Juste de l'eau ? Pas bête, dans cette situation c'était peut être bien la meilleure boisson à utiliser pour se rafraichir le gosier, surtout après une baston aussi intense... Loin d'être vexé, Sareth commanda la même chose et se mit à manger en écoutant la Mirialan lui parler, alternant entre la nourriture et les yeux d'or de la demoiselle. Elle aussi le scrutait. Il n'était pas exactement à l'aise... Peut être cherchait-elle à savoir si il allait le trahir ? Peut être cherchait-elle à le jauger ? Peut être essayait-elle de lui faire peur ? Difficile à dire, en tous les cas le jeune homme resta tranquille, bien que sa jambe droite tremblotait légèrement. Elle semblait connaître les gens de son espèce, mais pas elle en particulier. Elle retourna la question au Mandalorien, prévisible mais il s'en serait bien passé, cette histoire provoquait toujours chez lui une certaine honte. Il s'arrêta de manger un instant pour répondre.
- Arf... Je préférerais ne pas en parler, on est vraiment obligé d'en... Il fit l'erreur de lever ses yeux turquoises vers Ranath, le regard sérieux et appuyé de la dame sombre provoqua une peu discrète déglutition chez lui qu'il camoufla en avalant un verre d'eau. D'accord d'accord, pas la peine de me regarder comme ça, mais je te préviens c'est très long, j'espère que tu apprécieras ce dîner spectacle. A l'époque j'étais mercenaire au service d'un Hutt, ça remonte à si loin que le nom dudit Hutt me revient pas, de toute façon c'est guère important. Il m'avait engagé moi et une dizaine de mercenaires pour aller abattre une cible dans un spatioport en prétendant que c'était une sénatrice républicaine lourdement protégée. Ça sentait le roussi donc j'ai douté tout le long du trajet jusqu'à arriver devant la dame en question qui n'était lourdement protégée que par son sabre laser rouge.
Le jeune homme marqua une pause, ce simple souvenir provoqua une courte séance de castagnettes entre ses dents. Il regarda ailleurs en évitant le regard de la Sith, prit une gorgée d'eau, puis prit son courage à deux mains et recroisa le regard de son interlocutrice, reprenant son calme et soupirant un coup. Le fait d'être aussi froussard pour si peu provoqua chez lui un rictus amusé plein d'auto dérision. Finalement il reprit son explication.
- Tout le monde a paniqué et vidé son chargeur sur elle, sauf moi. On peut dire que ma frousse m'a sauvé, elle a renvoyé tous les tirs à leur expéditeur, j'étais le dernier debout. A l'époque j'avais pas d'armure, pas d'arsenal, juste un flingue et des grenades... J'ai donc fait ce que n'importe qui aurait fait à ma place, j'ai foutu le camp en vitesse grand V, ouais je sais, c'est assez minable, tu peux le dire, ricana-t-il. Je te passe toute la partie course poursuite qui a suivi et qui a duré cinq bonnes minutes, cinq bonnes minutes où j'essayais de l'avoir avec des stratagèmes à la noix mais dont elle se défaisait sans aucune difficulté...
Si le mercenaire devait se vanter, il préciserait sans doute que chacune de ses grenades faisait mouche mais que la Sœur de la Lumière, ayant peu d'humour, bloquait toutes ses attaques avec une facilité déconcertante... Mais il ne se sentait pas le besoin de se vanter, l'auto dérision avait le mérite de le détendre et, qui sait, de provoquer un sourire sur le visage bien trop froid de la dame sombre.
- Au final on s'est retrouvé tous les deux au sommet d'un toit... Mais un truc intéressant s'est passé, vu que je lui avais échappé plus longtemps que la moyenne des minables de mon espèce, elle était d'accord pour me laisser choisir ma mort si jamais je réussissais à lui porter un unique coup. Évidemment elle ne savait pas que j'utilisais le Teräs Käsi, je l'ai surpris comme ça en utilisant la charge du Wampa, ce qui m'a permis de lui porter deux coups dans son sale tronche de garce suffisante !
Il leva les yeux vers Sibi, se rendant compte qu'il venait d'offenser le visage d'une femme qui lui ressemblait beaucoup à peu de choses près. Il rougit un court instant et leva les mains en l'air comme pour mimer un signe de reddition avant de répondre en balbutiant un poil.
- Pas d'offense envers les Mirialans hein, je trouve les représentantes de cette espèce très belles au contraire... Dans un instant de lucidité il arrêta ses excuses. Je m'enfonce plus que je ne me sauve n'est-ce pas ? Ouais, autant que je reprenne mon histoire. Enfin bref... Après que je lui ai latté la tronche, elle m'a entaillé l'épaule et le genou, les traces de brulures sont encore un peu présentes d'ailleurs. Puis au moment de choisir ma mort j'ai répondu que je voulais crever de vieillesse... J'ai toujours été un rigolo, même dans les pires situations c'est naturel chez moi de vanner, t'as dû t'en rendre compte. A tel point que j'ai réussi à la faire marrer, et elle a décidé de m'accorder la vie sauve, mais elle m'a juré que la prochaine fois qu'on se croiserait, j'aurais intérêt à être devenu plus fort... Je pourrais prétendre que tout ça faisait partie d'un plan bien rodé pour me sauver la vie, mais c'était à 5% de l'improvisation, à 10% de la panification, et à 3000% une veine de cocu.
Il soupira un coup, reprenant son souffle après une si longue explication, il reprit une gorgée d'eau et se permit de manger un peu avant de reposer ses couvert, de pencher la tête de droite à gauche pour se craquer la nuque puis de terminer son histoire.
- J'en suis arrivé à deux conclusions : Dès que ça touche au femmes, rien ne se passe jamais comme prévu, et plus important encore, il fallait que je m'entraîne pour vaincre un jour un de ces redoutables guerriers du côté obscur mais... Même avec tous mes efforts je suis encore trop faible... J'ai besoin de plus de puissance de feu.
La fin de sa phrase était teintée d'une certaine mélancolie... Cela lui rappelait un épisode de sa vie encore plus traumatisant et douloureux que la rencontre avec la sœur de la lumière. La rencontre avec son ennemi juré, un mercenaire cyborg qui, avant de l'empaler avec sa vibrolame, prononça une phrase qui le hantait encore aujourd'hui :
"La faiblesse Sareth, la faiblesse. La volonté contrôle chaque partie de notre vie. Et sans force, tu ne peux rien protéger du tout. Ni tes proches, ni ta propre vie.".
Il leva les yeux vers Sibi.
- Voilà, tu sais tout maintenant, tu peux te foutre de moi, c'est la moindre des choses vu le long monologue que je viens de sortir, ricana-t-il.