- sam. 13 mai 2017 22:04
#28047
Comme dans un rêve, Sabina vit ce qu'elle avait voulu sans jamais l'espérer: le maître à terre, vaincu et humilié, les rôles inversés, elle n'était maintenant plus l'esclave mais une simple spectatrice et elle appréciait grandement ce qu'elle voyait. Elle était surprise de ressentir une telle rage et une telle joie combinées, elle n'aurait jamais cru ressentir de telles choses.
Elle avait passé sa vie sans comprendre le concept même de libre pensée. En tant qu'esclave on lui avait même refusé la simple idée qu'elle puisse penser, cantonnée qu'elle était au rôle d'objet. C'était un choc que de se découvrir libre de faire et dire ce qu'elle voulait. Elle sentait grandir un sentiment qu'elle ne connaissait pas à l'intérieur d'elle.
Le Dévaronien, accroupi par terre, mains bien visibles et immobile, jeta un long regard empli de mépris pour la Chiss et s'attarda sur la jeune femme. Il eut un sourire mauvais et cracha aux pieds des 2 femmes. Il parla d'une voix dégoûtée:
C'est comme ça que tu fait ce que je t'ai ordonné Shazzana? Je t'ordonne de prendre l'arme de cette intruse et de la tuer tu m'entends? Je suis ton maître et tu m'obéiras! Et toi l'aberration en bleu, tu sais à qui tu parles? Je suis Julius Kaesoron, j'assure le transport de la marchandise du révéré Durga Besadii le Hutt! Relâche-moi et accepte ton châtiment pour avoir levé la main sur moi! Vous allez regretter d'avoir attaqué Durga imbéciles!
Sabina voyait bien que malgré un visage à priori sans expression et insondable, la Chiss était en colère en entendant Kaesoron. Elle même se sentait de moins en moins bien. Que faire? En tant que Shazzana ce qu'elle devait était très clair: obéir sans discuter. Mais elle, que voulait-elle? Continuer d'être une Shazzana jusqu'à sa mort? Alors qu'elle avait enfin la possibilité pour la première fois de sa vie de choisir son destin?
Elle était en proie au doute elle le savait, c'était une chose qu'elle n'avait jamais connue, étant habituée à ne pas penser ni réfléchir. C'était désagréable et horrible comme sensation. Elle aurait voulu hurler pour expulser ce sentiment hors d'elle mais elle n'y arrivait pas. Son regard alla de sa sauveuse à Julius et elle croisa son regard, il était fou de rage et il lui ordonnait même muettement d'obéir.
Finalement, elle sut alors ce qu'elle devait faire. Lentement, elle vint s'agenouiller auprès du Dévaronien et prit le blaster des mains. Se relevant, elle recula d'un pas pour se rapprocher d'Ariès et hocha la tête comme pour elle même puis elle pointa l'arme des 2 mains, n'en ayant jamais tenu elle était peu habituée à son usage. Elle visa soigneusement et fit feu 3 fois.
Les 2 premiers tirs passèrent chacun complètement à côté de leur cible tant elle était mauvaise au tir, mais le troisième fit mouche en plein dans l’œil du Dévaronien. Il s'écroula alors, mort avant d'avoir pu l'assimiler. Elle s'effondra à genoux, incapable de se détourner de ce spectacle. L'homme qui l'avait possédée pendant si longtemps, lui avait fait tant de mal, l'avait réduite à moins que rien n'était plus, mort. Une unique larme coula le long de son visage avant de s'écraser sur le sol de la cabine.
Iris débarqua alors pour voir ce que signifiait ce tir. Un rapide examen lui permit de comprendre ce qui s'était passé ici. Toquant au sas de la cabine, elle fit signe à sa "cousine". Il était temps de se tirer d'ici, la cargaison était à eux, les systèmes de survie sabotés, s'il y avait encore quelqu'un de vivant dans le vaisseau il n'aurait aucun moyen de se barrer avant que ne soit coupé l'oxygène. Ce cargo allait devenir un vaisseau fantôme et ses occupants des témoins muets de ce qui se passait quand on emmerdait le capitaine Cain et Nazara Anjiliac.
Après un dernier regard sur l'intérieur de cette cabine qui avait constitué sa vie pendant près d'une décennie, Sabina suivit sa libératrice et sa semblable. Il n'y avait plus rien à faire ici.
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Mister NailBrain, direction Nar Shaddaa pour vendre ce magot et fêter ça je vous prie!
Oui Cap'tain! C'est parti mon kiki!
Laissant l'Ugnaught cinglé au pilotage, je me rendis à la zone de déchargement ou tout l'équipage était revenu quelques minutes plus tôt. Ils étaient tous affalés ou debout, à discuter entre eux, certains de bonne humeur, d'autres un peu moins, ayant vu des camarades tomber au cours de l'assaut. Il n'en restait plus que 20 sur les 25 matelots lancés là-bas. Les pertes étaient relativement minimes et la prise avait atténué l'humeur sombre mais il en faudrait plus. Une petite permission après leur avoir versé leur part allait les ragaillardir pour sûr.
Misha était seule dans son coin, l'air perdue dans ses pensées, Iris vint la rejoindre et discuter avec elle. Je passerai la voir plus tard, là elle n'était clairement pas en état d'avoir un tête-à-tête. DeGrook pétait le feu, s'esclaffant à faire le récit de son assaut de la passerelle à ceux qui voulaient bien l'écouter. Et il y avait la jeune esclave, seule, silencieuse, comme incertaine de ce qu'on attendait d'elle.
Je m'approchai d'elle et, doucement, m'accroupis pour être à sa hauteur, elle était assise le long d'une paroi du vaisseau. Elle releva la tête, ne cherchant pas à éviter mon regard mais je pouvais voir une certaine crainte dans ses yeux.
Que va-t-il se passer maintenant?
Nous allons nous rendre à Nar Shaddaa. Une fois arrivés, tu seras libre de partir ou tu veut si tu le souhaites. Je n'ai pas l'intention de te traiter comme tu as du l'être depuis trop longtemps. Quel est ton nom?
Shazz... Sabina. Et... Et vous?
Elle semblait gênée d'avoir posé la question. J'eus un sourire indulgent. Je tendis la main pour l'aider à se relever. Elle accepta mon aide et nous nous relevâmes ensemble. Je lui indiquai de me suivre si elle le voulait bien, l'amenant dans ma cabine, je lui indiquai mon lit et m'expliquai:
Tu peux dormir là, le voyage prendra quelques heures. Si tu as faim ou soif il doit y avoir quelque chose dans ma cabine ou sinon va au réfectoire et n'aie pas peur de te servir. J'ai déjà donné des instructions pour qu'on te fiche la paix, tu en as bien besoin je pense. Repose-toi un peu.
Je la laissai là et sortis. Je retournai à la baie et me mêlai aux matelots, partageant leur joie et leur peine en égale mesure, riant et observant un court silence pour les disparus. Premier sang pour eux, épreuve du feu pour moi, on y était arrivés. Je pouvais faire quelque chose avec eux, quelque chose de plus grand et de puissant. Il suffisait de continuer sur notre lancée.