Une belle journée qui s'annonce sur Coruscant. En tout cas c'est ce qu'il semblait, mais le temps t'avais appris à ne pas te fier aux apparences. Tu te souvenais de cette jeune Jedi sur Bunduki qui avait l'air brisée et émotionnellement instable quand tu l'avais rencontrée la première fois, envoyé par le Conseil pour la ramener dans l'Ordre et l'aider. Le temps passé avec elle t'avait montré qu'elle était plus forte qu'elle ne le paraissait, tu te souvenais des longues journées de méditations et d’entraînement au sabre-laser avec elle. Ça avait été une période agréable, tu avais pris soin d'une femme accablée par le destin et en retour elle t'avait redonné l'envie d’œuvrer pour la galaxie.
Tu fut interrompu dans tes pensées par un message envoyé depuis le Sénat. C'était le milieu de l'après-midi et tu étais en train d'achever un rapport attendu par l'état-major à propos de nouvelles tactiques expérimentales et ton avis dessus. Tu lus alors le message, il s'agissait d'une convocation officielle du Sénat à une séance en cours actuellement. On te demandait de venir donner ton avis à propos d'un certain Marak Koress, représentant de l'Ordre Gris et surtout de si il fallait laisser ses membres disposer de leurs armes en espace républicain.
Ça, tu ne t'y étais pas du tout attendu. Tu t'étais levé ce matin en songeant qu'une fois la matinée écoulée à faire ton rapport, tu le rendrais avant d'aller faire un tour au Temple pour voir un peu les exercices de méditations des padawans. Tu aimais bien faire ça, ça te rappelait d’où tu venais et à quel point tu avais été semblable à ces jeunes esprits fertiles et prometteurs, empli de rêves et d'espoirs pour cette galaxie.
C'était pas simple comme histoire. D'un côté tu appréciais Helera, le Grand Maître actuel de l'Ordre Gris, tu l'avais soutenue quand elle avait basculé de l'autre côté, pensant qu'elle avait droit à la rédemption, comme toi tu l'avais été. Tu avais pu voir un peu son organisation au cours d'une visite sur Arkania et tu avais été impressionné par la condition physique de ses membres et le lien qui les unissait tous, comme si la Force elle-même prenait soin d'eux.
Mais d'un autre côté, tu n'avais pas spécialement apprécié de voir qu'ils disposaient d'une flotte de combat opérationnelle, qu'ils étaient sur Arkania sans même que les natifs ne sachent qu'ils accordaient asile à des sensitifs. Tu n'avais pu voir qu'un Ordre axé sur des principes militaires et bien peu versé sur la contemplation de la Force.
Tu savais que c'était pas si simplement tout blanc ou tout noir, ils étaient des rescapés de l'Inquisitorius et utilisaient au moins partiellement des pouvoirs obscurs, parce que c'était pour eux un moyen et non une fin. Tu ne pensais pas qu'ils pouvaient devenir des monstres voués à la destruction et la domination parce que le but à atteindre était juste. Tu pensais qu'ils avaient mérité le bénéfice du doute de ta part, au moins pour Helera qui était digne de ton indulgence pour les épreuves qu'elle avait traversé. Soit, tu irais donner ton avis à titre consultatif, et ensuite si possible tu essaierais de trouver du temps avec ce Koress pour qu'il transmette éventuellement un message à sa chef et te donne des nouvelles d'elle.
Tu sortis alors de la salle de briefing, ton sabre laser à la ceinture, tu te dirigeais vers le Sénat et son assemblée. Arrivé devant la porte qui te permettait d'entrer, tu te présentas alors rapidement aux gardes stationnés, exposant le motif de ta venue, indiquant qu'on t'avait convoqué. On te fit patienter quelques minutes, le temps de vérifier ton histoire et de prendre ton arme par simple précaution. Après ce qui s'était passé il y a un an et demi, tu ne pouvais pas leur reprocher ça.
Prenant une profonde inspiration, tu entras alors au sein de l'assemblée du Sénat de la République, minuscule silhouette parmi toutes ces nacelles représentant les systèmes membres. A cet instant tu te sentais n'être qu'un rouage de quelque chose d'infiniment plus grand. Pas seulement la Nouvelle-République mais quelque chose d'autre. Cet endroit symbolisait à tes yeux l'unité dans la Force, et tu étais fier de cet héritage que toi et le Nouvel Ordre Jedi aviez aidé à apporter aux nouvelles générations.
Tu pris place dans la nacelle réservée aux Jedi qui n'était d'habitude pas trop utilisée en dehors de moments comme celui-là ou on avait besoin de l'avis des tiens pour une question si délicate. Tu pouvais voir d’où tu étais le dénommé Marak sur une nacelle immobile, face à la nacelle centrale réservée à la Présidence. Un Zabrak, costaud avec ça et dont tu sentais qu'il était puissant dans la Force. Comme Helera, son aura n'était ni claire ni obscure mais entre les deux. Tu esquissas un pâle sourire. Ça te rappelait à quel point tu étais loin du « Jedi type », clair et propre sur lui que les gens avaient à l'esprit en pensant aux Jedi.
Tu eut pour le Gris un hochement de tête respectueux, songeant que ça n'avait pas du être simple de venir se présenter au Sénat pour demander à ce qu'on reconnaisse ton Ordre officiellement. Tu sentis sur toi le regard acéré et froid d'un sénateur, identifié comme représentant Anaxes. Il avait l'air d'avoir du mal à cacher son mépris, mais tu ne savais pas si c'était adressé à toi spécialement ou à l'Ordre que tu représentais.
Tu n'en avais pas grand-chose à faire faut dire, t'étais là pour une raison précise. On t'avait convoqué, tu répondais à l'appel. Tu t'inclina respectueusement à l'encontre de la Présidente, de Koress et de tout les sénateurs et sénatrices présents en ce jour. C'était le moment pour toi de prendre la parole.
Honorables sénateurs de la République, estimée Présidente, je suis Maître Vos du Nouvel Ordre Jedi et je viens ici ainsi qu'on me l'a aimablement demandé pour donner mon avis sur la question qui vous tient tous ici réunis. Je connais personnellement le Grand Maître de l'Ordre Gris Helera Korr'rial et j'ai pour elle un grand respect. Elle a subi de terribles épreuves tout au long de sa vie et si je n'approuve pas tout ses choix, j'admire la force et la résolution qui l'ont toujours guidée. Si vous me le permettez, je vais vous faire part d'une analogie. Votre enfant vous demande de le laisser conduire son vélo tout seul pour prouver qu'il en est capable. Que faites-vous ? Lui répondez-vous qu'il en est hors de question parce que trop risqué et par peur de le voir se faire mal, ou le laissez-vous faire parce qu'il s'agit du meilleur moyen pour vous de constater à quel point il a grandi et progressé ?
La question qui vous préoccupe tous est ici à mon sens la même : prendre le risque de laisser se promener parmi des populations sans défense face aux pouvoirs que nous, utilisateurs de la Force, possédons, des individus capables de leur faire du mal sans effort et leur faire confiance ? Ou bien ne prendre aucun risque et leur enlever les moyens de faire d'hypothétiques dégâts alors même que vous n'avez aucune certitude quant à leurs supposées mauvaises intentions ? J'ai pu visiter l'Ordre Gris, j'ai vu de mes yeux leurs activités, j'ai parlé à nombre d'entre eux, j'ai senti leur particularité dans la Force. Je ne peux leur reprocher actuellement aucun méfait qu'ils auraient commis à ma connaissance car il n'en existe aucun. Je sais que sous la direction de Maître Korr'rial, ils ne seront jamais un danger pour la République et ses peuples parce que là n'est pas son objectif ni sa vision des choses. Toutefois j’émets une réserve. J'ai vu leurs forces armées et je crains que sans elle, l'Ordre Gris ne bascule tout entier et ne devienne une armée capable seulement de destruction. J'estime donc qu'ils ne devraient pouvoir aller armés parmi les mondes de la Nouvelle République qu'avec l'accord des gouvernements et institutions locaux ou ils seraient amenés à se rendre. Cette décision que doit prendre le Sénat doit l'être en concertation avec les peuples qui le représentent. Leur enlever leurs armes c'est les priver de leur droit à se défendre en cas d'agression quelconque mais ils PEUVENT être également un danger pour ceux qui viendraient à les fréquenter.
Voilà pour mon avis personnel. Je reste disponible si les membres de cette honorable assemblée ont d'autres questions à me poser. Je vous remercie de m'avoir accordé du temps et de l'écoute. Madame la Présidente, sénateurs.Tu t'inclinas encore une fois respectueusement avant de reculer légèrement dans ta nacelle qui repartit un peu en arrière. Tu avais parlé, à présent c'était aux autres. Tu étais un peu curieux de voir ce qui allait se passer. Tu te pris à songer encore une fois à Helera et à te demander ou elle était, ce qu'elle faisait, si elle allait bien. Tu espérais qu'elle n'avait pas franchi la limite comme elle avait pu le faire autrefois. Tu avais foi en elle et en sa force intérieure. T'étais un optimiste de nature malgré les épreuves.