L'Astre Tyran

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Monde glacé battu par les tempêtes de neige, la planète abrite aujourd'hui un mélange de Nelvaaniens et de colons issus de l'Ordre Gris. En effet, malgré son éloignement des grandes lignes hyper-spatiales, Nelvaan est aujourd'hui la capitale d'une jeune et discrète monarchie en expansion dans la Bordure Extérieure.
Gouvernement : De Jure Empire - De Facto Neutre
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By Helera Kor'rial
#35033
Ambiance


« Qu’est ce que tu regardes ? »

ImagePerchés sur l’a-pic de Nelvaan, faisant face à cette immensité glaciaire, le régent et frère de la toute puissante observait non sans jugement. La ville en contre bas grouillait d’activité, celle de Nelvaan, celle qui était assez pure pour ne pas avoir à souffrir de la cacophonie des villes modernes. En revanche, au fond, il y avait cette frégate. Dans les vastes plaines où paturaient habituellement les banthas, il y avait cette immondice de métal. Un atterrissage d’urgence nécessaire pour des réparations tout aussi urgente. Un moteur avait laché, soudainement. Le liquide de refroidissement avait gelé, faisant éclater les tuyaux à cause de la différence d’état du fluide. Le moteur avait alors surchauffé rapidement, provoquant une explosion dans la chambre de combusion du propulseur ionique, remontant jusqu’au générateur auxiliaire. La brèche avait été automatiquement colmaté par la régulation, et le vaisseau avait dû se poser. Par manque de place cependant dans la montagne, ils avaient dû choisir la plaine. La logistique pour réchauffer l’engin était affreusement lourde en homme et en énergie. Le générateur de la montagne avait été redirigé pour alimenter un bouclier thermique qui recouvrait l’immense structure de plusieurs centaines de mètres.

« Nous sommes incapables de gérer l’urgence. Regarde-les. Ils se battent contre les éléments comme des chiens contre la bête. Helera aurait pu gérer cela, mais elle est la seule. Et elle n’est pas là. »

« Tu ne peux pas lui en vouloir de ne pas être présente. »

La tête barbue tourna lentement vers la femme aux cheveux de sang. Il étira un bref sourire et entoura de son bras, le dos de la femme. Cette dernière portait ses deux mains sur son ventre bedonnant dont le nombrile trahissait son existence sous l’épaisse couche de collant hypothermique.

« Ce n’est pas ce que je veux dire. Elle est plus puissante que nous tous réunis et elle sait se rendre indispensable. Cet accident n’aurait pas dû arriver. Llanic ne permet pas de nous auto-suffire car nous ne la contrôlons pas. Je ne parle pas des menus courses Lyanna, je parle d’autosuffisance industrielle, de maintenance. Les compétences sont là, mais il n’y a pas de matériel. »

De nouveau, il tourna la tête vers un Nelvaanien qui s’affairait à porter des boites rectangulaires en plastoïdes, marquées du sceau de l’empire. Devant lui, un impérial qui vociférait des ordres, trop faibles pour se sortir les doigts de sous son manteau. Nelvaan n’était pas fait pour ces gens là. Le frère porta sa main droite à sa bouche, attrapant entre ses dents le long tube qui se terminait en cheminée. Tout le long, des enluminures, des gravures venus d’un autre temps. Peinte en bleu nelvaanien, décrivant des lignes aléatoires, toutes perpenciculaires les unes aux autres, jusqu’à terminer vers la sphère à l’autre bout. De cette dernière, et part les nombreux trous qui y étaient percés, une douce fumée s’y échappait, celle du pin humide et de la feuille de Gatrahla, cette plante poussant dans les steppdes gelées aux allures d’orties. Plusieurs fois il frappa ses dents contre le bois.

« Elle va mal, elle est seule. Tout comme nous sommes seuls. Regarde-les, se prendre pour des colons, méprisant nos existences différentes de la leur. Quand je suis allé la voir, j’ai vu une femme fatiguée, ravagée. La Force n’a pas cours dans la ville d’acier. Sans elle, Helera ne peut pas s’en sortir. »

De nouveau ses dents claquèrent contre le bois. Il aspira lentement sur sa pipe et en recracha la fumée. Dans son dos, il senti la main de sa conjointe. Son corps se rapprocha du sien. Elle avait le don pour l’apaiser.

« Helera est forte. Elle s’en sortira, comme elle le fait toujours. Et nous … »

Elle laissa sa phrase en suspens. Loran la termina.

« Et nous, nous allons nous adapter. »




L’atmosphère était humide, les torches n’arrivaient qu’à peine à étouffer les allées et venus des bourrasques de vents. Ces dernières emmenant avec elles leur lot de neige et de quelques gravats. Le simple tissu qui parait l’entrée se décrochait régulièrement, et il fallut l’attacher au sol par des ficelles de pailles tressés. La porte était restée ouvertes, lourde comme deux banthas, et personne ne semblait enclin à vouloir la refermer. Ce vent avait sur les esprits quelques choses de rassurant, de familier. Les visages étaient noirs, éteints, regardant avec insistance la carte qu’ils avaient sous les yeux. Non pas des cartes holographiques, ni même des plans interactifs. Juste une peau de bête, étalées sur la longue table des festins. Trop peu utilisés pour que l’on y repère les marques de griffes qui en ornaient les surfaces. Sept silhouettes autour de ce rectangle de bois. Quatre assises, et trois debouts. Toutes des personnalités bien connues. Loran, penché à même le dessin, représentant points et lignes, reliés entre elles. L’adacape Kyle Lane, blouson de cuir, par-dessous bonnet et anoraque, reconnaissable par sa mèche sur le côté. Arnbjorn, petit et trapus, les deux poings sur le bois. Rialine Mataas, nouvelle venue dans le groupe, mais pas dans le cercle très privés des entrepreneurs du cercle, désormais Nelvaan. Elle était la directrice de Enerplus, dont le siège était dans les colonies. Juxen évidemment était là, avec ce même style que l’adacap, mais sans les épaisseurs. On voyait à son visage qu’il n’appréciait pas du tout le changement de température. Augure et Carn se tenaient en retrait derrière le régent. Ce dernier recracha une volute de fumée.

Image« Ce qu’il se passe, c’est que toutes ces routes sont surement surveillées. L’empire n’a en revanche pas de garnison sur les autres planètes. Il n’y a que Nelvaan qui est « protégée ». »

« J’veux bien qu’on joue le secrets garçon. J’serai toujours partant pour ça. Mais tes planètes, elles sont connues. Suffit que l’empereur pique sa crise et ton caillou redevient poussière. Ce n’est pas défendable ces choses là. »

Loran plaça son index sur le point représentant Nelvaan, puis se décalla vers Tythe. Enfin, il alla jusqu’à Delchon. Un triangle dont l’hypothénuse était bien trop grande. Pour autant, si on traçait les trois bicetrices des angles, on arrivait à un point. Un code pour s’en souvenir sans doute. Plusieurs fois il tapota la zone.

« L’empire ne va pas apprécier que l’on fasse cela. »

« Vraiment ? » Il haussa un sourcil, pas certain de devoir prendre la remarque.



Sous sa bure de Jedi, il était probablement le seul qui portait le symbole des crimes de l’empire. Helera de l’autre côté de la galaxie se battait pour contrer d’autres crimes du même genre de se reproduire. Le Jedi était catégorique pourtant sur la nécessité d’agir ici.

« J’vois rien ici. Tu imagines la technologie, la logistique et tout ce qu’il faudra mettre en place pour construire un truc là bas ? »

Il n’eut pour seule réponse le vent battant dans le tissu. Des pas résonnèrent au loin. Deux pairs, pour être exacte. Les yeux se levèrent où se retournèrent devant les nouveaux arrivants. L'un sous sa capuche, l'autre reconnu. L’amiral Maîev se tenait là, dans sa tenue militaire impeccablement soignée. A côté de lui, l’homme aux milles traîtrises, évitant la potence qui l’attend dans les trois quarts de la galaxie. L'homme défiguré, traqué, poursuivi, considéré mort puis fou. L'homme qui ajusta son nœud papillon, étira un grand sourire et épia chacun des membres de l’assemblée. Dans un mouvement de main, il retira la capuche qui ornait sa tête.

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« Salut ici. J’espère que je vous ai manqué. »
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By Helera Kor'rial
#35046
Ambiance


Une main dans le dos, fermée en un point reposant sur l’épaisse peau de bête, la silhouette épaisse se déplaçait tranquillement dans les rues enneigées. Elle prit une bouffée de fumée, qu’elle recracha lentement par les narines. Sa main libre passait dans sa barbe et se frottait instinctivement ces poils rugueux qui lui paraient le visage. Son regard bleuté quant à lui restait figé sur le bout de l’allée, en direction de l’immense structure métallique. Il regardait les nelvaaniens qui s’affairaient çà et là, trempant leur mains dans la crasse, se gelant le bout des phalanges. Et les impériaux qui se contentaient, soit d’observer, soit de monter la garde. Quelle garde ? Celui de leur officier. Celui du vaisseau qui n’était même pas à eux. Des ordres, il y en avait, des directives, toujours plus. Rien d’autres cependant. Le Jedi marchait tranquillement, sa femme rondouillette à ses côtés.

« C’est une chose trop commune que de voir un groupe d’homme commander une masse. On pouvait trouver dans cette situation autant de similitude qu’avec les Sith. Le privilège, le statut, le pouvoir, qui écrasaient ceux qui n’avaient pas la force, l’envie, ou les capacités de se rebeller. Devons-nous blâmer cet état millénaire ? Pour autant, je ne crois pas. »

« Loran, tes paroles me font peur. Tu parles comme si … Comme si tu te préparais à mener ta guerre contre l’empire. »

Il s’arrêta et lentement pivota vers sa femme.

« Je sais mieux que personne ce qu’implique une guerre contre l’empire. Ma famille a été déchirée par sa faute. »

« Et la mienne a été tuée. Mais grâce à toi j’en ai trouvé une nouvelle, grâce à Nelvaan. Nous sommes une famille, et ton enfant n’aura pas besoin de vivre dans la peur. »

Son regard arpenta la femme et son ventre, les cheveux rouges et le tissu noir qui couvrait cet ovale de chaire. Il se retourna dans l’allée et tira une nouvelle fois sur sa pipe.

« Je ne cherche pas la guerre Lyanna. Nelvaan était parfaite sans l’arrivée des étrangers. »

« Qu’est-ce que tu insinues ? »

« Toujours la même chose. J’insinue qu’Helera a fait un choix du cœur plus que de raison. Un choix qui l’a mené aujourd’hui à se priver de tout ce qu’elle aime. Pour servir des gens qu’elle n’aime pas. Son fiancé lui-même est introuvable. Tout est parti de lui. L’amour peut être terrible parfois. »

« Ne dis pas ça … »

Elle posa une main sur le poignet de son futur.

« Et pourtant. De bien des manières, les Jedi de l’ancien monde avaient raison. De biens des manières … »




« Bordel de bordel, vl’a aut’ chose. J’pensais qu’il était mort celui-là. »

Le susnommé fit la référence suite aux paroles du petit homme. Il se frotta une main l’une dans l’autre et crispa la mâchoire, épiant toujours chacune des personnes présentes. Il analysait, voyait, comprenait. L’intelligence brute, la sensibilité inexistante. La plus parfaite machine construite par deux êtres humains, de la plus naturelle de façon.

« Mort ? Deux fois. Deux petites fois. »

« Je l’ai ramené de Teth, c’est là-bas qu’il était terré. »

« Terré ? Vous les avez eu comment vos flottes, amirales ? »

L’autre siffla entre ses lèvres et dépassa l’ancien Moff. Il alla s’assoir aux côtés d’Arnbjorn, en face de la directrice d’Enerplus. Hayden passa une main dans ses cheveux et fit quelques pas, faisant résonner ses talons contre le sol. Il n’était clairement pas équipé pour résister au froid. Pourtant il ne semblait pas s’en plaindre particulièrement.

« Nous tous ici. Chef, amiral, directeur, maître spirituel, dirigeant … Complotant contre les grands, planifiant notre fin programmée.
»


« Il n'y a pas encore de complot, Hayden. Viens t’assoire. »

« Mon frère, toi ici. Tu as pris quelques rides depuis la dernière fois. »

Carn fronça les sourcils et posa une main sur sa hanche, à l’ endroit où se tenait l’arme favorite des maîtres spirituel. Le mouvement fut arrêté par la main de son fils. Ce dernier faisant jouer de sa pipe entre ses dents, le regard tourné vers la table et le plan qui y était posé. Il y eut un silence pendant un temps, puis il releva la tête et fronça les sourcils.

« Il n’est pas question de toi, ni de Carn, ni de moi. Cela nous dépasse mon oncle. Il est question de nous. De cette planète, de notre royaume et de tout ce que nous avons bâti. Tu es une des personnes parmi les plus intelligentes que je connaisse. Tu connais l’empire, tu connais ses habitudes. Tu connais … »

« Oui enfin si je connaissais si bien l’empire, je serai encore Moff à l’heure qu’il est. »

Des sourires, quelques rires. Hayden ne souriait pas. Il arrêta sa marche et vint s’assoir à l’autre bout de la table.

« L’amiral n’est pas très loquace. Il s’agit de quoi cette fois ? »

Loran se releva pour laisser libre la vue de la carte galactique. Hayden se pencha sur la table et s’approcha même pour mieux apercevoir les petits points.

« La technologie Nelvaanienne m’impressionnera toujours. J’arrive presque à voir la marque de lance entre Arrakis et Nelvaan. »

« Bon dieu mais qu’est-ce qu’il fait là ce clown ? »

Loran jeta un regard à l’adacap qui s’impatientait. Ce dernier n’avait pas bougé depuis le début et restait prostré sur lui-même, affalé sous le froid qui l’accablait jusqu’aux os. Il croisa le regard de Loran, qui resta de marbre. Aucune colère dans son regard, juste de l’observation minutieuse. Kyle n’était pas bien connu du régent. Encore moins des autres personnes présentes. Tout comme Juxen. Ils appartenaient au passé de Helera, pas au sien. Pourtant, ils faisaient partis des personnes prioritaires à avertir en cas de dangers. Loran désamorça le duel et se retourna vers Hayden, ce dernier était plongé en sorte de transe. On n’entendait dans la salle que les flammes qui crépitaient aux quatre coins. Cela et les quelques murmures de l’ancien Moff dont le regard parcourait la carte. Loran attendait, les autres se demandaient.

« Hm un point au milieu de l’espace, dans un endroit isolé. En périphérie d’une capitale et d’une planète en perdition. Alors quoi ? Un régent planétaire inquiet de la nouvelle gouvernance, fait appel à des acteurs d’horizon différents. On retrouve deux chefs d’entreprises, dont l’un et l’autre sont évidemment en lien avec la gérence. Un membre des services secrets, pour le décor, un amiral et … »

Il releva la tête, dévisageant tour à tour Juxen et Kyle.

« Manteau cuir, froid intense, habitué aux températures plus clémentes. Celle d’où le corps sue, par exemple. Style typique des contrebandiers, a ceci près que l’un n’a aucune patience. Chef d’organisation, chef de contrebandier ? Un pirate. Mais un gentil pirate, où il ne serait pas là. L’autre a les ongles manucurés, les sourcils brossés. Qui fait encore cela ? Si ce n’est une personne qui aime prendre soin de sa personne, pour sa personne. Entrepreneur. Non, opportuniste. Dirigeant d’un groupuscule géré à la base par les gris, le cercle, ou quel que soit le nom que cela a pu porter. Satisfait ? »

Le moff releva la tête vers Loran, ce dernier ayant croisé les bras sur son torse, les sourcils légèrement froncés, sa pipe s’agitant de haut en bas. Il attendit quelques instants, tandis que les deux se dévisageait. Des regards incrédules se jetèrent les uns avec les autres. Beaucoup ne savaient pas ce que les autres faisaient. Maintenant tout était au clair. Les ramifications se croisaient.

« Tous les œufs dans le même panier Loran. Rassemblement en grande pompe pour quoi ? Tu crois que ça te sauvera de l’empire, que tu as une chance contre l’empereur ? Tu te fourvois. Si j’ai un conseil, reste tranquille et obéis. »

Il fit volte face, mais fut arrêté par les paroles du Jedi.

« Il n'y aura pas de rébellion. Tu as dit autrefois que la plus belle des flammes ne s’éteignait jamais, si jamais il y avait encore quelqu’un pour l’entretenir. Je ne veux pas la guerre, je ne veux pas défier l’empire. Je veux entretenir la flamme de la liberté. Ne plus être assujetti à notre condition. Je veux créer quelque chose qui soit assez imposant, assez magnifique, pour que cette flamme devienne brasier. L’empire nous contrôle désormais. Grand bien lui fasse. Frustrer le sommet n’est pas dans mes prérogatives. Mais au nom de quoi devons nous obéir à tous ses ordres ? »
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By Helera Kor'rial
#35280
« Tu parles de paix, de liberté … Et pourtant tu contrastes avec la lutte contre les ordres et le pouvoir établi. Cela n’a pas de sens, garçon. Il est indéniable que tu cherches à bien faire pour les tiens tout en restant dans la légalité et la passivité, mais tu sais que tu ne pourras jamais rien faire sans des bafouer les lois. Tu te pièges toi-même dans un schéma de protestation sans évolution. La grève de la faim n’a jamais fonctionné dans l’empire. »

« Pourquoi es-tu venu Hayden ? »

« J’étais curieux de savoir comment tes gamins se débrouillaient. L’une est devenue une éminence impériale, publie des lois anti-sensitives, l’autre pense être un héros de son peuple et se prépare à mener une lutte avec des lances et des morceaux de bois. D’ailleurs, je ne vois aucun natif dans cette assemblée. Ici aussi vous adoptez le racisme et la sélection raciale ? »

« Hayden, de grâce. »

Le silence se répandit dans la salle de réception toute de pierre garnie. Le vent continuait de battre par les entrées les plus importantes et s’immiscer à travers les interstices. Le tout chantant avec asymétrie, jusqu’à en devenir presque gênant. De fait, les flammes des bougies et torches dansèrent en rythme. Quelques échanges de regard et de tête qui se baisse. Hayden qui faisait face à son neveu, ce dernier restant stoïque, droit. Est-ce que le Jedi savait ce qu’il était en train de faire ? C’était sans doute une des questions qui revenait sans cesse. Etre un dirigeant n’était pas chose aisée, pas plus que la prise de décision.

« Il y a de cela trente ans, les Jedi de la république se sont lancés dans une guerre contre les séparatistes. Ils ont bafoués leurs principes de neutralité au nom de la justice, mais surtout, au nom des leurs, au nom des civils. »

« Regarde où cela les a mené… »

« Dans quel camp veux-tu être, Hayden ? Mourir seul dans une grotte Tethienne, ignoré de tous, ou avec ta famille en ayant essayé d’appliquer ce en quoi tu crois ?
»

« Et que crois-tu que soit ma motivation ? »

« La même qui t’as réellement poussé à venir ici. Celle qui t’as fait prendre cette décision d’exterminer la Main Kuati. Celle qui t’as guidé tout au long de ton parcours au côté de ma sœur. Tu connais cette réponse, Hayden, mais t’as fierté t’empêche de te la faire avouer. Ce n’est pas à moi de te donner la réponse. »

Le Moff baissa soudainement la tête. Son regard chercha le vide du planché de pierre, son esprit étant déjà parti ailleurs. Il ne bougea pas, à la manière d’un robot en plein mise à jour. Le silence retomba alors, et c’est Arnbjorn qui prit la parole en se rapprochant du chef de l’assemblé. Il tira sur la manche du garçon et chuchota :

« Qu’est-ce qu’on fait de lui ? »

Loran le gratifia d’un sourire et se mura dans le silence. Son regard ne quitta pas son oncle, tétanisé dans l’espace et le temps. Prisonnier de son don, tout comme les sensitifs l’étaient avec le leur. Chacun enchaîné à sa condition, se cherchant une place à travers un monde qui ne voulait pas d’eux. Pas comme ils existaient, bridés de leur personnalité.

« Il va vous falloir plus que des bons sentiments pour protéger cet espace...
»


L’ancien Moff releva la tête, un léger sourire se dessinant sur son visage. Décision fut prise. Loran l’imita et d’un mouvement du plat de la main, lui montra les cartes ainsi que l’assemblée.

« Nous avons tout ce qu’il nous faut ici. Toutes les compétences, réunies avec les années par Helera, pour construire une force d’action plus que capable. Amiral Maiëv, j’ai besoin que la flotte grise reste sur Tythe. Faites remonter les hommes à bords des vaisseaux. Voyez avec le dirigeant local pour accroître la sécurité. J’aurai besoin d’une autre force officielle entre Arkanis et Nelvaan. Coupez la route en deux, avec un puit de gravité. Les vaisseaux autres qu’impériaux ne peuvent plus passer désormais. »

« Compris. »

« Monsieur Lane, pourriez-vous vous associer avec certains de nos navigateurs pour cartographier la zone. Votre objectif sera de trouver l’endroit propice pour la construction. »

« Aucun problème. »

« Augure, tes gens doivent assurer la sécurité à l’intérieur du royaume. Tu dois t’assurer qu’il n’y ait aucune fuite. Ni des nôtres, ni des autres. Personne ne doit savoir à l’exception de notre assemblée. La dissimulation, c’est la seule arme dont nous disposions. »

Loran n’était sans doute pas le meilleur des dirigeants, mais il était le seul à avoir l’oreille de tous. Il y aurait dans tous les cas des erreurs, mais c’était une moindre mesure pour faire évoluer les choses. L’ancien Moff le savait, mais il était surtout convaincu qu’une seule erreur pouvait tout faire basculer.

« Est-ce que tu as l’aval de ta sœur, pour faire tout cela ? Est-elle au moins au courant ? »

Les visages se rétrécirent, d’autres se nimbèrent de gêne. Hayden les dévisagea un à un avant de hausser un sourcil. Loran répondit :

« Il y a eu un attentat. On parle de centaine de morts. Helera ne donne plus de nouvelles depuis. »


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