- jeu. 23 juin 2022 11:56
#40589

La sphère verdâtre connue jadis pour sa fraîcheur et sa virginité n’était plus qu’un amas sanguinolent, striés par d’épaisses masses tantôt orangeâtres, tantôt noirâtres. Certains épicentres étaient plus noircis que d’autres, là où l’on devinait que la corruption avait débuté. Ces endroits ponctuaient telles des tâches de rousseurs le visage maladif d’Ithor. De ces points s’étendaient en tentacules les ravages du côté obscur corrompu, véritable veinules végétales et anciens stigmates de la guerre passée. Par endroit, l’on percevait les efforts de reconstruction de cette flore, nimbant ce triste spectacle d’une lueur d’espoir pour une planète qui en avait cruellement besoin. Autour, en orbite basse, passaient par moment les quelques vaisseaux mondes s’occupant précautionneusement de cette nature, tout en essayant tant bien que mal de survivre au blocus imposé par l’empire. Cette enclave payait le prix fort de la fermeture des frontières du noyau profond dans une guerre froide où personne ne voyait la fin. Comment les Ithoriens survivaient-ils ? C’était une grande question. Probablement grâce à quelques contrebandiers qui assuraient une survie relative au peuple tout en prenant tous les risques en franchissant les flottes impériales.
Quant aux deux femmes, elles allaient également tenter la même descente, mais sans prendre les mêmes risques. Les autorisations prévues à cet effet permettraient de franchir le blocus pour se poser assez loin de toute forme d’intelligence avérée. Le but était simple, traquer les nexus, s’enquérir de l’état de la planète et observer les avancées de reconstruction. L’empire n’ayant en aucun cas l’intention d’endiguer les efforts des locaux, rien ne serait tenté dans cette optique. De plus, traquer les républicains n’étaient pas dans leurs prérogatives. Ces derniers s’étaient eux-mêmes enfermés. Non, tout ce qu’elles avaient à faire, c’était de descendre à bord d’un cargo banalisé telles des contrebandières et se cacher dans des zones encore recouvertes d’assez de feuilles, fussent-elles rouges, pour cacher au minimum le transport. Cette manœuvre qui paraissait impensable avant la guerre et qui aujourd’hui devenait monnaie courante. Ne serait-ce que pour apporter le matériel nécessaire à la reconstruction. Aussi par un jeu de transpondeur, on s’assurait que la liaison avec l’empire n’était pas reconnue.
C’est à bord du cargo YT qu’elles entreprirent leur décélération vers la géante rouge, leur équipement impérial abandonné au profit de tenues en rapport avec leur identité. Helera s’était contentée d’une chemise blanche par dessous une veste en cuir épais tombant au niveau du nombril. En pantalon, un simple legging de sport pour assurer le confort dans les situations d’hostilité qu’elles auront à rencontrer. Et pour sûr, il y aurait. C’est ce qui la terrifiait le plus, rencontrer la plus grande terreur de sa vie. Car l’objectif intrinsèque, ce n’était pas ce que l’empire voulaient d’elles, mais bien d’affronter chacune leurs peurs et de briser les chaînes qui les retenaient. La grande inquisitrice, assise au poste de pilotage, bougeait sa jambe par intermittence et son anxiété s’accentuait au fur et à mesure de l’approche, tout comme l’aura obscure qui se dégageait de la planète les enveloppait petit à petit.
« C’est le point de chute de ton apprentissage Sarah. Et notre dernière épreuve à toutes les deux … »
Helera restait concentrée sur la planète. Son regard se rétrécissait et l’on devinait que les souvenirs se bousculaient dans sa tête.
« Cette planète a été le siège d’une terrible bataille. Ou plutôt, d’un massacre. Il est nimbé par l’obscurité la plus profonde et la plus insidieuse qui existe dans la galaxie. Tu risques d’être confrontée à tes plus grandes pulsions et tes plus grandes peurs. C’est maintenant que l’on va voir comme tu pourras les contrôler. Comment on le pourra, en fait … »
L’inquisitrice se retourna vers sa consoeur, sans aucun sourire sur le visage. Au contraire, il dénotait une tristesse sous-jacente qu’elle dissimulait très mal. Son regard était fuyant, comme honteux et confus.
« Tu sais, quand nous avons échangé nos esprits… Quand j’ai perçu tes peurs, je n’ai pas été totalement honnête avec toi. J’ai déjà fait une croix sur le passé lié à la mort de ma mère. En revanche, ma plus grande peur se trouve ici. »
Elle se tourna vers Ithor dont l’on devinait à peine la surface des tourments qui s’étaient déroulés ici.
« Quand les Sangs purs ont attaqué la planète, j’étais là pour la défendre. Du moins l’avais-je cru à l’époque. Dernière à lutter pour repousser les assaillants pour ce résultat … Les Sangs purs avaient construit une tête de pont, un cœur obscure en plein centre de la forêt. Celui que tu vois là bas. »
Helera pointa du doigt un oeil noir plus gros que les autres d’où s’étalaient les plus grandes veines.
« Je voulais le détruire, c’était ma mission. Mais ils avaient déjà commencé à corrompre la faune et des hordes de dragons Ithoriens m’ont pris en embuscade. J’ai tenté de les combattre et de fuir. Mais je n’ai réussi ni le premier, ni le deuxième. Dans la manœuvre, j’ai perdu mon bras, croqué par une bête. »
Son regard tomba vers son bras droit, dont elle bougea les éléments métalliques de ses doigts puis la main tout entière, avant de se retourner vers Sarah.
« Depuis, c’est eux que je vois en cauchemars. C’est ce moment précis, c’est la douleur … Sarah, nous allons devoir agir de concert, mais il se peut que nous soyons séparées. Fies-toi à ton instinct, ton entraînement et questionne tout ce que tu verras là-bas. Dans le doute, suis ce principe “Si c’est hostile, tues-le”. »
Quant aux deux femmes, elles allaient également tenter la même descente, mais sans prendre les mêmes risques. Les autorisations prévues à cet effet permettraient de franchir le blocus pour se poser assez loin de toute forme d’intelligence avérée. Le but était simple, traquer les nexus, s’enquérir de l’état de la planète et observer les avancées de reconstruction. L’empire n’ayant en aucun cas l’intention d’endiguer les efforts des locaux, rien ne serait tenté dans cette optique. De plus, traquer les républicains n’étaient pas dans leurs prérogatives. Ces derniers s’étaient eux-mêmes enfermés. Non, tout ce qu’elles avaient à faire, c’était de descendre à bord d’un cargo banalisé telles des contrebandières et se cacher dans des zones encore recouvertes d’assez de feuilles, fussent-elles rouges, pour cacher au minimum le transport. Cette manœuvre qui paraissait impensable avant la guerre et qui aujourd’hui devenait monnaie courante. Ne serait-ce que pour apporter le matériel nécessaire à la reconstruction. Aussi par un jeu de transpondeur, on s’assurait que la liaison avec l’empire n’était pas reconnue.
C’est à bord du cargo YT qu’elles entreprirent leur décélération vers la géante rouge, leur équipement impérial abandonné au profit de tenues en rapport avec leur identité. Helera s’était contentée d’une chemise blanche par dessous une veste en cuir épais tombant au niveau du nombril. En pantalon, un simple legging de sport pour assurer le confort dans les situations d’hostilité qu’elles auront à rencontrer. Et pour sûr, il y aurait. C’est ce qui la terrifiait le plus, rencontrer la plus grande terreur de sa vie. Car l’objectif intrinsèque, ce n’était pas ce que l’empire voulaient d’elles, mais bien d’affronter chacune leurs peurs et de briser les chaînes qui les retenaient. La grande inquisitrice, assise au poste de pilotage, bougeait sa jambe par intermittence et son anxiété s’accentuait au fur et à mesure de l’approche, tout comme l’aura obscure qui se dégageait de la planète les enveloppait petit à petit.
« C’est le point de chute de ton apprentissage Sarah. Et notre dernière épreuve à toutes les deux … »
Helera restait concentrée sur la planète. Son regard se rétrécissait et l’on devinait que les souvenirs se bousculaient dans sa tête.
« Cette planète a été le siège d’une terrible bataille. Ou plutôt, d’un massacre. Il est nimbé par l’obscurité la plus profonde et la plus insidieuse qui existe dans la galaxie. Tu risques d’être confrontée à tes plus grandes pulsions et tes plus grandes peurs. C’est maintenant que l’on va voir comme tu pourras les contrôler. Comment on le pourra, en fait … »
L’inquisitrice se retourna vers sa consoeur, sans aucun sourire sur le visage. Au contraire, il dénotait une tristesse sous-jacente qu’elle dissimulait très mal. Son regard était fuyant, comme honteux et confus.
« Tu sais, quand nous avons échangé nos esprits… Quand j’ai perçu tes peurs, je n’ai pas été totalement honnête avec toi. J’ai déjà fait une croix sur le passé lié à la mort de ma mère. En revanche, ma plus grande peur se trouve ici. »
Elle se tourna vers Ithor dont l’on devinait à peine la surface des tourments qui s’étaient déroulés ici.
« Quand les Sangs purs ont attaqué la planète, j’étais là pour la défendre. Du moins l’avais-je cru à l’époque. Dernière à lutter pour repousser les assaillants pour ce résultat … Les Sangs purs avaient construit une tête de pont, un cœur obscure en plein centre de la forêt. Celui que tu vois là bas. »
Helera pointa du doigt un oeil noir plus gros que les autres d’où s’étalaient les plus grandes veines.
« Je voulais le détruire, c’était ma mission. Mais ils avaient déjà commencé à corrompre la faune et des hordes de dragons Ithoriens m’ont pris en embuscade. J’ai tenté de les combattre et de fuir. Mais je n’ai réussi ni le premier, ni le deuxième. Dans la manœuvre, j’ai perdu mon bras, croqué par une bête. »
Son regard tomba vers son bras droit, dont elle bougea les éléments métalliques de ses doigts puis la main tout entière, avant de se retourner vers Sarah.
« Depuis, c’est eux que je vois en cauchemars. C’est ce moment précis, c’est la douleur … Sarah, nous allons devoir agir de concert, mais il se peut que nous soyons séparées. Fies-toi à ton instinct, ton entraînement et questionne tout ce que tu verras là-bas. Dans le doute, suis ce principe “Si c’est hostile, tues-le”. »
