L'Astre Tyran

[Sareth Daran]

Quelque part au beau milieu de la galaxie, Transport Furtif Luxien de classe Velker, 7h34 heure universelle, 16 ABY.

L'équipage était fébrile, ayant encore du mal à y croire, à se figurer ce qui était en train de se passer... La plupart étaient tous jeunes, arrivant sur leur vingtaine, parfois même moins, une armée d'enfant soldats dérivant dans la galaxie après que leur clan ait été injustement condamné par les agissements d'un démon casqué dont l'ingéniosité des ruses n'avait d'égal que la perfidie. Ordo ne les avait pas seulement vaincu, il avait détruit leur espoir et les avait coupé de leur planète et de leurs confrères dans le même coup... L'appartheid entre sensitifs et non sensitifs avait été instauré de façon brutale, sans merci. Ce n'était écrit nul part dans les lois Mandaloriennes, mais la confiance avait été effritée. A présent le moindre utilisateur de la force serait dévisagé, suspecté d'infamie si jamais on devait le croiser dans une rue... Aux yeux de leur capitaine, tenter de défendre le reste du Clan par les voies légales était peine perdue. Derrière leurs casques et leurs armures robustes et solides, leur teint était pâle, leur souffle saccadé. La plupart n'avaient jamais quitté le secteur mandalorien, c'était la première fois qu'ils s'aventuraient dans ce monde inconnu et si glaçant à leurs yeux. Ils ne pouvaient croire que le Velker était capable de se faufiler si aisément entre les croiseurs impériaux sans se faire repérer... Qu'il était capable de traverser chaque relais d'hyperespace avec tant d'aisance... Système par système, secteur par secteur il progressait, mais le regard inquiet d'Igden, lui, restait tel quel, craignant que son plan n'échoue à chaque nouveau parsec parcouru.



Pour n'importe qui de sensé, 17 ans était bien trop jeune pour diriger ne serait-ce qu'une escouade. Pourtant Dalen se retrouvait avec le destin de ses jeunes camarades sur les épaules... Et ce n'était même pas la première fois qu'il se retrouvait dans cette situation. L'entraînement Mandalorien était rude et un guerrier digne de ce nom devait être capable de tuer et de se débrouiller seul à 13... Dalen était débrouillard mais il était surtout préoccupé par son entourage et incroyablement tempéré dans les situations de stress, deux qualités qui avaient fait de lui ce qu'il était aujourd'hui, un enfant jeté bien trop tôt dans le monde des adultes... Mais un enfant compétent que ça soit dans les arts de la force et dans les arts de la guerre. Ses yeux bleus scrutaient les étoiles... Il ne cherchait vraiment pas à les regarder mais plutôt à voir au travers d'elles pour tenter d'y discerner le regard rassurant de son maître. Leur lien était fort, il le savait, il pouvait encore l'entendre même à l'autre bout de la galaxie, il pouvait encore entendre ses prières. Il ferma les yeux, cherchant à projeter son esprit hors de la carlingue, hors de l'espace, dans un lieu que lui seul pouvait appréhender, une veine se dessina sur son front, ses doigts se crispèrent sur ses genoux, il jura...

- Capitaine !
- ...
- Capitaine !
- Hein... ?! Cria-t-il en se réveillant en sursaut.
- Oh, je vous ai dérangé... ?
- Non non... Enfin... Peu importe, que veux tu Sphon ? Demanda-t-il d'une voix posée en remettant son casque.
- L'équipage aimerait connaître votre itinéraire, les apprentis se succèdent pour alimenter les cristaux mais ils craignent que tout le monde soit à court d'énergie avant que l'on soit arrivé.
- Dites leur que nous arrivons bientôt, j'ai tout prévu.

Il n'avait rien prévu du tout, il cherchait désespérément l'assistance de son maître sans parvenir à le contacter, il n'avait aucune idée d'où il allait... Il s'était dirigé vers l'Espace Hutt par réflexe, guidé par une intuition dans la force sans vraiment se demander si c'était la bonne démarche à suivre, mais il n'avait pas l'ombre d'un plan... Mais pourquoi les Hutts ? Il quitta sa position méditative et revint s'asseoir sur son fauteuil, observant les commandes du transport furtif d'un air interrogatif. Quelle idée avait-il eu derrière la tête en choisissant les Hutts, le crime n'était pourtant... Le crime. Cela le frappa comme une étincelle dans son cortex, l'effort de mémoire trouva enfin sa récompense. Il se souvint des récits de son maître, du passé des Luxiens, de la mythique Guilde aux Consuls charismatiques et efficacement mortels. Il continua de fouiller dans sa mémoire en sortant de sa sacoche son journal intime... Loin d'un objet d'adolescent pour noter des amourettes et des disputes, cet ouvrage regroupait tous les enseignements que son maître lui avait apporté sur la force et sur d'autres sujets. Il remonta le temps, 15 ABY, 14 ABY, 13 ABY, l'arrivée de Nico sur Mandalore, son mariage avec Ladastré, sa fondation de l'ordre de force Luxien et du clan Ariès... Puis il retrouva la page providentielle. C'était là... Le code à n'utiliser qu'en cas d'alerte maximale, dans le cas où tout serait perdu... L'équivalent d'une ultime bouteille à la mer. Ce code permettait d'avoir accès à des fréquences de communication aux clés de cryptage que peu avaient pu un jour décoder. Cette ligne de communication était celle des Consuls, elle était prioritaire, s'il y avait un seul survivant de la guilde, UN SEUL, il serait obligé de l'entendre. Il n'était ni un espion ni un truand, faire évader des gens n'était pas de son ressort, mais eux ? Ils devaient en être capable. Le message de détresse fut envoyé dans la minute, il se diffusa à travers toute la galaxie au travers d'un réseau qui n'avait plus servi depuis Mathusalem... Son contenu était le suivant :

"Ordre de Force Luxien en danger, assistance immédiate nécessaire."

Avec ce message étaient jointes les coordonnées holocom du Velker... Il croisa les doigts, priant pour que la Guilde ne soit pas entièrement tombée dans l'oubli, guettant son holocom comme son messie, la sueur perlant sur son front... Cétait maintenant que tout se jouait.

[Seïstan Chinotsuki]

Le centre de communication de l’Ombre, portant pompeusement son nom pour une pauvre pièce minable et sombre dépendant entièrement de vaisseaux de tailles moyennes et de vieux réseaux tombant presque en poussière pour remplir son rôle. La majorité des communications du lieu se révélaient surtout être des parasites, et parfois une interception de communication dont on avait plus les moyens de savoir d’où elle avait été émise, ni même quand. Si le centre devait être les oreilles de l’organisation, ces dernières devaient faire face à beaucoup, beaucoup de cérumen.

Autant dire que l’officier en charge n’avait pas souvent du travail au sens le plus strict du terme, ce qui ne l’empêchait pas de consciencieusement effectuer une vérification des capacités de réceptions du centre. Après tout, nul ne sait ce qui pourrait lui arriver si le centre devenait sourd au mauvais moment. Dans tous les cas, le bonhomme à l’embonpoint naissant se préparait à passer une autre journée dans une douce paresse à attendre que le temps passe tout en vérifiant occasionnellement les capacités de réceptions et en révisant ses connaissances anatomique Twi-Lek. Il préférait la race de Ryloth à leurs cousins éloignés de Zeltron, trop vulgaires à son goût.

Sauf que ce jour n’était pas une journée comme les autres. Alors qu’il s’installait confortablement dans son siège, une alarme retentit dans toute la salle. Stridante, stressante, urticante presque. Le pauvre hère au bord de la crise cardiaque se jeta sur son écran pour vérifier le message prioritaire qui venait de leur arriver et sa mâchoire manqua de lui choir. Parmi les codes les plus anciens, il en existait un que tous le mondes connaissaient. Pas dans le sens où ils pouvaient déchiffrer son contenu, mais plutôt à cause de son urgence. Déglutissant difficilement, il se laisse tomber sur son siège et coupa l’alarme d’un geste grave. Puis il ouvrit un canal prioritaire en direction des Régalia. Lorsque le canal fut ouvert, il essaye de bredouiller des paroles compréhensibles en direction de son interlocuteur.

[Officier] Pardon..Monsieur…Avons urgence..Code écarlate.

Son interlocuteur, qui dès les premières secondes de l’échange semblait se montrer passablement agacé par l’incapacité de l’officier à transmettre clairement un message en eu le souffle presque coupé. Le canal était uniquement audio, l’officier ne put donc apprécier pleinement l’air hagard et empli de stupeur très semblable à celui que lui-même affichait. Fort heureusement, et c’est cela qui faisait la différence de qualité entre les deux hommes, ce dernier se ressaisit rapidement.

[Seïstan]Mettez tous le mondes en alerte générale, on ne sait pas ce dont on aura besoin. J’arrive au centre de communication.

Trop heureux de pouvoir suivre un ordre sans avoir à y réfléchir, l’officier des communications se hâta de lancer l’alerte en précisant qu’on avait reçu un code écarlate. Ecarlate merde.. Assistance d’urgence requise, les personnes capables de lancer une alerte de ce niveau devaient se compter sur les doigts à travers la galaxie. Un gros bonnet se ramenait, et surtout il ramenait de gros ennuis avec lui. Une fois sa communication effectuée, l’officier lâcha un soupir avant de se rendre compte de l’état de son bureau et de l’arrivée prochaine de son nouveau patron.

L’alerte se répandit sur Da Soocha, il faut dire qu’entre la base sur la lune et la colonie sur la planète il n’y avait de toute manière guère de monde à mobiliser, mais cela n’empêcha pas les hommes de s’équiper peut-être inutile, et les pilotes de commencer à vérifier leurs chasseurs. Les lieux avaient tendances à être calme, s’écoulant au rythme paisible de ce qui était plus proche d’une station balnéaire qu’une base pirate. Pourtant, en cet instant précis on pouvait voir les techniciens courir, le personnel de soutien se préparer au pire et les soldats vérifier leurs armes. Seul un officier dans un bureau miteux essayait tant bien que mal de cacher ses documents douteux sous d’autres qui pouvaient éventuellement faire office de documents de travail. Si on n’y regardait pas de trop prêt.

Seïstan lui devait faire face à un autre problème, problème qui lui emplissait la tête alors qu’il avançait d’un bon pas en direction du centre des communications. Ils avaient bien reçu le signal mais ils ne disposaient pas des codes pour le déchiffrer et encore moins répondre. La seule personne pouvant éventuellement se montrer utile était Dewanga. Fort heureusement le Dug était presque aussi intelligent qu’il avait mauvais caractère.

[Dewanga] Qu’est ce que c’est que ce bordel encore ?

[Seïstan] Code écarlate, vous pouvez me donner les codes pour le déchiffrer ?

[Dewanga] Et puis quoi encore ? D’ailleurs même si j’avais la bêtise de te les filer, ils te seraient inutiles si l’envoi de message peut se faire de manière classique le décodage demandent une vérification biométrique. Ce qu’on n’a pas ici.

[Seïstan] Je dois vous envoyer où pour que la vérification puisse se faire ?

[Dewanga] Mon terminal est sur Anoat, mais je l’ai détruit avant de partir. Le seul moyen que tu as de leur répondre c’est de balancer une alerte toi aussi, en espérant qu’ils aient accès à un terminal configuré.

[Seïstan] On va faire ça alors..

[Dewanga] Gamin.

[Seïstan] Quoi ?

[Dewanga] Surtout ne donne pas la position de la base, on ne sait pas si ses codes sont encore protégés ou si quelqu’un y a eu accès.

Puis le Dug coupa la communication. C’est vrai qu’il s’agissait de leur principal problème actuellement, ne pas pas savoir. Ne pas savoir si les codes étaient encore sécurisés, ne pas savoir si des consuls étaient encore vivants, ne pas savoir si les lieutenants étaient toujours fiables. On avançait à l’aveuglette en espérant à chaque instant qu’une catastrophe n’allait pas nous tomber dessus. Lorsqu’il déboula dans la salle de communication, il fit mine de ne pas voir que l’officier en charge rouge, suant et le souffle court avait son engin en partie en dehors de son pantalon. Ce problème était mineur, mais ferait l’objet d’une reprise en main ultérieur.

[Seïstan]Envoyer un message à Dewanga pour qu’il le transmette en code écarlate. Mettez toute la puissance que vous pouvez sur l’émetteur mais planquez notre position avec tous les protocoles possibles.

C’est dans ses moments-là que l’officier était content d’avoir à peu près fait son travail correctement, les émetteurs étaient parés et parfaitement fonctionnelle. Il lança les protocoles de brouillages alors qu’il se mettait en contact avec Dewanga. Le message partirait en direction du Dug qui y associerait les bons codes de transmission avant de revenir au centre pour être diffusé à travers la galaxie.

[Officier] Quel est le message, monsieur ?

[Seïstan] « Rendez-vous sur Perle Océane »