L'Astre Tyran

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#34017
Ça ressemblait à un "non" ou un "ta gueule". C'était pas si surprenant quelque part, l'humaine n'avait peut-être pas envie de dévoiler ses secrets et perdre un avantage qu'elle était seule à posséder. C'était quelque chose qu'elle pouvait comprendre quelque part, ne pas se retrouver en position de faiblesse et toujours avoir un coup d'avance. Mais ça n'en restait pas moins agaçant de se voir refouler, d'autant plus que la raison invoquée était foireuse. Elle était une Sith, elle savait très bien que ce qu'exigerait d'elle le côté obscur un jour ou l'autre ou même Ranath lui coûterait très cher, elle s'était faite à l'idée.

Une fois le plan dévoilé, Jeny ne perdit pas de temps pour lui exprimer le fond de sa pensée sur la validité de celui-ci. Et il fallait avouer qu'il était très alambiqué. Pour un peu c'était même plutôt l'ébauche d'un plan qu'un vrai plan. Mais on faisait avec ce qu'on avait sous la main après tout. Elle n'avait pas tort cela dit, il y avait très peu de chances qu'après leur petit numéro, les patrouilleurs envoyés à leur recherche allaient gentiment les mener jusqu'à leur chef sans rien dire. Hum.

Personne ne va nous défoncer comme tu dit. J'ai pas fait tout ce chemin pour finir entre les mains d'un espèce de vieux militaire pervers et dérangé. Et puis bon, à leur place c'est pas la première chose qui me traverserait l'esprit si j'avais à gérer 2 étrangères venues visiblement massacrer mes troupes. Je penserais plutôt à les éliminer ou les interroger d'abord. Mais je te remercie de penser à mon bien-être.

C'était vachement sympa de sa part c'est sûr, surtout considérant à quel point leurs rapports n'avaient pas été très amicaux jusque-là. La suite l'étonna tout autant lorsque l'humaine lui tendit son couteau qui avait bien trop servi dans sa vie vu son état avant de lui suggérer une autre voie. Sur le coup, l'apprentie songea qu'en plus d'être cannibale, Jeny était complètement cinglée. Une supposition pas entièrement inexacte, mais en y réfléchissant un peu, l'idée avait du mérite. Restait un petit souci.

Tu n'as pas peur que j'y aille trop fort et que tu t'en sortes pas ?

Malheureusement, il n'y avait plus le temps de continuer à en discuter car le bruit facilement reconnaissable de vaisseaux se fit entendre dans le ciel. Il faisait tellement sombre avec ces nuages perpétuels qu'on ne voyait rien mais on pouvait encore entendre en tendant l'oreille. 2 chasseurs apparurent, émergeant des nuages et s'approchant à grande vitesse. Ils étaient maintenant à 25 mètres. Le temps des palabres était terminé, il fallait maintenant agir. La Pantoran adressa un regard lourd de sens à l'humaine.

L'idée ne lui plaisait pas beaucoup en toute franchise, non qu'elle put risquer de se sentir coupable de poignarder cette fille bizarre et disons-le franchement, malsaine. Mais bon, tuer en état de défense était une chose, blesser grièvement une volontaire en était une autre. C'était une première pour Varadesh qui jusque-là n'avait toujours distribué mort et douleur qu'à des victimes qui voulaient s'en protéger. Il faut un début à tout... Les 2 silhouettes se découpaient aisément parmi le paysage plat, au milieu des vaisseaux. Les chasseurs, s'ils voulaient les éliminer, tenaient là leur occasion rêvée mais ne la saisirent pas.

L'un d'eux se posa et son pilote en descendit avant de rejoindre les jeunes filles, fusil à l'épaule et prêt à tirer. Son partenaire se maintenait en vol stationnaire, n'attendant qu'un seul prétexte pour pilonner la zone et éliminer ces étrangères meurtrières. Ça allait être délicat, autant que sur Yavin de son humble avis. Le soldat leur ordonna de lever les mains en l'air mais elles ne le firent pas. Jeny semblait à peine prêter attention à ce qui se passait, bien que Varadesh la soupçonna d'être en réalité très attentive et à l'affût de tout. Elle commençait à croire que l'humaine était plus complexe qu'elle n'y paraissait, et plus intéressante que son aspect ne semblait la décrire.

Je répète, mains en l'air, à genoux ou j'ouvre le feu !

La voix sèche du soldat la ramena à l'instant présent. Elle échangea un regard sombre avec Jeny et hocha la tête silencieusement. C'était comme un signal convenu tacitement entre elles. L'apprentie songea, alors qu'elle regardait les yeux rouges de l'humaine, que son maître avait peut-être plus avisée qu'elle ne l'avait cru de lui avoir envoyé cette étrange femme. Elle tourna la tête brusquement vers le soldat puis, avant qu'il ne comprenne ce qui se passe, se jeta sur Jeny, la lame du couteau brillant dans sa main.

Le métal froid plongea d'abord dans le dos de l'humaine puis un nouveau coup au niveau du bas du dos puis un troisième au niveau de la clavicule. Le sang les aspergea toutes les deux à gros bouillons chauds et une odeur infecte, déjà passablement présente du fait de l'état de Jeny, régna pesamment alentour. Éberlué, le soldat ne sut comment réagir, ne s'étant surement pas attendu à une telle chose. Le corps de Jeny ne tenait encore debout que grâce à la force de sa volonté probablement car de telles blessures auraient dû la faire s'effondrer. Elle ne lâchait même pas un gémissement ni grognement, ce qui ajoutait au surréel de la scène.

Laissant la lame plantée dans la clavicule, les mains pleines de sang, Varadesh se releva lentement, ses yeux dorés scintillant comme un feu impie. Elle fit un pas en direction du soldat, son esprit ouvert à la Force, elle sentait la surprise, la confusion et la peur chez cet homme. Il ne s'était clairement pas attendu à tout ça. Elle savoura la sensation de peur, cela revigorait son esprit et elle se délectait de savoir qu'elle inspirait l'intimidation et la peur. Mue par une impulsion soudaine, elle fit un geste de la main qui sembla anodin, chargeant sa voix de pouvoir tout autant qu'elle tendait la puissance de la Force en direction de l'esprit du soldat.

Baisse ton arme et incline-toi devant moi.

Elle vit les muscles de l'homme par ailleurs protégé d'un casque et d'une tenue de combat semblable à celui qu'elle avait interrogé plus tôt frémir. Il tremblait légèrement, résistant comme il le pouvait au pouvoir de la Force. Sa résistance était impressionnante compte tenu de son absence d'entrainement et de sensibilité à la Force mais il ne pouvait espérer résister éternellement. Avec difficulté, il baissa son arme quoiqu'il ne la rangea pas pour autant. Elle eu un sourire mauvais.

Bien. Dis à ton collègue de ne pas nous tirer dessus. On va faire une petite ballade.

Pour donner plus de poids à ses propos, la Sith se saisit de l'autre main de son sabre laser et l'alluma. Un effet de scène assez risible mais il ne fallait jamais sous-estimer l'effet qu'il pouvait avoir sur des profanes. D'un coup d'oeil, elle vérifia si Jeny était encore en vie. Ça semblait être le cas mais ça n'allait pas durer très longtemps. Le soldat ne put s'empêcher de suivre son regard. Une petite explication pouvait enfoncer le clou pour de bon. D'une voix froide que n'aurait pas reniée Ranath, elle s'exprima :

Elle était faible et elle m'a désobéi. Elle a voulu fuir pour sauver sa vie et se faisant, elle a trahi les enseignements des Sith. Je suis prête à vous laisser l'emmener et faire d'elle ce qui vous plaira. En échange, vous m'amènerez à votre dirigeant. Si vous refusez, je tuerai chacun de vous et détruirai tout ce qui vous est cher. Ne sous-estimez pas la Dame Noire des Sith.

Un mensonge si flagrant qu'il l'avala sans demander son reste, subjugué par le pouvoir du côté obscur qu'elle avait déployé. Mais sa maîtrise de ce genre de méthodes était incomplète et le risque qu'il se dissipe était bien réel. Peut-être qu'un coup de main pourrait leur assurer la victoire. Comme un coup de main, subtil ou non, de l'instigatrice du plan.

#34020
Dans quel monde vivait-elle celle-là ? A croire que les gens étaient bien élevés, respectueux de leur fonction et dans les règles. Elle ne comprenait pas qu’elle ne pouvait pas comprendre. Cette planète, ni Jeny ni elle ne la connaissait. Les mœurs ? On ne savait pas non plus. Tout ce qui était certain, c’est qu’il y avait des êtres vivants dont les pulsions devant une jeune femme farouche n’allaient pas s’éteindre. Il ne fallait pas se leurrer, s’ils l’avaient à sa merci, nouvelle ou pas, voyageuse ou pas, elles venaient de tuer leur pote. Avant de la livrer, si jamais ils le devaient, elle allait bouffer. D’une manière ou d’une autre. L’arrogance de l’apprentissage. Jeny ne fit aucune remarque supplémentaire sur ce sujet. Parfois, c’est l’expérience qui forgeait la condition. Et l’expérience … Jeny en avait déjà fait les frais, avec cette même dague qu’elle lui présentait aujourd’hui. Mieux valait-il la garder du mal, du vrai. Pas le côté obscure, pas les ténèbres. Juste le mal, commun à tous, peu importe les affiliations. Varadesh la tira de ses rêveries, tandis qu’elle regardait à l’horizon.

« Si tu y vas trop fort, et bien tu mourras. »

Stop au doute, place à l’action. A travers la Force, elle visualisa les points en surbrillance qui approchaient. Deux chasseurs. Seulement ? Non, il y avait anguille sous roche. Ils venaient de détruire une flottille de patrouille et c’est même pas la moitié d’un escadron qu’on leur envoyait. Soit ils n’avaient pas compris le message, soit ils ne prenaient pas en considération la menace qu’elles représentaient. Dans le deuxième cas, son plan ne servait à rien. Parce qu’aucune menace n’allait fonctionner sur eux. Alors pour faire passer un message à ce fanatisme, c’était la tête dirigeante qui devait saigner. Jeny mit ses mains en visière, ne serait-ce que pour être certaine qu’il n’y avait rien d’autres dans les parages. Des troupes à pieds, des transporteurs ? Tout cela sentait mauvais. Trop mauvais. Les chasseurs se mirent en position, l’un d’eux descendit, et Jeny attendit en regardant l’horizon, puis le ciel. Rien. Hm … Elle se retourna finalement face aux menaces répétées du soldat et jeta un regard vers Varadesh. L’arme du soldat alterna entre la bleue et elle. Cherchant qui sera la première cible. Jeny prit une grande inspiration et se montra assez menaçante pour prendre l’agression et fit en sorte de passer assez proche de Varadesh. Trois coups lui furent données, à chacun un hoquet de douleur, un sursaut de son corps. Le métal qui déchire son corps, lacère ses entrailles. Des pics d’ombres qui aléatoirement répondent à la menace et s’éjectent de son corps. Pas assez blessée pour s’écrouler, elle mit un genoux à terre.

Ses muscles du dos étaient tétanisés, son épaule avait du mal à répondre. Ce n’était pas assez. Varadesh était une piètre actrice. Jeny cracha à terre, mais il n’y avait pas de sang. Les poumons étaient intacts, heureusement. Elle respirait, tandis que son sang battant dans ses tempes et sortaient de son corps, s’agglutinant sur celui encore frais du Chiss. C’était devenu difficile de penser, encore et toujours la raison qui s’effaçait au profit de la fumée de l’ombre. Il y eu quelques échanges entre la bleu et le soldat. Certains mots retinrent son attention. Dame noire des Sith, tuer … A genoux, les cheveux qui barraient son visage, elle se tourna vers le soldat et vers Varadesh. Elle ne disait rien et se contenait. Ca brûlait. Le soldat visiblement convaincu, ou intéressé, approcha son poignet libre de sa bouche et murmura quelques paroles. Quelques secondes à peine plus tard, un transporteur fit son apparition de derrière une dune de gravier. La propulsion anti-grav projetait des morceaux de roches de part et d’autres de son passage, creusant un sillon dans le sol. Jeny hoqueta d’évidence, mais se retint de dire quoi que ce soit. Elle serra de la terre avec son poing. Le soldat, prit d’un courage renouvelé à la présence de ses collègues, s’approcha. Il arriva au niveau de Jeny et s’arrêta, le regard tourné vers le vaisseau éventré de Varadesh. Le transporteur vomit une demi-dizaine de soldat qui tinrent Varadesh en joue. Jeny tenta de se relever, et y serait arrivée, si elle n’avait pas reçu un coup dans le ventre, suivit d’un coup de crosse dans le visage. Cette fois, elle s’effondra.

« Celle-là n’est même pas digne du côté obscure. Elle a essayé de fuir », commenta le soldat, ponctuant sa phrase d’un coup de pied dans le ventre de la jeune femme.

« La Dame Noire a demandé à voir le général commandeur. J’ai pu voir qu’elle maîtrise le côté obscure. Il serait judicieux de prévenir le grand prêtre également. »

Si le soldat était autre chose qu’un officier, et bien il était un génie. Toujours est-il que ses collègues nouvellement arrivés hochèrent de la tête. Les ordres avaient été donnés. L’un d’eux pointa Jeny du bout de son canon. La jeune femme soufflait contre le sol, une main sur le crane.

« Et celle-là ? »

« Je m’en fou de ce que vous en ferez. Emmenez-la, on sait jamais. »

Un rictus mauvais déchira le visage du poseur de question, sous son masque épais. Jeny sentit son crane se déchirer quand il l’attrapa par les cheveux. Elle agita la main pour s’accrocher à la sienne et réduire la douleur, mais reçu un autre coup de pied quand elle essaya. Nouvel essai, nouveau coup. Et un troisième pour la forme. Elle se fit traîner sous les insultes et en se faisant maudire pour la vie de leur collègue, comme si elle était devenue la seule responsable de tout ce carnage. En tous cas, le plan avait fonctionné. La fumée autour d’elle s’était tarit, retournant dans son antre, attendant d’exploser, ou juste trop faible pour se manifester. On invita Varadesh à l’avant du véhicule, Jeny eut droit à la place de l’équipage de soldats. Le transporteur démarra quelques temps plus tard, laissant derrière les cadavres des vaisseaux.

Jeny avait été attachée sur un siège et les soldats la pointaient de leurs armes, discutant de tout ce qu’ils pouvaient faire pendant le voyage. L’un d’eux s’agenouilla à son niveau et lui prit le visage sans douceur entre les mains, le tournant de gauche à droite. Un œil au beurre noir, enflé et inutilisable, le deuxième caché par ses cheveux dont le sang avait lié en pâte qui empêchait toute vision. Seule la Force la guidait.

« T’es vraiment hideuse toi, en plus d’être une couard. Nos copains se sont fait tuer par une putain inutile. »

Elle chercha à articuler quelques mots, des sons, des bribes en sortirent. Le soldat s’approcha et tendit l’oreille.

« Va … te faire foutre. »

Il se recula, et elle en profita pour lui cracher du sang à la figure. Un revers de main lui fit courber la tête et tomber sur sol. La suite fut assez simple. Les bottes militaires heurtèrent son corps et craquèrent ce qui tenait encore à peu près droit. Un passage à tabac dans les règles. Au moins le plan était sauf.
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