- sam. 13 mai 2017 04:19
#28030
- - Oh, tu ne me connais pas ? Je serais tenté de garder le mystère. Être une inconnue est chose rare pour moi.
La main de Maya avait effleurée celle d’Hayley et elle aurait juré qu’à ce moment précis son coeur avait raté un battement, que sa respiration avait été plus profonde. C’était étouffant et grisant à la fois. Sensation ambiguë qui impressionna Hayley. Elle avait presque l’impression de sentir le souffle de la Princesse sur sa peau, un souffle froid qui s’attardait sur sa poitrine et hérissait le fin duvet de ses bras, la faisant frissonner au niveau des épaules.
- - Puisque tu m’as tout raconté de ta vie, je vais te conter la mienne. Et s’il te plait, tutois moi. Nous sommes seuls et je pense, déjà loin des convenances des protocoles.
- Oui, tu as raison… Je suis désolée Maya, quand j’étais sur Kuat on m’a éduqué aux convenances et ça a refait surface par réflexe…
Elle avait ressentie une certaine gêne à l’évocation de la situation, de sa propre réaction. Hayley avait toujours eût pour habitude de dormir nue ou pour le moins en culotte, du plus loin qu’elle s’en souvienne. Ni plus, ni moins et ce depuis au moins ses seize ans. Elle aimait cette sensation de liberté, acquis de peu de valeur et certes fragile mais qui lui permettait d’entretenir l’illusion qu’elle échappait à tout contrôle. Etrange comme parfois les petits gestes ressemblaient à des rituels, combien parfois on pouvait les surestimer, leur donner plus de sens qu’ils n’avaient peut-être réellement. Et le doux rire de Maya, il avait quelque chose d’incroyablement fort et fragile à la fois. Très séduisant. Comme une litanie divine que quelques êtres d’exceptions pouvaient psalmodier.
- Mon histoire…Je pense que je ne pourrais rien expliquer sans situer le point de départ de ma trajectoire. Je crois que la mienne à commencer à la mort de mes parents. J’étais encore une adolescente quand c’est arrivée, mais ça m’a marqué et sa a façonné mon histoire.
- Oh...
Hayley se sentait désolée, désolée et triste à la fois. Inconsciemment, elle avait fait un lien avec cette femme, lien qu’elle réalisait petit à petit. Elle aussi avait perdu ses parents, tout comme Hayley. Ian Curwee et Kaithleen… Cela la renvoyait à eux et l’attrista un peu. Elle avait eût du mal à accepter leur mort, même encore maintenant. L’absence de sa mère avait été une douleur lancinante qu’elle s’était traînée pendant un long moment. Une blessure qui ne se refermerait jamais, le regret de l’avoir perdu subitement principalement, elle était tombée malade et Hayley avait fugué de Carida à l’époque, elle s’en voulait de ne pas avoir été là, à ses côtés pour pouvoir échanger au moins une dernière fois avant qu’elle rejoigne la Force. Quant à Ian… C’était moins douloureux depuis quelques temps. Elle savait qu’où qu’il fût, il devait être fier de ce qu’elle était à présent, de ce qu’elle cherchait à devenir en tout cas.
- Cet événement m’a poussé plus rapidement que prévue vers le monde politique. Enfait m’a poussé tout court. Je ne sais pas si je serais devenue chef d’état autrement. Bail Organa m’a aidé et m’a épaulé jusqu’à ce que je devienne Sénatrice de Chandrila. J’ai milité au cours de ma vie politique contre l’empire. Je jugeais ce pouvoir illégitime…Et responsable de la mort de mes parents.
Bail Organa. Elle eût un léger sourire. Le vieux sénateur avait eût de l’influence sur beaucoup d’existences, un autre lien qu’elle semblait partager avec Maya et qui la troublait beaucoup. Elle se rappelait de leur première rencontre, dans son bureau d’Alderaan. Bail lui avait parut être un homme solide comme un roc, que rien ne pouvait ébranler, juste et droit également, mais fatigué. Il lui avait faite forte impression. Elle trouvait la sénatrice courageuse d’avoir tenu tête par ses propres moyens à l’Empire, toutefois elle n’était pas au bout de ses surprises concernant cette opposition…
- Du moins…Jusqu’à la destruction de Chandrila par l’Empire. J’étais sur le vaisseau de Vador. J’ai refusé de lui donner ce qu’il voulait. Il a tué les miens pour se venger. C’est un peu comme si j’avais appuyé moi-même sur la commande de mise à feu. J’ai sacrifié les miens pour sauver une idée. Je…je ne saurais pas te dire si je regrette cet instant où pas. J’en garde au moins des marques pour me rappeler chaque jour de ce que mes actes ont engendrés.
- Je...je peux ?
Elle n’avait pas été surprise d’apprendre jusqu’où l’Empire avait été capable d’aller pour obtenir ce qu’il voulait, cela lui avait valu une bouffée de colère. Maya lui fit un signe de tête qu’elle parvint déceler dans la pénombre, l’invitant à toucher. Hayley passa sa main sur le corps de la Princesse, décelant des cicatrices sur les côtes de la femme ce qui attisa encore cette bouffée de colère.
- Par la suite, on m’a torturé sur Prakith, puis sur Kessel. L’empire n’a jamais compris que la douleur d’avoir perdu mon peuple serait toujours plus grande que tout ce qu’ils pourraient me faire. Mais l’inquisitorious faisant son travail consciencieusement, ils ont tenu à laisser leur marque sur moi. En soit, cette partie de ma vie et derrière moi maintenant.
Cela avait quelque chose d’étrange d’entendre une non-Jedi de parler de quelque chose d’aussi chargée émotionnellement avec autant de nonchalance, de détachement, peut-être devrait-elle prendre des leçons de la femme, pour elle-même devenir une meilleure Jedi ?
- Quand j’ai retrouvé ma liberté, j’ai œuvré dans l’alliance. J’ai dirigé le service de propagande et d’opération particulière durant plusieurs années. J’ai menée de nombreux combats et mission pour la rébellion. J’ai été le symbole d’une partie de la lutte. La Princesse qui malgré sa douleur se battait pour la liberté. Et j’ai perdu beaucoup. Après la guerre, j’ai pris la tête du secteur des Colonies. De la politique ennuyeuse à conter jusqu’à la séparation avec la république. Contrairement à ce qui se dit, je n’ai pas quitté la république par avidité. Pour être honnête, je l’ai quitté par manque de foi en elle. Je ne voyais plus mes idéaux si chèrement payer dans ce régime pour lequel je me suis battue. Mais ainsi vont les choses, n’est-ce pas ?
Elle avait donné son tribut à la guerre, tout comme Hayley, bien que l’engagement d’Hayley aux côtés de l’Alliance Rebelle eût été plus tardif, chose dont elle s’en voudrait toujours… Mais elle avait eût à combattre d’abord ses propres tourments avant d’être parée à affronter le reste de la galaxie. Bunduki et la compagnie des Suivants de Palawa lui avait permis de maîtriser le Teräs Käsi, certes, mais surtout de se recentrer sur elle-même, sur la paix, sur la méditation et elle en conservait encore aujourd’hui le souvenir d’un instant hors du temps et très spirituel. Un chemin introspectif nécessaire.
- Voilà ma vie. Elle n’est pas triste, pas à plaindre. Je suis resté maitre de mes actes et je n’ai qu’à assumer leur conséquence. Je n’ai plus peur d’affronter ce que j’ai fait. Tout n’ai pas beau, mais au final, je fais partie des chanceux qui reste maitre de leur destin.
Le contact de la peau de Maya sur la sienne la fit frissonner à nouveau. Elle sentit son coeur accélérer légèrement son rythme et son souffle s’accélérer à son tour. Dans la pénombre, son regard remonta le long de son bras, s’arrêtant sur les formes que dessinaient sa poitrine à ce qu’elle croyait deviner, il lui semblait que celle-ci était dénudée, mais était-ce vrai ? N’était-ce pas une projection de son propre esprit ? De son propre désir ? Ne le souhaitait pas elle-même plus que tout ? Et pourquoi ? Qu’est ce que ça lui apporterait ? Elle était comme hypnotisée par cette forme indistincte. Quelle pitié qu’elle fût laissée là, dans l’incapacité de réagir par juste l’idée de quelque chose que la chose elle-même. N’était-ce pas ironique ? N’était-ce pas révélateur ? Elle s’arracha à la contemplation nébuleuse de l’idée de cette poitrine dénudée pour laisser ses yeux se planter dans ceux de Maya qui semblait l’observer muettement depuis déjà un long moment. Ce regard était intense, une intensité rare, quelque chose semblait se passer dans cet échange, dans cette relation entre Maya et Hayley. C’était perturbant.
- Nous sommes libres et maitre de nos décision, peu importe leur porter, n’est-ce pas ?
Elle laissa sa main remonter doucement le bras de la Princesse, caressant au passage les différents endroits qu’elle rencontrait pour finir par se poser sur la joue de la chandrilienne. Qu’attendait-elle de ce geste ? Qu’impliquait-il ? Quel sens voulait-elle lui donner ? Elle détestait toutes ces questions qui s’agitaient dans sa tête. Elle aurait voulu juste ressentir les choses, pas les intellectualiser. Elle choisit de rompre le contact tant elle était apeurée par sa portée et prit la parole, s’imaginant que parler lui permettrait de faciliter la transition, de ne plus penser à tout cela :
- - Quand j’étais plus jeune, je croyais au libre-arbitre, c’était comme une nécessité viscérale pour moi. J’agis, donc je suis. Avec l’âge et la Force j’ai considéré le déterminisme comme une pensée plus cohérente et sérieuse, plus rigoureuse même d’un certain point de que la facilité de l’auto-détermination d’un être. Je crois qu’au final tout cela est bien plus compliqué que je ne l’imaginais.
Elle fit une pause et se retourna. Elle pensait qu’il serait plus facile pour elle de réfléchir si le contact visuel était coupé. Mais elle ne pouvait s’y résoudre. Ca lui était impossible, elle avait l’impression d’être l’une de ces profanes qui tournait le dos à leur dieu à la moindre contrariété et cela l’agaçait et l’attristait à la fois. Aussi, elle se rapprocha subrepticement, se retrouvant bientôt dos à Maya, sentant le contact de l’étoffe de sa nuisette contre sa peau.
Elle poursuivit sa réflexion :
- - Je crois que la solution se trouve dans un entre-deux. La Force nous le prouve. Tout est changeant, tout le temps. Nous sommes le fruit des différentes expériences de nos vies et pourtant, parfois, les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets. Il est possible de penser qu’une autre Maya aurait pût exister quand bien même elle aurait vécu les mêmes expériences que toi.
Elle sentit la caresse de la main de Maya sur ses côtes. Un contact doux et brûlant, cela la rendait fiévreuse.
- - Le libre-arbitre et le déterminisme sont des totalitarismes de la pensée, ils n’admettent pas l’existence de son contraire. Pourtant tout n’est que nuance, la vie tends à nous le prouver. La solution est dans cette entre-deux, au moins pour ça.
Mais dans d’autres cas, elle reconnaissait que ce n’était pas applicable, ce qui fragilisait sa pensée, ou bien la renforçait puisqu’elle permettait l’introduction d’une contradiction. Elle n’en savait rien. Elle se laissait bercer par le mouvement des doigts de Maya sur sa peau qui, parfois, déviait dangereusement vers ses seins sans qu’elle ne puisse savoir si cela était intentionnel ou accidentel. Elle commençait à fatiguer. Elle sentait Maya s’allonger à présent, restant contre elle et continuant ses caresses.
- - Tu sais Maya, je...je te trouve très courageuse d’avoir affronté tout ça, toutes ces désillusions, toutes ces épreuves sans avoir jamais cillé, sans avoir jamais renoncé. Tu sembles si solide. Si fiable. C’est tellement étrange… Si j’avais vécu la moitié de ce que tu avais vécu, je me serais effondrée… Je n’ai eu qu’a affronter la mort de mon père et j’ai eu tellement de mal à surmonter tout ça…
La main de Maya dévia vers le visage de l’ancienne Jedi et cette dernière l’emprisonna avec la sienne. La fatigue se faisait omniprésente et bientôt ses yeux se clorent.
Lorsqu’elle se réveilla, le soleil était déjà haut dans le ciel. Elle chercha le contact rassurant de la peau de Maya mais elle n’était plus là. Elle se retourna dans le lit pour avoir la confirmation de sa disparition. Il ne restait qu’un espace vide là où elle s’était endormie.
Elle se sentait perdue.