L'Astre Tyran

[Hayley Curwee]

Son entrevue avec Jim Antilles avait duré un sacré bout de temps, elle était arrivée en milieu d'après-midi et voilà qu'ils se retrouvaient en début de soirée, jugeant qu'elle avait assez abusé de son temps, et passablement fatiguée par la journée et le voyage qui l'avait mené jusqu'à Corellia, elle se décida a rejoindre l'appartement qui avait jadis été le sien et celui de son père, c'est là que Miriana était sensée l'atteindre, bien que la grincheuse semblait tentée par une balade dans les rues de Coronet afin de retrouver certaines relations de son métier. Cela faisait un moment que Hayley n'avait pas eût de nouvelles de Tulkas Malabane et elle s'en inquiétait légèrement bien qu'elle savait que le Barabel n'était pas le genre a envoyer des messages toutes les cinq secondes. L'air était frais et elle sentait cette fraîcheur malgré l'épaisseur de sa robe de bure verte émeraude, elle patienta a l'arrêt d'un monorail et réfléchit quelques instants : elle n'avait pas spécialement envie de retourner tout de suite a son logement situé en Secteur Bleu. Elle ne se sentait pas assez fatigué pour aller dormir, ni d'humeur a s'adonner a la méditation c'est donc finalement une troisième possibilité qui l'emporta, une chose qu'elle n'avait fait depuis un certain temps : sortir, elle projetait d'aller déguster un peu d'alcool corellien dans un bon bar comme seule la capitale savait en offrir. Elle avait décidé de se permettre quelques entorses a son ascétisme et monta finalement dans le monorail qui le conduirait vers le centre-ville, une fois arrivée, elle trouverait bien un endroit convenable où passer un bon moment.

Après une petite quinzaine de minutes passées dans de bonnes conditions (malgré quelques coups d’œils insistants de badauds interloqués par la tenue de la jeune femme), elle parvint a destination, elle trouva là un petit bar a l'ambiance assez accrocheur, bien plus engageant que la plupart des établissements qu'elle avait fréquenté jusqu'alors. Elle ne prêta pas attention au nom du pub (HRP : en faite j'ai juste pas d'idées de nom) mais s'y aventura, la lumière était omniprésente et les mines réjouies des gens qui partageaient des conversations semblait indiquer une joie de vivre retrouvée pour une Corellia qui avait été longtemps brisée et martyrisée mais qui avait finalement recouvrée la liberté. Elle s'avança en direction du comptoir et prit place a cet endroit sur un haut tabouret en bois finement ouvragé, le décor avait sans nul doute un certain charme artisanal qui rappelait un temps ancien d'où la technologie était peu développé. Une barmaid souriante vint a sa rencontre et l'interrogea sur ce que la jeune femme prendrait, après un long moment de réflexion qui lui permit de remarquer un manque de patience certain chez la jeune femme, elle se décida a commander un vin blanc corellien qui lui fût servit sans encombres.

Elle resta a admirer la flûte posée sur le comptoir pendant peut-être cinq a dix minutes sans trop savoir quoi faire. La robe du liquide était belle et une odeur sucrée s'en dégageait. Elle aurait pût passer un long moment comme ça a regarder le liquide, mais elle se décida finalement a se saisir de la flûte et a la porter a ses lèvres, l'alcool glissa alors instantanément jusqu'à l'intérieur de sa gorge et elle ressentit une brûlure agréable a cet endroit. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait bu de l'alcool et cela se traduit instantanément par un léger engourdissement de ses sens. C'est ce moment que choisit la clochette pour sonner, trahissant l'entrée de nouveaux clients. Détournant son regard de la flûte la jeune femme fixa la personne qui rentrait et elle reconnut presque instantanément ce regard bleuté qui rehaussait un visage fin aux cheveux bruns attachés en une queue de cheval. C'était la jeune femme qui avait prononcé un discours au Restoration Day lorsque Hayley était arrivée sur la Senate Plaza. Elle lui sourit et se rendit compte finalement de l'air un peu niais qu'elle devait avoir, en effet, jamais la Jedi et l'autre jeune femme n'avait eût d'interactions, elle reporta donc son attention sur sa flûte qui était presque vide et chercha quelque chose d'intéressant pour occuper son esprit. Dans les reflets des vitres elle pouvait apercevoir quelques couples de tout âges discuter, rire, voire même s'embrasser et cela la renvoyait a sa propre solitude, elle choisit de se désintéresser de ce sujet aussi vite qu'elle l'avait trouvé. La jeune femme prit place dans le tabouret a côté d'elle et commanda elle aussi de l'alcool, Hayley, bien qu'intimidée, se décida finalement a essayer d'ouvrir une conversation avec elle :



« Chouette discours que vous avez fait lors du Restoration Day. J'étais sur la Senate Plaza et je n'aurais échangé ma place pour rien au monde avec la vôtre, mais vous avez réussi a affronter tout ce monde avec brio. »


Elle n'osa pas la regarder dans les yeux, de peur de se rendre ridicule et elle préféra attendre une réponse qui – peut-être – ne viendrait jamais.

[Ethea Daklan]

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Nash Zirfyn
Ethea Daklan [/table]

La journée avait été rude. Pas de temps de pause, une cadence infernale et de l'eau comme seule guise de récompense... De l'eau. Trois dossiers saturés de textes tous plus abstraits les uns que les autres, à communiquer en urgence aux instances Coruscanti, avec deux fois moins de personnel qu'à la normale. Et seulement de l'eau, pas même un cocktail de jus de fruit. De surcroît, personne dans les locaux n'avait évidemment le temps nécessaire pour passer commande. Daklan ne détestait pas être sous pression, elle avait simplement quelques difficultés ces temps-ci. Elle essayait tant bien que mal de ne pas céder au chant des sirènes chaque soir, évitant coûte que coûte de s'enivrer durant ses temps libres. Son manque certain de discernement l'empêchait d'y réfléchir, de savoir si l'ennui était le seul moteur de cette tentation, ou si il se cachait autre chose derrière ses envies d'alcool.

La Corellienne sortit tard du bâtiment administratif, presque trois heures après la fin théorique de sa journée. Peu de personnes avaient décidé de l'accompagner dans cette extension de créneau, mais quelques uns restèrent encore après son propre départ. Ses pensées restaient dirigées sur son travail pendant quelques temps, avec l'analyse de quelques notes sur son datapad, avant de détourner son regard de l'écran vers le paysage qui s'offrait à elle. L'environnement urbain de Coronet l'avait manquée, décor qu'elle trouvait différent de celui de Coruscant sur certains points. Cette ville avait un cachet particulier, et elle ne saurait dire si cela n'était dû qu'à une certaine nostalgie qui lui était propre. Elle aimait à penser qu'il en était tout autre.

Un vrombissement de plus en plus fort dénota l'approche d'un vaisseau près de Daklan. Un airspeeder, avec Zirfyn à son bord, s'arrêta devant elle.

Allez, zou, on embarque.

La belle fronça un sourcil et arqua l'autre.

Que fais-tu ici ? Je ne t'ai pas appelé.

J'ai demandé à tes troufions de m'avertir de ton départ.

Ce ne sont pas mes "troufions".

Ouais ouais. Bon, tu montes ou je t'accroche à l'arrière du vaisseau ?

Elle soupira légèrement puis s'installa à côté de son pilote. L'engin grimpa dans les airs pour se stabiliser à une altitude dépassant presque les plus hauts bâtiments de la capitale. La jeune femme pianotait à nouveau sur son datapad, toujours dans la volonté d'avancer le travail et de minimiser le retard. On l'avait principalement appelée sur Corellia pour assurer un renfort face à la transmission de données prioritaires entre son monde natal et la planète capitale. Devant la pleine effervescence engendrée par les flux importants d'informations, elle avait été prévenue de la pénibilité d'une telle tâche, mais elle s'y résigna sans vraiment s'y résigner. Retourner sur Corellia ne pouvait que la contenter, qu'importe le motif.

Nash brisa le silence qui s'était installé depuis le début du trajet.

Tu veux bien éteindre ton bidule ? Le boulot peut attendre jusqu'à demain.

Pleinement concentrée sur les lignes qui s'affichaient sur son écran, Ethea ne fit pas attention au propos de son aîné. Ce dernier haussa le ton après un temps d'attente.

Hé ho, tu te décides à le finir ton jour de travail ? 'Faut que je t'aide peut-être ?

Toujours aucune réponse de la part de Daklan à ce nouvel appel. Il saisit alors le datapad des mains de sa propriétaire et le jeta hors de l'embarcation. La Corellienne se mit à vociférer.

Non mais ça va pas !? Tu viens de ruiner dix heures d'analyse en 3 secondes.

Ça va ça va, on a tout le temps maintenant pour aller faire le deuil de ton machin dans un bar.

Non Nash, tu me ramènes à l'hôtel. Il faut que je dorme cette nuit, j'ai un job à accomplir ici.

Bon bon, je paye tous les frais d'alcool alors.

C'est toujours non.

Le vieux Corellien immobilisa le vaisseau dans les airs puis regarda sa cadette. Tous deux se fixèrent dans le blanc des yeux pendant de longues secondes, au bout desquelles le conducteur décocha quelques mots.

Ose me dire que t'en as pas envie, là maintenant.

De quoi parles-tu ?

De boire comme un puits sans fond, gourdasse !

Elle ne pouvait le contredire, ce qui la maintint dans son mutisme pendant un court instant.

Ce n'est pas le moment pour ça, tu le sais.

Non, moi ce que je sais, et ce que tu ignores certainement, c'est que la plupart des bars qu'on fréquente viennent de recevoir la nouvelle cuvée de rhum.

Le silence s'installa brièvement avant que le long soupir et le ton bien plus dissipé de la belle ne semblât révéler son abandon face à la situation.

Tu fais chier Nash.

Un bref sourire s'esquissa sur la figure du baroudeur, qui fit de nouveau avancer l'appareil. Ethea leva l'index comme pour demander la parole.

Mais je te suis que si c'est toi qui conduis au retour.

Non non non, on le fait à ma manière pour savoir qui devra diriger le carrosse à la fin.

Alors tu me forces la main pour aller boire, et en plus de ça j'ai même pas le droit de me saouler tranquille ?

C'est pas ça qui va t'arrêter je pense.

Daklan pesta légèrement puis reprit.

Bon, et quelle est ta méthode ?

On aura chacun une certaine somme, disons euh...

Le bougre fouilla alors dans le sac à côté de son siège pour en tirer quelques plaques de crédits.

500 crédits. On va où on veut pour dépenser ce fric en alcool. Après une heure de temps, on se retrouve sur la petite place habituelle et on verra bien qui sera le moins bourré de nous deux, autrement dit le grand perdant qui se farcira de la flotte pour le reste de la soirée pendant que l'autre se paiera une belle mine.

Je choisis le Yippee Ki-Yay.

Alors ça, t'y penses même p...

Je prends le Yippee Ki-Yay, sinon je dis au patron que c'est toi qui avais pissé dans sa...

Woookay, d'accord, n'en parlons plus, j'irai cuver dans un autre bar en attendant.

L'airspeeder partit alors en direction du Yippee Ki-Yay.

L'enseigne et la façade lui semblaient avoir vieilli depuis sa dernière visite, tout en ayant conservé leur authenticité. La Corellienne entra puis sonda la pièce du regard, comme si elle découvrait les lieux, l'air jovial. Une femme installée au comptoir lui adressa un sourire. Elle n'arrivait pas à mettre un nom sur ce visage, pas plus qu'un souvenir, mais ne tenta pas d'explorer davantage sa mémoire pour simplement s'avancer près de l'inconnue, et à fortiori vers le comptoir. Le patron qui l'avait vue entrer du fond de la salle demanda à un de ses employés d'aller prendre la commande de Daklan. Si le rhum était le premier choix qu'elle aurait fait en temps normal, il fallait qu'elle se ménage cette fois, attendre que la substance agisse progressivement. L'alcoolique le plus entraîné qu'elle connaisse lui avait lancé le pari fou de le battre, la préparation à l'ingestion massive du liquide enivrant devait être particulièrement strict pour essayer d'y parvenir.

Elle commanda donc une simple bière et se tourna vers l'inconnue de tout à l'heure qui venait de lui adresser la parole. Son interlocutrice la fuyait du regard mais semblait sincère dans ses propos. Son petit monologue lors de la grande inauguration sur Coruscant avait censément plu à certains, ce qu'elle ignorait jusqu'alors. Un bref sourire se dessina sur ses lèvres avant qu'elle ne lui répondît.

Merci. Lorsque je l'ai prononcé, il régna un calme qui m'avait semblé étrange. Grâce à vous, je sais qu'au moins une partie de l'auditoire ne dormait pas et était bien attentif à ce moment-là.

Daklan agrippa la bouteille qu'on lui avait apportée, en but une gorgée et prit ensuite un ton interrogatif.

Et au delà des proclamations, avez-vous pu pleinement profiter de cette "grande" journée ?

Ah, et il semblerait que vous ayez une longueur d'avance sur moi ; vous connaissez mon nom mais je ne connais pas le vôtre. À qui ai-je l'honneur ?

Restant tournée vers la dame, elle l'observait avec un brin de curiosité dans le regard.