En plus d'être louche, dangereux et imprévisible, ce snob au masque noir teinté de rouge se payait le luxe d'être abject et méprisant... Chaque phrase qui sortait de sa bouche transpirait le dédain et l'indifférence à des doses qui empoisonneraient n'importe qui de normalement constitué. Il ne prenait même pas la peine de cacher aux mercenaires sa nature de serpent à sonnette tant chacun de ses souffles vomissait du venin... Au moins cela avait le mérite d'être clair, il était là pour les mêmes raisons que le Mandalorien et comptait prendre la poudre d'escampette une fois le conteneur arrivé à destination. Le mercenaire resta donc sur le qui vive, gardant ses blasters à la main, prêt à les décharger en cas de problème. Cependant, quelque chose était étrange. Si ce type était mercenaire ou chasseur de primes, où cachait-il ses armes ? Il n'en avait pas une seule à la ceinture, rien dans le dos non plus... A présent que Sareth l'avait remarqué, il ne pensait plus qu'à ça, écumant les possibilités qui fourmillaient dans son cerveau. Une hypothèse en particulier repassait en boucle, mais celle là refusait d'être entendue, chaque fois que le chasseur de primes l'étudiait, il finissait par la rejeter, refusant d'y penser et de la considérer. Pourtant, lorsque le blindé traversa la gigantesque porte de métal et que les conteneurs furent tous déposés dans le hangar, Sareth sentait au fond de lui que quelque chose n'allait pas et que rien n'allait se passer comme prévu... Et ses tripes avaient bien raison.
Un vent d'une rare violence se déchaina, arrivant de nulle part, propulsant les deux associés en arrière avec la force d'une bourrasque. Le Mandalorien se souvint d'Hypori et de cette main invisible capable de tenir ou de repousser quiconque, tout cela en ignorant toute loi physique dans le procédé... La Force. Il avait donc eu raison, il avait refusé de l'admettre mais son adversaire était bien un forceux, et de toute évidence pas un Jedi... Donc, par élimination, un Sith. Z.A.X fut sonné et tomba en arrière avant de rouler sur le sol, produisant un boucan pas possible par la faute de ses nombreuses prothèses, Sareth, lui, parvint à se rattraper et à atterrir à pieds joints sur le sol, ses bottes métalliques crissant contre le sol de béton à mesure qu'elles dérapaient sur ce dernier. Évidemment, le lâche qui lui faisait face était déjà en train de disparaître au loin le plus rapidement possible pour se faire oublier... Mais le Mandalorien n'était pas du genre à se laisser berner aussi facilement. Ce snobinard trop sûr de lui était tellement persuadé que ses concurrents seraient trop occupés à se défendre qu'il ne regardait même plus derrière lui. Monumentale erreur. Sareth visa, pressa la détente de son blaster et tira. Le laser généré par la cellule énergétique du blaster fut éjecté à toute vitesse et fendit l'air avant de... Toucher. Il n'y en eut qu'un seul, le but n'était pas de tuer mais de faire passer un message, un message assez simpliste et grossier, osons le dire, mais un message clair et concis, au moins : "Bonne chance pour affronter Sabina avec un impact dans le dos, enfoiré."
Cependant, cette magnifique démonstration de tir fut interrompue par la sensation très désagréable d'être touché à la tête. Le Beskar du casque arrêta le projectile sans souci, minimisant le choc et dispersant le tir dans un bruit cristallin. D'autres tirs se succédèrent, l'un rebondit contre l'épaulette de Beskar sans y laisser une seule trace, l'autre fut encaissé par la plaque duracier à la jambe droite, le dernier percuta le gantelet droit de Sareth, lui faisant lâcher un de ses pistolets sur le coup. A rester trop concentré sur celui qui lui avait mise à l'envers, le Mandalorien avait bien vite oublié qu'il avait face à lui de très nombreux assaillants à présent qu'il avait été repéré lui et son collègue. Il attrapa donc Z.A.X et le tira avec lui avant de se mettre à couvert derrière un autre conteneur. Le duo était à présent protégé des tirs, du moins pour l'instant, mais ça ne permettait pas à Sareth de savoir où se trouvaient ses ennemis, combien ils étaient et, plus important, où était tombé son blaster... Il allait donc falloir faire des miracles, comme à l'accoutumée !
- A-a-a-a-a-a-arg... Qu'est-ce qui s'est passé ?! Grogna le cyborg en se tenant le crâne.
- On s'est fait avoir, on aurait dû le descendre.
- Q-q-q-q-q-q-q-q-qu'est-ce qu'on fait maintenant ?!
- J'en sais r-... Il fut interrompu par un tir de blaster qui ricocha contre sa couverture, non loin de son oreille. J'en sais rien !!! Bouge pas de là, je reviens !
La seconde d'après, le chasseur de primes activa son générateur de bouclier personnel et sortit de sa cachette à toute vitesse avant de se tenir en position de combat, prêt à tirer dans le tas. Il fut accueilli par un large commité d'accueil, à vue de nez ils devaient être une bonne vingtaine de tous les côtés et d'autres arrivaient en renfort à mesure que l'on se passait l'information chez les gardes. Le duo était pris en tenaille qui plus est, bientôt leur cachette ne pourrait plus les protéger lorsque les sous fifres du cartel viendraient les chercher. Il essuya plusieurs tirs, parvint à abattre plusieurs hommes du cartel mais fut bien vite forcé de se rabattre derrière son conteneur dès lors que son bouclier se brisa.
- C-c-c-c-c-c-c-combien ?!
- Beaucoup trop !!!
- O-o-o-o-o-o-oh merde on va y rester !!!
- DU CALME, JE REFLECHIS !!!
- C-C-C-C-C-C-C'EST PAS LE MOMENT DE REFLECHIR, C'EST LE MOMENT DE PAS MOURIR !!!
- LA FERME !!! Hurla-t-il avant de frapper dans le conteneur avec rage.
La commande d'activation des gantelets concasseurs fut reconnue par le système de son exo armure au moment exact où il frappa son couvert. Le coup, plutôt que de rebondir, cabossa significativement la plaque de ferraille. C'était un coup non calculé infligé par un élan de nervosité, pourtant cette bêtise alluma les bonnes bornes dans la cervelle du Mando. D'un coup, Sareth eut une idée, une horrible idée. Il fit alors face au blindage du conteneur et le frappa, une fois, deux fois, trois fois, chaque nouveau coup de poing cabossait un peu plus le duracier jusqu'au moment où le fer, ne pouvant plus tenir le coup, s'éventra. C'était un trou léger, mais ça restait un trou.
- Q-q-q-q-q-q-q-q-q-q-q-qu'est-ce que tu fais ?!
- ...Dis, tu me fais confiance ?
- NON !
- Eh bah il va falloir.
Utilisant la puissance maximale de l'exo armure, le combattant attrapa chaque côté du trou qu'il avait créé dans le conteneur avant de fermement tirer de chaque côté pour agrandir significativement le trou... Le pauvre récipient inanimé poussa un long grognement métallique à mesure que l'on arrachait sa peau de fer à la main. Sareth ne sentait plus ses bras à mesure qu'il insistait, mais il tira encore et encore, animé par une volonté de survivre mille fois plus forte que la douleur qui envahissait ses biceps. Finalement, à force d'acharnement, le trou finit par permettre à un humain de passer. Z.A.X commençait à comprendre où son associé voulait en venir, et il désapprouvait totalement ce plan, pourtant lorsque le Mandalorien l'invita prestement à rentrer à l'intérieur en l'attrapant et en le poussant dedans, il n'opposa pas la moindre résistance. De l'autre côté de l’entrepôt, ils étaient au moins une trentaine à arroser le conteneur de tirs, tout en s'approchant lentement mais sûrement de la couverture des deux intrus, ayant déjà complètement ignoré le troisième intrus qui avait disparu on ne sait où. Aussi, lorsqu'ils entendirent deux cliquetis métalliques significatifs, ils ne comprirent pas tout de suite ce qui s'était passé, mais lorsqu'ils virent deux détonateurs thermiques dont le compte à rebours était de deux secondes et demi arriver à leurs pieds... Ils hurlèrent.
BOOM.Difficile de décrire en détail tout ce qui se passa ensuite en moins d'une seconde. Certains hommes tentèrent de se mettre à couvert, d'autres se tétanisèrent de terreur en réalisant ce qui allait se passer, les plus téméraires eurent même le temps de hurler "NOOOOOOOON !" avant que la tempête de flammes et de suie ne se déchaîne dans l'entrepôt. Le choc fut si puissant que même le pâté de maison ressentit le tremblement qui secoua le spatioport. Tout ce qui se trouvait dans le périmètre fut carbonisé... Quand aux conteneurs, eux, ils furent propulsés à toute vitesse contre les murs, les démolissant au passage tant la force de l'explosion fut puissance. Autant dire que les passagers attendant dans le hangar clandestin furent relativement surpris quand ils virent trois conteneurs complètement noircis par la suie jaillir du mur de droite avant de crisser sur le sol dans un bruit vrillant les tympans. Les passagers et les hommes du cartel présents sur les lieux paniquèrent et se cachèrent le plus loin possible du mur abattu... Ensuite, il y eut un long instant de silence et d'appréhension. Un immense nuage de poussière et de fumée avait été soulevé par la détonation, on attendait donc qu'il se dissipe pour découvrir l'état des lieux. Finalement, le nuage toxique finit par se dissiper, révélant, juste derrière les trois conteneurs, un pan de mur complètement effondré... Et, alors que le calme était revenu chez le groupe des passagers, la porte d'un des trois conteneurs fut violemment ouverte d'un coup de pied. Un claquement résonna dans le hangar avant que, finalement, tout penaud, Sareth ne sorte du conteneur à demi éventré accompagné de son acolyte cybernétique.
- Aaaaaaaah ! Bonjour messieurs, mesdames ! Est-ce que je pourrais parler à monsieur Jeb Sayen s'il vous plaît ? Oh, pas la peine d'appeler des renforts, ils sont tous morts dans la pièce d'à côté, clama haut et fort un Sareth dans un état second.
Les hommes du cartel, complètement sidérés ne surent pas vraiment quoi faire, leurs fusils tremblaient, tout comme leurs pauvres guiboles. Pourtant leur ennemi n'était pas vraiment en position de combat, il semblait plutôt en train de lutter contre ses maux de tête et contre les mauvaises humeur de son ventre... Après tout, se trouver à bord d'un conteneur tournoyant sur lui même et traversant un mur ne devait pas être une expérience très agréable pour l'estomac. Il titubait, tanguait de droite à gauche et tenait sa tête tant cette dernière semblait peser lourd. Puis, finalement, après avoir reprit ses esprits et soufflé un coup, il leva son unique blaster en direction d'un des hommes du cartel. Son discours était à nouveau clair et concis, bien que son ton semblait fatigué, physiquement comme psychiquement.
- Écoutez... Je suis pas là pour vous et je me fiche de ce que vous faites transiter... Mais en l’occurrence, l'un des passagers a trois millions sur sa tête, dites moi où elle est et je disparaîtrais aussi vite que j'ai fait mon entrée.
- Tu voulais me parler Mando ? Eh bien me voilà, c'est moi Jeb, répondit l'un des hommes armés avant de s'avancer hors de la foule de passagers.
- Je vais pas passer par quatre chemins... Où est Sabina Pavian ?
Le jeune homme semblait arriver dans sa vingtaine... C'était un naïf qui avait une tête à jouer les héros même quand la situation n'était pas en sa faveur. Lui tirer les vers du nez n'allait pas être une partie de plaisir, raisonner avec les presque adultes n'était jamais une expérience particulièrement satisfaisante. Jeb fusilla Sareth de ses yeux bleus, recoiffant sa chevelure blonde avant de se murer dans le silence. Il avait le visage de quelqu'un qui savait où elle était mais préfèrerait mourir plutôt que de la dénoncer. Peut être fallait il mieux partir... Non. Sareth était allé trop loin pour abandonner maintenant.
- Tu la joues silencieux ? Je répète ma question : Où est elle ?
- Je vois pas de qui tu parles, la personne que tu cherches existe pas.
- Tu mens très mal gamin.
- Je te dis que la vérité, maintenant disparaît, ça prendra pas longtemps avant que d'autres hommes n'arrivent pour te faire la peau.
- Je sais pas ce que cette Sabina représente pour toi, mais crois moi elle va t'attirer que des emmerdes, alors arrête de jouer au prince charmant et dis moi où elle est.
- ... Je te laisserai pas l'emmener.
- Pourtant je vais le faire, avec ou sans ton aide, si tu ne veux pas me dire où elle est dégage de mon chemin.
- NON !
- Très bien, puisque t'insiste... Il leva son blaster vers Jeb.
- ATTENDEZ ! Cria une voix dans la foule.
C'était une voix féminine. La voix manqua de faire rater un battement de cœur à Sareth. Était-elle la personne que Sareth recherchait ? Après toutes ces missions plus périlleuses les unes que les autres, avait-il enfin réussi à mettre la main sur elle ? Elle se détacha du groupe des passagers... Pas très grandes, complètement violette, des yeux dorés et brillants comme des soleils, une tenue noire sobre et passe partout, un corps finement taillé et athlétique surmonté d'un visage doux et séduisant... Plus de doute possible, c'était bien elle. Près d'elle se tenait fermement à sa jambe une gamine apeurée ressemblant comme deux gouttes d'eau à la Pantoran... Ophilia.
- Fais ce que tu as à faire ici... Mais laisse les autres partir, Jeb et ma fille n'ont rien à voir là dedans, grogna Sabina.
- J'accepte ta requête, mais faites ça vite.
- Sabi, tu ne vas pas... !
- La ferme Jeb... Ce n'est pas le moment de jouer aux cons. Prends Ophilia avec toi et ramène les passagers dehors, c'est un ordre.
- ... Oui Sabi, tout de suite.
Sans un mot de plus, les civils et les gardes quittèrent ce qui allait bientôt devenir un champ de bataille sanglant entre bon nombre de combattants tous plus assoiffés de sang les uns que les autres. A présent il n'y avait plus que deux silhouettes au milieu de ce hangar, trois si on comptait Z.A.X, mais ce dernier restait en retrait et se cachait toujours dans le conteneur, ne voulant pas être pris entre deux feux lorsque le combat aurait lieu. Les deux faisaient les cent pas et s'observaient sans un mot, cherchant des failles et des émotions dans leurs visages respectifs. Le visage de Sareth, masqué par son casque, était froid comme l'acier, pourtant celui de Sabina était si glacial qu'il concurrençait largement celui de son futur adversaire. A ce moment précis, le Chasseur de Primes avait le trac... Un combat extrêmement ardu allait se mener et il ne savait pas à quoi s'attendre, sans parler qu'un autre Sith traînait toujours dans les parages, quelque part.
- T'étais pas loin de t'échapper, à un jour près tu aurais pu savourer la liberté... Je suis... Désolé.
- Non, tu ne l'es pas.
- Si, je le suis... Plus que ce que j'en ai l'air. J'en ai vu des vertes et des pas mures pour arriver jusqu'ici, et maintenant que j'y suis je ne sais pas si ça en valait la peine.
- Un chasseur de primes qui a des remords est un mauvais chasseur de primes.
- T'as peut être raison, mais on ne peut pas être bon dans son job en permanence. Enfin... C'est guère le moment d'être sentimental, je voulais simplement que tu saches que ce qui va avoir lieu... N'a rien de personnel.
- Je... De mon côté non plus, rien de personnel... Soupira la jeune femme, semblant elle aussi avoir un lourd bagage émotionnel.
- Dans ce cas ne perdons pas plus de temps, que le meilleur gagne, termina Sareth, d'un ton grave.
C'était étrange mais... Malgré qu'aucun des deux ne connaissaient l'histoire de l'autre, il y eut pendant un instant quelque chose de serein qui les habitait. Ils n'étaient pas des ennemis mortels... Ils étaient deux personnes se retrouvant là par la force des choses, forcées à se combattre par le destin. Cela pouvait sembler bête, mais après avoir été pourchassée pendant des mois et traitée comme une pestiférée par tout le monde à l'exception de Jeb et de la vieille dame, Sabina était plus touchée qu'elle ne voulait l'admettre par cet aveu de faiblesse de son assassin, elle n'affrontait plus une froide machine envoyée pour la tuer, mais bien un humain qui ne prenait pas plus de plaisir qu'elle à faire son travail... Quand à Sareth, il ne voyait rien chez cette femme de fondamentalement mauvais, comme il l'avait pensé, c'était une simple mère fuyant pour sauver son enfant. Cette absence de haine et de ressentiment entre les deux adversaires rendait donc cette confrontation bien plus reposante qu'elle ne devrait l'être. Mais, fatalement, cela relevait également du tragique, un tragique qui animait désormais les regards des combattants. Ils allaient devoir se tuer alors qu'ils auraient peut être pu être amis dans une autre vie... Mais c'était déjà trop tard pour y penser. Ils cessèrent donc de faire les cent pas et dégainèrent leurs armes. Sareth avec sa pique de force, Sabina avec son sabre laser... La lame orangée jaillit de son fourreau, le combat allait commencer.