- mer. 29 janv. 2020 21:00
#37093
[Terminus - A l'aube d'une nouvelle année.]
La voûte est à toi, mon fils.
La voûte est à toi, mon fils.
Le vaisseau s’extirpa des étoiles avec le même ballottement dans le ventre qu’à l’accoutumée. Combien de fois cela faisait-il depuis leur départ ? Il avait perdu le compte, depuis le temps, mais cette fois ce n’était pas pareil. Les jours qui le séparaient de la dernière escale venaient de s’effacer sous l’immense astre rougeoyant veillant sur la planète. Même si l’équipage avait toujours fait montre d’une discipline impériale sincère, l’excitation du retour était palpable dans l’air. Et au fur et à mesure que se rapprochait la vie grouillante de cette planète connue, au moins de réputation, les voix retrouvaient vie. Tout autour d’eux, dans les rares visions qu’ils avaient de ce qui se passait dans ce ciel surchargé, tout donnait l’impression d’une vie rugissante et bruyante. C’était une image presque douloureuse après le silence radio des semaines passées, et des mois précédents.
Ce voyage avait été d’une longueur inimaginable pour le Prince. Et d’une douleur sans fin. Les raisons qui l’avaient poussé à monter dans ce voyage sans retour – ou presque – seraient trop longues à énumérer. Mais ce passé pourtant si proche était une autre étape de sa vie. Un chapitre de plus, écrit contre sa propre volonté, dans un destin qu’il ne parvenait toujours pas à tracer de sa main. Qui se jouait donc encore de lui ? Et pour quelle raison ? La colère qui l’habitait s’était mue en frustration puis en lâcher prise … Ces murs grisonnants, et ces visages familiers avaient servi leur but avec brio, cette leçon serait amère et cette peine inoubliable. Tel est le prix de l’exploration, et tel est son étrange réconfort lorsqu’on pose pied à terre de nouveau. L’esprit brumeux, et embrumé, les bruit de ses bottes sur la rampe ne parvinrent même pas à le tirer de sa maussade rêverie. L’air était chaud comparé à la climatisation millétralement arrangée dans leur lieu de résidence spatial. Il baissa les yeux, par gêne de ce soleil trop naturel pour lui, et bouscula sans le vouloir celui qui se trouvait devant lui. De vagues protestations lui vinrent aux oreilles, mais il n’en eut cure. Le bougre aux cheveux tirés derrière la tête portait peu ou prou le même uniforme que lui, mais pas le même rang. Lui n’était qu’une … escorte ? Une permission de sortir, d’une certaine manière. Un bougre de plus qui le suivrait, comme s’il allait disparaître une nouvelle fois.
Pourtant, qu’avait-il à trouver ici bas ? Pas grand-chose. Cette citée était un immense spatioport à ciel ouvert, une tentation permanente pour quiconque cherchait à disparaître. Mais lui, Son Altesse Althar Fanrel Keto, Prince de Koros Majeur et héritier de Cinnagar venait de réapparaître. Fourbi par sa tunique de cuir marron au col boutonné haut sous le menton, et ses manches en tissus grises, son style était unique à l’image de sa chevelure. Il n’avait pas changé, à moins de connaître son regard et les émotions qui s’en dégageaient. Non, il était toujours le Prince, malgré lui. Remettre un pied dans cette Galaxie revenait à retrouver cette couronne qui lui cassait les épaules. Et face à tous ces monarques sculptés pour l’éternité le regard vers le ciel, lui se contentait aujourd’hui des plaisirs les plus bas de l’existence. Le monde retrouvait des odeurs et un peu de grâce à ses yeux, ses pas le menaient avec rigidité vers les grandes rues commerçantes qui sillonnaient ce monde. Le speeder qui les avait mené là ne coûtait pas bien cher, mais il n’avait guère tardé à repartir pour rentabiliser ce voyage. Ce monde bouillonnait, même en voyant quelques impériaux peu discrets. Quelques regards ça et là, vite détournés sur des aliens aux allures étranges et autres silhouettes peu recommandables. Tout n’était que paraître, peut-être, mais cela faisait du bien de retrouver un peu de diversité.
Les bonnes habitudes ne se perdaient pas. Le droïde s’empressa d’aller préparer sa mixture alors que le binôme de basse extraction protestait sur cette entorse au protocole. Mais le Prince n’en avait cure. Cette escapade momentanée était une bien plus grosse entorse que le Bureau de la Sécurité Impériale ne manquerait pas de leur ressortir une fois le pied posé en ciel impérial. Mais l’occasion était trop belle, et cet espèce de bar de rue tout autant. Le comptoir donnait sur toute la rue et sa foule, et les gens qui y venaient en repartaient tout aussi vite, comme si ce verre était le dernier pour cette ultime escale en Galaxie connue. Pffuah. Quel mythe. Comme si de l’autre côté nous ne connaissions rien … Il y aurait tant eu à dire sur ce voyage, tant à raconter sur cette obscurité enveloppante et universelle, presque sans fin. Des astres aux couleurs indescriptibles, des rares planètes habitables, et des espèces peu côtoyées. Ce n’était pas du plaisir, mais un fardeau. Ces histoires, il les réservait pour deux bouilles que sa mémoire avait déformée, et que son imagination ne parvenait pas à faire évoluer convenablement. Ce voyage avait été un enfer, et le restait encore.
Il ne disait rien. Pas plus depuis hier que depuis une heure. Son regard se baladait sur les clients en grande discussion, comme pour y chercher un intérêt quelconque, mais ce n’était qu’une tentative de plus de donner du sens à sa présence ici. La drôle de moustache au fond. L’étrange alien en train de manger d’une façon bizarre. La jeune femme à la peau sombre. Les deux hommes en pleine partie de sabbac. Leur calme était presque apaisant, si on ignorait toutes les autres allées et venues. Il reporta finalement son attention à la mixture qu’on leur avait servi. Il l’approcha de ses lèvres pour en goûter une gorgée avant de tousser et se retenir de recracher son dû.
Le droïde aurait levé les yeux au ciel, si ses diodes le lui avaient permis. Mais c’est avec un haussement d’épaule invisible qu’il repartit derrière son comptoir chercher de quoi satisfaire son client pénible du jour. Il n’y avait bien que l’autre impérial pour apprécier la boisson aux couleurs suaves. C’était à croire que le bon goût avait disparu avec lui. Désormais installé plus sérieusement sur son tabouret, face au bar et dos à la rue, il ne put se retenir de se frotter le visage des deux mains. Il n’y avait donc rien qui arriverait à le sortir de son enfer, pas même le verre de scotch corellien bon marché qu’on venait de lui poser devant. C’est avec un soupir qu’il remercia le serveur, honorant la boisson d’une gorgée plus appréciable, et d’un regard porté à sa gauche. Trouverait-il enfin un peu d’intérêt à ce monde ?
Ce voyage avait été d’une longueur inimaginable pour le Prince. Et d’une douleur sans fin. Les raisons qui l’avaient poussé à monter dans ce voyage sans retour – ou presque – seraient trop longues à énumérer. Mais ce passé pourtant si proche était une autre étape de sa vie. Un chapitre de plus, écrit contre sa propre volonté, dans un destin qu’il ne parvenait toujours pas à tracer de sa main. Qui se jouait donc encore de lui ? Et pour quelle raison ? La colère qui l’habitait s’était mue en frustration puis en lâcher prise … Ces murs grisonnants, et ces visages familiers avaient servi leur but avec brio, cette leçon serait amère et cette peine inoubliable. Tel est le prix de l’exploration, et tel est son étrange réconfort lorsqu’on pose pied à terre de nouveau. L’esprit brumeux, et embrumé, les bruit de ses bottes sur la rampe ne parvinrent même pas à le tirer de sa maussade rêverie. L’air était chaud comparé à la climatisation millétralement arrangée dans leur lieu de résidence spatial. Il baissa les yeux, par gêne de ce soleil trop naturel pour lui, et bouscula sans le vouloir celui qui se trouvait devant lui. De vagues protestations lui vinrent aux oreilles, mais il n’en eut cure. Le bougre aux cheveux tirés derrière la tête portait peu ou prou le même uniforme que lui, mais pas le même rang. Lui n’était qu’une … escorte ? Une permission de sortir, d’une certaine manière. Un bougre de plus qui le suivrait, comme s’il allait disparaître une nouvelle fois.
Pourtant, qu’avait-il à trouver ici bas ? Pas grand-chose. Cette citée était un immense spatioport à ciel ouvert, une tentation permanente pour quiconque cherchait à disparaître. Mais lui, Son Altesse Althar Fanrel Keto, Prince de Koros Majeur et héritier de Cinnagar venait de réapparaître. Fourbi par sa tunique de cuir marron au col boutonné haut sous le menton, et ses manches en tissus grises, son style était unique à l’image de sa chevelure. Il n’avait pas changé, à moins de connaître son regard et les émotions qui s’en dégageaient. Non, il était toujours le Prince, malgré lui. Remettre un pied dans cette Galaxie revenait à retrouver cette couronne qui lui cassait les épaules. Et face à tous ces monarques sculptés pour l’éternité le regard vers le ciel, lui se contentait aujourd’hui des plaisirs les plus bas de l’existence. Le monde retrouvait des odeurs et un peu de grâce à ses yeux, ses pas le menaient avec rigidité vers les grandes rues commerçantes qui sillonnaient ce monde. Le speeder qui les avait mené là ne coûtait pas bien cher, mais il n’avait guère tardé à repartir pour rentabiliser ce voyage. Ce monde bouillonnait, même en voyant quelques impériaux peu discrets. Quelques regards ça et là, vite détournés sur des aliens aux allures étranges et autres silhouettes peu recommandables. Tout n’était que paraître, peut-être, mais cela faisait du bien de retrouver un peu de diversité.
- « Deux de ce que vous avez de mieux en terme d’alcool … »
Les bonnes habitudes ne se perdaient pas. Le droïde s’empressa d’aller préparer sa mixture alors que le binôme de basse extraction protestait sur cette entorse au protocole. Mais le Prince n’en avait cure. Cette escapade momentanée était une bien plus grosse entorse que le Bureau de la Sécurité Impériale ne manquerait pas de leur ressortir une fois le pied posé en ciel impérial. Mais l’occasion était trop belle, et cet espèce de bar de rue tout autant. Le comptoir donnait sur toute la rue et sa foule, et les gens qui y venaient en repartaient tout aussi vite, comme si ce verre était le dernier pour cette ultime escale en Galaxie connue. Pffuah. Quel mythe. Comme si de l’autre côté nous ne connaissions rien … Il y aurait tant eu à dire sur ce voyage, tant à raconter sur cette obscurité enveloppante et universelle, presque sans fin. Des astres aux couleurs indescriptibles, des rares planètes habitables, et des espèces peu côtoyées. Ce n’était pas du plaisir, mais un fardeau. Ces histoires, il les réservait pour deux bouilles que sa mémoire avait déformée, et que son imagination ne parvenait pas à faire évoluer convenablement. Ce voyage avait été un enfer, et le restait encore.
Il ne disait rien. Pas plus depuis hier que depuis une heure. Son regard se baladait sur les clients en grande discussion, comme pour y chercher un intérêt quelconque, mais ce n’était qu’une tentative de plus de donner du sens à sa présence ici. La drôle de moustache au fond. L’étrange alien en train de manger d’une façon bizarre. La jeune femme à la peau sombre. Les deux hommes en pleine partie de sabbac. Leur calme était presque apaisant, si on ignorait toutes les autres allées et venues. Il reporta finalement son attention à la mixture qu’on leur avait servi. Il l’approcha de ses lèvres pour en goûter une gorgée avant de tousser et se retenir de recracher son dû.
- « Quelle bouillie infâme … Vous avez pas quelque chose du Noyau ? Un vrai alcool cette fois … »
Le droïde aurait levé les yeux au ciel, si ses diodes le lui avaient permis. Mais c’est avec un haussement d’épaule invisible qu’il repartit derrière son comptoir chercher de quoi satisfaire son client pénible du jour. Il n’y avait bien que l’autre impérial pour apprécier la boisson aux couleurs suaves. C’était à croire que le bon goût avait disparu avec lui. Désormais installé plus sérieusement sur son tabouret, face au bar et dos à la rue, il ne put se retenir de se frotter le visage des deux mains. Il n’y avait donc rien qui arriverait à le sortir de son enfer, pas même le verre de scotch corellien bon marché qu’on venait de lui poser devant. C’est avec un soupir qu’il remercia le serveur, honorant la boisson d’une gorgée plus appréciable, et d’un regard porté à sa gauche. Trouverait-il enfin un peu d’intérêt à ce monde ?
Rhedatt Fanrel // Althar Fanrel Keto
Famille Royale d'Impératrice Têta - Héritier éternel.
Famille Royale d'Impératrice Têta - Héritier éternel.