- jeu. 8 sept. 2016 17:58
#23507
Un mot. Un seul... il me martèle les tempes, au rythme des mortiers qui, à chaque instant, s'abattent autour de nous. Débâcle. Ce qui devait être une victoire facile s'est avéré être... une vraie débâcle. Nous voilà cantonnés dans un quartier aux maisons éclatées... le permabéton est fendue à mes pieds... je tousse. La poussière ne tombe jamais semblerait-il. Les coups de mortiers soulèvent toujours plus de monceaux de terre, de béton et de ferraille rouillée.
Je tâtonne de ma main tremblante à mes côtés... je touche quelque chose de froid. Du métal ? La crosse de mon fusil ! Je tire la chose à moi, et je constate... du plastoïde. Ce qui avait autrefois été un coude, qui avait appartenu à un Stormtrooper. Je tiens dans mes mains un bras arraché. Des morceaux de chairs en filaments s'échappent, de concert avec du sang noirci par la suie. Je couvre ma bouche... je crois que je vais vomir. Je laisse tomber la chose sans vie, et me risque à jeter un oeil au-dessus du muret salvateur qui m'offre un abri. Les tirs ne convergent plus vers moi... je me lève, d'un bond, je cours. Je sens peu après des tirs frôler mes oreilles... mais un seul but m'obsède...
Courir... Fuir... vivre... Survivre !
J'atteinds un deuxième muret. Je soupire de soulagement. Deux ScoutTroopers. L'un d'eux tient des macrojumelles, il scrute, il désigne les tireurs isolés rebelles... son camarade les aligne, un par un. Il tire, un peu de recul... il observe... il s'abaisse enfin, et trace un trait dans le muret. J'en compte quatorze. Quatorze victime depuis cette seule position. Ils devront bientôt bouger. Ils semblent me remarquer soudain. Le tireur frappe son collègue sur l'épaule, qui vient vers moi. Il garde la tête baissée... on ne sait jamais.
« Qui êtes-vous ? »
« Lieutenant Astellan, Peloton d'Assaut, 3ème Compagnie, 1er Bataillon, 2ème Régiment, 2ème Groupe de Bataille, 1ème Armée. Et vous ? »
« 4ème Division de Tireurs d'Elite. Où est votre peloton ? »
« Je n'ai plus de peloton ! On est tombés dans une embuscade ! »
Je crie, je n'y arrive plus. Je voudrais m'allonger là, me laisser tuer, vite... rien n'est ma faute, j'ai suivi les ordres... mais... toutes mes escouades... anéanties... ces fichus mortiers... aucune chance...
« Je dois aller au PC Delta, quels sont les quartiers sous contrôle d'ici là ? »
« Tout est résolument sous contrôle sur trois blocs. mais gardez la tête baissée ! Tenez, prenez ça, ça pourrait vous servir. »
Il me tend une arme qu'il décroche de sa botte... une petite arme sans gâchette. Oh, le pistolet des scout, à pression. Je hoche la tête en assentiment, et je m'apprête à y aller. Je les vois se remettre à la tâche. J'inspire à fond... j'expire... et je fonce. Je cours d'un coup vers ce qui était un salon, avec une famille qui aurait regardé l'holovision alors, une enfant jouant à la poupée sur le sol, le père fumant la pipe, holojournal à la main, la femme à faire de la couture peut-être... vaporisé, tout est vaporisé. Et les habitants ? Enfuis, morts sous les décombres ? Comment savoir ?
Je grimpe sur les treillis qui pendent du plafond, en trois coudées je suis à l'étage, éventré comme le reste, je cours entre les couloirs d'anciens logements civils. D'un coup je vois une porte qui claque... un homme en tenue de guerilla en sort, fusil pointé en avant. Il ne me voit pas... il tourne la tête d'un coup. Fait une grimace, tourne son arme. Je tire. Deux fois. Dans le coeur et le crâne. Un trou rouge fumant sort des deux impacts. Je viens de tuer un homme... pour la première fois. Je ne m'arrête pas, sauf pour prendre son fusil. Un DC-15A des Guerres Cloniques. Une antiquité qui aurait pu me tuer. Je n'ai que mon uniforme kaki en tissu comme protection. Je me remets en route, je monte dès que je peux. Sur les toits, je risque moins ma vie. Je monte des escaliers de service, je croise des gens qui descendent, apeurés. Une petite fille crie en voyant mon uniforme, sa mère me jette un regard de haine, en serrant les dents.
Je monte, et je vois au loin la fin du quartier. Derrière se trouve le PC Delta. Je cours, je saute par-dessus les gouffres qui plus bas donnent naissance à des ruelles, et je vois enfin le PC, sur le toit du dernier bâtiment. Je descends sans risque, et je rejoins les miens. Des officiers sont affairés, paniqués. Un officier StormTrooper, aux bandes bleues de capitaine, vient m'accueillir. Il pose une main sur l'épaule.
« Tu viens de courir un marathon pour être à ce point essoufflé ? »
« Ravi... aussi... de te... revoir... mon... frère... »
On ne semble pas me tenir rigueur de la perte de mes troupes. La faute incombe en fait à mon capitaine de compagnie. Il est le responsable de la débandade, mais n'est pas revenu. Ses signes vitaux sont en revanche explicites : il est en vie, et ne semble pas blessé. Il se cache, certainement. Tout un bataillon est coincé sur la ligne de front. Les rebelles les ont prit à revers. Maintenant ils sont piégés dans les quartiers des classes moyennes.
« Ce qu'il nous faut, c'est un officier capable de les ramener ici. »
Le général, Igor Kaskarov, ne semble pas ravi. Personne n'avait prévu une telle résistance. Et personne ne semble en mesure de vouloir rétablir la situation.
Quand soudain j'eus l'idée folle...
« J'irais. Je sauverais ces hommes. J'ai besoin d'une armure, d'un fusil, et de quoi demander du soutien si besoin. »
Des ricanements, aussitôt. De la part du général et ses partisans. La famille Kaskarov a un lourd passif avec les Astellan, pour un enfant qui n'aurait pas eu l'intellect requis pour intégrer la section universitaire de mon père. Mais une portion ne rit pas. Des colonels tout au mieux. L'un d'eux me regarde d'un air grave.
« Il n'est pas d'usage d'envoyer un lieutenant au peloton décimé dans ce genre de mission... mais je connais votre frère Milo, et la valeur de votre famille. Capitaine Astellan, veuillez fournir ce que le Lieutenant Astellan a demandé, et qu'il se prépare à partir. »
Mon frère fait signe de la tête, et me conduit hors du QG mobile. J'entends Kaskarov exploser. Imbécile. Et 10 minutes après, armé d'un E-11 chargé, d'une armure de général et d'un communicateur prioritaire, je pouvais enfin partir...
Seul, et sans escorte. Ordres du général.
Je suis derrière les lignes. Enfin ! Les pertes sont élevées des deux côtés, mais c'est pire encore chez nous. Le capitaine a défendu sa section avec vaillance, mais ils commencent à faiblir. Le paysage est trop dense. Les soldats sont épaulés par des Stormtroopers, mais bientôt plus personne ne restera. Il ne reste que mille troupes éparpillés sur 1 kilomètre de circonférence.
« Vous devez comprendre que sans appui, on sera tous mort d'ici le crépuscule ! »
« Bien, couvrez-moi surtout ! »
J'ai repris le commandement. Il semble en être soulagé. Je peux comprendre, il n'est plus responsable. Plus vraiment. Je décroche mon communicateur. Il n'y a qu'une seule solution.
Les blindés.
« Demande renfort immédiat de la 5ème division blindée pour un tir de barrage, secteur 1-1-3-8 ! Code THX de niveau 3 ! Copiez ! »
Une réponse maintenant... Allez... répond, bon sang ! Rien qu'un petit "oui"... Toute notre salvation tient dans un "oui"...
« Astellan, ici PC Oxyde, copie enregistrée. Deux TB-TT convergent vers vous, 5 klicks Nord / Nord-Ouest, arrivée sur site dans 6 minutes. Tenez bon ! Copiez. »
« Copié, PC. Merci infiniment... Astellan, terminé. »
Je raccroche, je transmets. Ils exultent. La cavalerie blindée, enfin un peu de sérieux ! 4 minutes passent, on s'acharne. Je tire de partout, mais dès qu'un rebelle tombe, un autre prend sa place aussitôt. Il en sort de partout... nos troupes ne sont pas remplacées. On se ressert... le quartier contrôlé rapetisse. Un bruti soudain. Je sens les poils de ma nuque se dresser. Un mauvais présage, je le sens...
« Astellan ? Astellan ? Ici PC Oxyde... Me recevez vous ? »
« Oxyde, ici Astellan... je vous reçois. »
« Les blindés sont en face d'une forte résistance, impossible de venir vers vous. Il faut se débarasser des sujets avant toute intervention. Copiez. »
Je jure. Je copie, et je termine. Comment faire ? Sans les blindés nous sommes morts... mais sans nous, les blindés sont perdus. Est-ce la fin, alors ? Voici comment finira un mâle Astellan, pour la première fois depuis que la famille a gagné ses galons... sous des décombres, après une défaite.
Aucun espoir...
Tout n'est plus que... destruction.
Vivre...
A quoi bon...
NON !
« Capitaine ! Formation Poignard, je veux un peloton qui me suive, on va tenter une percée direction Nord / Nord-Ouest sur un klick ! »
Il me regarde, l'air béhas. Aurais-je perdu la raison selon lui ? Il s'apprête à répliquer à ses gestes de main. Je le stoppe.
« C'est un ordre. Défendez la position coûte que coûte ! »
Il acquiesce, et je m'en vais vers ce qui serait, certainement, ma dernière charge. Je sélectionne des hommes au gros, et je les fais passer en file indienne dans les bâtiments ouverts aux cieux. On longe, bientôt nous sommes face aux autochtones. Chacun tire, mais je semble avoir réussi à redonner espoir aux troupes. Mes hommes font un massacre localisé en règle, et on continue, poche par poche. Je tue aussi, par dizaines. Je me sens devenir froid. A 21 ans, j'ai déjà tué presque une cinquantaine d'hommes. Dans ma première journée de service.
On arrive bientôt en bordure des plaines. On voit les TB-TT essuyer des tirs de roquette. Ils ripostent, mais les cibles sont trop nombreuses. Il sort des sappeurs de partout, bobes harnachées dans le dos. Ils courent vers les pattes, sans peur. Prêts à se sacrifier pour apporter la victoire à leur patrie. J'admire leur courage, même s'il est futil. Ils ne seront pas éternels, viendra le moment fatidique où leur défaite sera annoncée, où leur nombre se sera écroulé... pourquoi lutter, sinon pour défendre ce qui bientôt ne sera plus ? L'Empire ne perdra pas...
Bien sûr. Je le vois maintenant. Je vivrais ce jour jusqu'au bout. L'Empire ne perdra pas... L'Empire triomphe, car telle est sa destinée.
« Demande de soutien aérien, secteur 1-1-3-2 ! »
Pas de copie, inutile. On tire, on s'infiltre dans les immeubles, on tue les petits poches. On reste à l'écart du foyer sensible. Puis on les entends... les moteurs à ion des TIE. Quatre intercepteurs nous passent au-dessus, tirent sur le secteur ciblé, des corps volent, des gravats fuient... un deuxième passage, et les voilà repartis. Je les remercie mentalement. C'est un enchaînement définitif qui commence grâce à leur intervention.
Les blindés n'essuient plus de tir soutenu. Endommagés mais encore capable de se battre, ils mettent à profit le terrain plat pour atteindre leur vitesse théorique de 60 km/h.
On descend dans les rues, on attaque, on dégage la voie. Les TB-TT nettoient joyeusement les maisons, créant un champ ras où les cibles n'ont plus de quoi se cacher.
Bientôt on arrive à l'endroit de notre encerclement. Tout ne dure qu'un instant. En cinq minutes, les TB-TT réussissent là où nous aurions échoués, seuls. On exulte, on tire en l'air...
Nous avons gagné.
La bataille dura une semaine. Nous avons vaincu. J'ai du sang sur les mains maintenant. Si je n'avais eu ma famille, je n'aurais pu faire ce que je viens de faire : démissionner de l'armée. Mes appuis familiaux ont eu raison du général Kaskarov.
On m'a trouvé un poste de conseiller politique sur Metalorn. Je ne sais si la politique me conviendra.
Mais après tout, quelle différence avec l'armée... si l'on doit se contenter d'avoir du sang sur les mains ?
Renatasia,
22 ans plus tôt...
22 ans plus tôt...
Un mot. Un seul... il me martèle les tempes, au rythme des mortiers qui, à chaque instant, s'abattent autour de nous. Débâcle. Ce qui devait être une victoire facile s'est avéré être... une vraie débâcle. Nous voilà cantonnés dans un quartier aux maisons éclatées... le permabéton est fendue à mes pieds... je tousse. La poussière ne tombe jamais semblerait-il. Les coups de mortiers soulèvent toujours plus de monceaux de terre, de béton et de ferraille rouillée.
Je tâtonne de ma main tremblante à mes côtés... je touche quelque chose de froid. Du métal ? La crosse de mon fusil ! Je tire la chose à moi, et je constate... du plastoïde. Ce qui avait autrefois été un coude, qui avait appartenu à un Stormtrooper. Je tiens dans mes mains un bras arraché. Des morceaux de chairs en filaments s'échappent, de concert avec du sang noirci par la suie. Je couvre ma bouche... je crois que je vais vomir. Je laisse tomber la chose sans vie, et me risque à jeter un oeil au-dessus du muret salvateur qui m'offre un abri. Les tirs ne convergent plus vers moi... je me lève, d'un bond, je cours. Je sens peu après des tirs frôler mes oreilles... mais un seul but m'obsède...
Courir... Fuir... vivre... Survivre !
J'atteinds un deuxième muret. Je soupire de soulagement. Deux ScoutTroopers. L'un d'eux tient des macrojumelles, il scrute, il désigne les tireurs isolés rebelles... son camarade les aligne, un par un. Il tire, un peu de recul... il observe... il s'abaisse enfin, et trace un trait dans le muret. J'en compte quatorze. Quatorze victime depuis cette seule position. Ils devront bientôt bouger. Ils semblent me remarquer soudain. Le tireur frappe son collègue sur l'épaule, qui vient vers moi. Il garde la tête baissée... on ne sait jamais.
« Qui êtes-vous ? »
« Lieutenant Astellan, Peloton d'Assaut, 3ème Compagnie, 1er Bataillon, 2ème Régiment, 2ème Groupe de Bataille, 1ème Armée. Et vous ? »
« 4ème Division de Tireurs d'Elite. Où est votre peloton ? »
« Je n'ai plus de peloton ! On est tombés dans une embuscade ! »
Je crie, je n'y arrive plus. Je voudrais m'allonger là, me laisser tuer, vite... rien n'est ma faute, j'ai suivi les ordres... mais... toutes mes escouades... anéanties... ces fichus mortiers... aucune chance...
« Je dois aller au PC Delta, quels sont les quartiers sous contrôle d'ici là ? »
« Tout est résolument sous contrôle sur trois blocs. mais gardez la tête baissée ! Tenez, prenez ça, ça pourrait vous servir. »
Il me tend une arme qu'il décroche de sa botte... une petite arme sans gâchette. Oh, le pistolet des scout, à pression. Je hoche la tête en assentiment, et je m'apprête à y aller. Je les vois se remettre à la tâche. J'inspire à fond... j'expire... et je fonce. Je cours d'un coup vers ce qui était un salon, avec une famille qui aurait regardé l'holovision alors, une enfant jouant à la poupée sur le sol, le père fumant la pipe, holojournal à la main, la femme à faire de la couture peut-être... vaporisé, tout est vaporisé. Et les habitants ? Enfuis, morts sous les décombres ? Comment savoir ?
Je grimpe sur les treillis qui pendent du plafond, en trois coudées je suis à l'étage, éventré comme le reste, je cours entre les couloirs d'anciens logements civils. D'un coup je vois une porte qui claque... un homme en tenue de guerilla en sort, fusil pointé en avant. Il ne me voit pas... il tourne la tête d'un coup. Fait une grimace, tourne son arme. Je tire. Deux fois. Dans le coeur et le crâne. Un trou rouge fumant sort des deux impacts. Je viens de tuer un homme... pour la première fois. Je ne m'arrête pas, sauf pour prendre son fusil. Un DC-15A des Guerres Cloniques. Une antiquité qui aurait pu me tuer. Je n'ai que mon uniforme kaki en tissu comme protection. Je me remets en route, je monte dès que je peux. Sur les toits, je risque moins ma vie. Je monte des escaliers de service, je croise des gens qui descendent, apeurés. Une petite fille crie en voyant mon uniforme, sa mère me jette un regard de haine, en serrant les dents.
Je monte, et je vois au loin la fin du quartier. Derrière se trouve le PC Delta. Je cours, je saute par-dessus les gouffres qui plus bas donnent naissance à des ruelles, et je vois enfin le PC, sur le toit du dernier bâtiment. Je descends sans risque, et je rejoins les miens. Des officiers sont affairés, paniqués. Un officier StormTrooper, aux bandes bleues de capitaine, vient m'accueillir. Il pose une main sur l'épaule.
« Tu viens de courir un marathon pour être à ce point essoufflé ? »
« Ravi... aussi... de te... revoir... mon... frère... »
1 heure plus tard
On ne semble pas me tenir rigueur de la perte de mes troupes. La faute incombe en fait à mon capitaine de compagnie. Il est le responsable de la débandade, mais n'est pas revenu. Ses signes vitaux sont en revanche explicites : il est en vie, et ne semble pas blessé. Il se cache, certainement. Tout un bataillon est coincé sur la ligne de front. Les rebelles les ont prit à revers. Maintenant ils sont piégés dans les quartiers des classes moyennes.
« Ce qu'il nous faut, c'est un officier capable de les ramener ici. »
Le général, Igor Kaskarov, ne semble pas ravi. Personne n'avait prévu une telle résistance. Et personne ne semble en mesure de vouloir rétablir la situation.
Quand soudain j'eus l'idée folle...
« J'irais. Je sauverais ces hommes. J'ai besoin d'une armure, d'un fusil, et de quoi demander du soutien si besoin. »
Des ricanements, aussitôt. De la part du général et ses partisans. La famille Kaskarov a un lourd passif avec les Astellan, pour un enfant qui n'aurait pas eu l'intellect requis pour intégrer la section universitaire de mon père. Mais une portion ne rit pas. Des colonels tout au mieux. L'un d'eux me regarde d'un air grave.
« Il n'est pas d'usage d'envoyer un lieutenant au peloton décimé dans ce genre de mission... mais je connais votre frère Milo, et la valeur de votre famille. Capitaine Astellan, veuillez fournir ce que le Lieutenant Astellan a demandé, et qu'il se prépare à partir. »
Mon frère fait signe de la tête, et me conduit hors du QG mobile. J'entends Kaskarov exploser. Imbécile. Et 10 minutes après, armé d'un E-11 chargé, d'une armure de général et d'un communicateur prioritaire, je pouvais enfin partir...
Seul, et sans escorte. Ordres du général.
2 heures après
Je suis derrière les lignes. Enfin ! Les pertes sont élevées des deux côtés, mais c'est pire encore chez nous. Le capitaine a défendu sa section avec vaillance, mais ils commencent à faiblir. Le paysage est trop dense. Les soldats sont épaulés par des Stormtroopers, mais bientôt plus personne ne restera. Il ne reste que mille troupes éparpillés sur 1 kilomètre de circonférence.
« Vous devez comprendre que sans appui, on sera tous mort d'ici le crépuscule ! »
« Bien, couvrez-moi surtout ! »
J'ai repris le commandement. Il semble en être soulagé. Je peux comprendre, il n'est plus responsable. Plus vraiment. Je décroche mon communicateur. Il n'y a qu'une seule solution.
Les blindés.
« Demande renfort immédiat de la 5ème division blindée pour un tir de barrage, secteur 1-1-3-8 ! Code THX de niveau 3 ! Copiez ! »
Une réponse maintenant... Allez... répond, bon sang ! Rien qu'un petit "oui"... Toute notre salvation tient dans un "oui"...
« Astellan, ici PC Oxyde, copie enregistrée. Deux TB-TT convergent vers vous, 5 klicks Nord / Nord-Ouest, arrivée sur site dans 6 minutes. Tenez bon ! Copiez. »
« Copié, PC. Merci infiniment... Astellan, terminé. »
Je raccroche, je transmets. Ils exultent. La cavalerie blindée, enfin un peu de sérieux ! 4 minutes passent, on s'acharne. Je tire de partout, mais dès qu'un rebelle tombe, un autre prend sa place aussitôt. Il en sort de partout... nos troupes ne sont pas remplacées. On se ressert... le quartier contrôlé rapetisse. Un bruti soudain. Je sens les poils de ma nuque se dresser. Un mauvais présage, je le sens...
« Astellan ? Astellan ? Ici PC Oxyde... Me recevez vous ? »
« Oxyde, ici Astellan... je vous reçois. »
« Les blindés sont en face d'une forte résistance, impossible de venir vers vous. Il faut se débarasser des sujets avant toute intervention. Copiez. »
Je jure. Je copie, et je termine. Comment faire ? Sans les blindés nous sommes morts... mais sans nous, les blindés sont perdus. Est-ce la fin, alors ? Voici comment finira un mâle Astellan, pour la première fois depuis que la famille a gagné ses galons... sous des décombres, après une défaite.
Aucun espoir...
Tout n'est plus que... destruction.
Vivre...
A quoi bon...
NON !
« Capitaine ! Formation Poignard, je veux un peloton qui me suive, on va tenter une percée direction Nord / Nord-Ouest sur un klick ! »
Il me regarde, l'air béhas. Aurais-je perdu la raison selon lui ? Il s'apprête à répliquer à ses gestes de main. Je le stoppe.
« C'est un ordre. Défendez la position coûte que coûte ! »
Il acquiesce, et je m'en vais vers ce qui serait, certainement, ma dernière charge. Je sélectionne des hommes au gros, et je les fais passer en file indienne dans les bâtiments ouverts aux cieux. On longe, bientôt nous sommes face aux autochtones. Chacun tire, mais je semble avoir réussi à redonner espoir aux troupes. Mes hommes font un massacre localisé en règle, et on continue, poche par poche. Je tue aussi, par dizaines. Je me sens devenir froid. A 21 ans, j'ai déjà tué presque une cinquantaine d'hommes. Dans ma première journée de service.
On arrive bientôt en bordure des plaines. On voit les TB-TT essuyer des tirs de roquette. Ils ripostent, mais les cibles sont trop nombreuses. Il sort des sappeurs de partout, bobes harnachées dans le dos. Ils courent vers les pattes, sans peur. Prêts à se sacrifier pour apporter la victoire à leur patrie. J'admire leur courage, même s'il est futil. Ils ne seront pas éternels, viendra le moment fatidique où leur défaite sera annoncée, où leur nombre se sera écroulé... pourquoi lutter, sinon pour défendre ce qui bientôt ne sera plus ? L'Empire ne perdra pas...Bien sûr. Je le vois maintenant. Je vivrais ce jour jusqu'au bout. L'Empire ne perdra pas... L'Empire triomphe, car telle est sa destinée.
« Demande de soutien aérien, secteur 1-1-3-2 ! »
Pas de copie, inutile. On tire, on s'infiltre dans les immeubles, on tue les petits poches. On reste à l'écart du foyer sensible. Puis on les entends... les moteurs à ion des TIE. Quatre intercepteurs nous passent au-dessus, tirent sur le secteur ciblé, des corps volent, des gravats fuient... un deuxième passage, et les voilà repartis. Je les remercie mentalement. C'est un enchaînement définitif qui commence grâce à leur intervention.
Les blindés n'essuient plus de tir soutenu. Endommagés mais encore capable de se battre, ils mettent à profit le terrain plat pour atteindre leur vitesse théorique de 60 km/h.
On descend dans les rues, on attaque, on dégage la voie. Les TB-TT nettoient joyeusement les maisons, créant un champ ras où les cibles n'ont plus de quoi se cacher.
Bientôt on arrive à l'endroit de notre encerclement. Tout ne dure qu'un instant. En cinq minutes, les TB-TT réussissent là où nous aurions échoués, seuls. On exulte, on tire en l'air...
Nous avons gagné.
Epilogue
La bataille dura une semaine. Nous avons vaincu. J'ai du sang sur les mains maintenant. Si je n'avais eu ma famille, je n'aurais pu faire ce que je viens de faire : démissionner de l'armée. Mes appuis familiaux ont eu raison du général Kaskarov.
On m'a trouvé un poste de conseiller politique sur Metalorn. Je ne sais si la politique me conviendra.
Mais après tout, quelle différence avec l'armée... si l'on doit se contenter d'avoir du sang sur les mains ?
