L'Astre Tyran

[Helera Kor'rial]

Helera clot le débat avec un mouvement de main. Hayley avait franchi les barrières de sa vie privée, mais ce n’était pas la grise qui lui en tiendrait rigueur. Ils avaient d’autres affaires à gérer et elle pourrait lui expliquer au moment venu, dans tous les cas. Elle était concentrée sur sa tâche, sur la douleur et sur ses sensations. Les sens alertes, elle humait l’odeur de la peur par afflux. L’accent, elle ne le reconnut pas, n’ayant passé au final que les trois premières années de sa vie sur Kuat. Elle acquiesca quand la Jedi lui demanda d’agir avec tacte et de manière réfléchie. C’était bien de cette manière qu’elle comptait progresser, même si elle n’en donnait pas l’air. Les dents serrés, sa machoire ferme, un regard dur bardant son visage de fer, l’inquisitrice était prête. Tout en continuant à avancer à travers les rangés, se rapprochant toujours du poste de pilotage, Hayley se risqua à lui donner un conseil. Par-dessus son épaule, la grise lui jeta un regard d’acier. Le plus étonnant, c’était qu’en tant que Jedi, elle ne la connaissait pas. Helera était maintenant connue chez les Jedi ou même dans la république ou l’empire comme une Inquisitrice manipulatrice, adepte de l’obscurité. Cette Jedi n’était sans doute pas retournée à la civilisation depuis pas mal de temps… Bien que physiquement, la Grise démontrait tous les signes du côté obscure, intérièrement, son aura n’en était pas du tout noircie. En revanche, oui il y avait de la rage, primordiale, animale. Non pas quelque chose qui nuirait à l’équilibre de la Force, mais plutôt un sentiment hors de cette équilibre. En fait, c’était comme si elle avait enfouie son potentiel sensible au fond de son esprit, et ne le faisait ressortir qu’à de rares moments. Comme si elle réfutait ce qu’elle était…

Toujours est-il qu’elle ne répondit pas à Hayley, continuant son inexorable avancée. Personne, si ce n’est des civils dans les rangées. Ou du moins ceux qui prétendaient en être. Elle jeta des coups d’oeils pour repérer des éventuels ennemis, en frôlant l’esprit des personnes. Dans les rangées, les dragons se mouvaient silencieusement, accueilli par un grognement de la grise, se manifestant par une sorte de râle pathétique. Puis ils disparurent quand la voix du micro résonna. Rapidement, elle s’assit à une place libre, juste derrière le siège d’Hayley. A côté d’elle, il y avait une vieille dame, de l’âge de son père. Helera fronça les sourcils de plus belle mais posa une main sur son épaule et adoucit son visage.

« Nous allons vous sortir de là madame, ne craignez rien. »

La dame hocha silencieusement la tête, vraisemblablement peu convaincue. Puis c’est Hayley qui exposa son plan, qu’Helera ponctua néanmoins :

« S’ils se concentrent sur toi cela peut fonctionner, mais tu devras également protéger les civils. Quand ils se concentreront sur moi, tu interviendras. »

Ambiance

La dizaine de mercenaire su-nommé jeta des regards dans les rangés, blaster à la main. L’appât du gain, la peur et l’incompréhension, ils étaient perdus et risquaient un geste non-voulu. Tout en fermant les yeux, Helera tendit légèrement sa main vers le plafond. Une fois qu’elle visualisa ce qu’elle chercha, elle referma sa main. C’est alors que les lumières de cette parcelle explosèrent dans leur compartiment. Seuls restaient les veilleuses, plongeant la salle dans une demi-pénombre. C’est à ce moment que la Jedi intervient.

Helera quant à elle se plaça accroupie sur son siège, prête à bondir. Les tambours de guerre battaient leur plein dans son esprit. Sa respiration accéléra et l’adrénaline se distribua dans son corps. Le rugissement du Nelvar éclata en elle et avec une pression de ses jambes parcouru la distance qui la sépara de son siège jusqu’au premier soldat. Il se frappa contre le mur et tomba, puis elle bondit sur le deuxième, tourna sur elle-même et le fit tomber avec sa jambe. Elle remonta ensuite et avec un levé de genoux percuta le troisième dont elle lança le corps sur le quatrième. C’est à ce moment là qu’ils se retournèrent vers elle en partie. Guidée par ses seuls instincts, elle tournait autour d’eux, alors qu’ils essayaient de la frapper. La grise monta sur l’épaule d’un mercenaire et se laissa tomber sur le devant, l’entraînant dans sa chute. Une fois à terre, elle commença à se relever mais se reçu un coup de pied dans le côté, la propulsant plus loin. Deux soldats arrivèrent vers elle, arme au poing. D’une main, elle attrapa un des blaster par le canon et concentra les lignes de failles afin de désactiver la cellule d’énergie. A l’activation, celle-ci surchauffa et explosa dans les mains du porteur, alors qu’elle se concentrait déjà sur le deuxième. Il jeta son poing en avant, qu’elle évita puis saisit afin de le faire basculer vers l’avant. Quand il fut propulsé plus loin, elle se retourna pour s’occuper du deuxième qui la saisit à la gorge. Il la plaqua contre le mur tout en la levant et s’aida également de sa deuxième main.

Helera sentit la pression de cette brute qui écrasait sa trachée. En même temps que les battements de son cœur, les tambours s’amenuisait et sa vue se brouilla. D’un geste de survie, elle remonta alors son unique bras au niveau de son nez et de paume frappa l’arrête qui craqua. Le mercenaire déglutit et elle sentit la pression doucement se relacher. Ses yeux convulsèrent et il tomba à terre. La grise le suivit de près et tomba sur son corps inerte. Elle toussa et chercha sa respiration. Ses poumons la brûlaient. Elle regarda le mercenaire allongé à terre et enleva ses épaisseurs de vêtement avant de poser son oreille contre son cœur. Plus rien. Entre deux râles que produisait désormais sa respiration, elle frappa violemment contre le mur à côté d’elle plusieurs fois puis resta assise contre celui-ci. Les autres mercenaires étaient désormais hors d’état de nuire grâce à la Jedi. D’une voix rauque, étouffée, Helera resta là et suggéra à Hayley :

« Fini … ce que l’on a commencé… »

Elle tourna alors la tête sur le côté, et les yeux rouges des dragons la fixaient avec insistance.

[Hayley Curwee]

- S’ils se concentrent sur toi cela peut fonctionner, mais tu devras également protéger les civils. Quand ils se concentreront sur moi, tu interviendras.


Les civils avaient toujours été sa préoccupation principale, elle ne s’était pas imaginée un seul instant les laisser se faire menacer par les bandits. Alors qu’Helera se plongeait dans la Force, visiblement à la recherche d’un moyen de faire diversion, Hayley se concentra sur sa propre connexion. Cela faisait un bout de temps qu’elle n’avait pas pratiqué le Soresu et le plus gros de ce qu’elle en avait retenu datait de la Guerre Civile Galactique. D’il y a près de dix ans. Elle s’imagina que c’était comme le pilotage, qu’on ne pouvait pas l’oublier. Elle puisa son énergie dans la Force, l’aidant à se mettre en condition afin d’affronter cette situation et déjà, des images défilaient comme des éclairs dans ses pensées. Elle connaissait cette sensation, c’était l’anticipation qu’offrait la Force, elle voyait tout légèrement en avance, elle savait où devrait se placer son sabre pour arrêter un tir. Un flux d’émotions la saisit mais elle le refoule, elle avait besoin de faire la paix en elle et pour cela elle devait mettre de côté son Vaapad au profit du Soresu. Le flux du futur restait incertain, la Force lui envoyait des images résiduels de ce qui pourrait être, sachant pertinemment que le mouvement était constant dans ce genre d’impressions. Elle s’était purgée de toutes ses émotions, devenant un être bien plus lumineux que ce qu’elle pouvait être en temps normal, s’obligeant à éviter la tentation du Vaapad qu’elle sentait pouvoir poindre lors du combat qui s’annonçait. Elle s’était focalisée sur sa place dans le cours du temps, sa position par rapport à la Force. Elle était prête, sa Méditation prenait fin.

Les lumières s’éteignirent, plongeant le couloir dans le noir pendant quelques secondes, laissant place aux veilleuses de sécurité. Helera avait agit, c’était son moment.

Hayley surgit de derrière les sièges, sabre à la main, laissant dépasser la lame de nacre. Les bandits avaient compris, il ne restait la place pour aucun doute. C’était eux ou elle. En position de combat, elle se tenait prête à se défendre. Il y eût un moment de flottement pendant lequel les bandits semblaient réfléchir à la meilleure opportunité à saisir. Finalement ils lèverent tous leurs blasters vers Hayley et elle entendit l’un des leurs crier :



- Feu à volonté ! Pulvérisez-moi cette ordure Jedi !


Ce fût un déchaînement de tirs qui l’avait prise pour cible. Mais elle ne voyait pas les tirs de blasters, elle les ressentait, se fiant à la Force pour lui indiquer où placer son sabre pour retirer au projectile toute utilité, les faisant s’écraser contre les murs du vaisseau. Sa lame était ramenée très près d’elle, dans le but de couvrir le plus d’espace avec son sabre et de dévier toute forme de menace. La plupart des pirates n’osaient pas s’approcher, conscients de la menace que représentait un porteur de sabre laser si il arrivait au contact. Les vieilles histoires continuaient à circuler, celles des exploits des Jedi d’un autre temps.

Helera saisit l’occasion pour intervenir, comme convenu.

On aurait dit un Nexu enragé. Elle avait bondi hors de leur planque distribuant les coups et tournant autour des criminels comme autour de ses proies, enchaînant avec une facilité déconcertante les prises et mettant un à un hors d’état de nuire ses cibles. L’opération ne la laissa pas indemne, certes et elle se prit quelques coups mais c’était plutôt impressionnant. Son action avait mis hors service pas moins de sept adversaires.

De son côté, Hayley avait eût la vie facile pour être honnête. Certes les tirs concentrés de blasters l’obligea à rester focalisée sur l’avenir, à anticiper grâce à la Force le moindre projectile et à se tourner du côté de la Force Unificatrice pour scruter les moindres remous dans la trame du destin, mais elle s’en était tirée plutôt correctement pour quelqu’un qui n’était pas une fervente pratiquante de cet art qu’était la divination. Bientôt elle s’était rapprochée de ses adversaires, et c’est d’un revers de sabre particulièrement bien placé qu’elle trancha les bouts des trois fusils blasters qui étaient pointés sur elle. Elle enchaîna en faisant appel à la puissance de la Force, utilisant une Projection pour envoyer les trois criminels contre le mur en face d’elle. Deux d’entre eux s’étaient effondrés net sous le choc mais le troisième tentait de se relever. Qu’à cela ne tienne : elle lui fit goûter sa botte, l’envoyant lui aussi au pays de Morphée.

Le temps qu’elle se retourne pour venir en aide à Helera, celle-ci en avait déjà terminé avec ses ennemis et elle articulait avec grande peine :


- Fini … ce que l’on a commencé…

Elle acquiesça d’un signe de tête. Derrière la porte se trouvait le poste de pilotage, mais elle ne pourrait pas passer par la force brute, elle le savait. Cela risquait d’attirer l’attention et de déboucher sur le meurtre des pilotes. Elle désactiva sa lame et rangea son sabre. Elle avait un autre plan.

Phirus Commonagh avait prit en main le clan Poing de Feu il y a de ça quelques années, s’attachant à lui redonner petit à petit ses “lettres de noblesse” en l’engageant dans des coups où la simplicité lui disputait le panache. D’un naturel calme et réfléchi il avait maintenu la cohésion dans les rangs et en avait fait un groupe criminel bien connu des forces de l’ordre. Mais Phirus était à deux doigts de péter un cable actuellement. Petit à petit il avait perdu le contact avec tout ses hommes, sans trop savoir pourquoi. Il sursauta lorsque des coups légers mais répétés se firent entendre à la porte : on toquait. D’une voix chevrotante il répondit :


- O… Oui ?
- On a buté cette pouffiasse. C’était une Jedi. Tu peux ouvrir.
- Vous en avez fait un bordel… Enfin bravo les mecs.

Il ouvrit la porte, se retrouvant nez à nez avec notre rouquine qui attrapa sa tête pour la cogner contre la porte de métal, l’assommant lui aussi. Elle frotta ses mains l’une contre l’autre dans de grands claquements, fixant les pilotes terrifiés dans un sourire :


- Tout est rentré dans l’ordre.

L’Illusion ne trompait pas seulement l’oeil, l’oreille restait une victime potentielle de ce pouvoir de la Force. Bientôt les forces de l’ordre allaient intervenir pour nettoyer tout ça, en attendant Hayley s’approcha de Helera qui était restée assise contre le mur, visiblement encore éreintée. Elle lui tendit une main et l’interrogea avec un air visiblement inquiet :


- Ca va aller ?

Utilisation de la Force :

• Poussée - Maitrisé
• Illusion - Pratiqué

Forme de combat :

• Forme III - Soresu - Praticien

[Helera Kor'rial]

Les yeux se déplaçaient entre les rangés, baladant derrière eux leur silhouette allongée, imposante, écailleuse. Leur machoire claquait par moment et des grognements s’élevaient. Helera se mit laissa tomber en avant et sembla ramper sur le sol, se déplaçant comme un animal curieux. Une des ombres s’avança vers elle, rapidement, de manière imprévisible. Elle eut un mouvement de recul et se retrouva de nouveau contre le mur, se protégeant de ses mains. Il n’y eu cependant pas de chocs, contrairement à ce qu’elle s’était attendu. Helera jeta des regards ça et là autour d’elle, mais il n’y avait que le cadavre du mercenaire, dont les yeux révulsés le faisaient presque paraître pour un démon. La grise posa une main sur lui, faisant fi de l’environnement, et des éventuelles personnes qui portaient son attention sur elle. Tout en fermant les yeux, elle se concentra sur sa tache. Se redressant légèrement, elle entonna une complainte, à demi mot.

« Krah’el nor kela grata ihr zah … » Qu’elle répéta plusieurs fois.

Puis de son unique main, elle récupéra du sang de son infirmité qui avait recommencé à couler, tachant de nouveau tout le côté de son abdomen. Avec deux doigts, elle lui ferma les yeux, laissant alors une ligne de sang qui descendit jusque sur les faucettes. Une fois, fait, elle se laissa aller contre le mur une énième fois. Le rituel du passage avait été prononcé, il pourrait rejoindre la grande mère dans son royaume de glace éternel. Puis Hayley revint, ayant sans doute réussi à sécuriser le vaisseau. Helera lui jeta un regard livide alors qu’elle lui demandait comment elle allait … Comment pouvait-elle aller ? En fait elle n’en avait rien à faire de son propre état. Elle lui répondit simplement :

« Il est mort… Je l’ai tué. »

L’acte mauvais ultime, la règle brisée, le dogme transgrésé. Elle se saisit de sa main et se redressa rapidement, trop rapidement. Sa tension ne remonta pas tout de suite, lui procurant cette impression de vertige. Pendant un instant, elle ne bougea pas et attendit que tout se stabilise, puis reporta son attention sur la rousse.

« Tu ne sais vraiment pas qui je suis ? »

Helera était directement passée au tutoiement, sans réellement s’en rendre compte au final. Désormais, elles avaient partagés un combat ensemble, alors cela voulait sans doute dire qu’elles se connaissaient. Toujours est-il que même en temps que Jedi, elle n’avait pas été informée de son identité. N’était-elle pas là pour la traquer ? Peut-être pas. Un nouveau Jedi venu de nulle part … Sa propre voix était rauque, à cause de la récente compression de sa trachée.

« Helera Kor’rial, dernière inquisitrice impériale. On te dira que je suis encore en activité, que je suis un monstre, que j’ai tué des Jedi. Tu as la preuve que je tue, déjà … »

Elle jeta un regard absent vers le cadavre derrière elle.

« Nièce du traître à l’empire, l’ex grand Moff de Kuat Kor’rial… J’imagine que tu vas sur Coruscant, ils te diront tout un tas d’histoires là bas sur moi. Ils te diront sans doute celle qu’ils aiment le plus raconter, celles où ils sont les gentils et moi la méchante. Je ne te connais pas Hayley, mais j’espère que tu sauras faire la part des choses… J’espère également que tu ne tenteras pas de nous arrêter, je me rends sur Kuat si tu veux tout savoir… »

Tout avait été dit, la Jedi en faisait ce qu’elle voulait désormais. Helera resta aigrie et renfermée. Désabusée par les « porteurs de lumière ». Cela se sentait, sans même utiliser la Force. La Grise resta là, et attendit la réaction. Désarmée, blessée, elle savait pertinemment qu’elle ne ferait pas le poids face à la Jedi. Mais, n’était-ce pas cela qu’elle cherchait ? La mort par la main d’un autre ? N’était ce pas pour cela qu’elle la provoquait ? Ou alors simplement qu’elle cherchait juste un repos bien mérité. Le sang de son bras gauche continua à descendre le long de son abdomen et le long de ses jambes, goutant à intervalle défini sur le sol. D’un regard absent, elle plongea la main sous ton T-shirt et y toucha la plaie. La cautérisation avait cédée …

[Hayley Curwee]

- Il est mort… Je l’ai tué.

Elle jeta un regard froid au cadavre après avoir aidé Helera à se relever, se remémorant le mantra : Il n’y a pas de mort, il y a la Force. Les corps inanimés aux yeux vidés de toutes lueurs, elle en avait vu plus que de raison au cours de sa vie, particulièrement pendant la Guerre Civile Galactique. Elle aurait aimé pouvoir s’en émouvoir comme Helera, mais cela lui était impossible : elle était blindée. La Mort avait été une compagne fidèle qui l’avait accompagné presque à chaque instants, coupant le fil de vie de tout son entourage qu’il fut bon ou mauvais. Les choses terribles arrivaient dans cette galaxie, c’était ainsi. Que pouvait-elle y changer ? Rien en vérité. Elle s’estimait déjà heureuse d’avoir pu effectuer ce parcours en limitant le nombre de cadavres sur son chemin. Cet homme avait été un pirate, il avait choisi son destin si tant est que le choix ne fût pas une illusion. Il n’aurait pas hésité à la place d’Helera, il l’aurait tué, tout le criait. La voix d’Helera troubla le silence un peu gênant qui s’était installé alors que Hayley continuait d’observer avec détachement le cadavre du pirate :


- Tu ne sais vraiment pas qui je suis ?
- Manifestement, tu surestimes ta célébrité. Mais j’admets ne pas me tenir tellement au courant des actualités. Et qui es-tu donc, au final ?

Voilà qui ne manquait pas d’ironie, c’était même cette erreur qui l’avait conduite à penser que Chandrilla était encore dans la Nouvelle République, la faisant passer pour une conne aux yeux de Maya Tega, en passant. Après ça, elle s’était promis de consacrer un peu de temps à suivre les grandes lignes des journaux et essayer d’en savoir plus sur ce qu’il se passait au Sénat, vu que ça avait tendance à impacter sur son existence, par ricochet. Mais jusqu’ici, elle n’avait pas eût vraiment l’occasion. La voix rendue rauque d’Helera lui fit quitter le refuge de ses pensées :


- Helera Kor’rial, dernière inquisitrice impériale. On te dira que je suis encore en activité, que je suis un monstre, que j’ai tué des Jedi. Tu as la preuve que je tue, déjà …

Elle ne fit aucun commentaire, se contentant d’écouter sans broncher. Elle avait déjà rencontré un Inquisiteur, il y a dix ans. Il avait tenté de faire de Tali Valserna sa séide et elle l’avait empêché d’arriver à ses fins. Un autre l’avait traqué pendant la GCG, elle l’avait retrouvé sur Barab I, pendant la révolte. Elle avait fait en sorte qu’il ne soit plus en état de nuire à personne. Elle était plutôt circonspecte à la lumière des paroles de Helera, elle s’était toujours fait l’image de personnages froids et calculateur des inquisiteurs impériaux, mais Helera semblait être plus fragile. Elle avait vu trop de combats, essuyée trop de désillusions. C’était là le destin de beaucoup de guerriers.


Nièce du traître à l’empire, l’ex grand Moff de Kuat Kor’rial… J’imagine que tu vas sur Coruscant, ils te diront tout un tas d’histoires là bas sur moi. Ils te diront sans doute celle qu’ils aiment le plus raconter, celles où ils sont les gentils et moi la méchante. Je ne te connais pas Hayley, mais j’espère que tu sauras faire la part des choses… J’espère également que tu ne tenteras pas de nous arrêter, je me rends sur Kuat si tu veux tout savoir…

Elle l’avait laissé dérouler son discours, ne préférant pas l’interrompre, jugeant que cela pouvait être perçu comme malveillant. Elle avait remarqué la blessure qui semblait s’être rouverte chez Helera, il était probable que le trop plein d’action avait conduit à cette situation. Alors que la sensitive continuait à parler, elle s’accroupit non loin du cadavre, déchirant un bout de tissu. Elle avança sa main sur le corps du mort, cherchant quelques chose dans la poche intérieure, mais rien ne semblait avoir trouvé la convenance de la corellienne. Elle jura et passa à l’un de ceux qui étaient vivants, lorsqu’elle l’approcha il fit mine de remuer un peu aussi elle lui colla un coup au visage, pour qu’il se rendorme. Elle répéta l’opération pour trouver une flasque qu’elle secoua puis ouvrit pour en sentir l’arôme. Whisky corellien. Elle en but une gorgée. Pas dégueulasse. Elle tendit la flasque vers Helera qui le repoussa. Elle mit le bout de tissu contre l’ouverture de la flasque, laissant le liquide imbiber l’étoffe et s’approcha de Helera, pressant le tissu contre la blessure rouverte de sa compagne. Elle aurait put prévenir, mais c’aurait été inutile, Helera avait bien compris ce qu’elle projetait. Elle le tenait du bout des doigts, prenant la parole :


- Tiens-le contre ta blessure, il faut que ce soit désinfecté si tu veux éviter que ton état empire.

A la vérité, même si elle s’était permise quelque chose de totalement déplacé au vue de la relation qui la liait à Helera, ce geste signifiait bien plus qu’il n’y paraissait, en premier lieu la volonté de l’ex-Jedi d’aider l’inquisitrice, refoulant au passage les tas d’idées qu’elle avait sur les impériaux et les façon de s’occuper d’eux ou même la possibilité de régler définitivement la question d’une traqueuse de Jedi, car c’est ce qu’elle avait été, ne lui en déplaise. Ce n’était pas anodin. Hayley cherchait la Rédemption, elle était donc prête à l’appliquer autour d’elle. Finalement elle prit la parole, son regard perdu entre la dureté de ses traits et l’empathie que générait la situation de Helera Kor’rial :


- Hayley R’iz...R’izzan. C’était mon nom, sur Kuat. Mais mon vrai nom est Curwee. Enfin c’est compliqué.

Elle ne s’était pas officiellement présentée à Helera.


- Je vais sur Coruscant effectivement, un long retour au foyer où j’espère que mes pairs m’accepteront de nouveau parmi leurs rangs après un temps passé en exil. J’étais perdue dans les ténèbres du Côté Obscur. Je ne sais rien de toi, ni des raisons qui font que ceux qui fûrent les miens les poussent à te traquer. Mais je m’interroge : pourquoi te traquerait-il sans aucune raison ? Qu’as tu fais ? Que représentes-tu ?

Helera avait abordé d’elle-même tout ceci, était-elle consciente que ses paroles soulevaient plus de questions qu’elles n’apportaient de réponses ?


- Je ne ferais rien. Pour la simple et bonne raison qu’à l’heure actuelle je n’ai pas l’autorité de faire quoi que ce soit et que je ne t'ai pas vu agir contre ce que j'estime juste, contre la vie et l'harmonie. Et que je suis moins intransigeante par le passé vis à vis du Côté Obscur. Mais il y a trois ans, je t’aurais probablement tué parce que tu empestes le Côté Obscur. Les choses ont changés, je crois que tout le monde a droit à une seconde chance.

[Helera Kor'rial]

Helera l’avait regardé faire le tour des cadavres et autres hommes inconscients d’un œil circonspect. Que cherchait-elle ? D’abord la jedi récupéra un bout de tissus, puis une fiole d’alcool dont elle but une gorgée. Sans mot dire, elle en proposa à Helera qui refusa, puis avec son désinfectant improviser, en imbiba le tissu. L’inquistrice l’attrapa et le regarda sous tous ses angles, sachant pertinemment quelle douleur elle allait subir. Elle sera les dents et l’appliqua rapidement contre sa blessure. Liquide fila sur ses chaires à vif et l’inonda de brûlure et de picotements qu’elle aurait bien aimé ne pas subir. Loin d’être une héroïne ou de se la jouer dur à cuire, elle tenta néanmoins de réprimer tous les cris qu’elle aurait bien voulu exprimer. La sueur parla sur son front alors qu’elle continua de se concentrer. Hayley était donc une Kuati, tout comme elle. Helera ne s’émut pas outre mesure ni même ne fit la remarque de leur foyer commun. A sa première question, elle haussa les épaules et souffla lentement pour laisser passer la tension qu’elle avait en elle.

« Pas sans raison, j’ai une étiquette d’inquisitrice sur ma tête… »

Particulièrement aigri, elle était à deux doigts de tout envoyer balader. Pourtant, la jedi, elle n’avait rien demandé de tout cela. Helera chercha non loin des sièges libres et s’assit sur celui au fond. Elle baissa la tête, cherchant dans ses souvenirs la vérité de son passé.

« Jenna Jatine, le nom de l’inquisitrice qui m’avait recruté à l’époque. Disons qu’à l’époque, l’inquisitorius avait déjà été détruit officiellement. Mais elle avait en tête de le remettre sur pied. L’empire nous suivait, tout allait bien. Des Jedi, on en a croisé qu’un, et il nous a battu toutes les deux. C’est pour dire à quel point on était dangereux … Les Sith en revanche … Enfin bref, ce Jedi est devenu un ami d’ailleurs. C’est lui qui m’a permis de rentrer dans le temple Jedi quelques temps plus tard, afin que je me repentisse et que l’on m’aide à enlever l’obscurité que j’avais en moi. J’avais pour idée de donner un peu de lumière à Jenna, à l’inquisitorius. Mais au lieu de cela, Maître Morellion a voulu me tuer, et sans le conseil j’aurai été executé somairement, sans arme, avec ma seule bonne volonté pour réconfort. Non, au lieu de cela, on m’a isolé dans le temple. Pour ainsi dire, c’est à ce moment là que j’ai perdu tout espoir pour les Jedi … »

L’ensemble de sa vie relaté en quelques lignes, elle devait être très synthétique. Elle croisa une jambe sur l’autre et s’y accouda.

« Quand je suis revenu de ma prison lumineuse, Jenna était morte, assassinée. L’empire cessa alors de nous suventionné. Plus tard, les renseignements impériaux me trouvèrent également et me capturèrent. Ils pensaient que je vendais des informations à la république, un prétexte… »

Puis son regard devint plus dur.

« Je passe les détails, mais de fil en aiguille, j’ai réussi à me dissimuler assez longtemps pour que l’on me laisse tranquille. Mais voilà que mon oncle fait une cessession sur Kuat. L’empire donc pour tenter de légitimiser son action de répression a lancé un appel général dans la galaxie, disant que c’était moi, une sith inquisitrice, qui tirait les ficelles. C’est à ce moment là que l’étiquette me fut collée. C’est pour cela que je suis traqué par les Jedi, entre autre. A aucun moment, les républicains ou les Jedi se sont dit que c’était de la désinformation … »

Elle secoua la tête de droite à gauche.

« Ca me dépasse … »

Hayley lui expliqua alors l’obscurité qu’elle avait également en elle. Helera espérait sincèrement que ce qui lui était arrivé ne serait pas réitéré une nouvelle fois pour la jedi. Elle semblait gentille, et les gens gentils ne couraient plus tellement les rues.

« Il y a trois ans … Tu ne me connais pas, tu ne sais pas si ce que je te dis est vrai ou faux. Mais prend garde sincèrement à ce que tu verras là bas. La république n’est plus ce qu’elle était. Les gentils ne sont plus ceux que l’on croit et les méchants tentent eux même de se repentir. La galaxie tourne. »

Un discourt plus ou moins manichéen, pour celui qui ne lisait pas entre les lignes. Helera avait peut-être ennuyé Hayley, et elle chercha sur son visage un tel signe qui aurait pu lui indiquer ce qu’elle pensait de tout cela. Ne serait-ce que pour comprendre son état d’esprit.

[Hayley Curwee]

- Pas sans raison, j’ai une étiquette d’inquisitrice sur ma tête…

Hayley n’avait pas dégoissé un mot, observant l’ex-inquisitrice qui s’installait sur des sièges libres. Elle prit celui du fond, mais Hayley ne prit pas tout de suite place, se réservant la possibilité de le faire par la suite. Son regard allait de la blessure que Helera avait recouverte du bandage de fortune de l’ex-Jedi au visage de la femme aux cheveux blancs. Elle grimaça légèrement, constatant la douleur qu’avait éprouvé l’autre femme. Elle la laissa poursuivre.


- Jenna Jatine, le nom de l’inquisitrice qui m’avait recruté à l’époque. Disons qu’à l’époque, l’inquisitorius avait déjà été détruit officiellement. Mais elle avait en tête de le remettre sur pied. L’empire nous suivait, tout allait bien. Des Jedi, on en a croisé qu’un, et il nous a battu toutes les deux. C’est pour dire à quel point on était dangereux … Les Sith en revanche … Enfin bref, ce Jedi est devenu un ami d’ailleurs. C’est lui qui m’a permis de rentrer dans le temple Jedi quelques temps plus tard, afin que je me repentisse et que l’on m’aide à enlever l’obscurité que j’avais en moi. J’avais pour idée de donner un peu de lumière à Jenna, à l’inquisitorius. Mais au lieu de cela, Maître Morellion a voulu me tuer, et sans le conseil j’aurai été executé somairement, sans arme, avec ma seule bonne volonté pour réconfort. Non, au lieu de cela, on m’a isolé dans le temple. Pour ainsi dire, c’est à ce moment là que j’ai perdu tout espoir pour les Jedi …

Lorsqu’elle évoqua l’épisode d’avec Jenna Jatine, cela lui remémora un peu d’elle-même, de sa propre expérience avec Tali Valserna. Elle aussi avait tenté de faire revenir une âme vers la Lumière, elle aussi avait échoué à cette époque. Tali était passée du côté de Cal Keran devant la promesse de la puissance que lui avait offert le praticien du Côté Obscur. Au fond de ses entrailles, la bête s’agita, rugissant de plaisir. Elle avait récupéré Tali en mettant fin aux exactions de Cal Keran, grâce au Simurgh. Une satisfaction s’en dégageait, générée par cette même bête qu’elle sentait au fond d’elle, celle qui cherchait toujours un moyen de s’échapper depuis Kessel. Il avait été délicieux de tuer ce vieux débris pour s’arroger le plaisir de la possession de Tali, un plaisir qu’elle avait pu goûter sous bien des formes…
Elle repoussa cette idée. Ce sentiment. Le Simurgh continuait à gronder en elle, grattant les barreaux de sa cage pour s’en échapper, il la soumettait à toutes les tentations, toutes les pensées dans l’espoir qu’elle céderait, mais elle refusait de s’abaisser à cela. Elle repensait à ce que disait Helera sur les Jedi et Maître Morelion, elle l’avait côtoyé lors de l’éviction de Darth Odion sur Géonosis, lors de cet affrontement il s’était laissé aller au Côté Obscur à ce moment, elle s’en souvenait. Elle se souvenait très précisément de ce goût de bile dans sa bouche lorsqu’il l’avait salué comme si de rien n’était. Elle se souvenait aussi que sans son aide, elle serait probablement morte à l’heure qu’il est. Pour le peu qu’elle l’avait croisé, il n’avait pas semblé être adepte du Côté Obscur, cela avait plus tenu d’un épisode que d’une constante, d’autant plus si elle disait qu’il était resté au Conseil par la suite. Elle doutait qu’il pût y rester si la moindre once de doute avait perduré… Mais elle reconnaissait qu’il lui avait semblé un brin sévère de prime abord. Ses yeux suivirent les jambes de la jeune femme alors qu’elle s’accoudait à l’une des deux. Helera poursuivit son histoire.


- Quand je suis revenu de ma prison lumineuse, Jenna était morte, assassinée. L’empire cessa alors de nous subventionné. Plus tard, les renseignements impériaux me trouvèrent également et me capturèrent. Ils pensaient que je vendais des informations à la république, un prétexte…

Instinctivement, son poing se serra lorsque l’ancienne inquisitrice fit mention de sa capture par l’Empire. Pas besoin d’une imagination débordante pour savoir ce qu’elle avait dû subir, l’Empire était aussi cruel avec les siens qu’avec ses ennemis. Elle savait aussi la peine qu’avait dû subir Helera après la perte de Jenna, mais encore une fois elle se tu, encourageant par son silence son interlocutrice à continuer.


- Je passe les détails, mais de fil en aiguille, j’ai réussi à me dissimuler assez longtemps pour que l’on me laisse tranquille. Mais voilà que mon oncle fait une cessession sur Kuat. L’empire donc pour tenter de légitimiser son action de répression a lancé un appel général dans la galaxie, disant que c’était moi, une sith inquisitrice, qui tirait les ficelles. C’est à ce moment là que l’étiquette me fut collée. C’est pour cela que je suis traqué par les Jedi, entre autre. A aucun moment, les républicains ou les Jedi se sont dit que c’était de la désinformation …

Elle se sentait dépassée par cette histoire concernant Kuat et la sécession d’un Moff, elle n’en avait jamais entendu parlé, s’étant très tôt désintéressé de la politique et des nouvelles de la galaxie, si cet évènement était intervenu pendant son exil à Impératrice Têta alors il semblait encore plus probant qu’elle l’ait ignoré : l’Empire n’avait pas coutume d’exposer ses échecs, sauf si il pouvait le retourner en victoire et en faire un exemple. Néanmoins elle ne comprenait pas en quoi les Jedi pouvaient être mêlés à tout ça, les Jedi n’étaient pas les laquais de l’Empire. Si Helera était traquée par ses anciens compagnons, c’était probablement pour une autre raison. Essayait-elle de lui cacher quelque chose ? En tout cas cela la laissait sceptique.


- Il y a trois ans … Tu ne me connais pas, tu ne sais pas si ce que je te dis est vrai ou faux. Mais prend garde sincèrement à ce que tu verras là bas. La république n’est plus ce qu’elle était. Les gentils ne sont plus ceux que l’on croit et les méchants tentent eux même de se repentir. La galaxie tourne.
- Non, effectivement, je ne te connais pas et je dois me fier à ta seule parole dans ce que tu avances.

Hayley avait subtilement changée de position, croisant les bras et faisant la moue, offrant la posture de quelqu’un qui semblait rester sceptique, pour autant elle ne rejetait pas en bloc toute l’histoire de Helera, préférant parier sur son honnêteté plutôt que sur une volonté de mentir. Elle poursuivit :


- J’ai connu Maître Morelion. Nous avons partagé un duel ensemble, un duel qui nous a permis de repousser un Sith qui était à la tête de Géonosis et qui comptait bien noyauter la Nouvelle République de l’intérieur. Je ne sais pas pourquoi il s’en serait pris à toi, mais j’ai du mal à l’imaginer agir de la sorte sans raison. Je ne sais pour ainsi dire rien de ce que tu avances dans ton histoire, Helera.

Elle s’installa sur le rebord du siège juste à côté d’Helera, essayant de prendre une position plus confortable, plus détendue. Lorsqu’elle parvint à trouver un équilibre satisfaisant, elle posa son regards sur les traits de la jeune femme, les détaillant. Ses cheveux blancs étaient en bataille, son regard agité, son visage troublé. Elle avait une mine affreuse, l’air éreintée. Il était plus que probable que la fatigue était en train de poindre, qu’elle avait besoin de prendre un peu de repos et de voir un médecin. Elle la fixa intensément, droit dans les yeux, elle avait fait le point sur ce qu’avait dit la kuati :


- Tu as raison sur le fait que la galaxie tourne, je te le concède, mais le fait est que les choses doivent donner l’illusion qu’elles changent, pour pouvoir ne pas changer. Cela fait trente-deux ans que je parcours cette galaxie et les créatures qui la composent sont presque toutes motivés d’avancer par un vice qui est leur moteur.

Elle fit une pause, son regard attiré vers quelques chose, au loin. Les forces de l’ordre semblaient avoir entendu parler de l’attaquer et menait une intervention. Une bien belle journée pour eux : ils seraient payés pour mettre des bandits en prison sans qu’aucun d’eux n’ait à transpirer. Elle reporta son regard sur Helera, plantant ses yeux dans ceux de son interlocutrice :


- Mais parfois, il y a des exceptions. Les Jedi ne sont pas parfaits, loin de là, mais lorsque je les ait quittés, ils cherchaient toujours la paix et l’harmonie, même si cet objectif reste teinté par la survie car beaucoup d’entre nous ont connu les jours sombres de l’Empire. J’ai été traqué comme beaucoup des miens par des gens comme toi. J’ai perdu des amis par la main de gens comme toi. Beaucoup de personnes jugent par ce qu’ils connaissent de l’autre, si cet autre a un passé aussi peu reluisant, ne t’étonnes pas qu’il t’attire une mauvaise réputation. Personne n’oubliera ce que tu as été, partout tu rencontreras la méfiance, il te faudra vivre avec ou te sentir blessée à chaque fois que l’on te le rappellera.

Ses paroles étaient dures, mais elle n’avait pas l’intention de la blesser, bien au contraire.


- Je devrais toujours vivre avec le meurtre de mon père adoptif, avec mon passé de pirate, avec ma lente chute vers les tréfonds du Côté Obscur et si les Jedi m’acceptent de nouveau, je n’escompte pas qu’ils oublient cette dernière faute, tout comme beaucoup doivent ne pas me pardonner mon passage chez les pirates. Je ferais avec, je prouverais que je peux être meilleure, c’est la seule solution.

Helera ferait ce qu’elle voudrait de ces conseils, Hayley essayait juste de lui indiquer un chemin :


- Je ne peux pas parler au nom du Nouvel Ordre Jedi, je ne peux pas parler au nom de mes anciens compagnons, je ne sais même pas s’ils me réintegreront à leurs côtés. Je te juge pour ce que j’ai vu de toi aujourd’hui, je t’ai vu agir pour le Bien. Je te jugerais sur tes actes tant qu’il me sera donné de pouvoir le faire, jamais sur ton passé. Mais je vais être honnête avec toi, la moindre erreur de ta part me verra devenir intransigeante. Je connais le Côté Obscur, je sais qu’on ne joue pas avec lui impunément et qu’il est impossible de faire le Bien avec lui, ce n’est qu’illusion. Il corrompt tout par essence.

[Helera Kor'rial]

Les forces d’intervention, réveillée de leur torpeur s’étaient empressée de placer des menottes envers les criminels catalogués. Helera sentait leur rage de n’avoir rien pu faire, et leur volonté de les traduire devant la justice. Le cadavre quant à lui restait là, et on lui mit simplement un drap sur le corps, avant de le déplacer. Certains soldats demendèrent qui avait été responsable de cela. Qui devaient-ils remercier ? Helera ne bougea pas, ne se montra pas davantage. Hayley non plus. Les voyageurs décrivaient pour la plupart des histoires totalement incohérentes les unes que les autres. Et ainsi naissait les légendes. La mauvaise interprétation du peuple, pensant que des anges gardiens étaient venus les aider. Puis elle se reconcentra sur la jedi. Cette dernière lui expliqua à quel point tous avaient eu peur de l’inquisitorius. Une peur qui les avait obligés à se terrer comme des rats, plutôt que de sortir et faire front commun. Qu’avait été l’inquisitorius, elle n’en savait rien. Juste que Jenna essayait de suivre les enseignements de Darth Vader, le grand inquisiteur. Mais sa mort, comme toutes les autres, prouvait bien qu’ils n’avaient jamais été invincibles.

« Des gens comme moi … » Murmura t-elle pour elle-même, se concentrant sur un passé si lointain qu’elle en avait presque oublié jusqu’à l’odeur de l’action.

« Il n’y a pas de gens comme moi. J’étais amoureuse de Jenna, bien avant d’être amoureuse de n’importe quelle cause. Je l’aimais jusqu’au plus profond de mon être… Mais la perte de l’être aimé m’a détruite, consummée de l’intérieure... Toujours est t-il que si aujourd’hui les Jedi peuvent se sentir libérés des inquisiteurs, c’est en partie grâce à des gens comme nous. Nous les avons traqués, un par un. Je ne recherche pas de compassion des peuples, ni même de la reconnaissance. Je veux juste qu’ils essayent de comprendre, de voir à travers le voile de l’évidence. Je n’ai été d’inquisitrice que le nom, et ça, personne ne le comprend, ni ne le comprendra jamais … »

Le sophisme était évident, et c’est ce qui la suivai, qui lui collait à la peau. Un titre qui mettait en danger jusqu’à l’ordre tout entier. Tout cela à cause de quelques renseignements impériaux. Tout le monde avait souffert dans la guerre civile, tout le monde. Maintenant que la paix est plus ou moins arrivée, les gens recherches des couples, des gens à tondre. Des personnes qui ont aimés ceux du camp adverse. Tous recherchaient des coupables, pour assouver leur désir de vengeance, réprimés par leur couardise pendant la guerre. Combien de Jedi pouvait se targuer d’avoir « fait quelque chose » ? Mise à part le grand maître Skywalker, elle n’en connaissait aucun. Et encore, elle avait l’impression qu’il n’était qu’une légende au final. Après tout ce temps passé auprès des lumineux, jamais elle ne l’avait rencontré, malgré toutes ses tentatives. Puis Hayley continua, évoqua alors un passé bien parallèle au sien, par bien des aspects. La jedi lui ressemblait, mais contrairement à elle, Hayley avait des contacts et une influence certaine qui lui permettrait sûrement de réintégrer les Jedi. Chose qui lui avait été réfusé à elle, à l’époque.

« J’espère qu’ils t’accepteront de nouveau. J’ose croire qu’ils accepteront ton repentir. Je pense que tu es également quelqu’un de bien, côté obscure ou non, parricide ou non. »

Puis elle l’averti sur les dangers du côté obscure, ce qui fit sourire la femme aux cheveux blancs. C’était un avertissement qu’elle donnait également à tous les Jedi où gris qu’elle connaissait. « Reste dans le droit chemin ou subit mon corroux ». C’était la première fois cependant que quelqu’un lui disait à elle.

« Et tu viens de résumer un des préceptes fondamental de l’ordre Gris : « Seuls comptent les actes ». Si tu apprends que je sombre, j’espère bien que tu m’arrêteras. J’espère également que tu vérifieras cette information, pour éviter de te baser sur des rumeurs. »

Helera ricanna, nerveusement.

« L’illusion est bien le mot… Le bien, le mal, tout cela n’a plus de sens pour moi. La lumière t’aveugle, tandis que l’obscurité te rend mauvais ? Je ne crois plus à tout cela. Comme je ne crois plus envers l’ordre Jedi, devenu entité politique plus que véritable protecteur du savoir. En quoi le Sith serait plus dangereux que l’assassin ? Il existe des hommes bien plus mauvais que n’aurais jamais été le plus noir des Sith … Tout est question de perceptive, d’illusion et de politique … J’en ai assez de tous ces mensonges, j’aimerai simplement que l’on me laisse tranquille désormais. »

La phrase sonnait davantage comme une complainte qu’une critique de la société galactique. Bizarrement, elle appréciait la compagnie de la Jedi. Une personne susceptible de la comprendre, sans doute. Ou peut-être même à l’écouter ? Ou encore une personne qui lui ressemblait. Elle ne savait pas, et prenait toujours les nouvelles journées comme une nouvelle réussite de survie. Cela prenait davantage sens en ce moment, car les réussites de survie s’amenuisaient dangereusement. Helera resta bien adossée à son siège et enleva lentement le tissu imbibé d’alcool. Le sang ne coulait plus et une fine croute s’était formée. C’est alors qu’elle posa sa main à même la blessure, et tourna la tête devant elle, bien callé contre le siège. Elle ferma les yeux et souffla lentement, concentrant ses infimes forces. Son corps, elle le connaissait, et lentement réassembla les lignes de failles en surface afin de créer un tout cohérent et potentiellement assez solide. La Force était canalisée et lentement, sans pour autant être soignée, elle solidifia le moignon. Sans bouger, les picotements dans le bras, la douleur tambourinait au niveau de son appendice. Elle rouvrit les yeux et se tourna vers Hayley.

« Tout est affaire de perspective. Le bien et mal, c’est nous qui les choisissons. Nous sommes ce que nous voulons être, ce que les autres ont fait de nous. La Force n’a rien a voir là dedans selon moi. »

[Hayley Curwee]

Lykke Li - Breaking It Up

- Il n’y a pas de gens comme moi. J’étais amoureuse de Jenna, bien avant d’être amoureuse de n’importe quelle cause. Je l’aimais jusqu’au plus profond de mon être… Mais la perte de l’être aimé m’a détruite, consummée de l’intérieure... Toujours est t-il que si aujourd’hui les Jedi peuvent se sentir libérés des inquisiteurs, c’est en partie grâce à des gens comme nous. Nous les avons traqués, un par un. Je ne recherche pas de compassion des peuples, ni même de la reconnaissance. Je veux juste qu’ils essayent de comprendre, de voir à travers le voile de l’évidence. Je n’ai été d’inquisitrice que le nom, et ça, personne ne le comprend, ni ne le comprendra jamais …

Elle observait Helera avec un sourire un peu compatissant, comprenant bien où elle voulait en venir. Il était difficile de se battre pour les peuples, par nature inconstants et égoïstes, ne songeant qu’à sa propre survie avant de réfléchir à tout autre chose et dans un sens elle partageait ça avec elle. Il était toujours difficile de les pousser hors de leur torpeur, d’essayer de les mobiliser pour se battre pour autre chose que leur survie, elle le savait bien. Combien de révolutions avortées avaient parsemé la route de l’Alliance Rebelle ? Combien de peuples étaient restés sous le joug de l’Empire, faute de prise de conscience ? Beaucoup trop et chacun d’eux résonnait comme un échec dans le coeur de l’ancienne Jedi. Elle aurait voulu poser sa main sur celle de la sensitive, dans un geste qui se voulait rassurant et plein d’empathie, elle aussi avait perdu des gens qu’elle avait aimé à commencer par Tali Valserna, même si cette relation avait été vicié par le Côté Obscur. Où était-elle ? Qu’était-elle devenue ? Secrètement elle rêvait de la recroiser mais cette envie était tempérée par l’idée qu’elle ne saurait pas comment réagir en la revoyant face à elle. Les récents évènements sur Chandrilla avaient réveillé beaucoup de choses en elle, des choses qu’elle avait cru pouvoir éluder ou même contenir, pourtant elle tentait de maintenir une barrière entre ça et elle. De s’en éloigner.


- J’espère qu’ils t’accepteront de nouveau. J’ose croire qu’ils accepteront ton repentir. Je pense que tu es également quelqu’un de bien, côté obscure ou non, parricide ou non.
- Je n’en sais rien Helera, je n’en sais rien. Se connaître soi-même n’est pas gage de parvenir à se changer et trop de fois j’ai cédé à la facilité dans mon parcours. Mais j’essaye au prix d’un effort harassant de m’extirper de ma condition. De changer les choses. Mais au final tout ça n’est qu’une autre illusion je crois, il n’y a pas de choix, seulement la Force et le parcours qu’elle nous a tracés de bout en bout.


Bien que Helera l’avait tiré de ses pensées avec ses paroles, Hayley avait gardé son regard sur un point fixe au loin, vidé de toute substance. Elle préférait ne préjuger de rien en ce qui la concernait, c’était bien plus simple ainsi. Avoir des attentes conduisait inéluctablement à la déception.


- Et tu viens de résumer un des préceptes fondamental de l’ordre Gris : « Seuls comptent les actes ». Si tu apprends que je sombre, j’espère bien que tu m’arrêteras. J’espère également que tu vérifieras cette information, pour éviter de te baser sur des rumeurs.

Cette fois-ci, elle tourna lentement la tête vers Helera, la fixant avec insistance, son regard s’étant changé pour exprimer la détermination qui la qualifiait si bien en général. Oui, Helera ne pouvait avoir aucun doute la dessus en la voyant la regarder comme ça, si jamais la moindre preuve de basculement parvenait à elle, elle se mettrait en chasse pour réclamer le sang d’Helera, pour réduire à néant la menace qu’elle pourrait représenter. Elle laissait une chance à ceux qui avaient pu basculer si ils voulaient se sortir du Côté Obscur, mais pas deux. Sinon c’était de la récidive, sinon c’était montrer qu’on ne cherchait pas à changer. Oui, sa pitié était limitée, elle en avait conscience et il était probable que cette conception des choses s’accordât mal avec le Code Jedi et son Côté Lumineux, mais elle n’en avait cure. A ceux qui lui reprocherait cette conduite elle rétorquerait que c’était la seule solution de circonscrire la menace du Côté Obscur. Mais Helera avait parlé d’autre chose dont elle n’avait jamais entendu parler et qui attisait sa curiosité : l’ordre Gris. Qu’était-ce ?


- L’illusion est bien le mot… Le bien, le mal, tout cela n’a plus de sens pour moi. La lumière t’aveugle, tandis que l’obscurité te rend mauvais ? Je ne crois plus à tout cela. Comme je ne crois plus envers l’ordre Jedi, devenu entité politique plus que véritable protecteur du savoir. En quoi le Sith serait plus dangereux que l’assassin ? Il existe des hommes bien plus mauvais que n’aurais jamais été le plus noir des Sith … Tout est question de perceptive, d’illusion et de politique … J’en ai assez de tous ces mensonges, j’aimerai simplement que l’on me laisse tranquille désormais.
- Un Sith est aussi dangereux qu’un assassin, tu as raison et les Jedi s’attachent à protéger toute vie dès qu’ils le peuvent. Néanmoins le plus dangereux des Sith sera toujours plus dangereux que le plus dangereux des Hommes, car il maîtrise le Côté Obscur de la Force. Mais nos prérogatives concernent la Force et c’est pour cela que nous sommes plus souvent envoyés pour contrer des Sith que des assassins, même s’il nous arrive d’être mandatés pour assister les forces de l’ordre. Crois-tu sincèrement qu’un seul des Jedi auraient pu laisser cette tentative de rançonnage se faire sans lever le petit doigt ? Bien sur que l’Ordre est limité par de nombreux carcans, mais ta vie est limité par de nombreux autres et tu t’en accommodes, non ? Quand à l’Ordre, lorsque je l’ai quitté le souhait de Maître Skywalker avait été de ne pas intervenir dans la politique de la Nouvelle République, de nous cantonner à ce qui concerne la Force.

Elle fit une pause, posant son regard sur ce que faisait Helera, elle s’était occupée de sa blessure. Il semblait que le bout de tissu imbibé d’alcool avait rempli son rôle, désinfectant le moignon. Son regard toujours sur la blessure de la sensitive, elle dit d’une voix un peu absente :


- Tu devrais faire examiner ça par des médecins et éventuellement te faire poser une prothèse mécanique.


Elle outrepassait probablement sa position, après tout elle n’était qu’une inconnue pour Helera, mais cette position lui permettait d’exposer les choses sans aucune voile, aucune fioriture, cela ne rendait les choses que plus vraies au final. Elle n’avait pas terminé toutefois avec le raisonnement de Helera :


- J’ai bien peur que le seul moyen d’échapper à tes détracteurs ne soit l’exil, mais tu n’as pas l’air d’être faite de ce bois, tu ne sembles pas être quelqu’un qui renonce si facilement. Pourtant parfois s’isoler des influences extérieures est un bon moyen de se donner le temps de s’apaiser, de s’écouter un peu soi-même et de parvenir par cette connaissance à faire la paix.


Ah… Comme Bunduki lui manquait en cet instant, elle se savait tentée par l’idée d’y refaire un pèlerinage initiatique, un moyen pour elle de se retrouver avec seulement la Nature et ses pensées, de ne plus que ressentir la Force et de se dégager de tout autres influences extérieures.


- Tout est affaire de perspective. Le bien et mal, c’est nous qui les choisissons. Nous sommes ce que nous voulons être, ce que les autres ont fait de nous. La Force n’a rien a voir là dedans selon moi.
- J’aimerais abonder en ton sens, mais je ne crois pas qu’il y ait de place pour cet entre-deux. Soit nous choisissons de bout en bout notre destinée et la Force n’est alors qu’un instrument entre nos mains, soit la Force dirige nos destinées depuis le début nous menant à un chemin préétabli mais nous ne pouvons pas être libre de nos choix et n’être que le jouet des multiples influences que nous avons subi. Soit tu crois au libre-arbitre, soit tu crois au déterminisme, mais il est impossible de concilier ces deux pensées, elles s’excluent l’une et l’autre par essence. La Force est intimement liée à tout cela, comme elle est liée au Bien et au Mal, la plupart des pouvoirs qu’offre le Côté Obscur sont létaux ou destructeurs tandis que les pouvoirs Lumineux cherchent à préserver et à protéger. Mais si tu veux une certitude sur la Force, je n’en ai qu’une : nous pourrons la contempler et l’étudier pendant des milliards d’années mais elle se révélera toujours hors de portée de notre compréhension quoi qu’il advienne. Nous n’en savons que des choses succinctes et ce, de manière empirique, mais jamais aucun d’entre nous n’en percera le sens ou la volonté et nous devrons nous contenter de nos interprétations si ridiculement subjectives. C’est ainsi.

Elle lui adressa un léger sourire, cela faisait un moment qu’elle n’avait pu deviser de ce genre de choses avec quelqu’un d’autres, c’était plutôt plaisant en fin de compte. Néanmoins une question la taraudait :


- Tout à l’heure, tu as parlé d’un “ordre Gris” considérant peut-être que je savais de quoi tu parlais, mais ce n’est pas le cas et cela m’intrigue. Je n’ai jamais entendu parler d’un tel ordre. Si tu te sens d’assouvir ma curiosité concernant cela je t’écouterais avec respect.

[Helera Kor'rial]

La Grise semblait avoir touché quelque chose dans la Jedi, alors qu’elle finissait son discourt sur son identité. Il semblait qu’Hayley se représentait à travers ses actions, son passé. Quelque chose de similaire peut-être ? Helera ne posa pas la question, puisque cela ne la regardait pas. Puis vint le regard de la Jedi, qui se voulait à la fois vindicatif et menaçant. Le genre de regard qui sans doute fonctionnait sur les apprentis, pour leur faire comprendre de ne pas sombrer. Mais pas sur quelqu’un comme elles. Toutes les deux connaissaient les dangers, et Helera n’était plus une enfant. Mais cela, Hayley l’ignorait évidemment. Quoi qu’il en soit, elle ne broncha pas face à la menace apparente et savait pertinemment qu’elle allait mettre son plan à exécution.

« Et bien je crois qu’il a légèrement dévié … »

Ainsi le grand maître n’était pas une légende. Peut-être n’était-il juste pas ce que la légende prétendait de lui. Peut-être même qu'il n’était pas cet homme, ce héros de la rébellion. Un homme qu’elle avait voulu copier par bien des aspects étant plus jeune. Désormais, le rencontrer semblait bien compromis. Ensuite, même si Helera n’était pas d’accord avec tout ce que lui avait dit la jedi, elle le garda pour elle. Les débats politiques ne l’intéressaient pas. Pour elle, un despote n’avait pas besoin de la Force pour être plus dangereux qu’un sith. La preuve en était, l’empire faisait des ravages bien après la destitution de feu l’impératrice.

« Je suis très mal placée pour te parler des Jedi à cause de la rancœur que j’ai envers eux. On m’a appris de folles et magnifiques histoires sur les anciens Jedi, j’ai été formée aux préceptes de l’ordre Jedi du temps de la république. Mais, ce que j’y ai vu, ça … ce n’était pas ce que mon maître m’a appris. »

La jedi lui conseilla alors ce que beaucoup d’autres avaient déjà conseillé, mais Helera resta ferme sur ses positions. Elle n’était pas prête :

« Cette douleur me rappelle à quel point j’ai échoué. Chaque jour, chaque minute… Elle me rappelle ma faiblesse, ma trahison … C’est ma pénitence… »

Et encore une fois, Helera ne s’attendait pas à ce qu’elle comprenne. Comme tous les autres, elle s’attendait à être jugée d’idiote, de masochiste. Tant pis. Après tout, peu de personne arrivait à la comprendre, et encore bien moins avait la patience d’essayer. Puis elle lui donna un autre conseille, qui fut accueilli par un mouvement de sourcil et un haussement de sourcil.

« Tu m’as bien vu mon père et moi ? Je suis déjà en exil, depuis tout ce temps. Depuis que l’empire m’a jugé dispensable, depuis que la république m’a jugé de Sith. Mon foyer c’est l’espace désormais, je n’ai plus de maison Hayley. Je n’aspire qu’à la paix, je te le jure … »

Vint alors la question philosophique, qui cette fois était intéressante :

« Soit nous utilisons la Force, soit nous sommes ses instruments c’est cela ? Mais pourquoi considérer que les deux séparés ? Pourquoi ne peut-on pas penser que nous sommes la Force, nous faisons parti de ce tout, de ce flux. Nous peuplons la galaxie et sommes bercés par les flux infinis. Sans les sensitifs, la Force n’aurait plus de sens. Invisible et froide, elle n’aurait plus la peine d’exister. Je pense que nous utilisons la Force autant que la Force «prévoit » d’une certaine manière nos actions. Je ne peux lier mon esprit à une case, non. Je veux croire que nous sommes unis dans un tout, un ensemble. Après … »

Elle fit une pause.

« Cela ne te plaira pas, mais je connais des pouvoirs du côté obscure capable de soigner, et sans rendre fou l’hôte. Sans même y laisser de son âme. Je connais également des pouvoirs lumineux capables de détruire. Parce que tout n’est pas fixé, tout n’est pas à ranger dans une case. En revanche, oui je suis d’accord avec ta dernière interprétation. Nous n’avons pas la connaissance nécessaire en tant qu’entité vivante de comprendre la Force. Pas avant de l’avoir rejointe, du moins. »

Hayley posa la question de l’ordre gris, le fameux.

« L’ordre gris était en premier lieu un refuge pour ceux qui ont été rejetés par les ordres. Et j’ai bien dit, les ordres. Des gens élevés dans l’obscurité qui voulait consacrer leur destin à une cause plus grande, comme des Jedi. Les Jedi pensent que c’est un ordre qui étudie les deux « côtés » de la Force. Or, les études de la Force dans son intégralité sont réservées à une élite. Ils apprennent aux jeunes une partie des préceptes des anciens Jedi, mais ils étudient également la manière de vivre avec ses tourments, bien avant que ceux-ci ne les transforme en pantin obscure. Un général avait parlé il y a quelques temps au sénat pour tenter de les faire régulariser devant la république. Ma foi, ce fut une sacrée mascarade. Les Jedi ont pris un coup à leur réputation et l’interdiction du port du sabre leur est toujours réservée. Tout le monde a été perdant dans l’histoire… »

L’inquisitrice attendit alors les réactions de son interlocutrice, et surtout, étant une Jedi, savoir ce qu’elle pensait de tout cela. Son avis était particulièrement attendu par la Grise, et elle espérait que quelque soit les arguments qu’elle allait lui présenter pour les décridibiliser, ce ne soit pas les mêmes que ce que les Jedi avaient l’habitude de leur dire.

[Hayley Curwee]

- Et bien je crois qu’il a légèrement dévié …
- Et bien j’en jugerais quand je le rencontrerais.

Sans être d’une froideur digne d’Hoth, le ton s’était révélé légèrement sec. Elle laissa Helera poursuivre :


- Je suis très mal placée pour te parler des Jedi à cause de la rancœur que j’ai envers eux. On m’a appris de folles et magnifiques histoires sur les anciens Jedi, j’ai été formée aux préceptes de l’ordre Jedi du temps de la république. Mais, ce que j’y ai vu, ça … ce n’était pas ce que mon maître m’a appris.
- Il est facile d’idéaliser le passé, surtout au détriment du présent. Ce que l’on t’as appris d’eux même à l’époque de l’Ancienne République était très certainement biaisé par le vernis de la nostalgie. L’Ordre Jedi a connu ses heures de gloire comme des heures plus sombres. A toute époque il y a eût son lot de trahison et de grandeur. Ma tolérance envers les repentis n’est pas celle de tout mon Ordre, tout comme de nombreuses opinions parcourent la Nouvelle République et son Sénat. Il arrive que nous soyons en désaccord, c’est ainsi, même le Nouvel Ordre Jedi rencontre des opinions divergentes et c’est...plutôt rassurant, je crois. Il est possible que tu ais été mal reçue ou mal considérée comme il est possible que tes actes à cet instant précis aient poussés ceux qui t’ont accueilli à penser que tu représentais un danger. De cela je ne peux pas juger, je n’ai que ta version. Et à dire vrai, cela importe peu pour moi, comme je te l’ai déjà dis.

Revenir sur le passé ne la concernait pas, elle jugeait Helera sur ce qu’elle avait vu, mais elle s’était sentie obligée de défendre le Nouvel Ordre Jedi, ou du moins tenter de faire en sorte que Helera nuance ses propos autant que son opinion sur les Jedi. Condamner un ensemble pour les actes de quelques uns tendait à dénoter une pensée totalitaire et elle était persuadée que ce n’était pas le genre d’Helera, probable que les émotions parlaient plus que la raison à cet instant et un sens elle pouvait comprendre, surtout avec la douleur et la fatigue accumulée.


- Cette douleur me rappelle à quel point j’ai échoué. Chaque jour, chaque minute… Elle me rappelle ma faiblesse, ma trahison … C’est ma pénitence…

Elle ne pipa mot, préférant signifier son assentiment d’un signe de tête. Cela ne la concernait pas, même si elle songeait que la douleur ne ferait qu’entretenir les émotions ce qui, hélas, offrait une route pavée au Côté Obscur. Mais elle pensait comprendre ce qu’elle voulait dire et ce qu’elle voulait ressentir…


- Tu m’as bien vu mon père et moi ? Je suis déjà en exil, depuis tout ce temps. Depuis que l’empire m’a jugé dispensable, depuis que la république m’a jugé de Sith. Mon foyer c’est l’espace désormais, je n’ai plus de maison Hayley. Je n’aspire qu’à la paix, je te le jure …

Là encore, elle ne fit aucun commentaire. Elle ne savait pas d’où elle venait et où elle allait, elle avait seulement proposé une solution hypothétique, l’ordre d’un possible pour lui permettre d’aller mieux.


- Soit nous utilisons la Force, soit nous sommes ses instruments c’est cela ? Mais pourquoi considérer que les deux séparés ? Pourquoi ne peut-on pas penser que nous sommes la Force, nous faisons parti de ce tout, de ce flux. Nous peuplons la galaxie et sommes bercés par les flux infinis. Sans les sensitifs, la Force n’aurait plus de sens. Invisible et froide, elle n’aurait plus la peine d’exister. Je pense que nous utilisons la Force autant que la Force «prévoit » d’une certaine manière nos actions. Je ne peux lier mon esprit à une case, non. Je veux croire que nous sommes unis dans un tout, un ensemble. Après …
- Tu as raison, nous sommes unis par un tout, ce tout c’est la Force et elle dirige nos actes de la naissance à notre mort. Le Jedi accompli Sa volonté quand le Sith l’utilise pour ses propres desseins. La Force a du sens grâce aux sensitifs, je te l’accorde, mais ces sensitifs sont là grâce à la Force. Nous sommes conséquences de la Force et de sa volonté. A tout instant elle nous guide vers le chemin que nous croyons être juste, là où tu fais une erreur, c’est lorsque tu penses que sans nous, la Force n'existerait pas, mais ton raisonnement est faussé : la Force est un ensemble, un fluide qui nous traverse tous mais qui trouve un moyen de s’exprimer avec plus d’intensité via les sensitifs et les midi-chloriens, mais encore une fois elle est à l’origine de tout et nous ne sommes qu’une conséquence de sa volonté. C’est en tout cas le sentiment que j’en ai, Helera. Je ne pense pas qu’un entre-deux soit possible, bien souvent il mène au Côté Obscur, parce qu’on se laisse aller à la facilité, hélas… Mais ce n’est qu’une pensée générale et je reste attentive à l’introduction de nuances ou d’exceptions.

Hayley adressa un pâle sourire à Helera, son but n’était pas de la mettre à mal, mais de donner là encore son opinion. On pouvait deviser tant qu’on voulait de philosophie dans l’appréhension d’un monde, restait qu’on touchait là à quelque chose de personnel et de résolument sacré en ce qu’il s’attaquait justement à des convictions profondes, mais Helera était comme Hayley : elle avait été le fruit de diverses sensations, expériences et influences qui l’avait conduite à penser d’une certaine façon, c’est pour cela qu’Hayley était persuadée qu’au final il n’y avait pas de volonté propre, seule la Force. Helera aborda un point délicat :


- Cela ne te plaira pas, mais je connais des pouvoirs du côté obscure capable de soigner, et sans rendre fou l’hôte. Sans même y laisser de son âme. Je connais également des pouvoirs lumineux capables de détruire. Parce que tout n’est pas fixé, tout n’est pas à ranger dans une case. En revanche, oui je suis d’accord avec ta dernière interprétation. Nous n’avons pas la connaissance nécessaire en tant qu’entité vivante de comprendre la Force. Pas avant de l’avoir rejointe, du moins.
- J’aimerais que ce soit aussi simple Helera, mais ça ne l’est pas. J’ai goûté au Côté Obscur, je sais qu’il est plus insidieux que des marques aussi visibles que la douleur ou la folie. Il est possible que de tels pouvoirs existent pour le Côté Obscur, mais ces pouvoirs ne font que t’enfoncer un peu plus dans le Côté Obscur justement, te rendant toujours plus apte à basculer et à t’enfoncer pour ne jamais en revenir. Quand aux pouvoirs du Côté Lumineux...je ne connais aucun pouvoir du Côté Lumineux qui tue. Aucun. Parce que c’est là bien tout le sens qu’on peut donner à ces deux côtés : l’Obscur prends quand le Lumineux donne. L’un est égoïste, l’autre est altruiste. Le Côté Obscur détruit alors que le Côté Lumineux préserve et protège.

Mais elle fit silence, laissant la parole à Helera qui lui parlait enfin de cet Ordre Gris dont elle n’avait jamais entendu parler jusqu’alors :


- L’ordre gris était en premier lieu un refuge pour ceux qui ont été rejetés par les ordres. Et j’ai bien dit, les ordres. Des gens élevés dans l’obscurité qui voulait consacrer leur destin à une cause plus grande, comme des Jedi. Les Jedi pensent que c’est un ordre qui étudie les deux « côtés » de la Force. Or, les études de la Force dans son intégralité sont réservées à une élite. Ils apprennent aux jeunes une partie des préceptes des anciens Jedi, mais ils étudient également la manière de vivre avec ses tourments, bien avant que ceux-ci ne les transforme en pantin obscure. Un général avait parlé il y a quelques temps au sénat pour tenter de les faire régulariser devant la république. Ma foi, ce fut une sacrée mascarade. Les Jedi ont pris un coup à leur réputation et l’interdiction du port du sabre leur est toujours réservée. Tout le monde a été perdant dans l’histoire…

Hayley garda le silence, la laissant expliquer de bout en bout tout cela. Elle devait le reconnaître, cet Ordre Gris avait attisé sa curiosité, elle avait déjà entendu parler d’autres ordres ou peuplades qui étaient versés dans la contemplation de la Force et en avaient tirés des enseignements personnels, tels que les Jensaraai ou encore les Soeurs de la Nuit, mais elle faisait partie de ces êtres toujours réceptifs aux autres cultures et était très attirée par la connaissance de celles-ci, les appréhender parvenait toujours à révéler quelques détails intéressants. Pourtant la tirade de Helera laissait plus de place aux questions qu’à des éclaircissements, qu’à cela ne tienne : elle pousserait le vice de la curiosité pour obtenir ses réponses :


- Intéressant… Mais comment garder le contrôle sur le Côté Obscur ? Comment empêcher les vôtres de sombrer ? Comment fonctionnez-vous ? Et...quels sont vos objectifs ?

Elle avait beaucoup de réserves sur certaines choses, notamment sur le fait qu’elle avait dit qu’ils accueillaient des personnes venu de tous les Ordres, ce qui impliquait potentiellement des Sith, mais elle préférait écouter avant de conclure, en l’état.