/Gwindor m'a donné le feu vert pour répondre dés maintenant/
A quoi bon se cacher plus longtemps ? Il était déjà désigné comme coupable et condamné comme tel, il eut été vain de prétendre le contraire. Son aura l'avait trahit, et c'était une leçon qu'il tacherait de retenir pour ses plans futurs. Ces idiots avaient beau être étroits d'esprit, ils avaient les sens affûtés qu'on était en droit d'attendre de "maîtres" de la discipline. Toujours prêt à accueillir l'assaut inévitable de ses invités, Darth Odion écoutait attentivement les paroles de la jeune Jedi. Cette dernière semblait en effet plus prompt à la conversation que son collègue, et visiblement moins enclinte à provoquer l'ire de son adversaire de manière gratuite. Amusant, de part leur rencontre au Restoration Day, il n'aurait pas parié sur elle comme étant la plus diplomate de la bande. Sans doute faut-il croire que ses capacités de jugement avaient un peu rouillées... Une conséquence, sans doute, des transformations mécaniques dont était victime son esprit, qui perdait en souplesse là où la machine gagnait du terrain.
- Les preuves, Jedi ? Pensez vous vraiment que je fus assez sôt pour inventer une telle histoire ? N'avez vous point suivis les évènements ayant marqués votre République ? Vous voulez des preuves ? Demandez donc à votre nouvelle dirigeante, celle là même qui jadis posta un appel à l'aide sur l'holonet auquel nous avons répondus, celle là même qui, en récompense pour ce service, fit de mon cher Gizor Lebref un de ces plus importants ministres ?
Innocent ? Non, vous vous méprenez. Je ne suis pas innocent, et jamais je n'ai prétendu l'être. Mes mains sont tâchées de sang, et les vôtres le sont aussi. Tous autant que nous sommes ici ne pouvons que brandir des idéaux pour nous protéger du titre de meurtrier que nous méritons amplement. J'ai tué, bien plus que vous sans doute, et j'ai conscience de mes actes, mais je ne les regrette pas. J'ai fais ce qui devait être fait. Quant au fait que j'y ai prit plaisir...
Il regarda un instant une de ses mains cybernétiques. Ce pouvoir qu'il avait obtenu en sacrifiant son humanité et qui, aujourd'hui, le rongeait sournoisement de l'intérieur comme pour lui faire payer un tribut supplémentaire. Il avait endossé cette carapace de son plein gré, et elle était en train de le tuer. Triste ironie, elle faisait à la fois de lui un des plus puissants guerriers de cette galaxie, et pourtant il était plus vulnérable avec elle que jamais d'une certaine façon.
- Je dirais qu'il y a de tout dans mon passé...
Son regard se perdit vers les étendues désertiques de Géonosis. L'espace d'un instant, sa prise sur ses sabres perdit un peu de sa hargne avant de se resserer aussitôt.
- Vous savez, j'ai toujours beaucoup aimé cet endroit. Etranges considérations de la part d'un Sith hein ?
La dernière phrase était prononcée avec un ricanement presque moqueur. Etait-ce la raison pour laquelle il n'avait pas fait usage des Géonosiens à l'encontre des Jedis, comme les règles élémentaires de la survie l'y aurait poussé ? Peut être que dans un recoin de son inconscient, il continuait de protéger cet endroit qui était pourtant en train de le mettre à la porte sans arrière pensée. Lebref allait prendre sa place, et son nom serait rayé des historiques comme une marque de honte pour le peuple insectoÏde. Il serait dit qu'il les avait tous trompés, manipulés, et l'histoire s'achèverait avec son nom traîné dans la fange. Cette pensée l'enrageait, lui donnait envie de tous les tirer en Enfer avec lui, mais non, il n'avait pas agit en accord avec ce brûlant désir de vengeance. Il devait vraiment commencer à perdre la tête pour aller à l'encontre de ses propres envies... Il s'était trop ramolli ! Comment pouvait-il prétendre au titre de Sith'Ari de la sorte ?
Mais c'est surtout la dernière tirade de la demoiselle qui le laissa pantois. Etait-elle vraiment en train de lui proposer de changer de camp ? De renoncer à la Sith pour devenir, comme eux, un défenseur de la "justice et de la lumière" ? Il s'était attendu à beaucoup de choses, mais c'était bien la dernière tirade qu'il s'attendait à voir de sa part. Il n'avait jamais été un des leurs, il avait été tiré de la jungle par un Sith et il avait ensuite passé le reste de son existence comme tel. On ne lui avait pas tant laissé le choix, et aujourd'hui, il était bien trop tard pour regarder en arrière. Beaucoup trop tard. Il n'en avait pas envie d'ailleurs. Ce qu'il avait vu des Jedis suffisait amplement à le convaincre qu'il n'avait pas sa place parmi un Ordre aussi limité. Il était dévoré par une inépuisable soif de connaissance et un désir de se hisser au sommet en perçant tous les secrets de la Force. De tels objectifs étaient incompatibles avec les idéaux de l'Ordre, et il n'y avait pas que ça.
Ironiquement, il pouvait ressentir chez elle des penchants plus sombres que celui de son compagnon d'arme. Le Vaapad, le cyborg connaissait bien cet art si particulier, l'ayant lui même pratiqué à plusieurs reprises. C'était, chez les Jedis, la Forme flirtant le plus avec les profondeurs du Côté Obscure, un moyen presque arrogant de marcher sur la frontière séparant les deux abysses, au risque de plonger dans leurs ténèbres au premier écart.
- Vous êtes amusante, Jedi... Vous ne voyez en moi qu'un monstre, et pourtant vous proposez une rédemption. Vous avez davantage de conviction et de foi que vos pairs, je vous reconnait cela. Pourtant, vous me rappelez un peu ce que j'étais jadis, la même naïveté... et la même agressivité naturelle. La même jouissance du combat qui coule dans vos veines. Vous flirtez avec des arts dangereux. Un jour vous me comprendrez peut être mieux, moi et mes choix, si le destin se joue suffisamment de vous j'imagine.
Il ne rangea pas pour autant ses sabres. Cette proposition avait beau être "généreuse" en un sens, elle était absurde pour quelqu'un comme l'Egorgeur. Il fallait être criant de naïveté pour croire que les choses pourraient se dérouler aussi bien. Les vieilles rancunes avaient la vie dure, et Adrix n'était pas sôt au point de croire qu'il suffisait qu'il hoche la tête pour que tous oublient ce qu'il était, et la haine de tout un Ordre envers sa nature. Pire encore, il refusait de renier ce qu'elle appelait "ses pulsions". Quel homme saint d'esprit irait jusqu'à renier sa nature, son identité, pour plaire à une poignée d'étrangers prêts à le tuer ?
- Mais vous pêchez encore par votre naïveté. Pensez vous vraiment que les choses puissent se dérouler ainsi ? Regardez moi un instant Jedi, observez mon corps et sentez mon aura, croyez vous vraiment que je puis poser le pied sur Coruscant sans être aussitôt mit assaillit par vos pairs ?! J'ai déjà expérimenté votre "mansuétude" Jedi par le passé, je sais ce que vous êtes prêts à faire, à ignorer ou à mentir, pour votre chasse aux sorcières et le maintien de votre image.
Son regard d'attarda sur Gwindor, qui était resté étrangement calme jusqu'à maintenant, si on comparait par rapport à l'époque de Carida, c'était un changement net.
- Votre haine est trop forte, votre mépris plus encore. Vous êtes peut être différente, mais pas les autres. Et je devrais renier tout mon être, toute mon identité pour me soumettre à de telles conventions ? Quelle arrogance de dire que je serais quelqu'un de meilleur si seulement je me rapproche de vous ! Vous êtes si imbus de votre propre droiture... Si vous n'êtes pas prêt à changer, pourquoi le serais-je ?! Votre voie n'est pas la seule qui mérite d'exister !
Le "Côté Obscur" n'est qu'un nom, fort convénient, qui a été donné à d'autres visions. Une vision où les sentiments et les émotions, mauvaises ou bonnes, sont plus importantes que des lois creuses et un fanatisme stérile où l'individu n'a pas sa place. Passion, chaos, amour, colère, vous condamnez tout cela sans les connaître...
Il s'emportait encore, l'effet un peu apaisant qu'avait eut les paroles d'Hayley disparaissant bien vite face à la confrontation des idées et des visions du monde. Dans le fond, aucune des deux visions n'était réellement fausse. Chacune prônait une perception qui, poussée à l'extrême, était dangereuse. La voie des Siths menait inévitablement à la corruption si trop poussive, même si les intentions de départ étaient bonnes, le cas Skywalker l'avait prouvé. Pourtant, ces émotions étaient inhérentes à la nature pensante, et engendraient autant de bonnes choses que de mauvaises. A l'inverse, le Code Jedi appliqué trop à la lettre changeait ses adeptes en automates insensibles et aveugles à la vraie nature de la vie, et c'était cet entêtement, bien plus que les Siths, qui avait causé leur chute. Ni Blanc, ni Noir, la réponse était Gris. Hélas, Adrix était un noir clair, et les nouveaux Jedis, un blanc foncé. Il ne manquait pas grand chose pour qu'il y ait réconciliation, mais ce petit rien prenait des airs de fossé béant qui n'avait de cesse de se creuser.
- La voie de la facilité ? L'apanage de ceux qui n'ont aucune rigueur ? Vous pensez que j'ai emprunté cette voie car elle était facile ?! Que mon apprentissage fut aisé par rapport aux vôtres ?
Il ne put retenir un éclat de rire. Vraiment ? On l'accusait d'avoir eut la vie facile maintenant ? Il ne manquait plus que ça... Il avait frôlé la mort tant de fois, affronté la colère de tant de saloperies. Et puis, les tests imposés par Korriban, mélange de traquenards mortels et d'énigmes mentales où la moindre erreur pouvait signifier la perte de son enveloppe charnelle au profit d'un esprit revenu d'entre les morts.
- Vous ne connaissez du Côté Obscur que la surface creuse et les mensonges de vos professeurs. Moi, je l'ai expérimenté avec ma chair, affronté avec mon âme. Et c'est vous qui m'expliquez sa nature ? Vous pouvez me croire, le pouvoir ne s'obtient jamais sans efforts... Qu'il soit bon ou mauvais. J'ai payé ma puissance dans le sang, les larmes et la sueur, lutté pour obtenir chaque parcelle de connaissance. Le Côté Obscur n'est pas la voie de la facilité Jedi. Il est juste aisé de s'y engager. Mais ses profondeurs sont plus hostiles qu'aucunes autres, c'est un sentier est bien plus ardu que vous aimez le croire. Mais peut être voulez vous vous en assurer par vous mêmes ? Vous en avez le potentiel, et votre Vaapad ne ment pas… Vous aimez vous battre.