Garder les mains propres [PV Jessa]
MessagePosté :ven. 21 janv. 2022 00:58
1/3: Le point de vue d'un zabrak
Le couloir était long, étroit, et douché d’une lumière blanche si crue que la réverbération qu’en faisait les murs clairs rendait le lieu presque immaculé, et angoissant.
Cela n’empêchait pas la poussière et les moutonnades d’offrir au petit bataillon de droïdes souris un travail incessant, les poussant dans un ballet grotesque auquel seule la lecture de leur programmation pourrait donner un sens logique.
Depuis l’élévateur transparent dans lequel il était monté en compagnie d’une grande twi’lek à la peau bleu azure, le sergent-instructeur Takon eu tout le temps d’observer comment les petites poubelles sur pattes se bataillaient à trois ou quatre pour se jeter sur les quelques miettes, couinant et bipant follement les unes aux autres…
Avant de se détourner brusquement en se suivant à la queue leu leu, sans qu’aucune d’elles n’ai ramassé le fouillis de poussière.
La porte vitrée s’ouvrir au moment où les petits droïdes s’échappèrent eux-mêmes vers une bifurcation lointaine, laissant voleter dans leur sillage poils et micro débris, sous le regard suspicieux du militaire.
Une voix robotique désenchantée annonça d’une voix fausse enjouée : « 3ème étage, cellule d’observation », tandis que la twi’lek quittait en premier l’ascenseur qui les contenait tout deux.
Ses gestes étaient fluides et assurés sous son costume noir classique à la coupe cintrée, elle paraissait être une jeune femme sage avec ses lekkus tombant de chaque côté de sa tête dans une grâce simple et sans coquetterie déplacée, et pourtant le zabrak était tout sauf à l’aise en sa présence.
Elle était plus grande que lui de quelques centimètres, mais il aurait pu la briser comme une allumette entre ses mains de combattant.
Elle semblait souriante et aimable là où lui-même ressemblait à une boîte de conserve laissée vieillir trop longtemps à l’arrière de l’étagère du garde-manger.
Elle tenait délicatement dans sa main un datapad dernier cri avec une manucure impeccable, des ongles longs et fins, peint d’une couleur bleu marine dans lequel se dessinait une petite fleur en blanc ; là où le quarantenaire qu’il était avait des calles aux doigts à force d’entraînement physique, les ongles courts retenant un peu de saleté par moment en dessous, et les doigts forts mais trapus, comme tout le reste de sa silhouette.
Mais derrière toute la beauté et la douceur qui émanait de la physionomie de la twi’lek, et sous les sourires et les regards qui alternaient entre sensualité, compréhension et appréciation, il y avait de la glace.
Glace blanche dans ses dents rondes comme des perles dans cette bouche fine de petite vipère, glace turquoise dans ses yeux qui sous ses longs cils de biche se montraient terriblement inquisiteurs !
Glace cachée sous la veste noire, le veston, la chemise boutonnée jusqu’au col, la cravate et l’épingle à cravate, le sous-pull et la brassière.
On lui avait sans doute dit que dans son métier, il fallait se montrer « polissée », car Takon se souvenait d’elle, il y a une dizaine d’années, lorsqu’ils travaillaient encore ensemble, et pas les uns contre les autres.
Et il se souvenait qu’alors ses canines étaient un peu plus longues et pointues.
Le zabrak avait également quitté l’ascenseur de transparacier, qui s’élevait à présent à un autre étage, et l’ambiance était plus que fraîche, dans cette saleté de couloir à la lumière si crue qu’il avait l’impression qu’on lui brûlait les yeux.
Peut-être la grande twi’lek confondait son mutisme avec l’étonnement face au comportement des droïdes souris et de leur manque apparent d’efficacité, aussi sa voix claire et féminine s’éleva pour répondre à une question qu’il ne s’était même pas posée :
-« Nouveau prototype d’espionnage de terrain… Ils servent à analyser les fragments de terres et de poussières provenant des semelles pour tenter de retracer la provenance des individus… Ils sont en période de test… »
La voix était douce, à peine plus qu’un murmure, fraîche et d’un timbre agréable et terriblement sensuel…
Pourtant il pouvait sentir les poils sur ses bras se dresser de désapprobation et de malaise !
Le sergent-instructeur empêcha la grimace qui lui montait aux lèvres de transparaître, creusant dans ses joues avec ses molaires comme pour retenir les muscles de se crisper de dégoût, préférant détourner le regard en projetant un acquiescement facile à servir face à cette information donnée d’un ton badin, à une question qui n’existait pas.
La twi’lek n’avait répondu à aucune de ses demandes depuis des heures.
Cela faisait une éternité lui semblait-il qu’elle lui extorquait informations sur informations, professionnelles comme personnelles, balançant entre les sous-entendus et l’apports de fausses rumeurs pour voir s’il essayerait d’en profiter pour lui mentir ou non.
Ils courraient dans des couloirs vides qui ne donnaient que sur d’autres couloirs vides, et Takon savait qu’elle le promenait en long et en large, sans rien pouvoir y faire !
-« Et comment va ta femme Takon ? »
-« J’espère que tu vas bien depuis notre dernière rencontre »
-« Elle s’appelait Rea, n’est-ce pas ? C’était un charme, je l’adorais… Vraiment quel dommage »
-« Depuis quand es-tu branché sur l’écoute de Shiu Yan ? »
A la vexation de devoir répondre en boucle, encore et encore, l’humiliation et le chagrin venait le frapper, tout comme la culpabilité.
La twi’lek savait très bien comment allait sa femme, vue qu’elle en était la supérieure hiérarchique depuis une décennie maintenant. Et que comme son épouse, il se devait, en tant que conjoint d’un agent secret, de se laisser dépouiller de sa moindre intimité.
Même si, pour ses raisons-mêmes (les micros cachés partout dans leur appartement, la surveillance constante pour s’assurer de la discrétion et de la fidélité des deux parties), l’homme allait beaucoup moins bien depuis leur divorce, bien qu’il garde de bonne relation avec son ancienne compagne.
Rea aurait dû être leur fille. Une petite zabrak adorable qui leur ressemblait à chacun.
A cause d’une indiscrétion du bureau qui avait fuitée à l’ennemi, l’enfant avait été la cible d’un chantage odieux, et odieusement sacrifié pour le secret…
A cause de la twi’lek.
Sa femme avait voulu poursuivre sa mission malgré le poids de plus en plus lourd que faisait porter le rôle d’agent secret.
Lui, le militaire fidèle à la République, n’avait pas pu.
Ils c’étaient séparés, ne pouvant supporter le vide laissé par l’enfant…
Et Takon apprit plus tard que c’était la twi’lek qui avait finement manipulée sa femme pour qu’elle le quitte, et qu’elle abandonne toute forme d’attachements à autre chose qu’aux secrets et qu’à la République.
Shiu Yan, c’était le nom qu’avait repris son ex-compagne, un nouveau nom de code, un nouveau rôle qu’on lui demandait de jouer, comme une poupée qu’on habille et qu’on déshabille à son gré, dépouillée de tout.
Ca faisait des heures, les mêmes questions, les mêmes réponses qu’il donnaient, sans relâche.
Il connaissait le jeu, il pensait ne pas faire de fautes, et pourtant Takon se retrouvait là, sans cesse harcelé par les mêmes questions.
La twi’lek bleue et le zabrak recommencèrent leur ronde incessante, marchant dans le couloir en silence.
Le silence le tuait, avec cette lumière, avec ses non-dits.
Et pourtant lorsque, pour la énième fois, la voix sirupeuse de la femme s’éleva de l’air, Takon savait qu’il aurait préféré le poids du silence :
-« Et alors Takon, comment va ta femme ? »
-« ASSEZ !!!! »
Son poing s’est fiché dans le mur, à quelques centimètres de la tête arrogante de la twi’lek, brisant l’aspect lisse et brillant du couloir.
Il était épuisé psychologiquement, il était à bout de nerf !
Ils avaient à peine discuté de Vashins et des deux chasseuses de primes que le militaire lui avait amené, le zabrak n’avait reçu aucune réponse.
Le sergent-chef avait rapporté tous les détails, tous les renseignements qu’il avait pu noter ou apprendre sur les chasseuses de primes et sur sa propre recrue.
Comment Vashins se trouvait instable dans son rôle de soldat mais était plus que loyale envers la Nouvelle République.
Comment la chasseuse de prime zeltronne, Jessa (juste « Jessa ») était effectivement un dangereux cocktail explosif mais se trouvait être une potentielle mine d’or en informations et en possibilité sur le terrain, elle qui vivait dans les bas-fonds de Coruscant (information dûment vérifiée).
Comment sa compagne, Erza, serait un parfait moyen de pression sur elle, tandis que Vashins permettrai plutôt de l’apaiser.
Au lieu d’un dialogue édifiant, ou d’une stratégie à adopter, d’un défilé de questions sur les probabilités, Takon se retrouvait avec…
…Juste des mots secrets pianotés du bout des doigts manucurés de la twi’lek sur son datapad rutilant et neuf, et des questions sur des questions sur des questions, qui n’avaient rien à voir avec la mission pourtant importante sur laquelle il espérait qu’on glisse Vashins et l’autre zeltronne.
Parce que dans toute la dangerosité que pouvait représenter cette mission, Takon avait été persuadé qu’on leur confierait une tâche simple.
Son regard était fou et sa respiration grondante à quelques centimètres du visage serein de la twilek.
Il n’en pouvait plus, il voulait des réponses !
A la place, la femme en face de lui lui a offert un sourire, ce genre de sourire triomphant qui exècre les gens qui le reçoivent.
Et puis comme si de rien n’était, la twi’lek a fait un demi pas sur le côté, s’extirpant du peu de contrôle physique qu’il essayait d’exercer sur elle, en dernier recours, et c’est remis à tapoter son son datapad, avec le bruit des ongles qui claquent sur la surface : clac clac clac clac.
La fureur laissa place à une forme de découragement, de désespoir.
Il n’obtiendrait rien de la twi’lek.
En tout cas, rien qu’elle ne veuille pas lui donner d’elle-même…
Le zabrak avait cru qu’il aurait pu jouer un coup d’avance cette fois-ci face à l’espionnage.
Pour y entrer à nouveau, par les portes dérobées, avec des opportunités comme la chasseuse de prime en poupe, et tenter de gagner du galon, à nouveau…
Et de retrouver Lakoo, alias Shiu Yan. Même si elle avait accepté de se limer les cornes pour ressembler à une humaine et de mieux rentrer dans la peau de sa nouvelle identité, Takon pensait qu’elle serait certainement toujours belle, même à quarante ans…
En désespoir de cause, voyant bien qu’il avait perdu, le zabrak ploya, et plaida.
Sa voix enrouée de stress et de fatigue témoigna de son désarroi autant que de la victoire insidieuse de la femme azure sur lui.
Il avait perdu.
Tout perdu !
Y compris maintenant le peu de contrôle qu’il avait sur ses propres pions, et sur son propre comportement.
-« Moira, s’il vous plaît… Qu’allez-vous faire de Vashins ? »
Pas la peine de demander après Lakoo, il savait hélas que ce serait très mal perçu...
Le bruit exaspérant de ses saletés d’ongles peinturlurés de vernis qu’il avait envie de lui arracher des doigts, et puis le silence à nouveau.
La twi’lek, Moira, venait d’ouvrir une autre page sur son datapad, projetant une touche de couleur sur son visage bleu pâle, et sur le mur derrière elle.
Un sourire aussi fleuri sur ses lèvres, un sourire avec les dents arrondies, même si Takon savaient qu’autrefois elles avaient été pointues, ces dents-là.
Moira avait de toute façon toujours eu les dents longues, cela ne changeait pas !
Et, pour la première fois depuis des heures, pour la première fois depuis le début de ce qu’il n’osait pas appeler un entretient, la femme twi’lek retourna son datapad vers lui, affichant un dossier qui portait un nom.
-« Sais-tu, Takon, ce qu’est l’hyperémotivité ? »
La voix, tellement fraîche qu’elle le glaçait jusque dans les veines, malgré le sucre et le miel qui s’accrochait aux syllabes.
Il n’a rien fait, rien dit : c’était la première fois depuis des heures que Moira changeait de disque, et le sergent instructeur était heureux de laisser faire.
Face à la docilité de sa victime, Moira reprit :
-« L’hyperémotivité n’est pas une maladie, mais un trait de caractère. Chez notre nouveau sujet -la twilek retourna vers lui le dossier de Vashins- il semble cependant presque maladif…"
Le sergent instructeur se contenta de hocher la tête, ne sachant que faire de cette information.
Tapotement des ongles, silence, blanc éclatant de la lumière sur le mur tout aussi blanc.
Moira lui présenta un nouveau dossier :
-« Et sais-tu, Takon, ce qu’est le TSPT ?
Par réflexe, il répondit, morne dans la voix, mais curieux malgré lui :
-« Trouble du Stress Post Traumatique ? »
-« Exactement ! » s’exclama joyeusement la voix de la twi’lek, soyeuse comme de la soie, rieuse comme une enfant…
Ils se fixèrent sans rien dire, le visage rond et harmonieux de Moira se déformant de plus en plus jusqu’à devenir une moue agacée et odieuse :
-« Je veux que tu saches ce qui va se passer, mais tu n’en sauras pas plus qu’elles. Tu assisteras aux débriefings que je vais avoir avec chacune d’elles-trois, tu entendras les ordres de missions que je leur confierai…»
-« Elles seront techniquement ta responsabilité, puisque c’est toi qui me les a amené, mais saches, Takon, saches que tu n’auras pas le droit de les voir, pas le droit de leur adresser la parole, pas le droit de quoi que ce soit ! Si ça fonctionne, le bénéfice est pour moi ! Si ça rate, tout te retombera sur le dos ! »
La glace venait de sortir de sous le costume trois pièces de la twi’lek, ses pics glacés prenant la forme de deux lekkus excités s’enroulant de colère l’un contre l’autre, furieux et menaçant presque de le frapper.
Les yeux de Moira lui jetaient des éclairs depuis leurs iris cristallines, et elle reprit, assenant sa punition suprême :
-« Interdiction pour toi de sortir des locaux ! Tes supérieurs sont prévenus que tu es avec nous, mais tu n’as le droit à aucun contact avec qui que ce soit, de l’intérieur ou de l’extérieur, pendant tout le temps que durera cette mission ! Est-ce que je suis bien claire ? »
De nouveau, il hocha la tête, abasourdi par le changement de ton.
Moira ne perdait jamais son sang-froid, elle était d’ailleurs réputée pour ça, et c’est ce qui la rendait si terrible, derrière ses allures de jeune femme bien comme il faut !
-« Suis moi ! » Ordonna-t-elle, tentant de reprendre le contrôle de sa propre voix.
Mais la twi’lek avait définitivement laissé voir une partie de la face cachée de l’iceberg !
Le zabrak la suivie dans le couloir illuminé de blanc brûlant, jusqu’à ce qu’enfin, pour la première fois depuis des heures, ils bifurquent dans une autre partie du bâtiment.
Là se trouvait un ensemble de bureaux insonorisés, plein d’ordinateur et de matériels de pointe en tout domaine.
Lui a été amené dans une arrière salle sombre, où se trouvait déjà vissés à leur chaise deux humains, casque sur les oreilles, regards vrillant sans ciller un immense écran qui faisait tout le mur de la pièce…
Non, pas un écran, une vitre !
Non, pas une vitre…
Un miroir sans-teint !
Takon eut à peine le temps de se réjouir de sa découverte : celle qui consistait dans le fait qu’au lieu d’avoir tout perdu, comme il le pensait, il avait en fait gagné contre Moira (pour la première fois depuis longtemps).
Il avait d’abord cru que ses tours de passe-passe psychologique, dont chaque agent manager des renseignements recevait la formation, afin de percer assez vite les futurs déserteurs ou les agents devenus agents doubles (et pas pour le compte de la République, évidemment), avait pour but de lui arracher une information qu’il n’avait évidemment pas.
La situation aurait pu être meilleure. Il aurait préféré chapeauter Vashins lui-même, comme il aurait aimé que la fameuse Jessa reste sous sa surveillance, et que Pimprenelle (comme Takon avait décidé de la rebaptiser à la va-vite) reste à faire le pied de grue en cellule en attendant que sa camarade échoue probablement (le peu qu’il avait lu à leur sujet l’avait convaincu qu’elles n’étaient pas très fréquentables ni l’une ni l’autre).
Néanmoins le dernier éclat de voix de Moira avait montré son jeu réel !
La twi’lek était furieuse car le sergent instructeur lui avait damné le pion !
Lakoo, enfin, maintenant Shiu Yan, qu’il recommençait à voir malgré les interdictions, et dont il avait reçu les confidences involontaires par le biais d’un mouchard, avait raison.
Quel que soit cette fameuse mission dans les bas-fonds de Coruscant, les précédents espions c’étaient fait attraper, et, dans le moins pire des cas, exécutés.
Moira était sur les dents car lui, il avait ramené des recrues fraîches dont le Bureau manquait clairement, et qui serait, aux vues de leur situation respective, probablement facilement manipulables.
Il lui avait donc raflé la première mise.
Moira était d’autant plus furieuse que malgré les éléments perturbant des dossiers des trois candidates (hyperémotivité, TSPT, violence inadéquate, fouillemerde et on en passe), la chasseuse de prime connaîtrait probablement plus de recoin et de cachettes que les précédents imbéciles embauchés par le Bureau, et Vashins permettrai probablement de retenir les écarts de violences de la grande zeltronne.
Le militaire fut installé aux côtés des deux humains, et on lui prêta l’oreillette, afin qu’il puisse entendre, comme eux, l’interrogatoire à venir.
De l’autre côté du miroir sans teint, trois cellules juxtaposées.
Rectangulaires, neutres en couleur et exiguës, les cellules contenaient chacune une prisonnière.
La chasseuse de prime zeltronne à gauche.
La tueuse à gage humaine au milieu.
La soldat NR à droite.
Elles ne pouvaient pas se voir, ni s’entendre, ni se sentir, mais eux, cachés derrière le miroir, voyaient tout !
La twi’lek de glace lui jeta un regard furibond dans la pénombre de la pièce, avant de détourner le regard vers ses trois nouvelles victimes.
Trois nouveaux agents, vêtus comme elle d’un complet noir et d’une cravate, entrèrent à leur tour.
Ils échangèrent un signe de tête discret avec la twi’lek Moira, avant d’empreinter une nouvelle porte latérale.
Un humain blond se tint devant la cellule d’Erza, grand dandy dégingandé dans son costume sombre.
Un semi arkanien se retrouva devant la cellule de Jessa, la toisant de toute la hauteur de son port d’épaule altier.
Un harch aux six yeux scrutateurs se pencha vers Ménoï, l’observant attentivement.
-« Bonjour ! Je me nomme Moira. J’aurais quelques questions à vous poser… »
-« Bonjour ! Je me nomme Moira. J’aurais quelques questions à vous poser… »
-« Bonjour ! Je me nomme Moira. J’aurais quelques questions à vous poser… »
A l’abris, dans l’ombre de la pièce d’écoute, Takon fronça les sourcils.
Sa lèvre supérieure se retroussa sur sa canine gauche :
-« Vous avez fait des petits à ce que je vois … » siffla-t-il à la twi’lek.
Cette dernière le fusilla du regard, le faisant taire d’un geste autoritaire de la main et d’un lekku nerveux.
-« J’ai pris en grade… Et ce n’est certainement pas grâce à toi… »
-« Je ne me serais jamais permis pareil hérésie ! »
-« Arrête de me flatter, et observe ! »
Cela n’empêchait pas la poussière et les moutonnades d’offrir au petit bataillon de droïdes souris un travail incessant, les poussant dans un ballet grotesque auquel seule la lecture de leur programmation pourrait donner un sens logique.
Depuis l’élévateur transparent dans lequel il était monté en compagnie d’une grande twi’lek à la peau bleu azure, le sergent-instructeur Takon eu tout le temps d’observer comment les petites poubelles sur pattes se bataillaient à trois ou quatre pour se jeter sur les quelques miettes, couinant et bipant follement les unes aux autres…
Avant de se détourner brusquement en se suivant à la queue leu leu, sans qu’aucune d’elles n’ai ramassé le fouillis de poussière.
La porte vitrée s’ouvrir au moment où les petits droïdes s’échappèrent eux-mêmes vers une bifurcation lointaine, laissant voleter dans leur sillage poils et micro débris, sous le regard suspicieux du militaire.
Une voix robotique désenchantée annonça d’une voix fausse enjouée : « 3ème étage, cellule d’observation », tandis que la twi’lek quittait en premier l’ascenseur qui les contenait tout deux.
Ses gestes étaient fluides et assurés sous son costume noir classique à la coupe cintrée, elle paraissait être une jeune femme sage avec ses lekkus tombant de chaque côté de sa tête dans une grâce simple et sans coquetterie déplacée, et pourtant le zabrak était tout sauf à l’aise en sa présence.
Elle était plus grande que lui de quelques centimètres, mais il aurait pu la briser comme une allumette entre ses mains de combattant.
Elle semblait souriante et aimable là où lui-même ressemblait à une boîte de conserve laissée vieillir trop longtemps à l’arrière de l’étagère du garde-manger.
Elle tenait délicatement dans sa main un datapad dernier cri avec une manucure impeccable, des ongles longs et fins, peint d’une couleur bleu marine dans lequel se dessinait une petite fleur en blanc ; là où le quarantenaire qu’il était avait des calles aux doigts à force d’entraînement physique, les ongles courts retenant un peu de saleté par moment en dessous, et les doigts forts mais trapus, comme tout le reste de sa silhouette.
Mais derrière toute la beauté et la douceur qui émanait de la physionomie de la twi’lek, et sous les sourires et les regards qui alternaient entre sensualité, compréhension et appréciation, il y avait de la glace.
Glace blanche dans ses dents rondes comme des perles dans cette bouche fine de petite vipère, glace turquoise dans ses yeux qui sous ses longs cils de biche se montraient terriblement inquisiteurs !
Glace cachée sous la veste noire, le veston, la chemise boutonnée jusqu’au col, la cravate et l’épingle à cravate, le sous-pull et la brassière.
On lui avait sans doute dit que dans son métier, il fallait se montrer « polissée », car Takon se souvenait d’elle, il y a une dizaine d’années, lorsqu’ils travaillaient encore ensemble, et pas les uns contre les autres.
Et il se souvenait qu’alors ses canines étaient un peu plus longues et pointues.
Le zabrak avait également quitté l’ascenseur de transparacier, qui s’élevait à présent à un autre étage, et l’ambiance était plus que fraîche, dans cette saleté de couloir à la lumière si crue qu’il avait l’impression qu’on lui brûlait les yeux.
Peut-être la grande twi’lek confondait son mutisme avec l’étonnement face au comportement des droïdes souris et de leur manque apparent d’efficacité, aussi sa voix claire et féminine s’éleva pour répondre à une question qu’il ne s’était même pas posée :
-« Nouveau prototype d’espionnage de terrain… Ils servent à analyser les fragments de terres et de poussières provenant des semelles pour tenter de retracer la provenance des individus… Ils sont en période de test… »
La voix était douce, à peine plus qu’un murmure, fraîche et d’un timbre agréable et terriblement sensuel…
Pourtant il pouvait sentir les poils sur ses bras se dresser de désapprobation et de malaise !
Le sergent-instructeur empêcha la grimace qui lui montait aux lèvres de transparaître, creusant dans ses joues avec ses molaires comme pour retenir les muscles de se crisper de dégoût, préférant détourner le regard en projetant un acquiescement facile à servir face à cette information donnée d’un ton badin, à une question qui n’existait pas.
La twi’lek n’avait répondu à aucune de ses demandes depuis des heures.
Cela faisait une éternité lui semblait-il qu’elle lui extorquait informations sur informations, professionnelles comme personnelles, balançant entre les sous-entendus et l’apports de fausses rumeurs pour voir s’il essayerait d’en profiter pour lui mentir ou non.
Ils courraient dans des couloirs vides qui ne donnaient que sur d’autres couloirs vides, et Takon savait qu’elle le promenait en long et en large, sans rien pouvoir y faire !
-« Et comment va ta femme Takon ? »
-« J’espère que tu vas bien depuis notre dernière rencontre »
-« Elle s’appelait Rea, n’est-ce pas ? C’était un charme, je l’adorais… Vraiment quel dommage »
-« Depuis quand es-tu branché sur l’écoute de Shiu Yan ? »
A la vexation de devoir répondre en boucle, encore et encore, l’humiliation et le chagrin venait le frapper, tout comme la culpabilité.
La twi’lek savait très bien comment allait sa femme, vue qu’elle en était la supérieure hiérarchique depuis une décennie maintenant. Et que comme son épouse, il se devait, en tant que conjoint d’un agent secret, de se laisser dépouiller de sa moindre intimité.
Même si, pour ses raisons-mêmes (les micros cachés partout dans leur appartement, la surveillance constante pour s’assurer de la discrétion et de la fidélité des deux parties), l’homme allait beaucoup moins bien depuis leur divorce, bien qu’il garde de bonne relation avec son ancienne compagne.
Rea aurait dû être leur fille. Une petite zabrak adorable qui leur ressemblait à chacun.
A cause d’une indiscrétion du bureau qui avait fuitée à l’ennemi, l’enfant avait été la cible d’un chantage odieux, et odieusement sacrifié pour le secret…
A cause de la twi’lek.
Sa femme avait voulu poursuivre sa mission malgré le poids de plus en plus lourd que faisait porter le rôle d’agent secret.
Lui, le militaire fidèle à la République, n’avait pas pu.
Ils c’étaient séparés, ne pouvant supporter le vide laissé par l’enfant…
Et Takon apprit plus tard que c’était la twi’lek qui avait finement manipulée sa femme pour qu’elle le quitte, et qu’elle abandonne toute forme d’attachements à autre chose qu’aux secrets et qu’à la République.
Shiu Yan, c’était le nom qu’avait repris son ex-compagne, un nouveau nom de code, un nouveau rôle qu’on lui demandait de jouer, comme une poupée qu’on habille et qu’on déshabille à son gré, dépouillée de tout.
Ca faisait des heures, les mêmes questions, les mêmes réponses qu’il donnaient, sans relâche.
Il connaissait le jeu, il pensait ne pas faire de fautes, et pourtant Takon se retrouvait là, sans cesse harcelé par les mêmes questions.
La twi’lek bleue et le zabrak recommencèrent leur ronde incessante, marchant dans le couloir en silence.
Le silence le tuait, avec cette lumière, avec ses non-dits.
Et pourtant lorsque, pour la énième fois, la voix sirupeuse de la femme s’éleva de l’air, Takon savait qu’il aurait préféré le poids du silence :
-« Et alors Takon, comment va ta femme ? »
-« ASSEZ !!!! »
Son poing s’est fiché dans le mur, à quelques centimètres de la tête arrogante de la twi’lek, brisant l’aspect lisse et brillant du couloir.
Il était épuisé psychologiquement, il était à bout de nerf !
Ils avaient à peine discuté de Vashins et des deux chasseuses de primes que le militaire lui avait amené, le zabrak n’avait reçu aucune réponse.
Le sergent-chef avait rapporté tous les détails, tous les renseignements qu’il avait pu noter ou apprendre sur les chasseuses de primes et sur sa propre recrue.
Comment Vashins se trouvait instable dans son rôle de soldat mais était plus que loyale envers la Nouvelle République.
Comment la chasseuse de prime zeltronne, Jessa (juste « Jessa ») était effectivement un dangereux cocktail explosif mais se trouvait être une potentielle mine d’or en informations et en possibilité sur le terrain, elle qui vivait dans les bas-fonds de Coruscant (information dûment vérifiée).
Comment sa compagne, Erza, serait un parfait moyen de pression sur elle, tandis que Vashins permettrai plutôt de l’apaiser.
Au lieu d’un dialogue édifiant, ou d’une stratégie à adopter, d’un défilé de questions sur les probabilités, Takon se retrouvait avec…
…Juste des mots secrets pianotés du bout des doigts manucurés de la twi’lek sur son datapad rutilant et neuf, et des questions sur des questions sur des questions, qui n’avaient rien à voir avec la mission pourtant importante sur laquelle il espérait qu’on glisse Vashins et l’autre zeltronne.
Parce que dans toute la dangerosité que pouvait représenter cette mission, Takon avait été persuadé qu’on leur confierait une tâche simple.
Son regard était fou et sa respiration grondante à quelques centimètres du visage serein de la twilek.
Il n’en pouvait plus, il voulait des réponses !
A la place, la femme en face de lui lui a offert un sourire, ce genre de sourire triomphant qui exècre les gens qui le reçoivent.
Et puis comme si de rien n’était, la twi’lek a fait un demi pas sur le côté, s’extirpant du peu de contrôle physique qu’il essayait d’exercer sur elle, en dernier recours, et c’est remis à tapoter son son datapad, avec le bruit des ongles qui claquent sur la surface : clac clac clac clac.
La fureur laissa place à une forme de découragement, de désespoir.
Il n’obtiendrait rien de la twi’lek.
En tout cas, rien qu’elle ne veuille pas lui donner d’elle-même…
Le zabrak avait cru qu’il aurait pu jouer un coup d’avance cette fois-ci face à l’espionnage.
Pour y entrer à nouveau, par les portes dérobées, avec des opportunités comme la chasseuse de prime en poupe, et tenter de gagner du galon, à nouveau…
Et de retrouver Lakoo, alias Shiu Yan. Même si elle avait accepté de se limer les cornes pour ressembler à une humaine et de mieux rentrer dans la peau de sa nouvelle identité, Takon pensait qu’elle serait certainement toujours belle, même à quarante ans…
En désespoir de cause, voyant bien qu’il avait perdu, le zabrak ploya, et plaida.
Sa voix enrouée de stress et de fatigue témoigna de son désarroi autant que de la victoire insidieuse de la femme azure sur lui.
Il avait perdu.
Tout perdu !
Y compris maintenant le peu de contrôle qu’il avait sur ses propres pions, et sur son propre comportement.
-« Moira, s’il vous plaît… Qu’allez-vous faire de Vashins ? »
Pas la peine de demander après Lakoo, il savait hélas que ce serait très mal perçu...
Le bruit exaspérant de ses saletés d’ongles peinturlurés de vernis qu’il avait envie de lui arracher des doigts, et puis le silence à nouveau.
La twi’lek, Moira, venait d’ouvrir une autre page sur son datapad, projetant une touche de couleur sur son visage bleu pâle, et sur le mur derrière elle.
Un sourire aussi fleuri sur ses lèvres, un sourire avec les dents arrondies, même si Takon savaient qu’autrefois elles avaient été pointues, ces dents-là.
Moira avait de toute façon toujours eu les dents longues, cela ne changeait pas !
Et, pour la première fois depuis des heures, pour la première fois depuis le début de ce qu’il n’osait pas appeler un entretient, la femme twi’lek retourna son datapad vers lui, affichant un dossier qui portait un nom.
-« Sais-tu, Takon, ce qu’est l’hyperémotivité ? »
La voix, tellement fraîche qu’elle le glaçait jusque dans les veines, malgré le sucre et le miel qui s’accrochait aux syllabes.
Il n’a rien fait, rien dit : c’était la première fois depuis des heures que Moira changeait de disque, et le sergent instructeur était heureux de laisser faire.
Face à la docilité de sa victime, Moira reprit :
-« L’hyperémotivité n’est pas une maladie, mais un trait de caractère. Chez notre nouveau sujet -la twilek retourna vers lui le dossier de Vashins- il semble cependant presque maladif…"
Le sergent instructeur se contenta de hocher la tête, ne sachant que faire de cette information.
Tapotement des ongles, silence, blanc éclatant de la lumière sur le mur tout aussi blanc.
Moira lui présenta un nouveau dossier :
-« Et sais-tu, Takon, ce qu’est le TSPT ?
Par réflexe, il répondit, morne dans la voix, mais curieux malgré lui :
-« Trouble du Stress Post Traumatique ? »
-« Exactement ! » s’exclama joyeusement la voix de la twi’lek, soyeuse comme de la soie, rieuse comme une enfant…
Ils se fixèrent sans rien dire, le visage rond et harmonieux de Moira se déformant de plus en plus jusqu’à devenir une moue agacée et odieuse :
-« Je veux que tu saches ce qui va se passer, mais tu n’en sauras pas plus qu’elles. Tu assisteras aux débriefings que je vais avoir avec chacune d’elles-trois, tu entendras les ordres de missions que je leur confierai…»
-« Elles seront techniquement ta responsabilité, puisque c’est toi qui me les a amené, mais saches, Takon, saches que tu n’auras pas le droit de les voir, pas le droit de leur adresser la parole, pas le droit de quoi que ce soit ! Si ça fonctionne, le bénéfice est pour moi ! Si ça rate, tout te retombera sur le dos ! »
La glace venait de sortir de sous le costume trois pièces de la twi’lek, ses pics glacés prenant la forme de deux lekkus excités s’enroulant de colère l’un contre l’autre, furieux et menaçant presque de le frapper.
Les yeux de Moira lui jetaient des éclairs depuis leurs iris cristallines, et elle reprit, assenant sa punition suprême :
-« Interdiction pour toi de sortir des locaux ! Tes supérieurs sont prévenus que tu es avec nous, mais tu n’as le droit à aucun contact avec qui que ce soit, de l’intérieur ou de l’extérieur, pendant tout le temps que durera cette mission ! Est-ce que je suis bien claire ? »
De nouveau, il hocha la tête, abasourdi par le changement de ton.
Moira ne perdait jamais son sang-froid, elle était d’ailleurs réputée pour ça, et c’est ce qui la rendait si terrible, derrière ses allures de jeune femme bien comme il faut !
-« Suis moi ! » Ordonna-t-elle, tentant de reprendre le contrôle de sa propre voix.
Mais la twi’lek avait définitivement laissé voir une partie de la face cachée de l’iceberg !
Le zabrak la suivie dans le couloir illuminé de blanc brûlant, jusqu’à ce qu’enfin, pour la première fois depuis des heures, ils bifurquent dans une autre partie du bâtiment.
Là se trouvait un ensemble de bureaux insonorisés, plein d’ordinateur et de matériels de pointe en tout domaine.
Lui a été amené dans une arrière salle sombre, où se trouvait déjà vissés à leur chaise deux humains, casque sur les oreilles, regards vrillant sans ciller un immense écran qui faisait tout le mur de la pièce…
Non, pas un écran, une vitre !
Non, pas une vitre…
Un miroir sans-teint !
Takon eut à peine le temps de se réjouir de sa découverte : celle qui consistait dans le fait qu’au lieu d’avoir tout perdu, comme il le pensait, il avait en fait gagné contre Moira (pour la première fois depuis longtemps).
Il avait d’abord cru que ses tours de passe-passe psychologique, dont chaque agent manager des renseignements recevait la formation, afin de percer assez vite les futurs déserteurs ou les agents devenus agents doubles (et pas pour le compte de la République, évidemment), avait pour but de lui arracher une information qu’il n’avait évidemment pas.
La situation aurait pu être meilleure. Il aurait préféré chapeauter Vashins lui-même, comme il aurait aimé que la fameuse Jessa reste sous sa surveillance, et que Pimprenelle (comme Takon avait décidé de la rebaptiser à la va-vite) reste à faire le pied de grue en cellule en attendant que sa camarade échoue probablement (le peu qu’il avait lu à leur sujet l’avait convaincu qu’elles n’étaient pas très fréquentables ni l’une ni l’autre).
Néanmoins le dernier éclat de voix de Moira avait montré son jeu réel !
La twi’lek était furieuse car le sergent instructeur lui avait damné le pion !
Lakoo, enfin, maintenant Shiu Yan, qu’il recommençait à voir malgré les interdictions, et dont il avait reçu les confidences involontaires par le biais d’un mouchard, avait raison.
Quel que soit cette fameuse mission dans les bas-fonds de Coruscant, les précédents espions c’étaient fait attraper, et, dans le moins pire des cas, exécutés.
Moira était sur les dents car lui, il avait ramené des recrues fraîches dont le Bureau manquait clairement, et qui serait, aux vues de leur situation respective, probablement facilement manipulables.
Il lui avait donc raflé la première mise.
Moira était d’autant plus furieuse que malgré les éléments perturbant des dossiers des trois candidates (hyperémotivité, TSPT, violence inadéquate, fouillemerde et on en passe), la chasseuse de prime connaîtrait probablement plus de recoin et de cachettes que les précédents imbéciles embauchés par le Bureau, et Vashins permettrai probablement de retenir les écarts de violences de la grande zeltronne.
Le militaire fut installé aux côtés des deux humains, et on lui prêta l’oreillette, afin qu’il puisse entendre, comme eux, l’interrogatoire à venir.
De l’autre côté du miroir sans teint, trois cellules juxtaposées.
Rectangulaires, neutres en couleur et exiguës, les cellules contenaient chacune une prisonnière.
La chasseuse de prime zeltronne à gauche.
La tueuse à gage humaine au milieu.
La soldat NR à droite.
Elles ne pouvaient pas se voir, ni s’entendre, ni se sentir, mais eux, cachés derrière le miroir, voyaient tout !
La twi’lek de glace lui jeta un regard furibond dans la pénombre de la pièce, avant de détourner le regard vers ses trois nouvelles victimes.
Trois nouveaux agents, vêtus comme elle d’un complet noir et d’une cravate, entrèrent à leur tour.
Ils échangèrent un signe de tête discret avec la twi’lek Moira, avant d’empreinter une nouvelle porte latérale.
Un humain blond se tint devant la cellule d’Erza, grand dandy dégingandé dans son costume sombre.
Un semi arkanien se retrouva devant la cellule de Jessa, la toisant de toute la hauteur de son port d’épaule altier.
Un harch aux six yeux scrutateurs se pencha vers Ménoï, l’observant attentivement.
-« Bonjour ! Je me nomme Moira. J’aurais quelques questions à vous poser… »
-« Bonjour ! Je me nomme Moira. J’aurais quelques questions à vous poser… »
-« Bonjour ! Je me nomme Moira. J’aurais quelques questions à vous poser… »
A l’abris, dans l’ombre de la pièce d’écoute, Takon fronça les sourcils.
Sa lèvre supérieure se retroussa sur sa canine gauche :
-« Vous avez fait des petits à ce que je vois … » siffla-t-il à la twi’lek.
Cette dernière le fusilla du regard, le faisant taire d’un geste autoritaire de la main et d’un lekku nerveux.
-« J’ai pris en grade… Et ce n’est certainement pas grâce à toi… »
-« Je ne me serais jamais permis pareil hérésie ! »
-« Arrête de me flatter, et observe ! »