Et les choses ne se passèrent pas comme prévu ... Pourquoi fallait-il que ce soit aussi dur ? Pourquoi un Empereur colérique ne se suffisait-il pas à lui même ? Ils avaient eu beau s'avancer, et espérer qu'Althar tenterait quelque chose, les Fanrel s'étaient retrouvés bloqués comme les autres, et pris en tenaille dans le tourbillon de la folie qui s'emparait du Praexum. Qu'est ce qu'il était en train de se passer ? Qu'est ce que cela signifiait ? Tout se passa si vite qu'il n'était pas possible de comprendre qu'ils venaient de se faire piéger. Qui était-ce ? Pourquoi ? Retourner en arrière ? Des hommes en arme ? La délégation fut totalement prise au dépourvue, comme son Empereur, et chacun rebroussa chemin face à ces soldats tout de noir vêtus qui leur barraient le chemin et les repoussait à leur place initiale ... Quel spectacle pathétique ils venaient d'offrir, grâce à cet Empereur. Peut-être le premier et le dernier de sa lignée, vu comment cela s'organisait. Une belle journée, en somme. Et un Protecteur qui tentait en vain d'organiser ses troupes dans la fuite en avant ... Ils étaient finis.
Le reste du spectacle fut horriblement dégoutant. Entre ambiance horrifique et massacre sanglant sur scène, chacun eut le loisir de découvrir qu'ils étaient bien face à une Sith. Une de celle que l'on se représentait dans l'imaginaire collectif ... Un monstre sanguinaire, inhumain, terriblement repoussant. Ils y étaient, enfin. Même pour un homme comme Rhedatt tout cela était glaçant. Jamais il n'avait vécu une telle chose, et en comparaison les histoires impériales paraissaient fades. Pourtant, il les préférait largement à la perspective de mourir dans une salle au milieu de collègues, tout ça pour quoi ? Pour quelle raison ? C'était cela le plus frustrant, de ne pas comprendre la logique de destruction qui a pu naître dans cet esprit. Il ne pensait qu'à la mort et à la fin des choses, à la liberté et à l'esclavage, à la supériorité des uns sur les autres ... Comment peut on s'abaisser à de telles choses ? Comment peut-on s'enfermer dans une telle abysse ? Pourquoi fallait-il qu'elle se sente obligée de le prouver ? Cette mise en scène lui retourna l'estomac, et il se refusa à l'observer comme n'importe quel autre personnage vicieux présent dans cette assemblée. Il était à deux doigts de vomir ses tripes ... Combien étaient déjà morts ? Et cela ne faisait qu'une poignée de minutes ... Ils n'en auraient plus pour longtemps ... Non ... Il n'osa pas regarder son fils, mais il ne l'oubliait pas. Il regrettait de l'avoir impliqué. Il regrettait de l'avoir mené à cette fin. Il ne pouvait se résoudre à comprendre ce qui se passait, et il faisait parti de ceux qui avaient peur, désormais. Ils les gardaient en vie pour une raison, mais Rhedatt refusait de savoir. Il refusait d'accepter. C'était trop, ces morts, cette folie ambiante ... Ils étaient là pour l'union des peuples, et cela finirait en union des morts ... Non, il n'était pas fait pour ça, il n'en avait pas la conviction, pas la croyance .. Il était Roi, pas soldat. Il n'était pas taillé pour ça, qu'importe son âge, qu'importe tout ce qu'il a vu et vécu ...
Lorsque la peur les frappa tous, il fut parmi de ceux qui se figèrent, terrifié par cette ultime perspective. Cette ange de mort, cette bête annonciatrice de la fin ... Non, non ! Il voulait partir, il voulait hurler, il voulait frapper partout pour se libérer de cette pièce qui le torturait. Il n'avait pas le mental pour cela, pas la préparation ni la capacité à supporter un tel déferlement de terreur ... Elle envoyait en eux tant de malheur qu'il était impossible d'y résister. Alors, il fallait se résigner, il fallait craindre. Ne pas regarder la mort en face, chercher une issue, retenir au fond de soi la plus grande douleur que l'on puisse vivre, forgée tant par la Force que par sa propre imagination. Oui, qu'existe-t-il de plus douloureux que ses propres peurs ? C'était impossible à dire mais pourtant, c'était un véritable coup en plein crâne ... Seules les capacités de Force des sensitifs présents permirent de relever la tête. De se rappeler qu'il avait à côté de lui l'Empereur lui-même, et son Protecteur une place plus loin. Et les Gardes Rouges. Il y avait de l'espoir, peut-être faudrait-il se battre, et écouter la Présidente ... Son éternel tempérament rebelle, et ses idéaux .. Oui, elle disait vrai. Jamais ils ne se plieraient. Jamais il ne faudrait douter. Si l'Empire était à la hauteur. Dans cette lueur d'espoir retrouvée, il restait pour autant spectateur .. Que faire ? Il n'osait pas regarder vers l'ennemi, entouré de Gardes Rouges qu'ils étaient.
« Que faisons-nous ? Ils sont là pour les Chefs d'Etat ... »
Althar était difficilement mieux loti. Lui qui espérait tant faire, le stress lui retournant les entrailles, il était tombé de haut en se retrouvant pris au piège lui aussi avec la délégation impériale. Puis s'enchainèrent les évènements, avec une incompréhension tout aussi forte. Il se retrouvait au milieu de la cohue, à observer les gens se faire abattre en vain, voire même à se faire manger tout cru. Qu'est ce que c'était que cette folie ? Que cette Sith qui avait osé briser le cercle sacré de l'Union ?! Il s'assit à une place parmi d'autres, et il ne détourna pas les yeux. Il observa avec des briques dans le ventre les morts successives de tout un chacun, la couleur de son épiderme tirant vers le pâle peu à peu ... Ces morts ... Ces cadavres ... Cette barbarie. C'était beaucoup à encaisser, mais il n'y avait rien d'autre à faire. Il savait son père non loin, il l'avait vu, et c'est ce qui importait. Du regard, il vérifiait avec beaucoup d'attention si Leia était encore à sa place ... Oui, tout ça ne tournait pas rond. Tout ça était irréel ... Pourtant, il fallait le supporter. Il fallait l'accepter, et faire face comme on le pouvait. Il était hors de question que tous ces gens meurent un à un, que cette réunion historique se solde sur un massacre. Il était impossible qu'ils meurent tous ici par la folie d'une créature sans nom ... Il ne pouvait pas mourir comme ça.
Pourtant, au fond de lui, face aux dernières paroles de la Sith, son esprit flancha ... Il doutait jusqu'au plus profond de son être. Il avait peur. C'était réel. Ils allaient mourir, c'était certain. Ils allaient forcément mourir, et faire sombrer la Galaxie avec eux .. Il frissonna, son corps réagissant avec des contractions sous les coups de boutoir de ces sentiments malheureux. Ne plus revoir sa famille. Ne plus revoir son père. Ne plus revoir Leia. Leia. La chercher du regard, se dire qu'il va la perdre ... Mais un rayon de soleil au milieu de l'orage. Une craquelure sur le barrage de ses morbides espoirs. Elle était tout, et il devait la sauver. La Sith l'observait ... Il avait peur. Il craignait pour Leia. Non ... Ne pas se laisser abattre à la fatalité de l'instant, croire qu'il peut la sauver elle ... Son esprit luttait envers et contre tout, parce qu'il aimait cette femme au point de se sacrifier pour elle. C'était la dernière corde qui le retenait à la réalité, et à ses sentiments positifs. L'amour pour Leia. La passion sans limite pour la Présidente de la Nouvelle République. Et l'espoir d'apporter une Galaxie meilleure. L'Union. La vie. Leia. Tout était lié, il y revenait, il le comprenait de nouveau. Cette salle, elle n'était pas celle de leur mort, mais celle de leur réussite ...
Leia s'était levée, au-devant de la délégation, en contrebas. Althar ne la quittait plus des yeux. Cette femme était folle, d'une de ces folies que l'on suivrait jusqu'à la mort. Elle était l'incarnation-même de ce qu'elle prônait, elle était le phare de lumière au milieu de l'obscurité. Il n'en revenait pas de la voir faire, de la voir se lever et faire face. Au fond de lui il sentait que des choses étaient en marche, et le dépassaient, mais il ne pouvait imaginer tout ce qu'elle faisait au coeur de la Force. Au fond de lui, le Prince, par son amour sans borne pour cette Princesse rebelle, lui apportait par la Force toute la conviction qui le transcendait à cet instant. Il ne pouvait plus douter, il ne pouvait plus se permettre le luxe de craindre pour sa propre vie ... Non, il craignait pour Leia. Il craignait pour la lumière. Il craignait pour tous ceux présents. Il n'avait fallu qu'une infime lueur au fin fond de sa carapace pour qu'Althar retrouve la raison, et la combativité ... Il fallait qu'il la protège. Elle se tourna vers eux, un instant. Cette voix brisée, ce visage marqué, ce coeur serré. Il n'avait fallu qu'un vague regard pour comprendre. Non, cela ne se passerait pas comme ça. Pas comme ça. Pas elle. NON.
A sa droite Althar jeta un regard au Grand Amiral Pellaeon, l'illustre bonhomme dont on connaissait tous le nom, mais pas vraiment les exploits. Dans un autre contexte, Althar aurait surement ressenti de la gène à se retrouver ainsi face aux pontes de l'Empire alors qu'il n'était qu'un rien du tout, un simple prince au véritablement fait d'arme. Encore un coup de son père. Mais non, aujourd'hui, ce n'était pas un soucis. Ce n'était pas non plus la priorité. Il fallait trouver quelque chose, une diversion, vite, avant qu'il ne soit trop tard, avant que cette voix ne soit celle de la douleur. Frénétiquement il tenta de fouiller les poches intérieures de sa veste, en s'enfonçant un peu plus en avant de son siège. Un infime regard vers les gardes, alors que certaines personnes s'agitaient autour de lui. Vite.
« Pardonnez moi Grand Amiral ... »
L'homme le dévisagea sans comprendre, alors que le Prince mettait la main sur le datapad dans sa poche intérieure. Son comlink était avec, cela devrait faire l'affaire, sinon une botte ... Vite, son coeur battait la chamade. Vite. Non, une main sur l'épaule, et presque une contraction de surprise en voyant le Garde Rouge derrière lui essayer de lui faire comprendre de se stopper. Un bousculement de l'épaule, vite, rapidement, et jeter de toutes ses forces son datapad sur la Sith, tant que ça se bouge et que ça tire. Recommencer avec le comlink, avant de se relever d'un bond, les mains en l'air et crier avec plus de conviction que prévu ...
Il s'était lui-même surpris avec la puissance dans la voix qu'il y avait mis, mais il fallait pas rater l'occasion. Trop en jeu, trop d'espoir, trop de vies ... On tenta de le tirer vers le bas pour s'asseoir, mais il résistait avec la vigueur de l'homme qui cherchait à mourir, ou presque. Il n'avait plus que Leia en tête.
« STOP ! EPARGNES CES VIES ! EPARGNES CES GENS ! NOUS SOMMES PRETS A COOPERER ! QUI ES-TU ET POURQUOI NOUS GARDES-TU EN VIE ? »
Vite, réagir, avant que l'on ne l'empêche, ou qu'on lui tire dessus. Tant pis pour les gens du rang de devant, et pour le Grand Amiral, il fallait agir ... Leia ... Elle avait insufflée dans son esprit les seuls mots qu'il fallait. Et l'idée qu'elle puisse être la cible de la haine de la Sith lui était insupportable. Jamais. Malgré les quelques retenues impériales il se débattit pour passer sur le rang de devant, à moitié debout, et essayer de rejoindre l'escalier en bousculant tous ceux qui le gênaient. Il ne manqua pas de tomber et se rattraper sans trop d'élégance comme il le put, dans la surprise générale et surtout l'animation de la pièce. Reprendre son souffle pour finalement tenter encore et toujours .. Se relever, encore et toujours, et crier comme le dernier des vivants ..
« SITH ! FAIS FACE A CEUX QUI L'ACCEPTENT ! CEUX A TON NIVEAU ! »
Il allait réussir à atteindre cet escalier oui, si on ne l'avait pas déjà abattu. Peu importe les réactions, peu importe tout ce qu'il se passerait, il n'y avait que le désir de résister. De vaincre. De prouver à Leia qu'ils étaient à la hauteur. De l'aimer. Et quelques rangs derrière lui Rhedatt observait son fils perdre la tête et devenir fou, et surtout se condamner ... Il n'y pouvait rien, et il ne pourrait rien faire pour l'en empêcher, qu'importe qu'il ait tenté de le rattraper, trop tard, trop loin, trop vite ... Folie. Oui. Fou de Leia.