L'Astre Tyran

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By L'Ombre
#28263
« Qui suis-je ? »

La pluie tombait en cascades, hallebardes prismatiques, petits miroirs de feuilles et de nuages menaçants, s'abattant sur mon corps comme il s'abattait sur mon âme. Une chose que j'avais depuis longtemps troquée contre l'ivresse partielle d'un pouvoir qui n'était jamais que prêté. J'avais vu de nombreux frères et de nombreuses soeurs se laisser aller dans un tourbillon d'ambitions qui les dépassaient tous, pour finir détruit par ceux qu'ils appellaient leurs ennemis. Bien mal leur en fit. Viser le néant, signifiait récolter le néant. On ne pillait pas impunément le Côté Obscur.

« Le Côté Obscur n'est pas mon allié. »

*Slash !*

Je châtie ma chair. Au filet carmin qui s'écoule de mon dos s'ajoute la douceur froide de la pluie estivale, de celle qui point une fois durant le mois, quand la chaleur ne peut que vouloir cesser d'abattre ses tentacules de chaleur sur des insectes geignards.

« Je suis Son esclave, il est Mon Maître. »

*Slash !*

Par une volonté que rien n'ébranlait, un feu de fausse joie léchait un bois qui n'existait pas, sous mes yeux concentrés, dont l'intégrité ne tenait que dans une Force que je puisais des fibres qui avaient accepté de me donner leur vitalité, pour l'offrir en fumée au ciel vengeur. La chose tendue au milieu voyait ses lignes vitales devenir comme lave en fusion, bouillonnant d'une rage indiscible que j'alimentais de mon esprit sans paix. Jamais je n'avais pillé le Côté Obscur. J'avais infléchi mon esprit à ses directives, et je récoltais les brides de ce qu'il me dispensait. Je n'avais jamais voulu tirer de force supplémentaire qu'Il n'aurait consenti à me céder. J'étais pour lui le disciple idéal.

« Au Maître de Ce Qui N'Est, j'offre mon tribut, témoignage dérisoire de mon indéfectible loyauté... »

*Slash !*

De ce rituel, je redevenais pur, aussi pur que cette pluie cristalline qui s'étendait jusqu'à l'horizon, implacable et affolante. je devinais plus loin les inondations, les meurtres discrets et la puanteur de l'adultère nettoyée. La pluie précédait et se vivait de malheurs ordinaires, quand tous voulaient lui donner un rôle de libératrice minérale.

« Puisse-t-Il trouver dans ces chairs pourries ce qu'Il désire... »

Et, pour une brève fois, encore, je l'entendis répondre à mon appel. D'un orange vivace, je vis le feu darder des flammes couleur de sang. L'épaisseur de ce corps élémentaire devint flou et transparent, et il semblait qu'un visage de brume trouvait son chemin au coeur des braises ardentes. Sa venue venait à un prix. Je laissais ma joie à un coin refoulé de mon être, dans un endroit qui ne serait qu'à jamais verrouillé, lachait mon Chat à Neuf Queues et posait à plat ma main maîtresse sur la tige de bois ardent, accueillant sa morsure thermique comme l'homme fébrile attend sa douce amante dans le temple de sa perversité.

Va là où le Ciel se couche au matin et se lève au soir,
Va là où le Savoir se mesure en vide et se moque en volume,
Va là où la fin n'était qu'un début de tout, et où le commencement n'annonçait qu'un glas,
Va là où celui qui ployait était celui qui se fut recouvert par la nature.
Va là, et offre-moi un festin que nous épancherons avec le Vin versé depuis sa coupe millénaire...


Et, comme il fut arrivé, ainsi fut-il parti. Je m'habillais en hâte, prenait la bête qui ne flambait que par à-coups, et laissait soin au don du ciel de nettoyer le cerceau de feu que je laissais derrière moi, à consummer trop vite une forêt, et me drigeait vers un point que je savais être un lieu de départ pour ceux qui cherchaient à se soustraire aux regards.




ImageTrois mesures. Quatre temps par mesure. Un manichéisme avillissant s'emparait des masses aussi sûrement que le futé prion se frayait son chemin dans les réseaux neuronaux des êtres trop sûrs d'eux. J'observais avec attrait un groupe d'individus charger et décharger des containers, cubes grisâtres griffés et grinçants, dans la soute de ce que je devinais être un appareil de voyahe hyperspatial. Marchandise légale ? Statuettes exotiques volées ? Qu'importe. L'heure n'était pas aux questions de seconde zone.

Je laissais ma besace pendre à mon flanc, petit attirail ambulant de brocard gris foncé, tâché par le temps, le sang et l'eau, contenant ce qui constituait mon espace de vie, de recherche, et de patience. Une existence se parcourait dans la fouille grossière de son contenu, un univers se détachait d'une fouille minutieuse. J'admirais avec aisance l'essence qui se dégageait de ce qui avait longtemps été ma propriété. Pour peu que je considérai une chose comme mienne, fût-ce une pierre ramassée sur le bas-côté. Les choses s'appartenaient toutes à elle-même, s'en improviser le maître ne relevait que d'un accord tacite bilatéral. Tout esclave pouvait prendre, d'une façon ou d'une autre, sa liberté. Ce qui était régi par la Force était vivant. Et tout était régi par elle. Roche, bois, feu, vent...

Je serrais ma main maudite autour de qui était, à son heure, le résidu partiel de ce qui autrefois était vivant. Dans notre nature de non-mort, de cadavres qui marchent, nous étions tous deux monstrueusement égaux.

« Chaos, et Ruines. »

D'un pas sûr, je m'avançais depuis la lisière des bois, qui bordait la ville ruisselante d'une pluie bienvenue, ses racines plantés à grand peine dans l'élément poreux qu'était le permabéton trop vieux et trop mal accompli. Ma bure déchirée soulevait son voile sans profondeur à mesure que les bourrasques se remplissaient de leurs caprices,

« ... Outch ! Avec celui-là, ça fait quarante-quatre. »
« Ah... qu'est-ce qu'on fait ? On relance de quinze ? »
« Ca ne sera pas de trop je pense... un peu d'beurre dans les épinards comme on dit. »

Il se tourne. Il me voit. Il va parler.

« Chuuut... »

Ma main droite sort du confort de sa manche caverneuse, déploie un doigt long et fin, à la peau nacrée et froissée, feuille de papier couvrant un petit appendice de bois dur plâtré, et mon ongle touche son nez, alors que l'index trouve le moyen de sceller à la transversale ses lèvres charnues. Il me fixe. Il ne pippe mot... il tremble tout d'un coup. Je le vois faire couler un peu d'iode mêlée d'eau depuis son oeil hagard... je sens l'odeur si constante des urines qui tracent leur chemin sur les lignes fines des tissages de leurs braies brunes. Il tord sa fente bouffie, il ferme les yeux. Il pleure et gémit, alliant sa sombre pensée à sa lourde conséquence. Il tombe à genoux, porte ses bras à sa tête.

Il hurle, il ne veut qu'on lui fasse de mal.

« Faire le mal, dis-tu ? »

Je pose ma main sur son épaule secouée. Ses fluides s'échappent de son corps de concert, petite troupe maintenue prisonnière dans un endroit sombre, n'attendant qu'un instant pour pousser la double porte fermée d'une barre de fer. Barre que, dans ma mansuétude, je venais de faire voler en éclat.

D'un coup sec, plantais-je bâton en sol, et de ma main noircie par la maladie, je tendais un second index, dont l'ongle effilé se transforma pour lui en un poignard languissant, que je posais à pointe sur son cou dégarni.

« Le Mal, mon ami... n'est qu'un outil. En rien une finalité. Te faire du mal, ce n'est que se faire instrument de ton destin. »

D'une pression, je perçais sa toison rosée, et offrit à sa tenue sans manche et sa chemise claire une rivière qui allait offrir à cette plateforme une magnificience bordeaux, au milieu de ces flaques claquantes que la pluie ne daignerait pas faire disparaître.

Je portais alors mon doigt à ma bouche désireuse, goûtait à l'exquise intensité cuivrée qui darda ma langue de son amère acidité... Le sang revêtait pour Lui une valeur qui ne s'achetait pas en lingot. Une offrande en sursis se tapissait dans l'ouverture du vaisseau long-courrier qui allait bientôt servir de colis-express pour une destination qu'il valait mieux garder sous silence.

« Ah. Une femelle. »

Les courbes, le visage en amande et le large bassin la désignait comme une fière reproductrice.

« Tu seras celle qui mourra, satisfaite d'avoir servi Celui Qui N'Est. »

Les fluides avaient accompli leur fineste besogne sur cette représentante d'une espèce perdue depuis longtemps dans les limbes de la luxure et de la débauche, ses appendices crâniens tombant sur sa poitrine qu'elle ne mettait que par trop en valeur, tentative pathétique de se sentir exister, ne serait-ce que sous les regards libidineux des mâles humains en recherche de frissons exotiques.

« Tu me conduiras sur celle qui, autrefois, hébergeait la vérité sur le temps et l'espace, dispensatrice d'un savoir décrié. »

Une caresse, douce, d'un bâton de charbon, qui lui brûla sa fragile peau bleue au niveau du menton, acheva de la convaincre de son noble destin.

« Conduis-moi sur celle que jadis, nous appelions... Dromund Kaas. »
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By L'Ombre
#28272
« Je dois me reposer... »

Tsssss... Se reposer ? Qu'était-ce à dire ?

« Te reposer ? Suis-je fatigué moi-même ? Je ne dors jamais, créature fornicatrice. Tu en feras autant. Et un jour, peut-être, seras-tu capable de te demander comment as-tu pu perdre autant de temps à une activité aussi triviale. »
« Hmmm... je ne sais pas si vous dormez ou pas, je sais juste que moi, je suis fatiguée... JE VEUX ME REPOSER ! »

Hurler ? Sur moi ? Quelle idiotie. D'un coup ferme, je bondissais de l'entrée du cockpit où je restais debout depuis presque une dizaine d'heure, et je me plaçais derrière la femelle bleue, et glissait doucement sous son cou de douce texture ma main purrulente qui vint la mettre en contact avec un concentré de bubons puants. La chose insolente se tut d'un coup, et mon majeur tressotant put capter une lourde boule aller et venir une fois sur la gorge de la femme sacrilège. La pauvre déglutissait. Personne ne soupçonnait jamais que je fus capable, d'une pincée de doigt, de broyer une nuque. Et pourtant chacun découvrait, en son temps maudit, que des légendes à la réalité, il ne suffisait que d'une personne.

« Le repos... Qu'escomptes-tu faire d'un repos ? Escomptes-tu dormir, et te plonger dans un sommeil sans rêve que tu imploreras d'être réparateur ? Escomptes-tu t'enfermer dans un endroit et abandonner ici ta tâche de cet instant ? Escomptes-tu t'offrir un dernier instant d'intimité avant ce que tu sais être ta fin... proche ? Escomptes-tu me retirer le droit de mettre fin à tes jours en procédant toi-même à l'initiative ? »

La poigne se referma... d'un pression malingre je passais à une contraction plus forte, et l'oxygène commença à se frayer un chemin paniqué vers la trachée comprimée de la sombre chose.

« Le repos ? Voilà bien une notion bien superflue. Qu'est-ce que le repos pour toi ? Un état de grâce entre deux séances de débauche sexuelle ? Un instant privilégié où chacun peut trouver un semblant de paix, petit exutoire avant de revenir à une vie morne, pour ne plus songer qu'à un destin fantasmé dans des conceptions de notre esprit, quand nous sommes assoupis ? »

Ma langue claquait à mesure que j'entrevoyais la crétinerie de cette femelle.

« Tu es bien hardie de penser que ta vie n'en sera pas moins misérable en te laissant aller à des trivialités... Mais puisque tu ne peux entrevoir ton existence sans ces visions, je me vais t'en donner un présent... »

Une traction, un bras tiré vers le haut, et ce qui était autrefois objet de désir n'était plus que poupée de chiffons qui se balançait à bout de bras. Les bruits de suffocation retentissaient en écho sur les parois de la bête de fer qui nous séparait d'un abîme de grand Rien, des bruits auxquels je ne trouvais qu'une trop légère délectation. Je couchais à terre la bête animée, posait un genou ferme sur son torse affolé, et porta en offrande ma main qui portait le sceptre que la nature m'avait confié à regret.

Et, d'un pression simultanée, j'ôtais la vue physique d'un morceau de chair qui se mit à hurler.




Elle ne cessait de geindre maintenant. La peur, la colère et le trouble généralisé de l'ancienne capitaine provoquaient des doux frissons à mon échine. Ses orbites vides laissant place à des petits globules visqueux sans intérêt semblaient provoquer en elle un désarroi que je ne comprenais pas. Libérée d'un sens physique, elle avait désormais accès un sens métaphysique, sa vision pouvant maintenant se développer non plus à travers ses yeux mais à travers son esprit. Elle ne prendrait guère de temps à s'adapter à son nouvel état et à tenter d'agir. Me tuer, se tuer, qu'importait la portée de son acte. Elle ne paraissait pas consciente de ce qu'elle était pour moi à cet instant. Son amalgame de puissants sentiments faisait d'elle un phare d'obscurité en pleine lumière, une bouée de perte au milieu d'un océan de sauvetage. Son cerveau déguindé était comparable au mien à cette diode bleu qui clignotait sur une carte galactique en plexiglas qui servait de repère pour le vaisseau. Avec cette balise GPS que je ne pourrais jamais manquer, quand bien même l'aurais-je voulu, sa présence et ses intentions me seraient toujours ouvertes. Je la savais à se lamenter sur sa couchette de fortune, à savoir une cabine sombre qui servait de réceptacle à divers outils d'entretien et de nettoyage. Une remise pour les balais en quelque sorte.

Confinée dans un espace aussi restreint pouvait aussi la rendre allergique aux espaces confinés. Excellent. Son esprit ne serait plus en état de résister à la moindre invective par la suite.

Je découvrais de nouveau le voyage hyperspatial, debout devant les consoles principales. Les voyants s'allumaient, s'éteignaient, clignotaient, les jauges baissaient et montaient, la destination était déjà enregistrée. Le vaisseau n'avais rien d'autre à faire que se laisser guider.

Dromund Kaas n'était pas un terrain facile à connaître. La planète en elle-même ne revêtait aucun intérêt pour le commun galactique, servant parfois de passerelle pour des brigands en maraude. Le voyage serait long, mais le temps était sans importance. Patiemment, j'entrepris d'ôter au cockpit ses sièges encombrants. Boulon par boulon, par la seule force de ma volonté. Le faux cuir fut arraché de mes mains griffues, les commandes inutiles jetés dans un orifice qui expulserait les éléments dans l'espace profond, laissés à la dérive durant des milliards d'années d'errance, jusqu'à la rencontre funeste avec un corps insouciant, les deux se rencontrant à des vitesses que la nature ne pouvait tolérer, et qui se désintégraient mutuellement. Une destruction consentie par le vide spatial sur des milliards de générations. Un destin fatal, décidé depuis l'aube des temps.

C'est quand je sentis un vide dans le vaisseau que je prenais conscience que j'avais passé trop de temps à méditer. Selon l'horloge galactique, je venais de me plonger dans une méditation si profonde qu'elle avait duré quatre jours. Sans s'alimenter, bouger ou penser. Le vide total avait pourtant un coût, et je devais à tout prix acquérir une ressource vitale pour subsister encore un temps. Le Côté Obscur arrivait à gommer les besoins fondamentaux avec lesquels j'étais né, mais je savais que j'avais encore beaucoup à apprendre de lui.

Devant moi trônait toujours ce cylindre haut perché, qui s'était éteint, faute de fureur dont s'affamer.

« Il est un manque dans cet ensemble... »

Quelque chose en effet vait disparu. Fichtre, je l'avais oubliée.

Une lourde matraque de fer s'abattit sur mon épaule... une soudeuse à pointe à en croire l'aspect pénétrant et effilé de la chose. Le coup venait alors que j'étais à genoux, hors de mes vêtements, le corps à nu dans un cockpit sans siège. Je fis alors ce que je ne pouvais que faire.

Je restais à genoux, et accueillait les coups, sans un bruit. Le bruit de chair pénétrée s'égayait dans l'habitacle, les coups fusaient, mais jamais je ne bronchais.

« Mais... mais... Pourquoi, pourquoi tu ne hurles pas ? »

Ensuite, plus un coup. Un rire, ensuite... oh, croyait-elle donc m'avoir tué ? Idiote. Elle n'avait pas prit le temps d'observer de sa cécité ce qui était mort ou vivant. Pourtant, des tas d'indices le lui auraient permis.

Aucun potentiel.

« Sache une chose, enveloppe charnelle... »

Je glissais sur le côté, fauchais de ma jambe étendue les siennes, la faisant tomber lourdement, et me mettait à cheval sur elle alors qu'elle se débattait, maintenant impuissante.

« ... que chaque coup que tu portâs ne fît que me renforcer. A ton contraire, j'ai depuis longtemps abandonné les privilèges du moindre mal... »

Je me penchais alors sur son visage que je fixais de ma main ferme.

« ... pour accueillir, comme une vieille amie, le supplice du corps... »

Et, doucement, je plongeais ma main dans sa gorge.




Le vaisseau se détachait sur fond de jungle, petite aspérité grisée sur un sol noirci et recouvert de plantes voraces qui avaient, le temps aidant, reprit leurs droits sur ce qui autrefois constituait leur empire. Les diodes qui depuis des siècles ne brillaient plus étaient maintenant autant de nids pour des scorpions saturés de puissance. Le Côté Obscur, comme en tant d'endroits, était puissant. La faune, la flore, tout en était saturé, délicieusement vicié.

Tout y était beau.

« Nous sommes arrivés. »

Elle n'écoutait plus maintenant. Elle gisait, là, langue pendante, le torse ouvert en Y, vêtements du haut arrachés. Le galbe de sa poitrine était désormais semblable à une rature dans le marbre après un accès de folie de son tailleur, deux fines coutures descendant de ses muscles sterno-cléïdo-mastoïdien à la pointe de ses tétons, maintenant devenus îlots fracassés, son torse maintenant ouvert comme la languette d'une pochette-surprise. L'odeur de pourriture avait commencé à se répandre dans tout le vaisseau, et le travail de décomposition allait bientôt commencer. Dans cette jungle étouffante, sous une chaleur estivale assassine, le résultat serait à la hauteur de l'image que j'en projetais. Je laissais les portes ouvertes, je coupais le générateur de ce vaisseau, qui devint alors pierre plate posée sur du vieux permabéton, et laissait ouverte l'accès à l'extérieur, ouvrant les coursives aux quatre vents. Puis, je respirais un grand coup, mon corps nu se laissant porter par la brise chaude et étouffante. Le Côté Obscur n'était pas juste un locataire ici.

Il était propriétaire. Et je Le sentais.
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By L'Ombre
#28298
L'odeur persistait, mais son omniprésence commençait à créer une sensation de malaise et d'étourdissement. L'avancée, d'abord rapide, avait fini par allourdir mon pas, et me faire ressentir la chaleur de l'environnement impitoyable, dont chaque branche, chaque pierre, chaque insecte conspiraient à mi-mots pour provoquer ma chute, à moi, Celui Qui Marche. Les choses ici avaient un aspect vivant vivace qui n'était pas sans rappeler les effets secondaires d'un trop-plein de pouvoir laissé ouvert à toutes les mains baladeuses, y compris les racines plantureuses d'une nature sans tabou. La chaleur commençait à coller le tissu adipeux sur ma peau huilée de sueur, mais je gardais la tête haute. L'allonge de mes pas gardait sa constance fulgurante, mais mes muscles, d'ordinaire si habiles, semblaient mettre un holà soudain, sorte de cri silencieux pour me sommer de ne pas avancer. Je n'y prêtais pas attention sur l'instant. Mais après près de 6 heures de marche, je commençais à ressentir ce que j'avais cru avoir oublié durant tant de temps. Je retrouvais la fatigue, moi, halletant, ainsi que ses effets secondaires qu'étaient transpiration et tension musculaire.

Mais pire encore... j'avais faim. Et soif. Je ne me nourrissais que frugalement d'ordinaire, et mon dernier repas devait remonter à plusieurs jours maintenant. Et en guise de boisson, j'avais trempé mes dents limées dans le torse de ce qui jadis, se jaugeait à son con. Le soleil ocre frappait durement, son reflet giclait sur les feuilles luisantes d'une végétation gorgée de nutriments naturels ou non, et bientôt je dus avancer sourcils froncés. Mes pas devenaient lourds, de plus en plus lourds, alors que je savais mon chemin encore long de quelques 50 kilomètres. Un temps, à bout de force, après encore 2 heures de ce qui grandissait pour devenir calvaire, je stoppais mon chemin au milieu des brindilles tordues. Avancer était devenu une grande difficulté. Le moindre geste semblait aussi pataud et lent qu'un pas de géant, et bientôt je ne pûs que me résigner à m'arrêter.

Cette fatigue était surnaturelle. Il ne pouvait en être que responsable. Et j'envisageais à présent de stopper là ma course. Et de découvrir la raison de cette épreuve.




La nuit était tombée lentement, et ma méditation n'avait rien apporté. S'y plonger n'avait pas été de tout repos, mais j'étais parvenu à faire abstraction de l'état physique étrange dans lequel j'étais, et cette jungle inquiétante avait laissé place à un univers de songes et de sombres pensées. Mais malgré tous mes appels, toutes mes suppliques, je devais me rendre à l'évidence. Il ne me répondrait pas. Pendant un instant, je me laissais aller à un certain désespoir.

Puis, très vite, j'avais émergé. Je me rendais compte alors qu'une araignée grosse comme un chat avait entreprit de me dévorer le mollet. J'attrapais ses deux mandibules supérieures et les arracher d'un coup sec, la faisait fuir de douleur dans un endroit plus calme. Je passais ma main sur la blessure purulente, et léchais ensuite mes doigts. Le goût salé et cuivré des fluides sanguins humains fit claquer mes papilles, et je semblais retrouver un peu de vigueur. Je me rendais compte alors de la portée de cette épreuve.

Durant tout ce temps, j'avais vécu, imprégné du Côté Obscur, le tenant, finalement, pour acquis. Quel manque d'humilité ! Je comprenais maintenant pourquoi Il restait silencieux à mes suppliques. La raison était double : je devais agir sans Lui dans un premier temps. Et pis encore : je L'avais supplié. Le Côté Obscur n'avait pas de patience pour la faiblesse et l'apitoiement.

Je me levais de ma position, en tailleur au milieu de deux grandes racines de palmier, et ôtait lentement mes habits. Ma bure tomba à terre, ma besace fut laissée en boule sur elle, et je déchaussais mes bottes de tissu renforcé au pied de cet arbre. Je ne pouvais aucunement oublier cet arbre maudit. Ce palmier avait peut-être autrefois été normal, mais à présent, il était tordu, ratatiné, mais surtout gigantesque, avec trois troncs principaux jumelées et torsadés depuis les racines imposantes qui portaient ce mastodonte aberrant. Sa silhouette perçait la cime des arbres et culminait vingt mètres au-dessus d'eux, toisant les feuilles en surplomb de son ombre gloutonne. Il se verrait de loin. Et j'avais confiance en une chose : le trajet se ferait vite.

J'hésitais d'abord, mais j'empoignais finalement mon bâton. Sa chaleur tueuse au creux de ma main me donnerait la rage nécessaire à parcourir un chemin qui pouvait encore me tuer, de soif ou de corps. Et, le coeur serré, je reprenais ma route vers le Temple Sith que je savais trôner au milieu de ces vignes brouillonnes. Mais, pour une raison que je savais ne devoir qu'à moi, le trajet se fit moins pesant. Et à mesure que j'avançais sans me soucier d'où venaient mes capacités, l'air devenait plus respirable, moins vivant.

Et bientôt, j'atteignais les portes brisées de ce qui était autrefois un haut-lieu de savoir et d'expériences.

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La cour, épaissie par des plantes voraces qui couvraient les fissures et les interstices des pavés marbrés, semblait maintenant ouvertes à tout, et j'éprouvais alors un grand sentiment de satisfaction. Un sentiment que je sentais presque aussitôt venir de sous mes pieds.

Quelqu'un, ou quelque chose, était content de mon arrivée.
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By L'Ombre
#28361
La cour antique s'étendait sous mes pieds meurtris, partant d'un début de jungle affublé d'un courant d'eau pure qui déboulait plus loin sur un lit taillé dans le roc, formant des rapides percés de lames de rasoirs rangées aléatoirement, comme un enfant sadique répand des clous sur le sol pour faire une farce. le monolithe se dressant là, scellé depuis des siècles, la mousse couvrant toute la façade de granit beige qui bâtissait subtilement une pyramide, pensée comme un holocron bâtard, héritage laissé là à la vue de ceux qui savaient où porter le regard. Des familles de petits animaux, allant du rongeur au petit animal des arbres s'égayaient dans la végétation dense et insouciante qui coulait autour de l'édifice qui allait retrouver un semblant de non-vitalité d'ici peu.

        « Me voilà, présenté à vous, dans la plus humble des apparences... »

Tombant à genoux devant ce que mes yeux voyaient comme une entrée, quand d'autres auraient vu une façade lissée, je posais en trois temps mes genoux au sol, mes mains au sol, puis mon front au sol. Bras écartés, ventre appuyé contre une racine saillante, yeux fermés, je me laissais aller à l'odeur envoûtante qui régnait en ce lieu, et laisser les esprits gardiens enfermés ici lécher mon corps mis à nu, dans une position de totale soumission à Celui Qui N'Est.

        « J'ai abandonné les artifices des oripeaux... Pour Vous.
        J'ai châtié ma chair et purifié mon esprit... Pour Vous.
        J'ai abandonné les plaisirs illusoires... Pour Vous.
        J'ai traqué et sacrifié les fausses idoles... Pour Vous.
        J'ai puni la faiblesse et bridé la force... Pour Vous.
        »

Une pause, toujours étendu au sol, comme une étoile de mer rosie. L'attente durait, et je ne sentais aucun changement notable dans l'atmosphère. Mon message avait-il été entendu ? Et si tel était le cas, pourquoi ne répondait-il pas ? Avais-je fauté quelque part en chemin ? M'étais-je rendu coupable d'un sacrilège sans que je l'eûs relevé ? Je commençais à patienter, sans espoir maintenant. D'une part de par le message qui semblait m'être laissé, d'autre part car je ne pouvais, ne devais, avoir aucune exigence vis-à-vis du Côté Obscur. Il choisissait et j'obéissais, s'Il estimait devoir se débarasser de moi, ainsi serait-il.

Mais, soudain...

Tu as montré ta fidélité devant Celui Qui N'Est. Qu'attends-tu de Lui ? Qu'exiges-tu de Sa part ?

Exiger ? Tant de choses à exiger... mais le choix du verbe ne m'avait guère échappé. La question se voulait être un test, et je le savais de par mon humilité. L'être que j'étais ne pouvait qu'être misérable, et le rester jusqu'à sa destruction. Le Côté Obscur ne donnait que ce qu'il escomptait céder au compte-goutte. En aucun cas je n'étais en position d'exiger quoi que ce soit de lui. Simplement de présenter mes hommages.

        « J'implore... Celui Qui N'Est... de m'accorder sa grâce. »

Je ramenais en avant mes genoux, et pliait l'échine, dos courbé, offert à la vue du bâtiment de grand savoir qui restait obstinément silencieux. Tête enfoncée entre les os saillants de mes deux jambes, les yeux fermés en signe d'offrande, je continuais mes pensées et consentait à Lui ouvrir mon esprit, qu'il le sonde et soit assuré de ma plus totale sincérité.

        « J'ai tenu pour acquis Son offrande séculaire et ait prit du temps pour deviner Son épreuve dans la jungle. J'aurais du savoir que ce qui me fût donné me sera un jour reprit. J'ai retourné mes maigres possessions à la nature pour témoigner de mon humilité.

        J'implore Sa grâce, et renouvelle mon engagement éternel envers Sa Magnificience.
        »

J'attendais, à nouveau. Je serais puissamment le bâton porté à mon flanc gauche, sans ma main qui dirigeait mes actions primales, en quête d'un signe, n'importe lequel. Qui vint rapidement.

Comment oses-tu prétendre avoir abandonné tes biens, toi, qui viens ceint d'un compagnon de conscience qui porte ton pas sur le chemin qui te mena à moi.

Un instant seulement, une épine de crainte perça mon esprit. La crainte primaire de perdre la seule compagnie que nous avions, la seule qui n'exigeait rien de nous, ou du moins si peu. Le Côté Obscur était mon compagnon, mais cette émergence de la Force torturée l'était aussi, à son niveau.

Prend ton effet, et brise-le. Applique son restant sur la serrure céleste, et entre en mon sein.

L'ordre était clair, l'épreuve l'était aussi. Tergiverser avec le Côté Obscur n'était pas une option. Je n'avais que de lui comme compagnon. Tout le reste n'était que poussière, à mon instar. Je me levais, empoignait mon effet, qui laissa s'éclaircir ses lignes figées... et j'assistais à un miracle.

Sa chaleur continuelle stoppa nette, sa face carbonisée abandonna sa tranche cendreuse et redevint plante, ses craquelures noircies se retrouvèrent écorce de chêne, et du coin de l'oeil, je distinguais une jeune pousse suppliante qui trouva la force de m'offrir une feuille verte, pleine de vie.

Cette vision me donna envie de vomir.

D'un coup ferme, je brisais en deux cette ignonimie d'une torsion puissante de mes mains, rabattaient en sandwhich les deux parties pendants, tandis que la Force laissa courir un hurlement à glaçer les sangs de ceux qui n'étaient pas moi, et posait le tout sur la façade du Monolithe, tandis que je me laissais errer dans un instant de recueillement solonnel. Au bout de quelques secondes, j'entendis les fissures s'ouvrir, je vis la poussière rouler, et les sections du monolithe commençèrent à s'écarter, ouvrant une fente de travers donnant sur un lieu de cauchemar dont la vue me délectait aussitôt. Je jetais au loin le bâton sans intérêt qui avait appuyé mon pas durant tant d'années, et entrait, le dos droit et l'allure noble, dans mon nouveau logis.
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By L'Ombre
#28390
A peine entré, l'atmosphère s'était refroidie. Sur mon torse nu, qui laissait transparaître mes côtes maintes fois brisées, mes clavicules maintes fois bloquées et mes supplices parfaitement inscrits, se bousculaient les mains invisibles d'esprits railleurs, désireux d'habiter de nouveau un corps neuf et prêt à servir. Les douces caresses accompagnant les suppliques implorantes se multipliaient, les bouches tordues dans une éternité de souffrance infernale tentant de me convaincre de leurs nobles intentions. "Ce n'est que temporaire" pouvais-je deviner sur les ombres fugaces que leurs profils invisibles projetés aux murs composaient. J'avançais, l'esprit clair et le pas rigide, vers le centre du petit édifice, où se dressait un petit carré de pierre, à la fois grossier et finement ouvragé, d'où pointait un petit cube de pierre sabloneuse rougie par le temps, avec en son centre un disque noir que je ne distinguais qu'à grand-peine. Rien à l'intérieur n'éclairait l'ensemble qui s'étendait à mes côtés, si ce n'était le rai de lumière qui perçait mon dos, et offrait à la pénombre une vieille ennemie depuis lors oubliée.

Celui Qui N'Est ne peut mesurer l'efficacité que de ceux qui ne sont.

Je restais silencieux, immobile, planté devant le cadran de pierre qui m'arrivait au nombril.

Donne-Nous la preuve que tu n'es. Pose ta main sur le bloc et songe à ta non-existence. Celui Qui N'Est te jugera et décidera de te guider, ou de te rejeter.

        « Oui, mon Maître. »

Qui d'autre invoquer, si ce n'était Lui ? Qui pouvait bien résonner en mon être, si ce n'était le Seul qui m'avait tenu compagnie, qui m'avait guidé, qui m'avait nourri, qui m'avait soutenu, qui m'avait si justement asservi ? Je posais sereinement une main ferme sur le bloc, paume au centre du disque noir, la main droite ballante sur le côté de mon corps détruit. Je ne sentis même pas la pique me traverser la main. Je devinais seulement le sang s'écouler doucement sur les atours du cube, dont le rouge terne venait, je le savais à présent, des multiples preuves de loyauté de glorieux prédécesseurs. Mais aussi d'hérétiques...

D'un éclat servile, le rouge devint feu. Ce qui s'écoulait de ma main prit une teinte orangée qui d'un coup perça l'obscurité, et rayonna si fort que je dus plisser un instant les paupières. Des lignes droites glissèrent le long de la colonne fragile, des sillons au sol se traçant sous mes pieds, se partageant, se multipliant, dressant un symbole dont je ne connaissais aucune origine. Tout un cercle de traits aux allures de circuit électronique se remplit sur mes côtés, et devant ce spectacle de sombre et simple magie, j'en oublais ma main, toujours posée à plat, immobile, sur le cadran noirci. J'entendis un bruit de chair qui se voit retirée sa lame pénétrante, et je constatais que je pouvais ramener librement ma main à moi.

Celui Qui N'Est a sondé ton âme. Tu es accepté ici... pour le moment.

Je penchais la tête en avant, mon visage fermé n'exprimait rien, tandis que mon esprit se fermait aux émotions de joie qui menaçaient de gâcher le séjour d'un Dieu vorace.

        « Il en sera selon Vos ordres, mon Maître. »

En récompense de ta loyauté, tu seras vêtu d'oripeaux que tu trouveras dans une pièce adjacente qui te servira de couche.

        « Merci, mon Maître. »

J'avançais doucement vers le lieu qui me servirait de résidence durant le temps qu'il faudrait, et où j'allais recevoir certains ordres prochains, de ce que me soufflait les courants du Côté Obscur. Un matelas posé sur un sommier sommaire se nichait dans un coin d'une pièce au sol de grosses pierres, une étagère simple en bois brut sur laquelle trônaient des grimoires et de vieilles chandelles. Un petit bureau affublé d'un petit banc sans dossier bordait une table basse qui servait, à l'évidence, de table de chevet.

Je me laissais aller à un accès de luxure et de paresse en ôtant le drap de lit que j'étendais au sol, sur lequel je me positionnais en tailleur pour passer la nuit. La méditation aiguiserait mes sens et mon esprit. A peine m'asseyais-je que j'entendis l'entrée scellée se refermer, replongeant un instant l'édifice dans le noir absolu et compact. Un instant seulement. Les bougies éparses s'allumèrent seules, et je pus revenir à mon logis éphémère et à son étude. D'un regard, je pointais un grimoire, d'un mouvement, je le tirais à moi par la sombre main gantée de non-vision du Côté Obscur, qui me prêta sa préhension pour asseoir ma soif de savoir, un luxe que je m'autorisais sans demander l'autorisation. Je savais que celui Lui plaisait, car tout mon savoir ne faisait que Le servir.

Un journal, détaillant jour pour jour cet endroit. Un ancien adepte avait cru bon de noter sur un journal ses mémoires. L'usage du papier et de la plume semblait archaïque à l'heure des datacrons et autres holocubes, mais contrairement à ces objets sans substance, le papier se sentait, se ressentait, l'on pouvait y porter les narines et inspirer un fumet ancien, sentir l'encre naturelle, porter ses doigts sur la surface lisse d'une plume taillée et trempée dans un édifice de couleur... Un rituel qui, hélas, se perdait.

J'ouvris l'ouvrage et commençait à laisser courir mes yeux sur son introduction.

"Ces mémoires proviennent de Dark..."

Je n'en lus pas plus. Je fermais d'un coup sec le livre, murmurrait un mot, et le regardait s'embraser par Sa volonté. Le titre de Dark était destiné aux hérétiques seuls, de ceux que je ne pouvais qu'abhorrer, et qui n'étaient qu'abhorrés, même de leurs propres congénères. Le Côté Obscur était systématiquement outré de cette bande qui osait puiser en sa source, sans estimer avoir de compte à rendre. Mais, tôt ou tard, leur péché originel finissait par les rattraper. Et la chute n'en était que plus délectable s'ils avaient cru avoir atteint le sommet de la montagne.

Mais, décidé à lire un peu, j'empoignais à distance un autre ouvrage qui lévita devant mes yeux. Si l'étagère devait ne contenir qu'ouvrages de blasphème, il était de bon ton que je ne posâs pas les mains dessus. Je tournais mentalement une page, et lu l'introduction, soigneusement exécutée, à grand renfort d'écriture sybilline et joliment courbée.

"De mémoire de vie, je n'eux connu pas plus étrange lieu que celui qui, en cet instant, constituait mon foyer d'infortune. Si j'oublais jusqu'à mon nom, je n'oubliais jamais ma tâche : Le servir, coûte que coûte. Rien n'avait plus d'importance, pas plus ma vie que celle des autres."

Je devais le reconnaître, je commençais à apprécier.
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By L'Ombre
#28412
"Je ne pensais plus qu'à lui. Mes jours et mes nuits tournaient autour d'un être que je ne faisais qu'imaginer. Peux-tu décemment doner visage au Côté Obscur ? Peut-on admettre qu'une chose aussi omnipotente puisse avoir un visage caché, quel qu'il soit ? Ressemble-t-il au nôtre, ou à celui d'une chose que l'imagination ne formulera jamais ? Sommes-nous conditionnés par lui pour ne jamais pouvoir songer à son apparence ?"

Je m'étais souvent posé la question, en effet. Le Côté Obscur n'apparaissait que furtivement, par mots et par symboles terrestres, mais pouvait-Il apparaître dans Sa forme originelle ? En avait-Il une seulement ? Ou était-Elle trop grande et trop pleine de sombre majestée que nos âmes ne pouvaient survivre à une telle apparition ? Mystère. J'avais vite tiré un trait sur le privilège sacré de voir un jour le Maître venir à nous à visage découvert. Mais je gardais un saint espoir de pouvoir le rejoindre une fois ma vie achevée, pour siéger à sa gauche, là où les jugements étaient prononcés.

Mon esprit était sans cesse purifié pour permettre à ce jour d'arriver. Mais je goûtais aussi dangereusement à ce paradoxe. En affichant une quelconque ambition, je m'éloignais de ma tâche réelle, qu'était Le servir. Si je n'étais pas destiné à siéger à sa gauche, je n'y siégerai pas. Si mon destin se voyait d'être noyé dans les Limbes, ainsi serait-il. Mon sort était accepté par avance, car telle était Sa volonté.

"J'arrivais là et je dormais dans un lit, luxe depuis longtemps interdit. Je me laissais aller au soulagement pour mon dos, et, appaisé, je me laissais aller au sommeil normal, d'un sommeil sans rêve."

Je secouais la tête et claquais rapidement de la langue, signifiant mon mécontentement. Un lit était un endroit dédié aux faibles et aux fainéants. Dormir était une illusion. La méditation régénérait plus qu'un simple sommeil de simple mortel, en plus de garder notre connexion avec le Maître en permanence. D'un appel bref, nous étions prêt à Le servir. Mais dormir exigeait des phases où le cerveau s'embrummait par intérêt personnel. Du grand ridicule.

"Je ratais le lendemain ma séance de purification."

Je me laissais aller à un rire gras. Prévisible. J'espérais que le vermisseau se soit retrouvé seul et abandonné après un tel échec. D'une pensée, je tournais la page, les mains toujours sur mes cuisses en croix, sans bouger.

"Je partais donc en mission, comme il m'était ordonné de le faire, la tête haute et le menton rentré."

UN frisson me parcourut l'échine, mes poings se crispèrent, et le lit craqua lourdement. La planche latérale en bois qui était visible céda sous la pression d'une poigne invisible, et le sommier s'écroula sur le côté. Le livre se ferma et se jeta à travers la pièce. Aucun châtiment... Aucun châtiment ! Un outrage avait été commis, et rien n'avait été fait. Pourquoi ?

Pourquoi se donner tant de peine alors ?

Pourquoi ?

Parce que.

Cette voix, qui murmurrait parfois, n'était pas La Sienne. Elle venait d'en moi, discrète, presque muette, et semblait rappeler à moi la raison qui glissait quelque fois. Il n'avait pas été châtié. Soit. Si je l'étais, c'était naturel.

Le Côté Obscur n'a pas les mêmes desseins pour tous. Certains doivent souffrir, d'autres non. Je passais un doigt léger sur mon torse aux multiples cicatrices, lézardes d'amour qui tracait comme une carte du savoir à l'abri des raisonnements profanes. Je songeais que j'avais abandonné mon Chat à 9 Queues sous l'arbre, et n'avait songé à en chercher un autre. Je dépliais les jambes et me levait, décidant alors d'explorer le cagibit qui me tiendrait au froid. L'étagère à livres ne contenait que des livres divers, tous reliés de cuir, et de quelques cristaux qui ne brillaient en rien. Je remarquais alors seulement que tout était propre. Pas une poussière n'était déposée sur aucun effet. J'ouvrais le tiroir de la table de chevet, et admirait alors un fouet traditionnel à triple lanière de cuir clouté. Un objet plus antique encore que le mien, mais il ferait parfaitement l'affaire. Sous l'objet était pliée un tissu noir lourd que je tirais, par curiosité. Tombant après mes pieds, je le passais sur mes épaules, liait la ceinture et rabattait la lourde capuche sur mon visage. Elle était parfaite.

Et, plus étonnant encore, parfaitement à ma taille.

Je l'ôtais, la pliais et la posais sur la table de travail, puis prenais à pleine main le fouet de châtiment, que j'adoptais aussitôt. Sa prise était légère, et les coups filaient dans une courbe élégante, les clous brillant sous la faible lueur des bougies surnaturelles qui illuminaient de leurs ombres furtives l'intérieur du sombre édifice.

        « Je châtie la chair... »




Image


Déjeûner était un mensonge. Je m'habillais dès que l'appel du Maître eut retentit et me présentait face au pilier central qui m'avait servi de test. Je posais spontanément ma main à plat sur son sommet, attendant. Je n'entendis en fait qu'un rire, avant que la chair ne soit perçée.

Ton dévouement est admirable.

Je compris que je venais d'offrir ma main sans que ce ne fut même demandé. Un geste inutile.
Non. Pas inutile. Renouer avec Mon Maître, renouveller mon pacte éternel, prouver inconditionnellement ma dévotion... Non, ce n'était en rien inutile.

Ton épreuve sera de montrer au Côté Obscur ce dont tu es capable.

Un classique.

Va là où le soleil assèche de son doigt glacé,
Là où les bêtes donnent cours de langue aux étrangers,
Là où les tombeaux se scellèrent aux vieux âges,
De là tu ramèneras le Sceau Suprême des Sombres Adages.


La pointe rentra dans son habitacle, et je joignais les mains sur mon torse, tête baissée, yeux fermés.

        « J'agis selon Vos désirs. Mon Maître... »

Et, d'un pas assuré, mon fouet enroulé en bandoulière sous ma tunique fermée, je regagnais le vaisseau que j'avais emprunté auparavant. En une journée, la distance était parcourue. La moisissure avait atteint un stade critique en peu de temps, et l'odeur de pourriture se dégageait déjà de l'engin de malheur. Ce qui auparavant était une femme bleue était maintenant un sac ouvert, noirci, ratatiné et grouillant de vers blancs, dévorant chaque parcelle de ses chairs anéanties. Je pris un petit ver dans mes doigts frêles et le portait devant mes yeux.

        « Comme il paraît futile d'abandonner son existence à des projets grandioses et à un désir de postérité... »

Elle se tortillait, voulait s'enfuir, reprendre son oeuvre.

        « Pour finir entre les crocs... d'une si petite chose. »

Ce ver, et les siens, étaient en réalité les véritables maîtres. Qu'on fût Empereur, Présidente, Sith'Ari ou Grand Maître, tous finissaient un jour par s'allonger définitivement. Pour finir à la merci d'un être qui se tortillait, et ne savait rien de ce qui était détruit à jamais par son concours.

Les vers, à terme, étaient seuls maîtres des temps, et garants du dernier passage. Je reposais le ver où je l'avais pris, avant de prendre le tas de viande périmée dans mes bras, pour la déposer dehors. Je secouais ma bure pour ôter les vers qui avaient cru s'échapper de leur sombre besogne, fermait le sas, enclenchait la purification intérieure et fit chauffer les machines. Une destination s'offrait à moi.

Et je savais déjà laquelle.
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