L'Astre Tyran

[Jen'Ari Nekanasaza]

Un vol, tout partait d'un vol. Un speeder chargé de la livraison de médicaments avait été dérobé, et son conducteur malmené retrouvé assommé aux abords des bas quartiers. Près d'une tonne de cargaison s'était ainsi envolée. Les autorités n'étaient parvenues à mettre la main ni sur le voleur, ni sur les médicaments. Tout cela se déroulait le mois dernier.

Récemment, un nouvel événement attira l'attention. Un homme d'une trentaine d'années fut retrouvé inerte sur le sol de son appartement. Une overdose, vraisemblablement. Ses proches semblaient affirmer qu'ils n'avaient pas connaissance de ce genre de pratique, mais l'analyse du corps révéla la présence d'un composant bien connu : la pentazocine, un morphinique permettant de traiter la douleur ne pouvait être obtenu que sur prescription.

L'enquête ne porta pas ses fruits et fut rapidement classée. Mais l'inspecteur en charge de cette affaire jugea bon de transmettre le dossier au Temple Jedi. Une note précisait que ledit inspecteur craignait que l'histoire se produisit à nouveau, que cela pouvait avoir un lien avec la disparition du camion, mais que la police avait d'autres chats à fouetter. Tout cela était un peu étrange, les deux affaires avaient été vite classées ...

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Le Maître Jedi qui me confia ce dossier m'intima de le lire scrupuleusement pour en retenir les détails, il m'indiqua également que j'évoluerais cette fois au côté du padawan Durron. Je ne l'avais aperçu qu'une fois, dans la salle du Conseil, un peu avant les événements du Sénat. Je ne savais pratiquement rien de cet Humain et avais bon espoir que cette petite mission vit une conclusion positive.

La plupart de mes missions avaient été réalisées avec San. Nos caractères compatibles facilitaient grandement les choses. Peut-être en serait-il de même avec Kyp Durron. J'avais donné rendez-vous à ce dernier non loin de l'entrée de la bibliothèque et l'attendais en feuilletant le dossier.

[Kyp Durron]

Le padawan n'arriva cependant pas. Ce n'était hélas pas inhabituel du padawan Durron, qui avait semble t-il acquis la triste et dommageable réputation de ne pas être à l'heure, et de surcroît de se mettre dans des situations impossibles avec un talent qui frôle le génie non reconnu.

Alors que Mya, calme et consciencieuse, méthodique autant que pouvait l'être son Maître, lisait le dossier de la police coruscanti, Kyp était déjà dans une de ces situations dont il avait le secret. Le pire c'est qu'il semblait ne pas les chercher. Par contre elles, semblaient le trouver...

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Une heure avant le rendez-vous, dans les bas quartiers de Coruscant...

Dans le plus pittoresque et typique bar des bas fonds coruscanti, le jeune Kyp Durron, assis à sa table observait, tout de noir vêtu. Dans sa tenue de contrebandier, la capuche cachant son visage, il fallait être très près pour s'apercevoir que le jeune homme n'avait même pas encore vingt ans. Kyp était en chasse. De sa table, il pouvait voir l'ensemble du bar. Son sabre dissimulé dans sa manche, aucun petit malin particulièrement observateur ne pouvait se douter de son affiliation. En plus, des Jedi il n'y en avait encore qu'une petite vingtaine dans la Galaxie.

Il avait passé une demi-journée entière à expliquer qu'il était orphelin, solitaire, et qu'il avait besoin de médicaments. Kyp savait que ce type de procédé ne plairait probablement pas à son maître. Mais il n'avait pas menti : il était bel et bien orphelin, et solitaire. Mais il était aussi padawan Jedi, recueilli et traité comme le fils qu'il n'a pas encore par un contrebandier notoire et son associé wookie très protecteur. Lequel l'avait confié à son tour à son meilleur ami.

Il ne faudrait pas longtemps à des fournisseurs pour se manifester, du moins l'espérait-il. A peine dix minutes plus tard après son numéro, et devant un verre de bière corellienne, quelqu'un se manifesta, mais ce n'était pas exactement ce que Kyp espérait...

Inconnu : Je peux m'asseoir ?

Kyp Durron : Comme vous voulez, on est en République maintenant...

Un homme d'un bon mètre quatre-vingt pris place face à lui, accoutré comme le plus banal des contrebandiers, avec une attention particulière, et des couleurs qui laissaient entendre à Kyp qu'il n'était pas l'homme de main classique. Il prit place et commença directement son laïus. Kyp comprit qu'il pensait sûrement à raison ne rien craindre là où il était...

Inconnu : Je m'excuse, jeune homme, je ne pourrais rien pour toi pour les médicaments. Mais on m'a dit que tu errais ici et là. Tu dois probablement savoir que c'est pas quelque chose que tu peux faire toute ta vie. Ces médicaments, il va falloir que tu les paie. Il va te falloir un travail pour vivre...

Kyp le toisa un instant. Il ne s'y était pas attendu une seule seconde à celle-là. Lui avait pensé que son petit manège laisserait songer à un dealer qu'il pouvait se négocier une bonne affaire face à un "jeune apparemment crédule" avec un air un peu "rogue". Il allait devoir s'en débrouiller. Il ne pouvait pas sortir comme ça de sa légende. Il serait grillé et tout ça se serait révélé inutile pour le reste de l'investigation.

Kyp Durron : Mon frère est perdu. Si je n'ai pas ces médicaments, je n'aurais peut-être pas la chance de le revoir sourire un jour...

Kyp se faisait un art de ne pas mentir. Son frère avait vraiment été emporté par les stormtroopers quand il était jeune. Il était probablement en vie, mais impérial, du "mauvais côté de la barrière" comme il se le disait souvent. Il espérait réellement encore le revoir un jour, souriant, comme si toute cette guerre n'avait été qu'un cauchemar passager.

L'inconnu compris que Kyp était prêt à tout pour son frère. Il entreprit donc - comme Kyp le souhaitait - d'exploiter cette faille...

Inconnu : Petit, si tu rejoins le Maëlstrom, ton frère n'auras plus jamais ce genre de problème. Peut-être que je peux t'aider...

Kyp Durron : Vous feriez ça ?

Inconnu : T'es débrouillard, gamin, on a besoin de gens comme toi. Ne me déçois pas, et tes problèmes s'envoleront ! Suis moi, j'aimerais te montrer quelque chose...

Il se leva, Kyp le suivit. Ensemble, ils sortirent du bar. L'inconnu se dirigea vers un speeder, puis avant d'y monter, se tourna de nouveau vers le jeune padawan.

Inconnu : Tend tes bras sur les côtés. Là où on va, ils ne rigolent pas sur la sécurité tu sais...

Kyp déglutit en silence. Encore quelque chose qu'il n'avait pas vu venir. Se concentrant, il commença à improviser une solution pour s'en sortir indemne. Il se concentra, fit appel à la Force et...

Kyp Durron : ** On va peut-être passer ça. J'ai rien à cacher, vous voyez bien ! **

Inconnu : La sécurité, c'est la sécurité, gamin !

Il entreprit donc la fouille, et évidemment tomba sur le sabre de Kyp, qu'il n'identifia pas tout de suite comme tel

Inconnu : C'est quoi ça ?

Kyp Durron : Oh ça, c'est mon sabre laser...

Inconnu : Nan, tu déconnes ?

Le "recruteur" semblait ne pas le prendre au sérieux, puis rigola comme d'une mauvaise blague. Mais Kyp flairait le danger qui petit à petit s'immisçait dans l'esprit du probable criminel en face de lui. En un éclair, le criminel attrapa son blaster puis tira, à deux reprises. La Force guida la main de Kyp qui les dévia sans souci, mais qui laissa le temps au criminel de se mettre à portée et de projeter d'un coup de pied le jeune padawan dans le vide...

Déséquilibré, Kyp débuta sa chute, mais réussit à se projeter vers une rambarde 4 mètres plus bas. Agrippé pour ne pas tomber plus bas, il vit le criminel inconnu profiter du répit que Kyp lui laissait pour monter dans son speeder sans délai.

Saisissant un traceur de la République, Kyp le projeta sur la coque inférieure du speeder, près de quatre mètres plus haut, laissant ainsi le speeder et son conducteur s'échapper vers des terres inconnues, le laissant dans une sale posture. Le pire dans tout ça, c'est que même s'il s'en sortait tout seul, Luke aura quand même senti sa détresse

Kyp Durron : ** Damned **

[Kyp Durron]

Alors que le jeune padawan se tenait dans le vide, la population, sans doute avide de sensations et de l'excpetionnel, se tenait là, à le regarder. C'était surréaliste, mais tout le monde paraissait tranquille, et plutôt ravi de prendre des holofilms d'un padawan luttant pour ne pas tomber dans le vide.

Quelqu'un jette un Jedi dans le vide, padawan en plus, et tout ce qu'on fait c'est prendre des holofilms et commenter la scène. Au lieu de l'aider, bientôt, certains critiqueraient le bazar que ces fumistes Jedi mettaient dans leur belle capitale.

Kyp Durron: Cette capitale aura ma peau...

Après quelques minutes à méditer sur la vie, les largesses de la galaxie, et si oui ou non il fallait incinérer et vitrifier le niveau 24 de Coruscant, un speeder finit par se présenter et ralentir pour se mettre au niveau du Jedi. Deux figures familières étaient à l'avant, entrain de lui jeter un regard à la fois amusé et réprobateur...

Han Solo : Tu prends l'air, l'artiste ?

Kyp Durron: Entraînement Jedi de base : méditation, musculation, katas de sabre laser, et chute dans le vide de 12 mètres. La routine...

Han Solo : Bon, si tu veux pas monter, nous on s'en va !

Kyp Durron: D'accord d'accord ! J'arrive.

Kyp effectua un saut pour se positionner sur les places arrières du speeder. Le speeder repartit tout de suite vers les bas quartiers. Kyp en profita pour sortir son localisateur, et tracer la balise qu'il avait laissée sur la carlingue du recruteur. Il espérait bien pouvoir filer le type jusque ses employeurs. Et de là remonter jusqu'aux médicaments en question.

Et pour l'instant, ce chemin le menait vers... les bas-quartiers ! Le jeune padawan s'installa confortablement. Han et Chewie le menait à sa cible.

Kyp Durron: ça vous dérange de me déposer ?

[Kyp Durron]

Dans un vacarme ambiant, le jeune Kyp, toujours habillé comme le contrebandier type, jetait un oeil aux alentours. Sa balise était formelle : sa cible était dans cette cantina. Il l'avait traqué, et son speeder était juste devant.

Ce n'était pas la même cantina que 24 niveaux plus haut. Pour la première fois il se dit qu'il aurait peut-être dû attendre que Mya arrive. Mais c'était trop tard pour avoir des regrets. L'ambiance était plus sombre et il y avait nettement plus de contrebandiers. Le jeune padawan se concentra. Il fallait rattraper son "ami" rapidement s'il voulait pouvoir le filer jusqu'à quelqu'un de plus intéressant.

A mesure qu'il progressait, dans un couloir sans fin munis d'alcoves sur ses flancs, Kyp soupira. Ce bar était vraiment les plus spacieux des niveaux inférieurs. Il mettait trop de temps ! Il entendait encore les mots de Luke résonner dans son esprit : ** Patience, l'agitation et l'adrénaline n'est pas ce que le Jedi recherche **. Mais soyons réaliste, jamais personne n'avait eu de criminels servis sur un plateau.

Perdu dans ses pensées, Kyp se focalisa sur la Force, et la laissa le guider. Il se dirigea sans vraiment faire attention vers une autre salle à l'arrière. Il passa entre différents rangées de clients de toute sorte et de toute race, plongés dans leurs discussions. A mesure qu'il se concentrait, il sentit subitement un malaise. Une forme sombre approchait.

Kyp dégaina tout de suite et détourna un premier tir de blaster vers le plafond et d'un geste de sa main libre, immobilisa son assaillant sur-le-champ.

Kyp Durron: Peut-être que Maître Luke a raison. Finalement, il suffit de vous attendre un peu...

Le bar était désormais plongé dans un silence de mort. Tout le monde dans la salle regardait ce qu'il se passait. Kyp avança vers son tout nouvel ami criminel

Kyp Durron: Quand on a discuté tout à l'heure, tu semblais savoir où je peux avoir les médicaments que je recherche. Qui les a ? Où sont-ils ?

Inconnu: Va te faire [...]

Kyp réfléchit un instant. Puis il fit mine de partir, le criminel toujours figé au milieu du bar.

Kyp Durron: OK.

Inconnu: Hey ! Me laisse pas !

Kyp se retourna. Tout le monde dans la cantina n'avait jamais vu de Jedi jusque là, et restait captivé par la scène.

Kyp Durron: Quand tu m'as tiré dessus, j'ai bien compris que ces question te posaient problème. Mais cela m'aiderait beaucoup si tu avais la gentillesse de me donner un nom, une adresse...

Inconnu: Woods ! Niveau 26. Ce sont eux qui ont ce que tu cherches

Kyp Durron: Les préviens pas s'il te plaît, ça m'ennuierais que tu restes collé au plafond.

Le padawan Jedi leva la main en sortant, libérant le criminel de son étreinte. Et la vie reprit subitement son cours dans le bar.

[Kyp Durron]

Deux jours plus tard...

A quelques encablures de la cible, dans un appartement assez petit, le petit groupe d'enquête Jedi était affairé. Composé du seul padawan et de trois rangers Antariens, le groupe consultait des données. Kyp avait placé des sondes tout autour du bâtiment ciblé, pour observer ses allers et venues.


Pnj : Marko Ramius

Etant donné l'importance symbolique du détournement, Marko Ramius avait fait le déplacement. Le commandant était le plus haut gradé du Temple. Il détestait singulièrement la criminalité qui souillait sa planète natale. Kyp soupçonnait donc qu'il voulait surtout suivre ses progrès. Les rangers formaient eux aussi parfois les padawans sur les sujets qui ne touchaient pas à la Force. Gonflé à bloc par une telle présence, le ranger antarien chargé du suivi de l'enquête de Kyp Durron - Noman Leto - prit la parole pour débuter son rapport.

Noman Leto : Il y a eu une attaque de convoi médical hier soir. Le mode opératoire reste le même : les opérateurs de livraison ne se souviennent de rien et les médicaments ont disparu. L'attaque a été perpétrée par deux speeders et un vaisseau de classe YT-2000 modifié. Peu de temps avant et après, trois vaisseaux correspondant à cette description sont sortis puis revenus dans le bâtiment. Les données de déplacement correspondent...

Marko Ramius : Bien. Vous avez confirmé que c'est la base opérationnelle. Nous savons que les médicaments font l'objet d'une redistribution via un trafic dans les bas fonds. Que proposez-vous ensuite, messieurs ?

Kyp Durron : Infiltrer, cerner, capturer ? Nous savons déjà comment fonctionne la filière. Si nous coupons la filière par son approvisionnement nous avons plus de chances d'identifier et capturer les leaders du groupe.

Kyp proposait la procédure de coup de filet classique pour récupérer l'information. Consciencieux, il avait suivi l'enseignement de Marko sur les enquêtes avec quelques autres padawans au Temple.

Marko Ramius : Et comment s'y prend t-on pour réaliser une telle opération ?

Noman Leto : Une petite équipe se fait inviter à l'intérieur, ou en tout cas entre sous un faux prétexte dans les lieux et identifie les zones clés et si possible localise les leaders. Quelques minutes plus tard, après avoir encerclé complètement le bâtiment, une équipe d'intervention entre et paralyse tout le monde, et récupère toute information sur laquelle on peut tomber.

Marko Ramius : Bien, très bien. Vos oreillettes, messieurs !

Marko pointa la table où siégeaient les moniteurs des sondes que Kyp avait installées. Les oreillettes étaient extrêmement fines. Sur les moniteurs, Kyp pouvait déjà voir les speeders des rangers antariens prendre position tout autour du bâtiment, en dessous, au dessus...

Marko Ramius : Vous êtes des fournisseurs de médicaments. Vous avez votre propre filière et vous n'arrivez pas à les distribuer correctement. Voilà du bacta...

Marko jeta une fiole que le padawan rattrapa au vol.

Marko Ramius : C'est parti, messieurs.

[Kyp Durron]

Le padawan et son alter ego Ranger antarien se orésentèrent devant l'immeuble de Woods au niveau 26. Son sabre laser caché dans sa manche, Kyp arborait le même blaster léger que Noman Leto.

Noman Leto : Laisse moi gérer ça, Kyp. On aura besoin d'une sortie si ça se passe mal. Concentre toi sur leurs intentions. Nous allons les capturer sans problème

Kyp Durron : Je suppose qu'il faut sonner ?

Le jeune padawan appuya sur le communicateur et patienta un instant. Pendnt un moment, les deux hommes se demandèrent si quelqu'un allait réellement répondre. Mais la porte s'ouvrit et quatre hommes en armes en sortirent. Ils entourèrent rapidement le Ranger et son acolyte Jedi et es emmenèrent prestement à l'intérieur.

Avec une agilité et une aisance proche du professionnel, il les fouillèrent d'entrée sans poser de question. Curieusement, les pièces paraissaient ne pas différer de celles d'un appartement normal des niveaux moyens de Coruscant. Les murs blancs reflètaient la lumière sur une décoration classique d'influence corellienne d'Avant-Guerre. Kyp comme Noman n'auraient jamais parié que des criminels puissent être aussi raffinés.

Kyp Durron : ** C'est bon, nous ne sommes pas dangereux **

Traficant : C'est bon, ils ne sont pas dangereux.

Kyp n'en revint pas que cela fonctionne, mais la fouille stoppa. Son utilisation de la Force avait marché. Les traficants les emmenèrent plus loin dans le bâtiment, sûrement pour rencontrer un capo, ou leur chef, avec un peu de chance. Kyp et Noman furent amenés dans un un vaste salon au milieu dece qui semblait être un hôtel particulier cossu.

Kyp sentit à mesure qu'il s'installait une perturbation dans la Force. Il ne sut dire si elle était bonne ou mauvaise. Ses sens n'était pas ceux d'un Maître comme Gwindor Morelion. Mais cette sensation se précisa au fur et à mesure. Une personne - probablement le chef vu son âge et la sérénité qu'il dégageait - entra dans la pièce. Il avait déjà la fiole de bacta dans la main, et vint s'installer sur un canapé en face de celui où Kyp et Noman avaient été "invités"

Chef : Bonjour messieurs, et bienvenue. Pouvez-vous me dire ce que vous faites là avec une fiole de bacta ?

Comme prévu, Noman commença le speech. C'était lui qui paraissait le plus crédible en traficant. Kyp était trop jeune encore.

Noman Leto : On a cru comprendre que le médical c'était votre business. Nous on a du bacta, et disons que la distribution n'est pas notre fort. C'est de la qualité, vous verrez. On vient voir si ça vous intéresse de nous donner un coup de main...

Kyp sonda avec la Force tout ce qu'il pouvait. I y avait quatre issues dans la pièce. Leur mission progressait bien. Manifestement ils avaient trouvé un responsable. S'ils avaient la confirmation qu'ils avaient bien le grand patron, le show pourrait commencer dehors. Kyp se concentra alors sur lui.

Et rien. Pas une information, l'esprit du patron était fort, très fort, et Kyp n'en perçut pas la moindre bribe.

Chef : Je crains de ne rien pouvoir vous proposer. Il y a eu sans aucun doute une erreur, nous ne sommes pas intéressés

Noman Leto : Oh. Pourquoi ça ?

Le Ranger n'avait pas la moindre agressivité dans la voix, et se montrait respectueux. Il devait à tout prix savoir si cette personne était le leader du réseau. Le chef lui répondit de but en blanc.

Chef : Vous mentez. Vous voulez nous piéger. Votre ami est un jeune padawan. Il a utilisé la Force pour arriver jusqu'ici. Vous voulez nous capurer, a priori je dirais...

Kyp déglutit. C'est son utilisation de la Force qui l'avait fait repérer ? Il soupira intérieurement l'espace d'un instant : quand est-ce que la Force le mènera ailleurs que vers des situations embarassantes ? Mais une pensée le prit soudainement : comment le chef le savait-il ?

[Kyp Durron]

Kyp comme Noman savaient très bien que les forces des Rangers Antariens combinées à celle de la Brigade des Stups coruscanti allaient tomber sur le lieu de toute façon dans les cinq minutes, chef identifié ou non. Les deux faux traficants étaient encore en joue.

Le chef devait aussi avoir senti le danger imminent lui tomber dessus. Il appuya avec calme sur le bouton de son holocom et y susurra quelques mots.

Chef : A tous : nous évacuons d'urgence. Protocole d'Evacuation immédiate

Le patron du gang se releva et reprit conscience de la présence de ses deux invités indésirables. Il ne pouvait pas les prendre avec lui s'il ne voulait pas être suivi, ni les avoir dans les pattes.

Chef : Mes excuses, Messieurs. Nous allons devoir vous abandonner. Si vous aviez l'obligeance de bien vouloir nous suivre jusqu'à la pièce sécurisée...

Il indiqua à Kyp et Noman la porte de gauche, les invitant à lui emboiter le pas pour s'y rendre. Les deux gardes en faction restaient vigilants derrière eux pour garantir toute entreprise un peu folle de leur part. Dès l'instant où ils étaient entrés, le Jedi et le Ranger étaient coincés.

Ils entrèrent dans une petite pièce assez étroite. Tout était fait pour stocker ou économiser la place. Elle devait probablement servir d'entrepôt. Leurs hôtes ne les suivirent pas. Et pour cause : sans autre forme de procès, le chef de gang ferma la porte. Livrés à eux-mêmes, ils entreprirent une inspection minitieuse. Mais il n'y avait simplement pas de quoi ouvrir la pièce de l'intérieur...

Noman Leto : Tout s'est bien passé. On a bien négocié...

Kyp Durron : Bah quoi ? C'est de la qualité ce que nous avons apporté comme bacta ! Bref...

Kyp sortit à l'aide de la Force le sabre laser encore caché dans sa manche, l'activa, et commença à découper le montant de la porte. Des fois, ne pas se poser de question permet d'obtenir bien plus de réponses.

[Kyp Durron]

La porte céda sous les coups de sabre du jeune padawan. Se précipitant pour revenir dans la pièce où il avait été si chaleureusement accueilli, Kyp entra en trombe dans la salle. Il n'y avait plus personne. Le grand appartement semblait alors vide.

Kyp s'aperçut alors qu'à la place du canapé où ils s'étaient assis avec Noman se trouvait maintenant un large conduit. Il avait été probablement dissimulé par le simple tapis et la présence du canapé. Lorsqu'il s'approcha, Kyp constata qu'il s'agissait bien d'une sorte de conduit qui s'incurvait un à deux étages plus bas. Probablement un toboggan qui servait de plan d'évasion pour les cas comme celui-ci.

Sans vraiment y réfléchir, Kyp sauta dans le conduit à la poursuite des criminels. S'ils arrivaient à s'enfuir tout cela n'aurait servi à rien. Il commença alors une descente qui dura bien quelques trente secondes. Cette descente le fit déboucher sur un hangar qui devait bien se trouver 20 à 25 niveaux plus bas, bien au delà du rayon d'action de l'équipe tactique de Marko Ramius.

Il entendit des réacteurs commencer à chauffer pour un décollage. Il se précipita et vit au loin l'équipe de gangsters charger un cargo corellien de nouvelle génération. Ils avaient l'air pressés, et chargeait les dernières quand Kyp arriva sur place. Le padawan activa son sabre-laser et avança pour faire front. Les criminels l'aperçurent, mais ne bronchèrent pas, continuant de charger leur marchandise pour détaler au plus vite. Mais leur chef, lui, s'avança vers Kyp. Le patron, au début de sa cinquantaine, avait maintenant un sabre-laser à la ceinture.

Chef : De la persistance, de l'audace, de la confiance ! Vous me rappelez ma jeunesse. Allons, rengainez votre arme, s'il vous plaît.

Kyp Durron : La République souhaite que vous stoppiez votre contrebande, vos vols, et que vous me remettiez toute cargaison médicinale encore en votre possession.

Chef : J'ai peur de ne pas pouvoir faire cela...

Le "chef" activa son sabre-laser, et la première chose que remarqua Kyp, c'est à quel point ce sabre était similaire au sien. Sa lame était verte, alors que celle de Kyp était plutôt turquoise à cause du mélange de deux cristaux bleu et vert. Le duel commença très vite, quand Kyp démarra le premier échange.

Le chef contrait avec une aisance remarquable tous les assauts de Kyp. L'apprenti Jedi essayait de désarmer son adversaire, mais sans grand succès. Son Ataru était avant tout défensif. Si le Jedi était devenu un practicien assez doué, il n'en restait pas moins que neutraliser quelqu'un avec une forme défensive était plutôt pénible. En fait, le chef de gang avait l'air de jauger son adversaire plus qu'autre chose.

Puis comme pour tester davantage le padawan, il passa à l'offensive. Kyp se défendit comme il peut, mais sentit le challenge monter d'un niveau...

Chef : Vous êtes bien formé aux armes, jeune padawan. J'ai bien connu un Maître qui connaissait cette forme, avant qu'il ne meure. Vous êtes l'apprenti d'un disciple d'Ayud Godmamon, non ?

Surpris par les connaissances et la question du maître criminel, le padawan n'en baissa pas pour autant sa garde...

Kyp Durron : Comment le savez-vous ? Mon maître s'appelle Luke Skywalker. Son maître à lui s'appelait Godmamon. Il me l'a dit pendant ma formation.

Chef : Skywalker ? J'ai bien connu un Skywalker moi aussi. Il se sentait investi d'une mission. Ne reculait devant rien. Je l'admirais même, comme tu dois admirer ton maître. Mais la vérité est que c'tait tout simplement un insouciant.

Kyp Durron : Mais qui êtes-vous ??

Chef : Je suis Jax Pavan, anciennement Chevalier Jedi et survivant de l'Ordre 66 et de la Nuit des Flammes, désormais chef du Whiplash.

Si la discussion ne déconcentrait pas réellement Kyp, il devenait évident au fur et à mesure du duel qu'il n'était pas à la hauteur. Si le jeune padawan était le plus rapide, Jax le compensait en maîtrise précision. De ce que Kyp pouvait en dire, Jax était bien rompu aux arts Jedi. Et il était plus fort que lui.

Jax Pavan : Tu t'es bien battu, jeune padawan, mieux que moi à ton âge...

Jax prit le fer. Avant que Kyp ait eu le temps de le contrer en retirant sa lame de ce piège, le Chevalier Jedi la projeta trois à quatre mètres plus loin. Puis Jax désactiva son propre sabre-laser, et fit le salut Jedi à un Kyp encore sous le choc d'avoir été si facilement possédé.

[Kyp Durron]

Jax Pavan commença à partir, sans doute vers une autre cachette. Kyp était encore présent, incrédule mais entier. Il appela son sabre-laser et le refixa à sa ceinture. Il ne comprenait vraiment pas : comment un Jedi pouvait détourner des médicaments de la sorte ? Pour en faire un marché noir ? C'était contraire au Code, aux valeurs Jedi auxquelles Jax se réclamait.

Kyp Durron : Pourquoi faites-vous cela ? Vous êtes un Jedi ! Vous volez des médicaments de la République ! Cela n'a pas de sens !

Jax Pavan s'arrêta à la mention de la question, et se retourna vers Kyp avec un air grave que le padawan ne lui avait pas vu jusque là.

Jax Pavan : Tu veux dire que vous ne le voyez pas ?!

Jax s'esclaffa comme s'il n'en croyait pas ses oreilles. Mais il reprit très vite son sérieux, et se retourna pour fixer Kyp qui sentit réellement pour la première fois toute la présence dans la Force de son interlocuteur.

Jax Pavan : Approche jeune padawan. Je vais te montrer quelque chose. Quelque chose que tu béniras certains jours, et maudira d'autres.

Kyp hésita un instant. Puis il décida de jouer le jeu. Si Pavan voulait lui nuire, ce serait déjà fait, et bien fait. Il s'approcha. Le Chevalier Jedi le conduisit vers la baie du hangar dans lequel ils étaient. Les deux hommes pouvaient voir les lumières - certaines du moins - des profondeurs Coruscanti, et certaines du haut en levant la tête.

Jax Pavan : Assied toi et concentre toi. Focalises toi sur la Force présente en ce lieu...

Kyp obtempéra. La curiosité prit le pas. Assis en tailleur, les yeux fermés, il sentit l'immense population qui couvrait toute cette partie de Coruscant, planète-ville et capitale républicaine.

Jax Pavan : Bien. Maintenant concentres toi sur les liens qui unissent chaque présence dans la Force, chaque entité. Les parents et leurs enfants, les maris avec leurs femmes, les médecins avec leurs patients. Tous connectés dans une gigantesque toile : la Force elle-même...

En peu de temps, Kyp arriva à voir les connexions entre les êtres vivants qui rendaient le lieu si intense, si riche. Il sentit le bon, comme l'amour d'un homme pour sa compagne. Il sentit aussi le mauvais comme la tristesse d'un enfant qui venait de perdre un parent. Plus il progressait, plus il sentait les subtilités qui les connectaient, et davantage de monde. Il sentait la peur, mais aussi l'espoir. Le manque, un gros manque, un sentiment d'abandon : plusieurs dizaines de milliers de personnes se sentaient abandonnés, négligés, et vulnérables. Kyp en sentait certains pleurer, d'autres souffrir en craignant la mort, négligés !

Kyp fut rapidement submergé de sentiments divers, variés, contraires, qui l'enveloppèrent progressivement. Il coupa alors la connexion. Il était désormais en sueur, couché par terre, la respiration haletante...

Jax Pavan : Tu l'as senti, non ? Ces gens que la République abandonne à leur sort. Cette République qui continue une guerre contre un adversaire déjà en déroute. Qui tire des missiles sur un croiseur plénipotentiaire alors que des diplomates viennent négocier la paix ! Ose me dire, maintenant, que tu ne comprends pas !

Kyp se ressaisit et se remis en tailleur, tant bien que mal.

Kyp Durron : Cette République, ce Nouvel Ordre Jedi. Ils sont insouciants. Ils ne savent pas...

Jax Pavan : Alors j'agis. Je ne passe pas ma vie dans une tour sur un piédestal à ne voir que ce qu'il m'est donné d'y voir.

Kyp Durron : Il faut le leur dire ! La République est jeune. Elle a encore besoin d'apprendre. Choisir ses valeurs, choisir son chemin. Pourquoi restez-vous dans le noir, alors que vous pourriez aider des milliards de gens simplement en sortant de l'ombre et en lui montrant son erreur ?

Jax Pavan : Dans ce monde, mon ami, mieux vaut être pragmatique que visionnaire...

Kyp Durron : Se cacher, se dissimuler, ce n'est pas la voie du Jedi. Vous le savez mieux que moi. Tout ce que je vous demande c'est de me donner une chance. Aidez-moi...

Camarade MJ, sous votre bienveillante juridiction :
Passage de Méditation en Connu

[Kyp Durron]

Kyp sentait bien que Jax était encore tout ce qu'il y a de plus perplexe. Mais il devait essayer, essayer de lui faire entendre qu'il y avait une autre voie. Une bien meilleure voie. Il devait mettre en lumière cette injustice. Peut-être même dans son cas s'autoriser à être Jedi à nouveau.

Jax Pavan : Qu'est ce que je disais tout à l'heure ? Audacieux et persévérant ! D'accord, je veux bien y réfléchir.

Jax retourna à son vaisseau. Kyp savait que de toute façon, il ne pouvait pas l'empêcher de partir. Maintenant, il savait en plus que ce n'était pas rendre service à Coruscant et ses habitants.

Jax Pavan : Je te recontacte. Tu ne devrais de toute façon pas avoir trop de mal à me trouver maintenant...

La porte du vaisseau se referma et il fila dans la circulation dense de Coruscant où il se perdit dans la masse. Kyp souffla. Encore un jour où ça ne s'était pas passé comme prévu pour lui ! A l'étage, les hommes de Ramius devaient avoir sécurisé la zone. Mais Kyp n'avait plus la tête à l'opération en cours. Il avait une amie à qui il devait parler de tout ça, une sénatrice. Il la connaissait depuis l'incursion des archives : Alayna...