- mer. 6 sept. 2017 17:13
#29989
D'un bref sentiment partagé, on partait sur l'idée d'une prison dorée. A l'inverse d'un témoignage définitif, d'une dernière preuve, d'un "Moi aussi" à peine susurré à l'oreille, encore un doute, encore un poids. Une chaîne passée autour du cou, sans un mot d'excuse ni une explication. Une chaîne dont on pourrait posséder la clef si on la demandait. Mais peut-on décemment s'y risquer ?
Un genre de froideur s'empara peu à peu de l'humain si indécis, si imprécis. Sans retour, il allait falloir vivre avec l'idée qu'il s'engageait sur une voie à sens unique. Ou peut-être était-il le seul à mentir. Il voyait en Elizabeth ce qu'il ne voyait pas ailleurs. Une égale. Une femme qui aurait passé sa vie à comploter s'il elle ne s'était pas fixé un ultime objectif. Quelque chose à atteindre qu'elle aurait pu atteindre. Un trône ? Et après ? Un trône Galactique ? Et après ? Un trône Au-Delà-Des-Regions-Inconnues ? Toute limite se repoussait dans un contexte d'infinité.
Harlon n'était peut-être pas amoureux d'Elizabeth. Peut-être aimait-il simplement l'idée qu'il s'en faisait. Si elle était cruelle au point de le faire mourir, que ce fut par le poison ou le désespoir ? Si elle était bien une calculatrice, mais qui ferait tout pour le faire tomber ?
Si elle n'était rien de plus qu'une femme, avec ses sentiments, ses problèmes, arrivée première à un concours de circonstance plutôt que par la force de ses cellules grises ?
D'une danse égrainée au rythme des grandes pluies,
Comme un paon paradant aux symbales du mépris,
Je t'ai observée, toi, depuis un porche assombri,
Alors qu'au dehors clapotaient les dandis,
J'aperçus de mon coeur un beau tulle d'été,
Vaporant en plein vent comme un linge de mariée,
Tu te tournais vers moi, en courbes de Lune,
Les rondeurs de ton corps, jalousées des grandes dunes,
Et d'un coup, d'un seul, la Belle Dame se mit à trembler...
Menteur, Meuteuse voyais-je sur tes lèvres gercées...
Alors tu t'approchais, versant le sang sur ton chemin,
Et dans un dernier râle tu exigeais que je t'impose des mains,
Car à te voir ramper,
J'avais compris que je m'étais trompé.
Harlon avait couché ça vite fait après sa première déception amoureuse. Il était jeune et n'avait pas su où donner de la tête alors. Sans savoir comment, ça venait de lui revenir.
Harlon aperçut l'ombre fugace d'un sourire arraché par la demande aussi absurde que galante, avec l'idée qu'à nouveau, l'Arkanienne ne cherchait pas tant à porter son coeur à un ouvrage déclaré qu'à vouloir sucrer en douceur le Diable en personne. Etait-ce là une réponse sincère, ou encore un calcul judicieux ?
Trancher entre la certitude d'être apprécié en retour de son affection idéalisée et l'idée, tarie mais tambourrinée, que la Dame si simple n'était que dans une optique de jeter au loin un os à Cerbère était un exercice auquel il refusait de s'adonner. Il n'avait guère le coeur à faire courir ses yeux sur le choix cornellien entre l'amour interdit et la manipulation d'état.
Et si l'Amour s'interdisait, alors à quoi bon poursuivre une idée, plus qu'un esprit ? Bien qu'il mit le temps, Harlon sembla en venir à la même conclusion qu'Elizabeth. Tant qu'il était lui, elle resterait elle. Empereur, et Reine. Unis tout au plus par les liens sacrés des ambassades. Jamais il n'y aurait d'échange personnels. Jamais il n'y aurait d'abandon pour l'un. De preuve formelle d'affection.
Si Elizabeth lui avait demandé quand il était temps, il aurait quitté l'Empire pour la rejoindre. En aurait-elle fait autant en revanche ? Il ne restait de cette histoire d'une supposition sur une supposition. Des "si" embriqués à un niveau tel qu'on en perdait pied avec la réalité. Il pouvait néanmoins subsister un espoir. Imposer l'idéal d'une union complète. Proposer à Elizabeth qu'il gouverne Arkania à ses côtés.
Et qu'elle gouverne l'Empire aux siens. Qu'ils partagent leur temps entre Bastion et Arkania. Qu'ils se lient à jamais. Que les Moff se taisent sur cette union, après une légalisation du mariage inter-espèces.
Elizabeth Civicius... voulez-vous...
Voulez-vous...
Il se tut brutalement. C'était prématuré. Ils se connaissaient à peine.
Il se racla la gorge et se concentra sur la suite. Elizabeth tombait, le pied avait glissé, la masse informe, devenue aussi flexible qu'une poupée de chiffon plongea dans un abîme sans fond. En surgit une figure pâle comme la mort, à la voix de sel et de métal. La Reine Civicius n'était pas un adversaire vaincu. Elizabeth avait les clefs de sa prison. Mais sa force physique manquait pour s'évader. Pourtant, un instant encore, il perçut un éclat dans ses yeux. Un sourire, furtif et empli de morosité ponctua cette soudaine descente vers la terre ferme. Adieu les cieux grisés, adieu les pluies en suspension, les visions effacées du soleil caché. Tout redevait tangible et terriblement cartésien. Toutefois, la Dame lui glissa ses mains - si fines avec ce doigt en moins - dans les mains, caleuses et épaisses d'Harlon. Des mains qui avaient tenté d'être trop à la fois. Des mains d'érudits qui avaient connu le labeur martial. Des mains qui avaient tenu des livres mais aussi des armes. Elles avzient tourné des pages d'ouvrages et fermer des récits de vie d'un claquement de percuteur mécanique. Son oeil acéré avaient mis fin à des histoires qui auraient pu durer jusqu'au final s'il n'y avait eu ces mains. Ces mains soignées mais rustiques.
Ces mains qu'Elizabeth serrait avec une certaine tendresse, avant de els abandonner là à leur sombre passé.
Tu portes sur elles le sang d'innocents, Harlon Astellan. Harlon ne savait pas ce qui provoquait le plus grand effroi. Qu'il possédâ des mains trempées d'un vernis vermeil.
Ou bien qu'il s'en moquait.
Général ? Cela supposait une armée. Helera Kor'Rial était une fieffée menteuse.
Un soupçon. Rien de furtif, rien de personnel. Mais un soupçon. Fondé. Vulgaire. Nécessaire.
La réponse allait de soit. Harlon reposa le résultat de l'examen sur la table sans y avoir jeté un seul coup d'oeil.
A sensitif, Côté Obscur. C'était obligatoire.
Un dernier point à aborder.
Léger temps.
Traitement de l'affaire laissée sous silence.
Un dernier temps. Harlon ne le brisa pas. La suggestion était claire. Il convenait de purger chaque niveeau des influences des régions des deux chefs.
Harlon était, lui aussi, parti au fond de sa propre abîme. L'Empereur Astellan avait prit se place. Et il allait s'acquitter de son travail.
Un genre de froideur s'empara peu à peu de l'humain si indécis, si imprécis. Sans retour, il allait falloir vivre avec l'idée qu'il s'engageait sur une voie à sens unique. Ou peut-être était-il le seul à mentir. Il voyait en Elizabeth ce qu'il ne voyait pas ailleurs. Une égale. Une femme qui aurait passé sa vie à comploter s'il elle ne s'était pas fixé un ultime objectif. Quelque chose à atteindre qu'elle aurait pu atteindre. Un trône ? Et après ? Un trône Galactique ? Et après ? Un trône Au-Delà-Des-Regions-Inconnues ? Toute limite se repoussait dans un contexte d'infinité.
Harlon n'était peut-être pas amoureux d'Elizabeth. Peut-être aimait-il simplement l'idée qu'il s'en faisait. Si elle était cruelle au point de le faire mourir, que ce fut par le poison ou le désespoir ? Si elle était bien une calculatrice, mais qui ferait tout pour le faire tomber ?
Si elle n'était rien de plus qu'une femme, avec ses sentiments, ses problèmes, arrivée première à un concours de circonstance plutôt que par la force de ses cellules grises ?
Comme un paon paradant aux symbales du mépris,
Je t'ai observée, toi, depuis un porche assombri,
Alors qu'au dehors clapotaient les dandis,
J'aperçus de mon coeur un beau tulle d'été,
Vaporant en plein vent comme un linge de mariée,
Tu te tournais vers moi, en courbes de Lune,
Les rondeurs de ton corps, jalousées des grandes dunes,
Et d'un coup, d'un seul, la Belle Dame se mit à trembler...
Menteur, Meuteuse voyais-je sur tes lèvres gercées...
Alors tu t'approchais, versant le sang sur ton chemin,
Et dans un dernier râle tu exigeais que je t'impose des mains,
Car à te voir ramper,
J'avais compris que je m'étais trompé.
Harlon avait couché ça vite fait après sa première déception amoureuse. Il était jeune et n'avait pas su où donner de la tête alors. Sans savoir comment, ça venait de lui revenir.
- « De moi à vous, c’est promis. »
Harlon aperçut l'ombre fugace d'un sourire arraché par la demande aussi absurde que galante, avec l'idée qu'à nouveau, l'Arkanienne ne cherchait pas tant à porter son coeur à un ouvrage déclaré qu'à vouloir sucrer en douceur le Diable en personne. Etait-ce là une réponse sincère, ou encore un calcul judicieux ?
Trancher entre la certitude d'être apprécié en retour de son affection idéalisée et l'idée, tarie mais tambourrinée, que la Dame si simple n'était que dans une optique de jeter au loin un os à Cerbère était un exercice auquel il refusait de s'adonner. Il n'avait guère le coeur à faire courir ses yeux sur le choix cornellien entre l'amour interdit et la manipulation d'état.
Et si l'Amour s'interdisait, alors à quoi bon poursuivre une idée, plus qu'un esprit ? Bien qu'il mit le temps, Harlon sembla en venir à la même conclusion qu'Elizabeth. Tant qu'il était lui, elle resterait elle. Empereur, et Reine. Unis tout au plus par les liens sacrés des ambassades. Jamais il n'y aurait d'échange personnels. Jamais il n'y aurait d'abandon pour l'un. De preuve formelle d'affection.
Si Elizabeth lui avait demandé quand il était temps, il aurait quitté l'Empire pour la rejoindre. En aurait-elle fait autant en revanche ? Il ne restait de cette histoire d'une supposition sur une supposition. Des "si" embriqués à un niveau tel qu'on en perdait pied avec la réalité. Il pouvait néanmoins subsister un espoir. Imposer l'idéal d'une union complète. Proposer à Elizabeth qu'il gouverne Arkania à ses côtés.
Et qu'elle gouverne l'Empire aux siens. Qu'ils partagent leur temps entre Bastion et Arkania. Qu'ils se lient à jamais. Que les Moff se taisent sur cette union, après une légalisation du mariage inter-espèces.
Elizabeth Civicius... voulez-vous...
Voulez-vous...
« M'é... »
Il se tut brutalement. C'était prématuré. Ils se connaissaient à peine.
Il se racla la gorge et se concentra sur la suite. Elizabeth tombait, le pied avait glissé, la masse informe, devenue aussi flexible qu'une poupée de chiffon plongea dans un abîme sans fond. En surgit une figure pâle comme la mort, à la voix de sel et de métal. La Reine Civicius n'était pas un adversaire vaincu. Elizabeth avait les clefs de sa prison. Mais sa force physique manquait pour s'évader. Pourtant, un instant encore, il perçut un éclat dans ses yeux. Un sourire, furtif et empli de morosité ponctua cette soudaine descente vers la terre ferme. Adieu les cieux grisés, adieu les pluies en suspension, les visions effacées du soleil caché. Tout redevait tangible et terriblement cartésien. Toutefois, la Dame lui glissa ses mains - si fines avec ce doigt en moins - dans les mains, caleuses et épaisses d'Harlon. Des mains qui avaient tenté d'être trop à la fois. Des mains d'érudits qui avaient connu le labeur martial. Des mains qui avaient tenu des livres mais aussi des armes. Elles avzient tourné des pages d'ouvrages et fermer des récits de vie d'un claquement de percuteur mécanique. Son oeil acéré avaient mis fin à des histoires qui auraient pu durer jusqu'au final s'il n'y avait eu ces mains. Ces mains soignées mais rustiques.
Ces mains qu'Elizabeth serrait avec une certaine tendresse, avant de els abandonner là à leur sombre passé.
Tu portes sur elles le sang d'innocents, Harlon Astellan. Harlon ne savait pas ce qui provoquait le plus grand effroi. Qu'il possédâ des mains trempées d'un vernis vermeil.
Ou bien qu'il s'en moquait.
« Je vois. Le Général Koress de l'Ordre Gris ? »
Général ? Cela supposait une armée. Helera Kor'Rial était une fieffée menteuse.
« Ce Général Koress... »
Un soupçon. Rien de furtif, rien de personnel. Mais un soupçon. Fondé. Vulgaire. Nécessaire.
« ... c'est un sensitif, n'est-ce pas ? »
La réponse allait de soit. Harlon reposa le résultat de l'examen sur la table sans y avoir jeté un seul coup d'oeil.
« Je suis navré. Les Sith sont autant sensitifs que ces individus. Jusqu'à preuve formelle de l'absence d'implication dans cette affaire, l'Empire traitera l'Ordre Gris comme une organisation alliée potentielle des Sith de Sang Pur. »
A sensitif, Côté Obscur. C'était obligatoire.
« Plaxacier hybride ? Cela ne m'évoque rien. Je vais mettre mes services sur le coup. Un échantillon à analyser serait le bienvenu. »
Un dernier point à aborder.
« L'Empire, également, est dans une phase compliquée. »
Léger temps.
« Un Sith avait réussi à se fondre dans la délégation impériale en revêtant l'apparence d'un mort. »
Traitement de l'affaire laissée sous silence.
« Outre les illusions, la politique traditionnelle peut avoir suffit. Argent, promesses. Des êtres authentiques sont acquis aux Sith dans nos administrations. »
Un dernier temps. Harlon ne le brisa pas. La suggestion était claire. Il convenait de purger chaque niveeau des influences des régions des deux chefs.
Harlon était, lui aussi, parti au fond de sa propre abîme. L'Empereur Astellan avait prit se place. Et il allait s'acquitter de son travail.