- dim. 30 oct. 2016 20:14
#24645
Les sables noirs de Socorro ravivaient toujours ce sentiment nostalgique des retours à la maison pour Nico. Il s’y était établi à ses dix-neuf ans et n’en était parti pour des périodes relativement longues qu’une bonne dizaine d’années plus tard pour fonder une famille et en réveiller une autre. Le temps de la retraite mandalorienne était fini même s’il y résidait toujours une partie de l’année. Loin de la planète mère du Bha’lir Noir, il avait parfait ses compétences de guerrier cherchant toujours à progresser en tant qu’individu sur la voie qu’il s’était choisie.
Le Luxien ne chercha pas à s’attarder à Vakeyya et s’engagea vers l’Oasis de Gerha pour aller à la rencontre de la tribu des Ibhaan’l, nomades du désert qui occupait les trois-quarts de la planète. Nico opta pour un landspeeder robuste à défaut d’être classieux. L’intérêt était d’arriver vite plutôt que de chevaucher un des animaux de monte locaux. Le vent chaud et sec charriant les enfants de l’érosion soufflait caressait drument ses joues. Les riches habitants du Noyau dépensaient des fortunes en soins cosmétiques alors qu’il existait des exfoliants naturels certes un peu plus abrasifs que leurs produits pharmaceutiques. La vitesse bien que relative de son moyen de transport exaltait d’autant plus ce sentiment de liberté que lui procurait ces grands espaces de terre écorchée.
Et puis les premiers signes de vie apparaissaient les uns après les autres. D’abord les patrouilles qui guettaient les rôdeurs et les menaces naturelles pouvant s’en prendre aux caravanes ou aux nomades installés à proximité. Puis vint les bergers guidant leurs troupeaux entre les rares points d’eau du désert. Enfin la source de vie pointait à l’horizon dévoilant sa végétation luxuriante et ses arbres qui tranchaient avec la rugosité du paysage. Quelques bâtiments en dur avaient été construits ici pour abriter le plus important en cas de forte tempête mais le gros du village qui se dessinait n’était composé que d’habitations résistantes mais démontables afin de suivre les mouvements du clan.
Ils étaient une vingtaine de personnes à s’avancer au-devant du landspeeder, alertés par le vrombissement singulier de l’engin. Les nomades utilisaient peu de machines à cause des difficultés d’entretien liées aux conditions environnementales. Nico ralentit progressivement jusqu’à arriver auprès de la foule qui se formait. A la tête de la petite troupe, un homme d’un âge avancé souriait sous son turban et leva la main pour saluer son visiteur.
- La paix soit sur toi et les tiens jeune maître.
- La Force soit avec toi mon vieil ami.
Cela faisait bien longtemps que Nico n’avait pas Azeem. L’homme qui se tenait devant lui avait le visage un peu plus marqué par les signes de l’âge et contrairement à sa peau, sa pilosité avait blanchi, lui donnant un aspect d’autant plus vénérable.
- Je t’attendais avec impatience. Tes visites se sont espacées depuis que tu ne vis plus sous le même soleil que nous. Le temps nous rend plus sûrement vieux que sage et je suis plus proche de la fin du voyage que de son commencement Nico.
La vie n’était pas facile tous les jours pour les natifs de Socorro et Azeem avait vécu assez longtemps pour l’avoir expérimentée sous toutes ses facettes. Une part de lui était sans doute lasse de ses déplacements réguliers dans des conditions plutôt rudes et inconfortables. Les douleurs et l’usure d’un corps éprouvaient tout autant le mental. Néanmoins Nico ne l’avait jamais vu se plaindre ou montrer la moindre faiblesse qui aurait remis son jugement en cause. A l’aube de ses soixante-dix ans, le vieillard était toujours aussi affûté et coriace.
- Si je pouvais ne vivre que pour le plaisir, tu me verrais plus souvent. Je viens tout autant te saluer que te demander conseil comme toujours. Discutons de tout cela autour du thé de Sana si tu le veux bien.
Le socorrien eut un soulèvement amusé en constatant que le temps devait reprendre son cours.
- Ma fille est avec son époux pour le bien de nos deux clans mais Chemza sait encore tenir son foyer malgré notre âge avancé. Osman est un bon gendre qui sait s’occuper de sa femme. Je vois que la tienne est absente à la première occasion au contraire ! La liberté des femmes de la ville je suppose…
Nico prit conscience du temps écoulé mais il n’y avait pas de regrets, juste la satisfaction de voir que la vie continuait et prospérait toujours en ces lieux abandonnés de la Galaxie. Il suivit son vieil ami qui lui indiqua le chemin de sa tente et finit par s’installer sur un tas de coussins disposés sur un des tapis brodés main par les femmes du clan. Il était temps de rentrer dans le vif du sujet.
- Je tenais à te présenter mes salutations puisque je venais dans le coin pour affaires. On m’a conseillé de m’adresser à Thrugii pour faire des affaires minières alors je m’y intéresse. Et qui de mieux pour me renseigner que ma famille qui habite juste à côté ?
Le visage du vieil homme se renfrogna alors qu’on leur servait un thé noir dans de modestes coupelles en terre cuite.
- La Kanauer… Méfie-toi de ces hommes, rien de bon n’arrive par eux…
Devant la réticence d’Azeem, Nico ne put qu’insister pour qu’il dise tout son ressentiment. Même moins présent, Nico restait un chef respecté et un ami pour le clan Ibhaan’l alors il s’exécuta.
- Une entreprise du nom de Kanauer exploite le système Thrugii d’une main de fer en tenant presque en esclavage les mineurs qui y habitent. Nous avons essayé de leur rendre la vie un peu plus facile en leur apportant des biens de contrebande mais Paulsen est mort dans l’opération. Ces hommes sont mauvais, ils ne connaissent que la voie des armes et la force pour garder leur pouvoir. Mais nous ne sommes que des contrebandiers et les gens sur place sont démunis alors rien ne change. Tu comptes négocier avec eux ?
Les propos de l’homme à la peau tannée avaient échaudé le Luxien sur ses projets initiaux mais l’histoire remontait à quelques années déjà. La situation avait peut-être évolué en bien depuis, Iala aurait sans doute plus d’informations officielles à ce sujet. Il fallait avancer pas à pas sur ce dossier.
- Je me ferai mon idée le moment venu, la vengeance n’entrera pas en compte dans ma position. Paulsen connaissait les risques, nous les connaissons tous. Pour le reste, tu connais mes convictions et tes paroles ne se sont pas perdues dans les vents chauds de Socorro. Merci pour ces renseignements.
Thrugii était un voisin direct de Socorro, son champ d’astéroïde étant même partagé entre les deux systèmes solaires. Le soutien du Bha’lir Noir ne serait peut-être pas de trop pour cette fois si l’affaire venait à se corser. La Kanauer n’avait pas une bonne réputation ici, était-elle mieux ailleurs ?
Le Luxien ne chercha pas à s’attarder à Vakeyya et s’engagea vers l’Oasis de Gerha pour aller à la rencontre de la tribu des Ibhaan’l, nomades du désert qui occupait les trois-quarts de la planète. Nico opta pour un landspeeder robuste à défaut d’être classieux. L’intérêt était d’arriver vite plutôt que de chevaucher un des animaux de monte locaux. Le vent chaud et sec charriant les enfants de l’érosion soufflait caressait drument ses joues. Les riches habitants du Noyau dépensaient des fortunes en soins cosmétiques alors qu’il existait des exfoliants naturels certes un peu plus abrasifs que leurs produits pharmaceutiques. La vitesse bien que relative de son moyen de transport exaltait d’autant plus ce sentiment de liberté que lui procurait ces grands espaces de terre écorchée.
Et puis les premiers signes de vie apparaissaient les uns après les autres. D’abord les patrouilles qui guettaient les rôdeurs et les menaces naturelles pouvant s’en prendre aux caravanes ou aux nomades installés à proximité. Puis vint les bergers guidant leurs troupeaux entre les rares points d’eau du désert. Enfin la source de vie pointait à l’horizon dévoilant sa végétation luxuriante et ses arbres qui tranchaient avec la rugosité du paysage. Quelques bâtiments en dur avaient été construits ici pour abriter le plus important en cas de forte tempête mais le gros du village qui se dessinait n’était composé que d’habitations résistantes mais démontables afin de suivre les mouvements du clan.
Ils étaient une vingtaine de personnes à s’avancer au-devant du landspeeder, alertés par le vrombissement singulier de l’engin. Les nomades utilisaient peu de machines à cause des difficultés d’entretien liées aux conditions environnementales. Nico ralentit progressivement jusqu’à arriver auprès de la foule qui se formait. A la tête de la petite troupe, un homme d’un âge avancé souriait sous son turban et leva la main pour saluer son visiteur.
- La paix soit sur toi et les tiens jeune maître.
- La Force soit avec toi mon vieil ami.
Cela faisait bien longtemps que Nico n’avait pas Azeem. L’homme qui se tenait devant lui avait le visage un peu plus marqué par les signes de l’âge et contrairement à sa peau, sa pilosité avait blanchi, lui donnant un aspect d’autant plus vénérable.
- Je t’attendais avec impatience. Tes visites se sont espacées depuis que tu ne vis plus sous le même soleil que nous. Le temps nous rend plus sûrement vieux que sage et je suis plus proche de la fin du voyage que de son commencement Nico.
La vie n’était pas facile tous les jours pour les natifs de Socorro et Azeem avait vécu assez longtemps pour l’avoir expérimentée sous toutes ses facettes. Une part de lui était sans doute lasse de ses déplacements réguliers dans des conditions plutôt rudes et inconfortables. Les douleurs et l’usure d’un corps éprouvaient tout autant le mental. Néanmoins Nico ne l’avait jamais vu se plaindre ou montrer la moindre faiblesse qui aurait remis son jugement en cause. A l’aube de ses soixante-dix ans, le vieillard était toujours aussi affûté et coriace.
- Si je pouvais ne vivre que pour le plaisir, tu me verrais plus souvent. Je viens tout autant te saluer que te demander conseil comme toujours. Discutons de tout cela autour du thé de Sana si tu le veux bien.
Le socorrien eut un soulèvement amusé en constatant que le temps devait reprendre son cours.
- Ma fille est avec son époux pour le bien de nos deux clans mais Chemza sait encore tenir son foyer malgré notre âge avancé. Osman est un bon gendre qui sait s’occuper de sa femme. Je vois que la tienne est absente à la première occasion au contraire ! La liberté des femmes de la ville je suppose…
Nico prit conscience du temps écoulé mais il n’y avait pas de regrets, juste la satisfaction de voir que la vie continuait et prospérait toujours en ces lieux abandonnés de la Galaxie. Il suivit son vieil ami qui lui indiqua le chemin de sa tente et finit par s’installer sur un tas de coussins disposés sur un des tapis brodés main par les femmes du clan. Il était temps de rentrer dans le vif du sujet.
- Je tenais à te présenter mes salutations puisque je venais dans le coin pour affaires. On m’a conseillé de m’adresser à Thrugii pour faire des affaires minières alors je m’y intéresse. Et qui de mieux pour me renseigner que ma famille qui habite juste à côté ?
Le visage du vieil homme se renfrogna alors qu’on leur servait un thé noir dans de modestes coupelles en terre cuite.
- La Kanauer… Méfie-toi de ces hommes, rien de bon n’arrive par eux…
Devant la réticence d’Azeem, Nico ne put qu’insister pour qu’il dise tout son ressentiment. Même moins présent, Nico restait un chef respecté et un ami pour le clan Ibhaan’l alors il s’exécuta.
- Une entreprise du nom de Kanauer exploite le système Thrugii d’une main de fer en tenant presque en esclavage les mineurs qui y habitent. Nous avons essayé de leur rendre la vie un peu plus facile en leur apportant des biens de contrebande mais Paulsen est mort dans l’opération. Ces hommes sont mauvais, ils ne connaissent que la voie des armes et la force pour garder leur pouvoir. Mais nous ne sommes que des contrebandiers et les gens sur place sont démunis alors rien ne change. Tu comptes négocier avec eux ?
Les propos de l’homme à la peau tannée avaient échaudé le Luxien sur ses projets initiaux mais l’histoire remontait à quelques années déjà. La situation avait peut-être évolué en bien depuis, Iala aurait sans doute plus d’informations officielles à ce sujet. Il fallait avancer pas à pas sur ce dossier.
- Je me ferai mon idée le moment venu, la vengeance n’entrera pas en compte dans ma position. Paulsen connaissait les risques, nous les connaissons tous. Pour le reste, tu connais mes convictions et tes paroles ne se sont pas perdues dans les vents chauds de Socorro. Merci pour ces renseignements.
Thrugii était un voisin direct de Socorro, son champ d’astéroïde étant même partagé entre les deux systèmes solaires. Le soutien du Bha’lir Noir ne serait peut-être pas de trop pour cette fois si l’affaire venait à se corser. La Kanauer n’avait pas une bonne réputation ici, était-elle mieux ailleurs ?