L'Astre Tyran

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By Alyxtra Ma-Oon
#36719
Les mésaventures d'Alyxtra Ma-Oon



10 AP. B.Y

- La Dahlia d'Onderon, où Alyxtra retrouve sa liberté et a du mal à se réajuster
Yaga Minor (Chronique solo) [Terminé]

11 AP. B.Y

- Ingénierie Sociale et Petites Pâtisseries, où Alyxtra apprend à prendre ce qu'elle veut
Yaga Minor (Chronique solo) [Terminé]

- Interlude : Courrier de Fans, où Alyxtra rencontre une jeune sliceuse chevronnée
Yaga Minor (Chronique solo) [Terminé]

- Interlude : Un Gizka dans un Troupeau de Cannoks, où Alyxtra apprend à sortir toute seule
Yaga Minor (Chronique solo) [Terminé]

- Investigation et Introspection
Yaga Minor (Chronique solo) [En cours]

12 AP. B.Y

- Contrecarrer contrebande à contrecœur, où Alyxtra fait ses premiers pas avec le BSI et rencontre un certain chasseur de primes
Yaga Minor (RP avec Sareth Daran) [Terminé]

- Interlude... Et repos surtout, où Alyxtra rejoint un équipage pas comme les autres
Yaga Minor (RP avec Sareth Daran) [Terminé]

- Chasse au chagrien peu charmant
Yaga Minor (RP avec Sareth Daran) [En cours]
Modifié en dernier par Alyxtra Ma-Oon le dim. 9 févr. 2020 14:07, modifié 29 fois.
#36732
La Dahlia d'Onderon
Partie I


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10 AP. B.Y., sur Yaga Minor

Cela faisait tout juste neuf heures qu'Alyxtra Ma-Oon était sortie du complexe pénitencier de Metalorn où elle avait gâché presque un an de sa vie. Le BSI, qui était derrière sa libération, lui avait transféré 2000 crédits et arrangé un transport vers Yaga Minor où, lui avait-on promis, elle pourrait commencer une nouvelle vie grâce à la deuxième chance que l'Empire lui avait généreusement accordée. Elle était montée à bord de la navette en tant qu'ancienne détenue et en sortait en femme libre. Enfin, libre si on omettait le fait qu'elle soit suivie à la trace grâce à la micro-puce implantée à l'arrière de son crâne...

... Et maintenant ?, pensa Alyx en posant par terre le sac qui contenait l'intégralité de ses possessions, un mini terminal holonet, un datapad, des vêtements pour trois jours, et les achats qu'elle avait fait au spatioport en partant : une barre de chocolat à moitié grignotée, un casque audio bas de gamme et une peluche de gizka.

Un homme qui n'avait décidément pas le temps la poussa sans ménagement en la trouvant sur son passage, lâchant un "Pfff ! Touriste !" agacé et dédaigneux. Elle baissa la tête et traîna mollement son sac hors du chemin des voyageurs, s'arrêtant près d'un banc. Là, elle fouilla dans son sac de voyage et en sortit le datapad gracieusement offert par le Bureau. Il était sûrement bourré de logiciels espions mais il ferait l'affaire pour l'instant. En l'allumant, elle eut la surprise de voir une notification sur son nouveau compte holonet... Il s'agissait d'une enregistrement audio qu'elle activa après avoir allumé son casque, préférant être sûre qu'aucun badaud indiscret n'en profiterait. C'était un message générique débité par une voix synthétique androgyne, à l'exception des mots variables qui allait dans les tons graves.


Si c'était supposé l'aider à s'y retrouver pour son premier jour, c'était raté. La nuit était déjà tombée et la fatigue se faisait trop ressentir pour visiter ce fameux "Bureau de l'Emploi". Quant au merveilleux hôtel suggéré par les algorithmes bâclés du gouvernement, une simple recherche holonet lui appris qu'il était noté 0.3/5 et le dernier avis mentionnait des punaises malastariennes grosses comme des marrons ! La jeune femme sentit monter l'angoisse. Elle rangea son casque et son datapad et, toujours assise sur le banc, essaya de mettre de l'ordre dans ses idées.

Pendant le vol, Alyxtra avait pris la décision qu'elle ne contacterait pas sa famille. Elle faillit remettre cette idée en question mais la perspective de se faire réprimander par ses parents ou que son grand frère ne se moque d'elle n'était pas très réjouissante. Malheureusement, elle n'avait personne d'autre à appeler... Ses seuls "amis"' étaient des slicers dont elle ne connaissait ni le nom ni le visage et qui ne pourraient pas l'aider, à part à la refaire chuter dans ses vieux travers. Le plus triste était que ce constat ne s'appliquait pas seulement sur Yaga Minor : elle serait confrontée à une solitude identique même si elle retournait sur sa planète natale.

Après quelques minutes d'introspection, elle récupéra son bagage et prit la direction du système de transit, un hovertram. Au point où elle en était, le mieux était encore de choisir une destination au hasard... En priant pour ne pas arriver par mégarde dans l'un des centaines de lieux qui lui étaient désormais interdits de visiter ! Le tram était bondé de voyageurs, tous Humains comme elle. La majorité d'entre eux descendit après quelques arrêts dans les stations centrales de la capitale. Quelques proches-Humains montèrent à bord en se faisant discrets. Alyxtra essayait de faire abstraction de la foule et avait le nez collé sur la vitre, découvrant le décor de la ville. C'était beaucoup plus moderne et moins pollué que la colonie décrépie où elle avait vécu toute sa vie sur Metalorn, et il y avait énormément de monde.

Une autre femme aurait été ravie d'être à sa place et de faire du tourisme. Les points d'intérêt ne manquaient pas : entre les merveilles architecturales qui défiaient la gravité, les musées et centres commerciaux en tout genre, les restaurants de luxe et les bars et boîtes de nuit à la mode... Il y avait de quoi se perdre pendant des jours ! Mais Alyx ne s'était jamais intéressée à ces frivolités, et ce n'était pas aujourd'hui que ça allait changer. L'air légèrement renfrogné, elle se perdit dans ses pensées tandis que les stations défilaient, et avec elles son lot de voyageurs hétéroclites...
Elle se réveilla en sursaut deux heures plus tard en sentant une main mécanique dans ses cheveux.

- Vous - êtes - au - terminus. Descendez. Descendez, articula un droïde de maintenance d'une voix clairement pas faite pour le protocole.

Le cœur d'Alyxtra rata un battement quand elle constata qu'elle ne serrait plus son sac dans ses bras. Heureusement, le pic de panique ne fut que de courte durée car elle le retrouva par terre là où il était tombé lorsqu'elle avait elle-même chuté dans le sommeil. Elle s'excusa profusément et sauta à l'extérieur de la rame avant de vérifier l'intégrité de ses affaires - tout ce qu'elle possédait était dans ce sac ! Par chance, personne n'avait profité de sa gourde pour la dérober... Ou peut-être qu'ils l'avaient prise en pitié en voyant ses possessions.

Elle se retrouva ainsi en territoire inconnu, perdue dans une ruelle qu'elle ne connaissait pas sur une planète où elle n'avait jamais mis les pieds. Il était déjà minuit passé et la rue mal éclairée était déserte. Un coup d’œil à un plan lui indiqua qu'elle se trouvait au fin fond de la banlieue, dans un quartier manifestement pas très recommandé par les guides locaux. Pas très rassurée, elle se mit en marche avec son gros sac sous le bras...
Modifié en dernier par Alyxtra Ma-Oon le dim. 5 janv. 2020 18:34, modifié 3 fois.
#36737
La Dahlia d'Onderon
Partie II


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Au même moment, dans une base d'opérations secrète du BSI

L'Opérateur Argo était à son poste depuis près de treize heures maintenant, supervisant la première mission sur le terrain du nouvellement promu Agent Voilin, un jeune Humain dont le potentiel n'avait d'égal que son patriotisme pour l'Empire. Il était en train d'infiltrer, de nuit, les bureaux d'une corporation scientifique soupçonnée de travailler sur un projet de manipulation génétique illégal. C'était une mission idéale pour un premier vol en solo, dans la mesure où la sécurité des locaux était suffisamment solide pour le mettre à l'épreuve sans pour autant le mettre en danger, et où les seuls ennemis potentiels étaient des droïdes de surveillance faiblement armés.

Debout les bras dans le dos, n'utilisant son fauteuil que pour reposer ses jambes une fois par heure, l'Opérateur consultait trois écrans : le premier retransmettait en temps réel ce que voyait Voilin à travers une micro-caméra implantée dans ses verres de contact, le second faisait défiler les dossiers des employés de la corporation, et le troisième, enfin, représentait une carte de Yaga Minor avec une petite pastille bleue qui s'y déplaçait. Le point était marqué de la mention "#3214 MN-0N" et avançait tout doucement à travers un quadrillage qui représentait le paysage urbain de la capitale.

- Prend à droite maintenant. Avance de 20m, ouvre la porte. Attends une minute, la patrouille passe devant. C'est bon. Le bureau à gauche, celui de l'Officier Scientifique Rojj Dakim. Utilise la procédure Bêta 2-4 pour déverrouiller la porte.

L'Umbaran aperçut dans l'écran le reflet presque imperceptible d'un de ses pairs, l'Opérateur Xavir. Il ne se retourna pas pour le saluer mais hocha légèrement la tête, concentré sur les images que lui renvoyaient son agent de terrain. Xavir s'installa sur son fauteuil, sans demander la permission, puis s'éclaircit la gorge.

- Hum hum. Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que depuis ce matin tu suis à la trace cette criminelle sortie de prison, dit-il en désignant l'écran où s'affichait la carte de Yaga Minor. Tu es conscient qu'il y a des agents dédiés au suivi de la vermine criminelle ?
- Ce n'est plus une criminelle, elle est en liberté conditionnelle et l'Empire lui est redevable pour l'opération sur Ord Mantell. Oui, télécharge l'intégralité de l'ordinateur sur ton datapad, répondit Argo avant de reprendre le guidage du jeune agent, lequel venait de pénétrer dans le bureau du scientifique.

Xavir serra les dents et fronça les sourcils grotesquement sous l'indifférence absolue de son collègue. Les yeux d'Argo glissèrent discrètement sur sa gauche pendant une seconde avant de se reconcentrer sur son écran. Cela faisait des années que Xavir le dérangeait ainsi, mais comme celui-ci faisait bien son travail et était Humain contrairement à lui, il supportait ses commentaires passifs-agressifs et désagréables en évitant d’envenimer les choses.

- Et ça ne te dérange pas de consacrer une partie de tes ressources pour "ça" ? Tes ressources, qui sont aussi celles du Bureau ?
- "Ça" a un nom, mais surtout, elle a un potentiel énorme. J'aimerais l'observer pendant sa première année de réinsertion. Si elle se tient à carreau, je vais la recommander pour devenir officiellement Informatrice.

L'Humain laissa échapper un rire suffisamment fort pour que les personnes les plus proches tournent leur attention vers Argo et lui. Il s'excusa vaguement d'un signe de la main et s'éclaircit de nouveau la gorge, une main sur les réglages du fauteuil et l'autre sur le menton.

- 62% des détenus "libérés" suite à leur collaboration retournent au crime en moins de six mois. Dans les 38% restants, la moitié ne parvient jamais à se réinsérer en société et finit à la rue ou dans des centres d'accueil, et le quart s'abandonne à la drogue. La vermine, c'est la vermine, et ça reste de la vermine.
- Et la moitié de nos informateurs les plus performants sont d'anciens détenus. Moi aussi je sais lire les rapports annuels du Bureau. Où est-ce que tu veux en venir ? Attention, droïde de sécurité à 8h, attend dix secondes et reprends tout droit. Je désactive la caméra.
- Tu sais, quand je serais promu au-dessus de toi, je ne tolérerais plus tes petits projets persos, déclara Xavir entre ses dents serrées.
- Je ne doute pas que ton évaluation annuelle sera excellente, et que cette année sera la bonne. Mais méfie-toi, un jour arrivera où tu ne pourras plus grimper l'échelle hiérarchique à coup de léchage de bottes et avec tes ambitions personnelles. A un certain niveau, tes pairs seront capables de voir que tu n'es qu'un imposteur qui s'est hissé à son rang pour l'argent et le pouvoir et non pas pour remplir son premier devoir, celui de servir l'Empire. Par ailleurs, tu devrais peut-être retourner travailler au lieu de reprocher à tes collègues de mal employer les ressources du BSI.

L'Opérateur Humain contempla son collègue en silence, les yeux plissés par l'effort comme s'il essayait de le foudroyer. Les autres agents encore présents à cette heure si tardive faisaient semblant de n'avoir rien entendu de leur conversation. Quant à Argo, il dispensait à son agent de nouvelles instructions, ignorant royalement le regard électrique qui lui était adressé. Après une minute aussi longue qu'étouffante, Xavir se leva du fauteuil et tapa brusquement son épaule dans celle de l'Umbaran.

- Opérateur.
- Opérateur, rétorqua Argo.

L'agent s'éloigna du bureau, cherchant probablement de nouvelles bottes à astiquer. Du coin de l'oeil, Argo s’enquit de l'état de sa protégée sur Yaga Minor. Après moins d'une demie-journée de liberté, Illusive, ou encore #3214 MN-0N, était manifestement déjà dans le secteur le plus mal famé de la planète...

- Ne me déçois pas, Illusive, murmura-t-il.
Modifié en dernier par Alyxtra Ma-Oon le dim. 5 janv. 2020 18:34, modifié 1 fois.
#36754
La Dahlia d'Onderon
Partie III


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De retour sur Yaga Minor

Une averse s'était déclarée, interrompant le silence de la rue que longeait Alyxtra depuis qu'elle était sortie de la station de tram. Elle n'était pour l'instant pas très forte, la jeune femme décida donc de continuer de marcher même si elle n'avait rien pour se protéger de la pluie. Et puis, il était hors de question de s'arrêter pour s'abriter alors que le voisinage lui inspirait autant de confiance qu'un rancor à un chat-loth ! Elle errait dans les rues depuis maintenant trois quart d'heure, son casque sur les oreilles, et n'avait croisé jusqu'à présent que quelques proche-Humains discrets qui vaquaient à leurs occupations nocturnes, rentrant de soirée ou se rendant à l'épicerie du coin pour acheter de l'alcool ou autres broutilles. Elle évitait soigneusement leur regard, changeant parfois même de trottoir pour les éviter, mais la fatigue eut raison d'elle lorsqu'elle ne vit pas arriver à temps un Zabrak encapuchonné qu'elle frôla légèrement, le touchant à l'épaule.
Évitant toute confrontation, elle accéléra légèrement le pas et continua droit devant elle. La musique qu'elle écoutait couvrait la pluie mais aussi les pas du Zabrak qui s'était retourné et lui attrapa l'épaule.

- Sleema, tu t'escuses quand tu m'cognes ok !?, beugla-t-il en la forçant à le regarder.

Incapable d'entendre ses mots à cause de la musique trop forte, Alyx le regarda l'air ahuri, rajoutant de l'huile sur le feu qu'était la colère injustifiée du jeune homme. Il lui arracha son casque des oreilles et le jeta par terre avant de l'insulter à nouveau.

- Tu crois qu'la rue t'appartient espèce de scurrier ??
- ...!
- Regarde-moi-Regarde-moi quand j'te parle !

Le Zabrak lui lâcha l'épaule et lui planta ses griffes dans le menton. Complètement désemparée par l'ampleur que prenait cette altercation, Alyxtra n'était plus capable de réagir ni de répondre. Elle aperçut par dessus la tête de son agresseur un vieil homme qui les observait à sa fenêtre sans lever le petit doigt. Il ferma les volets et disparut dans le confort de son appartement, la laissant seule en prise avec le délinquant qu'elle avait eu le malheur de frôler.

- Vas-y, t'es attardée ou quoi ?, s'énerva-t-il devant le manque de réaction de la jeune femme. Celle-ci, piquée à vif, lâcha son sac et le repoussa à deux mains.
- NE - ME - TOUCHE - PAS !

Surpris, il glissa en arrière et tomba à la renverse. Aussi choquée qu'il devait l'être, Alyxtra recouvrit sa bouche de ses deux mains. Désormais en proie à la panique, elle fit ce que son instinct dysfonctionnel lui souffla : il ne s'agissait pas de s'enfuir, ni de lui donner des coups de pied, ni d'appeler à l'aide, mais de lui tendre un bras pour l'aider à se relever. Le Zabrak la repoussa sans ménagement et se redressa tout seul, quelque peu sonné. Ils se regardèrent quelques secondes, l'un respirant très fort, du sang coulant de l'arrière de son crâne, et l'autre bouche bée, ses cheveux mouillés dans les yeux.

- ESPÈCE DE SALE WOOMA !, hurla-t-il en Huttesse.

Il lui administra une violente gifle qui l'envoya par terre, à genoux. Là, il lui cracha dessus, puis attrapa son sac et ouvrit la fermeture éclair avant d'en vider le contenu sur le trottoir et d'écraser ce qui tombait au hasard. Quand il fut satisfait, il lui lança une dernière insulte pour faire bonne mesure avant de reprendre son chemin. Jamais aussi bouleversée, Alyxtra se releva, terriblement honteuse pour une raison qu'elle ne comprenait pas, et rassembla ses affaires. Son casque était définitivement cassé, et le gizka en peluche ne ressemblait plus à rien de connu. Par chance, le petit terminal portable était intact, et son datapad ne présentait qu'une large fissure à l'écran mais fonctionnait correctement. Elle ramassa en dernier la barre de chocolat à moitié entamée, légèrement imbibée d'eau, et croqua dedans tristement. Elle croisa son reflet dans la vitre d'une boutique condamnée. Avec une chevelure en vrac, des traces d'ongle dans le menton et une joue ensanglantée, elle se sentait à son plus bas depuis très longtemps.

C'est dans cet état d'esprit qu'elle se remit en route, cherchant un pont sous lequel dormir en espérant ne jamais se réveiller.
Modifié en dernier par Alyxtra Ma-Oon le dim. 5 janv. 2020 18:34, modifié 1 fois.
#36771
La Dahlia d'Onderon
Partie IV


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L'averse était presque aussi épuisée qu'Alyxtra lorsque celle-ci s'arrêta près d'une benne à ordures située à l'arrière d'une cantina fermée. Elle installa son sac à dos contre la benne puis s’essaya, le dos contre son coussin improvisé, et plia les jambes, les bras autour des genoux. Elle leva la tête en l'air et regarda le ciel noir et sans étoiles, sans lumière, comme les pensées qui la traversaient. Était-ce sa vie, maintenant ? Elle avait déjà été sans-abri après une fugue de quelques mois dix ans plus tôt et tremblait à l'idée de revivre cette situation. En plus, sa joue lui faisait toujours très mal et son menton la grattait là où le Zabrak l'avait griffée.
Un mouvement furtif attira son attention à quelques mètres, près d'une caisse remplie de bouteilles de bière vides. Les sourcils froncés, elle examina les environs sans rien trouver... Jusqu'à ce qu'une grosse masse grise lui frôle la jambe. Elle se releva en criant alors que l'énorme rat-whomp qui venait de le déranger s'enfuyait par une fissure dans un mur.

Non, non, non, non, non, non, non, non, non, non !, pensa-t-elle en se prenant la tête à deux mains, au bord des larmes.

C'est à ce moment-là qu'Alyx aperçut, au bout de la rue dans la direction opposée de celle d'où elle venait, une lueur bleue vaguement en forme de croix qui se reflétait sur le trottoir encore mouillé. Elle se saisit de ses affaires et se rendit là-bas pour constater que la lumière provenait d'un gros néon bleu qui n'était pas visible de là d'où elle venait. Il s'agissait effectivement d'une croix, surmontée de "Clinique du Docteur Siames". Remerciant la pluie pour lui avoir montré le chemin, la jeune femme se pressa devant les portes automatiques.
Elle arriva dans un petit lobby avec deux rangées de bancs à l'aspect pas très confortable et au rembourrage en fin de vie, quelques plantes en pot, et un bureau de standardiste occupé par un gringalet blond absorbé dans le visionnage d'une obscure série dramatique sur un visionneur holonet installé dans une cage contre un mur.

La seule autre personne était un vieux proche-Humain à la peau bleue en train de ronfler bruyamment le nez en l'air. Chaque inspiration soulevait sa grosse moustache qui lui retombait ensuite grotesquement dessus.
Des graffitis vulgaires complétaient le portrait d'une clinique pas très "légale légale", le genre où venaient se faire soigner les délinquants après des rixes de bar... Ou des échanges de drogue qui tournaient mal. Si toutes les maladies de la galaxie avaient un lieu d'origine, c'était ici !
Pas très rassurée par ce qu'elle voyait jusqu'à présent, elle hésitait presque à prendre ses jambes à son cou lorsque le blondinet remarqua son existence et tourna un visage couvert d'acné dans sa direction.

- Beuh ?, dit-il en se frottant les yeux, très étonné de voir une jeune femme surgir à cette heure si tardive. Vous avez rendez-vous avec la doc ?
- ..., "répondit" Alyxtra en se rapprochant prudemment du standardiste. ...?
- Ah, vous êtes ce genre de patiente... Euphooo, t'as encore une cliente !, beugla-t-il dans un interphone après avoir appuyé sur un gros bouton.

Une porte au bout de la pièce s'ouvrit immédiatement. Voyant qu'elle restait debout sans bouger, il claqua la langue et pointa l'index vers la porte sans piper mot, revenant immédiatement à son programme télé, Les feux de Rodia (saisons 16, épisode 12 : Le Retour d'El Rodia). Alyxtra ramassa son sac et se rendit là où l'avait envoyée le jeune homme.

Elle laissa ses affaires à l'entrée d'une vaste pièce divisée en deux parties séparées par un simple rideau. On trouvait dans la première un bureau couvert de matériel médical, de livres (probablement en papier synthétique étant donné le peu de soin qui leur était apporté, à moins que leur propriétaire soit riche au point d'acheter des livres à prix d'or juste pour le plaisir de faire des tâches de café sur leurs couvertures). La seconde comportait une unique table d'opération, une cuve de bacta vide, et quelques posters avec des messages de prévention. Alyxtra était en train de lire l'un d'entre eux (celui sur la grippe de Mygeeto, dont les symptomes graphiquement détaillés comprenaient la sécrétion d'un liquide jaunâtre par les yeux) lorsqu'elle fut surprise par une Twi'lek rouge qui surgit dans son champ de vision sans crier garde.

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Sa tenue laissait supposer qu'il s'agissait du Docteur Siames (ou, comme l'appelait son assistant à l'accueil, "Eupho"). Elle était un peu moins grande que sa patiente et se mit sur la pointe des pieds pour lui examiner le menton, une expression intriguée au visage. Elle passa une main gantée sur sa blessure, et Alyxtra tourna immédiatement la tête dans la direction opposée. Comme frustrée, la Twi'lek utilisa ses deux mains pour forcer sa patiente à rester immobile, et la jeune femme redoubla de force pour se dégager.

- Écoute ma grande, il va falloir que tu te laisses faire si tu veux que je te soigne !, s'impatienta la médecin en lui tapotant le nez trois fois.
- ... N'aime pas qu'on me touche... Sans ma permission...
- Si ce n'est que ça, répondit-elle sarcastiquement en roulant les yeux, puis-je vous toucher, Votre Majesté ?

Après une brève concertation avec elle-même, Alyxtra hocha doucement la tête et la soignante put enfin se mettre au travail. Elle examina les traces de griffure rapidement puis, sans prévenir, vaporisa dessus un peu de désinfectant - Alyxtra ouvrit grand les yeux sous la surprise et la douleur - avant d'appliquer un peu de bacta en gel.

- Tu as bien fait de venir me voir ma jolie, le Zabrak qui t'a fait ça n'avait pas une très bonne hygiène, expliqua Siames, ignorant royalement l'ironie vu l'état de sa propre clinique, et on trouve de vraies saletés sous les ongles des gars du coin. Je le sais, je les vois passer tous les jours ! N'accepte jamais qu'un mec te paie un verre sans examiner ses doigts d'abord !
- ...

Siames s'occupa ensuite de la joue de la jeune femme, tout en continuant à faire la conversation comme si elles étaient copines depuis l'école. Les yeux d'Alyxtra vagabondèrent dans la pièce et se posèrent sur le diplôme de la médecin : "Diplôme De Docteur en Médecin", décerné à Euphonie Siames en 9 Ap. B.Y. sur Arkania. Alyx n'était pas très douée pour jauger l'âge des gens mais la médecin semblait plus jeune qu'elle de quelques années, ce qui devait lui donner entre 20 et 24 ans... Elle avait donc été diplômée très jeune, et d'une université Arkanienne en plus ! Comment une génie comme elle avait pu terminer dans une clinique minable dans un quartier mal famé, alors que la capitale Impériale ne manquait pas d'établissements privés à la renommée intergalactique ? En y réfléchissant, la sliceuse réalisa qu'on aurait pu dire sensiblement la même chose à son sujet. La vie était pleine de surprises...

- Voilà, tu es toute belle, et tu n'auras même pas mal au réveil, promit Euphonie en appliquant une dernière noisette de gel sur sa joue. Bon, pour le paiement...
- ...
- Ah non, le coup de la muette ça ne marche pas avec moi ma chérie, s'exclama-t-elle, les mains sur les hanches.

Alyxtra se rendit auprès de son sac et passa son bras à l'intérieur. Elle en ressortit le terminal portable que lui avait procuré le BSI et le serra dans ses bras avant de revenir auprès de sa bienfaitrice. Après une courte hésitation, elle lui tendit l'appareil.

- C'est tout... Ce que j'ai...
- Hum... OK, ça fera l'affaire. Dis-moi ma grande, mon assistant croyait que tu venais "acheter", mais il se plante, je me trompe ?, demanda-t-elle avec un regard suspicieux. Tu sais quoi, ne réponds pas, ça vaut mieux pour nous deux. Bon, on a tous des choses à faire et des endroits où être, je te souhaite donc une bonne nuit, au revoir, et n'oublie pas de parler de moi à tes amis !
- Je n'ai nulle part... Où aller.

Après un profond soupir, Euphonie claqua des mains et posa le terminal sur la table d'opération puis attrapa Alyxtra par le bras et l'entraîna de l'autre côté du rideau qui coupait la salle en deux. Là, elle lui donna une petite tape sur l'épaule et la poussa vers un sofa où étaient entassés des livres et des holo-zines de médecine.

- Mais c'est juste pour cette nuit ma belle, demain tu t'en vas d'accord ?
- Merci.

Alyxtra fit de la place sur le canapé, déposant avec soin les affaires d'Euphonie par terre, sur le tapis. Elle s'allongea ensuite dessus, le dos tourné au bureau de la propriétaire des lieux. Celle-ci quitta la pièce et revint deux minutes plus tard avec une tasse de café. Elle s'installa sur son beau fauteuil, puis jeta un œil dans son dos pour voir l'état de son invitée qui dormait déjà à poing fermés. Avec une expression bienveillante, elle se leva pour lui donner délicatement une couverture.
#36772
La Dahlia d'Onderon
Partie V


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L'aube pointait tout juste le bout de son nez ensoleillé lorsque Alyxtra émergea de son sommeil sans rêves. Allongée sur le sofa, elle se frotta les yeux en réprimant un bâillement. Privée de son lit à cause de sa squatteuse de patiente, Euphonie était avachie sur son bureau dans une posture pas très bonne pour le corps et qui rappela à la sliceuse ses propres excès lorsqu'elle travaillait toute la nuit. Elle retira sa couverture et se leva pour la poser sur les épaules de la médecin. Plus que la soigner et lui donner un endroit où dormir, la Twi'lek lui avait, sans le savoir, rendu un peu d'espoir.

Alyx émergea quelques minutes plus tard dans les rues de la capitale. Elles semblaient moins effrayantes à la lumière du soleil. Le trottoir était plus rempli que lors de sa mésaventure de la veille, même s'il y avait tout de même moins de monde qu'en centre-ville dans les quartiers bourgeois. Des gens fatigués rentraient tout juste chez eux après avoir travaillé de nuit aux chantiers navals tandis que d'autres se levaient pour les relayer. Elle réalisa alors que les habitants du coin n'étaient pas nécessairement tous mauvais comme le Zabrak qui l'avait agressé la veille : ils étaient certes pauvres et principalement non-Humains, mais c'était des gens comme elle qui voulaient juste mener leur vie en paix.

Elle se sentait moins mal à l'aise que d'habitude en se mêlant à cette foule matinale. Celle-ci ne lui inspirait pas le même dégoût que les individus hautains qui constituaient la population des beaux quartiers et qu'elle avait été forcée de subir la veille en sortant du spatioport. Il y avait de tout âge et toute espèce dans les piétons qu'elle croisait. Peut-être que même quelqu'un comme elle pouvait trouver sa place au sein de cette communauté hétéroclite...
Si l'on omettait la pollution, qui était particulièrement bien visible ce matin, Alyxtra pouvait même trouver du charme à la ville.

Cela faisait presque une heure que la jeune femme marchait, traînant toujours avec elle son sac abîmé, perdue dans ses pensées. Il faudrait bien qu'elle s'arrête à un moment ou à un autre. Se rendre au Bureau de l'Emploi pour recevoir une carrière "optimisée pour ses aptitudes" ne l'intéressait pas, mais elle ne voyait pas non plus comment s'en sortir seule sans connexions ni diplômes. Sur Metalorn, elle n'avait réussi à se faire engager dans une boutique de droïdes que parce que le propriétaire était une connaissance de sa mère...

Alyxtra se connecta à un terminal bancaire pour vérifier combien il lui restait sur le compte bancaire que lui avait ouvert le BSI : 1784 crédits après quelques achats au spatioport. Elle avait complètement oublié que le Bureau lui avait viré cet argent, probablement sous le coup du stress de son attaque de la veille, et avait stupidement donné son terminal flambant neuf pour payer l'intervention d'Euphonie... Embarrassée par sa gourde, elle n'oserait jamais revenir voir la Twi'lek pour lui expliquer et récupérer son ordinateur.

Sans idée concrète derrière la tête, elle se rendit dans un café holonet à l'aspect pas trop rebutant. Pour 30 crédits de l'heure, elle pouvait profiter des installations du café : une cabine privée avec un véritable terminal, pas très confortable mais assez grande pour dormir, une petite cantine avec un coin cuisine, à boire et à manger de manière illimitée, des douches, et un accès holoNetflix avec toutes les séries qu'elle avait raté pendant son année en prison. C'était très vite plus cher qu'un hôtel mais c'était surtout plus son style !

Un peu plus de deux jours plus tard...

Son compte n'affichait plus que 34 crédits. La sliceuse se déconnecta et reconnecta à plusieurs reprises pour vérifier qu'il n'y avait pas d'erreur, pourtant bien consciente que le nombre ne changerait pas. Alyxtra n'avait jamais vraiment acquis la valeur de l'argent, d'abord parce que sa famille était relativement aisée, ensuite parce qu'elle détournait des millions de crédits de manière hebdomadaire pendant sa phase HADES. Elle hésitait à dépenser presque tout ce qui lui restait dans une dernière heure de plaisir mais dut se résoudre à quitter le café avec le peu d'argent et de dignité qui lui restait.

N'était-elle donc qu'un parasite incapable ? N'y avait-il qu'en volant aux autres qu'elle pouvait gagner sa vie ? Elle aurait mieux fait de rester en prison. Là, personne ne la brutalisait juste pour exister, personne n'avait aucune attente de sa part, et mieux encore, personne ne lui adressait la parole dans sa cellule d'isolement. Ses journées étaient longues et ennuyeuses mais simples et prévisibles, alors que le monde extérieur était effrayant et compliqué ! Le reflet d'Alyxtra l'interpela dans la vitrine d'une petite boutique. Ses yeux cernés et ses cheveux mal entretenus renvoyaient le portrait d'une femme qui avait renoncé. Mais surtout, c'était l'absence d'étincelle dans son regard qui lui faisait le plus mal. Quand elle travaillait pour Blank, quand elle s'amusait à faire étalage de ses talents, quand elle brillait - elle avait cette expression espiègle dont elle était secrètement fière et qu'elle n'avait jamais montré à quiconque. Est-ce que le visage d'Illusive était mort et enterré ?

La jeune femme jeta son sac à ses pieds et y récupéra son datapad. Elle l'alluma fébrilement et se rendit sur un vieux serveur où elle avait autrefois stocké des programmes d'intrusion de sa propre création. Tant pis si le BSI la suivait à la trace ! Qu'ils sonnent l'alerte et envoient des agents à ses trousses ! Le cœur battant la chamade, elle leva un index tremblant au-dessus de l'écran. Une simple pression de ce doigt et elle pouvait reprendre ses activités illicites... Et peut-être retourner en prison. Elle ferma les yeux... Et elle sentit tout à coup quelque chose dans ses cheveux. Ses paupières se soulevèrent et elle vit dans son reflet une fleur aux couleurs magnifiques. Son centre était orange et le bout des pétales les plus écartés était jaune, créant un sublime dégradé. Elle vit par-dessus son épaule une petite dame aux cheveux argentés, qui tenait un arrangement de fleurs semblables à la sienne, lui adresser un sourire chaleureux.

- Une dahlia d'Onderon pour un cœur en peine, dit-elle d'une voix douce.

Alyxtra mit quelques secondes à interpréter ses mots. Elle laissa son bras retomber le long de son corps et lâcha le datapad sur son sac entrouvert. Une main sur la joue, elle joua avec sa propre image, les larmes aux yeux. La vieille dame ne se doutait pas de ce qu'elle traversait ni qu'elle avait failli commettre l'irréparable mais mais son empathie était bien sincère.

Un an plus tard

Cela faisait presque un an qu'Alyxtra était employée par la petite dame, une immigrée Ondéronienne qui s'appelait Iluri Mehta et qui avait ouvert une boutique de fleurs avec son mari. Depuis cette rencontre providentielle, l'ancienne détenue n'avait plus cédé à la tentative de reprendre sa vie de crime ou de se faire arrêter volontairement. Elle était encore loin d'être complètement réintégrée en société (et peut-être était-ce impossible pour une personne comme elle) mais faisait chaque jours plus d'efforts que la veille.
En arrivant au travail ce matin-là, la jeune fleuriste s'arrêta devant la vitrine pour regarder son reflet. Avec un petit sourire, Alyxtra entra dans la boutique pour commencer une nouvelle journée paisible.

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Modifié en dernier par Alyxtra Ma-Oon le mar. 7 janv. 2020 21:58, modifié 1 fois.
#36775
Ingénierie Sociale et Petites Pâtisseries
Partie I


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La nouvelle employée de la boutique "D'Onderon avec amour" commençait à être connue des clients réguliers. Ils savaient qu'elle n'était pas très bavarde et qu'il ne fallait pas trop lui en demander mais elle connaissait bien son sujet et savait conseiller de belles fleurs pour toutes les circonstances. Madame Mehta ne regrettait pas de l'avoir embauchée, d'abord à mi-temps puis de manière permanente, et ce quand bien même son mari avait du mal à supporter la jeune femme et sa timidité maladive. Le seul autre employé, un Mirialan trentenaire qui essayait de mettre de l'argent de côté pour reprendre des études, traitait la nouvelle venue avec respect mais ne faisait pas particulièrement d'effort pour socialiser avec elle, ce qui lui allait très bien.

Autant dire que l'agent qui faisait le suivi officiel de l'ex-détenue #3214 MN-0N était plutôt satisfait des visites mensuelles de celle-ci. Elle n'était pas très douée pour la conversation mais au moins elle ne venait pas avec 0.1g d'Ixetal Cilona dans le sang comme la plupart des imbéciles sous probation qu'il voyait défiler à son bureau tous les jours. Si elle continuait à se montrer citoyenne modèle encore quelques années, elle serait officiellement libre ! Mais c'était sans compter sur l'autre agent qui faisait le suivi de la sliceuse reconvertie. Argo, de son nom de code, prenait régulièrement des nouvelles de sa protégée auprès de son agent de probation. Il suivait aussi le moindre de ses déplacements et vérifiait ses interactions sur holonet, ce qui était d'ailleurs sujet de tension avec certains de ses collègues. Mais il sentait un certain potentiel dans celle qui se faisait autrefois appeler Illusive...

Ce soir-là, cette dernière était dans la petite chambre du studio deux pièces qu'elle partageait avec un Wookie, allongée sur son lit les yeux fermés, casque vissé aux oreilles. Alyxtra Maxilie Ma-Oon, car c'était elle, rentrait tout juste d'une journée de dur labeur à la boutique. Elle avait rangé son datapad au fond d'un tiroir de son bureau avant de se laisser tomber sur son matelas, épuisée et angoissée. Argo venait de prendre contact avec elle après un an de silence radio, et elle ne savait pas si elle devait répondre ou non. Il fallait qu'elle prenne une décision très bientôt car même les meilleurs somnifères ne pourraient pas bloquer ses insomnies bien longtemps !

D'un côté, tout refus de collaboration avec le BSI entraînerait automatiquement une amende de 500 crédits et le prolongement de sa liberté conditionnelle de six mois. De l'autre, accepter revenait peut-être à s'engager dans une mission dangereuse qui pouvait entraîner la cessation de ses fonctions vitales pour le restant de l'existence de l'univers, et Alyx n'était pas prête à mourir si tôt après avoir goûté à la liberté. Pour ces raisons, et quelques autres, elle n'avait toujours pas répondu au message de l'Opérateur - elle n'avait même pas touché à son datapad ou à un terminal public depuis deux jours, pour être plus précis. Et deux jours en temps holonet, c'était très, très long.



Prise d'une folie, elle l'espérait, passagère, Alyxtra venait de s'installer à son bureau et rallumer son datapad. Elle regarda l'appareil sous tous les angles, puis osa relire le message de l'Umbaran. Une fois, deux fois, trois fois... Le contenu n'allait pas changer, et elle le savait pertinemment. Elle commença à répondre, lisant à voix haute ce qu'elle écrivait...

- Monsieur Argo, je suis désolée d'avoir mis du temps à répondre mais j'étais très occupée ces derniers jou... Attends, "Monsieur" Argo ? Non. Agent Argo, c'est mieux. Je suis sincèrement désolée mais je n'ai pas trouvé le temps de... Mais non, il sait très bien que je ne fais rien de mes soirées ! Mrwhhra !, s'exclama Alyx en jetant son datapad contre le mur.
- Oa'wocao akrac rhahwowhaoao wwahwhah oawo rhoohuoarawh ? Sh'woccraahwo wawo wwahwhahrc scra akwoahwhaohurcwo ra an'achuahanwo wowh cahanwowhoawo !, hurla Worhkshukt, son colocataire, à travers le mur tout fin qui les séparait.

Les babioles sur le bureau de la jeune femme tremblèrent sous la puissance du rugissement du Wookie, et elle s'excusa timidement en promettant de ne plus faire de bruit. Pas besoin de comprendre le Shyriiwook pour deviner qu'il ne voulait pas être dérangé.



Bien sûr, elle savait déjà à ce moment-là quelle serait sa réponse. Sa brève intervention sur Ord Mantell lui avait montré qu'elle était capable des mêmes prouesses que les héroïnes des holofims qu'elle regardait quand elle était petite. Il y avait quelque chose qui manquait à sa vie. Autrefois, elle avait comblé ce vide en travaillant pour HADES, le groupe de pirates le plus prolifique de ces dernières années (déjà tombé dans l'oubli et remplacé). L'excitation qu'elle ressentait alors, que ce soit en détournant des millions de crédits sur holonet ou en s'infiltrant dans l'usine de MantelDroids, n'avait pas d'égale... C'était comme une drogue, une drogue à laquelle elle avait renoncé un an plus tôt. Elle allait peser le pour et le contre toute la nuit, chercher des prétextes pour éviter de dire oui, se descendre le moral dans le miroir, et finalement, accepter de rencontrer Argo dans son restaurant familial. Comment pouvait-on lui en vouloir ?

Deux jours plus tard

Alyxtra rangea son tablier dans son casier personnel et troqua ses vêtements de travail pour une tenue plus adaptée aux sorties le soir. Dans un élan d'inspiration et de confiance qui commençait à s’essouffler, elle avait acheté une robe noire, une petite folie qu'elle n'arrivait pas à justifier. En croisant son employée qui se faisait belle dans un miroir, madame Mehta leva deux petits poings excités, un sourire d'encouragement au visage.

- On voit quelqu'un, ce soir ?, lança-t-elle gaiement.
- ... Mais non, c'est juste... Non..., répondit maladroitement une Alyx aux joues bien pourpres. Elle regrettait déjà !
#36790
Ingénierie Sociale et Petites Pâtisseries
Partie II


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L'Arctic Wampa était situé dans les quartiers huppés de la capitale, dans une grande tour illuminée. Les deux derniers étages ainsi que la terrasse sur le toit, dont l'accès était réservé à l'élite des VIP, étaient entièrement consacrés au club. Ce n'était pas le genre d'établissements que fréquentait la jeune femme mais pour être honnête cette description s'appliquait à l'ensemble des lieux de rassemblement social de la galaxie. Elle doutait que ce soit vraiment au goût d'Argo, mais peut-être que l'Umbaran était plus festif que son apparence toujours austère ne le suggérait... A moins qu'il ait une raison derrière la tête pour organiser leur rencontre ici.

Alyxtra fut soulagée en constatant qu'il n'y avait pas de file d'attente avec videurs à l'entrée du club. Faire la queue une demie-heure minutes pour se faire refouler n'entrait pas dans sa définition d'une bonne soirée. Les locaux n'étaient pas encore très remplis, peut-être parce qu'il était très tôt ; terrifiée d'arriver en retard, elle venait toujours une bonne heure à l'avance lorsqu'elle avait un rendez-vous qu'elle ne pouvait pas esquiver (ce qui arrivait une ou deux fois par an). Il y avait quand même une demie-douzaine de personnes sur la piste de danse, et un peu plus du double réparti entre les tables ou le bar. C'est vers celui-ci que se rendit la jeune femme, s'installant sur un tabouret en bout de comptoir et déposant son sac à dos sur celui de gauche pour réserver une place à Argo.

- Qu'est-ce que je vous sers, mademoiselle ?, lui demanda un droïde serveur.
- Est-ce que tu as quelque chose sans alcool, s'il te plaît ?, répondit Alyx en plissant les yeux pour lire les consommations en petites lettres qui étaient listées au-dessus du bar.
- Puis-je vous suggérer notre cocktail sans alcool maison à la Mangue de Naboo ?

Elle accepta la recommandation d'un simple hochement de tête. Pendant que le droïde lui préparait son cocktail, la jeune femme examina les lieux plus en détail. Les murs étaient recouverts d'écrans qui diffusaient de la publicité ou des clips musicaux. La musique lui plaisait et avait surtout le bon goût de ne pas être trop forte en dehors de la piste de danse. Elle appréciait aussi les arbres et les plantes holographiques qui décoraient la grande salle. Levant les yeux au-dessus d'elle, Alyxtra vit les balustrades du deuxième étage et aperçut derrière elles des tables de jeu, des machines à sous, ainsi que loges privées.
Le droïde lui apporta sa concoction alors qu'elle avait toujours le nez en l'air. Il glissa délicatement un long verre rempli d'un liquide orange avec une petite ombrelle bleue. Après avoir remercié le serveur, Alyxtra but une petite gorgée avant de sortir son datapad et chercher un moyen de passer le temps en attendant 20h...

- Je peux m'asseoir ?, tenta un jeune homme en s'approchant d'elle. Il n'attendit pas sa réponse pour retirer son sac et s'installer à côté. Droïde, un Gargle Blaster Pan-Galactique avec des glaçons. Et dépêche !
- ...!

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Modifié en dernier par Alyxtra Ma-Oon le mar. 7 janv. 2020 20:50, modifié 2 fois.
#36813
Ingénierie Sociale et Petites Pâtisseries
Partie III


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Le jeune homme, un Humain au milieu de sa vingtaine, rapprocha son tabouret d'Alyxtra. Pour gagner du temps, celle-ci avala une nouvelle gorgée de son verre, le nez en l'air et les yeux fermés. Comment faire fuir cet impertinent ? Elle n'avait aucune expérience en matière de garçons qui venaient l'aborder. S'imaginant à la place de l'héroïne d'un des jeux en réalité virtuelle qu'elle jouait sur holonet, elle envisagea quatre réponses possibles :

1. [ L'ignorer ]
2. [ Lui jeter mon verre au visage ]
3. J'aimerais que tu me lâches.
4. Dégage, tu commences à me saouler.

Malheureusement, l'option 1 risquait d'énerver le mâle impatient. L'option 2 avait des débouchés plutôt dangereux et le dernier point de sauvegarde d'Alyx remontait à sa naissance, autant ne pas courir le risque. La 3 demandait trop de points de persuasion et risquait de provoquer un échec critique. Quant à la 4, c'était une option "Pragmatique" qu'elle n'avait pas encore débloqué. Le regard insistant et dérangeant du gaillard la força à trouver une réponse en vitesse. Sa bouche ne put que formuler un malheureux mixte des deux phrases que son cerveau avait trouvé, incapable de se décider sur une seule.

- J'aimerais que tu me saoules. Un silence gêné s'installa pendant que son voisin réfléchissait, une expression perplexe au visage. Avant qu'il ne puisse interpréter sa maladresse comme une façon de dire "Commande moi un verre", elle agita ses bras devant elle en ajoutant précipitamment, les yeux toujours fermés :
Euuh, non..! Non, lâche... Moi ! D-Dégage ! ..!
- Wow. Juste... Wow.

Il se leva en emportant son verre avec lui, lâchant un "Tu pouvais juste dire non, tarée" suffisamment fort pour qu'elle puisse l'entendre. La jeune femme lâcha un profond soupir de soulagement avant de pousser son cocktail sur le côté et s'enfoncer la tête dans les bras. Elle était encore dans cette position lorsque Argo la trouva au bar trois quart d'heure plus tard.

- Et bien, si ma proposition te déprime à ce point, peut-être qu'on devrait annuler ?, plaisanta-t-il en s'installant sur le siège vacant.

Alyxtra redressa sa tête brusquement alors que l'Umbaran interpellait le droïde pour commander à boire. Contrairement aux trois semaines où elle l'avait côtoyé sur Ord Mantell, presque un an plus tôt déjà, il était habillé en civil. Décontracté mais résolument élégant, il n'avait aucun mal à passer pour un client ordinaire - ce qu'il était très loin d'être. Elle croisa les yeux légèrement amusés de l'agent et se rendit compte qu'elle était en train de l'examiner depuis plusieurs secondes. Gênée, elle s'empara de son verre désormais tiède et but cul sec ce qu'il en restait. Dans sa précipitation, elle avala de travers et bava sur le comptoir, le visage empourpré par la honte.

- D-Désolée, j'ai-J'ai fait unemauvaiseren... Contre..., balbutia-t-elle en essuyant précipitamment le bar avec la manche de sa robe neuve.
- Ah bon ? Je suis désolé, je pensais qu'on arriverait en même temps. Merci, s'excusa-t-il en attrapant le verre que lui tendait le serveur.
- ... Non, c'est ma faute..., se lamenta Alyx.
- Hum...

Après avoir contemplé la couleur de son propre verre, une bière sans alcool aux arômes de rwby (un fruit très amer importé depuis Dxun), l'agent en goûta le contenu en silence. S'il était satisfait par le goût, il ne le manifesta pas. Croisant les mains sur le comptoir, il concentra son regard sur le droïde qui était en train de nettoyer des verres, essayant de mettre à l'aise sa taciturne acolyte potentielle.

- Pourquoi es-tu venue ce soir ?, l'interrogea-t-il brusquement, toujours sans la regarder directement.

La sliceuse retourna la question dans tous les sens, l'analysa, la répéta, et chercha la réponse qui saurait satisfaire l'Opérateur. Même une nuit blanche n'avait pas été suffisante pour trouver une réponse définitive... Si on y réfléchissait de manière rationnelle, Alyxtra n'avait rien à gagner en collaborant avec le Bureau. Elle pouvait tout à fait payer sa dette à l'Empire en réintégrant la société honnêtement, ce qu'elle faisait avec un succès modéré depuis quelques mois désormais. Sa vie était simple mais satisfaisante : elle se levait tôt le matin pour travailler dans un environnement qui la plaisait, elle rentrait tard le soir et mangeait de bons petits plats préparés avant de s'endormir devant une série sur holonet... Et recommençait le lendemain. Une vie prévisible et parfaitement adaptée à une personne comme elle.

Et pourtant... Au fond, elle en voulait plus mais n'osait se l'avouer. Ce n'était pas pour accumuler des crédits facilement qu'elle avait escroqué des gens puis des corporations entières sur holonet, d'abord en solo puis sous l'égide de HADES. C'était pour prouver sa valeur à un monde qui l'avait injustement ignorée toute sa vie.
"Regardez-moi. J'existe. Je suis là.", prouvait Illusive chaque fois que ses exploits passaient dans les médias. Les compliments que lui faisaient ses pairs ainsi que leur approbation, y compris de Blank avant que son identité ne lui soit usurpée, nourrissaient d'avantage son bien-être que son égo. Elle retrouvait un peu ça à la boutique de fleurs, mais ce n'était pas sa vocation. S'interdire de slicer, c'était comme se retenir de respirer... C'était contre-nature et ne pourrait durer qu'un temps.

- Je sais ce que je veux... Mais je ne sais pas si... Quelqu'un comme moi...

Les mains sur son verre, qu'elle faisait tourner doucement en en contemplant le fond, Alyx déglutit avant de se murer dans le silence, laissant sa phrase en suspend.
#36857
Ingénierie Sociale et Petites Pâtisseries
Partie IV


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Le club commençait doucement à se remplir, et quelques personnes s'étaient installées sur les tabourets proches. Argo but une nouvelle gorgée de son verre en silence tandis que sa voisine contemplait l'idée de se lever et de s'en aller. Que pouvait-il répondre à ça ? Alyxtra se sentait stupide et se mordilla les lèvres. Elle allait s'excuser et partir lorsque l'Umbaran reposa sa bière et joignit les mains.

- Qu'attends-tu de moi ? Je ne peux pas choisir à ta place. Si tu veux quelque chose, demande le. Ne reste pas passive en espérant que les autres te prennent en pitié, dit-il franchement mais sans méchanceté.

C'était dur mais juste. La sliceuse laissa échapper un petit rire nerveux avant de se tourner vers l'agent, qui la regardait maintenant dans les yeux. Les siens étaient argentés, comme ceux d'Alyx lorsqu'elle ne portait pas ses verres de contact, et l'observaient avec ce calme qui le caractérisait tant. Par comparaison, ceux de l'Humaine étaient fuyants, comme s'ils avaient honte de leur existence.

- Je... Je veux travailler pour vous, admit-elle finalement après une courte hésitation. Et je suis... La meilleure dans ce que je fais.
- ...

Pour une fois, c'était Argo qui répondait par le mutisme. C'était gênant, et la jeune femme commençait à craindre qu'il avait changé d'avis en voyant à quel point elle était indécise. Mais elle avait au moins le mérite d'être absolument sérieuse et confiante quand elle disait être la meilleure dans son domaine. Un artisan a sa fierté, de même qu'une sliceuse. Le regard de cette dernière avait changé l'espace d'un instant, sincère et confiant de ce qu'elle énonçait comme un fait. C'était le même regard qu'il avait cru apercevoir sur Ord Mantell à l'issue de leur mission. Était-ce de l'arrogance ? Le potentiel qu'il pensait avoir décelé en elle risquait-il de ne pas se manifester comme il l'espérait ?

- Très bien. Désormais, considère-toi officiellement Informatrice du BSI, lui dit son Opérateur en lui tendant une main amicale qu'elle serra doucement avec un mixte de soulagement et de surprise, ainsi qu'une pointe d'embarras en repensant à ce qu'elle venait juste de dire. Suis-moi.

Il laissa un généreux pourboire sur le comptoir et entraîna sa nouvelle partenaire vers un ascenseur, esquivant les danseurs égarés et les droïdes qui transportaient des plateaux couverts d'alcools hors de prix. Ils empruntèrent l'ascenseur avec trois autres personnes, un couple de beaux Twi'leks très tactiles avec une dame très élégante dont les bijoux et les vêtements coûtaient probablement aussi chers que dix ans du salaire d'Alyx. Elle essaya de ne pas trop les regarder mais ne fut pu retenir un coup d’œil furtif sur les deux hommes dont les muscles saillants se devinaient sous le t-shirt. Les joues roses, elle fut la première à descendre quand ils arrivèrent à l'étage, suivie par Argo tandis que les trois autres occupants de la cabine continuaient leur ascension vers la terrasse et ses loges privées.

- Tu sais jouer au sabacc ?, demanda l'Umbaran en la guidant vers une table de jeu où étaient installés cinq joueurs entourés par le double de curieux. Ils s'arrêtèrent à quelques mètres, suffisamment près pour voir les cartes et le faciès de leurs propriétaires. Alyxtra secoua la tête, curieuse de la tournure que prenaient les évènements. Clarity Zedd est un excellent joueur, dit-il en désignant un homme aux cheveux grisaillant et bien coiffés, vêtu d'un beau costume avec une cravate rouge. C'est aussi un criminel notoire qui a évité la prison parce qu'il a des relations où il faut. Le BSI connait très bien ses activités et a les moyens de l'arrêter, contrairement à la police locale, mais nous préférons le garder sous la main car on le soupçonne de tremper dans une opération de contrebande à très grande échelle et dont le leader nous échappe depuis deux ans.

Les adversaires de Zedd poussèrent une exclamation de frustration commune lorsque celui-ci remporta la mise de la manche en cours et la bagatelle de 20.000 crédits. Le public était partagé entre ceux qui étaient époustouflé et ravis, ou dégoûtés et dans le déni ; respectivement ceux qui avaient bien et mal parié sur l'issue de la partie. Le seul joueur non-Humain, un Rodien à la mine patibulaire, manifesta sa colère en jetant son chapeau par terre avant de l'écraser pendant que le grand gagnant rassemblait ses gains avec un petit sourire en coin.

- D'après notre enquête, il ne sait rien que nous ne savons pas déjà, c'est pourquoi il n'est pas prévu de l'interroger. Nous préférons lui laisser croire que personne ne s'intéresse à lui. Ce qu'il faut savoir sur les criminels, c'est qu'ils finissent toujours par baisser leur garde et commettre une erreur qui les fait tomber... Mais tu le sais déjà.

Alyxtra se frotta la nuque en repensant à ce jour fatidique où des stormtroopers avaient fait une entrée fracassante dans sa boutique. En y repensant, Argo avait raison : il avait suffit d'un rien pour que, du jour au lendemain, Illusive l'insaisissable tombe dans le filet du BSI.

- Ce soir, observons-le un peu. Plus tard, je voudrais que tu reviennes ici et que tu le surveilles de loin.
- ... C'est tout ?, demanda Alyx, craignant qu'il y ait un piège.
- C'est tout. Tu es libre de le faire quand tu veux et à la fréquence qui t'arrange. Pour être honnête, Zedd est loin d'être la piste la plus importante que nous ayons sur le réseau de contrebande. Mais le Bureau n'écarte jamais une piste potentielle.
- Juste... Observer ?
- Nous savons tous les deux quel est ton point fort. Si tu estimes que c'est nécessaire, tu as ma permission pour slicer notre ami Zedd... Mais ne prends pas de risques. Il pourrait se douter de quelque chose, et tu serais alors en danger.

Les bras croisés, la nouvelle prestataire du Bureau observa le malfrat. Il avait deux cicatrices, une à l'oeil et à la bouche, et était rasé de près. Zedd n'en avait que pour ses crédits et n'avait pas remarqué le couple qui regardait la partie de loin. Il ne donnait pas l'impression d'être quelqu'un de très bienveillant...

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