- lun. 14 janv. 2019 16:03
#34839
Le vaisseau filait au cœur de l’interminable boyau de lumière. Le Poing de l’Ombre et l’Explorer étaient restés sur Dargul, une décision prise et appuyée par Ranath, mais non développée. Le Maître et l’Apprentie se retrouvaient cloitrées dans ce petit espace, elles avaient tout juste la place de brandir leur arme.
- « Le Niman, hein ? Fais-voir. »
Les lames vrombissaient à rythme régulier, accélérant le temps de se rencontrer. La Dame Sombre constatait avec plaisir les progrès faits par la Pantoran. L’apprentissage de cette forme souple et économique était un choix judicieux, elle en prenait la mesure alors que le voyage touchait à sa fin. Les deux sensitives échangèrent quelques passes, se tournant l’une autour de l’autre, feintant gentiment, sans jamais se lâcher du regard.
Le petit duel improvisé prit fin avec l’annonce de l’ordinateur de bord : un sifflement long et strident, qui en d’autres termes signifiaient qu’on était arrivé.
- « Mirial. Prépare-toi. »
Les lames regagnèrent leur refuge.
Darth Ranath avait délaissé son long manteau, peu pratique quand on y pensait, au profit d’un veste de cuir tout aussi sombre qui lui tombait sur les hanches et couvrait son bassin. À sa ceinture, un sabre laser, celui du Sith, et ses deux dagues habituelles.
Le duo marcha un moment dans les rues de la cité, leur fournisseur habituel d’herbivores grogneurs leur ayant fait faux bond. Elles trouvèrent finalement à louer un speeder en périphérie. Et après avoir perdu plus d’un heure de leur temps, elles purent enfin prendre la direction du temple. Le speeder, moins discret, avait au moins l’avantage de faire gagner un temps précieux. Mais la manœuvre, allez savoir pourquoi, avait déplu à la Sith. Elle avait, contre toute attente, ses habitudes, ici sur Mirial.
Après encore trois heures de trajet, le temple fut en vue. Et comme la première fois, Ranath distribua les mises en garde.
- « Sois attentive. La Grande Sœur doit se douter que nous arrivons. Évite-la. Contente-toi d’aller chercher ta fille. »
En effet, la Grande Sœur attendait. Et lorsqu’elles passèrent la porte du temple, l’accueil fut glacial.
- « Mya. Sabina. »
D’autres Sœurs attendaient, raides et immobiles, dans la salle principale au centre de laquelle brûlait chaleureusement le foyer.
- « Grande Sœur. Nous venons voir Ophillia. »
La vieille femme prit un air contrit, déjà Ranath s’approchait, les Sœurs se crispaient. Mais l’esprit de la Sith n’était pas du tout à ce qui se passait dans la pièce. Il cherchait, en visitant les pièces, une à une, il cherchait Amyelle, il cherchait Ophillia.
- « Mya … je suis désolée … Sabina … l’enfant a été très malade. Les Breyan qui sont venus apportaient avec eux une bien triste maladie, et … »
L’évidence frappa Ranath comme la foudre s’abat sur le tronc d’un arbre mort. La voix d’Ekki résonna à son oreille, un murmure insidieux.
- Elle est tombée malade et ne s’en est pas remise. Je suis désolé, Mya.
Sa pensée trouva au même instant la Sœur calligraphie. De sa main d’émeraude, le Maître donna le feu vert à son Apprentie. Vas chercher Ophillia. Elle lui désignait le couloir qui menait aux dortoirs.
- « Tais-toi ! »
La surprise laissa la Grande Sœur pantoise.
- « Qu’as-tu fais de Lina ?!
- Mais … »
D’une preste foulée, la Sith fit face à la vieille Mirialan, sabre allumé dans une main, elle la saisit à la gorge de l’autre, provoquant chez toutes les Sœurs un mouvement convergent en sa direction, révélant nombre d’armes tranchantes et contondantes. Mais la colère de Ranath n’entendait ni ne voyait le cercle des fanatiques qui l’entourait.
Le couloir menait aux dortoirs, organisés en alcôves douillettes, et de ci de là, des portes discrètes. Au-delà de l’une des ces portes, ouverte, Amyelle se pressait d’installer l’enfant dans un panier, drapée d’une chaude couverte, et lui susurrait des mots calmes. La calligraphe leva aussitôt le nez, apercevant Sabina.
- « Qu’est-ce que tu fais là ? La Grande Sœur m’a dit que … »
Elle poussa un cri d’horreur, et tandis qu’elle serrait contre elle l’enfant, son doigt tendu montrait quelque chose dans le dos de Varadesh.
Premièrement, l’Apprentie avait été suivie. Quelques Sœurs acharnées, couteaux à la main. Mais là n’était pas l’objet de l’effroi de la jeune Mirialan. Ce qui la fit hurler, c’était la présence de cet individu, à la silhouette incertaine, grand et mince, vêtu d’un habit noir et fluide, le visage enfoui sous une capuche sous laquelle aucune lumière ne semblait pouvoir s’introduire. Et la créature, si humanoïde paraissait-elle, tranchait joyeusement la chair des Sœurs d’une lame blanche comme le rayon d’une étoile, et qui chantait comme tous les sabres laser de ce monde. Dès qu’elle en aurait fini avec elles, elle se jetterait sur la jeune Sith.