L'Astre Tyran

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Connue pour ses canyons de cristal, Chandrila, joyau discret de la Nouvelle République, est avant tout un monde agricole magnifique qui exporte la majorité de sa production vers les mondes surpeuplés du Noyau. Ses immenses plaines abritent une population répartie en petites communautés, laquelle s'organise selon un système de démocratie directe.
Gouvernement : Confédération des Systèmes Unis
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By Jeny Mikerley
#34111
Elle ne comprenait pas, où ne voyait pas. Le voile opaque qui était tombé sur leur famille les séparait peu à peu. Bientôt, il n’y aurait plus rien d’autre que deux inconnues. Jeny sentait cette fin inéluctable arriver. La fin des Mikerley. Cette famille avait-elle eu un début ? Il y avait eu 10 ans pendant lesquels ils avaient été une famille. Mais … Après réflexion, Jeny se demandait si toute la famille n’était pas morte ce jour-là, sur cette même planète. Tués, assassinés par l’empire. Brutalisés par les tirs incessants des destroyers. Peut-être que la réalité était bien pire que ce que les apparences traduisaient. Jeny sentit sa sœur déstabilisée par sa déclaration, plus que ce qu’elle avait pensé, que ce qu’elle avait prévu. Elle se mordit les lèvres, tant son petit cœur en fut atteint. Un pincement au fond de son organes qui lui enserra l’estomac et lui bloqua la gorge. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu ce phénomène, les remords.
C’était comme prendre une grande bouffée d’air frais, et de sentir tout son parcours à travers la trachée et les poumons.

« Je ne vais pas partir. Enfin … Pas physiquement. Mais je sens mon esprit qui s’éloigne petit à petit de la raison. J’ai … une faim en moi … insatiable. J’ai besoin de sang, de tuer … De chasser. Je ne veux pas te mêler à ça. »

De son autre main, elle caressa le dos de celle d’Alayna, le regard concentré sur son geste, ressentant en même temps tous les bienfaits de ce contact. Ou d’un contact humain, plus généralement. Il fallait lui expliquer. Mais quel mot utiliser ? Voulait-elle revivre ce moment ? Non. Bien sûr que non. Le nier n’avait pas servi à autre chose que cultiver sa rage. Jeny dégaina sa dague, un vieux couteau usé par le temps et les coups, sans rien d’important à noter. Elle l’y plaça dans la main de sa sœur lentement.

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« Il y avait cette dague, au commencement. Un hangar, ou un entrepôt désaffecté. Des gros luminaires en éclairaient la rue adjacente. Il faisait nuit noire. J’étais en manque de drogue et je cherchais à m’approvisionner. Je suis allé dedans. Il y avait des gravats sur le sol, du verre brisé, des … des choses. »

Sa main qui enserrait la main d’Alayna, elle-même enserrant la dague, assura son étreinte, tandis qu’elle partait dans les songes d’un passé violent.

« Je pensais trouver de quoi passer quelques jours de plus et … Enfin je ne sais pas. J’étais défoncée, toute seule. Je me rappelle avoir froid, j’avais des marques sur tout le corps … »

Silence.

« Je suis allée à l’étage du bâtiment. Il y avait … deux … silhouettes, deux … »

Sa voix commença à trembler, son cœur à accélérer. Les mots devenaient de plus en plus difficiles à prononcer. Si aujourd’hui elle ne ressentait plus rien, toutes les sensations de l’époque restaient gravées dans le derme de sa peau.

« J’étais par terre. Je sentais … le verre dans ma peau, dans mes doigts. Je ne sentais plus mes doigts. La dague m’a coupée, les flancs, les cuisses et … Elle s’est … s’est … enfoncée… »

Les mains tremblantes, elle tourna lentement la dague dans les mains de sa sœur vers elle, vers ses cuisses, vers son intimité. Elle avait envie de vomir rien que de repenser à ces évènements. Elle avait tout nié et dissimulé dans sa tête des mois et des semaines. Nier pour continuer à vivre. Mais … elle était déjà morte à ce moment-là.

« Je suis morte ce jour-là. Déchirée dans mon corps et au plus profond de mon âme. »

Jeny jeta un bref regard à sa sœur et détourna les yeux. Elle se sépara du contact avec sa sœur et lui laissa la dague dans les mains. De son avant-bras, elle effaça la trace des larmes silencieuses qui parcouraient son visage.

« Je les ai tués, mangé. Tous les deux. Je les ai anéanties. J’ai volé leur vie, Alayna, grâce à l’obscurité. J’ai … J’ai pris leur souffle, pour me reconstruire. »

Elle se releva encore, n’arrivant pas à rester statique. Jeny tournait le dos à Alayna, regardant dans les jardins.

« J’ai retrouvé Gan’or, je l’ai tué, lui et ses gardes. J’ai mis fin à la guerre contre les Hutts. J’ai tué les forces de l’ordre, j’ai tué les passants qui regardaient. Je les ai tous tué sur Shaddaa. »

Son aura noircissait et l’ombre ressortait progressivement de son corps, s’illuminant aux grés de ses émotions, devenant de plus en plus forte.

« J’ai tué le chef des pirates, Drake Stark. J’ai détruit l’Ordre Gris et le Lien. L’as-tu ressenti petite sœur ? C’était moi. J’ai détruit les gris … »

Elle se retourna vers elle une ultime fois, tandis que ses yeux rouges n’étaient plus que noir. Aussi noirs que la nuit, aussi opaque que la matière. Son corps fumait, l’ombre brûlait.

« Vois ce que je suis devenue. Ils ont pris ma vie ! Est-ce que c’est de ça que tu veux être la sœur ? Tu es l’ange de la justice et de la lumière, je suis le chevalier de la mort… »
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By Alayna Tega
#34312
Entendre sa sœur parlait de la sorte était un choc. Elle avait besoin de sang. De mort. Elle disait cela comme s’il s’agissait d’une faim tout à fait normal, d’un besoin naturel. Qu’était-il donc arrivé à sa sœur ? Comment avait-elle pu en arriver là sans que la jeune Princesse ne s’en rende compte. Elle avait bien sur vu sa sœur plongé peu à peu à la limite du côté obscur. Mais elle ne l’avait pas imaginer tomber dans les ténèbres. Pas de cette manière.

Doucement, Alayna sentait la main de Jeny lui caressait le dos. De son autre main, elle dégaina une dague, plus proche du vieux couteau usée que de l’arme d’apparat. Elle déposa le manche au creux de la main de la Princesse avant de commencer son récit. Un entrepôt, vieux, poussiéreux. Le genre d’endroit qui ne donnait guère envie de s’attarder. C’était là, dans la nuit qu’elle avait cherché à s’approvisionner en drogue. Certainement manque. Alayna baissa alors le regard. Elle ne l’avait pas soutenu. Elle aurait pu l’empêcher de sombrer dans la drogue. Mais elle n’avait rien fait. Trop occupé à se battre contre ses propres démons.

Elle avait donc abandonner sa sœur au froid et à ses deux silhouette. La main de Jeny enserrait un peu plus celle d’Alayna, l’emprisonnant au contact de la garde de bois. Elle lui compta alors la suite. Une histoire plus horrible que ce que pouvait imaginer la Princesse. La grise lui raconta comment elle avait été entaille. Le verre dans sa peau d’abord. Puis la lame. Dans les flancs, dans les cuisses, et…lorsque la main de Jeny tourna la sienne, la pointant la lame vers son intimité, Alayna chercha a desserrer ses doigts et fut prise d’un frisson. Comment avait-on pu faire ça à sa sœur ? Comment avait-elle pu la laisser ainsi ? C’était sa faute à elle.

Elle les avait tué ? Mangé ? Avaient-ils au moins souffert assez avant de mourir ? Alayna, la douce Alayna, n’avait qu’une envie en cette instant. Ressusciter ses deux monstres pour les torturer. Les tranchés petit à petit. Les laisser bruler sous ses éclairs. Les rapprochaient doucement de la mort jusqu’au point de non-retour. Les soigner. Et recommencer. Encore et toujours. Jusqu’à les transformer en monstre inhumain. Jusqu’à ce qu’ils implorent pour mourir. Sadique ? Non. Ne toucher pas à sa sœur. Ne toucher pas à ses proches.

Shaddaa. Elle avait tué Gan’or et ses sbires. Elle avait massacré tous les témoins. Les soldats de l’ordres. Les civils. Puis était venu le le tour de Drake Stark. De l’Ordre. Et du lien. Ce fameux lien qui s’était rompu alors qu’Alayna s’était déjà éloigné de l’ordre, s’enfonçant dans ses propres aventures.

Alayna regarda sa sœur, debout, face à elle. Ses yeux étaient noir. Une fumée tout aussi noir s’échappaient de sa peau, comme si son ombre se matérialiser. Malgré ce qu’elle lui avait dis, malgré toutes ses morts, Alayna ressentait toujours la même chose pour sa sœur. Un mélange de pitié, de remord et d’amour fraternel. Quoi qu’elle est fait. Elle était sa sœur. Alors, Alayna se leva. Et elle avança vers sa sœur.


« Tu n’es pas le chevalier de la mort. Tu n’es pas un monstre. Et quoique tu sois, quoi que tu fasses, tu resteras toujours ma sœur Jeny. Les hommes ne méritaient que ça. Les hutts sont une espèce à exterminé. Shaddaa n’a rien d’un repère de saint. L’ordre était creux. Il n’y a jamais eu d’ordre pour moi. Juste toi et moi. »


Elle s’approcha encore un peu plus et passa ses bras autours des épaules de sa sœur, les larmes au yeux. Elle était prête à oublier que sa sœur avait tué des innocents. Elle était prête à oublier des crimes horribles. Mais elle ne pouvait pas l’oublier elle. Elle ne voulait pas la perdre.

« Ne pars pas s’il te plait Jeny. Tu es ma sœur…Je suis désolé de ne pas avoir été là quand tu avais besoin de moi. Je suis désolé pour tout ce qui t’es arrivé. Si je pouvais te venger…je les tuerais milles fois. »


Ses larmes coulaient à présent le long de ses joues tandis que sa voix tressaillait.

« Reste avec moi s’il te plait. Tu es ma dernière famille. »
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By Jeny Mikerley
#34392
Elle arrivait encore à voir en elle autre chose que le monstre qu’elle était devenue. Autre chose que cette chose qui habitait en elle. Qui se nourrissait de sa volonté, pour la transformer en force brute, capable de tout anéantir. Vraiment, tout. Même avec cela, elle ne disait rien. Rien d’autre que l’amour qu’elle voulait bien lui porter. Jeny ne sut quoi dire. Qu’y avait-il à rajouter dans ce moment. D’un revers de main, elle balaya sa culpabilité, de tout, pour la rendre aussi neutre. Aussi blanche. C’était faux, mais sa volonté de le croire lui faisait comme … chaud au cœur. Une sorte de baume qui lui faisait du bien. Jeny baissa la tête, regardant l’herbe grasse qui dans le noir semblait pareil à un tapis, une moquette douce et rafraichissante. Sa sœur s’approcha, sans un mot de plus. Alayna l’entoura alors de ses bras. La pressant simplement contre elle. La réaction qui s’en suivit fut presque immédiate. L’ombre s’évapora, comme soufflée au quatre vents. Ses yeux redevinrent rougeâtres, une boule se forma au fond de sa gorge et les sanglots menacèrent d’être éjectés.

« Tu n’as pas à être désolée… Ce n’était pas ta faute … Pas te faute … »

Elle prit une grande inspiration et enserra le cou de sa sœur de ses bras, collant son visage contre le siens. Les larmes ne se firent pas plus désirer, et dans le silence, elle sanglota, tout coller à elle. Tout cela lui mettait une pression bien trop grande. Ne pas avoir à l’abandonner, tout en la préservant. Un choix cornélien, un choix impossible.

« Je … ne veux pas partir. Mais j’ai peur … J’ai peur de te faire du mal. Tout ça c’est … C’est incontrôlable. C’est comme si j’avais une bombe en moi qui … explosait par moment. Ca détruit tout, en moi, et autour de moi. »

Jeny baissa légèrement la tête sur l’épaule de sa sœur.

« Je ne veux pas te faire du mal, Alayna. Je ne m’en remettrai pas. »

Elle resta un instant dans le silence de la nuit, écoutant le bruissement des pas des gardes dans les alentours, les oiseaux nocturnes qui battaient de leurs ailes en hauteur, les petits animaux qui s’en cachaient. Elle entendait tout. Son sanglot s’amenuisait lentement, reprenant peu à peu de la contenance. Mais Jeny n’avait pas envie de se défaire de son étreinte pour autant.

« Je peux rester avec toi cette nuit. Puis je devrai partir. Pas à jamais petite sœur, et surtout, pas loin, vraiment pas loin. Assez pour te surveiller en tous cas. »

Nouvelle pause.

« Qu’est-ce que tu veux faire pour profiter de cette soirée ? »
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