- mar. 7 avr. 2020 21:13
#37724
La console clignotait à rythme régulier sans émettre un son. Ranath ouvrit la communication.
- « Vekko. Toujours là ?
- Tous les six.
- Tu as reçu les coordonnées ? Allez m'attendre là bas. La suite des consignes arrive. »
Les étoiles défilaient à une vitesse folle, si vite qu'on ne les distinguait pas les unes des autres. Qu'il aurait été agréable d'y nager à cet instant… Mais au lieu de cela, la Sith avait figé au creux des paupières l'image de cet Humain bouffi d'orgueil, un faible prétentieux qui ne savait que se pavaner une main sur chaque oreille pour ne pas entendre. Qu'il était idiot. Il méritait mille morts. La Dame Sombre se promettait de lui en servir au moins une…
L’horloge de l’ordinateur de bord indiquait encore une heure.
Les doigts d’émeraude se mirent à courir sur le clavier de la console. Le sternum de la Mirialan s’immobilisa. Elle retenait sa respiration, empêchant l’air d’entrer dans ses poumons. L’apnée dura de longues secondes, elle ne sut dire combien. Son corps réclama soudain l’oxygène vital et brisa sa volonté pour s’approvisionner à nouveau en air, déclenchant une quinte de toux punitive en prime.
Communication ouverte.
- « Imril ? Imril ! »
L’Arkanienne pivota brusquement pour se placer face à son comlink.
- « C’est Ranath… »
L’Humain vint rejoindre son maître. Il tendit la main pour saisir le petit appareil mais elle l’en empêcha.
- « J’ai … je vais … »
Elle semblait essoufflée.
- « J’ai été attaquée. Vais m’écraser. »
Imril bouscula cette fois son maître pour attraper le comlink.
- « Où ça ?! Qu’est ce qui se passe ?! »
Le silence ne dura qu’un instant.
- « Ce sont des TIE ! Rah ! … »
On l’entendit frapper une surface non loin d’elle.
- « Vais m’écraser sur … Otranto … »
Ranath se saisit de sa dague, méticuleusement posée sur un linge sur le tableau de bord, et massacra le micro de la console de communication d’un coup net. Elle rangea l’arme et activa le comlink de son datapad.
- « Vous êtes où ?
- En approche.
- Parfait, je sors. »
Elle coupa. Le saut prit fin après que ce fut tue la sonnerie continue d’une alarme que ce vaisseau avait stridente.
Otranto.
Planète inconnue, jamais mis les pieds là bas. Mais l’astre tellurique était encore loin, le pilote avait programmé une sortie anticipée. L’espace ici, en amont du rayon usuel de sortie, était relativement calme. À cette bonne distance, la Sith entama un tour de planète à pleine vitesse. Le Poing de l’Ombre apparut soudain au radar. Une vrille, les pilotes échangèrent un signe. Ranath désactiva le bouclier arrière du yacht et se plaça en tête. Sans une hésitation, et cela était effrayant, Vekko ouvrit le tir. À cette distance, il fit mouche à chaque nouvelle pression de gâchette. L’ordinateur de bord du Souffle Solaire se mit à hurler. C’était assez. Le yacht vira pour une nouvelle vrille et Vekko cessa le feu. Sans plus attendre, la Sith dirigea son vaisseau vers la planète, hémisphère nocturne.
La Sith ne savait pas à quoi s’attendre, elle craignait qu’on ouvrit le feu sur son véhicule. Une batterie laser ne devait pas mettre longtemps à exploser un engin de ce genre. Une fois certaine d’être prisonnière du champ de gravité de la planète, elle réactiva tous les boucliers et éteignit cockpit et réacteurs. Le Souffle Solaire tombait dans le noir. Et les boucliers empêchaient qu’on repérât le vaisseau pendant la réentrée en atmosphère.
Depuis le cockpit, Ranath observait le sol s’approcher à grande vitesse. Elle s’équipa précipitamment d’un parachute, désactiva tous les boucliers et déclencha l’ouverture de la rampe. Elle sauta du vaisseau voué à la destruction après avoir activé la balise de détresse. Son parachute s’ouvrit, et elle vit le yacht s’éloigner à toute vitesse et s’écraser au sol. La coque s’ouvrit en deux comme l’écrin d’une bague précieuse et glissa dans une prairie qui prit feu. La Mirialan allait bientôt toucher terre à son tour. À peine eut-elle atterri qu’elle se débarrassa de son parachute pour l’abandonner sur place. Elle courut se réfugier entre les rochers en surplomb, déjà enveloppée du Voile qu’elle aimait tant. De là, elle apercevait la carcasse du vaisseau.
Pendant ce temps, le Poing de l’Ombre se posait calmement à bonne distance du lieu du crash.
Tsadqielle se leva d’un bond.
- « N’y va pas !! »
Son apprenti la foudroya du regard.
- « Nous ne sommes pas si loin d’elle, je vais voir ce qui se passe.
- C’est sûrement un piège.
- Elle ne t’a pas tuée alors que tu étais à sa merci … ne raconte pas de bêtises … »
L’Arkanienne lui faisait encore obstacle.
- « Je ne suis plus un enfant. »
Non, à presque quarante ans, il ne l’était plus. Elle le laissa partir.