- sam. 5 févr. 2022 20:29
#40273
Chapitre I
Ambiance
L’Empire est éternel. La formule pouvait paraître un non-sens risible, une expression reflétant la vacuité d’un régime essoufflé se confortant dans des aphorismes convenus. Nulle nation construite sur les ruines de ses voisins, sur la souffrance de la multitude et les campagnes hégémoniques ne subsistait aux aléas du temps. L’Empire Infini des cruels Rakatas s’était bien effondré après des millénaires de guerre civile, et l’Empire conquérant de Xim le Despote ne survécut guère au trépas de son fondateur. L’hyperpuissance galactique bâtie par les intrigues sans pareil de Palpatine comme instrument utile, culmination de l’inflexible volonté des Sith après des siècles de clandestinité, ne pourrait donc échapper au sort funeste des sociétés reposant sur les échines courbées de milliards d’individus. Les premiers signes du déclin avaient été quelque peu retentissants. Son souverain originel, défait par un quidam dont la Galaxie aura tôt fait d’oublier le nom, fut succédé par sa concubine, un être intraitable qui, bien qu’exsudant tout autant de malfaisance que son prédécesseur, fut pourtant abattue par l’un de ses plus fidèles serviteurs que certains adeptes de sectes antiques appelèrent l’Élu. S’en suivit une désintégration rapide reléguant les ruines de l’Empire aux confins septentrionaux de la Galaxie. Des années de survie à se panser les plaies et de luttes pour le pouvoir entre seigneurs de guerre avaient finalement laissé place à une période de quiétude et de reconstruction sous l’égide d’un nouvel autocrate. Simple répit, diraient certains, avant la continuation d’une chute inexorable vers les oubliettes de l’Histoire.
Mais cette interprétation étriquée omettait un point crucial. L’Empire n’était pas que les descentes de Stormtroopers quadrillant les ruelles de Bimmisaari à la recherche de rebelles, ou la démonstration dévastatrice de l’Étoile de la Mort en orbite de Sullust. Ce n’était pas non plus que les camps de concentration sur Yaga Minor, secret que la population maintenait sous un silence honteux, ni les élections d’Ord Mantell où les opposants au pouvoir ne pouvaient même pas concourir. Pour de nombreux impériaux, bien plus en réalité que les défenseurs de la Nouvelle République ne l’admettraient jamais, l’Empire représentait une période inespérée après les années chaotiques de la Guerre des Clones. Il avait amené la paix sur les mondes ravagés par les terribles armées droïdes confédérées, la stabilité dans la Bordure Extérieure tant sujette aux excès de ses groupes criminels anarchiques. Il avait, à travers l’effort de guerre, donné du travail aux familles subsistant jusqu’alors de maigres récoltes sur des continents laissés pour compte par un Sénat lointain et corrompu. La silhouette d’un agent du Bureau de la Sécurité Intérieure, terrifiante pour les agitateurs, était rassurante pour la populace obnubilée par ses besoins immédiats tels que se pourvoir en vivres et d’un toit, ce qu’offrait invariablement le labeur dans les usines impériales. La famille envoyant son aîné à l’Académie Impériale de Yinchorr espérait simplement des jours meilleurs et une chance dans ce système hautement méritocratique. Ces honnêtes gens, loin du confort démesuré des planètes du Noyau, se contentaient désormais pleinement des seules véritables promesses de l'Empire, la sécurité et la stabilité, ce dont ils ne purent jouir lors des premières décennies de leur existence.
Pour beaucoup, une telle attitude restait incompréhensible. La population impériale se fourvoyait forcément, se contentant des maigres acquis de l’Ordre Nouveau pour la seule raison qu’elle ne connaissait rien d’autre. Elle ne faisait que se rattacher à l’unique récif l’ayant sauvé des tempêtes passées. Son ignorance crasse nécessitait d’être rééduquée par les érudits de la Nouvelle République et leurs alliés Jedi. L’exposer à la vérité lumineuse de la démocratie devrait chasser bien vite sa dévotion mal placée envers un état qui n’hésitait pas à la sacrifier pour assurer sa survie. Seulement, c’était là l’erreur seconde des adversaires de l’Empire. Une erreur cardinale qui leur avait valu de sous-estimer à maintes reprises les capacités de régénération de la bête mortellement blessée à Endor. Car l’Empire était aussi une idée, un concept aux racines profondément ancrées dans le cerveau reptilien de ses citoyens. Palpatine l’avait érigé sur nos émotions les plus primitives : la peur, la colère, la vengeance, l’envie et l’orgueil. En vérité, l’Empire se trouvait enfoui au fond de chaque être de la Galaxie doté de sentience. La crainte du changement, de la perte de contrôle. Le désir de pouvoir aux dépens de ceux auprès desquels l’on ne se reconnaissait pas. Le besoin d’organisation, d’autorité fascisante et d’un front commun face aux nombreux mystères pernicieux de la Galaxie. L’idée, enfin, selon laquelle la différence d’autrui, particulièrement lorsque source d’inconfort, devait être grandement atténuée, voire étouffée, au profit de l’ordre moral établi. Un gouvernement impérial pouvait donc être anéanti, ses flottes vaincues, ses institutions dissoutes, et ses territoires annexés, mais l’Empire, lui, persisterait dans les esprits et, un jour, trouverait le terreau favorable à une résurrection. Les germes étaient semés. L’Ordre Nouveau et l’Empire ne faisaient véritablement qu’un.
Cette réalisation guidait les faits et gestes des plus fervents serviteurs de Bastion. On les trouvait dans toutes les strates de la société, du commerçant, à l’officier militaire, jusqu’au scientifique ou bureaucrate. Leur dévouement fanatique au maintien, pire, à l’expansion du système faisait d’eux les piliers sur lesquels l’Empire reposait ses initiatives les plus audacieuses : conquêtes, recherches de pointe, batailles d’influence, réformes profondes. Leurs intérêts se confondaient avec ceux du régime, à tel point d’ailleurs que ses déboires, ses manquements, ne tardaient pas à parvenir à leurs oreilles. Devant l’autorité chancelante, certains, les plus pleutres, restaient dans l’expectative, tandis que d’autres, les plus félons, attendaient le moment opportun pour se séparer de leur patrie de toujours et constituer une faction sécessionniste, seule capable d’après eux de continuer à incarner l’héritage des pères de l’Empire. Mais un troisième groupe optait pour une voie encore différente : le changement de l’intérieur, l’inflexion instaurant de nouvelles têtes au sommet de l’état. C’était le chemin qu’avait choisi le Grand-Moff Astellan devant les déficiences du monarque d’alors, rameutant soldats et acteurs politiques à sa cause. C’était aussi celui qu’un homme insoupçonné s’apprêtait à prendre. Un homme jusqu’alors symbole de servilité, créature du système, outil efficace mais longtemps jugé inoffensif, vétéran des dernières années de l’ancienne république, gardien de multiples secrets que ses maîtres emportèrent avec eux dans la Force. Poussé par l’implacable roue du destin, cet homme façonné par la subordination, habitué à plier le dos devant ses princes temporels, allait bientôt accomplir quelque chose de nouveau, d’inconfortable, et d’exaltant à la fois : dépasser sa nature et affirmer son pouvoir...
... Pour que l’Empire perdure.
HC-4
Conseiller Impérial
Ambiance
" Seule son admiration pour l’Empereur maintient ses propres ambitions sous contrôle.
Il se satisfait de servir pour toujours – ce que même le Seigneur Vader ne pouvait admettre de son temps. "
Extrait d’une note confidentielle sur Ars Dangor.
Il se satisfait de servir pour toujours – ce que même le Seigneur Vader ne pouvait admettre de son temps. "
Extrait d’une note confidentielle sur Ars Dangor.
L’Empire est éternel. La formule pouvait paraître un non-sens risible, une expression reflétant la vacuité d’un régime essoufflé se confortant dans des aphorismes convenus. Nulle nation construite sur les ruines de ses voisins, sur la souffrance de la multitude et les campagnes hégémoniques ne subsistait aux aléas du temps. L’Empire Infini des cruels Rakatas s’était bien effondré après des millénaires de guerre civile, et l’Empire conquérant de Xim le Despote ne survécut guère au trépas de son fondateur. L’hyperpuissance galactique bâtie par les intrigues sans pareil de Palpatine comme instrument utile, culmination de l’inflexible volonté des Sith après des siècles de clandestinité, ne pourrait donc échapper au sort funeste des sociétés reposant sur les échines courbées de milliards d’individus. Les premiers signes du déclin avaient été quelque peu retentissants. Son souverain originel, défait par un quidam dont la Galaxie aura tôt fait d’oublier le nom, fut succédé par sa concubine, un être intraitable qui, bien qu’exsudant tout autant de malfaisance que son prédécesseur, fut pourtant abattue par l’un de ses plus fidèles serviteurs que certains adeptes de sectes antiques appelèrent l’Élu. S’en suivit une désintégration rapide reléguant les ruines de l’Empire aux confins septentrionaux de la Galaxie. Des années de survie à se panser les plaies et de luttes pour le pouvoir entre seigneurs de guerre avaient finalement laissé place à une période de quiétude et de reconstruction sous l’égide d’un nouvel autocrate. Simple répit, diraient certains, avant la continuation d’une chute inexorable vers les oubliettes de l’Histoire.
Mais cette interprétation étriquée omettait un point crucial. L’Empire n’était pas que les descentes de Stormtroopers quadrillant les ruelles de Bimmisaari à la recherche de rebelles, ou la démonstration dévastatrice de l’Étoile de la Mort en orbite de Sullust. Ce n’était pas non plus que les camps de concentration sur Yaga Minor, secret que la population maintenait sous un silence honteux, ni les élections d’Ord Mantell où les opposants au pouvoir ne pouvaient même pas concourir. Pour de nombreux impériaux, bien plus en réalité que les défenseurs de la Nouvelle République ne l’admettraient jamais, l’Empire représentait une période inespérée après les années chaotiques de la Guerre des Clones. Il avait amené la paix sur les mondes ravagés par les terribles armées droïdes confédérées, la stabilité dans la Bordure Extérieure tant sujette aux excès de ses groupes criminels anarchiques. Il avait, à travers l’effort de guerre, donné du travail aux familles subsistant jusqu’alors de maigres récoltes sur des continents laissés pour compte par un Sénat lointain et corrompu. La silhouette d’un agent du Bureau de la Sécurité Intérieure, terrifiante pour les agitateurs, était rassurante pour la populace obnubilée par ses besoins immédiats tels que se pourvoir en vivres et d’un toit, ce qu’offrait invariablement le labeur dans les usines impériales. La famille envoyant son aîné à l’Académie Impériale de Yinchorr espérait simplement des jours meilleurs et une chance dans ce système hautement méritocratique. Ces honnêtes gens, loin du confort démesuré des planètes du Noyau, se contentaient désormais pleinement des seules véritables promesses de l'Empire, la sécurité et la stabilité, ce dont ils ne purent jouir lors des premières décennies de leur existence.
Pour beaucoup, une telle attitude restait incompréhensible. La population impériale se fourvoyait forcément, se contentant des maigres acquis de l’Ordre Nouveau pour la seule raison qu’elle ne connaissait rien d’autre. Elle ne faisait que se rattacher à l’unique récif l’ayant sauvé des tempêtes passées. Son ignorance crasse nécessitait d’être rééduquée par les érudits de la Nouvelle République et leurs alliés Jedi. L’exposer à la vérité lumineuse de la démocratie devrait chasser bien vite sa dévotion mal placée envers un état qui n’hésitait pas à la sacrifier pour assurer sa survie. Seulement, c’était là l’erreur seconde des adversaires de l’Empire. Une erreur cardinale qui leur avait valu de sous-estimer à maintes reprises les capacités de régénération de la bête mortellement blessée à Endor. Car l’Empire était aussi une idée, un concept aux racines profondément ancrées dans le cerveau reptilien de ses citoyens. Palpatine l’avait érigé sur nos émotions les plus primitives : la peur, la colère, la vengeance, l’envie et l’orgueil. En vérité, l’Empire se trouvait enfoui au fond de chaque être de la Galaxie doté de sentience. La crainte du changement, de la perte de contrôle. Le désir de pouvoir aux dépens de ceux auprès desquels l’on ne se reconnaissait pas. Le besoin d’organisation, d’autorité fascisante et d’un front commun face aux nombreux mystères pernicieux de la Galaxie. L’idée, enfin, selon laquelle la différence d’autrui, particulièrement lorsque source d’inconfort, devait être grandement atténuée, voire étouffée, au profit de l’ordre moral établi. Un gouvernement impérial pouvait donc être anéanti, ses flottes vaincues, ses institutions dissoutes, et ses territoires annexés, mais l’Empire, lui, persisterait dans les esprits et, un jour, trouverait le terreau favorable à une résurrection. Les germes étaient semés. L’Ordre Nouveau et l’Empire ne faisaient véritablement qu’un.
Cette réalisation guidait les faits et gestes des plus fervents serviteurs de Bastion. On les trouvait dans toutes les strates de la société, du commerçant, à l’officier militaire, jusqu’au scientifique ou bureaucrate. Leur dévouement fanatique au maintien, pire, à l’expansion du système faisait d’eux les piliers sur lesquels l’Empire reposait ses initiatives les plus audacieuses : conquêtes, recherches de pointe, batailles d’influence, réformes profondes. Leurs intérêts se confondaient avec ceux du régime, à tel point d’ailleurs que ses déboires, ses manquements, ne tardaient pas à parvenir à leurs oreilles. Devant l’autorité chancelante, certains, les plus pleutres, restaient dans l’expectative, tandis que d’autres, les plus félons, attendaient le moment opportun pour se séparer de leur patrie de toujours et constituer une faction sécessionniste, seule capable d’après eux de continuer à incarner l’héritage des pères de l’Empire. Mais un troisième groupe optait pour une voie encore différente : le changement de l’intérieur, l’inflexion instaurant de nouvelles têtes au sommet de l’état. C’était le chemin qu’avait choisi le Grand-Moff Astellan devant les déficiences du monarque d’alors, rameutant soldats et acteurs politiques à sa cause. C’était aussi celui qu’un homme insoupçonné s’apprêtait à prendre. Un homme jusqu’alors symbole de servilité, créature du système, outil efficace mais longtemps jugé inoffensif, vétéran des dernières années de l’ancienne république, gardien de multiples secrets que ses maîtres emportèrent avec eux dans la Force. Poussé par l’implacable roue du destin, cet homme façonné par la subordination, habitué à plier le dos devant ses princes temporels, allait bientôt accomplir quelque chose de nouveau, d’inconfortable, et d’exaltant à la fois : dépasser sa nature et affirmer son pouvoir...
... Pour que l’Empire perdure.
Modifié en dernier par Ars Dangor le sam. 19 mars 2022 15:18, modifié 1 fois.
Conseiller Impérial