Qui suis-je ?
MessagePosté :ven. 26 mai 2017 17:41
« Qui suis-je ? »
La pluie tombait en cascades, hallebardes prismatiques, petits miroirs de feuilles et de nuages menaçants, s'abattant sur mon corps comme il s'abattait sur mon âme. Une chose que j'avais depuis longtemps troquée contre l'ivresse partielle d'un pouvoir qui n'était jamais que prêté. J'avais vu de nombreux frères et de nombreuses soeurs se laisser aller dans un tourbillon d'ambitions qui les dépassaient tous, pour finir détruit par ceux qu'ils appellaient leurs ennemis. Bien mal leur en fit. Viser le néant, signifiait récolter le néant. On ne pillait pas impunément le Côté Obscur.
« Le Côté Obscur n'est pas mon allié. »
*Slash !*
Je châtie ma chair. Au filet carmin qui s'écoule de mon dos s'ajoute la douceur froide de la pluie estivale, de celle qui point une fois durant le mois, quand la chaleur ne peut que vouloir cesser d'abattre ses tentacules de chaleur sur des insectes geignards.
« Je suis Son esclave, il est Mon Maître. »
*Slash !*
Par une volonté que rien n'ébranlait, un feu de fausse joie léchait un bois qui n'existait pas, sous mes yeux concentrés, dont l'intégrité ne tenait que dans une Force que je puisais des fibres qui avaient accepté de me donner leur vitalité, pour l'offrir en fumée au ciel vengeur. La chose tendue au milieu voyait ses lignes vitales devenir comme lave en fusion, bouillonnant d'une rage indiscible que j'alimentais de mon esprit sans paix. Jamais je n'avais pillé le Côté Obscur. J'avais infléchi mon esprit à ses directives, et je récoltais les brides de ce qu'il me dispensait. Je n'avais jamais voulu tirer de force supplémentaire qu'Il n'aurait consenti à me céder. J'étais pour lui le disciple idéal.
« Au Maître de Ce Qui N'Est, j'offre mon tribut, témoignage dérisoire de mon indéfectible loyauté... »
*Slash !*
De ce rituel, je redevenais pur, aussi pur que cette pluie cristalline qui s'étendait jusqu'à l'horizon, implacable et affolante. je devinais plus loin les inondations, les meurtres discrets et la puanteur de l'adultère nettoyée. La pluie précédait et se vivait de malheurs ordinaires, quand tous voulaient lui donner un rôle de libératrice minérale.
« Puisse-t-Il trouver dans ces chairs pourries ce qu'Il désire... »
Et, pour une brève fois, encore, je l'entendis répondre à mon appel. D'un orange vivace, je vis le feu darder des flammes couleur de sang. L'épaisseur de ce corps élémentaire devint flou et transparent, et il semblait qu'un visage de brume trouvait son chemin au coeur des braises ardentes. Sa venue venait à un prix. Je laissais ma joie à un coin refoulé de mon être, dans un endroit qui ne serait qu'à jamais verrouillé, lachait mon Chat à Neuf Queues et posait à plat ma main maîtresse sur la tige de bois ardent, accueillant sa morsure thermique comme l'homme fébrile attend sa douce amante dans le temple de sa perversité.
Va là où le Ciel se couche au matin et se lève au soir,
Va là où le Savoir se mesure en vide et se moque en volume,
Va là où la fin n'était qu'un début de tout, et où le commencement n'annonçait qu'un glas,
Va là où celui qui ployait était celui qui se fut recouvert par la nature.
Va là, et offre-moi un festin que nous épancherons avec le Vin versé depuis sa coupe millénaire...
Et, comme il fut arrivé, ainsi fut-il parti. Je m'habillais en hâte, prenait la bête qui ne flambait que par à-coups, et laissait soin au don du ciel de nettoyer le cerceau de feu que je laissais derrière moi, à consummer trop vite une forêt, et me drigeait vers un point que je savais être un lieu de départ pour ceux qui cherchaient à se soustraire aux regards.
Trois mesures. Quatre temps par mesure. Un manichéisme avillissant s'emparait des masses aussi sûrement que le futé prion se frayait son chemin dans les réseaux neuronaux des êtres trop sûrs d'eux. J'observais avec attrait un groupe d'individus charger et décharger des containers, cubes grisâtres griffés et grinçants, dans la soute de ce que je devinais être un appareil de voyahe hyperspatial. Marchandise légale ? Statuettes exotiques volées ? Qu'importe. L'heure n'était pas aux questions de seconde zone.
Je laissais ma besace pendre à mon flanc, petit attirail ambulant de brocard gris foncé, tâché par le temps, le sang et l'eau, contenant ce qui constituait mon espace de vie, de recherche, et de patience. Une existence se parcourait dans la fouille grossière de son contenu, un univers se détachait d'une fouille minutieuse. J'admirais avec aisance l'essence qui se dégageait de ce qui avait longtemps été ma propriété. Pour peu que je considérai une chose comme mienne, fût-ce une pierre ramassée sur le bas-côté. Les choses s'appartenaient toutes à elle-même, s'en improviser le maître ne relevait que d'un accord tacite bilatéral. Tout esclave pouvait prendre, d'une façon ou d'une autre, sa liberté. Ce qui était régi par la Force était vivant. Et tout était régi par elle. Roche, bois, feu, vent...
Je serrais ma main maudite autour de qui était, à son heure, le résidu partiel de ce qui autrefois était vivant. Dans notre nature de non-mort, de cadavres qui marchent, nous étions tous deux monstrueusement égaux.
« Chaos, et Ruines. »
D'un pas sûr, je m'avançais depuis la lisière des bois, qui bordait la ville ruisselante d'une pluie bienvenue, ses racines plantés à grand peine dans l'élément poreux qu'était le permabéton trop vieux et trop mal accompli. Ma bure déchirée soulevait son voile sans profondeur à mesure que les bourrasques se remplissaient de leurs caprices,
« ... Outch ! Avec celui-là, ça fait quarante-quatre. »
« Ah... qu'est-ce qu'on fait ? On relance de quinze ? »
« Ca ne sera pas de trop je pense... un peu d'beurre dans les épinards comme on dit. »
Il se tourne. Il me voit. Il va parler.
« Chuuut... »
Ma main droite sort du confort de sa manche caverneuse, déploie un doigt long et fin, à la peau nacrée et froissée, feuille de papier couvrant un petit appendice de bois dur plâtré, et mon ongle touche son nez, alors que l'index trouve le moyen de sceller à la transversale ses lèvres charnues. Il me fixe. Il ne pippe mot... il tremble tout d'un coup. Je le vois faire couler un peu d'iode mêlée d'eau depuis son oeil hagard... je sens l'odeur si constante des urines qui tracent leur chemin sur les lignes fines des tissages de leurs braies brunes. Il tord sa fente bouffie, il ferme les yeux. Il pleure et gémit, alliant sa sombre pensée à sa lourde conséquence. Il tombe à genoux, porte ses bras à sa tête.
Il hurle, il ne veut qu'on lui fasse de mal.
« Faire le mal, dis-tu ? »
Je pose ma main sur son épaule secouée. Ses fluides s'échappent de son corps de concert, petite troupe maintenue prisonnière dans un endroit sombre, n'attendant qu'un instant pour pousser la double porte fermée d'une barre de fer. Barre que, dans ma mansuétude, je venais de faire voler en éclat.
D'un coup sec, plantais-je bâton en sol, et de ma main noircie par la maladie, je tendais un second index, dont l'ongle effilé se transforma pour lui en un poignard languissant, que je posais à pointe sur son cou dégarni.
« Le Mal, mon ami... n'est qu'un outil. En rien une finalité. Te faire du mal, ce n'est que se faire instrument de ton destin. »
D'une pression, je perçais sa toison rosée, et offrit à sa tenue sans manche et sa chemise claire une rivière qui allait offrir à cette plateforme une magnificience bordeaux, au milieu de ces flaques claquantes que la pluie ne daignerait pas faire disparaître.
Je portais alors mon doigt à ma bouche désireuse, goûtait à l'exquise intensité cuivrée qui darda ma langue de son amère acidité... Le sang revêtait pour Lui une valeur qui ne s'achetait pas en lingot. Une offrande en sursis se tapissait dans l'ouverture du vaisseau long-courrier qui allait bientôt servir de colis-express pour une destination qu'il valait mieux garder sous silence.
« Ah. Une femelle. »
Les courbes, le visage en amande et le large bassin la désignait comme une fière reproductrice.
« Tu seras celle qui mourra, satisfaite d'avoir servi Celui Qui N'Est. »
Les fluides avaient accompli leur fineste besogne sur cette représentante d'une espèce perdue depuis longtemps dans les limbes de la luxure et de la débauche, ses appendices crâniens tombant sur sa poitrine qu'elle ne mettait que par trop en valeur, tentative pathétique de se sentir exister, ne serait-ce que sous les regards libidineux des mâles humains en recherche de frissons exotiques.
« Tu me conduiras sur celle qui, autrefois, hébergeait la vérité sur le temps et l'espace, dispensatrice d'un savoir décrié. »
Une caresse, douce, d'un bâton de charbon, qui lui brûla sa fragile peau bleue au niveau du menton, acheva de la convaincre de son noble destin.
« Conduis-moi sur celle que jadis, nous appelions... Dromund Kaas. »
La pluie tombait en cascades, hallebardes prismatiques, petits miroirs de feuilles et de nuages menaçants, s'abattant sur mon corps comme il s'abattait sur mon âme. Une chose que j'avais depuis longtemps troquée contre l'ivresse partielle d'un pouvoir qui n'était jamais que prêté. J'avais vu de nombreux frères et de nombreuses soeurs se laisser aller dans un tourbillon d'ambitions qui les dépassaient tous, pour finir détruit par ceux qu'ils appellaient leurs ennemis. Bien mal leur en fit. Viser le néant, signifiait récolter le néant. On ne pillait pas impunément le Côté Obscur.
« Le Côté Obscur n'est pas mon allié. »
*Slash !*
Je châtie ma chair. Au filet carmin qui s'écoule de mon dos s'ajoute la douceur froide de la pluie estivale, de celle qui point une fois durant le mois, quand la chaleur ne peut que vouloir cesser d'abattre ses tentacules de chaleur sur des insectes geignards.
« Je suis Son esclave, il est Mon Maître. »
*Slash !*
Par une volonté que rien n'ébranlait, un feu de fausse joie léchait un bois qui n'existait pas, sous mes yeux concentrés, dont l'intégrité ne tenait que dans une Force que je puisais des fibres qui avaient accepté de me donner leur vitalité, pour l'offrir en fumée au ciel vengeur. La chose tendue au milieu voyait ses lignes vitales devenir comme lave en fusion, bouillonnant d'une rage indiscible que j'alimentais de mon esprit sans paix. Jamais je n'avais pillé le Côté Obscur. J'avais infléchi mon esprit à ses directives, et je récoltais les brides de ce qu'il me dispensait. Je n'avais jamais voulu tirer de force supplémentaire qu'Il n'aurait consenti à me céder. J'étais pour lui le disciple idéal.
« Au Maître de Ce Qui N'Est, j'offre mon tribut, témoignage dérisoire de mon indéfectible loyauté... »
*Slash !*
De ce rituel, je redevenais pur, aussi pur que cette pluie cristalline qui s'étendait jusqu'à l'horizon, implacable et affolante. je devinais plus loin les inondations, les meurtres discrets et la puanteur de l'adultère nettoyée. La pluie précédait et se vivait de malheurs ordinaires, quand tous voulaient lui donner un rôle de libératrice minérale.
« Puisse-t-Il trouver dans ces chairs pourries ce qu'Il désire... »
Et, pour une brève fois, encore, je l'entendis répondre à mon appel. D'un orange vivace, je vis le feu darder des flammes couleur de sang. L'épaisseur de ce corps élémentaire devint flou et transparent, et il semblait qu'un visage de brume trouvait son chemin au coeur des braises ardentes. Sa venue venait à un prix. Je laissais ma joie à un coin refoulé de mon être, dans un endroit qui ne serait qu'à jamais verrouillé, lachait mon Chat à Neuf Queues et posait à plat ma main maîtresse sur la tige de bois ardent, accueillant sa morsure thermique comme l'homme fébrile attend sa douce amante dans le temple de sa perversité.
Va là où le Ciel se couche au matin et se lève au soir,
Va là où le Savoir se mesure en vide et se moque en volume,
Va là où la fin n'était qu'un début de tout, et où le commencement n'annonçait qu'un glas,
Va là où celui qui ployait était celui qui se fut recouvert par la nature.
Va là, et offre-moi un festin que nous épancherons avec le Vin versé depuis sa coupe millénaire...
Et, comme il fut arrivé, ainsi fut-il parti. Je m'habillais en hâte, prenait la bête qui ne flambait que par à-coups, et laissait soin au don du ciel de nettoyer le cerceau de feu que je laissais derrière moi, à consummer trop vite une forêt, et me drigeait vers un point que je savais être un lieu de départ pour ceux qui cherchaient à se soustraire aux regards.
Trois mesures. Quatre temps par mesure. Un manichéisme avillissant s'emparait des masses aussi sûrement que le futé prion se frayait son chemin dans les réseaux neuronaux des êtres trop sûrs d'eux. J'observais avec attrait un groupe d'individus charger et décharger des containers, cubes grisâtres griffés et grinçants, dans la soute de ce que je devinais être un appareil de voyahe hyperspatial. Marchandise légale ? Statuettes exotiques volées ? Qu'importe. L'heure n'était pas aux questions de seconde zone.
Je laissais ma besace pendre à mon flanc, petit attirail ambulant de brocard gris foncé, tâché par le temps, le sang et l'eau, contenant ce qui constituait mon espace de vie, de recherche, et de patience. Une existence se parcourait dans la fouille grossière de son contenu, un univers se détachait d'une fouille minutieuse. J'admirais avec aisance l'essence qui se dégageait de ce qui avait longtemps été ma propriété. Pour peu que je considérai une chose comme mienne, fût-ce une pierre ramassée sur le bas-côté. Les choses s'appartenaient toutes à elle-même, s'en improviser le maître ne relevait que d'un accord tacite bilatéral. Tout esclave pouvait prendre, d'une façon ou d'une autre, sa liberté. Ce qui était régi par la Force était vivant. Et tout était régi par elle. Roche, bois, feu, vent...
Je serrais ma main maudite autour de qui était, à son heure, le résidu partiel de ce qui autrefois était vivant. Dans notre nature de non-mort, de cadavres qui marchent, nous étions tous deux monstrueusement égaux.
« Chaos, et Ruines. »
D'un pas sûr, je m'avançais depuis la lisière des bois, qui bordait la ville ruisselante d'une pluie bienvenue, ses racines plantés à grand peine dans l'élément poreux qu'était le permabéton trop vieux et trop mal accompli. Ma bure déchirée soulevait son voile sans profondeur à mesure que les bourrasques se remplissaient de leurs caprices,
« ... Outch ! Avec celui-là, ça fait quarante-quatre. »
« Ah... qu'est-ce qu'on fait ? On relance de quinze ? »
« Ca ne sera pas de trop je pense... un peu d'beurre dans les épinards comme on dit. »
Il se tourne. Il me voit. Il va parler.
« Chuuut... »
Ma main droite sort du confort de sa manche caverneuse, déploie un doigt long et fin, à la peau nacrée et froissée, feuille de papier couvrant un petit appendice de bois dur plâtré, et mon ongle touche son nez, alors que l'index trouve le moyen de sceller à la transversale ses lèvres charnues. Il me fixe. Il ne pippe mot... il tremble tout d'un coup. Je le vois faire couler un peu d'iode mêlée d'eau depuis son oeil hagard... je sens l'odeur si constante des urines qui tracent leur chemin sur les lignes fines des tissages de leurs braies brunes. Il tord sa fente bouffie, il ferme les yeux. Il pleure et gémit, alliant sa sombre pensée à sa lourde conséquence. Il tombe à genoux, porte ses bras à sa tête.
Il hurle, il ne veut qu'on lui fasse de mal.
« Faire le mal, dis-tu ? »
Je pose ma main sur son épaule secouée. Ses fluides s'échappent de son corps de concert, petite troupe maintenue prisonnière dans un endroit sombre, n'attendant qu'un instant pour pousser la double porte fermée d'une barre de fer. Barre que, dans ma mansuétude, je venais de faire voler en éclat.
D'un coup sec, plantais-je bâton en sol, et de ma main noircie par la maladie, je tendais un second index, dont l'ongle effilé se transforma pour lui en un poignard languissant, que je posais à pointe sur son cou dégarni.
« Le Mal, mon ami... n'est qu'un outil. En rien une finalité. Te faire du mal, ce n'est que se faire instrument de ton destin. »
D'une pression, je perçais sa toison rosée, et offrit à sa tenue sans manche et sa chemise claire une rivière qui allait offrir à cette plateforme une magnificience bordeaux, au milieu de ces flaques claquantes que la pluie ne daignerait pas faire disparaître.
Je portais alors mon doigt à ma bouche désireuse, goûtait à l'exquise intensité cuivrée qui darda ma langue de son amère acidité... Le sang revêtait pour Lui une valeur qui ne s'achetait pas en lingot. Une offrande en sursis se tapissait dans l'ouverture du vaisseau long-courrier qui allait bientôt servir de colis-express pour une destination qu'il valait mieux garder sous silence.
« Ah. Une femelle. »
Les courbes, le visage en amande et le large bassin la désignait comme une fière reproductrice.
« Tu seras celle qui mourra, satisfaite d'avoir servi Celui Qui N'Est. »
Les fluides avaient accompli leur fineste besogne sur cette représentante d'une espèce perdue depuis longtemps dans les limbes de la luxure et de la débauche, ses appendices crâniens tombant sur sa poitrine qu'elle ne mettait que par trop en valeur, tentative pathétique de se sentir exister, ne serait-ce que sous les regards libidineux des mâles humains en recherche de frissons exotiques.
« Tu me conduiras sur celle qui, autrefois, hébergeait la vérité sur le temps et l'espace, dispensatrice d'un savoir décrié. »
Une caresse, douce, d'un bâton de charbon, qui lui brûla sa fragile peau bleue au niveau du menton, acheva de la convaincre de son noble destin.
« Conduis-moi sur celle que jadis, nous appelions... Dromund Kaas. »