- jeu. 11 mai 2017 01:20
#27985
La masse peu glorieuse qu'était le HIMS Duty se rapprochait lentement du dock des chantiers de Yaga Minor qu'on lui avait attribué. Ce vaisseau avait été créé pour une autonomie de neuf mois, ors cela en faisait huit qu'il n'avait pas touché un dock. Plus les années qu'il avait déjà en service, le Duty avait besoin d'une bonne révision. Et celle-ci prévoyait d'être longue. Les radoubeurs ne devaient pas être très impatient de voir ce vaisseau s’amarrer ; ils n’aimaient jamais les révisions trop longues. En général, elles étaient synonyme de gros soucis…
La passerelle était silencieuse. Le second du vaisseau ainsi que l'officier de navigation étaient concentrés sur les manœuvres d'amarrage sous l'œil attentif du commandeur Theisman-Harrington qui observait debout les relevés s'affichant sur l'écran principal du pont. On aurait entendu une mouche voler, et gare à celui qui éternuait. Car cette manœuvre serait la dernière de cet équipage avant les différentes mutations, aussi avait-elle voulu leur faire un exercice de dernière minute. Quelque chose qui demanderait une bonne dose de concentration et une très bonne communication entre les officiers : un amarrage « manuel ». Ce type d’exercice était extrêmement rare, car dangereux et, pour être honnête, sans réelle utilité que de donner des sueurs froides au navigateur principal. Dans ces conditions, pas de rayons tracteur partant de la station pour amener doucement le vaisseau à son dock. A cet instant précis, les membres de la passerelle contrôlaient la manœuvre. Jadonna sourit intérieurement aux cheveux blancs que l’équipe de la station devaient être en train de se faire. Car le commandant d’un vaisseau avait parfaitement le droit de demander ce type d’exercices si l’équipe d’amarrage des docks le jugeait sans danger. Autant dire qu’ils trouvaient la plupart du temps tout un tas d’excuse bidon. Mais pas là.
- Cinq secondes pour renversement..., annonça l'officier en second.
- Cinq secondes. Oui, monsieur, répondit automatiquement le lieutenant de quart.
Cinq secondes s'écoulèrent. Lente. Très lente. Nombreux était ceux qui pensait pouvoir aller plus vite à vélo qu'un vaisseau en phase amarrage à un dock. Et il fallait l'avoué ; pour un observateur extérieur, ces manœuvres étaient interminable à souhait. Elles n'en nécessitaient pas moins une attention toute particulière pour ceux qui les exécutaient. En manuel, il n’y avait pas de seconde chance. Une simple erreur de calcul, un dixième de degré non correct et l'on courrait à la catastrophe : les alarmes de proximité se mettraient à sonnés telles les cœurs de l'Enfer et avant qu'on puisse y changer quoi que ce soit, la proue du navire percuterait les fragiles docks à une vitesse de plus de 30 mètres par seconde. A partir de là ce ne serait que dévastation dans le secteur. La partie du dock touché serait ouvert à l'espace, et même si les systèmes de fermeture automatique fonctionnaient correctement en fermant les portes pressurisées reliant le dit secteur détruit aux autres, les pertes humaines se conteraient déjà en milliers et les dégâts en millions. Et ça ne serait pas finis, oh non ! Le vaisseau incontrôlable, continuant sa course en avant, s'affligerait des dégâts de plus en plus importants, risquant d'exploser, emportant avec lui une bonne partie de la station, les vaisseaux amarrés ainsi que ceux de passage se trouvant au mauvais endroit, au mauvais moment. Tout simplement. Le tout en quelques minutes.
Autant dire que personne sur cette passerelle ne voulait être celui qui allait foirer quelque chose.
- Renversez.
- Tangage de la proue à 1/2 positif, annonça le lieutenant debout derière les officiers nav'.
Au même moment, Jadonna observait les relevés défilés sur l'écran, accompagnant des images en temps réel de face et de profil du Duty, retranscrivant sa manœuvre. Elle jeta un coup d'œil rapide au reste de la passerelle. Des ordres flottaient dans tout les sens avec précision et sans précipitation. Tel un bruit de fond, ce léger brouhaha prouvait le professionnalisme et la réactivité des officiers. Une preuve de plus s'il en fallait de la qualité de la Flotte Impériale. Satisfaite, elle retourna son attention sur l'écran, les mains jointes dans le dos.
- Tangage de la poupe à 1/4 négatif, continuait l'officier. Inclinaison de proue, 3/4 négatif.
Les données continuaient de défilée devant Theisman et le vaisseau à se positionner sur le dock.
Peut-être un tantinet trop vite désormais.
- Inversion propulseur, ordonna-t-elle doucement. Vitesse : 0.5 négatif.
- Correction propulseur effectuée, madame, lança le lieutenant.
- Commandeur, la vitesse est de 0.5 négatif, confirma l'officier en second.
Tout ça, Jadonna le voyait déjà sur l'écran. Mais c'était justement ces répercutions et confirmations d'ordres que trouvaient ennuyeux les personnes extérieure à la Navy qui faisaient de la Flotte Impériale un service d'exceptions. On était sur un vaisseau de l'Empire, pas dans une quelconque foire aux bestiaux de Chandrilla.
Le Duty se rapprochait, l'ordre donné précédemment le ralentissant juste ce qu'il fallait pour qu'il vienne s'amarrer en douceur le long du dock. Ce ne fut qu'une fois le vaisseau stoppé et l'accès aux sas du chantier verrouillé que l'on put entendre des soupirs de soulagement et des rires nerveux s'échapper de quelques personnes. L'air du pont fut d'un coup moins tendu. Même Jadonna ne put s’empêcher d’avoir un léger mouvement de lèvre qui, s’il avait été jusqu’au bout, aurait ressemblé un signe de satisfaction. Plus envers ses subalternes qu’envers elle-même. Car si elle ne le montrait que très peu ou dans les cas nécessaire au moral de l’équipage, elle était extrêmement fière de chacun d’entre eux. L'arrêt des machines fut confirmé et Jadonna ordonna que l'on note l'arrimage au journal de bord et que le contrôle du dock soit prévenu que tout était en ordre pour le radoub et la passation de commandement. Dans quelques heures, elle ne serait plus la seule maîtresse à bord après l’Empereur. Puis elle fit signe à l'officier com' de la passer sur haut-parleur.
- Mesdames et messieurs, ici votre commandant. Je voulais vous dire que cela a été un plaisir et un honneur de servir à vos côtés. Bonne chance pour vos prochaines affectations.
Une salve d’applaudissement retentit sur la passerelle. C'était la fin d'une époque. Plusieurs officiers se levèrent et se saluèrent entre eux. Theisman leurs lança un léger signe de tête, se rapprocha de son second et lui serra la main. Puis elle fit le tour de la passerelle, esquivant les accolades que les officiers se faisaient, pour aller féliciter les plus anciens et encourager les plus jeunes. Se rappelant soudain qu'elle avait quelque chose d'inestimable dans sa poche droite, elle y plongea la main et en sortit un cigarillo Corellien. Une petite hésitation et finalement un briquet en argent dont les armoiries Theisman-Harrington se trouvaient gravées se retrouva entre ses doigts. Avec un petit sourire au coin des lèvres, elle y glissa le cigare qu'elle alluma.
On n’allait pas le trainer en justice pour ça désormais.
La passerelle était silencieuse. Le second du vaisseau ainsi que l'officier de navigation étaient concentrés sur les manœuvres d'amarrage sous l'œil attentif du commandeur Theisman-Harrington qui observait debout les relevés s'affichant sur l'écran principal du pont. On aurait entendu une mouche voler, et gare à celui qui éternuait. Car cette manœuvre serait la dernière de cet équipage avant les différentes mutations, aussi avait-elle voulu leur faire un exercice de dernière minute. Quelque chose qui demanderait une bonne dose de concentration et une très bonne communication entre les officiers : un amarrage « manuel ». Ce type d’exercice était extrêmement rare, car dangereux et, pour être honnête, sans réelle utilité que de donner des sueurs froides au navigateur principal. Dans ces conditions, pas de rayons tracteur partant de la station pour amener doucement le vaisseau à son dock. A cet instant précis, les membres de la passerelle contrôlaient la manœuvre. Jadonna sourit intérieurement aux cheveux blancs que l’équipe de la station devaient être en train de se faire. Car le commandant d’un vaisseau avait parfaitement le droit de demander ce type d’exercices si l’équipe d’amarrage des docks le jugeait sans danger. Autant dire qu’ils trouvaient la plupart du temps tout un tas d’excuse bidon. Mais pas là.
- Cinq secondes pour renversement..., annonça l'officier en second.
- Cinq secondes. Oui, monsieur, répondit automatiquement le lieutenant de quart.
Cinq secondes s'écoulèrent. Lente. Très lente. Nombreux était ceux qui pensait pouvoir aller plus vite à vélo qu'un vaisseau en phase amarrage à un dock. Et il fallait l'avoué ; pour un observateur extérieur, ces manœuvres étaient interminable à souhait. Elles n'en nécessitaient pas moins une attention toute particulière pour ceux qui les exécutaient. En manuel, il n’y avait pas de seconde chance. Une simple erreur de calcul, un dixième de degré non correct et l'on courrait à la catastrophe : les alarmes de proximité se mettraient à sonnés telles les cœurs de l'Enfer et avant qu'on puisse y changer quoi que ce soit, la proue du navire percuterait les fragiles docks à une vitesse de plus de 30 mètres par seconde. A partir de là ce ne serait que dévastation dans le secteur. La partie du dock touché serait ouvert à l'espace, et même si les systèmes de fermeture automatique fonctionnaient correctement en fermant les portes pressurisées reliant le dit secteur détruit aux autres, les pertes humaines se conteraient déjà en milliers et les dégâts en millions. Et ça ne serait pas finis, oh non ! Le vaisseau incontrôlable, continuant sa course en avant, s'affligerait des dégâts de plus en plus importants, risquant d'exploser, emportant avec lui une bonne partie de la station, les vaisseaux amarrés ainsi que ceux de passage se trouvant au mauvais endroit, au mauvais moment. Tout simplement. Le tout en quelques minutes.
Autant dire que personne sur cette passerelle ne voulait être celui qui allait foirer quelque chose.
- Renversez.
- Tangage de la proue à 1/2 positif, annonça le lieutenant debout derière les officiers nav'.
Au même moment, Jadonna observait les relevés défilés sur l'écran, accompagnant des images en temps réel de face et de profil du Duty, retranscrivant sa manœuvre. Elle jeta un coup d'œil rapide au reste de la passerelle. Des ordres flottaient dans tout les sens avec précision et sans précipitation. Tel un bruit de fond, ce léger brouhaha prouvait le professionnalisme et la réactivité des officiers. Une preuve de plus s'il en fallait de la qualité de la Flotte Impériale. Satisfaite, elle retourna son attention sur l'écran, les mains jointes dans le dos.
- Tangage de la poupe à 1/4 négatif, continuait l'officier. Inclinaison de proue, 3/4 négatif.
Les données continuaient de défilée devant Theisman et le vaisseau à se positionner sur le dock.
Peut-être un tantinet trop vite désormais.
- Inversion propulseur, ordonna-t-elle doucement. Vitesse : 0.5 négatif.
- Correction propulseur effectuée, madame, lança le lieutenant.
- Commandeur, la vitesse est de 0.5 négatif, confirma l'officier en second.
Tout ça, Jadonna le voyait déjà sur l'écran. Mais c'était justement ces répercutions et confirmations d'ordres que trouvaient ennuyeux les personnes extérieure à la Navy qui faisaient de la Flotte Impériale un service d'exceptions. On était sur un vaisseau de l'Empire, pas dans une quelconque foire aux bestiaux de Chandrilla.
Le Duty se rapprochait, l'ordre donné précédemment le ralentissant juste ce qu'il fallait pour qu'il vienne s'amarrer en douceur le long du dock. Ce ne fut qu'une fois le vaisseau stoppé et l'accès aux sas du chantier verrouillé que l'on put entendre des soupirs de soulagement et des rires nerveux s'échapper de quelques personnes. L'air du pont fut d'un coup moins tendu. Même Jadonna ne put s’empêcher d’avoir un léger mouvement de lèvre qui, s’il avait été jusqu’au bout, aurait ressemblé un signe de satisfaction. Plus envers ses subalternes qu’envers elle-même. Car si elle ne le montrait que très peu ou dans les cas nécessaire au moral de l’équipage, elle était extrêmement fière de chacun d’entre eux. L'arrêt des machines fut confirmé et Jadonna ordonna que l'on note l'arrimage au journal de bord et que le contrôle du dock soit prévenu que tout était en ordre pour le radoub et la passation de commandement. Dans quelques heures, elle ne serait plus la seule maîtresse à bord après l’Empereur. Puis elle fit signe à l'officier com' de la passer sur haut-parleur.
- Mesdames et messieurs, ici votre commandant. Je voulais vous dire que cela a été un plaisir et un honneur de servir à vos côtés. Bonne chance pour vos prochaines affectations.
Une salve d’applaudissement retentit sur la passerelle. C'était la fin d'une époque. Plusieurs officiers se levèrent et se saluèrent entre eux. Theisman leurs lança un léger signe de tête, se rapprocha de son second et lui serra la main. Puis elle fit le tour de la passerelle, esquivant les accolades que les officiers se faisaient, pour aller féliciter les plus anciens et encourager les plus jeunes. Se rappelant soudain qu'elle avait quelque chose d'inestimable dans sa poche droite, elle y plongea la main et en sortit un cigarillo Corellien. Une petite hésitation et finalement un briquet en argent dont les armoiries Theisman-Harrington se trouvaient gravées se retrouva entre ses doigts. Avec un petit sourire au coin des lèvres, elle y glissa le cigare qu'elle alluma.
On n’allait pas le trainer en justice pour ça désormais.
Le charme d'Alderaan au coeur de l'Empire.