La roue de secours
MessagePosté :jeu. 8 févr. 2018 20:17
Gant était en pleine lecture d’une thèse sur l’évolution des hyperdrives quand un appel survint. Il décrocha, interloqué par le nom affiché.
-Baron Frayer.
-‘Baron Frayer’, on sait tout les deux que tu n’es qu’un quettar. La fac porte encore les traces des fesses de tes conquêtes contre les murs.
-Oui ‘Duc Archéon’, et ta belle-sœur n’était pas mécontente de la visite des locaux quand il a fallu l’occuper pour que tu puisses passer à l’étape suivante.
-Bas justement, en parlant de ça, toujours pas décidé au mariage ? Je connais des très charmantes dames qui seraient pas trop regardantes sur le pedigree mais plus sur la performance. La mode étant au multiculturalisme, tu pourrais décrocher du gros lot.
-De l’hapienne ou rien.
-T’est désespérant comme ami. Mais je ne suis pas venu pour ça, j’ai besoin de toi. J’ai une très grosse négociation à faire. Il me faudrait un instant distraction culturelle, et une aide pour détendre l’atmosphère si besoin.
-Tu penses au musée restreint de Coruscant ?
-Oui… tu pourrais ?
-Oui, mais si je ne sais pas l’objet des négociations, ça peut faire flop.
-C’est la main de ma petite-fille ‘l’objet’ des négociations.
-…OK…
-Dis-moi ton prix.
-Disons que si sa marche, je serais exempté de cadeau de mariage.
-Merci Gant, ça me touche beaucoup.
-Moi aussi ça me touche que tu fasses appel à moi pour elle. Fais-moi envoyer les dates et je m’arrangerais.
Gant referma son document et raccrocha. Beaucoup de travail en perspective.
La Maison Archéon, nobles de Coruscant, des parts dans des entreprises de toute la galaxie, acteur principal du marché de l’eau de Coruscant, des cerveaux sur pattes. Et quand on connaît intimement la famille, surtout après avoir passé des étés entiers avec eux à nager dans leur ‘petit’ lac artificiel dissimulé dans les jardins sous un bouclier atmosphérique, on sait qu’ils sont connectés à bon nombre de brevets chaque année.
L’autre partie, la Maison Calice de Metellos, matriarcale, possède un parc immobilier titanesque et domine le marché de l’eau sur la planète.
La Maison Calice gagnerait par ces négociations son désenclavement de leur monde et des alliés de poids pour écraser des maisons mineures qui avec les nouvelles lois républicaines font du zèle.
La Maison Archéon, elle aurait un pied à terre dans le territoire difficilement accessible de Metellos et le droit nobiliaire d’investir massivement sur le seconde monde le plus peuplé de la galaxie.
Un accord de coopération des entreprises de gestion des ressources d’eaux pourrait rapporter énormément aux deux parties.
Suite à quelques changements d’emplois du temps des deux côtés, la visite du musée à du être annulée. Et les voilà maintenant à négocier pour savoir qui va loger où, car les domaines loués pour la date d’origine, dépassée, sont maintenant occupés par d’autres. Le restaurant entier a été réservé pour ne pas être dérangé durant la discussion, une somme folle pour un confort que l’on peut trouver chez soi. Mais afficher sa puissance et son aisance compte plus que tout. Gant se retrouve donc assis à la table des négociations malgré son inutilité récente au vu du changement de programme, mais il ne faudrait pas laisser de siège vide. Ou montrer en public que les amis peuvent disparaître comme si de rien n’était. Surtout pour le seul non-humain présent…
Sont présents à la table le Duc Archéon et sa duchesse, la Duchesse Calice. Les tourtereaux sont quant à eux avec les autres invités de la délégation, surveillés à chaque instant.
-Comme il est regrettable de voir le manque d’attention de cette maison, ils auraient pu nous prévenir des délais plutôt que de nous mettre face au fait accomplit.
-Duchesse, votre enfant, votre famille et vous, êtes les bienvenus chez nous. Nous avons ce qu’il faut pour vous accueillir.
Le problème avec cette proposition, c’est que Archéon serait publiquement en position de force. Et concéder dès le départ une telle faveur serait un risque. La réponse ne se fait attendre.
-C’est généreux de votre part, mais j’ai peur que d’autres membres n’arrivent pour profiter de notre présence pour venir sur Coruscant. Avec suivants et bagages. Nous n’aimerions pas vous mettre dans une situation délicate.
Le test est lancé, la Duchesse vient de poliment refuser mais vient aussi demander une légitimité de la puissance de son interlocuteur. Proposer de leur attribuer une résidence secondaire serait la meilleure des réponses. Mais le problème c’est qu’une seule d’entre elle pourrait convenir à l’image publique, et elle est en plein aménagement. Le début des travaux avait été repoussé pour le lendemain de la date d’origine des négociations, pour en avoir l’usage si besoin. Happé par les événements, personne n’a pensé à repousser les travaux.
Gant sent son ami mis en difficulté. S’il ne trouve pas de solution, il va devoir débourser une fortune pour obtenir un domaine satisfaisant avec des adversaires politiques qui vont en profiter pour le saigner à blanc. Et se gausser plus tard de lui avoir sauvé la mise. Sauf si Gant intervient, avec la force. Et il se prépare à en faire usage. La discussion suit son cours, mais la Duchesse arrive à cheminer pour amener le Duc à devoir faire un choix. Reconnaitre ou payer cher son image.
-Duc Archéon, puis-je intervenir ?
Interloqué, ce dernier regarde Gant et lui fait signe que oui. Il n’aura certainement pas d’autres occasions de gagner du temps pour réfléchir à une solution. Gant utilise la force pour ressentir les émotions de son interlocutrice, pour que son pouvoir de persuasion y trouve un terreau fertile. Il ressent la satisfaction d’avoir trouvé un levier dans la négociation, mais ce levier est à la base son erreur. Le Duc serait impoli de le relever vu que ce n’est pas lui qui se déplace, mais à trop s’appuyer dessus le retour du bâton pourrait être dommageable. Au final cette situation bancale ne satisfait aucun des deux partis. Et ils sont trop fiers et prudents pour sortir du jeu diplomatique.
-Duchesse Calice, face à ce manque de considération de la part de mon contemporain Coruscantien à votre égard, je me sens dans l’obligation de vous proposer de vous héberger. Il vous met dans une situation sans commune mesure, alors que vous devriez être concentrée sur nulle autre sujet que la préparation du mariage de votre enfant.
Gant voit qu’il vient de capter son attention. Maintenant il faut juste augmenter légèrement la force et ajuster l’émotion dans sa voie.
-Son attitude relève d’un manque d’éducation et de respect qui ne reflète pas l’honneur des hôtes de Coruscant. Même si mes moyens sont bien plus modestes, il est de mon devoir d’ami de la famille de proposer mon humble demeure. J’espère que ma compagnie saura combler la simplicité de ma résidence.
La duchesse hésite, Gant sent qu’il a fait mouche. Un choix cornélien s’offre maintenant à elle. Elle peut refuser cette offre, mais demander à être logée par le Duc pourrait être vu comme un manque de moyen. Refuser une offre d’un ami aussi proche du paternel, et le seul non-humain… Toute réponse négative devra être formulée avec la plus grande attention.
Gant sent qu’elle envisage son offre. Car cela serait mettre au défi l’entourage du Duc et un potentiel atout dans les négociations en cas d’erreur à l’étiquette. Mais aussi une source d’informations plausible. Pour la guider vers une réponse positive à sa proposition, Gant recourt de nouveau à la force pour donner plus d’influence à ces mots.
-Entre les sessions où vous échangerez sur la question du mariage, vous aurez sûrement envie de vous aérer l’esprit. Que diriez d’avoir à votre disposition ma personne en tant que guide, pour profiter des meilleurs lieux de Coruscant ?
-Je dois reconnaitre au Baron Frayer sa proportion à trouver de quoi nous émerveiller à chaque fois qu’il le désir.
Gant sent par la force qu’elle à fait son choix, l’intervention d’Archéon à terminé le travail. Seul, Gant aurait fait un usage moins subtil de la force, mais il faut que la décision soit un cheminement logique pour le publique.
-J’accepte avec plaisir votre proposition pleine d’attention. J’attend avec joie ce que vous me ferez découvrir.
Gant le sent, madame attend surtout de pouvoir extirper le plus d’informations possibles de sa personne. Il lui adresse sont plus humble sourire. Archéon, qui voit une situation se résoudre en découvre une autre qui lui échappe des mains. Comment faire pour que cette invitation ne devienne pas un poids ? Gant seul le sait.
Après quelques négociations, la Duchesse viendra seule chez Gant, aux frais de la Maison Archéon. Heureusement pour le Baron Frayer, qui aurait vu ces fonds fondre comme neige au soleil.
Il lui a attribué la plus belle suite et la fait aménager suivant ces goûts grâce à Archéon. Le reste de la famille loge dans un domaine d’une maison noble amie conciliante, les futurs mariés quant à eux disposent d’une résidence secondaire pour pouvoir faire connaissance. Les frères, sœurs, cousines et cousins des deux familles sont chargés de les distraire autant que de les surveiller.
La Duchesse Calice fut d’une gentillesse à toute épreuve quant aux concessions faites pour la condition de son logement. Sur une échelle de un à dix, il est à trois pour son standard… Un autre monde. Gant s’organisa pour l’accueillir avec grâce, mais dans la simplicité propre aux Frayers. Sa tâche est maintenant de profiter de chaque instant pour la soumettre à la suggestion, l’influencer pas à pas.
Gant lui montra les jardins, une centaine de mètres carrés aménagés pour surplomber le vide et dominer la ville. Des couleurs chatoyantes, des sculptures, des fresques et un banc, disposés avec harmonie. Il l’invite d’un geste à prendre place avec lui pour observer le paysage. Gant relâche les phéromones en petites quantités, il veut son attention, pas son cu.
-Je ne vous savez pas poète.
-Il est vrai que j’aime lire et écrire, la chanson et l’art. La musique tient une grande place dans ma vie. Je suis d’une curiosité telle que tout m’intéresse.
-Voyez-vous donc, vous me décrivez le gendre parfait. Auriez l’intention de faire de la concurrence ?
-Loin de moi cette idée Duchesse, je ne suis que trop heureux de ma vie. Je possède assez d’importance pour pouvoir vous parler, mais pas assez pour devoir me présenter à toutes les cérémonies publiques. J’ai pu faire les études que je voulais, décider du cheminement de mon existence. Comme tout le monde j’ai fait des erreurs, mais c’est ce qui nous fait grandir.
-Intelligent, flatteur mais sans excès, modeste, mature. Baron, la liste de vos qualités s’allongent.
-C’est que j’ai la chance de parler avec une personne qui les voit en moi.
La Duchesse Calice répondit d’un rire de cristal. Gant usa de la force, pour l’influencer de ses paroles et ressentir les émotions de sa voisine. Les yeux fixés sur l’horizon.
-Vous êtes différente de bien des dames de la haute noblesse que j’ai pu côtoyer. Derrière cette beauté et cette grâce, vous avez quelque chose qui vous rend unique. Vous jouez avec les conventions sociales pleine d’aisance. L’excellente éducation que vous avez reçu en ressort à l’extérieur, mais je vois en vous une femme qui se définie par ce qu’elle veut être et non ce que l’on veut d’elle. La manière dont vous avez d’utiliser vos mots démontre la réserve dont vous faite preuve pour ne pas écraser l’autre. Vous êtes intelligente, mais par rapport à nos coreligionnaires, vous avez l’intelligence de l’utiliser. A mon avis, vous savez ce que c’est que de ne pas tout avoir, de perdre et de devoir travailler dur pour obtenir ce que l’on veut.
Gant augmenta légèrement son émanation de phéromones et la regarda profondément dans les yeux. Il peut ressentir son trouble, ses paroles ont fait mouche sur des points sensibles. Il lui reste encore à les cartographier. Physiquement, seule une légère dilatation des pupilles permet de voir un changement d’attitude. Quelle maîtrise de soi.
-Et si vous me faisiez visiter le reste de la demeure.
Ce n’est pas une question, mais une injonction. Gant se leva et présenta sa main pour l’aider. Restant à ces côtés, continuant à relâcher ces phéromones, il poursuit la visite. Il l’acheva devant la suite de la Duchesse.
-Duchesse, voici ce qui sera votre demeure pour les jours à venir. Je vous réitère ma joie de pouvoir vous offrir l’hospitalité malgré mon humble demeure.
Gant termina par une dernière phrase utilisant son art de la persuasion de force, de l’empathie et ses phéromones à leur maximum. Pour le temps de cette conclusion.
-Si vous avez le moindre désir, je suis à votre entière disposition.
C’est dans un état de bonheur total et de demande de plaisir qu’il l’a laissa sur le pas de sa porte. Pas un appel pour le retenir, pas un gémissement, pas d'attouchement pour le stimuler. C'est la première fois que quelqu'un démontre autant de résistance. Gant se retourne avant de tourner au coin du couloir et lui fait un clin d’œil. Elle en tremble de désir, se serrant les bras pour se retenir. Il avance d'un pas pour disparaître, s'appuie contre le mur et écoute ces émotions grâce à la force. Elle veut coucher avec lui, satisfaire ce besoin. C'est la première fois depuis des années qu'elle ressent une telle envie. Perdue, elle se réfugie dans ces quartiers.
Gant sait qu'elle va passer une très agréable nuit en solitaire.
Le lendemain matin, ils se retrouvèrent pour le petit déjeuner en compagnie de membre de sa famille. Rapidement Gant se retira pour les laisser discuter et se justifia par la thèse d’un étudiant à finir de d’examiner. Ce qui lui value des regards surpris.
Pendant son examen dudit document, son majordome entra pour l’avertir que la Duchesse ne serait pas de retour avant une heure tardive dans la soirée. Gant le remercia et poursuivi sa lecture. Il était midi quand il acheva de s’abimer les yeux sur ce torchon. Même un étudiant de troisième année serait capable de réciter au moins quatre maisons fondatrices de l’ancienne république. Lui écrit que les Taung en sont les pères culturels et biologiques, inspirateurs de la démocratie, défenseur des faibles. Gant donna pour note un zéro et un commentaire : « Si un taung ou un mandalorien met la main sur ce document, à ce moment-là j’aurais de la pitié pour l’auteur. ».
Pas de pardon pour ceux qui achètent leurs diplômes. Une fois l’horreur enterrée avec son géniteur, Gant se dirigea vers les cuisines pour se remplir la panse. On lui apprit que plusieurs personnes de la famille de la Duchesse était resté, ne sachant que faire en attendant le début des négociations. Gant alla à eux et leur annonça qu’il avait plusieurs activités à leurs proposer. Mais bien sûr suivant ce qu’ils aiment faire. La seule réponse les réunissant tous fut : pazaak…
Ne pouvant se soutirer à son devoir d’hôte, Gant leur indiqua qu’il savait où trouver des tables à la hauteur de leurs titres de noblesse. Ces compagnons commandèrent une limousine hors de prix et partirent avec lui dans le meilleur casino de Coruscant. Gant tenta d’appeler Archéon ou la Duchesse, mais sans succès. Leurs services lui indiquèrent qu’ils étaient en réunions. Gant averti les gens de la Duchesse de vers où ils allaient, au cas où.
Une fois arrivé, le groupe s’enfonça dans la foule des joueurs et se dispersa. Gant réussi à en retenir un et tenta de lui proposer de leur montrer des activités uniques, mais face à la fièvre du jeu, il ne fit pas le poids. Envisageant la catastrophe à venir, il fit demander le chef de salle.
-Bonjour monsieur, à qui ai-je l’honneur ?
-Bonjour, Baron Frayer, je me retrouve dans une situation gênante.
-En premier lieu permettez moi de vous souhaiter la bienvenue dans notre établissement. Expliquez-moi ce qui perturbe votre expérience au sein de nos murs ?
-J’ai des compagnons, des amis, d’amis très proches qui m’ont demandé de les occuper. Et je les soupçonne d’être un peu flambeur sur les bords.
-Je vois, c’est embêtant.
-Je ne vous le fait pas dire. Cela me met dans une situation où je veux les protéger, mais je risque de leur porter préjudice. Auriez-vous des solutions pour les restreindre discrètement ?
-Tout à fait, suivez-moi et désignez-moi les personnes sur les vidéos que nous allons vous montrer. Nous allons leurs appliquer une mesure simple, ils vont devoir jouer avec des cartes où ils auront déjà transféré leurs crédits. Et ils ne pourront pas demander d’avance ou de prêt à l’établissement. Beaucoup de nos joueurs réguliers et de professionnels utilisent cette méthode pour les aider à gérer leurs mises. Ainsi, ils peuvent mieux se concentrer.
-C’est une mesure qui me semble somme toute adéquate. Pourrais-je m’y souscrire ?
-Mais bien sûr Baron, je vais tout mettre en place.
Quelques minutes plus tard, Gant pouvait se détendre un peu. Et tant qu’à faire, utiliser ces pouvoirs pour ce faire un peu de monnaie. Il faut toujours en avoir sur soi. Gant retira mille crédits, il devrait pouvoir s’en sortir avec. Et se dirige vers les tables de jeux. Il y en a une qui déchaine régulièrement les passions, avec une boule qui voyage dans une roue, et où elle atterit détermine le gagnant. Il ne connait pas les subtilités, mais cet exercice devrait être suffisant pour ce faire les dents.
Utiliser la télékinésie pourrait sembler être la meilleure solution, mais se retrouver à faire des gestes dans tous les sens et la balle suivre les mouvements du gars qui gesticule pourrait en déconcerter plus d’un. La divination, c’est l’avenir. On se concentre et hop ! La solution est trouvée.
Gant se pose à une table où une place vient de se libérer d’un heureux gagnant, les autres l’accueillent comme le petit nouveau qui va les refaire. Concentration, il faut voir où poser le pion et combien miser. Comme le disait Histos, il ne faut pas hésiter à laisser libre cours à la force de s’exprimer par son corps. On relâche les barrières, le regard devient fixe, les gestes sûrs, la pensée haute et la volonté d’un gagnant. Il pose le pion sur la case un noir et mise deux cents crédits. On le raille et l’un d’entre eux essaye de lui montrer les cases qui sortent le plus souvent, mais l’absence de réponse pousse l’employer à clore le tour pour lancer la bille. Elle vole, rebondit, parcours les arrêtes de la roue dans une course hypnotique que l’on ne voudrait pas voir s’arrêter. Un choc la fait tressaillir dans sa course ! La bille s’emballe ! Sa course fluide se transforme en une fin d’agonie terrible pour finir dans le soixante rouge. Gant regarde ça bizarrement, pourtant il a tout fait comme toutes les autres fois avant. Peut être qu’il n’était pas encore assez concentré. Ce n’est pas grave, il recommence.
Mais cette fois, il passe son tour pour faire sembler d’observer et agir à la prochaine partie. Il prend ainsi le temps pour plonger et trouver en lui les voies du futur de la force. Il ne regarde pas au-delà de quelques dizaines de secondes, car après des milliers, des millions d’avenirs sont possibles. En chercher un parmi une dizaine existant est déjà bien assez exigeant. Maintenant, il distingue mieux ce fil qu’il veut suivre, cette victoire assurée. Mais un joueur dans le présent choisit l’emplacement victorieux dans la partie suivante, toute la prédiction s’effondre. Tout est à recommencer, Gant annonce qu’il va encore attendre, on l’averti qu’après il devra laisser sa place si il désire encore patienter un nouveau tour. Il répond d’un hochement de tête et retourne démêler les fils du destin. La tâche est ardue et se complexifie un peu plus à chaque examen, mais il sait ce qu’il veut et s’y accroche. Le voilà maintenant, il le tient, vingt et un rouge ! On le sort de son petit monde par une accolade, machinalement il sort des crédits et les poses sur la case. Le groupier annonce la fin des mises et lance la bille. Elle entame une course folle, elle cour, elle accélère. La voilà qu’elle rencontre un obstacle et se calle en un noir, sa mise d’avant. La table se moque de lui et Gant se rend compte qu’il ne lui reste que deux cents crédits, il a misé quatre cent ! Quel crétin. Quitte à tout gâcher, autant tenter la chance, il mise les crédits restants en fermant les yeux. Et attend. Quand il les ouvre, toute la table le regarde partagé en jalousie et surprise, il vient de gagner vingt mille crédits. Gant n’en croit pas ces yeux, mais il doit se l’avouer, quelque chose à du marcher. Comment ? Pourquoi ? C’est à ne rien y comprendre.
Le reste de la soirée est tout aussi mystique. Il se retrouve à payer la limousine qui les attendait depuis leur arrivée, le restaurant, la boite de nuit, les consommations, l’amende de l’un d’entre eux pour ivresse sur la voie publique, le silence et les réparations pour la bagarre dans les toilettes d’un bar. Gant est chez lui sur les toilettes, il put le vomi et l’alcool des autres glandus, fatigué et avec mille crédits restant dans les mains. Si c’est un message, il est clair. Plus jamais de divinations avec ces foutus billes.
-Baron Frayer.
-‘Baron Frayer’, on sait tout les deux que tu n’es qu’un quettar. La fac porte encore les traces des fesses de tes conquêtes contre les murs.
-Oui ‘Duc Archéon’, et ta belle-sœur n’était pas mécontente de la visite des locaux quand il a fallu l’occuper pour que tu puisses passer à l’étape suivante.
-Bas justement, en parlant de ça, toujours pas décidé au mariage ? Je connais des très charmantes dames qui seraient pas trop regardantes sur le pedigree mais plus sur la performance. La mode étant au multiculturalisme, tu pourrais décrocher du gros lot.
-De l’hapienne ou rien.
-T’est désespérant comme ami. Mais je ne suis pas venu pour ça, j’ai besoin de toi. J’ai une très grosse négociation à faire. Il me faudrait un instant distraction culturelle, et une aide pour détendre l’atmosphère si besoin.
-Tu penses au musée restreint de Coruscant ?
-Oui… tu pourrais ?
-Oui, mais si je ne sais pas l’objet des négociations, ça peut faire flop.
-C’est la main de ma petite-fille ‘l’objet’ des négociations.
-…OK…
-Dis-moi ton prix.
-Disons que si sa marche, je serais exempté de cadeau de mariage.
-Merci Gant, ça me touche beaucoup.
-Moi aussi ça me touche que tu fasses appel à moi pour elle. Fais-moi envoyer les dates et je m’arrangerais.
Gant referma son document et raccrocha. Beaucoup de travail en perspective.
La Maison Archéon, nobles de Coruscant, des parts dans des entreprises de toute la galaxie, acteur principal du marché de l’eau de Coruscant, des cerveaux sur pattes. Et quand on connaît intimement la famille, surtout après avoir passé des étés entiers avec eux à nager dans leur ‘petit’ lac artificiel dissimulé dans les jardins sous un bouclier atmosphérique, on sait qu’ils sont connectés à bon nombre de brevets chaque année.
L’autre partie, la Maison Calice de Metellos, matriarcale, possède un parc immobilier titanesque et domine le marché de l’eau sur la planète.
La Maison Calice gagnerait par ces négociations son désenclavement de leur monde et des alliés de poids pour écraser des maisons mineures qui avec les nouvelles lois républicaines font du zèle.
La Maison Archéon, elle aurait un pied à terre dans le territoire difficilement accessible de Metellos et le droit nobiliaire d’investir massivement sur le seconde monde le plus peuplé de la galaxie.
Un accord de coopération des entreprises de gestion des ressources d’eaux pourrait rapporter énormément aux deux parties.
Suite à quelques changements d’emplois du temps des deux côtés, la visite du musée à du être annulée. Et les voilà maintenant à négocier pour savoir qui va loger où, car les domaines loués pour la date d’origine, dépassée, sont maintenant occupés par d’autres. Le restaurant entier a été réservé pour ne pas être dérangé durant la discussion, une somme folle pour un confort que l’on peut trouver chez soi. Mais afficher sa puissance et son aisance compte plus que tout. Gant se retrouve donc assis à la table des négociations malgré son inutilité récente au vu du changement de programme, mais il ne faudrait pas laisser de siège vide. Ou montrer en public que les amis peuvent disparaître comme si de rien n’était. Surtout pour le seul non-humain présent…
Sont présents à la table le Duc Archéon et sa duchesse, la Duchesse Calice. Les tourtereaux sont quant à eux avec les autres invités de la délégation, surveillés à chaque instant.
-Comme il est regrettable de voir le manque d’attention de cette maison, ils auraient pu nous prévenir des délais plutôt que de nous mettre face au fait accomplit.
-Duchesse, votre enfant, votre famille et vous, êtes les bienvenus chez nous. Nous avons ce qu’il faut pour vous accueillir.
Le problème avec cette proposition, c’est que Archéon serait publiquement en position de force. Et concéder dès le départ une telle faveur serait un risque. La réponse ne se fait attendre.
-C’est généreux de votre part, mais j’ai peur que d’autres membres n’arrivent pour profiter de notre présence pour venir sur Coruscant. Avec suivants et bagages. Nous n’aimerions pas vous mettre dans une situation délicate.
Le test est lancé, la Duchesse vient de poliment refuser mais vient aussi demander une légitimité de la puissance de son interlocuteur. Proposer de leur attribuer une résidence secondaire serait la meilleure des réponses. Mais le problème c’est qu’une seule d’entre elle pourrait convenir à l’image publique, et elle est en plein aménagement. Le début des travaux avait été repoussé pour le lendemain de la date d’origine des négociations, pour en avoir l’usage si besoin. Happé par les événements, personne n’a pensé à repousser les travaux.
Gant sent son ami mis en difficulté. S’il ne trouve pas de solution, il va devoir débourser une fortune pour obtenir un domaine satisfaisant avec des adversaires politiques qui vont en profiter pour le saigner à blanc. Et se gausser plus tard de lui avoir sauvé la mise. Sauf si Gant intervient, avec la force. Et il se prépare à en faire usage. La discussion suit son cours, mais la Duchesse arrive à cheminer pour amener le Duc à devoir faire un choix. Reconnaitre ou payer cher son image.
-Duc Archéon, puis-je intervenir ?
Interloqué, ce dernier regarde Gant et lui fait signe que oui. Il n’aura certainement pas d’autres occasions de gagner du temps pour réfléchir à une solution. Gant utilise la force pour ressentir les émotions de son interlocutrice, pour que son pouvoir de persuasion y trouve un terreau fertile. Il ressent la satisfaction d’avoir trouvé un levier dans la négociation, mais ce levier est à la base son erreur. Le Duc serait impoli de le relever vu que ce n’est pas lui qui se déplace, mais à trop s’appuyer dessus le retour du bâton pourrait être dommageable. Au final cette situation bancale ne satisfait aucun des deux partis. Et ils sont trop fiers et prudents pour sortir du jeu diplomatique.
-Duchesse Calice, face à ce manque de considération de la part de mon contemporain Coruscantien à votre égard, je me sens dans l’obligation de vous proposer de vous héberger. Il vous met dans une situation sans commune mesure, alors que vous devriez être concentrée sur nulle autre sujet que la préparation du mariage de votre enfant.
Gant voit qu’il vient de capter son attention. Maintenant il faut juste augmenter légèrement la force et ajuster l’émotion dans sa voie.
-Son attitude relève d’un manque d’éducation et de respect qui ne reflète pas l’honneur des hôtes de Coruscant. Même si mes moyens sont bien plus modestes, il est de mon devoir d’ami de la famille de proposer mon humble demeure. J’espère que ma compagnie saura combler la simplicité de ma résidence.
La duchesse hésite, Gant sent qu’il a fait mouche. Un choix cornélien s’offre maintenant à elle. Elle peut refuser cette offre, mais demander à être logée par le Duc pourrait être vu comme un manque de moyen. Refuser une offre d’un ami aussi proche du paternel, et le seul non-humain… Toute réponse négative devra être formulée avec la plus grande attention.
Gant sent qu’elle envisage son offre. Car cela serait mettre au défi l’entourage du Duc et un potentiel atout dans les négociations en cas d’erreur à l’étiquette. Mais aussi une source d’informations plausible. Pour la guider vers une réponse positive à sa proposition, Gant recourt de nouveau à la force pour donner plus d’influence à ces mots.
-Entre les sessions où vous échangerez sur la question du mariage, vous aurez sûrement envie de vous aérer l’esprit. Que diriez d’avoir à votre disposition ma personne en tant que guide, pour profiter des meilleurs lieux de Coruscant ?
-Je dois reconnaitre au Baron Frayer sa proportion à trouver de quoi nous émerveiller à chaque fois qu’il le désir.
Gant sent par la force qu’elle à fait son choix, l’intervention d’Archéon à terminé le travail. Seul, Gant aurait fait un usage moins subtil de la force, mais il faut que la décision soit un cheminement logique pour le publique.
-J’accepte avec plaisir votre proposition pleine d’attention. J’attend avec joie ce que vous me ferez découvrir.
Gant le sent, madame attend surtout de pouvoir extirper le plus d’informations possibles de sa personne. Il lui adresse sont plus humble sourire. Archéon, qui voit une situation se résoudre en découvre une autre qui lui échappe des mains. Comment faire pour que cette invitation ne devienne pas un poids ? Gant seul le sait.
Après quelques négociations, la Duchesse viendra seule chez Gant, aux frais de la Maison Archéon. Heureusement pour le Baron Frayer, qui aurait vu ces fonds fondre comme neige au soleil.
Il lui a attribué la plus belle suite et la fait aménager suivant ces goûts grâce à Archéon. Le reste de la famille loge dans un domaine d’une maison noble amie conciliante, les futurs mariés quant à eux disposent d’une résidence secondaire pour pouvoir faire connaissance. Les frères, sœurs, cousines et cousins des deux familles sont chargés de les distraire autant que de les surveiller.
La Duchesse Calice fut d’une gentillesse à toute épreuve quant aux concessions faites pour la condition de son logement. Sur une échelle de un à dix, il est à trois pour son standard… Un autre monde. Gant s’organisa pour l’accueillir avec grâce, mais dans la simplicité propre aux Frayers. Sa tâche est maintenant de profiter de chaque instant pour la soumettre à la suggestion, l’influencer pas à pas.
Gant lui montra les jardins, une centaine de mètres carrés aménagés pour surplomber le vide et dominer la ville. Des couleurs chatoyantes, des sculptures, des fresques et un banc, disposés avec harmonie. Il l’invite d’un geste à prendre place avec lui pour observer le paysage. Gant relâche les phéromones en petites quantités, il veut son attention, pas son cu.
-Je ne vous savez pas poète.
-Il est vrai que j’aime lire et écrire, la chanson et l’art. La musique tient une grande place dans ma vie. Je suis d’une curiosité telle que tout m’intéresse.
-Voyez-vous donc, vous me décrivez le gendre parfait. Auriez l’intention de faire de la concurrence ?
-Loin de moi cette idée Duchesse, je ne suis que trop heureux de ma vie. Je possède assez d’importance pour pouvoir vous parler, mais pas assez pour devoir me présenter à toutes les cérémonies publiques. J’ai pu faire les études que je voulais, décider du cheminement de mon existence. Comme tout le monde j’ai fait des erreurs, mais c’est ce qui nous fait grandir.
-Intelligent, flatteur mais sans excès, modeste, mature. Baron, la liste de vos qualités s’allongent.
-C’est que j’ai la chance de parler avec une personne qui les voit en moi.
La Duchesse Calice répondit d’un rire de cristal. Gant usa de la force, pour l’influencer de ses paroles et ressentir les émotions de sa voisine. Les yeux fixés sur l’horizon.
-Vous êtes différente de bien des dames de la haute noblesse que j’ai pu côtoyer. Derrière cette beauté et cette grâce, vous avez quelque chose qui vous rend unique. Vous jouez avec les conventions sociales pleine d’aisance. L’excellente éducation que vous avez reçu en ressort à l’extérieur, mais je vois en vous une femme qui se définie par ce qu’elle veut être et non ce que l’on veut d’elle. La manière dont vous avez d’utiliser vos mots démontre la réserve dont vous faite preuve pour ne pas écraser l’autre. Vous êtes intelligente, mais par rapport à nos coreligionnaires, vous avez l’intelligence de l’utiliser. A mon avis, vous savez ce que c’est que de ne pas tout avoir, de perdre et de devoir travailler dur pour obtenir ce que l’on veut.
Gant augmenta légèrement son émanation de phéromones et la regarda profondément dans les yeux. Il peut ressentir son trouble, ses paroles ont fait mouche sur des points sensibles. Il lui reste encore à les cartographier. Physiquement, seule une légère dilatation des pupilles permet de voir un changement d’attitude. Quelle maîtrise de soi.
-Et si vous me faisiez visiter le reste de la demeure.
Ce n’est pas une question, mais une injonction. Gant se leva et présenta sa main pour l’aider. Restant à ces côtés, continuant à relâcher ces phéromones, il poursuit la visite. Il l’acheva devant la suite de la Duchesse.
-Duchesse, voici ce qui sera votre demeure pour les jours à venir. Je vous réitère ma joie de pouvoir vous offrir l’hospitalité malgré mon humble demeure.
Gant termina par une dernière phrase utilisant son art de la persuasion de force, de l’empathie et ses phéromones à leur maximum. Pour le temps de cette conclusion.
-Si vous avez le moindre désir, je suis à votre entière disposition.
C’est dans un état de bonheur total et de demande de plaisir qu’il l’a laissa sur le pas de sa porte. Pas un appel pour le retenir, pas un gémissement, pas d'attouchement pour le stimuler. C'est la première fois que quelqu'un démontre autant de résistance. Gant se retourne avant de tourner au coin du couloir et lui fait un clin d’œil. Elle en tremble de désir, se serrant les bras pour se retenir. Il avance d'un pas pour disparaître, s'appuie contre le mur et écoute ces émotions grâce à la force. Elle veut coucher avec lui, satisfaire ce besoin. C'est la première fois depuis des années qu'elle ressent une telle envie. Perdue, elle se réfugie dans ces quartiers.
Gant sait qu'elle va passer une très agréable nuit en solitaire.
Le lendemain matin, ils se retrouvèrent pour le petit déjeuner en compagnie de membre de sa famille. Rapidement Gant se retira pour les laisser discuter et se justifia par la thèse d’un étudiant à finir de d’examiner. Ce qui lui value des regards surpris.
Pendant son examen dudit document, son majordome entra pour l’avertir que la Duchesse ne serait pas de retour avant une heure tardive dans la soirée. Gant le remercia et poursuivi sa lecture. Il était midi quand il acheva de s’abimer les yeux sur ce torchon. Même un étudiant de troisième année serait capable de réciter au moins quatre maisons fondatrices de l’ancienne république. Lui écrit que les Taung en sont les pères culturels et biologiques, inspirateurs de la démocratie, défenseur des faibles. Gant donna pour note un zéro et un commentaire : « Si un taung ou un mandalorien met la main sur ce document, à ce moment-là j’aurais de la pitié pour l’auteur. ».
Pas de pardon pour ceux qui achètent leurs diplômes. Une fois l’horreur enterrée avec son géniteur, Gant se dirigea vers les cuisines pour se remplir la panse. On lui apprit que plusieurs personnes de la famille de la Duchesse était resté, ne sachant que faire en attendant le début des négociations. Gant alla à eux et leur annonça qu’il avait plusieurs activités à leurs proposer. Mais bien sûr suivant ce qu’ils aiment faire. La seule réponse les réunissant tous fut : pazaak…
Ne pouvant se soutirer à son devoir d’hôte, Gant leur indiqua qu’il savait où trouver des tables à la hauteur de leurs titres de noblesse. Ces compagnons commandèrent une limousine hors de prix et partirent avec lui dans le meilleur casino de Coruscant. Gant tenta d’appeler Archéon ou la Duchesse, mais sans succès. Leurs services lui indiquèrent qu’ils étaient en réunions. Gant averti les gens de la Duchesse de vers où ils allaient, au cas où.
Une fois arrivé, le groupe s’enfonça dans la foule des joueurs et se dispersa. Gant réussi à en retenir un et tenta de lui proposer de leur montrer des activités uniques, mais face à la fièvre du jeu, il ne fit pas le poids. Envisageant la catastrophe à venir, il fit demander le chef de salle.
-Bonjour monsieur, à qui ai-je l’honneur ?
-Bonjour, Baron Frayer, je me retrouve dans une situation gênante.
-En premier lieu permettez moi de vous souhaiter la bienvenue dans notre établissement. Expliquez-moi ce qui perturbe votre expérience au sein de nos murs ?
-J’ai des compagnons, des amis, d’amis très proches qui m’ont demandé de les occuper. Et je les soupçonne d’être un peu flambeur sur les bords.
-Je vois, c’est embêtant.
-Je ne vous le fait pas dire. Cela me met dans une situation où je veux les protéger, mais je risque de leur porter préjudice. Auriez-vous des solutions pour les restreindre discrètement ?
-Tout à fait, suivez-moi et désignez-moi les personnes sur les vidéos que nous allons vous montrer. Nous allons leurs appliquer une mesure simple, ils vont devoir jouer avec des cartes où ils auront déjà transféré leurs crédits. Et ils ne pourront pas demander d’avance ou de prêt à l’établissement. Beaucoup de nos joueurs réguliers et de professionnels utilisent cette méthode pour les aider à gérer leurs mises. Ainsi, ils peuvent mieux se concentrer.
-C’est une mesure qui me semble somme toute adéquate. Pourrais-je m’y souscrire ?
-Mais bien sûr Baron, je vais tout mettre en place.
Quelques minutes plus tard, Gant pouvait se détendre un peu. Et tant qu’à faire, utiliser ces pouvoirs pour ce faire un peu de monnaie. Il faut toujours en avoir sur soi. Gant retira mille crédits, il devrait pouvoir s’en sortir avec. Et se dirige vers les tables de jeux. Il y en a une qui déchaine régulièrement les passions, avec une boule qui voyage dans une roue, et où elle atterit détermine le gagnant. Il ne connait pas les subtilités, mais cet exercice devrait être suffisant pour ce faire les dents.
Utiliser la télékinésie pourrait sembler être la meilleure solution, mais se retrouver à faire des gestes dans tous les sens et la balle suivre les mouvements du gars qui gesticule pourrait en déconcerter plus d’un. La divination, c’est l’avenir. On se concentre et hop ! La solution est trouvée.
Gant se pose à une table où une place vient de se libérer d’un heureux gagnant, les autres l’accueillent comme le petit nouveau qui va les refaire. Concentration, il faut voir où poser le pion et combien miser. Comme le disait Histos, il ne faut pas hésiter à laisser libre cours à la force de s’exprimer par son corps. On relâche les barrières, le regard devient fixe, les gestes sûrs, la pensée haute et la volonté d’un gagnant. Il pose le pion sur la case un noir et mise deux cents crédits. On le raille et l’un d’entre eux essaye de lui montrer les cases qui sortent le plus souvent, mais l’absence de réponse pousse l’employer à clore le tour pour lancer la bille. Elle vole, rebondit, parcours les arrêtes de la roue dans une course hypnotique que l’on ne voudrait pas voir s’arrêter. Un choc la fait tressaillir dans sa course ! La bille s’emballe ! Sa course fluide se transforme en une fin d’agonie terrible pour finir dans le soixante rouge. Gant regarde ça bizarrement, pourtant il a tout fait comme toutes les autres fois avant. Peut être qu’il n’était pas encore assez concentré. Ce n’est pas grave, il recommence.
Mais cette fois, il passe son tour pour faire sembler d’observer et agir à la prochaine partie. Il prend ainsi le temps pour plonger et trouver en lui les voies du futur de la force. Il ne regarde pas au-delà de quelques dizaines de secondes, car après des milliers, des millions d’avenirs sont possibles. En chercher un parmi une dizaine existant est déjà bien assez exigeant. Maintenant, il distingue mieux ce fil qu’il veut suivre, cette victoire assurée. Mais un joueur dans le présent choisit l’emplacement victorieux dans la partie suivante, toute la prédiction s’effondre. Tout est à recommencer, Gant annonce qu’il va encore attendre, on l’averti qu’après il devra laisser sa place si il désire encore patienter un nouveau tour. Il répond d’un hochement de tête et retourne démêler les fils du destin. La tâche est ardue et se complexifie un peu plus à chaque examen, mais il sait ce qu’il veut et s’y accroche. Le voilà maintenant, il le tient, vingt et un rouge ! On le sort de son petit monde par une accolade, machinalement il sort des crédits et les poses sur la case. Le groupier annonce la fin des mises et lance la bille. Elle entame une course folle, elle cour, elle accélère. La voilà qu’elle rencontre un obstacle et se calle en un noir, sa mise d’avant. La table se moque de lui et Gant se rend compte qu’il ne lui reste que deux cents crédits, il a misé quatre cent ! Quel crétin. Quitte à tout gâcher, autant tenter la chance, il mise les crédits restants en fermant les yeux. Et attend. Quand il les ouvre, toute la table le regarde partagé en jalousie et surprise, il vient de gagner vingt mille crédits. Gant n’en croit pas ces yeux, mais il doit se l’avouer, quelque chose à du marcher. Comment ? Pourquoi ? C’est à ne rien y comprendre.
Le reste de la soirée est tout aussi mystique. Il se retrouve à payer la limousine qui les attendait depuis leur arrivée, le restaurant, la boite de nuit, les consommations, l’amende de l’un d’entre eux pour ivresse sur la voie publique, le silence et les réparations pour la bagarre dans les toilettes d’un bar. Gant est chez lui sur les toilettes, il put le vomi et l’alcool des autres glandus, fatigué et avec mille crédits restant dans les mains. Si c’est un message, il est clair. Plus jamais de divinations avec ces foutus billes.