L'Astre Tyran

[Valerian Kell]

L’ensemble de ces achats et formalités administratives achevés, Valerian pu souffler un bon coup. Il avait préparé les choses absolument indispensables et sa liste de « choses à faire » avançait maintenait bien mieux qu’il ne s’y était attendue de prime abord. L’agent impérial prit un petit moment de détente à bord de son nouveau vaisseau, histoire de réfléchir posément et calmement à la suite des opérations.
A bien y réfléchir, il avait besoin non seulement d’un équipage pour cet appareil, mais surtout d’un équipage fiable. Hors de question de risquer une dénonciation. Mais il avait également besoin d’un équipage moins fiable, sacrifiable, des individus de mauvaises réputations qui n’iraient pas poser trop de questions à la con quand viendrait le temps de commencer à détrousser la Nouvelle République. Hors ce temps allait maintenant approcher à grand pas.

En définitive, Valerian opta pour une demi-mesure. Usant de son comlink doté d’un encrypteur, il contacta Yaga Minor afin de demander l’envoi d’une petite équipe pour le soutenir. A savoir un navigateur, un transmetteur, deux pilotes et trois mécaniciens navigants. Tous devraient le rejoindre avec de fausses identités, établis comme des employés de sa société fictive, sur Nar Shadaa, sa prochaine destination. Il aurait bien sur pu les faire venir sur Corellia même, mais le risque était un peu trop grand de ce faire pincer par la sécurité locale et les délais de transit également trop important.

Tant qu’il était connecté via son vaisseau, il ce brancha sans encrypteur sur l’holonet afin de voir si des annonces existaient en matière de transport de fret Quasar Fire ainsi que de Y-wing. Il laissa une alerte sur son comlink afin d’être avertis d’annonces en ce sens, puis pris sa veste et son blaster pour partir en direction du « Bois Matinal ».

Trouver l’établissement ne fut pas bien compliqué. Valerian décida d’y entrer tranquillement et de s’installer au bar où il commanda un bield rubis qu’il paya de suite. La boisson était rafraichissante et faisait un bien fou à notre agent, qui commençait à être fatigué de sa journée. Lorsqu’elle fut terminé, Valerian commanda « quelque chose de fort » avec de quoi grignoter et laissa un pourboire de quelques crédits au serveur, en lui demandant si des pilotes « sérieux et n’ayant pas froid aux yeux » se trouveraient parfois ici. Si l’individu demandait, monsieur Sommens cherchait un à deux pilotes capable de piloter cargos et croiseurs et n’ayant pas peur de le faire dans la Bordure Extérieur.
Sa « commande » passée, Valerian alla s’installer à une table isolée au fond de la salle. Son blaster bien à portée de main à sa ceinture, il attendit qu’on le serve et de voir si des pilotes iraient pêcher l’information…


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[Érudition]

« Si j'connais des gars qui recherchent un poste ? J'en connais des tonnes, oui ! Après, tout dépend de quel genre de gars vous avez besoin… De bons pilotes, c'est pas si courant. Les meilleurs sont sous contrat, et il est difficile d'les débaucher, à moins d'pouvoir aligner les Crédits. Des techniciens, on en a tout l'tour du ventre, par contre. 'Suffit d'écouter un peu ce qui s'dit, et d'oser aborder les gens. »
Voilà qui constituait d'utiles renseignements. Valerian savait maintenant qu'il ne serait pas aisé de trouver qui piloterait sa toute nouvelle acquisition. En revanche, il dénicherait sans mal ceux qui pourraient l'entretenir. Restait à voir qui mériterait suffisamment de confiance pour qu'on lui mette entre les mains les circuits et branchements du vaisseau.

Le Bois Matinal était un établissement fréquenté. Pas très grand, ni d'une propreté exemplaire – respectable, tout au plus – le bar était constellé de traces de verres, de marques et d'éclats. Les étagères étaient chargées de bouteilles sans étiquettes, couvertes de traces de doigts et contenant des liquides de toutes les combinaisons de couleurs et de consistances imaginables.

Alors que Kell était parti s'asseoir à une table, de nombreuses allées et venues avaient eu lieu. Il n'y avait pas de serveur au Bois Matinal, seulement le patron et le droïde-barman, qui servaient les commandes que les clients venaient passer au bar. De la même manière, il fallait ramener ses verres vides, ou ils seraient laissés sur place jusqu'à ce que les deux seuls êtres travaillant là ne les ramassent. D'où le capharnaüm sur presque toutes les tables, où gisaient nombre de verres vides parmi lesquels se perdaient les pleins.

Au bout d'un temps, un homme se présenta à la table, poussant Valerian à lever le nez de sa boisson.

« J'ai entendu dire que vous cherchiez un équipage ? Il se trouve que j'ai trois hommes avec moi, et nous venons de terminer un contrat. Peut-être pourrions-nous discuter un peu ? »

Devant l'invitation de Valerian, l'homme s'assit et fit un simple geste vers le patron, qui hocha la tête. Moins d'une minute se passa dans le silence, durant laquelle le nouveau venu arborait un large sourire, et le tenancier arriva au petit trot, un verre à la main qu'il avait pris le soin de remplir jusqu'à ras-bord. Il le posa devant l'homme et décampa sans un mot.

Le type but une gorgée, et reposa lentement son verre sur la table poisseuse. Il était blond et portait ses cheveux en bataille, dont quelques mèches retombaient sur son front, ses tempes et sa nuque. Son nez légèrement retroussé surmontait une bouche au sourire insolent, à la limite de la suffisance, et ses yeux bleu acier renvoyaient une confiance en soi à toute épreuve.
Il se gratta le menton de la main droite avant de reprendre la parole.


« On me donne quelques noms, mais vous n'aurez qu'à m'appeler Johnson. Je ne suis pas trop difficile quant à la nature du boulot, et mes gars non plus, tant que la paye est bonne. Une petite dose d'aventure n'est pas de refus non plus, si tout le monde s'y retrouve. »

Après une nouvelle gorgée – qui engloutit la boisson jusqu'à la moitié – Johnson continua. Il se présenta comme un ancien mercenaire reconverti. Il en avait eu assez de ces années de meurtres salariés, et avait choisi de mener une vie plus paisible. Il avait donné un peu dans la contrebande, mais avait finalement changé pour louer ses services, au sens large du terme. La sécurité et le pilotage étaient ses spécialités, mais il se montrait aussi doué pour toutes sortes de choses. Il se vanta d'une impressionnante capacité d'adaptation, et se targua de parler six langues couramment.

« Le Basique, évidemment, mais aussi le Hutt, le Rodien, les dialectes Corelliens, un peu de Jawese – je ne peux pas utiliser de phéromones, évidemment – et une ou deux autres utiles aux relations commerciales. »

Il insista sur le fait que la location de ses services incluait ses hommes, sans négociation possible. Si Kell l'embauchait, il devait prendre les trois autres, ou personne. Valerian pouvait toujours faire une offre, qui serait étudiée par Johnson, mais l'homme semblait savoir ce qu'il voulait, et il aurait certainement déjà un prix en tête.

Johnson posa sa main gauche sur la table en se tournant légèrement pour désigner du pouce droit trois costauds accoudés au comptoir. Valerian remarqua inconsciemment le bruit inhabituel que fit la main du blond en se posant sur le bois, et le fait qu'elle avait l'air inhabituellement "raide".


« Mes hommes sont là-bas. Ils me suivent depuis des années, maintenant, et on en a vu de drôles ensemble. On n'a peur de rien pour ainsi dire. Les termes du contrat sont on ne peut plus simples : vous nous demandez un travail, on le fait, vous casquez. Évidemment, si c'est risqué, c'est plus cher. S'il faut tuer, on le fera, mais ça sera plus cher aussi. Si vous considérez que ça doit comporter tout ça à la fois, en permanence, on peut voir un arrangement.

Donnez votre prix, et je vous dirai je que vous aurez pour le compte. »

Comme Kell avait pu le deviner, Johnson était du genre à savoir ce qu'il voulait. S'il était fiable, c'était peut-être l'investissement qu'il recherchait à faire. Mais il ne pouvait savoir pour de bon à l'avance. À un moment, il devrait prendre un risque.

[Valerian Kell]

Installée à sa table, qui n’avait rien de très accueillante, Valerian songea une fois de plus combien, ô combien, l’Empire manquait à Corellia…et inversement. Un esclave aurait eu tôt fait de nettoyer tous ceci et d’entretenir convenablement les lieux, voir même d’ajouter une note de sérieux et de classe pour peu que le dit esclave surveille ces manières et soit correctement vêtue. Mais la Nouvelle République régnait en ces lieux à présent, et les cadavres s’accumulaient sur la table à une échelle réellement pathétique. Bon certes, le taux de propreté d’un bar ne justifiait pas d’une guerre interstellaire, ni de verser du sang (surtout humain) pour cela. Mais tout de même, cette bouteille crasseuse n’avait plus sa place ici, pas davantage que…

Considération bassement matérielle mise à part, Valerian avait bien noté qui il était susceptible de trouver ici.

L’homme qui se présenta à un moment donné à la table de Valerian lui fit aussi un sourcil mental. Un mot, un seul s’installa immédiatement dans l’esprit de l’agent impérial : PIRATE. Et aussitôt le mépris vint de pair pour cette odieuse activité. Mais n’étais ce pas exactement ce que Valerien s’apprêtait à mettre en place ? Un réseau de piraterie ? Alors au diable les jugements et posture !

L’individu, ce « Johnson » ne plaisait pas beaucoup à Valerian. Ou peut-être que si justement, il lui plaisait de trop. Le barbouze n’imaginait que trop bien quel type d’homme il avait en face de lui, ou pouvait avoir en face de lui, et savait de quoi il était capable. Et cette collection de compétence, mortelles et dangereuses étaient précisément ce qu’un agent secret, de quelques obédience qu’il soit, apprenait bien vite à craindre pour les dégâts qu’elle pouvait causer.

Lorsqu’il eut achevé de parler, Valerian savait très exactement ce à quoi cet homme et les siens pouvait servir. Peut-être avait-il là le parfait bosco et sa clique de fidèle pour tenir fermement un vaisseau de transport accueillant régulièrement des prises de piraterie. Le genre de type capable de vous la faire à l’envers si vous lui laisser son propre navire, ou si vous l’embarquez seul avec ces gus, mais capable aussi de tenir fermement les différents groupes que Valerien imaginait mettre en place prochainement. Mais bien évidemment, il ne pouvait certainement pas le lui dire ainsi en face. Après tout, il n’était qu’un honnête marchand, n’est-ce pas ?

« -J’apprécie votre franchise et votre capacité à aller droit au but monsieur Johnson. Je ne suis toutefois qu’un honnête marchand, et toute vos compétences ne seraient guère utiles hormis pour assurer la sécurité de mes biens. »

Valerian laissa son mensonge d’opérette arriver aux oreilles de son destinataire. Il ne faisait aucun effort pour mentir et affichait clairement un visage exprimant cela. Un enregistreur des services de sécurité locaux, ou d’ailleurs, montrerait sa bonne foi de marchand devant une proposition effrayante, mais son interlocuteur comprendrait (s’il avait le bagage dont il se vantait) ce qu’il venait de lui dire.

« -Cela étant, je ne suis pas homme à rejeter une proposition intéressante ou pouvant l’être. Je n’ai pas dans l’immédiat de poste pour vous et vos hommes, mais admettons que je vienne à en avoir un très prochainement, et notez que cette possibilité est très réelle.
Combien demanderiez-vous, pour vous-même tout d’abord, et pour vos hommes ensuite ? En partant sur un salaire de base assortie des primes de…pénibilités dirons-nous, pour couvrir les menus désagrément dont vous avez fait mention mais que je désir éviter de tous mon cœur, plus une prime d’intéressement dont je me réserve la teneur. De plus, auriez-vous quelques recommandations d’anciens employeurs à me soumettre ou des preuves tangibles de vos activités passées ? Enfin…où pourrais-je vous contacter dans les prochains jours afin de vous faire part d’une décision ? »

Valerian la jouait honnête marchand. On n’engageait pas un gaillard dans ce genre au débotté, même si l’individu et ses sbires pouvaient grandement servir les intérêts de Valerian….et de l’Empire…