L'Astre Tyran

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Figurant parmi les mondes les plus connus de toute la galaxie, Corellia est pour beaucoup synonyme de technologie et de voyage spatial. Pour d'autres cette planète est le symbole des fauteurs de trouble et de tout ce que l'univers compte de hors-la-loi.
Gouvernement : Affinités avec Nouvelle République - Indépendantiste
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By Hayley Curwee
#29498
    S’autoproclamer pyromane ne vous donnait pas forcément les compétences pour maîtriser explosions et feux. C’était peu ou prou la réflexion que se faisait Hayley alors qu’Althar se débattait contre la réalité, comme un saumon se débat contre le courant d’une rivière :

      - Je me plaisais, Mademoiselle ... ? Je me plaisais, jusqu'à que vous parliez ... Vous vous jouez de moi, n'est-ce pas ? Je suis juste un pauvre Prince avec qui on s'amuse pour passer le temps, parce qu'on a que ça à faire pendant une heure ... Bien sûr, comme tous les autres, comme sur Têta ... Ils se prétendent mes amis mais ils se moquent de moi, je le sais. Je le vois. Je l'ai vu là, avec vous deux. Bien sûr que vous vous moquez, parce que vous êtes plus grandes, parce que vous avez vos petits copains et que je ne suis qu'un enfant. Vous rigolerez bien demain, avec vos petits amis et vos classes kuati face à ce petit gosse venu de loin. Et bien non. je suis un Prince, et je ne veux pas me marier de toute façon. Je suis trop jeune pour ça !


    Si il y avait bien quelque chose qui rassemblait les soeurs à cet instant, c’était la réaction qu’elles avaient toutes deux à ces pleurnicheries. Le pauvre petit bout réalisait seulement le piège dans lequel ses parents avait consenti à le mener et voilà qu’il s’en émouvait ? A quoi servait son précepteur si ce n’était le former à cela, à considérer qu'à l’extérieur de son palais béni des dieux et adulé par le regard des hommes, il aurait à se défier des dangers qu’il incombait à sa position ? Qu’il serait la cible des envieux et des méprisables, qui chercheraient toujours à travers lui à s’élever ? Pourquoi ne rien lui dire de tout cela ? Pourquoi ne pas le former au Jeu ? Par idéologie ? Conserver sa candeur était-elle une bonne chose en soi ? L’obliger à se retrouver le dindon d’une farce dont il ne prenait conscience que tardivement lui apportait quoi au juste ? Pourtant, elles avaient toutes deux leurs singularités vis à vis du Prince, ainsi le mépris que Nan’la vouait à cette petite chose n’en sortait que renforcé, quant à Hayley, elle ressentait une pointe de satisfaction sous-jacente dans le fait que l’aiguillon qu’elle incarnait avait piqué assez fort pour déclencher une réaction au Prince. Après tout, n’avait-elle pas joué la carte de la provocation depuis le début rien que pour ça ?

    Aucune n’osa prendre la parole, pourtant. Hayley se contentait de lever sa clope, la portant à ses lèvres pour relâcher une fumée légère, parfois par la bouche, parfois par le nez, un léger sourire aux lèvres. Nan’la, elle, se tenait immobile, cherchant une solution pour rétablir la situation qui avait prit une tournure des plus désagréables, à tel point qu’elle en venait à considérer d’utiliser une stratégie assez simple : créer le manque. Elle n’eût toutefois pas le loisir de s’interroger plus sur cela, car il semblait que le silence lourd qui s’était installé aussi durement qu’une chape de plomb, car le précepteur du jeune garçon venait de pénétrer dans la pièce et il fallait reconnaitre qu’il était imposant. Si Hayley avait esquissé un geste pour dissimuler sa cigarette au début, lorsqu’elle fût sûre que seul le chagrien avait passé la porte elle retint son mouvement, continuant à fumer aussi ostensiblement que si la présence du chagrien ne l’avait pas gênée. Il s’était rapproché et tâchait de savoir où se trouvait le Prince :

      - Un Majordome m'a dit vous avoir vu entrer ici. Je commençais à m'inquiéter, où est le Prince ?

    Un simple regard des deux soeurs lui indiquait l’emplacement du précieux Prince :

      - Dois-je comprendre que cela ne se passe pas bien ? Jeune fille, votre discrétion est largement discutable, si c'est ce que vous souhaitez vraiment. Donc je vous prierais de me rendre ce cancer ambulant, parce qu'il vous rongera plus qu'autre chose.

    Et une main tendue devant Hayley, qui lui signifiait clairement que cette fois-ci, les conneries c’était fini et qu’un peu d’ordre serait le bienvenue dans son comportement. Elle regardait longuement la main sans réagir, aussi le chagrien crût bon d’embrayer :

      - Et non ça ne fait pas cool, ça fait juste puant. Comme cette odeur désagréable. Et quant au Prince, je ne sais pas ce que vous lui avez fait, mais il n'y avait nul besoin de le renvoyer je ne sais où si vous ne vouliez pas le rencontrer. La famille royale sait écouter quand il le faut, il suffisait de s'exprimer. Je vous prierai donc de ne pas vous en prendre à lui, et de vous montrer digne de votre rang et de celui en votre présence. Il reviendra vous parler quand il se sentira prêt. Me suis-je fait comprendre ?
      - Vous vous êtes tout à fait bien comprendre.


    La peste avait détaché presque chaque syllabe, insistant sur chacune d’entre elle pour les désarticuler tout en lançant un regard plein de défi au précepteur. Alors qu’elle soufflait une dernière fois sa fumée en plein dans la face du chagrien, elle exhibait un léger sourire en coin, écrasant sa cigarette sur le bureau du patriarche. Eh oui ! Il avait eu beau avoir droit à un geste de sympathie de sa part, n’en restait pas moins qu’elle refusait de se faire contrôler, que ce fût par lui ou par un autre. Pas de victoire avec elle, seulement la promesse d’une désobéissance à anticiper, hélas. Visiblement il était impossible d’obtenir quoi que ce soit d’elle, aussi après un dernier regard vers Althar, le chagrien quitta la pièce, les laissant tous les trois à nouveau seuls.

    Nan’la, elle, saisit le moment pour essayer de regagner le coeur d’Althar. D’un petit pas, elle s’avança vers le jeune homme, un brin tremblante, n’osant pas le regarder en face alors que le chemin qu’elle faisait vers lui semblait être un véritable chemin de croix. Elle soupira comme si tout les soucis de la galaxie reposaient sur ses épaules, puis finalement elle prit la parole d’une voix où l’on sentait qu’elle était concernée par la gravité de la situation :

      - Mon Prince, je suis tellement désolé d’avoir été une telle déception à vos yeux. J’aimerais que tout recommence sur de nouvelles bases, de bonnes bases, sans le poison que ma soeur a déversé sur tout nos moments.


    Elle baissa les yeux au sol, attendant une réponse…

    ...qui ne vint jamais. Alors elle comprit, elle était grillée, le plan de sa soeur, ce sabotage méthodique avait porté ses fruits et elle avait échoué. C’était donc fini, pour de bon. Elle ressentit une vraie tristesse s’insinuer en elle, pas à cause du Prince, mais à cause de son échec, un échec personnel qui amènerait la déception de son Père. Nan’la R’izzan, pour la première fois depuis des années, se sentit sur le point de craquer. Sa voix troublée par l’émotion troubla de nouveau le silence :

      - Je vous prie de m’excuser, je dois prendre congé.

    Elle fit une dernière révérence et claqua la porte derrière elle, avec l’intention de rejoindre sa chambre et de s’effondrer sur son lit, en pleurs. Ce serait la première fois pour elle que le masque tomberait, la première fois qu’elle n’aurait pas réussi à exceller dans les plans que son père avait manigancé pour elle. Elle se sentait las et inutile.

    A nouveau un silence s’était installé, pendant lequel Althar semblait hésiter entre la contemplation de la porte qui venait de claquer, ses pieds et de furtifs regards lancés à Hayley qui n’avait pas détaché ses yeux de la porte. Elle assassina le silence à son tour, déclamant sur le ton d’une poésie qu’on récite :

      - ...Et de toutes les armes avec lesquelles tu combats, ton silence est bien le plus violent…


    Elle adressa un sourire un peu mystérieux à Althar, qui ne semblait pas comprendre la provenance de sa phrase.

      - Oh, un vieux poème écrit par une écrivaine oubliée.

    Elle haussa les épaules d’un air nonchalant, puis sauta du bureau pour se diriger vers le livre qui était resté à terre. D’un geste délicat, elle caressa la couverture pour ensuite le ramasser avec toutes les précautions du monde. Le livre ne semblait pas avoir subi de gros dégâts, sa couverture violette ne présentait aucun défaut si l’on excluait les ravages du temps, sur la couverture l’on pouvait admirer le visage d’un homme à l’air un peu austère mais des traits plutôt noble, le titre n’était composé que d’un unique “X.”. Pendant tout ce temps, le Prince, un peu comme une bête sauvage, s’était rapproché petit à petit. La culpabilité le rongeait-il pour qu’il se sente obligé de se rapprocher de celle qui lui avait fait des misères jusque là ? Savait-il qu’il ne trouverait aucun réconfort concernant Nan’la du côté de sa soeur jumelle ? Elles ne s’entendaient pas, c’était donc hors de propos.

    Elle tendit le livre au jeune Prince qui s’en empara, admirant la couverture, quand à elle, elle s’éloigna un peu pour se placer à la lumière du soleil qu’une fenêtre finement ouvragée laissait passer. Elle laissa ses yeux admirer l’extérieur et son attention fût attirée par un oiseau en plein vol, lui arrachant un sourire un peu niais : elle aimait contempler la nature et les quelques traces qu’elle laissait derrière elle, les occasions étaient peu nombreuses à Kuat City aussi elle les savourait à chaque fois.

    Elle se retourna vers Althar, pourtant toujours accoudée à la fenêtre, avec un sourire aux lèvres, cette fille semblait prendre la vie avec un éternel sourire gravé sur son visage, c’en était troublant :

      - Et à part éviter de te marier avec des sales pestes kuati, qu’a-tu prévu pour ton avenir ? Qu’est ce que tu aimerais faire ? Ou être ?
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By Althar Fanrel Keto
#29539
    « - Mon Prince, je suis tellement désolé d’avoir été une telle déception à vos yeux. J’aimerais que tout recommence sur de nouvelles bases, de bonnes bases, sans le poison que ma soeur a déversé sur tout nos moments. »

Elle avait beau regarder ses pieds, il ne faisait guère mieux, face à elle. Son silence était lourd, il n'osait pas la regarder. Avait-il était un sale gosse qui faisait un caprice, l'instant d'avant ? Alors même que son précepteur quittait tout juste la pièce, elle était venue le trouver, de sa voix grave, pour s'excuser. Lui, pourtant, avait fui ce combat avec le courage d'un enfant de 5 ans. Baisser la tête, et se murer dans le silence. Celui de l'hésitation. Déjà à cet âge, ce mal le ronge et le bloque aux pires instants de sa vie. L'hésitation, le doute. Se questionner, en permanence. Devait-il l'accepter ? Plonger dans cette relation sans réfléchir ? Ou bien ... Qui était-elle ? Nan'la, oui d'accord, mais que savait-il d'autre ? Son âge ? Sa vie ? Ses études ? Ses ambitions ? Pourquoi elle ? Pourquoi pas une autre ? Et et et ... Avait-il un jour été préparé à cela ? Il est étrange de constater combien il est difficile d'éduquer un enfant. On avait beau le préparer au trône depuis son plus jeune âge, la complexité des relations ne peut s'apprendre. Ou tout du moins, n'est pas enseignée à un Prince. Ou pas à lui. Ou il n'avait pas bien compris. Le mystère de son incapacité à éloigner sa naïveté, et sa candeur restait entier, pour un garçon capable de vous expliquer le fonctionnement politique de l'Empire. Quelle tristesse qu'il soit autant en difficulté face à deux jeunes filles. Alors voilà le pathétique résultat d'un Prince aux hormones qui s'éveillent et à l'ignorance renouvelée.

Face à cette silhouette pour qui il fondait l'instant d'avant, les choses n'étaient plus aussi simples. C'était ainsi. Et c'est pour cela, peut-être, qu'il s'était éloigné. Pour se décider vraiment, pour accepter ou non le silence précédent de la kuati, et les insinuations de sa soeur. Et désormais face à elle, il était incapable de lui répondre. Incapable de se décider. La tentation était grande, mais quelque chose le rebutait encore et toujours. Heureusement, ou malheureusement, pour lui le sort décida de toute manière.

    « - Je vous prie de m’excuser, je dois prendre congé. »
La voix chevrotante de Nan'la l'extirpa de ses réflexions pour le rappeler une nouvelle fois à la dure réalité des relations sociales. Il avait pris trop de temps, et la réponse était venue d'elle-même. Il eut à peine le temps de lever la tête, presque surpris, qu'elle déguerpit vers la porte, le laissant contempler une dernière fois la fugace silhouette dont elle était dotée. Peut-être qu'il garderait en mémoire ce malheureux instant, ce pincement au coeur qu'il ressentit en la voyant le fuir, si triste. Le regretterait-il ? Peut-être pas ... Peut-être était-ce mieux, peut-être que la facilité en appelait à cela. Après tout, en étant né sur un trône, ne suit-on pas la voie de la facilité ? Une cuillère en or dans la bouche et de la soie sous les fesses, comme on dit dans les bas quartiers ... Et pourtant. Regardez, lui aussi il souffre, face à une prétendante qui le fuit. Et bien ouais, vos petits malheurs de pauvres ils arrivent aussi aux plus grands de cette Galaxie. Prenez-en de la graine. La rattraper aurait été impossible, et le mal était fait. Soit. Perdu dans la contemplation de la porte, la question de la suite se posait maintenant. Repartir voir les parents ? S'excuser ? Faire autre chose ? Voir ... l'autre soeur ? Perdu dans une nouvelle contemplation de ses beaux souliers, il jeta quelques regards peu discrets vers la rebelle qui avait visiblement suivi toute la scène. Mais elle n'était pas prête à partir, elle, loin de là ...

    « - ...Et de toutes les armes avec lesquelles tu combats, ton silence est bien le plus violent… »

Elle avait raison. Mais il était loin de le comprendre, ou de s'en rendre compte. Le regard princier, désormais, restait attachée à la noble restante. Ses yeux verts, si facétieux, ne lui permettaient pas de quitter cette attraction inexorable. Encore une fois, il n'avait rien à répondre à celle qui ne cessait de renverser la situation. Elle était sans cesse là, à chaque moment décisif de cette rencontre, et encore une fois elle ferait pencher la balance. Il n'irait ni s'excuser, ni fuir. Il se contenterait de l'observer, elle et son drôle de sourire. Elle crut bon d'expliquer ce qu'elle disait, comme si Althar n'avait pas compris. C'était peut-être le cas, mais la citation était déjà ressortie par l'autre oreille. Ouais ouais une écrivaine oubliée, encore un truc sorti de nulle part et sans intérêt. (C'est faux.) Il n'en avait cure, celle qui le piquait au vif, là, était face à lui. Elle lui faisait face, avec cette attitude si désinvolte, depuis tout à l'heure. Cette attraction était inexplicable, mais elle était là. Elle qui parle mal aux adultes, qui fume, qui se rebelle en permanence, cette femme ... Comme si l'inatteignable devait forcément être celui qu'on préfère. Elle était une montagne à elle seule et il était un pauvre mouton à ses pieds ... Pourtant l'herbe des alpages lui paraissait si attirante, alors même que la montagne était entourée de prairies verdoyantes. Il fallait qu'il arrive à l'atteindre, sans se l'expliquer.

Elle descendait. Elle s'écartait. Avait-elle conscience qu'elle jouait avec lui ? Qu'elle le tirait jusqu'à elle petit à petit ? S'il ne voulait pas la perdre de vue, il fallait se rapprocher ... Lentement, mais sûrement, l'esprit un peu embrumé après tout ça. Nan'la ... il n'était pas aussi évident que ça de tourner la page. C'est vrai. Mais là était une copie conforme, plus mordante que la vraie, certes, mais qui était là. Est-ce pour cela qu'il la suivait ? A moins qu'elle était une forme de refuge face à ce qui l'attendait hors de cette pièce ? A moins qu'il espérait peut-être rattraper sa dette avec celle-là ? Non ... Non ... Cela ne pouvait pas être si compliqué, si profond. Les formes élancées de la kuati restaient face à lui, comme une trace indélébile dans son esprit, ce qui avait au moins pour effet de le garder focaliser sur elle. Au milieu de ses réflexions qui n'en étaient pas, le simple fait qu'elle soit présente expliquait déjà beaucoup de choses. C'est un tout. Un simple tout. Centré autour de ces cheveux de feu. La chaleur qui s'en dégageait appelait forcément à rester à distance, à l'observer de loin, même en la voyant ramasser le livre avec précaution. Il ne la quittait plus des yeux, elle qui avait tout fait pour attirer son attention.

Et finalement, elle bâtit un nouveau pont, un nouveau lien avec lui. En lui tendant le livre, qu'il ne put refuser, par galanterie. D'un pas hésitant il s'approcha et le prit entre ses doigts. Son regard se déporta donc du visage féminin vers la couverture ouvragée, comme s'il était sous l'obligation d'apprécier le cadeau qu'on lui faisait. En vérité, certes il y avait de cela, mais aussi une certain curiosité face à un livre concret, et son contenu. Althar resta donc planté là et entama une observation détaillée de l'ensemble, ce mystérieux "X." attisant les braises de sa curiosité. Il prit sur lui de l'ouvrir, pour faire tourner quelques pages rapidement, et tâcher de comprendre. Mais ce n'était pas forcément le moment, malgré l'agréable sensation du papier sous ses doigts. Son regard se porta vers le bureau, un instant, comme s'il avait considéré l'idée de s'y installer pour lire tout en surveillant la jeune femme, ou bien de se rapprocher d'elle, qui maintenant lui adressait un nouveau sourire.

    « - Et à part éviter de te marier avec des sales pestes kuati, qu’a-tu prévu pour ton avenir ? Qu’est ce que tu aimerais faire ? Ou être ? »

Mais c'est quelle aussi elle lui mettait la pression. Encore et toujours dans ce tutoiement, et cette manière de prendre le dessus, en permanence. Malgré tout, elle ne semblait pas l'attaquer, cette fois-ci. Comme si libérée du carcan familial elle pouvait se contenter de discuter normalement avec lui. C'était presque appréciable, avec cette voix douce qui devenait presque amicale. Elle ressemblait tant à sa soeur ... Et pourtant si peu. C'était dingue. Althar ne put lui apporter de réponse immédiate autre qu'un sourire, et d'une prise de risque énorme qui consistait à se rapprocher d'elle et de la fenêtre, une fois le livre calé sous son bras. Ses yeux cherchaient encore leur destination, entre ce magnifique sol dont il commençait à connaître le détail, et l'étrange vision lumineuse sur ce visage contrasté. Certains avaient le don de la parole, elle disposait du don de se mettre en valeur. Ainsi posée, au coeur de ces rayons de chaleur, elle semblait droit sortie du songe d'un poète amoureux. Le feu de ses cheveux était aussi indomptable que son âme, mais ainsi encadrée des rayons émis par Kuat, le soleil de Kuat, ils prenaient une teinte si peu commune ... c'était fascinant. Si fascinant qu'avec beaucoup de timidité et le rouge aux joues il se contenta de se placer face à la fenêtre, à côté d'elle, pour faire mine de découvrir l’ersatz de nature qui s'y laissait observer. Difficile de dire si c'était la morsure du soleil ou la présence de la jeune fille à côté de lui qui lui donnait le plus chaud.

Après une hésitation un peu palpable, finalement, il se décida enfin à s'essayer à une réponse .. ou plutôt une excuse. Oui, une excuse. Nécessaire mais imparfaite. Ni même bien adressée. Mais une excuse quand même.

    « J'ai prévu déjà de m'excuser pour tout à l'heure ... Enfin ... Je suis désolé d'avoir réagi comme ça, et heu ... enfin, je le pensais pas ... je sais plus ce que j'ai dit, mais c'était un peu idiot ... » Comme un animal qui a fait une bêtise, Althar lui adressa une grimace de contrition avec gêne. Le sourire qui était affiché n'était pas très charmant, mais au moins il était sincère dans sa volonté. « C'était pas malin ... Enfin .. J'ai rien contre vous, et heu, vous êtes très intéressantes, et heu ... enfin ... s'il fallait je me marierai avec vous hein ... » C'était pas bien malin, ni même bien réfléchi. Elle le comprendrait certainement autrement, mais lui n'en avaient conscience. Et puis ce vouvoiement ... Parlait-il des deux soeurs, ou bien d'Hayley ? Mystère. Il reprit sa contemplation de l'extérieur.

    « Tu sais ... Vous savez .. Hmpf ... Je peux ? » Nouvelle inquisition du regard qui se solde par une réaction à laquelle il ne fait pas vraiment attention. « Ma vie est écrite ... Je serai Roi, et voilà. J'aimerai juste arriver à aider mon peuple, et ceux qui en ont besoin, c'est tout ... Alors voilà ... Etre un bon Roi, et trouver la meilleure Reine possible ... Puis rencontrer l'Impératrice peut-être ... Ou alors .. je sais pas ... trouver ou être un J ... »

Stop. Pas en dire plus. A laisser dériver ses pensées, on finit par en dire n'importe quoi, même ses rêves de gosses. Celui-là était aussi impossible qu'interdit. Il était un rêve inavouable que quelques leçons prodiguées par son maître lui remuait au fond de lui-même, dans l'espoir tout aussi inavouable pour le chagrien de faire vivre cette légende. Après tout, dans tout ce qu'il venait de dire, y avait-il un quelconque rêve personnel ? Une ambition venue de la réflexion d'Althar ? Pour Hayley il semblerait évident que non, et pourtant pour lui il était convaincu parce qu'il disait. Par son empathie sincère, et sa volonté de bien faire. Par son rêve de voir un Jedi, en vrai, un jour. C'est là la beauté de l'innocence, elle-même confrontée à la beauté d'une rebelle qu'aucune barrière n'arrive à encadrer. Il était libre de parler, avec elle, au moins. Enfin ... Peut-être. Peut-être valait-il mieux passer à elle avant tout. Elle lisait chez lui comme un livre ouvert, alors qu'il était incapable de dire comme elle se prénommait. C'était inéquitable.

    « Et toi ... ? Tu rêves de devenir quoi ? Tu vas faire quoi ? » L'occasion était trop belle pour qu'il ne tente pas. « Tu ... tu cherches un mari toi aussi ? »
Il reprit son plus beau teint de pourpre alors que sa folie lui intima de sourire à la jeune fille, par défi. Elle appelait à aller toujours plus loin dans ce petit jeu, c'était donc maintenant à lui de s'y essayer. Très gauchement. Il croisa son regard, un instant, et l'éclair qui naquit de cette rencontre le poussa soudainement à fuir de nouveau. Cette fille ... Ce regard ... Il en était déstabilisé. A jouer avec le feu, on se brûle. C'était la leçon à retenir à avoir essayé de jouer avec elle. D'avoir vu ce visage, si près, si réel, si beau ... Il en était retourné. Et intimidé. Il aurait presque apprécié qu'elle lui crache de la fumée au visage. Mais non, elle n'avait fait que le regarder, tout près de lui, et il en avait perdu son équilibre. Que d'émois ! Suffisamment pour trouver une solution de replis, très simplement : se tourner, dos à la fenetre, et se laisser glisser jusqu'au sol, pour pouvoir prendre appui contre le mur. De là .. Et bien ...

Hmmm. Un bas de robe noire, et des leggins noirs, et des chaussures noires. Elle paraissait si grande, le surplombant comme ça, qu'elle reprenait cette stature de femme fatale à laquelle son esprit l'avait associée. C'était pire, en fait. Il fallait l'inciter à revenir à son niveau, à se laisser aller. Il n'y avait pas de position meilleure qu'une autre, et là haut il ne pouvait pas faire semblant de s'intéresser à ce livre. Là maintenant il avait une pseudo excuse pour ne pas affronter directement son regard. Posé sur ses genoux, il suffisait d'ouvrir le bouquin pour que la mise en scène suffise. Un instant de silence, de la part du Prince en tout cas, passa. Il n'osa pas lever les yeux, mais son regard gêné se porta sur ses jambes à sa portée, et à la tentation d'attirer son attention par ce biais. De la faire descendre, et venir encore plus près de lui. D'une main peu convaincue il avança le bout de l'index vers un des mollets, pour en toucher le tissu avec douceur, et en attendre une réaction. Mais c'était peut-être une mauvaise idée. Vite, autre chose. Heu .. Quoi ... Qu'est ce que ...

    « Et heu .. hmm .. » Il toussota pour se gratter la gorge, et reprendre une fausse assurance. « Ce livre, de quoi parle-t-il en fait ... ? Votre soeur m'a dit qu'il était très ancien, et important ... » Il la laissa entamer sa réponse, ou en tout cas, il laissa passer quelques secondes avant de reprendre arbitrairement. « ... et ... Je peux vous poser une question ? Pourquoi ... Pourquoi vous tenez tant à être une adulte .. ? »

Oui, comme ça. La question qui sort de nulle part. Parce qu'en vrai il se la pose depuis qu'il l'a découverte. Et qu'elle ne cesse de l'impressionner. Alors pourquoi pas maintenant ? Pourquoi pas passer d'un sujet à l'autre hein ? La situation ne pouvait pas être pire, entre elle avec qui il était incapable de discuter normalement et lui qui ne sait pas où se mettre, vraiment, on touche le fond. Elle lui fait autant peur qu'elle ne l'excite, il la craint autant qu'il ne la désire. C'est tout ce que ça peut donner : incohérences et incompréhension. Courage et honte. Passion et crainte ... Hayley et Althar ...
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By Hayley Curwee
#29558
    Le Prince souriait un peu niaisement mais ça ne le rendait pas moins charmant pour autant. Le regard d’Hayley passa sur son visage, sinuant lentement le long de son cou, descendant son corps qui semblait relativement normal, sans être malingre il n’en était pas non plus musclé, néanmoins il restait bien proportionné et ce n’était pas désagréable à l’oeil. Ses yeux noisettes révélaient une lueur assez intrigante quand on arrivait à croiser son regard, car il avait plutôt l’habitude de le poser sur le sol, comme s’il devait y avoir quelque chose d’incroyablement intéressant là, elle était tentée de l’imiter, juste pour confirmer que ce sol était aussi peu captivant qu’elle l’avait toujours jugé. Il vint se placer à ses côtés, le livre sous le bras, cherchant à s’extasier devant le peu de nature qu’avait encore à offrir la capitale. Finalement il mit fin au silence afin de se répandre en excuse, ce qui la laissait partagée entre l’envie de sourire pour l’aider à se sentir mieux et l’autre de lever les yeux au ciel par exaspération :

      - J'ai prévu déjà de m'excuser pour tout à l'heure ... Enfin ... Je suis désolé d'avoir réagi comme ça, et heu ... enfin, je le pensais pas ... je sais plus ce que j'ai dit, mais c'était un peu idiot … C'était pas malin ... Enfin .. J'ai rien contre vous, et heu, vous êtes très intéressantes, et heu ... enfin ... s'il fallait je me marierai avec vous hein ...

    Elle eût un sourire en coin, le fixant alors qu’elle se mordait la lèvre inférieure. Il était chou ! Quand bien même il sortait de l’enfance en grande pompe et s’avançait avec assurance vers la puberté, il gardait un côté un peu enfantin qu’elle trouvait adorable, c’était encore là au fond de lui, elle le sentait. Pour autant elle se promit de ne pas essayer de l’infantiliser, ce n’était pas correct et il méritait mieux que ça, sa crise de tout à l’heure avait conforté Hayley dans l’idée que sa vie ne devait pas être si facile que cela, son statut suscitait l’envie et la jalousie après tout.

      - Tu sais ... Vous savez .. Hmpf ... Je peux ?
      - Moi je ne me gêne pas en tout cas.
      - Ma vie est écrite ... Je serai Roi, et voilà. J'aimerai juste arriver à aider mon peuple, et ceux qui en ont besoin, c'est tout ... Alors voilà ... Etre un bon Roi, et trouver la meilleure Reine possible ... Puis rencontrer l'Impératrice peut-être ... Ou alors .. je sais pas ... trouver ou être un J ...

    Sans qu’elle pût le contrôler, elle fit une moue alors qu’un sentiment de pitié la saisissait. Ce garçon avait-il le choix de faire quelque chose de sa vie ? Pouvait-il imposer sa volonté propre sur ce qu’il devrait faire ? Il n’avait même pas l’air de se rendre compte de la tristesse de sa situation. Elle ressentit une pointe de colère en pensant aux parents de ces petits, ils avaient l’air affable, ça n’en étaient pas moins des enfoirés d’égoïstes qui s’étaient amusé à jouer au docteur juste pour offrir un “héritier” à la dynastie et au peuple. Et Althar dans tout ça ? Se souciaient-ils de ce qu’il voulait ? Ou plutôt “aurait voulu” puisqu’ils lui avait déjà bourré le crâne ? Ils lui donnait l’envie de gerber. Althar l’interrompit pourtant dans ses réflexions :

      - Et toi ... ? Tu rêves de devenir quoi ? Tu vas faire quoi ?
      - Euh…
      - Tu ... tu cherches un mari toi aussi ?
      - Ben…

    Une avalanche de question pour sa face, voilà qui était plutôt troublant, surtout de la part du petit timide qui semblait devoir lutter contre on ne sait quel Dragon Krayt avant de pouvoir parvenir à émettre le moindre son. Il faisait chaud. Et c’était principalement dû à au soleil qui s’introduisait à travers les carreaux de la fenêtre, lui caressant la nuque et les épaules. Cette fin de matinée quoiqu’un peu pâle faisait la promesse d’un après-midi plus rayonnant et plus agréable encore.



    Elle inclina légèrement la tête alors qu’elle observait le jeune homme, lui trouvant à présent plus les qualités de quelqu’un de son âge que de celui du bambin qu’elle avait pu remarquer il y a plus tôt. Et tandis qu’elle l’examinait, souriant faiblement, une question lui tournait dans la tête : “Et cet après-midi, où serait-il ? Où serait-elle ?”. Et elle fût secouée d’une mélancolie qu’elle ne s’expliquait pas, quelque chose qui la traversait de part en part, comme une flèche. La tristesse ce n’était pas pour les gens de son âge et elle-même s’était bien gardée de s’en approcher aussi bien de près que de loin, mais quelque chose d’indéfinissable l’avait mené à cette frontière, pour la première fois depuis des lustres. Mais elle eût juste un sourire pour dissimuler cela et c’était suffisant. Le jeune homme se laissa glisser à terre, faisant mine de s’intéresser au livre, elle se décida à profiter de ce laps de temps pour répondre :

      - Moi ? Je rêve d’être libre, simplement… Naviguer à travers les étoiles, peut-être diriger un équipage… A la vérité...j’aime beaucoup les histoires de pirates que les anciens auteurs romantiques décrivaient, animés par la soif de l’aventure, explorer de nouveaux horizons avec peut-être la possibilité de s’y perdre. Ca a quelque chose d’incroyablement fabuleux...

    Elle marqua une pause, levant les yeux vers le plafond, elle n’avait jamais avoué ça à quiconque jusqu’alors. Pourquoi lui ? Le méritait-il plus qu’un autre ? Que son petit copain actuel ? Cela n’aurait pas de lendemain, ce lien qui se créait maintenant entre Hayley et Althar n’avait pas de sens, il n’était que l’expression surannée d’une tradition désuète voulu par deux familles méprisables. Alors en un sens, oui, ça ne souffrait aucune cachotterie, elle pouvait se permettre de déballer ce qu’elle avait sur son coeur avec cet inconnu, demain il l’aurait oublié et elle en aurait fait également de même. Ils ne se connaissaient pas, ce qu’ils s’avouaient ne comportait aucun risque :

      - Tu dois trouver ça tellement ridicule. La petite peste qui cherche à obtenir la liberté en se surmaquillant et en provoquant. C’est affligeant de banalité. Même moi je me trouve nulle.

    Si ça n’avait pas d’importance, alors pourquoi sa gorge se serrait à cet instant ? Pourquoi il était si difficile d’être enfin totalement entière ? D’être autre chose qu’une jolie image, un rappel constant de combien on ne pouvait pas tout contrôler si on ne s’en donnait pas les moyens ? Fissurer l’image de la femme fatale et assurée qu’il avait, n’était-ce pas une erreur ? Trop de questions, elle ne voulait plus y penser. Alors elle pencha la tête pour observer le jeune garçon qui continuait l’examen consciencieux du livre et elle vit l’index du garçon s’approcher et un frisson la traversa au niveau de la nuque, ce n’était pas attendu, aussi elle choisit de ne pas réagir. Mais Althar troubla de nouveau le silence qui s’était installé :

      - Et heu .. hmm .. Ce livre, de quoi parle-t-il en fait ... ? Votre soeur m'a dit qu'il était très ancien, et important … ... et ... Je peux vous poser une question ? Pourquoi ... Pourquoi vous tenez tant à être une adulte .. ?

    Elle tressaillit. Etre adulte ? D’où elle venait cette question ? Que pouvait-elle répondre à ça ? Que les adultes c’était nul et qu’elle avait pas spécialement envie d’en être ? Cela avait beau l’air d’être élaboré par un esprit dont on pouvait douter sérieusement de la maturité, ça n’en restait pas moins vrai. Elle se laissa tomber au sol, sans vraiment faire peu de cas de la grâce que l’on attendait du beau sexe, faisant flotter lors de sa descente sa robe. Encore heureux qu’elle avait son leggings, sinon Althar aurait pu apercevoir sa culotte. Sa voix avait repris une certaine fermeté en même temps que de la familiarité :

      - Oh, ce livre on s’en fout. Elle en parle juste pour se faire mousser, mais qui ça intéresse vraiment de combien de temps il date et ce qu’il y a dedans ? Le problème avec Nan’la, c’est qu’elle voit en les livres rien qu’un instrument pour asseoir sa propre vanité alors qu’ils sont plutôt autre chose, un genre d’invitation au voyage. Aller loin l’espace de quelques instants, se permettre de n’être plus soi. Un livre, c’est une idée, tu vois ?

    Elle se pencha sur le côté, pour finalement poser sa tête sur l’épaule gauche du Prince. Installée là, de cette façon, elle pouvait sentir que le souffle du garçon s’accélérait, alors elle ne pût s’empêcher de laisser échapper un rire cristallin. Avait-il déjà senti le contact d’une femme autre que sa mère ? Elle en doutait très franchement. Toujours appuyée contre lui, elle réfléchissait à l’autre question, mais elle n’avait pas vraiment de réponse satisfaisante :

      - Adulte c’est un bien grand mot, mais bon, ce serait cool de l’être rien que pour pouvoir décider par soi-même de ce qui est bon pour soi, non ?

    Pas gênée, elle avait légèrement relevé la tête pour laisser ses yeux chercher ceux du Prince. Oh bien sûr elle était restée la tête contre son épaule, elle aimait bien se comporter ainsi, elle restait consciente de son pouvoir de séduction, du fait qu’elle ne laissait pas indifférente la gent masculine, de ça elle avait pu en faire le constat à de nombreuses reprises, mais bon. Il restait une question en suspens, celle dont elle n’avait toujours pas fourni une réponse :

      - Je cherche pas à me marier Althar, le mariage c’est une prison je crois, je vois pas pourquoi je devrais troquer celle dans laquelle je vis pour une autre, aussi dorée soit-elle. Désolée.

    Elle ne voulait pas le blesser, mais elle avait le chic pour s’exprimer assez brutalement, pour le plus grand malheur de son entourage qui en faisait très souvent les frais. Elle posa sa main gauche sur la main gauche d’Althar, laissant son regard jauger les différences qui existaient entre les deux tout en laissant parfois son index caresser doucement celui du garçon. Elle se saisit de la main gauche du Prince avec sa droite, la retournant de manière à pouvoir en admirer la paume, laissant son index en frôler la surface :

      - Tu sais, tu aurais dû accepter une clope tout à l’heure, au moins ça t’aurait fait un souvenir d’ici.


    Elle offrait un large sourire, peut-être pourrait-il le voir s’il se penchait ?

      - Ton précepteur, il avait l’air sympa au tout début, mais je crois qu’il m’aime moins maintenant.

    Elle parut réfléchir un instant, puis enchaîna :

      - Les gens préfèrent Nan’la de toute façon, elle est si...parfaite. C’en devient agaçant à la longue d’ailleurs.

    C’était peut-être pour ça qu’elle se comportait de la sorte. Se faire voir pour exister, se faire entendre pour représenter quelque chose. Une provocation n’était jamais gratuite, elle servait un dessein, Hayley avait besoin d’être et de se distinguer, surtout lorsque l’on vivait dans l’ombre d’une soeur aussi exceptionelle.

      - Elle est venue au monde avant moi. C’est à se demander si elle n’a pas toujours cherché à me dépasser en tout, ah ah ah !

    Finalement elle se réfugia dans le silence et il ne parut pas vouloir prendre la parole. Cela dura bien deux ou trois minutes pleines, sans que l’un ou l’autre ne cherche à parler, pendant ce temps elle avait continué son petit jeu. Hayley avait toujours été tactile, qui plus est elle ne s’était jamais formalisée sur le protocole ou ce genre de choses, cela ne l’avait donc jamais vraiment gêné jusque là et elle ne comptait pas changer ses habitudes, même pour un Prince, même s’il était attendu d’elle qu’elle eût un comportement exemplaire. Mais bon, ils pouvaient bien tous aller se faire foutre. Au bout d’un moment, elle estima le silence trop pesant :

      - Je parle trop, ah ah ah ! C’est comment la vie sur Têta ? Tu as des frères et soeurs ? Tout à l’heure tu as pas fini ta phrase, Althar, je l’ai remarqué. Tu parlais des Jedi ?

    C’était une vieille légende dont sa mère lui parlait souvent, apparemment des guerriers dotés d’une grande sagesse qui utilisait la Force pour faire le bien autour d’eux, mais ils n’existaient plus maintenant. Sa mère lui avait toujours interdit d’en parler à quiconque et jusqu’ici elle avait évité de transgresser cela. Mais à présent, avec Althar, elle se sentait suffisamment en confiance pour parler de ça.
Modifié en dernier par Hayley Curwee le jeu. 9 août 2018 08:59, modifié 1 fois.
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By Althar Fanrel Keto
#29589
Elle le surplombait, et il sentait ce regard scrutateur sur lui. Vite, faire semblant de continuer à lire, et à ne pas subir sa terrible influence. Peut-être Hayley voyait elle en lui encore cette part d'enfance dont il faisait partiellement le deuil, lui ne voyait en elle que l'essence même d'une féminité assumée de la part d'une quasi-adulte. Métaphoriquement, il se plaçait en contre-bas de celle qu'il considérait comme au-dessus de lui. Autorité, liberté, charme ... Le cocktail parfait de celles qui n'ont plus à rendre de compte à leurs parents. Et pour cela il restait intimidé, et réduit à se carapater dans les recoins sombres de sa timidité.

    « - Moi ? Je rêve d’être libre, simplement… Naviguer à travers les étoiles, peut-être diriger un équipage… A la vérité...j’aime beaucoup les histoires de pirates que les anciens auteurs romantiques décrivaient, animés par la soif de l’aventure, explorer de nouveaux horizons avec peut-être la possibilité de s’y perdre. Ca a quelque chose d’incroyablement fabuleux... »

Comme si le tableau peint sous ses yeux manquait encore de finesse dans ses traits, la voix des cieux apportait une nouvelle palette de couleurs pour parfaire l'ensemble. La liberté ... La liberté de ne pas avoir de frontières, ni d'attaches. Comment pouvait-elle rêver de telles choses à son âge ? C'était évident que la vie qu'elle avait n'était pas celle que lui-même osait se plaindre. Elle avait déjà la tête dans les étoiles ... Elle était humaine, après tout. C'était beau. Le rêve d'une fille. De simples mots pour quelque chose d'onirique, et de magique. Une simple image, une projection, celle de la voir aux commandes d'un grand vaisseau ... Oui, cela lui correspondrait tant. Il n'y avait pas grand chose à répondre à tout ça, mais un sourire d'admiration restait la plus sincère des réactions. Elle rêvait de choses lointaines, de choses qu'il n'arrivait même pas à imaginer. Peut-être bien que sa propre vie était écrite, déjà rédigée dans les affres du destin, mais il n'arrivait pas de lui-même à s'imaginer autre chose. Elle, à l'inverse, était déjà ailleurs. Et pour cela il y avait de quoi l'envier. Pourtant, elle préféra se défendre, peut-être parce qu'il n'avait rien dit.

    « - Tu dois trouver ça tellement ridicule. La petite peste qui cherche à obtenir la liberté en se surmaquillant et en provoquant. C’est affligeant de banalité. Même moi je me trouve nulle. »

Quoi ? Mais non mais ... Hayley, qu'est ce que tu dis ? Tu as un rêve, un but, un vrai choix et une future vie fabuleuse et inimaginable qui t'attend, il n'y a rien de ridicule ... Et ton style ... Ton style ... Tu ne soupçonnerais même pas l'effet qu'il aura durant mes prochaines rêveries nocturnes. Si unique, si hors du commun ... Et moi si silencieux. Impossible de répondre, impossible de réagir. Avait-il déjà eut à faire à quelqu'un d'aussi intime avec lui ? Comment réagir quand on se déprécie comme ça ? Bon sang, même avec ses meilleurs amis ils n'avaient pas de telles discussions, mais avec elle ... Non, trop tard. Le temps normal de réponse est passé, et cela devient étrange. Alors ... passer à autre chose. Passer à d'autres questions, d'autres sujets, d'autres réalités. Ce mollet, cette fille, ce livre. Ce sentiment. Cette parole libérée. Parler comme deux personnes normales se parleraient finiraient nécessairement par amener des questions comme ça, même s'il pouvait faire semblant de ne pas les comprendre, ou se réfugier dans le prétendu intérêt pour un livre.

    « - Et heu .. hmm .. Ce livre, de quoi parle-t-il en fait ... ? Votre soeur m'a dit qu'il était très ancien, et important … ... et ... Je peux vous poser une question ? Pourquoi ... Pourquoi vous tenez tant à être une adulte .. ? »

Peut-être bien qu'une fois les choses dites aussi simplement que ça, ils pourraient se regarder l'un l'autre. Peut-être bien qu'en acceptant l'idée qu'ils étaient capables d'en parler, ensemble, ce serait moins étrange. Pourquoi ne pourraient-ils pas se comprendre ? Pourquoi est-ce qu'il n'arriverait pas à se mettre à sa hauteur à elle alors qu'il est capable d'analyser enjeux sociaux d'une planète si on le lui demande ? Le vouvoiement de circonstance était un peu étrange, peut-être comme une dernière défense dans cette lutte pour abattre cette barrière entre eux. Non, peut-être que ce n'était pas aussi simple, à moins que ... La silhouette gracile de la kuati se laissa finalement tomber à côté de lui, offrant bien malgré elle un spectacle surprenant pour le jeune garçon. Pfffiou ... Quelle chaleur ... Depuis que le tête à tête avec Nan'la avait fini par être un tête à tête avec Hayley la température n'avait fait que monter en flèche. Cette veste commençait presque à le faire souffrir, à moins que ce ne soit autre chose, situé tout près de lui, et dont émane une certaine aura d'attraction. Pffiou ... Il passa une main sur le front avant de réarranger ses cheveux avec grace. Reprendre un peu de consistance, surtout qu'elle, elle est à fond. Même pour lui répondre.

    « - Oh, ce livre on s’en fout. Elle en parle juste pour se faire mousser, mais qui ça intéresse vraiment de combien de temps il date et ce qu’il y a dedans ? Le problème avec Nan’la, c’est qu’elle voit en les livres rien qu’un instrument pour asseoir sa propre vanité alors qu’ils sont plutôt autre chose, un genre d’invitation au voyage. Aller loin l’espace de quelques instants, se permettre de n’être plus soi. Un livre, c’est une idée, tu vois ? »

Le livre en prit pour son grade un peu inutilement, il se demandait quand même ce qu'il y avait dedans, et pourquoi celui-la en particulier pour se faire mousser. Mais en réalité, comme depuis tout à l'heure qu'il avait en main, il n'en avait toujours pas la moindre idée. Il aurait fallu être capable de se concentrer pour ça, et d'extrapoler la présence à ses côtés. Il hocha gravement la tête à la question rhétorique finale voyant où elle voulait en venir, même si c'était dur à croire. Le voyage. La volonté de partir, et de s'évader. Encore. Elle commençait à se dévoiler, et à changer de forme. Oh non, il n'avait jamais douté de son intelligence, ce n'était pas ça. Elle en avait fait preuve dès leur rencontre, mais cette volonté de s'envoler, et d'aller aussi loin que l'oeil la porte ... C'était transcendant. Elle existait, elle vivait. Cette simple idée, ce rêve, elle n'était plus la tortionnaire, mais plutôt la rêveuse, la déterminée, la jeune fille qui ferait de grandes choses. Elle avait beau se cacher, comme elle l'avait reconnue un peu plus tôt, maintenant elle ne le pourrait plus. Elle était devant lui, exposée comme jamais. Il le comprenait, il l'admirait. Il pouvait l'apprécier à sa juste valeur.

Mais cela ne serait jamais aussi puissant que de la sentir se poser contre lui, contre son épaule. A peine avait-il eut le temps d'approcher le livre pour le poser entre eux, quitte à en parler ensemble, qu'elle en profitait pour franchir la dernière ligne. D'abord déstabilisant, c'était en fait très agréable d'être si proche de quelqu'un. Avec Nan'la, dans le jardin, ils s'étaient rapprochés, mais c'était plus .. circonstancié, plus défensif. Là, elle était plus que ça, plus qu'un simple instant de flottement. Non, elle était contre lui, et cela lui donnait des papillons dans le creux du ventre. Le souffle plus rapide, le rouge aux joues, c'était évident qu'il appréciait. Avait-il jamais eut une fille aussi proche de lui ? Non, même l'autre là qu'il avait essayé de réconforter après qu'elle ait perdu un de ses animaux de compagnie, ou celle qui ne pouvait pas s'empêcher d'essayer de se battre avec lui sans qu'il ne sache l'expliquer, et même pas Nan'la qui en avait profité. Non, elle, elle faisait ça avec la douceur et la gentillesse d'une amie sincère. Son émoi était réel, d'autant plus lorsqu'elle semble en rigoler. L'instant appelait à une réponse du même genre, alors qu'il s'extasiait d'entendre ce rire particulier. La proximité des corps facilite souvent la proximité des coeurs, et peut-être bien qu'un Prince sans expérience tombe facilement dans un tel piège. Un si beau piège.

Oh que oui, il commençait à prendre goût à cette vie contre la sienne, et à ses cheveux sur sa joue.

    « - Adulte c’est un bien grand mot, mais bon, ce serait cool de l’être rien que pour pouvoir décider par soi-même de ce qui est bon pour soi, non ? »

Voilà de quoi faire retomber la situation, oui. Forcément, quand on dit ça, on en vient à réfléchir sur notre situation présente. Sur notre bonheur éphémère d'être là, d'avoir cru qu'on ne pouvait être mieux demain qu'aujourd'hui. Est-ce que le choses seraient mieux, d’ici qu’il ait la possibilité de s’occuper de lui-même ? Mais, dans son cas, est-ce que cela ne voudrait pas dire qu’il serait confronté à plus d’obligations que jamais ? Que son illusoire liberté, qui l’avait menée si proche d’Hayley, disparaitrait à tout jamais quand un Royaume reposerait sur ses épaules ? Arriverait-il à comprendre ce point de vue … Décider de ce qui est bon pour soi … Non, peut-être bien qu’il était incapable de comprendre. Parler de telles choses, si concrètement complexes, restait un peu déprimant. Alors qu’elle chercha à le regarder, il se contorsionna légèrement pour parvenir à voir ses yeux, l’air nettement plus sérieux. Etrange regard qu’ils échangèrent, initialement porté par le sérieux de ce qu’elle disait, Althar ne pouvait s’empêcher de lui sourire, répondant à un appel qu’il était seul à percevoir. Ce visage, si près, semblait si … accessible. Si proche, si humain. Peut-être bien qu’avoir une fille aussi près de lui avait des effets dangereux sur ses pensées, qui se troublaient en se perdant dans ces yeux émeraudes. Quelques centimètres et … Hm. Il déglutit pour l’observer faire, maintenant qu’elle s’était détournée aussi.

    « - Je cherche pas à me marier Althar, le mariage c’est une prison je crois, je vois pas pourquoi je devrais troquer celle dans laquelle je vis pour une autre, aussi dorée soit-elle. Désolée. »

Elle avait le chic pour faire des montagnes de russe … Elle venait de dire qu’elle était intéressée, non ? Enfin, il n’allait pas se plaindre qu’une fille de 15 ans refuse de se marier, non ? Et puis, il n’y en avait pas moins à attendre d’elle, avec tout ce qu’elle dévoilait. Libre jusque dans son cœur, elle voguerait sur les affluents de la vie le menton haut, et l’esprit libre. Comment ne pas sourire à cette image ? A ce sentiment ressenti en l’entendant s’excuser, et en la voyant si sûre d’elle. Il aurait été fou de lui en vouloir, et encore plus en se sentant ainsi touché. Elle ne s’était pas gênée pour détacher sa main du livre entre eux, et encore moins gênée pour mener ses comparaisons anatomiques. Le mariage une prison … Comme deux mains qui s’assemblent, et se retiennent ? Ses doigts étaient d’une douceur qu’il n’aurait pas soupçonnée, et ce contact bien plus plaisant que ses manières d’avant l’auraient laissé imaginer. Et puis … Il en avait presque oublié cette histoire d’âge. De voir ses mains si grandes lui rappelait légèrement ce fossé entre eux, qui pourtant s’était effacée, en l’écoutant parler. Ce contraste était frappant. Elle se faisait passer pour la grande rebelle, quand elle le voulait, mais au final elle redevenait la jeune rêveuse au naturel … Il la préférait largement comme ça. Oui, cet index qui osait l’effleurer de la sorte … C’était doux. Comme elle, comme son parfum. Comme cet instant. Comme ce chemin-là, elle, plutôt que sa sœur. C’était plaisant, et rien ne venait ombrager ce chemin. Qu’importe son âge, qu’importe sa planète, sa vie ou son nom, elle était la première à avoir osée l’approcher de si près, et la première qu’il se prit à apprécier de la sorte. Ca allait vite, beaucoup trop vite, mais c’était trop tentant …

    « - Tu sais, tu aurais dû accepter une clope tout à l’heure, au moins ça t’aurait fait un souvenir d’ici. »

Ha oui, tu veux te moquer avec ton grand sourire ? Et bien tu les voix mes yeux plissés et mon petit sourire en coin ?! Tsss … petite peste, tu mériterais que je te souffle ma fumée au visage, si moi aussi je fumais. Mais bon. Peut-être aurait-il accepté l’offre, s’ils s’étaient retrouvés tous les deux de la sorte un peu plus tôt. Les choses se passaient de telle manière que le charme magique commençait à serrer ses liens tout autour de ses membres, de sorte que d’ici peu de temps il ne pourrait rien lui refuser. Il suffisait de voir ces mains jouer ensemble pour s’en rendre compte. Un Prince ainsi offert à la noblesse … Que dirait-on de lui, hein ? Perversion, perversion … Le nez princier, pour enfoncer le clou, vint se poser dans les cheveux de feu avec douceur, plongé dans une nouvelle pensée. Un souvenir d’ici … Sa tête était déjà pleine de souvenirs d’ici, que ce soit vis-à-vis de Nan’la ou de ce simple moment-là. Se rendait-elle compte de ce qu’il était en train de vivre, là, avec elle ? Quel effet elle faisait sur un jeune adolescent en mal de société ? Visiblement elle ne s’en rendait pas compte, ou en tout cas faisait-elle semblant de ne pas s’en rendre compte. C’est mignon, à sa manière, et ça donnait envie de jouer encore et encore.

    « - Ton précepteur, il avait l’air sympa au tout début, mais je crois qu’il m’aime moins maintenant. »

Hmpf. Peut-être, ou peut-être pas. Il n’imaginait pas le chagrien lui en vouloir, surtout si elle s’excusait. Après tout, elle n’était pas comme ça en permanence, et il était compréhensif … Enfin, avec Althar. Encore un trafic d’influence … Bravo Hayley. Tu fais sombrer cette royauté dans le vice. Mais pas le temps de s’attarder quand les choses les plus sérieuses arrivent.

    « - Les gens préfèrent Nan’la de toute façon, elle est si...parfaite. C’en devient agaçant à la longue d’ailleurs. »

Nan’la … Nan’la et Hayley … Parfaite ? Vraiment ?

    « - Elle est venue au monde avant moi. C’est à se demander si elle n’a pas toujours cherché à me dépasser en tout, ah ah ah ! »

Son rire … Il eut un grand sourire, en l’entendant, mais il ne lui montra pas. Le sujet était trop sérieux pour qu’il ose faire quoi que ce soit, trop compliqué pour qu’il puisse dire la chose qu’il faille. Non, ce n’était pas facile pas se mêler d’un conflit aussi sanglant que celui qui avait lieu entre deux jumelles. Impossible d’oser, surtout en les connaissant depuis même pas une heure. Non, il valait mieux se concentrer sur ce rire si agréable à l’oreille. Peut-être simplement suffisait-il de poser sa tête contre la sienne, sans s’appuyer dessus pour autant, pour lui faire comprendre les choses de la plus simple des manières. Il était là, avec elle, et c’est ce qui importait. L’un contre l’autre, main dans la main, ce n’était pas Nan’la qui était sa place. Juste Hayley. Juste sa peau contre sa peau, et le simple bruit de sa respiration près de la sienne. Comment ne pas répéter qu’il appréciait ce moment ? Est-ce si terrible de ne pas refuser ça, et d’y succomber ? Ses doigts jouant avec les siens, un plaisir simple mais si humain … Bon sang, pourquoi est-ce qu’il n’arrivait pas à être proches des autres gosses sur Têta ? Pourquoi ? Ha, un simple moment d’apaisement … Un simple moment entre eux, dans le silence de ce lieu de savoir … Un moment hors du temps, si ambivalent sur son origine, mais si fort par ce qu’il représentait. Mais peut-être bien que ca en devenait un peu étrange, comme elle le rappelait.

    « - Je parle trop, ah ah ah ! C’est comment la vie sur Têta ? Tu as des frères et soeurs ? Tout à l’heure tu as pas fini ta phrase, Althar, je l’ai remarqué. Tu parlais des Jedi ? »

Ce rire encore, qui l’amena à se redresser légèrement, et étirer son sourire. Voilà maintenant qu’elle cherche à changer de sujet, et qu’elle parle des … des ... des Jedi. Mauvaise idée. Il n’aurait du rien dire. A moins qu’elle … Enfin … Peut-être … Elle avait été honnête, et puisque c’était comme ça, peut-être que … Mais … Hmpf, il se gratta légèrement la gorge en reprenant la contemplation de leurs mains respectives.

    « On devrait pas parler de ça, c’est … c’est interdit. » Cet avertissement donné, à voix basse, il pouvait toujours tenter de revenir au sujet principal. « Têta … c’est plutôt beau, mais plus dans le côté ancien par rapport à votre planète. Et heu non j’ai pas de frères ni de sœurs, donc voilà, j’imagine que j’ai de la chance quand je vous vois vous battre … T’es jamais venu sur Têta toi non plus n’est-ce pas ? Tu voyages pas beaucoup en fait ? » Qu’est ce que c’était que cette question … Beaucoup de choses se bousculaient dans son esprit étroit, elle s’en était de toute façon déjà rendue compte. Enfin, c’est juste que je me demandais ... Mais c’est pas important … Moment gênant. Difficile de faire sortir des mots face à une jeune fille. Toujours essayer de se relancer.

    « Et heu … Hm, tu parles pas trop, t’en fais pas. C’est agréable de t’écouter parler, enfin je veux dire … T’as une belle voix, et puis quand tu ris c’est … » Non plus, non non, pas comme ça bon sang. Althar, que tu es un manche avec les filles. Il était rouge, et n’osait plus la regarder, de toute façon. Elle sentait certainement son cœur battre la chamade, tout près d’elle. Au moins elle pouvait voir qu’il ne mentait pas. Se reprendre, se reprendre, se reprendre … Allez Althar, elle t’a laissée le temps de trouver tes mots non ? De réussir à aligner trois phrases pour montrer que tu es aussi intéressant qu’elle ? Qu’elle s’intéresse à toi pour une bonne raison ? Choisis ton sujet, allez allez.

    « Tu sais … Hayley … T’es pas nulle … En fait même t’es bien mieux que ta sœur. Faudrait être bête pour pas le voir … Ok, c’est vrai j’ai peut-être eut un peu peur de toi au début, mais en fait c’est toi la plus intéressante des deux … Parce qu’elle est pas parfaite, elle fait semblant, et en fait toi t’es … enfin … T’as un rêve, t’as un but, t’es super intelligente et déterminée, et t’as la peau douce, et puis voilà quoi, t’as un style très ... personnel qui te met bien en valeur, avec tes beaux yeux, et puis voilà quoi, tu devrais pas te laisser faire par elle, parce que t’es la meilleure, Hayley. »

Les mots n’étaient ni bien choisis, ni très subtils dans les compliments mélangés à tout le reste, mais tout était sorti dans un flot de passion et de sincérité. Il était presque grave en disant tout ça, tellement ça lui tenait à cœur. Sa main droite, qui s’était tenue à distance jusque-là, osa même aller se saisir d’une des mains de la jeune kuati avec assurance. Avec douceur, les doigts s’étaient entrecroisés pour permettre à Althar d’attirer à lui cette main si douce. Il n’était pas certain de ce que valait son geste, mais il l’avait déjà vu faire à la cour, et ça faisait toujours son petit effet. A cette main qui s’approcha de sa bouche il vint poser un baiser plutôt long dessus, pour prouver ce qu’il disait. Le sens qu’il fallait donner à ce geste ne lui était pas très clair, à vrai dire, mais il lui permettait d’assouvir un besoin de proximité toujours plus palpable en la sentant si proche de lui. Ses yeux cherchèrent les siens, pour lui prouver toujours plus de détermination.

    « Je peux t’aider si tu veux, pour ce que tu veux devenir plus tard ... Têta était assez réputée pour ses explorateurs autrefois, et il y avait même la Guilde et tout … Si un jour tu le veux je pourrais t’aider pour qu’ils te forment, et que tu puisses entrer dans les Corps d’Exploration … Enfin, voilà, si jamais … parce du coup on pourrait peut-être se revoir si tu fais ça, enfin, le temps que tu sois formée, parce qu’après t’auras plus rien pour t’arrêter, pas vrai ? »

Vivre son rêve, n’était-ce pas là une vision plaisante ? Il le lui souhaitait, au fond de lui, non pas pour le plaisir égoïste de la revoir, mais parce qu’elle comme tout le monde méritait d’atteindre son but, celui qui lui mettait les étoiles dans les yeux. Et c’était celui-la, alors pourquoi pas espérer pour elle, et le lui montrer. Un visage lumineux, et une joue perdue sur sa tête … Peut-être que tout cela rendait l’instant plus propice pour parler plus simplement. Cette fille était capable de tout, il l’avait compris, mais pas pourquoi. Voler aussi loin, elle … Ok, son tempérament, ces cheveux de feu qui le rappelaient tout le temps, mais ça ne donnait pas de vraie raison de le souhaiter autant. Non, il fallait peut-être se risquer à aller plus loin, ainsi calé contre elle. La voix désormais était plus douce, et moins certaine.

    « Pourquoi .. pourquoi tu veux partir ? T’as dit que t’étais dans une prison, avant, et ça te tarder d’être seule pour décider … C’est Nan’la qui te .. enfin, qui t’empêche de respirer ? Comme c’est toi qui a l’air la plus forte des deux … et comme t’es celle qui est la plus mature .. Ben … C’est étonnant, simplement ... Je veux pas te faire parler d’un truc que tu veux pas non plus, c’était juste que voilà, viser les étoiles, s’enfuir … Tu .. tu veux qu’on en discute ? Je sais que je suis loin d’être comme toi, mais d’imaginer que t’es malheureuse en fait, ça me fait du mal et donc voilà … »

Une nouvelle fois il se risqua à approcher la main kuati vers son visage imberbe, pour goûter à la douceur de sa peau contre la sienne. Le geste était méticuleux, fin, délicat, une caresse répétée, chair contre chair, sur sa joue avec sa main. Il n’avait pas osé la lacher, de peur de la perdre, alors que la tentation d’aller caresser le visage de l’humain était présent. Non, plutôt, il la rapprochait de lui, pour la garder toujours plus près. Et peut-être, au passage, y glisser un autre baiser dessus, plus léger, plus discret.

« Je suis là si tu le veux … » Un chuchotement, au creux de cette main, pour lui rappeler qu’elle lui parlait si elle le souhaitait, et rien de plus. Il n’en attendait pas moins d’elle de toute façon, mais désormais il prendrait toutes les précautions. Pas question de briser l’instant.

    « Les étoiles … Ca doit être beau de piloter là au milieu … Tu sais déjà piloter n’est-ce pas ? Ca doit être bien, la vitesse, et les sensations … Enfin, ça vaut pas un fonceur, c’est sûr, mais ça doit être bien. Depuis quand tu veux partir comme ça ? Enfin, tu deviendras pas pirate hein ? C’est pas très recommandable et puis même .. »

Il se tut un instant, juste le temps de reculer la main d’Hayley qu’il retenait prisonnière pour la glisse plus en vue devant eux, et faire mine de l’ausculter.

    « T’as de belles mains … Il faudrait pas qu’elles s’abîment parce que tu deviens une criminelle … Non, elles méritent pas ça, et toi non plus … T’imagines, le secteur « Hayley R’izzan » ? Ce serait super classe quand même, même moi je serais jaloux là si tu fais ça … Et imagines ta sœur ! Hahaha, la pauvre, elle serait tellement loin de toi là … Rhalala j’espère que tu trouveras de belles choses dans l’espace, parce que parfois il suffit juste d’aller sur d’autres planètes pour en trouver … Comme sur Kuat … »

Il était fier de sa subtilité, le petit coq. Aussi imaginatif qu’il l’était pour voir Hayley dans les étoiles, sa main guidant celle de la future Jedi devant elle pour dessiner un pseudo horizon, et mimer ce qu’il disait, il n’en restait pas moins qu’un compliment admiratif glissé par-ci par-là restait une subtilité difficile pour lui. Et maintenant, puisqu’il avait réussi à placer cette petite allusion romantique, il suffirait de se renfermer dans sa timidité habituelle, et lutter pour ne pas trop afficher son sourire mièvre. En remettre une couche ? Risqué … peut-être après … A moins qu’il tente autre chose, comme dans les holofilms … Fallait vraiment qu’il arrête d’en regarder, parce que ça devenait une source d’inspiration bien trop grande là. Mais quand même … D’abord trouver une excuse. Il fit mine de légèrement faire gigoter la main qu’elle tenait le plus loin de lui, et sur laquelle elle était appuyée sur son épaule, comme s’il y avait un léger besoin de se dégourdir. D’une voix plus basse, il tenta l’excuse …

    « Hm, pardon, désolé, juste que t’as un truc là et heu … »

Avec douceur, malgré les légères grimaces d’Hayley qui devait se mouvoir pour libérer le bras princier, il se libéra d’elle doucement et lui adressa un simple sourire, pour se faire pardonner. Maintenant, il pouvait tenter quelque chose, comme par exemple faire mine de chercher quelque chose derrière Hayley et … simplement glisser son bras derrière elle, vers ses épaules, et l’y caler maladroitement. Il s’était presque retenu de respirer pour arriver à faire ça, mais désormais il la tenait contre lui. Et de sa main désormais de l’autre côté d’Hayley, balante, la tentation devenait de plus en plus grande. Essayer d’être encore plus brave, et retrouver la main chaude qu’il tenait jusque-là ? Ou bien peut-être passer un doigt dans ses cheveux si souples … Ils sentaient si bons … A moins qu’il faille simplement passer sa main sur son épaule ? Argh trop de choix, trop d’hésitations, et un temps passé un peu trop à réfléchir, l’atmosphère allait retomber (mais pas son rouge aux joues), sans qu’il ne lui ait même adressé un nouveau regard. Juste en coin, peut-être, pour voir si elle n’est pas fachée, mais sinon voilà …

    « Et donc heu … Tu t’y connais en Jedi ? Oui bon voilà, changer le sujet, peut-être. Après tout … Enfin, t’en as parlé avant .. Du coup … Enfin, oui c’est de ça que je parlais, mais normalement il faudrait pas … On a plus le droit depuis qu’ils nous auraient trahi … Tu sais Mait … On m’a dit qu’en fait c’était pas forcément vrai, et que peut-être qu’on a fait une erreur. Sur Têta avant il y avait des Jedi, et ils aidaient les gens, comme partout. Mais ils ont disparus avant que nous naissions. On dit qu’ils servaient les plus faibles, et que du coup c’était des héros pour ça … T’imagines toi ? Enfin, on a tous nos rêves … Toi tu rêves des étoiles, alors qu’on déjà découvertes les plus belles, et moi de gens avec des épées lumineuses qui seraient soi-disant au service du peuple, alors qu’on a l’Empire … Pfff c’est à croire qu’il faudrait commencer à fumer quand on est jeunes … »

La pique était directe et même pas cachée, tout comme le compliment glissé subrepticement au milieu. On se refait pas … Tendrement, et délicatement, Althar se cacha dans les cheveux d’Hayley avant qu’elle ne réagisse à ce qu’il disait, dans un petit rire amusé. Rapidement il se tut pour y poser un baiser un poil bruyant, mais qu’il n’avait pas pu retenir, tout excité qu’il était. Parler de Jedi aussi librement, et la complimenter comme ça, whoulalala ça le rendait fou. Elle le rendait fou. Argh, il faut arrêter de répéter ça, elle le sait maintenant, tu le sais maintenant, c’est pas pour rien qu’ils se tiennent la main comme deux amoureux (ou en tout cas un sur deux). Peut-être bien qu'ils pouvaient se permettre d'être totalement à l'aise entre eux, vue combien elle arrivait à créer un climat de confiance. C'est comme si elle rayonnait, un vrai aimant à confiance. Oui, une belle rencontre ...
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By Hayley Curwee
#29624


      - On devrait pas parler de ça, c’est … c’est interdit. Têta … c’est plutôt beau, mais plus dans le côté ancien par rapport à votre planète. Et heu non j’ai pas de frères ni de sœurs, donc voilà, j’imagine que j’ai de la chance quand je vous vois vous battre … T’es jamais venu sur Têta toi non plus n’est-ce pas ? Tu voyages pas beaucoup en fait ?

    Probable que le garçon avait senti le haussement d’épaules de l’adolescente, elle s’en fichait qu’on parle des Jedi, ou plutôt, elle se fichait qu’il fût interdit ou non d’en parler, surtout s’ils n’étaient qu’entre eux. Oh, bien sûr elle avait respecté cet interdit, c’était même peut-être le seul qu’elle avait jamais respecté et un esprit affûté et ayant une bonne connaissance de sa personne aurait très vite remarqué que ce respect cachait au fond quelque chose de plutôt suspect, car son attitude provocante ne souffrait aucun tabou en général ce qui jetait le trouble sur ce sujet. Elle avait déjà rêvé d’être une Jedi, mais elle doutait que ce fût à sa portée, elle n’avait pas l’impression d’être touchée par la grâce de la Force, d’être en mesure de manier le flux d’énergie qu’Elle mettait à disposition de quelques élus. Bien sûr parfois elle faisait des rêves qui semblait correspondre à des choses qu’elle vivait ensuite, mais ça n’avait pas d’autre valeur qu’une simple sensation de déjà-vu, car après tout on ne pouvait jamais être sûr de ses rêves, n’est-ce pas ?

    Quand Althar fit mention de la querelle qui semblait être l’état permanent entre les deux jumelles, elle eût un petit rire agrémenté d’un sourire, le petit ne manquait pas d’acidité parfois, même si ce n’était pas forcément volontaire. Mais ça n’en rendait pas moins piquante la remarque. Les yeux tournés vers la bibliothèque en face d’elle, le coin le plus confortable pour son regard dans sa position, elle répondait aux premières questions du Prince :

      - Ca n’a pas toujours été aussi vif entre moi et ma soeur, on était plus proches avant… Et non, je suis jamais venu sur Têta, j’ai jamais trop voyagé, en général c’est Nan’la qu’on emmène en voyage. Mais je pilote !

    Grand sourire. Oui, ça c’était son truc, piloter elle y arrivait très bien, sa mère l’emmenait souvent à son travail pour l’aider à piloter des prototypes de la Kuat Drive Yards, elle avait parcouru la plupart des alentours de l’espace kuati et selon les dires de sa mère, elle se débrouillait très bien !

      - Et heu … Hm, tu parles pas trop, t’en fais pas. C’est agréable de t’écouter parler, enfin je veux dire … T’as une belle voix, et puis quand tu ris c’est …

    C’était bizarre, mais elle avait l’impression de sentir battre les veines du cou du garçon contre le sommet de son crâne, c’était plutôt troublant de sentir en direct ce qu’il se passait à l’intérieur d’Althar, de savoir combien on pouvait faire de l’effet à un homme mais de le sentir contre sa chair, enfin elle y était habituée mais avec le Prince c’était...différent ? Ce n’était peut-être pas le mot approprié, mais elle n’arrivait pas à en trouver de meilleur. Et puis c’était amusant de percevoir le coeur d’Althar qui s’agitait de plus en plus, dans un sursaut d’humour noir, elle eût la pensée un peu sordide que si le jeune prince mourait d’une crise cardiaque maintenant, elle aurait tué quelqu’un rien que par son comportement et sa promiscuité, cela ne manquait pas de charmes.

      - Tu sais … Hayley … T’es pas nulle … En fait même t’es bien mieux que ta sœur. Faudrait être bête pour pas le voir … Ok, c’est vrai j’ai peut-être eut un peu peur de toi au début, mais en fait c’est toi la plus intéressante des deux … Parce qu’elle est pas parfaite, elle fait semblant, et en fait toi t’es … enfin … T’as un rêve, t’as un but, t’es super intelligente et déterminée, et t’as la peau douce, et puis voilà quoi, t’as un style très ... personnel qui te met bien en valeur, avec tes beaux yeux, et puis voilà quoi, tu devrais pas te laisser faire par elle, parce que t’es la meilleure, Hayley.

    Elle ne trouva rien à répondre, pour deux raisons. D’une part, elle n’avait jamais vraiment été habituée aux compliments, aussi vrais fussent-ils, et bien qu’elle était de nature assurée, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine gêne quand on lui en faisait, songeant qu’ils étaient probablement fait par une sorte d’obligations morale plus que par la nécessité de faire l’état de fait d’une vérité. D’autre part, une tension commençait à s’installer, quelque chose qui se ressentait dans l’air autour d’eux, encageant les deux êtres. Si elle ne s’était pas gênée pour se saisir de la main du garçon et à la toucher, le fait qu’il prit l’initiative lui fichait de drôles de frissons dans tout son corps. Elle regardait les doigts du Prince s’entrecroiser avec les siens propres, partagée entre l’envie et le fait de rester interdite. Et ces sentiments ambivalents n’en fûrent que renforcés lorsqu’il déposa un baiser sur sa main et elle sentit son coeur se serrer. Althar continuait à parler, rebondissant sur le rêve d’Hayley :

      - Je peux t’aider si tu veux, pour ce que tu veux devenir plus tard ... Têta était assez réputée pour ses explorateurs autrefois, et il y avait même la Guilde et tout … Si un jour tu le veux je pourrais t’aider pour qu’ils te forment, et que tu puisses entrer dans les Corps d’Exploration … Enfin, voilà, si jamais … parce du coup on pourrait peut-être se revoir si tu fais ça, enfin, le temps que tu sois formée, parce qu’après t’auras plus rien pour t’arrêter, pas vrai ?
      - Tu voudrais me revoir ?

    Le ton exprimait clairement la surprise, comme si c’était quelque chose qu’elle ne pouvait pas concevoir. Ou peut-être un imprévu ? Pour autant, elle ne se laissa pas désarçonner par la proposition bien longtemps, et un large sourire prit la suite de la surprise. Pourtant elle ne savait trop que penser de tout cela, elle appréciait l’intérêt qu’il lui portait mais… Ce serait nul de le revoir, parce qu’à partir de la fin de ce rendez-vous, ils ne seraient plus rien l’un pour l’autre et il l’oublierait assez vite. Alors elle se fit la réflexion que de toute manière ce n’était pas une vraie proposition, c’était juste un rêve. Le Prince songeait qu’il pouvait faire de ses rêves une réalité, mais c’était impossible, même pour lui. Les affres du monde réel se chargerait de lui rappeler quand cela serait nécessaire et il comprendrait assez vite que cet espoir n’avait pas lieu d’être. Mais il était touchant, elle devait bien lui reconnaître. Et son sourire se fit un peu triste, dans le fond. Mais Althar poursuivait :

      - Pourquoi .. pourquoi tu veux partir ? T’as dit que t’étais dans une prison, avant, et ça te tarder d’être seule pour décider … C’est Nan’la qui te .. enfin, qui t’empêche de respirer ? Comme c’est toi qui a l’air la plus forte des deux … et comme t’es celle qui est la plus mature .. Ben … C’est étonnant, simplement ... Je veux pas te faire parler d’un truc que tu veux pas non plus, c’était juste que voilà, viser les étoiles, s’enfuir … Tu .. tu veux qu’on en discute ? Je sais que je suis loin d’être comme toi, mais d’imaginer que t’es malheureuse en fait, ça me fait du mal et donc voilà …
      - Je suis pas bien ici. C’est tout.

    En faite c’était probablement plus complexe que ça, un entremêlement de sentiments ambivalents dont elle avait du mal à faire le point jusqu’alors. Bien sûr elle voulait quitter la résidence de son père parce qu’elle ne pouvait plus le supporter lui et sa fille favorite, mais ici il y avait aussi sa mère et elle l’aimait sincèrement sans vouloir la quitter. Et pourquoi elle ne pouvait pas lui dire, hein ? Quelque chose en elle bloquait, comme si c’était une chose qu’elle ne voulait pas détailler, comme si c’était un sentiment honteux et inavouable, même pour elle-même. En parler, ce serait lui donner une réalité, ce serait s’empêcher de pouvoir le fuir plus tard, alors non, Althar ne devait rien savoir de tout ça, comme elle-même devait s’empêcher de le dire à voix haute, pour éviter de réveiller ce conflit. Et Althar de recommencer caresses et baisers, tandis qu’Hayley ne pense qu’une seule chose, sans pouvoir la dire : “S’il te plait arrête.” Ce n’était pas censé se passer comme ça. Ce n’était pas censé arriver. Elle sentait le mince duvet de poils qui composait ses bras se hérisser sous les actions du garçon et elle n’aimait pas ça, elle détestait ce frisson qu’elle sentait à la base de son cou et qui allait jusqu’à ses épaules.

      - Je suis là si tu le veux …

    Non, non, non, non, non. Ne fais pas ça. Par pitié. Laisse-moi. Mais elle n’avait pas la volonté de retirer sa main, pas même celle de lui signifier qu’elle voulait que ce contact cesse ou qu’il allait trop loin dans ses questions.

      - Les étoiles … Ca doit être beau de piloter là au milieu … Tu sais déjà piloter n’est-ce pas ? Ca doit être bien, la vitesse, et les sensations … Enfin, ça vaut pas un fonceur, c’est sûr, mais ça doit être bien. Depuis quand tu veux partir comme ça ? Enfin, tu deviendras pas pirate hein ? C’est pas très recommandable et puis même ..
      - Ce serait juste bien d’être libre, peu importe la forme que prendra cette liberté. Pirate, rebelle, mercenaire… Enfin non, pas mercenaire, la liberté exige qu’on ait la décence de faire des choses justes pour elle. Je ferais ce que je dois faire pour obtenir cette liberté.


    Elle haussa de nouveau les épaules. Encore une fois elle tenait des propos séditieux devant le jeune Prince, pourtant elle ne semblait pas craindre qu’il dise quoi que ce soit ? Etait-ce de l’assurance ? Elle avait l’intime conviction que Althar n’était pas forcément totalement d’accord avec le pouvoir en place, même si elle ne saurait dire jusqu’où irait l’obéissance du Prince envers celui-ci. Il continuait de passer au crible sa main, comme si elle avait quelque chose de profondément intéressant :

      - T’as de belles mains … Il faudrait pas qu’elles s’abîment parce que tu deviens une criminelle … Non, elles méritent pas ça, et toi non plus … T’imagines, le secteur « Hayley R’izzan » ? Ce serait super classe quand même, même moi je serais jaloux là si tu fais ça … Et imagines ta sœur ! Hahaha, la pauvre, elle serait tellement loin de toi là … Rhalala j’espère que tu trouveras de belles choses dans l’espace, parce que parfois il suffit juste d’aller sur d’autres planètes pour en trouver … Comme sur Kuat …
      - Ca me fait pas peur Althar, je bricole déjà un peu les vaisseaux alors bon…

    Elle fit une longue pause, ne relevant sciemment pas la remarque sur Nan’la, ce n’était pas elle qu’elle détestait dans le fond, mais plutôt la relation qui l’unissait à son père et qu’elle trouvait pourrie. Puis dans un sourire et avec un ton un peu joueur, bougeant ses doigts sous l’examen attentif d’Althar, elle reprit :

      - Les jolies choses, pas besoin d’aller sur Kuat pour en trouver tu sais, tu es Prince d’Impératrice Têta, les jolies choses tu n’en manqueras pas et elles te seront offertes.


    Althar tourna son visage vers elle, un peu surpris par cette remarque et elle répondit par un clin d’oeil agrémenté d’un sourire complice.

      - Hm, pardon, désolé, juste que t’as un truc là et heu …


    Elle paraissait s’impatienter un peu du mouvement que lui avait imposé le jeune Prince, puis elle lui permit de passer son bras derrière son cou, élevant un peu plus le degrés d’intimité qui se dessinait entre eux. Elle ressentait à présent la tension qui s’accumulait de manière plus prégnante dans la pièce, quelque chose qui la saisissait au ventre. Lorsque le Prince se tourna vers elle, il trouva son visage affichant une moue un peu contrariée, elle avait également les yeux fermés, mais elle avait reposé sa tête comme si de rien n’était et semblait même s’être rapprochée un peu de lui, se blottissant un peu plus dans ses bras.

      - Et donc heu … Tu t’y connais en Jedi ? Oui bon voilà, changer le sujet, peut-être. Après tout … Enfin, t’en as parlé avant .. Du coup … Enfin, oui c’est de ça que je parlais, mais normalement il faudrait pas … On a plus le droit depuis qu’ils nous auraient trahi … Tu sais Mait … On m’a dit qu’en fait c’était pas forcément vrai, et que peut-être qu’on a fait une erreur. Sur Têta avant il y avait des Jedi, et ils aidaient les gens, comme partout. Mais ils ont disparus avant que nous naissions. On dit qu’ils servaient les plus faibles, et que du coup c’était des héros pour ça … T’imagines toi ? Enfin, on a tous nos rêves … Toi tu rêves des étoiles, alors qu’on déjà découvertes les plus belles, et moi de gens avec des épées lumineuses qui seraient soi-disant au service du peuple, alors qu’on a l’Empire … Pfff c’est à croire qu’il faudrait commencer à fumer quand on est jeunes …

    Le baiser sur ses cheveux semblait encore chercher à faire tomber une barrière. Hmpf… Ne voyait-il pas le danger de tout cela ? Non, bien sûr que non. Il n’en avait pas conscience. C’était bien ça le problème. Demain, c’était ça le problème, il n’y aurait plus rien demain. Pouvaient-ils se permettre une quelconque inconséquence ? C’était trop dangereux, tant pour lui que pour elle. Aussi elle se dégagea de l’étreinte, pour se redresser et s’éloigner un peu. Il faisait trop chaud et elle savait que ce n’était pas uniquement dû au soleil qui dardait ses rayons dans la pièce, quelque chose se passait entre eux et elle ne devait pas y succomber. Aussi lâcha-t-elle simplement un :

      - Tu regardes trop d’holofilms Althar, et pas les bons en plus.


    Son ton restait toutefois amical, mais le jeune garçon comprendrait assez bien vite le message : garde tes distances, ça peut s’avérer dangereux si on va trop loin. Et c’était le cas, il y avait des paramètres à prendre en compte. L’envie de sauter le pas était là, mais elle avait ses propres contraintes, notamment son propre petit ami. S’il savait la moitié de ce qu’il s’était passé ici… Le beau visage d’Althar en serait réduit à une vague bouillie sanguinolente… Changer de sujet. Ne plus y penser :

      - Les Jedi ont été trahis. Et ils ont été tués. Et à leur mort il y a eu l’Empire, c’est aussi simple que ça.


    Autrement dit : fais les conclusions qui s’imposent, petit Prince. Le régime dans lequel ils vivaient n’avait rien d’agréable ou d’aussi utopique qu’on avait voulu leur vendre. C’était bien dommage, peut-être, mais c’était ainsi. Mais Althar n’en aurait peut-être jamais conscience, trop empreint de culture impériale qu’il était. Hayley, elle, avait bu à une autre coupe, elle n’en avait pas conscience bien entendu, mais ses propres opinions sur les Jedi s’étaient formés sur le point de vue qu’en avait sa mère. Elle-même une Jedi, bien qu’Hayley l’ignorât.

    Elle revint à Althar et s’empara du livre, examinant la couverture, le visage rugueux mais qui conservait un port altier semblait la juger d’un regard torve. Ses yeux se perdirent dans la contemplation du visage, elle savait qui était cet homme, ce qu’il était censé représenter, mais elle ne pouvait pas détacher son regard de celui-ci et elle se sentait pénétrée par le jugement qu’il semblait lui porter. Elle voulait le fuir, alors instinctivement ses yeux se posèrent sur Althar qui s’était déjà relevé, mais se tenait toujours contre le mur, visiblement gêné par la réaction de l’adolescente. Et il n’était pas le seul. Elle se mordait les lèvres, inquiète de la gravité qui venait de les frapper, de frapper ces lieux. Alors qu’elle observait le Prince, l’image furtive d’un grand jeune homme aux longs cheveux bruns la jaugeait, les bras croisés, son regard allait d’Hayley à Althar tandis qu’un sourire moqueur prit naissance dans l’entrelacs charnues qu’étaient ses lèvres. Il soufflait un mot mais elle n’eût pas besoin de l’entendre pour comprendre ce qu’il disait, c’était comme un hurlement pour elle, amplifié par la culpabilité qui commençait à la ronger. “Trahison”. Et elle savait par tout les dieux anciens et primaux qui composaient les civilisations de jadis qu’il avait Ô combien raison. Il fallait y mettre fin :



      - Je… Je…

    L’arrogance prenait fin, ne laissant qu’une personne tristement démunie face à la vérité, une vérité qu’elle peinait à affronter. Elle rassembla tout son courage : c’était le seul moyen d’arrêter les frais à présent.

      - Althar, je n’ai pas été totalement honnête avec toi, je suis désolé… Ca ne devait pas se passer comme ça… Je… J’ai un petit copain. Quelqu’un qui m’aime et…

    Pourquoi ça ne voulait pas sortir ? La phrase restait incomplète, comme si le dernier mot restait coincé en travers de sa gorge. Le Prince paraissait complètement perdue, dépité, comme une victime d’un bombardement qui cherchait son chemin à travers le champ de bataille. Elle n’avait pas voulu le blesser, elle avait simplement voulu faire capoter le plan de Nan’la et à présent les choses se compliquaient… Pour elle… Et pour lui.

    Elle s’avança vers le garçon qui gardait la tête baissée, pas vraiment sûre du comportement qu’elle devait adopter, elle avait cru comprendre que le jeune garçon espérait plus et à vrai dire à de nombreuses reprises il n’avait pas été des plus subtil… Elle lui tendit le livre, qu’il attrapa d’un geste vif, probablement piqué par le ridicule de cette situation. Que faire ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Elle attrapa sa main dans la sienne, espérant que cela aiderait le Prince a faire son deuil de l’idée qu’il se faisait du lien qui pourrait les unir. Il leva la tête vers elle, il y avait de la tristesse dans ses yeux et cela lui faisait du mal. Elle laissa sa main gauche s’aventurer à la rencontre de la joue du Prince et elle fût saisi d’une émotion encore plus vive que ce sentiment de tristesse qui emplissait la pièce, quelque chose de plus puissant et de plus tentateur. Alors elle ne résista pas.

    Prise d’une impulsion, elle laissa ses lèvres goûter celles du Prince, sans pouvoir chercher le moindre espoir de s’échapper, prise dans le tourbillon des sentiments ambivalents qui l’envahissait, elle se laissa aller à une simple impulsion primaire, l’envie d’un sentiment positif pour compenser la cascade émotionnelle qui voulait l’entraîner vers le fond. Fi de la trahison, fi de la tristesse, fi de la confusion, elle préférait suivre le chemin que la passion lui traçait, pour être certain d’oublier l’espace de quelques instants tous ces sentiments ombrageux.

    Sa main gauche continuait à caresser la joue d’Althar alors que sa langue goûtait celle du Prince et que sa main droite était posée sur le livre que le garçon continuait à tenir. Ce n’était pas la façon dont les choses auraient dû se passer, mais c’était ainsi qu’elle eûrent lieux et c’était terrifiant de perdre le contrôle ainsi, même si c’était le genre de choses dont elle s’était faite une spécialité.

    Alors voilà, elle était ainsi, sans espoir de retour en arrière alors qu’elle s’était offerte au Prince, quelque chose qu’elle n’avait pas spécialement envisagé, ni décidé d’ailleurs. Et pourtant même si la culpabilité continuait sûrement à la ronger, elle ne pouvait pas se résoudre à rompre le lien, même si la tristesse semblait de nouveau partie pour être au rendez-vous. Elle essayait de retenir les larmes qui cherchaient à s’évader et pour le moment elle y parvenait. Mais pour combien de temps encore ? En tout cas sa main continuait à caresser le visage d’Althar, glissant jusqu’à ses cheveux.

    De la folie. De la pure folie. Elle aurait aimé ne pas se laisser envahir de la sorte, elle aurait aimé que les choses se passent autrement, mais elle n’avait pas su trouver la force au fond d’elle de pouvoir résister et encore maintenant cela lui semblait impossible. Les évènements l’avait placé à cet instant de l’existence dans cette position particulière, feuille morte ballottée par le vent, subissant les épreuves plutôt que les affronter. Car elle aurait pu s'élever contre cela, elle aurait pu simplement être le récif sur lequel les vagues venaient s’écraser, aussi inaltérable et immobile qu’il aurait été possible pour elle de l’être, mais elle avait vaguement échoué à être autre chose qu’elle-même, préférant se perdre dans les circonvolutions de cette spirale incontrôlable et cherchant avant tout à répondre à cette tentation qui l’avait prise, aussi vive qu’une blessure, rappelant à tout instant qu’elle devait y succomber.

    Abandonne tout espoir Hayley, une fois cette porte passée, tu entres dans un piège dont tu savais pertinemment qu’il te serais tendu. Alors pourquoi ça ? Pourquoi avoir cédé ? La connaissance n’impose pas la raison et si il y avait bien quelque chose dans lequel Hayley avait toujours été vraie, c’était son caractère émotionnel. Ce n’était pas l’être de raison que sa soeur se targuait d’être, bien au contraire. Etait-ce un mal ? En l'occurrence, oui. Parce qu’elle s’était laissée aller avec Althar. Avec un garçon plus jeune et moins mature émotionnellement, alors qu’espérait-elle tirer de ça, franchement ? Elle savait pertinemment à quoi tout ceci conduirait et ce n’était pas agréable d’anticiper les conséquences de cet acte, parce que l’anticipation commençait à poindre, hélas.

    Mais elle était toujours incapable de se détacher, comme si le destin voulait les lier. Non. Comme si elle voulait lier le destin à ce baiser. Échapper à sa réalité. S’évader l’espace d’un instant dans quelque chose qui paraît plus simple et plus beau. Et se laisser aller.
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By Althar Fanrel Keto
#29893
L'alchimie entre eux s'était bâtie lentement, au fil des mots, des quelques sensations partagées, et des respirations se répondant l'une l'autre. Un coeur battait près d'un autre, et ensemble ils finiraient par être à l'unisson. C'est du moins ce qu'Althar pouvait espérer de cette rencontre. Aussi simple et dénuée d'artifice qu'elle se trouvait être, il y avait là une occasion et une raison d'espérer quelque chose. Aussi simplement que cela, que ce souffle dans sa chemise, que cette chaleur calée sur son épaule, que ce plaisir simple mais si naturel. Il est si propre à l'humain d'être fait pour aimer ... Et il en faut peu pour aimer, il en faut peu pour apprendre à apprécier le tableau innocent d'un jeune garçon enlaçant une jeune fille. Aussi bêtement que cela, aussi pur que les sentiments qu'il se plairait à éprouver envers elle, si cela devait continuer.

Mais cela, c'était sans ajouter le soupçon d'inconnu qu'était l'esprit humain. Sans sa propension à faire mal, et à briser ce qui devrait être. La nature est faite pour être domptée, et non pas acceptée sans restriction.

    « - Tu regardes trop d’holofilms Althar, et pas les bons en plus. »

Là, simplement ça. S'éloignant de lui, quittant le confort du nid qu'elle s'était faite au creux son épaule, elle avait utilisé des mots simples à comprendre. Des mots efficaces. Douloureux. De ceux suffisants pour bâtir une muraille imprenable. Qu'importe le ton, ou la mise en scène, l'évolution de la scène avait fait son effet. Lui, benêt parmi les benêt, hébété qu'il était par l'uppercut qu'il venait de prendre, réajustait sa tenue avec difficulté. C'était comme si ses bras étaient engourdis, et que quelque chose lui pesait dans le ventre. Il était là, à faire ça, sans trop comprendre ce qu'il avait fait de mal, ni même ce qu'il avait pu dire de si dévastateur. Ce n'était qu'une question de rapprochement, et elle avait fait le choix de s'éloigner. Sans explications. Alors lentement, mal installé au sol qu'il était, comme si l'engourdissement de ses fesses sur le parterre sans douceur venait juste de se révéler, il ne pouvait qu'être pantois. Et encore plus lorsqu'elle utilise ses rêveries, sa naïveté, et ce qu'il avait dit de plus intime pour le frapper avec sa réalité morne.

    « - Les Jedi ont été trahis. Et ils ont été tués. Et à leur mort il y a eu l’Empire, c’est aussi simple que ça. »

Mais bien sûr ... Les Jedi ... L'Empire, tout ça, là, c'est sûr que c'est de ça qu'on doit parler, et que c'est ça que t'avais à me répondre. Tout bêtement. Parce que là, en plus de me mettre une claque, tu te contentes de me dire que tu t'en fous des émotions. De ce qu'on était en train de vivre, toi et moi, ensemble. Non, ça compte pas. Tu préfères être une rebelle. Faire mal. Piquer au vif et ne pas regarder les conséquences. Ok. C'est bon. Ta soeur m'a fait le coup. J'ai compris, mais je t'accorderai pas l'importance que t'aimerais que je te donne.

Simplement serrer les dents. Retenir le semblant de tristesse qui monterait, et qui serait une nouvelle fois pathétique. Peut-être qu'il était temps de lever les yeux, de lever le menton, et faire croire qu'on ne ressent rien. Là. Comme tout le monde. Comme tout le putain de monde, incapable d'être putain de sincère dans cette putain d'artificialité. Là, ça te va ça ? La mâchoire serrée, presque à se mordre une lèvre douloureusement, il fallait faire face. Cela passerait par se relever, déjà, pour retrouver un semblant d'ampleur et de hauteur. Et ce foutu livre, qu'elle avait pris à côté de lui ... Rhaaa. Il était mal à l'aise. Quoi faire, maintenant ? A part essayer de retrouver un peu de raideur dans les jambes, désormais adossé au mur, ne manquait que la porte de sortir. C'était aussi simple que ça, au fond de lui. Une très forte envie de tempêter, et de rentrer de ce voyage plus douloureux qu'autre chose. Bon sang, soeurs R'izzan, vous êtes des furies, des vampires qui se repessaient de l'amour des plus innocents pour en tirer une satisfaction malsaine tout juste bonne à faire exploser votre égo démoniaque.

Ne manquait donc qu'une porte de sortie, qu'une raison de traverser la pièce et passer la grande porte. Mais elle ... Elle ... Pourquoi restait-elle là ? Le château de carte venait de s'effondrer, et pourtant elle restait là, féline, douce, sensuelle, face à lui ... Mais pourtant il se refusait à la voir. A la regarder. Parce qu'elle n'était plus que l'ombre de ce qui aurait pu être. Elle était le malaise d'une jeunesse perdue. Peut-être bien qu'il devrait finir par ne devenir qu'un Prince coupé des réalités, coupé des sensibilités auxquelles il pourrait être confronté, juste pour s'éviter des souffrances comme ça. Il n'était qu'un gosse en mal de repères sociaux, et rien de plus. Un pauv' gamin qui vient de se prendre un rateau, pour parler crument. Les yeux au sol, pourtant, la tentation d'affronter le démon restait présente. L'envie de l'observer, pour comprendre, pour voir si elle allait encore essayer de lui faire du mal. Pour voir si elle l'autorisait à partir. Un regard vers ses pieds à elle, puis finalement plus haut, vers ses yeux, qui croisèrent son regard. Elle tenait ce livre, dans le silence pesant de la pièce, mais ne s'en satisfaisait visiblement pas. C'est peut-être ce qui l'avait décidée à parler.

    « - Je… Je… »

Il releva de nouveau les yeux vers elle, attiré par la voix si fine de la kuati.

    « - Althar, je n’ai pas été totalement honnête avec toi, je suis désolé… Ca ne devait pas se passer comme ça… Je… J’ai un petit copain. Quelqu’un qui m’aime et… »

Ha ... L'écrasante vérité ... Les mots qui mettent fin à tout espoir. Ces simples mots. Oui, un petit copain. Un amour déjà présent, lui qui tient à elle, et elle qui n'ose même pas dire qu'elle l'aime. Pourquoi ne le dit-elle pas hein ? Pourquoi faut-il qu'elle parle de lui, et qu'elle le mette entre eux que maintenant ? Pourquoi pas avant ? Althar ne comprenait pas, et ne comprendrait pas. Pas comme ça, pas dans cette disposition, cette manière de faire, cette manière de penser. C'était inimaginable pour lui de voir ce que tout cela sous-tendait, et combien Hayley était dans le trouble. S'il avait compris cela, peut-être qu'il aurait pu agir, faire ce qu'il fallait pour effacer à jamais cette ombre qui empêchait les choses de se réaliser ... Mais non, pour ça il fallait de la maturité, chose que le monde ne lui avait pas encore offert. Cela venait, lentement, certes, mais avec un rendez-vous galant comme aujourd'hui il faisait ses premières armes les plus douloureuses de sa vie.

Et puis bon ... De toute façon ... Pourquoi s'intéresserait-elle à lui ? Qu'est ce qu'une fille comme elle pouvait y trouver de suffisamment intéressant pour rester aussi proche ? Non, il aurait du le voir, le comprendre ... A cet âge, c'est pas ça qui intéresse les filles. C'est plutôt la virilité, la puissance, la hauteur. Son petit ami était sûrement plus grand, plus costaud, un loubard comme avait dit sa soeur, un espèce de rebelle, comme elle, qui devait la faire craquer parce qu'il était un adulte ... Elle y voyait surement là tout ce qu'elle recherchait, toute cette force artificielle chez un garçon qui ne ferait sûrement rien de sa vie. Mais pourtant, au final, quand ils seraient grands, ce serait Althar qui gagnerait, lui et son argent, son pouvoir réel, sa stature. Mais pas à cet âge. Pas maintenant. Pas s'il se met à côté de son petit copain. Non. C'était sûr ... Et c'était le plus triste dans tout ça. Parce que lui, Prince de pacotille, n'arrivait pas à éteindre le feu qui brûlait en lui en la regardant. Elle, si rebelle, si simple, si sincère ... Ce moment, passé en tête à tête, et cette proximité parce qu'ils s'étaient mis à nus ... Et ces yeux ... Ces yeux ... Il aurait pu s'y perdre toute une vie. Elle avait tout pour elle, et lui rien du tout. C'était un fait, c'était la vie. On peut prétendre qu'un noble ne connait que peu de choses du monde réel, mais il n'empêche que ses sentiments sont les mêmes, surtout lorsqu'il est question d'amour.

Comment était-il censé réagir, maintenant ? Dépité, oui, sûrement, il n'y avait rien à dire de toute façon. Et faire, encore moins. Il regardait le sol, une nouvelle fois. Eternelle défense, substitut de barrière pour ne pas affronter Hayley. Elle avait fait taire son dernier espoir, laissant entendre que rien ne pourrait se faire entre eux, pas même une quelconque amitié. Ca faisait mal. Oui, ça faisait mal de s'être trompé, et de se faire retirer le peu de bonheur qu'il avait eut l'instant d'avant avec elle. Elle s'approcha, mais il n'avait plus l'envie de lever la tête. Seul le livre entra dans son champs de vision, poussant donc à une seule réaction : le reprendre, pour mieux le triturer, et avoir un repère fixe pour le regard. C'était peut-être un peu sec comme geste, mais ce n'était qu'un réflexe pas vraiment voulu. Sa mâchoire s'activait, se triturait, ruminait cet échec. Pourquoi restait-elle encore ? Pourquoi ...

La main kuati se glissa sur la sienne pour l'attraper ... S'en voulait-elle ? Regrettait-elle quelque chose ? Non ... Bien sûr que non, ce n'était pas aussi simple ... Mais ce simple contact, ce quelque chose, c'était si doux, si agréable ... Ellle ... Juste elle ... Il n'arrivait même plus à garder une mine correcte, tennaillée entre simple déception et tristesse profonde. Peut-être bien qu'il s'était attachée trop vite à elle, en trop peu de temps. Ses yeux quittèrent leurs deux mains pour trouver le visage de la jeune fille, qu'il découvrit étrangement insatisfait. Quelque chose ne semblait pas normal, dans tout ça, dans son attitude à elle, et dans cet instant qui les unissait en silence. Mais happé par cette beauté, les émeraudes qui lui faisaient face désormais redevenaient une prison cruelle, où son coeur était désormais emprisonné entre des murs trop serrés pour lui. Une beauté pure, tel un diamant parfait, une pierre précieuse que rien n'aurait entaché ni abîmé ... Quel le coeur est cruel. C'est quand on conçoit que quelque chose est intouchable qu'on le désire le plus. C'est quand on comprend que jamais il ne la reverra qu'on se prend à ne plus vouloir lacher la douceur de cette main, à trouver la beauté la plus exquise sur les traits si fins de ce visage qui a quitté l'enfance, et qui présage la plus belle des femmes ... Pourquoi pas ? Pourquoi pas se réfugier dans cette dernière illusion ? Le rêve est l'apanage des plus grands malheurs, alors à quoi résister dans cette détresse, et ne pas plutôt garder cette dernière image, pour en construire une suite fantasmée, pour se rassurer ?

L'autre main féminine se porta à sa joue, dans un geste de tendresse, fatalement. Devenait-elle folle ? Un frisson lui parcourut l'échine, et il crut défaillir. Si près d'elle, si liés ... C'était une certitude maintenant, quelque chose les retenait et les maintenait dans cette proximité, mais aucun des deux ne pouvaient l'accepter. Ils étaient figés dans leurs droiture et pendus au visage de l'autre. Jusqu'à qu'elle fasse un pas. Un dernier pas. Le seul qui compte vraiment.


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Le souffle chaud de sa respiration s'était rapproché, sans un bruit, comme si plus rien ne comptait désormais. Cette attraction, et cette proximité, cela devait forcément y mener. C'était toujours la voie des holofilms, toujours la voie de l'amour, alors pourquoi pas eux ? Il aurait pu l'appréhender, s'il s'était rendu compte qu'ils allaient le faire, mais non, c'était d'un naturel déconcertant. Le monde avait cessé de bouger, lui et sa vie hyperactive. Les coeurs avaient cessé de battre une chamade infernale pour trouver un rythme conjoint, complémentaire, répondant. Leurs yeux s'étaient quittés une dernière fois pour voir ses lèvres et leur ébène empoisonné, et plus rien n'arrêterait cette progression inexorable. C'était une première fois, mais il n'aurait pu rêver mieux. Volontaire plus qu'offert à elle, leurs lèvres se rejoignirent pour sceller leur pacte silencieux. Elle et lui ... Toi et moi ... Nous.

C'était furieusement plaisant. Cette sensation, et cette sensualité ... Jamais il n'oublierait ce trésaillemment, cette décharge en ressentant ce contact. Et plus encore, jamais il ne le vivrait autrement que ce qu'il vit à cet instant. La bibliothèque disparut lentement pour devenir qu'une ombre, et dévoiler en réalité une pièce bien plus grande. Une pièce qu'il reconnaitrait parmi mille, une pièce tirée de son Palais, de son monde. L'impressionnante salle de bal, aux grandes portes vitrées, et aux lumières tamisées pour rendre si intimiste ces dorures sans fin. Pas de plafond, juste un ciel étoilé, pur, sans être gêné par la lumière, et dévoilant la nudité du système solaire de Koros. Dans cette pièce, pas une seule présence, si ce n'est la leur, pas même une ombre pour les observer. Seulement eux. S'observant. Jusqu'à finalement ce baiser, et cette rencontre, cette explosion de sens. La musique qui jusque-là était si basse devient soudainement omniprésente, sortie de nulle part, pour bercer les premiers pas de danse, en commun ... L'ensemble débouchant sur une valse amoureuse entre Althar et Hayley, scindés par un baiser passionné, inarrêtable, unique. Transportés par ce flot de sentiments, les deux corps ne se lâchent plus, et tournent, encore et encore au son de la musique, ne devenant plus que les symboles de cette fusion inarrêtable à ce moment-là, entre eux. La robe noire de cette Princesse d'un soir se dresse au fur et à mesure du ballet endiablé alors que ses cheveux ne bougent que trop peu, figés dans leur beauté marquante. Les mains se perdent sur les corps de l'un et de l'autre, avec un Althar meneur de danse, dans sa tenue accordée à l'ensemble.

Mais pire que ce simple rêve, dont le tournis mental est agrémenté du frisson de cette main sur son visage, s'infiltrant dans ses cheveux comme s'ils s'étaient toujours connus et que plus aucune barrière ne les arrêtait. La valse continuait dans son élégance et sa passion, dans sa découverte des plaisirs d'un baiser explorateur, elle et sa langue habile. Le naturel de tout cela était déconcertant, comme s'ils avaient été fait pour ce moment, elle et lui ... Et peut-être était-ce pour ça que peu à peu, au fil des cercles qu'ils formaient au sein de toute la pièce, les choses changeaient doucement. Lui grandissait lentement, vieillissant à vue d'oeil, et dont les habits devenaient toujours plus beaux et étincelants. Elle aussi devenait toujours plus, prenant soudain les habits d'une Princesse, certes uniques en leur genre, mais princiers tout de même, et l'un et l'autre ne se quittaient pas, habités d'un bonheur inébranlable. Encore un tour et ils devenaient des figures connues, un Althar plus princier qu'il ne le sera jamais et une Hayley aussi éclectique que magnifique, symbolisant la réussite d'un couple princier. Vient une nouvelle valse, et des traits un peu plus âgés, et une couronne sur la tête de chacun, et des habits de cérémonie royale, comme si c'était une évidence qui ne serait jamais discutée. Et c'est ainsi que va la vie, au fur et à mesure des rondes toujours plus graciles et douces, au milieu de cette salle majestueuse, faisant vieillir les deux amoureux le temps d'une vie remplie et heureuse, leur offrant la grâce de l'âge avancé et des cheveux blancs. La conclusion est évidente, mais dans de telles conditions, comment la regretter ?

Mais loin de sombrer dans la tristesse d'une fin de vie partagée, ce que n'est que le visage de leur jeunesse qui réapparaît, ramenant Althar à cet instant de grâce qui prenait fin, par un léger recul de chacun, et d'un environnement qui se brouille quelques instants, juste assez pour retrouver les deux repères verts face à lui et revenir sur le même plan astral.


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Juste quelques secondes pour retrouver son souffle, et voir ce qu'elle fait, piégée face à lui. Il ne veut plus la lacher, et elle ne veut pas reculer ... Leurs mains liées sur le livre, elle qui lui tient le visage, et lui qui la tient dans son dos avec douceur mais suffisamment de présence pour qu'elle ne parte pas. Une main qui monte et descend le long de la colonne vertébrale, comme un amant avec sa compagne. Le regard se perd entre ces lèvres brunes dont la couleur s'est légèrement estompée, et ses yeux qu'il découvre peu à peu tristes et malheureux. Est-ce une larme qui s'affiche au coin de ces belles pupilles ? Alors qu'Althar affichait un sourire irrépréhensible, il se prit à ressentir toute la mélancolie qui s'abattait en cet instant de retour à la réalité, où leur étreinte n'aurait plus lieu d'être. Celle qui le surplombait d'une tête ne méritait pas de ressentir un tel déchirement après ce qu'ils venaient de vivre. Alors que lui était béatement heureux, presque sur un nuage pour ce premier baiser qu'il venait de vivre, elle le regrettait amèrement. Qu'est ce qu'il pouvait faire ? Qu'est ce qu'il devait faire ? Le devoir reposait sur ses épaules, à cet instant.

Maladroitement, déjà, cela passait par se rapprocher d'elle et essayer de la réconforter en l'entourant. Concrètement, c'était simplement un calin, alors même qu'il était le plus petit des deux. A cela s'ajouterait une tentative de contact plus intimiste, plus sincère, de son visage à côté du sien, d'une joue contre une tempe, ou quelqu'autre endroit qui arriverait à ce niveau-là. Ils étaient tous les deux fautifs, dans l'histoire, mais il ne lui laisserait pas porter ce fardeau seule, pas si simplement. Ne manquait que des mots à trouver, des mots qui ne feraient pas de mal, qui apporteraient un peu de baume sur ce coeur en feu. Mais ils étaient durs à trouver ... Sa poitrine contre la sienne, leurs pouls étaient le seul dialogue qu'ils arrivaient à avoir, ainsi entre-croisés l'un contre l'autre. Le feu devait s'étendre, se calmer avant de brûler à tout jamais les âmes en peine. Le calme d'un souffle chaud dans le cou, d'une présence près de son coeur. Les secondes s'égrainèrent lentement, comme ça, avant qu'il ne se décide à lui parler, près de l'oreille, dans un chuchotement ...

    « Merci pour ce moment Hayley ... »

Juste un instant ... juste un instant de tentation ... La remercier, lui prouver, glisser sa tête au creux de ce coup parfumé pour en profiter une dernière fois. Cette senteur délicate, cette douceur féline, ce délice féminin, cela resterait à jamais dans sa mémoire. Mais il ne fallait pas en abuser, pas plus qu'il ne devait aujourd'hui succomber à la tentation égoïste. Non, elle était malheureuse, et il en était la cause. Sa tête se décala de ce recoin éphémère et laissa pour pourboire un baiser léger mais symbolique, tendre, au croisement du cou et de l'épaule, comme une chatouille sur cette peau sacralisée par ses jeunes années. Le contact était si doux qu'il aurait cru en embrasser sa joue, mais non, c'était bien ce cou. Et après avoir reculé sa tête, et observait une nouvelle fois Hayley, il ne put s'empêcher de vouloir lui retirer ses larmes qui lui tordaient le coeur juste à leur simple vision. Mais sans les mains, le défi et difficile. Alors naïvement, et poétiquement, c'est par un baiser sous chaque oeil qu'il tenta de les enlever. Le très léger goût de sel qu'il perçut l'instant d'après lui confirma que tout ceci était bien réel, et que rien n'y ferait ...

    « C'est la plus belle chose que j'ai vécu ... Tu es la plus belle chose que j'ai jamais vu ... »

La voix perdait en assurance, dans son chuchotement, mais les mots venaient de ses entrailles. Pourtant la fin de cette phrase manquait. Il manquait un "Mais". Une fin malheureuse, une réalité rappelée. La plus belle chose, mais à laquelle je n'aurai pas droit. Mais qui ne peut pas m'aimer. Mais que je ne verrais plus. Mais qui ne restera qu'une chimère dans ma mémoire ... Il ne fallait pas dire le reste. Seule la beauté devait être préservée, et réaffirmée. Le reste n'importait plus, ce n'est que ce qui reste cloîtré derrière la porte. Nous devrions profiter, nous devrions abuser, s'embrasser, encore et encore, et s'aimer sans contrainte mentale tant que nous le pouvons ... Mais nous ne le ferons pas. Parce que tu es grande. Parce que je suis tenu par des principes qu'on s'acharne à m'apprendre.

    « Alors ... alors ne pleures pas s'il te plait ... »

Il s'efforçait de sourire, dans toute la splendeur de sa mélancolie, sans jamais quitter ce ton si bas qu'il employait. La voix restait mal assurée, mais elle s'efforçait d'être réconfortante, dirigée pour elle, pour lui montrer qu'il était incapable de lui en vouloir, ou de regretter.

    « Merci Hayley ... »

La main malheureuse, dans le dos de la future Jedi quitta son refuge pour venir remonter le bras de sa compagne, tel un grimpeur qui cherche à dompter un pic éternel, jusqu'à atteindre son sommet, et cette main tant appréciée. Une caresse suffit à lui faire lacher prise, et remplacer sa tête comme support, pour mieux entrecroiser ses doigts sur la sienne, par-dessus. Mais ce n'est pas innocent, non, alors qu'il l'amène sans brusquerie jusque devant son visage, il y appose un dernier baiser, pour le péage, et la laisse aller jusqu'à son port d'amarrage suivant : son propre coeur. Elle était simplement glissée contre, sur les plis de sa chemise, plus symboliquement que véritablement utilement.

    « Ce que nous venons de vivre ... Ce sera à jamais gravé là ... Je ne pourrais pas t'en demander plus ... Ton honneur se doit d'être respecté ... »

Oui l'honneur. Sorti de la bouche d'un quasi-adolescent, à qui on tente de l'inculquer chaque jour de sa vie. L'honneur d'une femme, l'honneur de son compagnon, l'honneur d'un Prince qui amène une amante au péché ... Tout cela était mal. L'honneur symbolisait combien ils s'étaient trompés, et combien il reconnaissait que quelque chose était bafoué. C'était la seule excuse qu'il trouvait pour s'empêcher de chercher ses lèvres, si proches des siennes, et dont rien n'empêcherait qu'il essaie une nouvelle fois d'y goûter.

    « Tu ... tu me le pardonneras un jour ? Je ... te présente mes excuses ... à toi ... et à lui ... »

Sa voix s'éteignait peu à peu, au même moment que tout le reste, comme si les mots ne voulaient plus sortir. Elle avait beau être à quelques centimètres de lui, il ne fallait pas ... Il en rêvait, il la désirait, mais il ne fallait pas. Cela prenait toute sa volonté, tout ce qu'il était au fond de lui pour faire ce sacrifice. Même cette main qu'il avait gardée contre lui, il la descendit lentement et la relacha dans une dernière caresse. Il ne voulait plus la regarder, il n'osait plus. Cela faisait mal. Cela pourrait appeler à des larmes, quand il serait dans sa cabine, mais pas maintenant. Faire face. La tête haute. Non pas craquer devant Hayley. Mais sa volonté a une limite : il n'en fera pas plus. Pas reculer, pas lacher le livre, pas ignorer cette femme tout près de lui. Tout sa construction mentale de Prince était en train de trembler face aux coups de boutoir de l'enfance. Simplement, fuir le regard, ou fermer les yeux. Surtout pas vers le bas, parce qu'il est indécent de regarder vers le décolleté d'une demoiselle, mais vers le côté, toujours vers le sol. La soumission, le retour de l'enfant face à l'adulte. C'était le symbole de ce dernier sacrifice, de celui qui avait profité et attendait maintenant sa punition.

Ha Hayley ... Je donnerai un royaume pour goûter de nouveau à tes lèvres si douces ...
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By Hayley Curwee
#29921


    Piégée dans les sentiments ambivalents qui agitaient les tréfonds de son âme, elle s’était laissée choir, se réfugiant dans l’inaction pour essayer de se donner bonne conscience, en quelque sorte. Oh, elle avait conscience de se voiler la face, tout comme elle avait conscience que sa part avait été des plus actives parce qu’elle s’était enfermée dans le doute, un doute qui la poursuivait depuis quelques temps et Althar n’avait qu’une part minime dans les dégâts qu’elle s’apprêtait à occasionner, ce qui avait été fait, Althar l’avait accompli à son corps défendant. Il ne s’agissait pas de réduire à néant sa portée, ça non, mais bien de se rendre compte qu’il avait réussi à s’immiscer dans la faille, en cela il avait été même plutôt performant, comme un joaillier expérimenté qui avait su au premier coup d’oeil que c’était sur ce défaut de l’émeraude qu’il faudrait se concentrer.

    Hayley fermait les yeux, préférant se concentrer sur le va-et-vient incessant que pratiquait la main du jeune Prince dans son dos, geste qui la conduisait à se sentir brûlante et gelée à la fois, elle aurait aimé pouvoir se sentir mieux, ou du moins pouvoir clarifier ses propres sentiments et ne pas se retrouver coincée entre chaud et froid, ces sensations contradictions qui la laissait complètement démunie.

    Il semblait que le Prince avait remarqué son trouble et il fallait dire que cela n’avait rien d’étonnant : elle ne s’était pas cachée. Mécaniquement, il s’était rapproché pour la prendre dans ses bras et son visage s’était rapproché du sien mais le contact n’avait pas été si prompt à la sensualité qu’on aurait pu le croire. Une larme perlait sinueusement, traçant un sillon sur sa joue, témoin silencieux mais ô combien explicite de ce qui l’agitait. Elle ferma les yeux, ajoutant un compagnon à ce témoin tandis qu’elle tâchait d’établir un barrage face à cette tristesse qui menaçait de l’inonder.

      - Merci pour ce moment Hayley ...


    Le chuchotement rajoutait quelque chose de très intimiste à cette scène mais aussi une dimension incroyablement humaine qu’elle n’avait pas anticipé, pour autant elle ne préféra pas répondre. Elle n’avait pas la volonté d’être blessante et elle savait que sa franchise pouvait la conduire à parfois l’être. Alors autant se murer dans le silence et le laisser combler le vide qu’il cherchait à combler, cette espace froid qui s’était dressé entre eux deux. Des baisers, c’est ce qu’il choisit pour essayer de pallier à la gravité de l’instant, de régler tous les soucis qui s’étaient dressés entre eux. Le but était de réchauffer le coeur de l’adolescente et d’un certain point de vue, cela fonctionnait, même si bien entendu les traces de ce qu’elle avait fait ne pouvait disparaître comme ça.

      - C'est la plus belle chose que j'ai vécu ... Tu es la plus belle chose que j'ai jamais vu ...


    Elle enfouit son visage dans le cou du jeune Prince, sentant poindre une chaleur au niveau de ses joues, quelque chose qu’elle pensait impossible jusqu’alors. Il y avait quelque chose de vain dans cette situation, se sentir gênée par une flatterie alors qu’elle ressentait une telle tristesse…

      - Alors ... alors ne pleures pas s'il te plait ...


    Elle fût agitée d’un soubresaut, rien que le souvenir d’un rire qui avait disparu aussi vite qu’il était apparu, trop entremêlé qu’il était avec les sanglots, eux, bien présents. Même si la tentative ne manquait pas d’une certaine ironie - car après tout espérer d’une personne qu’elle arrête de pleurer juste en lui demandant cela ne manquait pas de souffle - elle avait plus ou moins réussi, car les pleurs d’Hayley commencèrent à cesser. Morts plus vite qu’ils étaient nés.

      Merci Hayley ...


    Elle s’était apaisée à présent, son souffle devenait plus régulier et ses joues redevenaient rien de plus que le témoin salé d’une blessure qui pourrait guérir à présent. En un sens, Althar avait permis de la décider, de prendre une décision, elle ne pourrait pas continuer quelque chose avec qui que ce soit en sachant pertinemment qu’elle avait fauté et que ses sentiments étaient loin d’être aussi assuré qu’elle voulait le croire. Son visage quittait son refuge alors que le Prince se saisissait de sa main et l’embrassait, puis la portait à son coeur, symbolisme maladroit mais non dénué de charme. Combien de filles pouvaient se targuer d’avoir le droit à ce genre de faveurs ? Qu’elle fûssent de son âge ou plus vieille elle connaissait la réponse : très peu. Le romantisme faisait toujours son petit effet.

      - Ce que nous venons de vivre ... Ce sera à jamais gravé là ... Je ne pourrais pas t'en demander plus ... Ton honneur se doit d'être respecté ...

    Elle baissa les yeux, incapable d’affronter l’intense regard du garçon, comble pour celle qui d’ordinaire était si fière et si sûre d’elle-même, à présent elle se retrouvait piégée par le jeune garçon timide et son regard qui semblait vouloir percer les secrets que recèlaient son âme.

      - Tu ... tu me le pardonneras un jour ? Je ... te présente mes excuses ... à toi ... et à lui ...




    Son regard se porta sur sa main, toujours emprisonnée, qu’elle se décida à libérer de l’étreinte du garçon, son autre main récupéra le livre qu’elle parût examiner un petit moment, mais finalement elle le balança derrière elle, sur le bureau, dans un bruit sourd. Elle parut reprendre contenance, comme si rien ne s’était passé entre eux, comme si elle n’avait jamais pleuré face à lui ni avoué qu’elle avait quelqu’un qu’elle s’apprêtait à tromper allègrement. Sa main droite s’emparait de la main gauche du Prince, qu’elle entreprit de mener d’un pas lent vers elle alors qu’elle reculait. Son mouvement ne dura pas bien longtemps et rapidement elle se trouva bloquée entre Althar et le bureau, cage qu’elle avait contribuée à mettre en place avec un plaisir manifeste, elle avait besoin de cette prison parce qu’elle s’était libérée d’une autre bien plus puissante mais également plus conceptuelle. Cette emprisonnement réel tenait plus du jeu que de la réalité finalement et cela ne lui déplaisait pas. Finalement, alors que sa main jouait avec celle du Prince, elle prit la parole, un pâle sourire aux lèvres :

      - Tu n’as rien à te faire pardonner Althar. Tu n’es pas responsable de mes choix.

    Elle libéra la main du tetâns, et s’appuya sur ses propres mains pour se hisser sur le bureau, assise là, elle dominait le Prince encore un peu plus, comme si cela était vraiment nécessaire. Et pour cause ça l’était, c’était comme si son corps avait décidé de rétablir l’équilibre en compensant sa vulnérabilité émotionnelle par quelques artifices dont il avait le secret et n’avait trouvé mieux que de s’élever physiquement pour reprendre l’avantage. Mais était-ce si compliqué que cela ? N’avait-elle pas juste agis par impulsion, comme toute son attitude jusqu’alors avait montré ? Il n’y avait parfois pas de sens dans ce que les gens faisaient et Hayley ne faisait pas exception à cette règle.

    Ils étaient de nouveau proches, peut-être trop même et ils avaient tous deux en tête la possibilité que quelque chose pourrait à nouveau se passer, mais l’ambiance n’était pas la même, plus de tristesse, plus de doute, ne restait que l’envie qui agitait fiévreusement l’air, une tension sourde mais qui mettait en exergue ce qui existait déjà entre les deux êtres : un sentiment d’inachevé qu’il fallait réduire à néant.

    Et cela se produisit.

    Ses deux mains s’emparèrent du visage du garçon, au niveau du bas des joues, l’attirant à sa tête penchée alors que ses lèvres se mêlèrent de nouveau à celle du Prince, un baiser plus passionné, quoiqu’un peu lent. Ses jambes vinrent se positionner au niveau du dos d’Althar, l’emprisonnant dans une étreinte dont il ne pouvait plus s’échapper. Et lentement, elle laissa de nouveau sa langue caresser celle d’Althar, dans un baiser langoureux et tendre où il ne régnait plus le même mal-être que celui d’avant.

    Elle savait que c’était autre chose, qu’à présent ce qui avait pu être considéré comme une erreur se reproduisait, faisant repasser les choses sur un tout autre niveau. C’était une récidive, elle ne pouvait plus plaider pour obtenir le pardon, c’était révolu. Et en même temps elle n’avait pu repousser cette envie qui s’était emparée petit à petit d’elle. Sa respiration se faisait plus profonde et ses gestes plus détachés, comme si son corps était animé d’une vie propre, d’une envie mécaniquement liée à quelque chose de plus intense, une volonté de rechercher un plaisir bien plus important quelque part là où seul le corps savait. Son cerveau semblait avoir été déconnecté, faisant fi de la raison pour se laisser guider seulement par le bouillonnement d’hormones qui était l’apanage de leurs âges.

    Mais bientôt le lien dût se rompre, gâché par les légers tocs-tocs sur une porte. Le majordome pénétra dans la bibliothèque sans même ciller devant le spectacle des deux adolescents qui se trouvaient dans une position des plus inconvenantes. Les mains derrière le dos, il parut réciter un texte comme s’il avait été un comédien de théâtre dont le jeu semblait pathétique de nullité et dénué d’émotions :

      - Mademoiselle R’izzan, Prince Fanrel Keto, il semble que le rendez-vous ait été “écourté”. L’on vous attends dans le vestibule, je ne saurais trop vous conseiller de reprendre une tenue un peu moins...extravagante.

    Il s’inclina, puis repartit comme si de rien n’était, laissant le couple un peu ébahis. Finalement Hayley pouffa de rire, enfouissant son visage dans le cou d’Althar, murmurant :

      - Le malaise…

    Elle quitta son refuge, admirant le visage d’Althar : ses cheveux étaient ébouriffés et on pouvait voir des traces noires là où ses lèvres étaient passés, témoignage édifiant du chemin que la sensualité qui les liait avait effectué. Elle passa ses mains dans les cheveux du garçon, essayant de redonner une cohérence à cette coupe, non sans mal. Le résultat n’était pas vraiment un succès d’ailleurs, elle pouvait le constater. Elle déposa un baiser sur ses lèvres puis essuya du doigt les endroits noircis par son rouge à lèvres. Elle prit les mains d’Althar dans les siennes, croisant son regard. L’heure des adieux était venu, que pouvait-elle dire de plus ? Rien à la hauteur de ce qu’il lui avait dit, hélas. Alors tant pis, autant improviser :

      - Vis pour toi Althar. Et ne t’enferme pas dans le passé, d’accord ?

    Elle quitta son perchoir et l’enlaça. Une façon pour elle de lui dire de passer à autre chose, que ce moment ne devait pas l’empêcher d’évoluer et de continuer. Et de ne surtout pas céder aux caprices de ses parents, ces enfoirés conservateurs qui cherchaient juste à contrôler la destinée d’un être vivant qui ne représentait rien de plus que l’aboutissement d’une lignée. Rien que cette pensée la mettait en rage. L’étreinte prit fin, elle avait été salvatrice sur bien des aspects et leur permettrait à eux deux de faire leur deuil, elle en avait le sentiment.

    Elle l’accompagna tout le long du couloir, mais restant dans l’ombre, le laissant faire le bout du chemin seul vers ses parents qui semblaient en grande conversation avec Sir Dylan R’izzan, une conversation teintée d’une certaine froideur de ce qu’elle en jugeait. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il était advenu mais si son père avait foiré la proposition de mariage entre Nan’la et Althar, elle pouvait s’estimer satisfaite de tout cela.

    Sans un regard, Althar rejoignit ses parents tandis qu’Hayley restait dissimulée dans l’ombre du couloir, le fixant sans ciller. La mère du Prince le questionnait sur sa tenue et tentait d’arranger tant bien que mal tout ça. Hayley fût envahi par une profonde tristesse en voyant ce tableau, quand bien même elle avait obtenu une victoire



    Alors qu’il attendait sagement, Althar croisa le regard d’Hayley, ce qui la tétanisa de prime abord. Que faire ? C’était sûrement la dernière fois qu’elle le verrait, la dernière fois qu’il pourrait se dire quelque chose… Alors elle prit son courage à deux mains, avança son visage hors de l’ombre du couloir et avec ses lèvres forma les mots suivants dans une phrase qu’elle voulait marquante :

      - Ne m’oublie pas.

    Aucun son n’était sorti de sa bouche et le visage d’Althar était indéfinissable. Avait-il compris ? Elle ne pourrait jamais le savoir, quelques secondes suffirent pour qu’il disparaissent de sa vie, aussi vite qu’il y était entré. Les Fanrel Keto quittaient les lieux et avec eux, cette sensation qu’elle avait eût pour une fois d’avoir trouvé une réponse à la question qu’elle s’était souvent posée.




    Plic. Ploc.

    Les larmes faisaient ce drôle de bruit alors qu’elles chutaient sur la couverture du livre qu’elle n’avait même pas ouvert. C’était ça, ce souvenir. Il était resté ancré en elle pendant un temps indéfinissable, quelque chose qu’elle avait voulu mettre de côté, plus pour le protéger que pour l’oublier. Alors peut-être que cela lui avait permis d’occulter une souffrance qui était de trop, quelque chose qu’elle ne pouvait pas se permettre d’assumer, mais maintenant elle était bien là, réapparaissant d’outre-tombes.

    Elle passa sa main devant son visage, essuyant les larmes au passage.

    Au final est-ce que ça importait vraiment ? Qu’est ce que ça changeait ? Rien en définitif. Mais elle retrouvait en même temps que lui ce sentiment d’inachevé, quelque chose qu’elle aurait voulu laisser à sa place. Mais cette souffrance la transperçait d’autant plus qu’elle réalisait l’avoir croisé en chair et en os sur le DSI et il ne l’avait pas reconnu… Et elle non plus… Alors voilà, ils avaient été les jouets du destin, qui n’avait pas manqué d’ironie d’ailleurs.

    Hayley éteignit la lumière de sa chambre et s'allongea sur le lit, admirant le plafond comme s’il recelait un quelconque intérêt.

    Pour la première fois depuis un certain temps, elle se sentait complètement perdue, perdue par ce souvenir qui l’avait brinquebalé quelque part loin au dessus de ses considérations actuelles.

    Elle se tourna sur le côté, posant sa tête sur ses mains jointes. Ses yeux posés sur l’heure qui passait, minute par minute et elle ne pouvait en détacher son regard, comme hypnotisé.

    Tic, tac, tic, tac…
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By Althar Fanrel Keto
#30131
Les deux corps s'étaient séparés d'un commun accord, dans le plus palpable des silences. Mais aucun ne souhaitait vraiment s'éloigner de l'autre, retenus par des fils invisibles. Etait-ce des sentiments ? De l'envie ? Des regrets ? Qu'est ce qui faisait qu'à cet instant, se sachant pertinemment dans la faute et l'erreur aucun des deux ne voulait reculer ? Le coeur venait de prendre la place de l'esprit. La raison a ses limites, et quand bien même chacun des deux renia l'autre par un geste, cela n'avait pas suffi à créer un fossé entre eux. Pire, cela offrait un répit à tous les deux pour essayer de retrouver un semblant de santé mentale ...

Elle lui prit le livre dans la main pour l'observer. C'était leur espèce de point de repère commun, la marque de fabrique de cette union d'un après midi. Ils ne se regardaient plus, mais leurs yeux trouvaient pourtant leur chemin ensemble sur cette couverture mystérieuse ... jusqu'à qu'elle le jette sur le bureau, surprenant légèrement par la même occasion Althar. Cette fois-ci, ses yeux s'étaient posés d'eux même sur elle. C'était le signe. Elle était redevenue l'audacieuse. La battante. Celle qui le surplombe ... et l'électrise. Et comme si elle n'avait jamais pleurée, elle se lançait dans une nouvelle danse, l'entrainant avec elle vers le bureau. Main dans la main, pas de questionnements, pas un bruit si ce n'est celui de leurs vêtements qui se froissent, et leur souffle qui se tend. Le bureau. Leurs mains se retenaient une nouvelle fois, et leurs regards ne se quittaient plus. Quelque chose se passait dans l'air, cette alchimie retrouvée, cet instant comme celui d'avant ... Il restait du doute, mais pas comme il devrait l'être ... La kuati était désormais sa prisonnière. Bloquée contre ce bureau paternel, et par Althar qui ne bougeait plus, calé contre elle.

La scène offrait l'étrange positionnement d'un couple d'amoureux prêt à passer à l'acte. De véritables prémices à un instant charnel comme chacun d'eux en connaitrait plus tard ... Mais aujourd'hui ils était bien trop jeunes. Bien trop innocents. Un regard dans le blanc des yeux et une danse de leurs souffles communs seraient l'apothéose de cette scène, leur chaleur réciproque virevoltant dans le creux entre leurs visages.

    « - Tu n’as rien à te faire pardonner Althar. Tu n’es pas responsable de mes choix. »

Les mots étaient vrais, mais la réalité était autre chose. S'il n'avait pas eut la stupide fougue de sa jeunesse, l'amenant à s'éprendre d'une fille au premier regard, ils n'en seraient pas là. Pour s'embrasser, deux personnes devaient entrer en collision. C'était la règle élémentaire ... Et qu'importe tes choix, douce Hayley, j'y ai contribué. Mais tu le sais. Nous repartons de zéro, alors. Sa main l'abandonna une ultime fois, pour lui permettre de se hisser au-dessus de lui. Avec la légèreté d'une plume, et la grâce d'une fleur, elle devenait le soleil de la pièce, le feu de ses cheveu le surplombant avec aplomb. Qu'est ce qu'il aimait ça. Comment ne pouvait-elle pas se rendre compte combien tout cela l'attirait ? Elle était la plus âgée, l'adulte des deux, l'impossible ascension qu'il devait réussir ... Ses yeux lui lancèrent un regard de défi, maintenant qu'il se retrouvait coincé quasiment entre ses jambes. La tentation de poser ses mains sur les siennes étaient grandes, mais il ne fallait pas bouger. Ne pas rompre ce lien, ne pas succomber à gacher cet instant. Ce n'était rien, mais c'était tout. Lui, elle, ses cheveux de feu, sa robe, sa tenue de Prince d'un autre monde, et un défi. C'était électrique, c'était une envie comme il n'en avait jamais eut. C'était un mélange d'inachevé, et de potentiel. De passé et de futur. D'un présent trop puissant pour l'arrêter. Ses deux émeraudes ne pouvaient pas s'y refuser, elles l'avaient une nouvelle fois à ce point culminant. Maintenant ou plus jamais. Des regrets, ou des rêves. Toi et moi.

Et cela se produisit.

Il n'eut pas le temps d'appréhender ce qu'ils s'apprêtaient à faire. Jamais de sa vie avant cette journée il n'avait embrassé une fille, et ce ne serait là que la deuxième fois. Le stress qu'il éprouva disparut aussi vite que leurs lèvres se touchèrent, entamant leur danse amoureuse avec une sincérité toute fraîche. Ce n'était plus pareil, ce n'était plus si retenu, plus si paradoxal. Les mains féminines de la future Jedi avaient glissées sur ses joues en même temps que leurs corps s'étaient arc-boutés pour permettre à leurs lèvres de se rejoindre. A son tour, les siennes vinrent se perdre sur les plis de sa robe, dans son dos, l'une caressant celui-ci avec la tendresse du prétendant, et l'autre remontant vers les zones découvertes de son périmètre pour frissonner sur cette peau si douce.

Il n'y avait plus de raison de reculer, ni de regretter. Ils le faisaient en connaissance de cause, en le souhaitant plus que tout ensemble. La douceur qui émanait de cet échange était telle qu'Althar alla jusqu'à se prendre pour son amant de toujours, celui qu'elle aimait depuis des années et avec qui tout était naturel. C'était tendre, et chaleureux, c'était un couple qui ne se découvrait pas, mais qui s'aimait. Elle et lui. Ses lèvres contre les siennes. Un plaisir simple, posé, que chacun s'appliquait à rendre le plus beau possible. Ils y étaient. C'est là leur moment. Leur instant. Comme si cela n'y suffisait pas elle le tenait contre elle, avec ses jambes, rajoutant toujours plus de tension dans un moment qui n'en manquait pas. La beauté de l'échange était magnifiée par leur innocence, si loin d'imaginer qu'il n'aurait fallu que si peu de choses pour aller plus loin. Mais jamais leurs hormones n'iraient si loin, jamais leur amour ne pourrait dépasser la limite de leurs lèvres. Elles étaient leur seul et unique lien physique, leur point de jonction dans cette Galaxie, leur moyen de se dire ce que les mots ne pouvaient formuler.

Leurs langues jouaient ensemble la valse de la passion. Elles s'affirmaient avec passion, mêlant leurs salives pour les sacrifier communément à cette étreinte. Sa main droite glissa du haut de son dos pour se glisser avec douceur dans ses cheveux, pour les sentir autour de ses doigts et profiter un peu plus de ce feu ardent qui encadraient son visage. Sa main gauche restait au creux de son dos, pour continuer à y répandre un peu de chaleur, tendrement. Cette proximité était agréable. Elle était simple, mais évidente. Elle était désirable, et désirée. C'était une découverte unique en son genre, comme si il apparaissait évident aujourd'hui que l'humain ne peut pas rester seul. Ce bonheur récolté par leurs caresses respectives, et ce baiser plein de subtilités, donnait un goût de reviens-y, un goût de dépendance qu'aucune épice ne saurait maquiller. C'était le premier émoi d'un garçon qui découvrait l'amour. C'était elle, et c'était lui.

C'était sa langue à elle et sa lang ... Toc Toc Toc. Althar n'y fit pas vraiment attention au départ, mais le rythme de plus en plus calme d'Hayley et le fait qu'elle s'interrompe lui fit prendre compte qu'on tapait à la porte. Il aurait pu se poser beaucoup de questions, notamment sur le fait d'être découvert par ses parents, ou par Nan'la, mais rien ne vint. Seul le goût d'Hayley l'intéressait, seul ce visage méritait son attention princière. Un autre baiser, s'il te plait, beauté de ce monde, un baiser et je te relâche ... peut-être ... Non je n'y arriverais pas.

    « - Mademoiselle R’izzan, Prince Fanrel Keto, il semble que le rendez-vous ait été “écourté”. L’on vous attends dans le vestibule, je ne saurais trop vous conseiller de reprendre une tenue un peu moins...extravagante. »

Le Majordome n'était pas gêné pour un sou. Cela aurait pu laisser entendre l'habitude dérangeante qu'il devait avoir de trouver Hayley dans une telle position, mais non, cela ne fit que faire lever les yeux au ciel à Althar, qui garda son visage du côté opposé de la porte, se cachant derrière le profil de la kuati. Il n'avait même pas écouté, se risquant à un baiser appuyé sur cette joue si tendre. Il se sentait invincible, un conquérant à qui rien ne résisterait, un pauvre Prince qui venait de découvrir ce qu'était la passion. Mais finalement, dans un regard porté vers la porte et le bonhomme qui ne semblait plus partir, le coup de froid fut assez violent, autant pour lui que pour elle. D'un instant en l'autre, en quittant sa belle des yeux, il comprenait qu'ils partaient. Que c'était là. Mais qu'il la tenait encore, et qu'elle aussi. Elle éclata de rire pourtant quand il disparut dans l’entrebâillement de la porte et rigola dans son cou, amenant un ensemble de sensations nouvelles chez lui, rigolant à son tour de cet instant cocasse. Althar aussi voulait profiter une dernière fois de ce cou si beau, de cette peau si lisse et si parfumée, de ce goût unique et de ces frissons partagés à cet instant.

Mais il fallait que cela cesse. Alors elle trouva le seul mot approprié à ce drôle d'instant qu'il avait encore du mal à réaliser :

    « - Le malaise… »

Ils partagèrent un dernier regard amusé, simple … honnête. C’est peut-être maintenant qu’il prit conscience qu’ils se quittaient, qu’il ne la verrait plus. C’est en regardant une dernière fois ce visage dont il s’était épris qu’il sentit la situation basculer, prendre fin sur une dernière note des plus douces. Un dernier réflexe commun les avait uni, là encore : ils se détaillaient, l’un et l’autre, un sourire franc sur le visage. Plus de filtres, plus de sentiments opacifiant, juste la vérité nue, la beauté crue de ce visage qui lui faisait face. Et comme si tout cela ne suffisait pas à avoir de la mélancolie, les gestes attentionnés qu’elle eut envers lui sonnaient comme une tendresse attachante. Ce n’était pas une mère qui réajuste son fils, ou une adulte qui arrange un enfant, mais juste une femme et son amant, elle et lui. Le sourire devenait douloureux, mais il était impossible à perdre. Alors à son tour, face à tant d’attention, sans presque quitter les yeux vermeils d’Hayley, ses mains glissèrent le long de son dos, passant doucement sur ses hanches pour venir jusqu’à ses épaules, avec la précaution toute assumée d’un enfant face à une chose fragile. Ces courbes … Ces traits … C’était presque pour ne pas les oublier. Mais en réalité la finalité de son geste était toute autre, deux doigts de chaque côté vinrent attraper les deux bretelles de sa robe, tombées un peu plus tôt dans toute leur action, pour les remettre à leur place sur les épaules. Plus que simple précaution d’image, c’est une manière de laisser glisser ses doigts sur sa peau nue, et frissonner une dernière fois de cet interdit. L’innocence d’un Prince n’est pas absolue, quoi qu’on puisse en croire, et ce geste suffisait à le démontrer. Et tandis qu’un dernier baiser conclut ce long échange de regard, lui-même en profita pour glisser ses doigts dans ses cheveux, pour les lui remettre en place … sans qu’ils ne soient vraiment décoiffés, en réalité. Là encore, cela tenait plus de l’occasion de caresser une ultime fois la douceur de ses traits que de vraiment réajuster une fille toujours aussi impeccablement attirante. Elle pouvait bien essayer de faire disparaitre le rouge à lèvres, lui ne s’y intéressait pas. Il la détaillait imperceptiblement, marquant chaque trait, chaque grain, chaque chose qu’il trouve magnifique sur ce visage. Elle ne pouvait pas se douter combien il était à mille lieux de ses considérations à elle, préférant abandonner toute réalité, toute contrainte, au plaisir de sa présence. Il profitait d’un instant qui aurait dû être celui du deuil.

Hélas il fallait conclure. Arrêter de repousser l’inévitable. Arrêter d’espérer. Elle vint prendre ses mains, sans qu’il ne résiste. Son énergie disparue aussi vite qu’elle était venue, son regard redevenant hésitant, presque inquiet. Seuls ses deux magnifiques yeux pouvaient encore le garder avec elle. Ses mains serrèrent les siennes, pour se donner un peu de conviction.

    « - Vis pour toi Althar. Et ne t’enferme pas dans le passé, d’accord ? »

Alors c’était ça ? Un adieu ? La douleur soudaine d’un cœur qu’on enserre ? Elle descendit du bureau pour lui tomber directement dans les bras, lui qui ne trouvait rien à dire, rien à répondre. Il pouvait juste la serrer contre lui, sentir son cœur contre le sien une ultime fois. Le nez dans ses cheveux, il respirait à grande goulée ce qui était désormais l’odeur de l’amour. Mais il ne trouvait pas de mots, pas de sens à donner à cet adieu. Vivre pour lui … Oublier le passé … Non … Pas comme ça, pas après ça.

    « Alors gardes moi une clope s’il te plait … Et réalises ton rêve, sois heureuse Hayley … »

Qu’est-ce qu’il pouvait dire de plus ? Lui demander de fumer la prochaine clope pour lui aurait été trop douloureux, il fallait qu’elle tourne la page elle aussi. Mais est-ce qu’elle le pourrait ? Est-ce que comme lui elle n’arriverait pas à l’oublier ? Ses sentiments devenaient confus, brouillons, mais tous étaient centrés autour d’Hayley, cet œil du cyclone que rien n’arrêtait. Quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, tout était scellé. Il serait le seul à espérer, à rester dans l’espoir enfantin des choses simples. Mais ce ne serait jamais le cas. Ce serait un deuil douloureux, une rupture par la distance, violente et vile. Elle était capable de faire preuve de distance, de retenue, de bon sens. Lui en était dépourvu, encore immature et impréparé à tout cela. On peut prétendre se restreindre, mais ce ne sont que des mots. S’il avait fallu les séparer, peut-être qu’avant ce dernier baiser cela aurait été plus simple. Plus humain. Mais là, comme ça, c’était trop dur. Il n’y avait plus rien à dire, plus rien à espérer. Le silence total, et des corps qui se délient.


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Voilà. La longue marche vers l’échafaud. Plus de parole, plus de proximité, plus rien. L’un à côté de l’autre, sans ne plus oser se regarder. C’est fini. L’envie de lui tenir la main le brûlait, mais c’était impossible, sortis de la bibliothèque leur union n’existait plus. Sortis de leur cocon, leur amour avait disparu. Ils n’étaient plus qu’une face immobile, avec interdiction de montrer une quelconque tristesse, ou un quelconque rapprochement. Pourquoi est-ce qu’ils ne pourraient pas affronter ça ensemble ? Pourquoi est-ce qu’elle ne voulait pas qu’ils l’assument, elle et lui ? Elle avait honte ? Juste main dans la main, ça ne changerait rien, tout est déjà fini … juste tenir ta main … Hayley … C’était la chose la plus douloureuse qu’il avait vécu jusque-là. C’était un premier amour aussi intense qu’éphémère, aussi doux qu’interdit. Mais il n’avait rien permis de plus, pas une caresse, pas un dernier baiser, ni même un sourire. Rien. Fini.

Il aurait dû dire quelque chose. Il aurait dû savoir quoi lui dire, quoi lui proposer. Est-ce qu’ils n’étaient pas venus là pour un mariage ? Alors quoi, si une demande était faite ça aurait pu marcher non ? Elle serait venue, ils se seraient aimés, et tous les deux auraient été Roi et Reine de Têta. Ou même … juste dire ce qu’elle ne voulait pas dire, juste dire qu’il l’aimait. Juste ça. Faire sortir ce qui le devait. Mais non … Rien … Le néant. Le terrible froid de la séparation. Le silence pesant de l’impossible. Elle. Lui. Plus rien. Et lorsqu’enfin un peu de détermination survint, pour espérer la regarder une dernière fois … Trop tard. Althar n’avait même pas fait gaffe à ses parents, et à la pièce bruyante vers laquelle ils arrivaient. Sa route le menait droit sur eux, et c’est sans envie que ses pas le menèrent entre les mains maternelles, pensant qu’Hayley suivant de près. Ce n’est qu’en tournant la tête qu’il se rendit compte qu’elle n’était plus là, qu’il était seul. Son estomac se crispa sous la panique, l’espace d’une seconde. Elle était un rêve qui venait de s’évaporer, telle une silhouette redevenue poussière et balayée par le vent. Sa mère avait beau lui parler, elle n’avait aucun intérêt, et le rabaissait à un enfant, encore. Peut-être que c’était mieux qu’Hayley l’ait abandonnée, pour pas voir ça. Peut-être que c’était mieux qu’elle ait fui lâchement, pour ne pas voir le visage triste d’Althar. Elle fuyait alors que lui s’était résigné à affronter cette réalité, tandis qu’elle non … Pourquoi, Hayley ? Pourquoi ? Ce n’est qu’après une recherche malheureuse qu’il finit par se rendre compte qu’elle était là, dans l’ombre de ce couloir de la mort, à l’observer. Elle ne souriait pas plus qu’elle ne semblait triste. Tous les deux s’efforçaient de garder la dignité des adultes, et la hauteur de deux amants matures. Quelle bêtise … Ca faisait mal. Hyper mal. C’était une retenue qui coûtait plus cher qu’une couronne, elle ne méritait pas ça. Elle aurait du partir, pas le regarder, pas se voir … T’infliges pas ça … Vas-t-en … Leurs regards se trouvèrent, pour se dire adieu. Pour accepter. Pour pleurer.

    « - Ne m’oublie pas. »

Il fallut un instant pour être sûr de comprendre, et pour trouver quoi lui dire. Mais aussi vite avait-il tenté de placer sa main sur son cœur, pour lui répondre, que le changrien s’était placé à côté de lui, une main dans le dos, et l’invitait à partir. L’avait-elle vu ? Avait-elle compris ? Même lui était encore dans le doute de ce qu’elle avait voulu lui dire. Mais il voulait y croire. Une dernière fois, un dernier espoir, une dernière preuve d’amour … avant de disparaître à jamais.







    La douceur du papier sous ses doigts le ramena à la réalité. Ses yeux quittèrent ces lignes qu'il ne regardait déjà plus pour faire un tour vers l'horizon dégagé depuis la terrasse où il se trouvait. Lentement, laissant glisser le peu de tissu qui le recouvrait, ses pas le menèrent à l'intérieur, le livre sous le bras. Les réminiscences de sa jeunesse le frappèrent de plein fout. Combien de temps avait-il espéré, coincé dans cette pièce ? Combien de semaines avait-il cru qu'elle viendrait, comme il le lui avait proposé ? Et combien de temps avait-il fallu pour que ses larmes cessent, et qu'il tourne la page ? Ce livre rappelait un souvenir doux-amer qui était gravé à jamais dans sa mémoire.

    Enfoui sous les multiples inquiétudes de ses années d'adulte, il s'était pourtant résigné à garder le goût de cet instant. L'image de ses deux émeraudes était associée à tout jamais à ce livre, comme un fantasme irrationnel que rien n'arrivait à effacer. A vrai dire, plus qu'un étrange souvenir qui lui pinçait le coeur, c'était devenu au fil des années un référent pour ses amourettes suivantes. Comme si cette première fois, cette découverte, avait fait naître en lui un seul véritable sentiment amoureux qu'il s'évertuait à essayer de retrouver avec celles qui croisèrent sa vie. Les premières, dans son adolescence, n'arrivèrent pas vraiment à ce niveau, ce ne fut que sur Tapani qu'il crut être véritablement amoureux. Mais le temps et la distance ont fait que les choses se sont brouillées, et ont disparues aussi vite qu'elles ne sont venues. Alors ne reste qu'une croyance en un amour sincère, sans limite, un creux à combler. Une présence à retrouver. Un souffle de vie auquel mêler le sien. Ce feu qu'elle seule a su allumer au fond de lui.

    Pourtant, aujourd'hui, tristement, ce référent est depuis longtemps dépassé. Sans qu'il ne sache se l'expliquer, une femme s'était montrée à la hauteur de cet espoir, elle s'était montrée tendre et inatteignable, humaine et exemplaire, audacieuse et rebelle.

    Mais à l'aube de ce vieux souvenir, pourrait-il croire encore que cette silhouette en feu tirée de sa mémoire existe ? Cette femme ... Elle qui devait le connaître et le reconnaître ... se souvenait-elle de lui ? Voyait-elle son image en se disant qu'un jour ils avaient cru en une possibilité, en un espoir de se retrouver ensemble pour toujours ? L'avait-il au moins déjà revu ? La vie se joue de tous, et mêmes des Princes, alors qui sait ... Mes ces yeux ... Parmi des millions il les reconnaitrait. Non, impossible ... Elle n'était jamais apparue dans sa vie, c'était certain ... Il l'aurait su ... Pourrait-il aujourd'hui retomber aussi facilement amoureux s'il la voyait cependant ? C'était moins sûr. Quelque chose ... Quelque chose de douloureux restait de tout cela, et c'était impossible à effacer. Le passé est le passé, et aujourd'hui il faut regarder vers l'avant.

      Il faut regarder vers celle qu'on aime, et la retrouver. Plus jamais il ne perdrait l'amour pour des raisons stupides, parce qu'il ne s'était pas affirmé. Oui, assez de cette léthargie, assez de ce temps perdu, de ces rêveries vaines, il est l'heure d'agir. De vivre. Il est l'heure de demander Leia en mariage, pour le meilleur, et pour le pire ...
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