L'Astre Tyran

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Arkania, dans le système Perave, est une planète au climat inhospitalier. Couverte de toundra et de glaciers, elle abrite cependant de nombreuses mines qui sont sa principale source de revenus. Arkania est également connue pour ses centres d'expérimentation génétique qui furent à l'origine de la création de nouvelles races.
Gouvernement : Neutre - Accointances avec l'Empire
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By Elysia Astellan
#34251
    Elizabeth s’était attendue à entendre ce genre de questions déplacées. Elle les avait accueilli sans surprise mais cela n’avait pas empêché sa colère de monter. Pourtant, voir Harlon encore plus remonté qu’elle, avait pour effet de l’apaiser. Non, elle n’avait pas été blessée par leur indiscrétion, elle le lui signala silencieusement, d’un hochement de tête.

    L’Empereur n’en avait pas terminé avec le Dominion. Il n’était pas compliqué de comprendre le fonctionnement de l’organe politique arkanien, le tout était de garder bien en tête que l’on se fichait pas mal de ce qui se passait dans la Galaxie, et que les bords du monde étaient dessinés par la trajectoire orbitale d’Arkania autour de son étoile. Dès lors qu’on se plaçait à huis clos, cloîtré avec tous ces dégénérés produits d’une méritocratie sur le déclin, on n’avait plus qu’à se laisser guider par son bon sens.

    Essani, le plus dangereux. Oui, car puissant. Non, car prévisible, du point de vue d’Elizabeth, Arkanienne, accoutumée à la valse capricieuse des Membres d’Honneur.

      « Il est conservateur, oui.

      L’Unité est un écran de fumée qui ne trompe personne. C’était nécessaire, d’un point de vue extérieur, pour donner du crédit à nos échanges avec Yaka. Sinon on aurait hué Arkania pour avoir fait signer Temera sous la contrainte. À l’occasion tu demanderas à la Première Ministre Yaka ce qu’elle pense de tout ça, et elle te répondra que les Yakas Arkaniens sont Arkaniens et ne dépendent pas de Yaka …

      L’Unité n’a rien changé pour personne. Il faudrait attendre des décennies pour en voir les effets. Arkania est sous le contrôle du Dominion, sous le contrôle des Arkaniens, qui ont eux-même décidé de voter pour la réforme, tout en sachant qu’ils avaient le contrôle de tous les clans yakas et arkants susceptibles de prendre de l’ampleur.

      Et en toute franchise … L’Unité promeut l’égalité entre les Races sur Arkania, mais soyons réalistes un instant, les Yakas et les Arkants sont des optimisations, leur évolution génétique est conditionnée et a été pensée par des Arkaniens. Leur place est prédéfinie, et les excentriques comme Varan ne deviendront majorité que dans des siècles.
      »

    Un drôle de discours pour quelqu’un qui avait appuyé la réforme avec détermination. Un Arkanien restait un Arkanien, tout Elizabeth qu’il put être. Mais tout ceci n’avait rien d’un secret, pire, c’était admis. L’Unité donnait un peu d’espoir pour les rêveurs. Mais il ne fallait pas oublier que les Yakas Arkaniens, bien que hautement intelligents, n’avaient d’existence que sur Arkania, et les Arkants … ne disposaient pas du système immunitaire requis pour aller s’installer ailleurs, et la mise à jour n’était vraisemblablement pas au programme.

    Il était évident que les propos, et les termes choisis par la Monarque déclencheraient quelques interrogations pour le moins légitimes. Le rictus un rien nerveux de l’Arkanienne mua en un sourire amusé.

      « C’est ma mère désormais qui dirige le Clan Civicius. Kadmo, mon frère, a eu un accident, il est à l'hôpital. Bien que ce serait pour lui un immense honneur de te rencontrer, je doute qu’il soit en état de recevoir une telle visite. »

    C’était dit sans émotion. Son frère ne lui inspirait plus que mépris.

      « Quant à moi, je ne fais plus partie du clan. J’y ai renoncé avec ma prise de fonction. Mon prédécesseur avait fait la même chose, c’est un pré-requis. Il faut remonter quelques années en arrière pour comprendre. Le Monarque ne doit pas avoir d’intérêt au Dominion, et donc pas de clan. Il a malgré tout un grand pouvoir et se doit d’oeuvrer avant tout pour Arkania, indépendamment de la notion de clans. Le Dominion avait insisté pour que le Monarque soit épaulé par des conseillers élus. Un moyen de contrôler un peu l’électron libre qu’est le Monarque. Désormais je n’ai plus que trois conseillers, et je les ai choisi moi-même.

      D’un point de vue purement contractuel, la mission du Monarque est à durée déterminée. Quand Arkania aura retrouvé une certaine stabilité économique et politique, et grossièrement quand le reste de la Galaxie aura reconnu son mérite, le poste de Monarque n’aura plus de raison d’être et le Dominion se verra réassigner l’entièreté des missions qui avaient été détachées. C’est en bonne voie, le Dominion songe déjà à cette éventualité. Rien de plus.
      »

    Ça ne l’émeuvait pas plus que cela. La rivalité entre le Monarque et le Dominion existait depuis l’instant où l’on avait décidé qu’il fallait élire un Monarque. Tout un chacun savait que la situation ne durerait pas, mais tous n’étaient pas pour précipiter la réattribution des pleins pouvoirs au Dominion. L’on pouvait trouver confortable de s’occuper de ses petites affaires personnelles en attendant qu’un autre fut chargé de négocier avec quelque empire. Essani, en ce qui le concernait, en avait assez vu des prouesses des Monarques, et de son avis, un retour à la normale s’imposait. Alors chercher de bonnes raisons, dont la mort de Varan ainsi qu’une rumeur bien fondée sur une liaison avec l’Empereur, de renvoyer Elizabeth était devenu l’une de ses priorités.

      « Je ne suis pas contre la réduction du nombre de sièges au Dominion, au contraire. Et d’autant plus qu’Essani ne pourra pas choisir qui siégera. Ne seront représentés que les plus importants. Il n’a pas assez de pouvoir pour changer ça, il n’est pas assez riche, pas assez influent, malgré tout, pour choisir qui ira ou non au Dominion. Tu comprendras donc que tout ceci ne m’inquiète pas. »

    Civicius était dans les mieux placés. Et c’était pratiquement tout ce qui comptait pour l’instant.

    En entendant les inquiétudes d’Harlon, Elizabeth se mit à rire, de joie, sans moquerie.

      « Mais j’ai le pouvoir arkanien. »

    Il n’y avait rien de plus à dire. Monarque, cheffe des armées, Membre d’Honneur du Dominion, signataire du Traité Civicius, instigatrice du Consortium d’Olim, Présidente de GENOME, conjointe d’Harlon Astellan, et future héritière du Clan Civicius, car elle n’en parlait pas, mais elle y comptait bien. La Reine avait parfois l’air un peu paumée, mais elle suivait avec attention tout ce qui se tramait sur Arkania et avait déjà placé ses pions. Désormais, elle attendait.






    Prude ?

      « Oui, prude. Disons raisonnable. »

    Ça ne l’amusait pas. Une squatteuse ? Elle ouvrit de grands yeux. Bon, finalement, cette promenade en montagne …

      « Non, non, pas l’opéra. »

    Elle esquissa un sourire discret.

      « La classe moyenne, ok. »

    Je sais faire, pensa t-elle simplement, se gardant bien de l’énoncer à haute voix. Elle en avait été de la classe moyenne. La vie sur Yaka avait tout du modeste, loin des richesses de la famille Civicius.

    Un coup d’oeil à l’horloge.

      « Tu penses que deux heures sont suffisantes pour te renseigner et te préparer ? Ça devrait être bon pour moi. Je vais aller m’habiller en conséquence … »

    Elle hésita un instant.

      « Veux-tu que nous fassions venir des vêtements pour toi ? Ou préfères-tu que nous nous retrouvions au rendez-vous que tu m’auras donné ? »

    Bien que les appartements de la Reine avaient été déplacés, il restait sur place quelques habits, des moins reluisants, qui feraient surement l’affaire pour une telle aventure. Et Elizabeth respecterait à la lettre les instructions données.


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By Harlon Astellan
#34304
Il fallait qu'il l'entende, comme il aimait d'ordinaire à entendre ceux qu'il avait piégés avouer leurs machinations. Ces mêmes machinations dont il connaissait déjà les détails. « Nous sommes donc d'accord. L'Unité n'est qu'un écran de fumé. » Un peu comme son projet démocratique. Elire du maire jusqu'au gouverneur... oh oui, ils étaient ouverts, les bureaux de vote. Mais qui pensant vraiment que cela changerait quoi que ce soit ? « L'Empire et Arkania ont tant en commun. Tu sais quoi ? Nous devrions marier nos deux Constitutions. » ajouta-t-il, pince-sans-rire. « Personne n'y verrait rien j'en suis sûr. »

Mais il devait ajouter un mot. « Mais évite la majorité des excentriques comme Varan. Le libéralisme, l'égalitarisme... toute la frange progressiste ne peut mener qu'à un résultat éternel... la destruction d'une civilisation. Le problème a toujours été celui-ci... quand un peuple perd sa culture ancestrale au profit d'un pot-pourri de sous-cultures, importées ou spontanées, l'ensemble devient un compactage de ce qui s'est fait de pire. Regarde les planètes prospères... Alderaan en son temps était la planète la plus en vue pour son cadre de vie. Mais dès l'arrivée sur place, tu devais remettre tes armes au spatioport, ne plus les revoir, et lire la Constitution avant de passer les barrières de sécurité ! Leur joie de vivre passait par un contrôle strict de ce qui faisait d'Alderaan Alderaan. Et à contrario, prend Naboo. Des paysages verdoyants à perte de vue... et l'installation de mines à plasma, des colonies d'alien et l'intégration des colonisés Gungan dans la société de la surface ont achevé d'en faire une planète de la Tiers-Galaxie ! » Raisons pour lesquelles il s'opposerait toujours aux idéaux républicains. « Varan au gouvernement, Varan majoritaire, c'est la garantie d'une espèce hybridée entre Arkaniens, Arkants et Yaka, pour en faire quoi ? Des monstruosités sans personnalité. Des androïdes informes, avec un semblant de culture commune dont on a effacé les particularités qui séparaient les trois espèces d'avant. Les gens ne comprennent jamais la nuance entre multiculturalisme et cosmopolitisme. L'Empire est multiculturelle... demain je vais voir une architecture humaine à Yaga Minor, et le lendemain je file à Anzat pour y voir des Anzati au milieu de leur architecture et de leur art, avant d'aller sur Nez Peron voir les semences de blé et d'orge pousser jusqu'à l'horizon. Les républicains cosmopolites ont des enfilades de rues avec des devantures identiques... Ici, on vend tout en vrac, avec des aliens hagards qui ne savent même plus d'où ils viennent. » Non, vraiment, il y était opposé. « Elizabeth... L'Unité pourrait avoir de tragiques conséquences. Ce projet pourrait, s'il n'est pas revu, signer le glas futur de ton peuple et de ce qui le caractérise. Arkania doit s'ouvrir aux particularités, tout le monde peut y trouver à s'enrichir... mais elle doit garder sa signature. Et sa signature, c'est le peuple Arkanien, au-dessus du reste. »

Devait-il être plus clair ? « Essani doit faire annuler l'Unité. Tu bénéficies de l'occasion rêvée de porter sur lui le tort de cette initiative, tout en en récoltant les bénéfices. Mais je te sens sourire intérieurement, » glissa-t-il malicieusement, « ... car c'était ton intention depuis le départ, j'en suis sûr. J'imagine que je le dis pour me rassurer sur ma propre analyse. L'Empire n'a plus de politique aussi palpitante que la tienne je dois dire. » Il venait parfois à en regretter le temps où il était gouverneur. C'était le temps de tous les complots. Le temps où la politique venait de Coruscant, et où le noble de la Bordure devait se mesurer à la mentalité du Noyau, se faire des alliés en les piégeant à coup de scandales miniers, faire désavouer des militaires en vue et entrer dans les petits papiers des Vizirs, des Sénateurs et des Empereurs.

La suite le prit un peu de court, et l'ombre de la perplexité l'abattit d'un coup sec quand il entendit Elizabeth rire pour la première fois. « Mais j’ai le pouvoir arkanien. » Il ne releva pas l'absence de réponse à sa question. De toute manière, il connaissait déjà la réponse. A sa question, et aux autres. Inutile de s'y attarder.




« Va pour la classe moyenne. » Il ne savait pas pour elle. Lui-même n'en avait jamais été, en apparence ni dans les faits. Il avait tenté de s'habiller comme eux, sans succès. Il gardait toujours cette assurance qui lui collait l'étiquette malvenue d'enfant trop bien élevé. Un peu comme un sportif de haut niveau un peu bêta, mais à l'aura de mâle alpha qui lui assurait les plus belles couches de la fournée locale. L'intellect limité en moins, cela allait de soit. « Deux heures sont suffisantes, oui. » Il évita de dire que ses services avaient placé une partie d'Arkania sur écoute. C'était illégal, et pouvait poser un incident diplomatique majeur. Nul doute que les milieux punk étaient déjà cartographiés. « Je vais... me débrouiller. Pour l'habillage. Pour le lieu de rendez-vous, je te propose près d'un endroit fréquenté. Une fois les coordonnées d'intérêt en main, je te dirai bien comment nous y rendre. » Il avait des conseillers pour savoir comment s'habiller. Et de quoi passer pour un local s'il le fallait... des lentilles opaques, un fond de teint et autres feraient l'affaire. « Je te retrouve dans deux heures alors. Je file... à tout de suite. »




« Ca n'a pas été facile, » commençait l'agent en tenue blanche, « Mais on a réussi à trouver deux coins clandestins. Je vous épargne les détails pour les trouver... - Judicieux. » L'Empereur se faisait peu d'illusions sur les méthodes d'obtention. Même un agent d'excellence n'aurait rien put faire en deux heures. La méthode facile consistait à pirater les renseignements Arkaniens. La moitié des tripots et des coins à coquins étaient en stock dans les services locaux. Qu'ils n'aillent pas le nier. « La société Arkanienne n'a pas de spectre lumineux dans le comportement, c'est noir ou blanc. Blanc en surface, noir en profondeurs. On a trouvé des salles de torture et des lieux de combat clandestins. L'un d'eux bénéficie de la protection d'un membre du Dominion. - De l'opposition ? - Non, de la majorité. - Dommage. Poursuivez je vous prie. - Le centre est baigné d'un champ anti-grav, visiblement inspiré des stades de grav-ball. A ceci près qu'on s'y dispute des combats. » Harlon eut un frisson. « Mortels ? - C'est arrivé qu'on y meurt, mais les règles ne précisent rien en ce sens. Sûrement des accidents. - Sûrement. » Harlon réfléchit un instant. « Et où est-ce ? »




S'habiller en classe moyenne sentait encore la richesse pour lui. Il avait fait le divin effort de mettre un pantalon en toile denim sentant la naphtaline, un blouson de cuir usé aux coudes, un maillot de corps en coton simple et une écharpe de bobo endimanché. Son tailleur, deux agents entrés pour d'autres affaires et un maître d'hôtel en avaient vanté la perfection de classe moyenne. Mais chacun, Harlon comprit, était unanime. Même habillé en peuple, l'Empereur sentait la noblesse partout autour de lui. Impossible de faire illusion dans sa peau d'humain. Il lui fallait une peau d'Arkanien. Son attitude hautaine serait transparente, même pauvrement vêtu.

Dans son salon s'étaient étalés des coffrets de maquilleurs, on avait ouvert des mallettes de lentilles pour trouver celles qui couvriraient ses yeux sans l'incommoder. Après réflexion, on préféra laisser ses cinq doigts tels quels. Beaucoup d'Arkaniens se faisaient retirer le petit doigt par chirurgie, on pouvait bien tomber sur un natif qui ne voulait pas d'un bistouri sur ses membres. Harlon imaginait déjà l'équipe des agents pester pour ce travail ridicule. Sur le déploiement d'efforts pour les caprices d'un seul homme, qui avait une batterie d'agents pour l'aider à couvrir ce genre d'opérations.

Mais, pouvait-on rêver d'une telle place sans l'idée d'assouvir un ou deux caprices ?




On lui avait tiré les cheveux en arrière, les avait laqués et teint en blanc neige, des oculaires opaques lui donnant les yeux blancs laiteux sans le faire pleurer, sa barbe arrangée et brossée différemment, ses habits classiques posés sur les épaules. Il transpirait maintenant l'Arkanien qui se désirait riche, s'en donnait les manières, mais n'en avait pas les moyens. Snob de tout et de tous, mais avec les poches que même les saletés avaient déserté. Il doutait même qu'Elizabeth le reconnaisse. Le lieu était bien gardé : en pleine zone résidentielle, dans une ruelle qui longeait une maison classique de la périphérie. Ils avaient rendez-vous à un pa^té de maison, devant une épicerie ouverte jour et nuit. Elizabeth était reconnaissable dans ses habits de semi-pauvresse, mais il fallait qu'il se signale élégamment.

« Mademoiselle ! » Il résista à l'envie narquoise de lui demander son zéro-six et de lui dire sobrement qu'elle était bonne, se ravisant devant le mauvais goût induit par cet abordage. « Bonsoir. Vous attendez quelqu'un ? » Impossible qu'elle le reconnaisse avant qu'il ne tire un message clair. Une Reine Blanche, tirée d'un échiquier d'homme riche. « Car seule... ne s'ennuie-t-elle pas ? »
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By Elysia Astellan
#34350
    Elizabeth s’était préparée en suivant les conseils d’Harlon. Quelque chose de simple, et de relativement moyen. De la toile, épaisse, pour le pantalon et la tunique, et une veste en polyéthylène tissé, moderne mais accessible, aux pieds des bottines quelconques, même pas du cuir. L’Arkanienne, d’un geste simple, avait tiré et attaché ses cheveux en arrière. Pas de bijoux, à peine du maquillage.

    Dans ce quartier reculé d’Adascopolis, et tout ce qui n’était pas hypercentre et quartier des affaires était considéré comme reculé, la couche de neige atteignait en moyenne un mètre, un autre critère significatif pour l’obtention du qualificatif « reculé », en somme, une banlieue résidentielle. On imaginait, sous un climat doux, des maisons entourées de jardins, rangées en allées propres bordées d’arbres. Mais ici, les habitations étaient des cubes compacts aux arêtes chanfreinées, dont les fenêtres étaient étroites et qui comptaient jusqu’à dix logements. Ici, personne ne se donnait la peine de déneiger le pas des portes, les entrées comportaient un sas à deux niveaux dont l’un mobile qui adaptait automatiquement sa hauteur de sortie en fonction de la couche de neige. Au dehors, on ne marchait donc pas sur les trottoirs, mais sur la neige qui s’était accumulée sur les trottoirs, et pour différencier les chaussées des trottoirs, de hauts poteaux dépassaient du manteau blanc et délimitaient les voies de circulations. Ici, il n’y avait pas de tunnels en plexi armé pour rejoindre l’hyper centre, mais la navette passait toutes les heures, s’arrêtait aux abords d’arrêts couverts, eux aussi à niveau adaptatif. Au sud d’Adascopolis, la hauteur de la couche de neige variait entre un et deux mètres, les systèmes étaient prévus pour monter à trois mètres, au-delà, le quartier était paralysé, et la navette ne passait plus.

    En face de cette épicerie, dont le auvent couvrait largement la devanture, se tenait l’un de ces arrêts, on y avait déposé Elizabeth, et elle attendait désormais l’heure du rendez-vous. De temps à autres, elle jetait un coup d’oeil à droit, un coup d’oeil à gauche. Il n’y avait personne. La nuit tombée, les bâtiments de béton perméable s’illuminèrent de néons réguliers et les bornes de circulation se mirent à clignoter lentement. Un speeder passa dans la rue perpendiculaire. La Reine guettait l’Empereur, en vain. Finalement, l’un de ses congénères s’approcha, elle le surveillait du coin de l’oeil, serrant dans l’une de ses poches la crosse d’une arme.

      « Mademoiselle ! »

    Il était encore à plusieurs mètres. Cette distance qui s’amenuisait préoccupait Elizabeth, elle ne prêta pas attention à son timbre de voix. Elle ne répondit pas.

      « Bonsoir. Vous attendez quelqu'un ? »

    Il s’était arrêté, et malgré sa petite taille, l’Arkanienne lui jetait un regard noir.

      « Oui. »

    On n’avait jamais autant espéré voir arriver la navette. Malheureusement, ce n’était pas son heure. L’homme esquissa un geste, la Reine un pas de recul.

      « Car seule... ne s'ennuie-t-elle pas ? »

    Elle reconnut aussitôt la pièce, la Dame, dont la tiédeur jurait avec la chaleur des mains de l’Humain travesti. Elizabeth se décrispa instantanément.

      « Tu es méconnaissable, c’est réussi. »

    Mais maintenant qu’elle savait, elle voyait ici et là les défauts de son déguisement. Et ce qu’elle nota surtout, c’était que ça ne lui allait pas. Non, vraiment pas, l’Humanité lui seyait davantage, et Elizabeth n’avait jamais vraiment trouvé attirants les Arkaniens. On ferait avec. Et il lui faudrait quelques heures pour s’habituer à cette transformation. Quoi qu’il en fut, Harlon ferait illusion. Il n’était qu’une chose qui lui ferait défaut, sa vision. Au milieu d’Arkaniens, un Humain seul paraissait toujours perdu, parce qu’il lui manquait la moitié de l’information sociale essentielle, à savoir les champs thermiques. On aurait du mal à comprendre d’un Arkanien qu’il fût indifférent aux signaux thermiques, surtout là où se rendait le duo.

    Et quelle destination … la petite fête prenait place au sous-sol d’un de ces bâtiments cubiques. On avait creusé beaucoup plus profond que la normale autorisée, bien en dessous des infrastructures, sous les fondations d’origine. Une porte gardée, puis un escalier en colimaçon menait sous terre et débouchait sur une cage de verre. On s’y sentait léger, et si l’on regardait en bas, on pouvait déjà constater que la fête battait son plein, car ici, on entrait par en haut. Il fallait sauter le pas, entrer dans le sas, et se laisser porter par le champ antigravité. La notion de haut et de bas se trouvait alors défaite, et si l’on voguait jusqu’au fond de la salle principale, on tombait nez à nez avec cette large sphère faite d’un grillage métallique, et au centre de laquelle se faisaient face deux colosses biomécaniques. Mais l’événement était déjà trop lointain pour qu’Elizabeth put l’apercevoir.

    À peine avait-elle posé le pied sur le sol vitré, que la Reine avait agrippé la manche d’Harlon. Elle ne se sentait pas tout à fait prête, à plonger là-dedans. Son regard courait dans la salle, le long des murs, où les gens s’ancraient au fond de fauteuils soudés aux parois et buvaient le contenus de balles creuses microscopiquement poreuses. Tout un festival auquel la Dame n’avait vraiment pas hâte de participer. Néanmoins, d’autres visiteurs entamaient déjà leur descente du colimaçon, et le second portier incita le duo à se décider.

      « Tu passes d’abord ? »

    Elle lâcha la manche, la rattrapa aussitôt.

      « Appelle-moi Elysia, c’est la traduction, sinon on pourrait se poser des questions. »

    Car les Elizabeth ne courraient pas les rues sur Arkania.
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By Harlon Astellan
#34379
Réussi. « Tu n'es pas mal non plus. » Il nota la crinière qui se balançait derrière la Reine, et ne put résister à l'envie de la prendre à la racine et de la faire glisser sur ses doigts. « On croirait un fil d'ange. » Un filin d'argent passé entre des doigts de pêcheur. « Tu es... différente comme ça. Comme si tu étais habituée. » Harlon se savait idéal dans son costume. personne ne remarquerait rien. Et ne venait-elle pas de dire qu'il était méconnaissable, et que c'était réussi ? « Je découvre un monde plus... étrange, ici. Sujet aux éléments. Plus... vulnérable. » Les périphéries n'échappaient pas au triste sort du désintérêt des élites de centre-ville. Les beaux quartiers parquaient le confort d'une poignée de privilégiés ingrats et hautains, tandis qu'à leurs pieds directement s'étalaient des édifices qui allaient se vieillissant chaque quart de siècle. Les portes se modulaient en hauteur pour que la neige pose devant les entrées ; les fenêtres se protégeaient d'un volet métallique, parées à se faire ensevelir sous la neige assassine ; les lampadaires avaient 5 hauteurs de lumière pour guider le flot de petits transports, qui rarement fendaient le ciel nocturne perpétuel. Les ombres des bâtiments donnaient à l'obscurité de pleuvoir à tout instant de la journée. La nuit ne servait de prétexte qu'à la fin du travail dans ces zones déshéritées. « Une navette ? Vous n'avez pas de... » laissa-t-il mourir dans sa gorge. Il allait demander où était le monorail qui serpentait autour de la ville. Il était évident qu'ils n'en avaient pas. Ce transport, rustique mais rapide et peu onéreux, avait déjà trouvé son public parmi les pauvres peuples de l'Empire. Semblait-il que les disparités Arkaniennes soient creusées au point de ne proposer que des vaisseaux, certainement réquisitionnés à d'autres postes.

Et il ne fut pas en tort. La navette était un modèle reconnaissable : Navette Kappa, de celles qui acheminaient autrefois les soldats Clones, et les premiers soldats de l'Empire, avant que Sienar n'impose ses nouveaux modèles Sentinelle et Lambda pour supplanter cette antiquité. On avait creusé la coque à bon escient pour placer des vitres aux bons endroits, retirés les ailes et privilégié les appuis anti-gravité pour s'accommoder aux voyages atmosphérique. Plus économique, plus silencieux, plus rapide. La conversion de l'appareil était judicieuse et bon marché, un compromis qui maintiendrait ce moyen de transport pendant un temps. « Ca fera 3 crédits » fut la seule injonction qui le fit tiquer. Le prix d'un transport pour un accès planétaire sur une durée de 3 heures coûtait 1 seul crédit en terres d'Empire. La journée de travail était payée à un minimum de 60 crédits, il trouvait injuste qu'on ait à payer un dixième de son salaire en transports.

« Tu sais quoi ? C'est ma première balade en transport en commun. » Sa prime jeunesse se comptait en taxis, en speeder personnels et en transports officiels. Il n'avait jamais eu à monter dans un transport crasseux partagé par la plèbe. Ca ne sentait pas aussi mauvais qu'il l'aurait pensé. Loin de voir une horde de jeunes gens écoutant fort de la musique, ou des cas de harcèlement, il observait çà et là des natifs, les oreilles engoncées sous des casques cristallins, certainement diffusant des musiques qui n'engageaient pas à la réflexion, et ne servaient jamais que de berceuses le temps d'un trajet jusque chez soi. Des gens allant du jeune à l'ancien, de l'homme à la femme, du nerveux au somnolent. Les gens rentraient, fatigués, heureux de se poser au fond de leurs canapés, de regarder des programmes décérébrés en écoutant le conjoint blablater tandis que les enfants s'égaillaient sur le tapis du salon. « C'est à l'arrêt Parkhat, CHU. De là je pourrais nous guider. »




Le pâté de maison fut couvert en un rien de temps, durant lequel il prit une main de son accompagnante, la portant à l'occasion aux lèvres. Le comportement le révélait comme un faux natif, mais qui témoignerait ici ? « Tu n'es pas mal du tout comme ça... les cheveux surtout, ça te change radicalement. C'est mieux comme ça. » Il caressa encore une fois la crinière. « Tu sais quoi ? Tu fais très secrétaire comme ça. Tu voudrais travailler pour moi ? Pas mal payé, pas mal d'avantages. Tu prends mes rendez-vous et tu me ferais mes thés, toute la journée, avant de travailler en chemise au sommet de ma tour de travail. » le pire, il s'imaginait parfaitement la scène. « Non, ça ne te tente pas ? Tu y gagnerais en tout. Les rats de la cour impériale s'identifient plus facilement qu'ici. » Mais le trajet prit fin bien vite. « Et voilà, Parkhat CHU. C'est à nous. »




Le bâtiment n'était qu'un bloc résidentiel. Les balcons laissaient traîner des tapis secoués, des plantes d'hiver laissés à aérer, et divers artifices trouvés pour égayer pour de faux un bloc en permabéton gris qui envoyait les gens au-dessus du vide froid et terne de la banlieue. Qui voulait habiter ici ? La ruelle longeant ce bâtiment avait des poubelles en fer, de l'humidité au sol et des odeurs qui ne respirait pas le folklore culinaire. Mais on remarquait vite un local gardé par deux gens à l'air louche, dont il était évident qu'ils étaient armés. Deux Arkants mal embouchés qui les poussèrent vers l'entrée, dès qu'Harlon s'en donna le mot de passe. L'entrée dégageait un relent de tripot sentant le cigare mouillé et la bière bon marché. Mais une fois passés les deux sas, on tombait sur la richesse cachée des milieux souterrains.

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La musique hurlait aux oreilles, les couleurs blessaient les yeux, et l'ambiance tournait les têtes. Harlon sourit intérieurement, et se mit instinctivement à parler plus fort. « Ici, les bords sont en gravité, mais au centre, non ! On peut danser, boire et discuter en apesanteur complète ! » Il pointa également le bas de l'édifice cylindrique. « Sous cette grille agrémenté d'un verre pare-balles et insonorisé, on dispute des combats. Le gagnant remporte des améliorations cybernétiques ici ! » Les combattants, souvent des Arkants et des Arkaniens désireux de devenir des Yaka, ou tout comme. Un point mécanisé ou un torse en plastacier aidait à gagner un autre combat, qui promettait de meilleures récompenses. Tout était fait pour que les combattants réinvestissent leurs gains dans un combat prochain. L'espoir demeurait dans le gain du plus gros lot... après qu'on ait fait des monstres sur-augmentés juste bon à faire couler le sang. Le système était parfait, si bien que quand le dernier combattant gagnait le grand prix, il ne se souvenait plus des raisons invoquées pour le convoiter. Et il n'en disposait pas, quand il le réclamait tout simplement.

De l'homme à la machine par l'appât du gain.

Il n'était pas pressé d'y aller. Ca sentait mauvais, mais c'était un genre d'aventure. Il ne fallait pas s'y tromper : le risque était omniprésent. Combats clandestins, matériel anti-grav non homologué... et pour rappel, l'adresse venait d'une liste d'établissements surveillés par les Arkaniens. L'endroit était illégal, et ainsi était-on sûr que beaucoup ici portaient de l'artillerie. « Tu passes d'abord ? » Harlon hésita. A quoi bon y aller d'abord ? Ils étaient là pour s'amuser à deux ! Et les duos qui tournaient à l'envi dans le champ central n'étaient pas rares. « Allons-y ensemble ! » Il lui prit les deux mains, reculant pas à pas, pour se poser les talons au bord du précipice. « Profitons-en... C'est le seul moment où l'on va pouvoir faire ça ! » Ca, c'était la prendre par les bras, et se laisser tomber dans le vide... « Et toi, appelle moi Bob ! »




« Kestu veux ? Tu te crois à un bal costumé, fils de krayt ? »

Slish slish. Le surin volait, ne laissant dans les quatre dimensions qu'une apparition sonore fugace, comme un chuintement. Les axes tridimensionnels ne semblaient même pas aptes à enregistrer son existence. Tirer les corps des videurs était la tâche la plus longue. Pourtant, elle ne dura qu'un battement de coeur optimisé. Une silhouette en bandelettes serrées pénétra à son tour dans le cylindre sous-terrain.
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By Elysia Astellan
#34411
    L’Empereur paraissait surpris. On était ici en banlieue de la capitale, et cela ne valait pas mieux que le village minier visité quelques jours auparavant. Et qui vivait ici ? La plèbe, ceux qu’on ne considérait pas, parce qu’ils ne le méritaient pas. L’on se demandait comment l’Unité allait sortir de là tous ces gens ? Elle ne le ferait pas. Ceux qui étaient en bas étaient condamnés à y rester. Sur Arkania, seule comptait la reconnaissance. On pouvait très bien vivre sans elle, mais il ne fallait pas prétendre à mieux que ces cubes de béton. Et quant au coût de la vie … la vraie pauvreté n’existait pas. Les habitants d’Arkania ne connaissaient pas la mendicité. Les villes ne toléraient pas qu’on occupât leurs trottoirs de la sorte, ailleurs, les sans abris disparaissaient sous la neige, gelés, ensevelis, oubliés. La planète se purgeait seule de ses plus faibles parasites. Parasites sociaux, qui n’oeuvraient même pas pour leur propre cause, car l’Intérieur veillait à ce que chacun reçût un salaire. Et l’Intérieur était le dernier des soucis du Monarque. L’Intérieur était à la charge du Dominion. Si ici la situation venait à dégénérer, ce serait le problème du Dominion …

    * * *


    De surprise en extase, Harlon ne tarissait pas de compliments. Il suffisait donc de s’apprêter comme un sac pour plaire à ses yeux. À noter. On se demandait pourquoi on passait des heures à se faire des tresses et des chignons … à faire faire à I-sys des tresses et des chignons s’il suffisait de s’attacher les cheveux en queue de cheval … Ah, bien sûr …

    Un haussement de sourcil. Un haussement d’épaules.

    Elle n’allait pas lui dire qu’elle en avait eu l’habitude. Qu’elle avait vécu dans ce genre d’endroit. Pas ici, pas sur Arkania, mais dans le fond ça ne changeait rien au mode de vie. Et après tout … il avait bien été soldat. Non, ça c’était différent. L’exemple de la soeur aurait été plus pertinent.

    Elle se contenta de lui sourire, et de s’agripper tantôt à ses mains, tantôt à ses manches.

      « Secrétaire … Ça ne doit pas être si mal. Ça doit être reposant. »

    Elle se serra contre lui. En définitive, elle n'était pas contre.


    * * *


    Quoi ?

      « Bob ? Non, att… »

    Trop tard, il était parti. Ils étaient partis. Le passage en zéro gravité était surprenant. Et terrifiant. Harlon ne put sentir, sous sa veste, les ongles de l’Arkanienne qui se plantaient là où ils le pouvaient. Ne me lâche pas. Il n’aurait pas pu la lâcher, elle se serait accrochée. On était bien loin des codes urbains, des bals populaires, mais d’un niveau bien supérieur à ce … cette fête. Ici, on se tenait, on se collait, on … et ils faisaient quoi les deux là-bas ? Étaient-ils tous drogués ?

    Instinctivement - instinct de survie -, Elizabeth s’était rapprochée de l’Humain, déguisé en Arkanien. Elle avait même fini par ne plus regarder que lui, ne voulant certainement pas voir ce qu’il se passait autour. Ils flottaient tous les deux, au milieu de tant d’autres. Et maintenant ? Elle était perdue, peut-être lui tout autant, mais elle attendait de lui qu’il menât la danse.

    Quelques minutes s’écoulèrent ainsi. Le silence qui régnait entre eux était largement comblé de musique assourdissante. Et pour l’instant, les mots n’étaient pas nécessaires, on en était encore à découvrir cette sensation si étrange, et qu’on imaginait banale pour le soldat qu’avait été l’Empereur. De temps à autres, Elizabeth regardait ses pieds, à la recherche d’un repère, mais revenait aussitôt à Harlon, son seul repère en ce lieu. Ils leur sembla soudain que le volume de la musique diminua, et une annonce retentit.

      « Mesdames, Messieurs, ce soir, Tranor II affronte le Champion de Kanti ! Mesdames et Messieurs, les paris sont ouverts ! »

    Et la musique reprit de plus belle.

      « Quoi ? C’est quoi ? »
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By Harlon Astellan
#34503
« C'est reposant oui. Personne n'ose s'adresser à moi directement. Ça économise le travail. Envoies-moi ta candidature avec tes expériences, je te recevrais peut-être. » ironisa-t-il. Il l'enserra doucement, avec fermeté néanmoins. Secrétaire oui. Il aimerait bien voir ça.




Bob. Oui, Bob. Qui voulait s'appeler Bob ? Qui, s'il en avait eu le choix, aurait déclaré à la face du monde ce prénom si affreux, palindrome de l'absurde, Bob, dit Bobby, diminutif de Robert ? Qui aurait voulu ? Bob. De fait, qui se serait donné ce prénom comme couverture ? Pour un espion, ce camouflage, quel camouflet ! D'où la pertinence. Et, devait-on préciser, pour le plaisir de la voir se tordre la bouche de dégoût devant un tel patronyme. Elysia, c'était joli, c'était logique, c'était choisi. Bob, c'était moche, c'était spontané, c'était une blague. Bob, ça passait inaperçu de médiocrité.

Des ongles plantés partout, en revanche, ne passaient pas inaperçus, même dans l'euphorie. « Détends-toi, Elysia ! Danse ! Danse avec le vent... » Pour lui montrer, il la prit fort, serrant ses bras autour de la taille de guêpe de la Monarque, ses pectoraux contre un dos bien couvert, une queue de cheval dans le nez, sa barbe piquant sa nuque. Habilement, il enroula son pied autour de la fine jambe arkanienne, et se sépara d'elle un instant, les laissant tourner autour du vide, comme une graine de pissenlit soufflée dans les plaines. « C'est ça la magie ici ! On danse, on virevolte, on se lance, on se rattrape, on se rejoint, on se sépare, on vole et on tombe... tout en même temps si l'on veut ! » criait-il pour couvrir le bruit ambiant. Dans tous les coins, des balcons à buveurs de cocktails pendaient et remontaient tour à tour, leurs cerveaux prit dans un champ qui leur faisait perdre la notion du haut et du bas lavant tous leurs sens. « Une valse ! Refaisons une valse ! Comme celle du premier soir ! Mais laisse-toi aller ! Pense en trois dimensions ! Abandonne-toi à tes rêves d'envolée sauvage ! » Sous leurs pieds, des combats stupides, pour des prix stupides, par des gens stupides. Ils restèrent là, à se séduire corporellement, à danser sans complexe, lui observant le malaise amalgamé de sa belle. L'ambiance, les gens, les déboires physiques, la liberté... Tout pour lui offrir le mélange exquis de la libération sociale.




Là. Juste en bas. Dans les gens dansant, le vide pour parquet flottant, il s'amusait avec sa donzelle. Il riait et volait un peu partout. Lui qu'il traquait depuis des mois. Suivi sur Arkania, à raison des filatures toutes plus compliquées les unes que les autres. La silhouette n'inspirait rien aux invités, dans un état trop second pour y porter l'oeil attentif qu'il méritait. La carrure de la bête avait de quoi faire peur. Un cou de taureau, des épaules en duracier et une lame qui battait sa cuisse, alors que son corps entier était recouvert de bandelettes grises serrées fort. Deux oculaires transperçaient ses yeux, et un filtre courait sur sa bouche. De loin et de près, on l'eût confondu avec un Tusken sans difficulté. Ce que d'aucun croyait qu'il soit, même si la probabilité était trop infime pour compter.

Prenant appui sur une rambarde, il calcula son saut en un instant, faisant le tour du cylindre pour se poster au bon endroit... Quand il vint, il déplia les jambes et se jeta dans le vide. Son saut l'avait propulsé en ligne droite dans le champ antigrav, lui permettant de percuter en ligne droite sa cible. Après l'avoir touché au torse, il lui prit la gorge, ses doigts cerclés de lames fines en cortosis raclant sa carotide, avant que leur chemin ne se finisse de l'autre côté du cylindre, sa proie déjà devenue une carcasse morte, un filet de sang en lévitation restée derrière lui, tandis que la femelle criait sur son passage.

Harlon Astellan ? Non, il était bien vivant. La cible présente n'avait rien à voir.




« Mince ! » L'euphorie tomba vite devant ce qui était certainement un meurtre, à en croire la traînée rouge et le cri phénoménal qui suivit aussitôt. « Il faut y aller, sans quoi la police nous interrogera, et adieu notre anonymat ! » Il était déçu et en colère. Contre l'imbécile qui interrompait son moment plaisant pour une affaire personnelle. Même s'il fallait reconnaître un certain talent dans le meurtre pour choisir cet endroit. Témoins aveuglés et drogués, lieu illégal... La police n'allait rien trouver. « Filons ! » Il commençait à se faire tard de toute façon.




Le retour fut un peu plus maussade, mais pour autant il profita un peu du calme. Le son collait à l'ambiance, mais il se rendait compte que son cerveau cognait à son crâne pour sortir prendre l'air. Il dodelinait maintenant doucement de la tête, un peu fatigué, avec une hâte d'aller dormir. « Je te raccompagne jusqu'à chez toi, et je file à l'ambassade. » posa-t-il, « Mes services vont me refaire tout un chapitre sur la sécurité, intégrité physique et tout le toutim... Demain, on se lève tôt. »
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By Elysia Astellan
#34530
    Oui, vraiment, Bob c’était moche. Ça n’avait pas d’importance ! Si, si, ça en avait. On ne pouvait pas danser au bras d’un Bob. Et pourquoi pas ? Bob, le diminutif de Robert. Oui, mais aussi celui de Robin. C’était un peu mieux, Robin, non ? Ça consolait de se dire que Bob pouvait tout aussi bien s’appeler Robin. Non, pas vraiment.

    Autant de pensées qui ne traversaient pas l’esprit de l’Arkanienne.

      « Je suis détendue ! »

    Et les ongles toujours aussi ancrés dans les manches du blouson de cuir. Il avait pourtant raison. Et plus il la serrait contre lui, plus elle lui accordait ce point. Jusqu’à lâcher la prise qu’elle avait maintenu si ferme depuis leur saut. Tout comme l’Humain s’était laissé entraîné dans une valse populaire arkanienne, la Reine tâcha de s’adapter à cet environnement survolté, où chaque sens se trouvait redéfini. Il la lâcha soudain, lui donnant l’impulsion nécessaire à la faire tournoyer. Peut-être, à ce moment-là, poussa t-elle un cri, de surprise, de peur, de joie, d’un peu tout à la fois.

    Il était maintenant si loin d’elle, elle tendit les mains pour le faire revenir. Elle se sentait un peu perdue, se pensant incapable de se mouvoir sans un repère terrestre. Mais à force d’acharnement, et de quelques brasses peu gracieuses, elle trouva un moyen d’aller là où elle l’avait décidé : dans les bras d’Harlon.

      « Je l’ai fait ! »

    Elle lui adressait un sourire satisfait, et pour récompense, il lui donna une valse. Elizabeth ne pouvait s’empêcher de regarder ses pieds, comme s’ils étaient la clef d’une énigme complexe. Mais alors, elle ne voyait plus Harlon, et il était essentiel de voir Harlon. Il disparaissait, reparaissait, et elle, elle essayait de suivre. C’était une petite vengeance, pour l’avoir jeté sur la piste de danse, sans aucune explication. Par analogie, elle prit conscience que surveiller ses pieds n’aidait à rien, ils n’étaient plus que de petites palmes, dont on battait pour aller un peu ici et un peu là.

    De raté en raté, l’Arkanienne se laissa aller au fou rire, dernier exutoire de sa flagrante maladresse. L’Humain la récupéra alors, et elle l’embrassa, glissant ses huit doigts fins dans ses cheveux travestis. Il n'était pas franchement beau ainsi déguisé, mais il n'en était pas moins Harlon. Elle l’embrassa longuement. D’abord sagement, puis langoureusement. Et ce contact, si intime, presque intrusif, lui procura une sensation oubliée, un frisson, peut-être de plaisir.

    Un cri retentit, un cri strident, qui n’avait rien de ces hurlements bovins que se lançaient les fêtards. Il y eu d’abord un mouvement général de recul, puis une précipitation vers les sorties. Et pour les deux chefs d’État, il n’y avait effectivement qu’une seule solution : sortir au plus vite. Au rythme de la foule, ils remontèrent à la surface, la main d’Elizabeth n’avait pas quitté celle d’Harlon. Ils sortirent au grand air, ce froid mordant qui se glissait partout, même là où l’on avait pris soin de calfeutrer la taille de son pantalon avec sa tunique.

    L’Arkanienne se sentait un peu pataude, lourde de ce retour si rapide en gravité. Elle n’avait pas eu le temps d’apprécier le changement d’état, brusquée par la ruée. Désormais, les deux pieds dans la neige, elle examinait cette nouvelle sensation. Et dans le fond, l’expérience lui laissait un souvenir heureux. Pire encore, elle s’amusait du triste sort de la victime égorgée : pour une fois que cela ne les concernait pas ! Mais avant d’ouvrir la bouche et de dire une bêtise, elle nota l’air las de son aimé, et contint ses remarques idiotes.

    * * *


    Comme la fois précédente, Harlon raccompagna Elizabeth jusqu’à sa suite. Il avait dit vouloir filer.

      « Tu ne peux pas rester ? »

    Elle avait renoncé à s'agripper à lui, préférant ne pas ajouter à sa fatigue un harcèlement physique crispant. Pourtant elle était peinée à l’idée de le voir repartir, les journées, et par conséquent les soirées, étaient si courtes sur Arkania. En guise chantage, elle avait même songé à courir allumer sa lanterne de détresse, mais elle n’en fit rien. Elle avait proposé à l’Humain une place à ses côtés pour la nuit, l’intention n’était pas de lui forcer la main.

    En attendant la réponse, les excuses, les justifications, la jeune femme se défit de sa veste synthétique, la posa délicatement sur le dossier d’une chaise. La veste, en elle-même, n’avait rien de délicat, mais l’Arkanienne, elle, se sentait d’humeur douce. Machinalement, sa main alla chercher l’épingle qui retenait ses cheveux. Elizabeth se redressa alors, piquée par une question.

      « Pourquoi ça te plait tant ? »

    Tout en désignant la queue de cheval d’un moulinet de l’index, elle revint auprès de l’Empereur. Une fois encore, elle prit le temps de l'observer, ces yeux sans iris ni pupille ... ce n'était vraiment pas son truc.
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By Harlon Astellan
#34554
« Je l'ai fait ! » Quoi donc ? Quel exploit pour telle exclamation ? Quelle barrière pour quel baron ? Un peu amusé, il l'avait vue flotter dans les airs, comme un téméraire oisillon qui s'en voyait pousser des ailes de Mynock, acceptant son erreur un instant trop tard. Témérité vite récompensée, puisqu'elle trouva enfin le point de flottement : se mouvoir dans diverses directions en s'aidant de l'absence de friction. L'exercice lui semblait facile, mais il justifiait de quelques expériences militaires obligatoires en gravité zéro. Il fallait maîtriser les fondamentaux, des fois que l'homme soit affecté comme fusilier-marin : se mouvoir en zéro-G sans se fatiguer, tirer en zéro-G, et savoir distinguer le haut du bas les yeux fermés. Le cerveau était tout retourné en manque de gravité. Le coeur, trop puissant pour laisser tomber la circulation sanguine, ne mettait pas en défaut le corps humanoïde, mais le cerveau, lui, devenait tout perturbé de ne trouver aucun point d'ancrage magnétique.

C'en fut assez pour qu'elle se donne enfin aux instants plaisants, innocents, taillés sur mesure pour ses secondes intérieures. Pas d'étiquette, juste l'envie de s'amuser, de sentir la quiétude dans les tripes, et de se faire nouer l'estomac avec l'envie de recommencer et d'envoyer paître les autres, au moins le temps d'un soir en anonyme. Cette assurance qui les faisait virevolter dans l'ascenseur émotionnel qu'était le cylindre. Dans lequel la Monarque sembla se découvrir une nouvelle passion : exprimer la-dite passion. Du cap des baisers sur le bout des lèvres, elle le capturait à pleine bouche, le fixait dans de grands éclats de rire, lui plantant toujours les ongles dans les manches. Pour un instant, il crut qu'elle était devenue totalement hystérique. Sans se rendre compte qu'il le devenait un peu aussi. Il aurait du lui dire de se contenir, d'arrêter ses jérémiades, de ne pas être trop démonstrative en public. Mais pouvait-il s'empêcher pour autant de l'apprécier comme ça ?




A prendre la navette en sens inverse, il avait fermé les yeux quelques instants, et marché presque mécaniquement vers le logis de la Monarque. Passer les barrages, floutés pour sa vision approximative, s'avéra facile avec un chef d'Etat à qui il tenait le bras. La suite de la Monarque lui semblait identique à la dernière fois qu'il y était venu. Il repéra les points de chute où il pouvait s'avachir quelques secondes. « Tu ne peux pas rester ? » Il exprima sa fatigue en clignant des yeux en douceur. « Ce n'est pas raisonnable... il se fait tard et... » Et puis, de toute manière, qui l'attendait ? Si c'était pour recevoir encore une fois le topo de la sécurité... « ... Laisse-moi juste dire à mon Capitaine de la Garde que je reste ici... et aide-moi à enlever ses lentilles après, sinon je vais en perdre un oeil ! » Son comlink lui parut énorme quand il le tint et se fit sermonner avec tact. D'un ton égal, sans animosité, son Capitaine lui expliqua ce à quoi il s'était exposé. L'engueulade n'était qu'à une étape intellectuelle de la conversation qu'il tenait maintenant. « Je sais... je sais... oui je sais... Non, j'ai de l'estime pour votre trava... oui... oui... non, c'est surveillé et sous bonne garde... Oui, demain... demain matin à la première heure. Bien. Entendu. Dites aux hommes de faire préparer mon transport pour la bonne heure... » Il aurait pu s'opposer à un ton trop condescendant envers lui d'une pirouette, mais il était trop las et ailleurs pour cela. Que Kanos lui redise le besoin d'être toujours visible, signalé et à portée d'intervention s'il voulait. L'Empereur écouterait si ça lui chantait. Sans qu'il ne trouve le capitaine déraisonnable. « Et voilà ! Tu as l'Empereur Galactique, Chef des Armées Impériales, Grand maître de la Diplomatie Impériale, Commandeur Suprême de la blablabla... pour toit toute seule ce soir. » Il soupira en faisant vibrer ses lèvres. « Et ma foi, tu es aussi en position de faire ce que tu veux de moi... » Il se força à se concentrer un peu sur la situation : Elizabeth qui se déshabillait légèrement, ce qui lui inspira de se mettre en chemise à son tour. « Pourquoi ça te plaît tant ? » Il lui fallut observer deux secondes pour deviner de quoi elle parlait. Elle se rapprocha de lui, et il put lui offrir un de ces rares sourires dont il avait la pingrerie. « Je ne sais pas... c'est... plus simple. Plus ouvert. C'est Elizabeth, mais pas vraiment Elizabeth. Ou alors justement, c'est plus Elizabeth. » Encore une fois, il passa sa main dans la crinière, la ramena devant lui, s'en fit brièvement une moustache, et embrassa le bout de tignasse. « Viens m'aider à enlever ces trucs... Peut-être que j'embrasserais ce qu'il y a au bout de la mèche de cheveux. »




Les yeux revenus à la normale - après quelques pleurs robotiques - et les cheveux revenus à leur norme, il tint sa promesse, et rendit une belle étreinte à la Monarque. « J'ai passé une grande soirée avec toi. » Un autre baiser, plus rapide. « Une merveilleuse soirée. » Il la souleva de terre, La tenant au-dessus de lui, les pieds décollés. « Garde ces cheveux. J'aime cette chevelure. Je t'aime comme ça... Mais en définitive, je t'aime tout court, et c'est bien le plus important. » Il fallait une maîtrise exceptionnelle de la force centrifuge pour la gérer en espace clos sans briser d'objet, et pour ne pas se donner le tournis après des instants qui l'avaient laissé un peu fatigué. Avec une seconde source d'énergie cachée, il se redonnait la contenance qu'il fallait pour donner à son aimée un peu de tendresse et d'attention. Et... pourquoi pas plus ? « Voudrais-tu une... dernière danse... ce soir ? »
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By Elysia Astellan
#34576
    Elizabeth patienta pendant la communication impériale. Elle se lava les mains, se servit un verre d’eau, et tourna un peu en rond, verre à la main. La conversation finie, elle revint à l’Humain, qui s’annonça entièrement à disposition. Ce qui ne manqua pas de faire sourire la Reine.

    Lui trouvait cette coiffure plus jolie, plus Elizabeth, plus ouverte. C’était un concept insaisissable pour l’intéressée, qui ne voyait qu’en cette queue de cheval une simplicité presque insultante. On attachait ainsi ses cheveux pour les cacher, pour les contraindre, et que personne n’y prêtâ attention. Mais lui il trouvait ça … mieux.

      « Moins stricte ? »

    On jouait un peu sur les mots sur les mots. Plus ouvert donc moins fermé. Et lui jouait encore avec ses cheveux. Décidément.

      « Je ne change rien. »

    Elle l’avait annoncé les deux paumes levées, ses huit doigts vers le plafond, comme signe d’une promesse inviolable.

    * * *


    Les lentilles et les teintures, les Arkaniens en étaient friands. Non pour camoufler leur noble race mais pour rehausser un peu la pâleur naturelle de leur chevelure. Le précédent Monarque était lui-même adepte de ce genre de pratiques. Elizabeth, bien que désapprouvant cette mascarade un rien populaire, n’était cependant pas en reste concernant la méthode d’application.

    Pour les lentilles l’Empereur se débrouillait, l’Arkanienne lui apporta juste de quoi se désinfecter les mains avec de se fourrer un doigt dans l’oeil. Pour les cheveux, les Arkaniens avaient un truc. Un truc efficace. Un aérosol, un genre de poudre humide qui réhydratait la teinture et permettait de la retirer presque en une fois avec un simple linge chaud. Facile. Une fois fait, la Reine dévisagea Harlon.

      « C’est mieux. »

    Elle lui décrocha un sourire. Il était bien plus beau ainsi, en Humain.

    Il la prit dans ses bras, la souleva. Presque trop haut. C’était un peu gênant. Elle rougit. Pourtant, tout à l’heure, ça ne la gênait pas, pendant cette fête. Désormais, elle se sentait redevenue Reine, et lui Empereur. Ils se devaient de se tenir bien à nouveau.

    Néanmoins, elle l’embrassa encore. Leurs lèvres se séparèrent, il dit quelques mots. Une proposition, une danse, une valse. De quoi parlait-il ?

      « Oui, d’accord. »

    C’était le genre de réponse qui ne convainquait pas l’Humain. Mais elle n’en avait que faire. Il ferait avec. Et elle n’avait pas idée qu’ils ne songeait pas à la même chose.

    Elle l’embrassa à nouveau, elle insistait un peu, le laissait venir. Inconsciemment, elle tentait de ressentir à nouveau cette sensation qu’elle avait eu là-bas, alors qu’ils étaient coupés de tout, de tout ce qui faisait d’eux Harlon et Elizabeth. Mais le frisson ne se reproduisit pas. Il y avait quelque chose de magique là-bas, ici c’était différent.

    Elle sentit l'emprise de l'Humain se resserrer dans son dos, il la tenait toujours au-dessus du sol, reliée à ce monde par son seul amour.
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By Harlon Astellan
#34604
Moins stricte. Nenni. « Plus sévère justement. » L'on s'attachait les cheveux pour qu'ils ne gênent pas. Que les yeux soient dégagés. Qu'ils se baladent hors contrainte. Qu'ils se réservent au moment de leur potentiel. « Si tu dois devenir ma secrétaire... » Il agrémenta d'un sourire narquois. Il s'arrêterait là. Loin de lui l'envie d'imposer sa volonté à son aimée. « Ne rien changer ? Je suppose que je n'en ai pas envie. » Il croisa ses doigts avec les huit autres étrangers faiseurs de promesse, « Mais je suppose aussi que tu en seule maîtresse de ta chevelure. » Les coiffures complexes, il en voyait tant et tant, il aurait pu faire des mises en pli de sa simple observation. Le travail d'orfèvre de l'Arkanienne se saluait, par le déluge exquis de plumes, de nacres et d'argent qui parsemait une chevelure blanche qui s'accordait aux nuances perlées. « Tout ce que je te demande, c'est de pouvoir y entortiller mes doigts... »




« C'est mieux. » Les yeux pleurant de sa besogne et implorant d'une belle vision, il se tourna vers une forme floue qu'il distinguait entre deux essences salées qui s'échappaient à flots de son canal lacrymal. « Qu'est-ce qui est mieux ? » En dépit de tout, Elizabeth avait trouvé son succédané de coiffure à préférer chez son vis-à-vis. Avait-elle un si forte préférence pour le genre humain pour l'en souhaiter rester en dehors des atours de ses compatriotes ? Les Arkaniens défilaient-ils donc en si grand nombre qu'ils n'exhaussent plus de saveur chez celle qui devait porter le coeur de leur assemblée ? Dédaignait-elle d'autant plus qu'elle les voyait se soustraire à leur grandeur à chaque jour naissant ? Ou était-ce la transposition de l'intérêt exotique chez une non-humaine ? Humains, de leurs nombres, voyaient les autres comme des curiosités, des attraits spéciaux dont on se parait pour se démarquer. Mais une minorité se sentait aussi spéciale de vivre avec ce qui n'était pas d'ici. Harlon jouait le rôle de la caution raciale pour ce monde, auprès d'elle. Il n'y avait jamais pensé. Deux êtres aussi exotiques pour l'un que pour l'autre. Voilà de quoi agrémenter une relation spéciale comme elle promettait de le devenir. « Voudrais-tu une... dernière danse... ce soir ? » Le sens humain détecta la perplexité induite par la demande impérieuse. « Oui, d'accord. » Harlon laissa l'espace les suspendre, le temps qu'il enregistre la non-binarité de la réponse. Une machine eut déjà affiché en plein écran son incapacité de résolution. "Oui, d'accord". Non, ce n'était pas une réponse. Il fallait de l'esquive de maître ou de la naïveté d'une enfant pour ne pas avoir senti l'invitation à un acte sexuel. "Oui d'accord" venait alors poser un voile sur la demande : ce n'était pas non, mais certes pas un oui. C'était l'exemple de "l'étoile de mer" : la femme, agacée de l'insistance, étendait bras et jambes, et mimait un cadavre tandis que l'homme accomplissait sa basse besogne. Avant de se tourner sur le côté, et d'enjoindre le conjoint d'éteindre la lumière avant de dormir.

« Et bien... Allons-y ! » Offrir un moment, se donner des allures d'original, il connaissait toutes les sombres techniques qui faisait de lui un homme moins honorable qu'honorant des dames. Il se sentait néanmoins différent ici. Avec elle. Comme une envie non de profiter de son savoir, mais de le partager. Comme un arrogant désireux d'apprendre pour écraser les discussions, avant qu'il ne rencontre un disciple à qui il souhaite juste transmettre, et échanger. Avec l'Arkanienne, il trouvait une symbiose inédite et bienvenue. Haut perché dans son paradis corporel, il la prit haut dans ses bras, renversa son dos... et tomba sur le sol comme une masse. Tête rentrée, bras tendus, il laissa Elizabeth en suspens au-dessus de lui, parallèle au sol qui avait tremblé sous la chute, avant qu'il ne la dépose sur lui. « Et ainsi fanfaronneras-tu à toute oreille à ton bord que, dix secondes physiques durant, tu auras été au-dessus de l'Empereur Astellan ! » Il ria et la fit rouler sur un tapis rêche aux fils clairsemés. Il était bien ici et maintenant. Il offrait un peu de domination à sa compagne, à qui il offrait une valse horizontale un peu infantile. « Et si on mettait un peu de musique ? »




Maîtresse chez elle, ELizabeth n'avait qu'à décider de la suite. Musique, jeu, lecture, caresses calmes, elle avachie sur lui, allongé dans un divan, dans ses bras aux muscles roulants dans le lit parfumé aux senteurs du sud galactique coloré, une amusette à l'alcool... Harlon se faisait à l'idée de passer une relation chaste pour le moment. Rien à voir avec un passage à vide, juste une envie... d'autre chose. Juste autre chose. Il aurait bien aimé qu'elle soit sur lui, qu'il sente sa barbe reposer sur le fin cylindre de tendons relâchés qui faisaient la nuque de sa compagne. « Idiot suis-je ! » s'exclama-t-il, se tapant le front de sa main fermée en poing, « Je m'en voulais t'offrir quelque chose... » Il soupira avec toute l'énergie du désespoir qu'il sut alors emmagasiner, « Je l'ai oublié à l'Ambassade. » Dans un geste coutumier, il se gratta la barbe, y passant sa main pour se frayer un passage jusqu'à son menton pâli du manque de soleil, « Si tu y passes demain, je te le présenterai. Ou veux-tu que je revienne là ? » Il ne proposa d'autre date. Il s'en allait bientôt, la visite diplomatique se terminant alors. Il devait rentrer en Empire donner des ordres de déploiement immédiats.
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