Pas tant qu’ils ne représentaient pas une menace. Cette phrase voulait tout dire. D’un moment à l’autre, quelqu’un pourrait faire d’eux une menace et les éliminer. Qui se serait soucié de leur sort ? Probablement personne. Cette simple pensée lui faisait froid dans le dos. Elle avait sûrement passé trop de temps avec les Sith et le côté obscure… Ensuite, ce fut celui qui les avait interpellés qui prit la parole pour se lancer dans une grande tirade sur le mode de pensée des Jedi. La jeune femme savait pertinemment qu’ils n’allaient pas être de son côté. Cependant, elle ne voulait pas rétorquer, même si les Jedi ne se fâchaient pas, il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin, c’était déjà bien qu’ils soient encore en vie à ce stade de la discussion. Ce qui la fit réfléchir néanmoins était sa phrase sur les neutres. Selon lui, cette voie menait au côté obscure. Sauf qu’Helera venait du côté obscure, elle ne pouvait pas retourner là où elle était déjà. C’est justement cet aspect de la Force que les maîtres, aussi sages soient-ils, ne pouvaient pas appréhender. Eux avaient pour la plupart dévoué leur vie au côté lumineux et jamais n’étaient « tombés » dans la vilenie du côté obscure. Pour quelqu’un comme elle, c’était différent, ses années où elle avait été Jedi étaient complètement oubliées et c’est comme si toute sa vie elle avait cultivé le côté obscure. C’est à partir du côté obscure qu’elle cherche la neutralité, contrairement à son frère. Il était dans le vrai cependant sur une chose, c’est que pour les lumineux, la quête de la neutralité entraînait nécessairement un passage vers le côté noire de la Force. C’est cela qui était entrain de se produire chez son frère et qu’elle cherchait à tout prix à éviter. C’était peut-être cela le prix à payer pour entrer en communion avec la Force dans son intégralité. En fait, elle était encore plus perdue que quand elle était venue. Sa voie était-elle viable ? N’allait-elle pas semer plus de destruction qu’avant ? De plus, les Jedi étaient régis par un code commun et par des lois, celles de la république. Hors, Helera n’avait rien de tout cela. Elle n’obéissait qu’à son propre code, sa ligne de conduite. Ce serait assimilable à un comportement de Sith, mais alors pourquoi sa morale, son esprit et tout son corps voulait retourner du côté lumineux ? C’était à n’y rien comprendre.
Les maîtres s’étaient retourné vers l’orateur pendant son discourt, mouvement que les deux invités ne comprirent pas. Par la suite, tout ce qu’il dit, elle était d’accord avec cela. Encore une question naquit à son esprit. Serait-il possible d’utiliser le côté obscure à des fins louables, comme le font les Jedi ? Il avait repris son expression de gendarme pour signifier la protection des peuples, ce qui revenait parfois au meurtre, chose que les Sith pouvaient faire également. Sans l’amulette, les maîtres verraient probablement qu’elle s’interrogeait. Il y avait tant de questions qu’elle aimerait exprimer sans qu’elle puisse le faire. Darth Vader, quelqu’un qu’elle n’avait pas connu mais qui semblait être l’idole de sa compagne. Pour les Jedi, il semblait pourtant qu’un déchu, rebu de l’ordre. Se pourrait-il qu’il est été un Jedi un jour ? C’était probablement, elle ignorait beaucoup de chose sur la Force et encore plus sur ses utilisateurs. Elle-même était à la recherche de pouvoir, mais pas celui de détruire pour son plaisir. Juste détruire le mal pour instaurer une paix durable et inaltérable. Encore une utopie, mais un beau rêve cependant. Helera était plutôt pour tuer ceux qui pensent comme elle, paradoxalement. C’est pour cela que cette conversation ne pouvait se faire en cinq petites minutes, les débats devaient être longs. Probablement aucun Sith n’avait jamais discuté de son point de vu avec un Jedi. Même si elle ne se considérait pas comme tel, ce qu’elle savait sur le côté obscure pourrait toujours leur être utile.
La conversation s’orienta dans l’autre sens et c’était à eux de parler. Un échange bref de regard et Loran décida de commencer. Lui ne pensait pas grand-chose de cette histoire. Ce qu’il voulait, c’était parvenir à protéger ceux qui lui étaient cher et peut-être étendre son pouvoir à plus grande échelle. Il pensait que faire la guerre ne menait jamais à rien, mais que parlementer non plus. La solution, il ne l’avait pas mais jamais au jour d’aujourd’hui, il pensait qu’il irait prendre part dans un affrontement direct sans que cela soit pour protéger une tierce.
-Je suis né sur Kuat, pendant le temps où l’empire menait la galaxie au doigt et à la baguette. Mon père a toujours été contre cette idée. Il était un chevalier Jedi de son temps, il s’appelait Carn. De ce qu’il m’a dit, il a été radié de l’ordre à cause de ma mère, je n’ai jamais cherché à savoir plus de détails. Pour me protéger, ma mère et lui se sont exilés dans les collines, non loin de là où j’habitais. C’est là-bas que j’ai passé le plus claire de mon enfance, à apprendre les facettes du côté lumineux de la Force, sans pour autant être rattaché à votre code. Très vite, d’autres l’ont rejoint pour fuir l’empire, une petite minorité. La plupart de la planète était et est toujours pro-impériale. Lui et sa milice ont alors débuté des actes terroristes à l’encontre de la superpuissance, signant leurs actes au nom de la Main. Lui et ma mère sont morts le jour où j’ai connu ma sœur.
Helera avait baissé la tête pendant son explication. Elle sentait son regard qui pesait lourd sur elle, sur sa conscience. Il attendait de savoir s’il allait plus loin. Pas de mensonges, pas aujourd’hui. C’est elle qui prit la parole :
-J’avais pour mission de traquer ces terroristes et de les tuer. J’ai tué mon père qui ne m’avait reconnu que trop tard, le sabre était déjà planté dans sa poitrine. Quant à ma mère, je n’ai pas pu me retenir, elle … je l’ai tué également.
Elle releva la tête et regarda un instant son frère qui n’exprimait ni haine, ni colère, avant de tourner le regard vers les maîtres.
-Je suis née trois ans avant mon frère. Quelques mois avant sa naissance, alors que je n’avais que trois ans, une Mirialan est venue chez nous. Elle s’appelait maître Ash’oorah. Pareillement que pour mon frère, mes parents, pour me protéger m’ont confié à ce maître, alors en exile. A trois ans cependant, je n’avais pas compris cela, je pensais simplement qu’ils cherchaient à m’abandonner car ils ne voulaient plus de moi. Je suis restée seize ans avec elle, à tenter de survivre sur Ilum, tandis qu’elle m’apprenait la Force. Un jour cependant, des mercenaires sont arrivés pour voler ce qu’il pouvait sur la planète. Ils ne trouvèrent rien d’autres que nous. Evidemment, on s’est battu, mais le chef à sa tête, un Sith, réussit à la défaire et m’emporta comme récompense.
La jeune femme déglutit, les souvenirs remontaient à des moments douloureux.
-C’est là que la torture commença. Il m’a brisée, frappée, humiliée et j’en passe. Tout ce que je voulais, c’était me venger, lui arracher la tête. Ma haine s’est mise à croitre à telle point que j’en voulais à la terre entière. Je vous passe les détails, en gros je me suis enfuis loin de lui en pensant l’avoir tué. Là, j’ai alterné entre l’apprentissage de plusieurs grands maîtres Sith. Je n’avais juste besoin d’un foyer auquel me rattacher à l’époque, j’avais l’impression que tout le monde voulait me poignarder. « Ce qui n’a pas tellement changé d’aujourd’hui », se dit-elle à elle-même. On m’a envoyé sur Kuat pour faire le ménage, et vous connaissez la suite.
Toute leur vie résumée en quelques mots, cela faisait bizarre. Certains passages avaient été omis, comme ce qui s'était réellement passé sur Kuat, et les paroles de sa mère. Loran le savait pertinemment et conclut :
-Après la mort de mes parents, je suis parti. On s’est retrouvés une autre fois sur Naboo, le jour même où nous avons vu Cyniosis. Depuis tout ce temps, nous travaillons ensemble pour oublier le passer et ne plus refaire nos erreurs.
Bien que Loran soit totalement opaque aux sentiments, comme leur père lui a si bien appris, ce n’était pas le cas de la jeune femme. La tristesse l’avait envahi. Tous les visages qu’elle avait exécutés sans raison revenaient dans sa tête. Si elle avait été plus forte que le côté obscure, ses parents seraient encore en vie et peut-être même qu’ils pourraient vivre une vie enfin débarrassée de toute cette haine. Sa tête était de nouveau baissée et elle ne regardait que le sol, sans réellement le voir. Puisse la Force l’aider dans sa rédemption.