mieux pour brouiller les pistes. »

Elle ricana.

« Ce qui me motive à me lever le matin, c’est probablement les rayons de l’étoile. J’aime me lever à l’aurore. J’ai rejoints l’empire parce que je pensais pouvoir apporter quelque chose à cet élan de progressisme qui m’avait été présenté. Je me suis fourvoyé, pour les deux, malheureusement. Le grav-ball ? Pas tellement. Pour cette dernière, je vous invite à réfléchir. »

Un regard provocateur et non sans moins joueur fut envoyé.

« Vous êtes dans le palais depuis plusieurs semaines déjà. Avez-vous déjà croisé autre patient que vous ? Jamais. Etes-vous assez important pour avoir tous les soins que pour vous ? Assurément pas, bien désolée, l’empire ne fonctionne pas comme cela. Pourtant, vous les recevez bien, ces soins privilégiés. Je passe le plus claire de mon temps en votre compagnie ou avec les autres médecins. Ou bien je m’isole dans la forêt. Je ne passe pas d’appel, donc pas de monsieur Helera. Ou alors, je ne lui parle plus et il ne me parle plus non plus. Cette planète ne saurait être un secret pour lui. »

La reine termina son verre et le posa dans l’herbe. Elle se leva prestement et resta quelques instants debout, observant le panorama les mains sur les hanches. La reine médecin portait sa chemise blanche, aux manches dont elle avait interdiction de retrousser et son pantalon clouté. Une tenue standard. Quelques secondes à réfléchir à la manière de parler sans rien dévoiler, elle se retourna vers lui et fit le tour pour s’assoir de l’autre côté du fauteuil mais cette fois sur le coussin d’herbe, étirant ses jambes de tout son long. Ses bras restant en arrière en support.

« Ma foi, pour le reste, je fus beaucoup de choses dans le passé. Tantôt dirigeante d’un ordre sensitif, à mi-chemin entre l’ordre et le chaos. Tantôt chef pirate dans une formation militaire. J’ai même été un temps agent des renseignements impériaux. »

Finalement, elle s’allongea dans l’herbe, les deux bras derrière sa tête. Elle espérait qu’il réfléchisse davantage sur les femmes présentés plus haut, afin au moins de rendre compte qu’il y avait quelque chose de bizarre. Et après cela, elle continua dans sa démarche d’écoute. Pour plusieurs raisons. La première étant la plus logique, car elle devait cultiver sa mémoire. La deuxième plus intime était qu’elle buvait ses paroles et les tonalités de sa voix lui faisaient du bien. Comme une mélodie, un leit motiv qui revenait et apaisait son esprit.

« Dites m’en plus sur Norah. Avec qui l’avez-vous surprise finalement ?
»
Avatar de l’utilisateur
By Zygmunt Molotch
#35740
La femme de ses souvenirs n'était pas son ex-épouse en effet, celle-ci, bien qu'il ne se rappelait de rien à son propos en tant que personne, lui était connue physiquement depuis quelques jours maintenant, silhouette partiellement cachée par le brouillard dans sa tête mais suffisamment dévoilée pour qu'il s'en fasse une bonne idée physiquement. Elle et celle qui lui léchait la joue n'avaient que peu en commun, en dehors d'être toutes les deux de jolies jeunes femmes plutôt séduisantes qui avaient l'une comme l'autre compté pour lui à un moment. Par contre il ne voyait pas trop ou elle voulait en venir avec sa remarque et décida de tirer ça au clair.

Pourquoi un agent du BSI devrait s'entourer des plus belles femmes de la galaxie ? Notre but ne me parait pas vraiment raccord avec le fait de flirter avec les représentantes du beau sexe... Et puis j'ose croire que je n'étais pas un homme à femmes avant ma disparition. Ça me déplairait un peu, de savoir que j'étais incapable de me poser et me dédier à une seule femme.

La docteur lui avait dit qu'il pouvait devenir qui il voulait être et n'était pas obligé de chercher à redevenir qui il avait été. L'idée lui plaisait, bien qu'elle l'inquiétait également car, même amnésique, un homme aura toujours tendance à essayer de se retrouver tel qu'il était avant, à moins de réaliser que son moi du passé était bien pire que son nouveau moi. Il ne savait pas ce qu'il désirait ni qui il voulait être maintenant, mais il savait au moins ce qu'il ne voulait pas être. Un coureur de jupons invétéré, occupé à fréquenter les bordels les uns après les autres, ce n'était pas lui. Cette pensée ramena à la surface un fragment de souvenir qui lui fit froncer les sourcils.

Je ne suis pas le genre à fréquenter les maisons closes têtanes. Pourquoi j'ai dit ça ? Je ne suis même jamais allé sur Impératrice Têta et encore moins dans un bordel. Pourtant, cette connotation éveille quelque chose en moi, une sorte de... Colère. Contre qui ou quoi ?

Trop de choses lui revenaient, dans le désordre et sans aucun repère qui lui permette de les classer de quelque façon que ce soit. Il tâcha de se concentrer sur ceux qui concernaient Zai et la femme aux cheveux noirs, plissant les yeux et les traits tirés par l'effort de volonté qu'il déployait. Se rappeler quelque chose lorsqu'on souffrait d'une amnésie complète était une vraie torture mentale, c'était comme chercher à nager dans un océan de boue ou marcher sur du verre pilé pieds nus. Chaque tentative engendrait une douleur conséquente et un mal de crâne plus ou moins grand en fonction de l'insistance investie et plus il insistait, pire ça devenait.

La sueur coulait à grosses gouttes sur son front tandis qu'il tentait de se concentrer sur ces souvenirs perdus. Ses traits étaient tirés en un masque grimaçant et il grognait par moments sans s'en rendre compte. Au bout de longues minutes passées ainsi, dans un silence inconfortable uniquement perturbé par ses petites exclamations, ses traits se relâchèrent et il poussa un long soupir avant de boire cul sec son verre de chocolat avant de s'en servir un nouveau. Il en avait fichtrement besoin.

Zai a des traits doux et indubitablement féminins, quoiqu'un peu masqués par la sévérité de son uniforme et son képi blancs. Je crois me souvenir qu'elle déteste porter l'uniforme autant que moi je le détestais et qu'elle ne perdait pas une occasion de s'en plaindre. C'est ça ? La femme au chocolat... Ungh. Je n'arrive pas à me rappeler son visage mais j'ai cette impression d'être aveuglé quand j'essaie de le revoir, comme si j'observais le soleil et que j'étais trop ébloui pour me le représenter. Je suppose que ça veut dire qu'elle était tellement belle à mes yeux que je m'estimais indigne de la contempler ? Je sais pas trop, c'est compliqué...

Nouveau soupir, de fatigue autant que de frustration. Il lui arrivait de désespérer pouvoir un jour tout se rappeler. En cet instant, c'était le cas. Peut-être que même s'il apprenait tout les détails de son passé, aucun souvenir ne reviendrait plus jamais et qu'il serait condamné à croire les versions d'autrui et les prendre pour vérité, faute de pouvoir les comparer à la sienne.

Vous n'aimez pas le grav-ball ? Mais voyons, c'est le meilleur sport de toute la galaxie ! Enfin je crois, si j'en crois le peu que je m'en souviens. Je n'étais pas un pratiquant, pas le temps ni le talent. Mais un grand fan ça oui, vous devriez voir la finale d'il y a 15 ans entre les Furieux de Dantooine et la Bande de Carida, jamais vu un match aussi serré. Je vous montrerai ça j'ai un enregistrement qui est... Euh... Quelque part... Chez moi... C'est-à dire... Je sais plus ou j'habite...

Monde de merde.

Donc si je vous suis bien, je ne suis pas assez important aux yeux de l'Empire pour bénéficier de tels soins et pourtant, j'en bénéficie ? Je dois avoir loupé un truc parce que je comprend pas ou vous voulez en venir là. Vous m'appréciez au point de vous dédier à me soigner ? Ou c'est juste une histoire d'orgueil professionnel ? Ou je suis encore plus largué que je ne pensais ? Notez que si c'était ça, j'en serais pas plus étonné que ça. Des fois je me demande pourquoi on se contente pas de m'envoyer à un asile quelconque pour m'y laisser pourrir et baver sur mes vêtements, ça serait surement plus simple pour tout le monde.

A ce qu'il en comprenait, il n'y avait en tout cas pas de conjoint ou d'époux sur lequel la jeune femme pouvait compter, ou plus en tout cas. Cela le fit froncer les sourcils sous l'étonnement.

Vous êtes séparée ou divorcée vous aussi ? Il faut qu'il soit bien con pour avoir lâché quelqu'un comme vous. Enfin je veux dire, vous êtes mon docteur je suis votre patient tout ça, pas de souci rien à dire hein. M'enfin, faudrait être aveugle pour ne pas voir qu'avec votre compassion, vos efforts conséquents et votre empathie, y a bien qu'un abruti pour vous plaquer et se barrer je sais pas ou. Et puis vous êtes une belle femme, c'était dit comme ça attention, je cherche pas à vous faire du rentre-dedans.

En tout cas, elle avait l'air d'avoir vécu de sacrées aventures dans le temps, à croire qu'être docteur dans un paradis comme celui-là se payait au prix fort, par de longues et interminables années de difficultés et de maraude à tout va. Il était avide d'en savoir plus à ce sujet et ne manquerait pas de lui demander d'en dire plus dès que possible. Ayant perdu sa propre histoire de vue, il trouvait fascinant de connaître celle d'autrui, particulièrement celle de la jeune femme qui lui consacrait tant de son temps. Il se disait que ne rien savoir d'elle serait insultant compte tenu de l'intérêt qu'elle lui portait.

Vous avez intérêt à m'en dire plus sur cet ordre de magiciens et tout le bordel. Je suis curieux de savoir comment on peut passer de pirate flibustier à agente des Renseignements. Pour ce qui est de Norah, en fait c'est arrivé complètement par hasard, je cherchais l'amphithéâtre de l'académie ou je devais assister à mon prochain cours, un après-midi comme ça un ou 2 mois après notre arrivée. Pour faire court, à cause d'un pari stupide, j'étais ivre. Je veux dire, méchamment. De fait, je me suis complètement paumé dans l'académie et me suis retrouvé dans une salle de cours vide. Enfin ça c'est ce que j'ai cru au début, avant d'entendre du bruit dans le fond.

Donc, avec une discrétion légendaire dûe à mon état d'ébriété, je vais voir sur la pointe des pieds et je m'arrête quand je me rend compte que Norah, ma chère petite sœur cadette, était en train de fricoter avec un gars. Je veux dire qu'ils étaient en train d'aller un peu plus loin que simplement s'embrasser ou se faire des câlins. Ni une ni deux, je me casse de là pour pas les déranger mais pas avant d'avoir bien vu le visage du type. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, quelques jours plus tard, je le croisais en compagnie de plusieurs instructeurs de vol et de pilotage ! Et d'apprendre ainsi que ma chère soeur se tapait rien de moins que l'instructeur d'histoire militaire et politique impériale. Ha, on peut dire qu'elle avait une passion pour l'histoire de notre glorieuse nation celle-là !


Il rejeta la tête en arrière et se mit à rire, d'abord un peu faiblement puis, le temps allant, à ricaner de plus en plus fort au point de finir par en pleurer, incapable de s'arrêter, pris d'une crise de fou rire qui pouvait même être contagieuse si la docteur n'y prenait pas garde. Il finit par se calmer peu à peu, son hilarité ne venait pas tant de l'histoire en elle-même qui n'était pas spécialement drôle mais du fait que, pour la première fois, il se rappelait entièrement et dans les moindres détails de toute cette histoire. Son rire traduisait le soulagement et le sentiment de libération qui l'emplissaient, comme si un poids venait de lui être enlevé.

Enfin... Bref... Pfiou... Vous pouvez me croire, je ne l'ai pas lâchée avec ça pendant des semaines ensuite. Comme on dit, la vengeance est un plat qui se mange froid hein. Je peux vous dire qu'ensuite, elle a arrêté de m'asticoter un peu trop violemment, en plus de ne plus se la jouer inquisitrice emmerdeuse avec les autres cadettes qui faisaient partie de notre petit cercle de camarades et amis. Le plus drôle c'est que le type n'était même pas un vieux comme on pourrait le croire, il était à peine plus âgé que nous, surement un débutant qui avait des relations pour commencer sa carrière dans notre glorieuse académie.

Sacrée Norah, tu me manques frangine.


Buvant à nouveau un peu de ce fameux chocolat, il tourna son regard en direction du lac et de la montagne avant de sourire. Cet endroit lui apportait un sentiment de paix comme il ne se souvenait pas d'en avoir jamais ressenti... Ce qui était un peu le souci. Mais ça n'allait pas l'empêcher d'en profiter ça non. Son regard dériva sur la silhouette allongée sur l'herbe, tout de blanc et de pantalon vêtue, qui semblait flâner elle aussi. Elle avait fermé ses yeux, comme emportée dans une rêverie qui n'appartenait qu'à elle. Frissonnant, il songea que bien que sobrement et suffisamment habillée, elle n'était décidément pas de ces femmes communes que l'on oubliait sitôt aperçues.

Avec cette pensée vint la compréhension de la raison pour laquelle elle lui était venue. Bien que tronqué de ses souvenirs et émotions, il appréciait la façon dont le soleil, dardant ses rayons éclatants sur la silhouette, accentuait ses traits délicats. Il appréciait les mimiques du visage féminin, la façon dont ses yeux fermés apportaient une touche d'innocence angélique à son visage et évidemment, la façon dont le haut blanc dévoilait partiellement les charmes les plus explicites de la belle, bien peu en vérité mais juste assez pour enflammer l'imagination.

Il était fasciné par tout ce qu'il voyait d'elle et qui faisait remonter à la surface des souvenirs longtemps enfouis qu'il aurait cru à jamais perdus. Ces souvenirs ne lui étaient pas encore pleinement accessibles mais, comme une chanson, lui évoquaient intérieurement une époque meilleure ou, malgré les dangers encourus, existait alors une raison pour lui de se réveiller chaque jour. Une raison qui avait un nom et un visage dont il ne parvenait pas encore bien à se rappeler. Quand le temps serait venu, il saurait se rappeler de tout et, peut-être alors, les choses redeviendraient-elles comme avant, pour tout le monde.

Dites, docteur Helera. Votre magie là, on peut faire plein de trucs avec, non ? On pourrait pas me guérir avec ça ? Ou guérir cette affliction au bras ?

Par une douce ironie, la première question qu'il venait de poser était presque la même qu'il avait posé, des mois auparavant, lorsque le sujet de sa magie avait été évoqué et mis sur la table du restaurant. Était-ce une simple coïncidence ou bien un signe avant-coureur ?
Avatar de l’utilisateur
By Helera Kor'rial
#35741
« Non, aucune idée en fait, je dis ça comme cela. J’imaginais l’uniforme d’un des agents en fait. Laissez tomber, je délirais. »

Elle hoqueta de rire. L’uniforme blanc laiteux n’était pas son truc, mais la veste de baroudeur surmonté d’un pantalon de trelli comme il avait porté ce jour là la faisait chavirer. Elle avait eu l’impression qu’il fut un de ces vengeurs de l’espace, près à tout pour sauver la galaxie. Cela lui avait plu, vraiment. Maintenant, c’était du passé, et l’agent ne s’en rappelait de toute manière plus du tout. En revanche, le fait qu’il se souvienne du prince plutôt que d’elle piqua son orgueil. Cela visiblement l’avait mis dans une colère assez profonde pour que ce soit encré dans son cerveau. Le reste, non. Bien étrange que tout cela. A moins que la colère ne véhicule plus d’émotion que l’amour, ou un peu moins, l’attachement. Elle n’aurait sû le dire à cet instant, mais cela sonnait raccord avec la doctrine Sith, en quelque sorte. Par la suite, elle le regarda se concentrer, assez fort pour en faire perler des goutes sur son front. Du coin de son parettere d’herbe, elle s’était retournée face à lui et se mordillait la lèvre tout en le regardant un faire, un grand sourire au coin des lèvres. S’il n’y avait pas eu tout ce pourquoi ils étaient là, il était certain qu’Helera serait venu l’embêter. Parce qu’elle aimait cela. Et qu’elle avait aimé Zygmunt Molotch. Difficile de se dire que tout cela aussi, n’existait plus. Peut-être un jour, peut-être …

« La femme au chocolat d’après le contexte ne semble pas porter grand-chose. Ou alors que vous étiez aveuglé par vos sentiments. Prise de conscience d’ici là ? Vous vous êtes rendu compte qu’elle n’était pas si bien que cela ? Qu’après tout, elle n’était qu’une femme. Quant à la voix, je suis prête à parier que c’est l’une des deux. Ou peut-être votre maman ? Quelqu’un en qui vous teniez, assurément. »

La reine s’était allongée ensuite dans l’herbe et avait fait la sourde oreille à sa question sur l’hôpital. Déjà parce qu’elle ne savait pas quoi répondre. Et puis parce qu’elle n’avait pas envie. Il devait probablement penser qu’elle était une sorte de fanatique ou pire encore, une sorte de médecin groopie qui voyait en lui un héros. S’eu était domageable dans ce cas, mais malheureusement, pas contrôlable. Pas sans user de moyens non assumés. Une jambe croisée à l’horizontale l’une sur l’autre, les mains derrière la tête, elle ajouta dans le vent mais à haute voix.

« Vous n’y allez pas dans un asile, parce que je ne le veux pas. Peut-être même que toutes ces femmes se sont alliées pour vous maintenir en vie, et me paye une grasse somme pour que je vous soigne. Et qu’elles vous attendront toutes quand je leur aurais envoyé le signal. »

Helera rigola à sa bétise, qui finalement n’en était pas une. C’était juste à prendre avec du recul. Toutes ces femmes étant la même, qui attendaient effectivement qu’il soit soigné. Quelle chance avait-il. Mais quelle déception en voyant que tous ces anges n’étaient en réalité qu’elle. L’esprit était parfois bien plus flatteur que la réalité.

« Pas divorcée, je n’ai pas eu la chance d’aller jusqu’au mariage. Pas séparée non plus à vrai dire. Il est juste parti après m’avoir fait deux enfants. Aussi soudainement que l’orage éclate. Mais je vous remercie pour le compliment agent Molotch. Je considère que vous ne faites pas du rentre dedans, vous n’êtes pas homme à femme. »

En tant normal, elle aurait rougi pour le compliment. Mais venant de lui, cela sonnait habituel. Non, là elle sourit, toujours les yeux fermés. Sourit de le provoquer sur ce point là. C’était plus fort qu’elle, elle n’arrivait pas à ne pas le taquiner. La complicité existait, jadis et fut si intense qu’elle l’avait marquée elle aussi, au point que les choses redevenaient ce qu’elles étaient. Le problème, c’était que le protagoniste n’était plus celui qu’il fut. Mais à la suite, il fit son discours sur sa sœur, et toute la suite de l’histoire. Helera l’écoutait parler avec attention et gardait les yeux fermés. Elle aurait pu se perdre dans sa voix et s’endormir de béatitude face au timbre qui emplissait cet espace d’une si douce mélodie. Mais non, il fit une blague sur la fin tellement précise et pointue qu’elle en éclata de rire. Sans artifice pour autant, la reine resta plusieurs seconds pliés sur elle-même, rigolant en concert avec l’agent amnésique. Cela lui fit du bien. Tout faisait du bien. Il fallut attendre plusieurs secondes, presque la minute, pour qu’enfin elle se contrôle et reprenne ses esprits.

« Il ne faut jamais se fier aux apparences, agent Molotch. Et jamais croire non plus ce que l’on a sous les yeux. Une personne peut en cacher une autre, ou même plusieurs. Méfiance et observation sont les maîtres mots. »

La reine resta encore quelques instants dans l’herbe à respirer lentement et profiter de la fraîcheur du sol et la chaleur du ciel. Quelques instants supplémentaires dans le silence le plus total. Jusqu’à ce que la question qu’elle craignait ne fasse irruption. Elle ouvrit les yeux et se tourna face à lui, en position de méditation.

« Elle peut. En théorie du moins. Pour la tête, pas pour le bras. J’ai déjà guéri des maux de cranes qui m’ont valu des restaurants. Dans votre cas, c’est plus compliqué, car j’ai peur d’endommager plus que de réparer. Ce n’est pas une science exacte et cela dépend du maître qui le pratique. Venez en face de moi, dans la même position, je vais vous expliquer. »

Elle attendit qu’il se mette en place et plaça ses mains de chaque côté du visage. Elle ne le toucha qu’après avoir demandé :

« Je peux ? Bien. Fermez les yeux et concentrez vous sur mes doigts, sur la sensation. Je vais vous emmener dans ma tête. Vous me faites confiance ? J’espère en tous cas. »

D’abord elle plaça ses doigts le long de ses joues et caressa lentement son visage du bout des doigts. Ses pouces arpentèrent sa lèvre supérieure puis son nez. Elle avait envie de l’embrasser, alors qu’il était sans défense, les yeux ainsi fermés. A quoi jouait-elle ? Elle caressa ensuite le front et plaça ses mains derrière sa nuque, plaça les pouces sur les tempes. De toute la manipulation, seul le dernier mouvement fut vraiment utile pour la chose. Le reste, c’était pour se rappeler la sensation, et découvrir de l’autre main ce que c’était que les traits de ce faciès. Son cœur battait la chamade et elle dû penser à tout à fait autre chose pour ne pas perturber la séance. Un évènement triste. L’attentat était sans doute le meilleur souvenir. La reine chuchota :

« Ecoutez le son de ma voix Zygmunt. Je suis là, devant vous. Assise dans l’herbe. Vous la sentez également sous vos pieds. Vous sentez sa fraicheur. Les brins qui caressent votre peau. Vous sentez le chocolat dans votre bouche, activez par votre désir d’en reprendre. Vous sentez cette odeur boisée. Petit à petit, vous vous abandonnez. Petit à petit, vous plongez. »

« Il courrait dans les champs d’herbe grasse, particulièrement haute. Des herbes qui arrivaient à la taille. Un papillon énorme semblait battre des ailes devant lui et il essayait de l’attraper. Au fond dans le panorama, un immense anneau flottait en orbite. Il courrait pour attraper ce papillon, et plus vite encore devant une troupe. L’adrénaline parcourait son corps, l’appréhension, pour lui, mais surtout pour ses deux enfants. Ils étaient derrière, portés par deux des cinqs hommes qui l’accompagnaient. En tenu de sport, le dernier en uniforme blanchâtre. Le plus important, c’était les enfants, c’était eux qu’il devait protéger, au péril de sa vie. Le reste était flou, sans importance. Mais il y eu une explosion. Immense explosion dans son corps tandis qu’il se savait battu, abattu par tant de contractions. Par un désir sauvage qui éclatait en lui. Puissant et primordial. Un délice que ses mains caressant cette musculature parfaite, ces perctoraux, donnait encore plus de relief. Collés à eux, omoplates contre ces muscles saillants, tandis que deux bras puissants l’entouraient. L’eau n’avait pas de prise et la paix régnait. La paix et l’adoration. L’adoration et les remords. Mais même ce goût de chocolat dans la bouche n’enlevait pas cette envie irréprécible de gouter à ces lèvres qui jadis furent siennes. »

Helera serra les yeux forts quand elle coupa la transmission cérébrale. Pas de mal de crane, pas non plus de séquelle, mais une perte totale de contrôle. Et quand cela prenait, aucun moyen de revenir en arrière. Elle se maudissait. Ses yeux s’ouvrirent et elle se leva brusquement.

« Bref, vous avez vu que ce n’est pas une science exacte et cela ne fonctionne jamais. »

Le ton était sec, limite froide. Pourtant, elle ne s’éloigna pas retourna sur le siège du transate, se servit un verre de chocolat, en bu une gorgée et croisa les bras.

« Passons à autre chose voulez vous. »
Avatar de l’utilisateur
By Zygmunt Molotch
#35742
Il y avait quelque chose de bizarre, trouvait-il, dans cette façon que la docteur avait de parler de ces fameuses autres femmes, comme si elle s'efforçait de les diminuer, d'atténuer leur importance à ses yeux. Il ne comprenait pas bien pourquoi elle ferait une chose pareille, ce n'était pas comme si il risquait de prendre la fuite pour aller en retrouver une voire toutes, il avait déjà le plus grand mal à se rappeler leurs visages alors leurs noms, adresses et tutti quanti... Mais c'était vachement bizarre tout ça, clairement. En tout cas il était sûr que ça n'était pas sa génitrice, parce que le peu qu'il parvenait à distinguer de ce visage aux traits imprécis n'était pas suffisamment ridé pour appartenir à une femme âgée.

Et quand bien même elle ne serait qu'une femme, ou est le problème ? On peut très bien mettre sur un piédestal la personne qu'on aime tout en sachant qu'elle n'est pas parfaite, les deux ne sont pas incompatibles. Du reste, c'est ça l'amour, se cacher volontairement les défauts de l'autre pour l'idéaliser à l'excès. Je vais vous dire, moi...

Il s'interrompit, vaguement embarrassé, avant de reprendre.

Bon, ça vaut ce que ça vaut hein vu que pour ce que j'en sais j'ai jamais connu ça. Mais je pense que si j'étais amoureux d'une femme, j'adorerais la considérer comme une espèce de déesse à qui je dois tout. Déjà parce que je suis un incorrigible flatteur, enfin je crois mais aussi parce que ça lui plairait autant que ça l'agacerait, j'en suis sûr. Et donc, ça permettrait de cultiver la complicité dans le couple. A mon sens c'est le plus important au fond. Tant que les deux s'y retrouvent, on s'en fiche de savoir que l'un est porté aux nues par l'autre. Vous n'allez quand même pas me dire que vous, vous trouveriez ça nul qu'un type qui vous fasse la cour ne vous affuble pas de tout les compliments du monde, même les plus niais et les plus ridiculement exagérés ?

Argument d'autorité imparable, assurément.

Eh bien, si vraiment ces femmes paient pour que vous me remettiez sur pied afin de pouvoir me garder pour elles seules une fois rétabli, j'aimerais bien savoir ce que j'ai pu faire pour justifier ça. Et aussi vos honoraires, ça peut être flatteur d'avoir une estimation de ma valeur marchande. Vous touchez combien ? Moi je dirais... Allez, soyons gentil, 50K. C'est déjà une sacrée somme bien trop élevée mais j'ai envie d'être audacieux !

Il pouvait paraître bizarre et même dérangeant d'entendre le bougre parler de lui-même comme s'il n'était qu'un objet ayant une valeur fixe, peut-être parce que ça rappelait trop l'esclavage et le rapport qu'avait l'Empire avec cette pratique. Le fait qu'il parlât ainsi de lui-même ajoutait au côté choquant de la chose, bien qu'il en plaisantait avec entrain et bonhomie. Après tout, peut-être valait-il mieux faire comme lui et prendre les choses du bon côté... Au contraire du sujet suivant qui le rendit bien moins jovial. Il cracha par terre avec un reniflement de mépris à l'adresse de ce lointain imbécile à qui il souhaitait les pires tourments pour sa connerie.

Le type arrive, vous met enceinte de 2 gamins et disparaît comme ça ensuite ? Même pas un au revoir ni "bisous je reviens je vais chercher des cigarettes" ? Quel connard, il y a des choses qui ne se font pas, au nom de l'Empereur ! Si je croisais ce type, j'y collerais mon poing dans la figure avant de lui faire vomir des excuses et je l'enverrais ensuite en colonie pénale, histoire de lui donner le temps de regretter ses actes. On n'abandonne pas une femme qu'on a mise en cloque et on abandonne encore moins ses enfants, si il en voulait pas il avait qu'à se protéger le con ! Il y a des choses qui sont sacrées, bordel !

Enfin vint le moment de savoir s'il était possible d'utiliser cette magie bizarre pour l'aider. Comme il était légèrement sceptique sur les dangers de l'aléatoire dans ce remède, il consentit à venir s'asseoir en face d'elle, dans l'herbe, en position de tailleur à peu près semblable à la sienne. Il ferma les yeux et hocha la tête en guise d'assentiment, se concentrant sur les doigts de la jeune femme qui parcouraient la peau de son visage, passant sur ses tempes, ses joues, ses sourcils, semblant brièvement s'arrêter non loin de sa bouche avant de s'en aller sur ses oreilles puis derrière sa nuque. La voix de la jeune femme avait pris des accents envoûtants à ses oreilles et il lui semblait l'entendre non pas du dehors mais directement dans sa tête. Comment était-ce possible ?

Brusquement, il eut la sensation de tomber dans le vide à une vitesse vertigineuse. Plus que terrifiante ou horrible, cette sensation était étonnante par son intensité et sa soudaineté. Enfin, il cessa de tomber et son crâne se remplit d'images et de sensations qui, il en était presque sûr, n'étaient pas les siennes. D’où tout cela venait-il, dans ce cas ? D'elle ? Il ignorait ce qui se passait et ne comprenait rien des images qu'il voyait défiler ni des sensations qui l'emplissaient, excepté qu'elles avaient un caractère puissamment familier. Il tendit des mains tremblantes en direction de ces fragments de mémoire comme s'il espérait s'en saisir. Mais chaque fois qu'il essayait, ils se dérobaient à lui et ne restait que les impressions.

Tout se troubla d'un coup et il ouvrit les yeux, revenant à lui, assis sur cette herbe face à la docteur. Il vit passer une émotion indéfinissable dans ses yeux bleus avant qu'elle ne se relève et n'aille s'asseoir sur son transat. Elle semblait fâchée, avait-il fait quelque chose de mal ? Silencieux, il resta un long moment ou il était, à contempler le lac non loin, dont les eaux brillaient à cause des rayons du soleil. L'eau qui coulait... Un océan dans lequel se noyer... Clignant des yeux, il se releva et alla s'asseoir non pas sur son propre transat mais bien celui de la jeune femme, soulevant ses jambes pour les poser sur les siennes, en biais. Il croisa son regard et elle put voir combien était intense l'éclat dans ses yeux jusqu'ici toujours un peu absents. Un éclat qu'elle avait bien connu jadis, en des temps plus agréables.




Je sais, Helera.

Sa voix était différente, avec des intonations certes plus sèches, presque cassantes mais également teintées de quelque chose, une chose qu'il avait ressenti autrefois pour elle mais qu'il avait oublié comme tant d'autres.

Je sais. Dans ces moments-là, je me souviens de tout. Tout me revient, absolument tout. Ton vaisseau, le temps que nous y avons passé, ton tablier trop serré, le palais de Yaga Minor et la fuite des décombres, tes cheveux coupés pour ta sécurité, tes enfants arrachés à toi pour votre sécurité à tous, ta douleur d'en être séparée, ta solitude, ton chagrin pour ce que je t'ai demandé de faire à ces étudiants, Nouane. Je me rappelle de tout. Unghn.

Brusquement, il se mit à cracher du sang dans l'herbe. Cela ne dura pas bien longtemps, en tout cas pas assez pour qu'on puisse s'en inquiéter sérieusement. Il darda de nouveau son regard dans celui, pétrifié, de la reine. Sa reine.

Nouane. Les tirs qui fusent, la fumée des grenades fumigènes. J'entends les tueurs qui se rapprochent et je sais que je ne peux pas les arrêter alors j'essaie de trouver une solution. Astellan est là, face à moi, peu rassuré mais sachant garder son calme. Je lui demande s'il existe un chemin secret, un tunnel, n'importe quoi. Il semble répugner à parler mais je lui fais sèchement remarquer qu'on n'a pas le temps pour ça et que s'il a quelque chose à cacher, je m'en fiche vu la situation. Il consent enfin à me parler de son petit refuge dédié à ses galipettes contre-natures.

Je lui dit d'y entrer et de s'y cacher, de tout verrouiller. De n'ouvrir à personne sous aucun prétexte si jamais on le trouve, excepté l'agente Zai. Il ne doit faire confiance qu'à elle. Il me dit quelque chose mais le sas se referme avant. Je les entends, ils sont en passe de briser la porte. L'enfer se déchaîne et les tirs fusent. Je sens une douleur à l'épaule mais je l'ignore et je réplique. Quand enfin ils me maîtrisent, submergé que je suis par leur nombre, je vois que j'en ai eu 3. Ils se mettent à me frapper jusqu'à ce qu'une voix leur ordonne de s'arrêter. Malgré les larmes de douleur qui troublent ma vision, je vois la fausse toi et la secrétaire d'Astellan. Ils l'appellent Narcisse.

Ils m'emmènent ailleurs, me traînant de force jusque dans un véhicule aérien. J'ai au moins la satisfaction de constater qu'Harkin n'est pas des leurs, il est surement parmi mes victimes. Ce salaud a enfin payé pour ce qu'il t'a fait, pour ce qu'il a fait à l'Empire. Je peux au moins me réjouir d'avoir réussi ça, en plus de les avoir empêché de mettre la main sur Astellan. Je ne vois ni n'entend ni ne ressent plus rien ensuite. Je me réveille ailleurs. Ensuite, ce n'est qu'un enchaînement de tortures, de douleur, d'humiliations, de souffrances au quotidien. Et de honte. Une honte et un dégoût de moi-même qui me consument plus fort que tout ce qu'ils m'infligent.


Sa voix avait pris des intonations de plus en plus sèches et froides et elle comprit que c'était de la haine qui perçait. Une haine dirigée vers l'intérieur. Il poursuivit d'un ton toujours plus sec et glacé, un fiel qui n'est pas destiné à la jeune femme mais à une seule personne.

Je n'ai pas résisté à la douleur et aux tortures ni à la pression. J'ai cédé. J'ai tenu moins d'une semaine avant de parler, de leur dire tout ce qu'ils voulaient savoir. Mon ultime échec, ma dernière faiblesse. Un véritable serviteur de l'Empire aurait tenu, ou mieux encore, il aurait trouvé un moyen de se suicider pour leur enlever la victoire. Mais pas moi. Je n'y arrivais pas. Mon seul espoir, ma seule consolation, c'est de savoir que ce que j'ai pu leur dire ne leur servira pas à grand-chose. Ils ne pourront pas s'en servir contre l'Empire ni contre toi. C'est tout ce qu'il me reste, tout ce à quoi je peux m'accrocher, cette minuscule lueur d'espoir, infime et ténue.

A présent que mes forces me quittent et que je sens que s'ils ne m'abattent pas bientôt, mon état lamentable finira le boulot à leur place, je sais que je ne pourrai pas affronter ton regard en sachant que j'ai failli envers tout ce qui comptait pour moi. C'est soulagé que j'accueillerai ma fin car elle me permettra de ne pas avoir à supporter la honte de mon échec quand je la verrai dans tes yeux, ta déception. Est-ce que j'ai quelque chose à dire pour ma défense ? Je crains que non, à part une chose. Je t'aime. Ça a été le cas depuis la premières fois ou je t'ai vu à cette interview même si je n'ai pas voulu le reconnaître alors et ce sera toujours le cas. Je peux mourir en ayant cette pensée en tête, partir en sachant que malgré mes échecs, j'ai essayé.

Et te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi, tout ce que tu m'as donné, offert. Parce que, dans ces moments ou je retrouve toute ma lucidité, je comprend que je ne suis pas mort et peut-être même libre. Je sais que tu m'auras cherché sans relâche et que tu auras sans doute tout fait pour me retrouver. Tu ne me dois rien et tu ne m'as jamais rien dû. C'est l'inverse.


Son regard avait changé, toujours aussi intense, il s'y lisait la même chose qui avait brillé au début, une chose qu'il avait ressentie pour elle. De la passion. Sa main valide s'était mise à caresser les jambes royales sans se préoccuper de passer sous le tissu. Il reprenait peu à peu cet air absent qui était le sien depuis son réveil, des semaines plus tôt.

Je sais, Helera. Il y a des moments comme ça ou tout me revient dans les détails. Le reste du temps, j'ai l'impression de dormir tout en étant réveillé. Je vois ce qui se passe et ce que je dit mais je n'ai aucun contrôle sur tout ça. Je suis un spectateur, prisonnier de mon propre esprit. C'est très frustrant et ça me rend fou. J'espère que j'irai mieux un jour. Je veux ma vengeance envers Narcisse et ses sbires pour ce qu'ils m'ont fait. Je veux pouvoir revoir ma sœur, mon père, ma mère. Je veux pouvoir retourner à la tombe de mon frère. Et par-dessus tout, je veux pouvoir être avec toi, à nouveau. Ça fait mal d'être si proche de toi sans pouvoir m'en rendre compte.




La lueur qui brillait dans ses yeux s'était finalement estompée, laissant place au détachement et à la perplexité qui étaient siens depuis son réveil. Il cligna des yeux plusieurs fois d'affilée comme pour se réveiller d'un long sommeil agité avant de regarder autour de lui avant de fixer la jeune femme immobile. Intrigué, il l'observait sans comprendre.

Excusez-moi, j'ai eu une absence, surement à cause de la chaleur ou de la fatigue... Vous avez dit quelque chose ? Ça va ?

Brièvement, Molotch avait été de retour. Il était de nouveau parti, disparu. Pourtant, il était également là, quelque part, piégé dans les méandres de son esprit, à observer. Anéanti.
Avatar de l’utilisateur
By Helera Kor'rial
#35743
Le voir s’énerver sur les différentes femmes qu’il avait dans sa tête l’amusait au plus haut point, sachant que ces femmes, s’était-elle. La reine ne répondit pas mais le laissa décrire à quel point il aimait à protéger et faire la cours à sa dame. Une justification houleuse mais non moins passionné de sa part, sur un terrain déjà conquis, sans qu’il ne le sache. Elle se contenta d’hocher la tête successivement à ses remarques, un fin sourire dessiné sur son visage.

« Oh si si, j’aime les niaiseries, soyez en sûrs. »

Il enchaina sur le monnayage de sa convalescence. Un prix qu’il ne pouvait pas se permettre de donner, malheureusement.

« Une valeur qui n’a rien à voir avec l’argent trop cher agent. Vous ne saurez l’estimer, j’en ai peur. »

Elle fit fi des remarques sur Althar, vu qu’il ne se rappelait pas tout et qu’elle n’avait pas envie de revenir sur ce sujet déplaisant. Le nouveau Zygmunt était partiellement dans le faux, là où le vraie savait déjà les tenants et aboutissements. Mais qu’importe, car l’heure de la vision avait commencé, soldé par un échec de contrôle de sa part. Elle s’était emmuré dans une fausse formation défensive, afin d’éviter toutes questions sur ce qui lui avait été présenté. Tout cela s’était passé très vite, dans une distorsion temporelle d’un autre temps, dans l’onirique. Helera comptait bien garder son mutisme, et elle allait le faire, quand Zygmunt sans un mot vint s’assoir sur son siège et plaça ses jambes sur les siennes. Elle détendit ses bras et fronça les sourcils.
La première tirade la laissa alors sans voix, tétanisée. Les scènes furent exposées, dilapidées sur la grande frise de la chronologie. Dans tous les détails, sans en omettre. La reine resta tétanisée et plaça ses deux mains devant sa bouche. Etonnée, abasourdie, autant de mot pour décrire cet état de second dans lequel elle se trouvait. Face à lui, Zygmunt, son Zygmunt. Il cracha à terre et continua son discours. Explicitant tout ce qui s’était passé, cette journée normale quelques quatre mois plus tôt. Une journée marquée par le deuil, par le chagrin. Et la reine ne bouge pas. La scène de bataille dans le bureau, la scène avec le père Astellan. La scène avec la torture et ses pensées qui l’ont maintenue en vie. Tout cela réunit, lancé dans le vent, sans prévenir. Les yeux de la reine se tuméfièrent de larme. Un bonheur tout autant que du chagrin. L’exposition des faits de la torture furent les plus douloureux. Pourtant, même s’il est là, il a peur de dépérir, il repart dans le monde de l’oubli. Aussitôt s’en était-elle aperçue qu’elle avait crié :

« Non, non ! »

Elle passa une jambe autour de sa taille et se rapprocha de lui, s’asseyant sur lui, en face de lui. Pourtant, il semble ne plus la voir, petit à petit, et sombre. Son discours continue sans s’arrêter. Elle veut l’interrompre pour le faire revenir, mais elle ne s’en sent pas la force. Les larmes et les pleures continuent d’affluer. Son visage est désormais complètement humide et ses gémissements prouvent sa tristesse. Les caresses de son protecteur ravivent en elle des envies de tendresses qui furent tout aussi vite étouffé.

« Je t’aime aussi, Zygmunt. Je n’ai pas eu le courage de te le dire cette journée là, mais je t’aime… »

La lueur de ses yeux devient opaque. Son regard se fige et comme une nouvelle mort, une nouvelle disparition, s’éteint derrière ce masque d’incrédulité. Ce qu’il lui dit sur Narcisse, elle n’en a rien à faire présentement. Ce qu’il lui demande la concernant la touche en plein cœur. Il ne resta alors plus rien. La reine partie alors d’une nouvelle tirade de larme et de lamentation. Serrant son poing, elle le frappa lentement à plusieurs reprises contre son épaule, tandis que ses pleurs déformaient son visage et masquait ses propos. Les vouvoiements avaient aussitôt repris, mais cela ne l’arrêta. L’ascenseur émotionnel fut trop violent, elle se réfugia dans son cou.

« Je t’en prie Zygmunt, reviens … Ne m’abandonne pas. Je t’en supplie … »

Mais il n’y avait plus de réponse, juste le silence. Ses bras entourèrent son cou et elle l’étreignit, même s’il ne restait que le patient en face d’elle. Dans cette position qui souffrait de quiprocos certains, la reine n’en avait plus cure. Ses larmes en témoignaient toujours. Elle se sépara et son regard aussi humide que l’océan, et aussi bleu que les profondeurs se figèrent sur le sien. Après plusieurs inspirations, elle reprit peu à peu contenance. Ses mains se déplacèrent sur les flancs de son visage et s’en crier gare, l’embrassa. Lèvres contre les siennes, comme une offrande donnée à sa mémoire pour qu’au moins son for intérieur en capte toutes les saveurs, en vain. Il n’y avait plus rien. Rien. Elle se sépara du patient dans un constat d’échec caractéristique.

Sans un mot, sans davantage de regard, elle se leva et se sépara de celui qui fut. La démarche chancelante, comme si elle fut saoule, les pieds trainants et les épaules tournés vers l’avant. Elle fit quelques pas dans l’herbe, sur ce coussin de nature inviolée. Quelques pas à travers cette grande plaine en direction du lac lointain. Puis quand elle en eut assez, se laissa lourdement tomber contre le sol. Elle replia ses jambes contre son torse, entoura ses bras autour des genoux et réfugia sa tête à l’intérieur. Dans un cocon de douleur et de tristesse. Elle repensa à ses mots et ses paroles, et se remit à pleurer de nouveau. Cela eut été trop violent pour son cœur qui en fut profondément bouleversé. Elle ne bougea pas, elle s’isola de tout.
long long title how many chars? lets see 123 ok more? yes 60

We have created lots of YouTube videos just so you can achieve [...]

Another post test yes yes yes or no, maybe ni? :-/

The best flat phpBB theme around. Period. Fine craftmanship and [...]

Do you need a super MOD? Well here it is. chew on this

All you need is right here. Content tag, SEO, listing, Pizza and spaghetti [...]

Lasagna on me this time ok? I got plenty of cash

this should be fantastic. but what about links,images, bbcodes etc etc? [...]