- jeu. 13 déc. 2018 14:03
#34511
L’Humain, d’un regard incrédule, observait le gamin dévorer le gâteau, tout le gâteau. Il n’osait rien lui dire. Le petit Cathar s’était pointé de très bonne heure, le matin, il n’avait pratiquement rien dit, et lui n’avait pas posé de questions. Assis dans le fauteuil habituel, son fauteuil, il se délectait de ces quelques six cent grammes de pâte et de crème. Ça devait faire … neuf ou dix mois qu’il n’était pas venu.
- « Il est pas pour Kelly celui-là ? »
La question du gamin surprit Jay.
- « De ?
Le gâteau. »
Il parlait la bouche pleine, mais sa diction n’était en rien altérée, des années de pratique pour cause.
- « Ah, euh … Oh bah tu sais, Kelly, des gosses, elle en a perdu … un … deux autres, en fait. »
L’oreille droite du Cathar s’agita frénétiquement.
- « Oui, alors, tu vas pas la gaver, sous prétexte.
Non, c’est pas ça, mais bon …
Ouais, ouais. »
L’Humain haussa les épaules. Il trouva un moyen de changer rapidement de sujet, le cas de Kelly le mettant mal à l’aise.
- « T’as fait quoi pendant tout ce temps ? T’étais avec elle, la femme verte qu’est venue me voir, hein ? »
Mallow stoppa brusquement son festin, son regard sauta sur Jay comme une puce sur un chien galeux. Il fronça le nez.
- « Ouais.
T’as fait quoi ?
C’est pas tes affaires. »
Ça c’était de trop.
- « Pas mes affaires ? Tu t’es barré, sans prévenir, t’as foutu en l’air plusieurs de mes plans avec ça. J’ai galéré à te remplacer. Et je te parle pas de tes parts que tu ramènes plus. Alors t’as fait quoi ? C’est qui ? »
Le Cathar s’était désintéressé de son assiette, il la poussa sur la table basse, devant le vieux fauteuil.
- « T’as pas à savoir qui c’est. »
L’Humain eut un rire narquois.
- « Mais je sais qui c’est. Sibi Maw.
Elle t’as payé cher pour ça.
J’ai pas grand chose à faire pour la foutre par terre.
T’emballe pas. »
Le gamin approcha de sa gueule son poignet, comme il avait vu faire les plus grands. Il s’adressa à son comlink.
- « C’est bon, v’nez. »
Jay se leva aussitôt.
- « Quoi ? »
Le mioche était descendu de son fauteuil et avait rejoint la porte de l’appartement.
- « Désolé, Jay. »
D’un coup de patte adroit sur le bouton du verrou magnétique, il ouvrit la porte, et aussitôt, quatre hommes en armes pénétrèrent dans la pièce. Deux d’entre eux se saisirent de l’Humain, les deux autres ramassèrent le matériel branché au fond de la chambre.
- « Hé ! C’est quoi ça ? Bordel ! Lâchez-moi ! Mallow ! »
Le petit Cathar lui adressa un sourire radieux, ses yeux, eux, lui jetaient un regard sombre.
- « Je t’avais dit que Kelly ne servait à rien. Elle t’as pas prévenu de ça, hein ?
On est bon ?! »
Dans le même temps, on bâillonna Jay.
- « On est bon ! »
Le matériel avait été condensé en deux valises rigides. Trois des hommes, et Jay, se remirent en route, dans l’autre sens, il fallait regagner le vaisseau. Le dernier des quatre s’arrêta à hauteur du gosse.
- « Merci, Barmo.
De rien, gamin. »
Le pilote salua et rattrapa ses comparses. On mettrait Jay à l’ombre sur Malastare, il en savait déjà trop.
Mallow referma la porte, la verrouilla de nouveau. En quelques bonds, il se rua sur le fauteuil et tira à lui l’assiette au centre de laquelle trônait encore un bon quart du gâteau. Il en préleva une bonne cuillère et se la fourra dans la gueule, de l’autre main, il extirpait de sa poche un petit datapad hors d’âge et déclencha la communication.
- « On l’a.
Bien. Passe à la suite. La Twi’lek s’appelle Kala.
Jeny va bien ?
Oui. Tu as reçu mon dernier message ?
Oui, oui. Pas de questions.
File maintenant. Fais attention à toi. »
La Sith coupa, laissant Mallow songeur un instant. Son regard glissa machinalement jusqu’à son goûter.
- « Hm … bouge-toi, mon gars. »
Il était assis sur un banc. L’un de ces bancs métalliques qui bordaient les balustrades de la coursive desservant les quais. Sans une once d’appréhension, il achevait de grignoter les dernières miettes de son gâteau. De son perchoir, il avait vue sur toute la baie, et à cette heure-ci, il n’y avait pas foule à l’astroport. Mallow savourait cet instant de calme, pendant lequel personne, vraiment personne, n’était venu lui chercher des noises. Il ferma même les yeux quelques secondes, et se remémorant les mots de son professeur, ouvrit son esprit à la Force, elle l’avait appelée comme ça, la Force.
Il tiqua soudain, sa moustache se mit à frétiller, le poussant à rouvrir les yeux, et il la vit. Une Twi’lek à la peau de rubis ornée de tatouages tortueux. Il l’observa longuement, elle était pleine d’assurance. Elle était belle. Un léger sourire se dessina sur les lèvres du chaton. Il dévora sa dernière poignée de miettes et quitta son banc, à la rencontre de sa cible.
- « Hé ! Pardon … »
On y était, elle l’avait vu.
- « Dis … tu connais Jeny ? »
Et comme son maître le lui avait appris, il glissa sa pensée à l’oreille de la jeune sensitive.
- Elle m’envoie.