- jeu. 31 janv. 2019 20:32
#34998
Lune de Hurd,
7h34
Il fallait admirer les paysages, parfois. A voyager d'un bout à l'autre de la galaxie, on se trouvait peu soucieux de ce qui s'étalait sous nos regards. On pouvait, d'une journée seulement, passer d'une verdure sans faille à une bulle de gaz qui mêlaient l'entièreté du spectre visible en tourbillons pincés, sur lesquels pointaient de doux éclats phosphorescents. Les villes artificielles qui flottaient au-dessus des nuages de gaz, et faisaient descendre des tuyaux longs de centaines de kilomètres pour aspirer l'atmosphère, signe de richesse en devenir une fois raffinées. La paire d'agent en avaient tellement vu qu'ils n'y voyaient plus goutte. « On est arrivé ? - Hm hm. On sera sur le sable dans.... pfffffff, une grosse demie-heure. - Putain, qu'est-ce que je donnerais pas pour une bière. » Les canettes énergisantes, les plats décongelés à la va-vite, les nutripâtes goût fruits rouges et les vapodouches finissaient par bien faire. « Et les autres ? » Geste vague de l'agent copilote. « Ils dorment. » A quatre, on se relayait souvent. Pilote, copilote, à tour de rôle. On avait assigné à la tâche quatre commandos démobilisés et réaffectés aux Renseignements. C'était une consigne : recycler plutôt que jeter. Les commandos qui, pour une raison X ou Y s'étaient trouvé à échouer, sans raison indépendante de leur volonté, étaient maintenant refourgués comme agents de terrain au rabais. Leurs connaissances théoriques servaient aux missions basiques : repérer, tuer, saboter, exfiltrer... Toutes les tactiques de la guerre urbaine restait bien vissée dans la caboche. Le matricule restait aussi, hors de question de leur rendre leur identité. Inutile aussi d'espérer ne pas être traité comme de la merde. Mais ça payait bien, et on voyageait sans casque. Mais exit l'idée de partir sans armure : elle était juste dissimulée sous ce qui était, au choix, des ponchos ou des trench-coat. L'équipe avait opté pour un savant mélange. Le sergent s'était paré d'un grand chapeau à larges bords, et le manteau long élimé assorti, les autres des ponchos avec ou sans manche. La liberté retrouvée de ces agents donnait de bons résultats. En opération, ils faisaient officie de troupes de renfort aptes au chaos et à la guerre. Des talents utiles. Le rattrapage avait ses résultats jusqu'ici.
Il fallait continuer sur cette lancée maintenant.
Lune de Hurd,
8h18
A dix minutes de l'arrivée, le copilote s'était décidé à réveiller les deux chacals dormeurs à l'arrière. « Bon, notre tour de dormir. Vous allez sur place, nous on reste là. On vous rejoindra dans six heures s'il le faut. - Gardez le vaisseau plutôt. On va s'occuper du reste. » Dix minutes après, le duo au sortir du sommeil prenaient leur vapodouche pour enlever l'odeur de sueur qui planait dans chaque coursive, enfilèrent une batterie de vêtements relativement propres, et commencèrent de débarquer leur matériel. « On prend un ou deux swoop ? » demanda l'agente numéro 4, en déployant la soute ventrale, « Deux. Je préfère conduire tout seul. » Hors de question d'assumer un passager qui lui tiendrait le dos. Les swoops étaient dangereux à deux. Filant sur les vagues de sable en tourbillons, à deux de front, lunettes fumées sur les yeux et foulard sur la bouche, les agents couvrirent la distance en une quart d'heure de temps. Garant leurs véhicules à l'entrée d'une toute petite ville - on devait compter une bonne centaine d'habitants tout au plus - l'agente 3 farfouilla dans ses sacoches, et sortit un ComSet, qu'elle brancha à son moteur de Swoop. Synchronisant son comlink au poignet, elle hocha la tête pour prévenir de la connexion entre eux et le vaisseau. « Rien à craindre normalement. » Puis, très vite, ils laissèrent tomber les lunettes, mais pas les foulards.
Une tête étrangère se remarquait vite dans un environnement aussi petit. Les pauvres hères qui traînaient ça et là levèrent des têtes ahuries, comme autant de bêtes curieuses dont elles partagaient traits et borborygmes. Twi'Lek, Rodiens, Ithoriens, Chevins et Eloms se bousculaient dans les rues, semblant d'un coup prit de panique en voyant arriver deux gens, grossis par les armures, avec des vêtements à bandelette flottant au vent, le visage à demi caché sous le même tissu beige qu'affectionnaient les Tuskens, une image qui affola un Jawa, qui eut comme réflexe de dégainer un fusil à boulons. « Te gunda ! Yapoopa Gemada, ekoh ! » L'injection d'un Skrilling mis fin à la panique, tandis qu'un Kubaz en capuche percutait l'agent numéro 4. Le duo entra vite dans une maison en torchis, de la taille d'un petit hangar de province, avec une pancarte rouillée, issue d'une tôle de titane extraite d'un cargo, sur laquelle on avait peint avec un peu d'attention le mot "Cantina" en Basic, en Haut Galactique, en Huttese et dans une autre langue qui n'évoquait rien aux deux agents. « Prend une visio... On fera analyser cette langue au retour. » L'agente s'exécuta sans broncher, captura l'image et ils purent rentrer. Quelques chaises très éclectiques servaient d'assises aux clients, rares, les tables étant de la tôle froissée, de vieux ensembles de vaisseau posés sur des trépieds de fortune, ou des enrouleurs de fils électriques industriels en bois bien coupés. Le patron, un homme d'un âge mûr, les cheveux gris, recevait quelques fûts à bière derrière le comptoir, servis depuis la porte arrière, grande ouverte sur un Besalisk fort charitable, qui en livrait une par chaque paire de bras. « BIENVENUE A LA CANTINA LOCALE. JE SUIS VOTRE SERVITEUR? EG-7-G7. VOULEZ-VOUS PRENDRE UN RAFRAICHISSEMENT ? » Les deux agents s'installèrent, puis se tournèrent vers un droïde de protocole, un modèle Arakyd peint en rouge carmin, avec un plateau greffé à la place de sa main gauche. « Je prendrais bien une pinte de votre bière la plus fraîche. - Deux. - JE VOUS LES APPORTE TOUT DE SUITE. » Le droïde partit à petits pas sous le bruit de ses servomoteurs derrière le comptoir, où le patron installait les fûts sous les tireuses. « Ne gâche pas tout l'argent en boissons cette fois. - Pourquoi pas ? C'est notre argent, on en fait ce qu'on en veut. - Non... » corrigea-t-elle, les dents serrées, « C'est l'argent de l'Empire. On nous l'accorde pour nos missions, pas pour nos frasques. » L'agent ricana et se détendit sur sa chaise, dure, sans coussin, et taillée pour les petits séjours. L'agente avait hérité d'un fauteuil d'un AA-9, au moelleux jauni mais encore intact. « C'est lui tu crois ? » Elle usa de sa technique de "voir sans être vue" en jetant un oeil dans un miroir de fortune, et acquiesça. « Tout juste. On a un bon informateur. » Informateur qui n'était bien sûr nul autre que le Kubaz croisé plus tôt.
C'est finalement le patron qui leur servit leurs bières. « La bière... pour monsieur... et la bière... pour madame... voilà ! Ca fera deux crédits s'il vous plaît. » L'agent s'en trouva étonné. « Deux crédits ? Vous gagnez votre vie avec ça ? - Pour être honnête, la majorité ne payent pas ici de toute façon. Nous n'avons pas besoin de ça. Tant que je couvre les frais pour en racheter, ça me convient. » L'agent versa la somme qui lui était donc du. Une poignée pleine de crédits. Vingt plaquettes de 5.000 crédits, brossées couleur aurodium. Crédits impériaux, frappés du palais de Yaga Minor. « Mais... c'est... » L'agente le retint par le bras. « Voyez, je pose vos deux crédits. Le reste n'est qu'un arriéré de salaire. » Le patron soupira quand l'éclat de compréhension pointa dans son regard. Il posa son plateau sur la table et les fixa, avec lassitude. « Je devais me douter que vous viendriez. » Il regarda la pile de crédits, la plaça sur son plateau, et remarqua que personne dans la cantina ne faisait attention à eux. C'en était étrangement louche. « Vous permettez que j'aille me chercher une pinte pour moi-même ? » On lui fit signe de faire. C'est en passant le comptoir que l'agent remarqua le soucis. « Il s'enfuit ! - La porte arrière ! »
7h34
Il fallait admirer les paysages, parfois. A voyager d'un bout à l'autre de la galaxie, on se trouvait peu soucieux de ce qui s'étalait sous nos regards. On pouvait, d'une journée seulement, passer d'une verdure sans faille à une bulle de gaz qui mêlaient l'entièreté du spectre visible en tourbillons pincés, sur lesquels pointaient de doux éclats phosphorescents. Les villes artificielles qui flottaient au-dessus des nuages de gaz, et faisaient descendre des tuyaux longs de centaines de kilomètres pour aspirer l'atmosphère, signe de richesse en devenir une fois raffinées. La paire d'agent en avaient tellement vu qu'ils n'y voyaient plus goutte. « On est arrivé ? - Hm hm. On sera sur le sable dans.... pfffffff, une grosse demie-heure. - Putain, qu'est-ce que je donnerais pas pour une bière. » Les canettes énergisantes, les plats décongelés à la va-vite, les nutripâtes goût fruits rouges et les vapodouches finissaient par bien faire. « Et les autres ? » Geste vague de l'agent copilote. « Ils dorment. » A quatre, on se relayait souvent. Pilote, copilote, à tour de rôle. On avait assigné à la tâche quatre commandos démobilisés et réaffectés aux Renseignements. C'était une consigne : recycler plutôt que jeter. Les commandos qui, pour une raison X ou Y s'étaient trouvé à échouer, sans raison indépendante de leur volonté, étaient maintenant refourgués comme agents de terrain au rabais. Leurs connaissances théoriques servaient aux missions basiques : repérer, tuer, saboter, exfiltrer... Toutes les tactiques de la guerre urbaine restait bien vissée dans la caboche. Le matricule restait aussi, hors de question de leur rendre leur identité. Inutile aussi d'espérer ne pas être traité comme de la merde. Mais ça payait bien, et on voyageait sans casque. Mais exit l'idée de partir sans armure : elle était juste dissimulée sous ce qui était, au choix, des ponchos ou des trench-coat. L'équipe avait opté pour un savant mélange. Le sergent s'était paré d'un grand chapeau à larges bords, et le manteau long élimé assorti, les autres des ponchos avec ou sans manche. La liberté retrouvée de ces agents donnait de bons résultats. En opération, ils faisaient officie de troupes de renfort aptes au chaos et à la guerre. Des talents utiles. Le rattrapage avait ses résultats jusqu'ici.
Il fallait continuer sur cette lancée maintenant.
8h18
A dix minutes de l'arrivée, le copilote s'était décidé à réveiller les deux chacals dormeurs à l'arrière. « Bon, notre tour de dormir. Vous allez sur place, nous on reste là. On vous rejoindra dans six heures s'il le faut. - Gardez le vaisseau plutôt. On va s'occuper du reste. » Dix minutes après, le duo au sortir du sommeil prenaient leur vapodouche pour enlever l'odeur de sueur qui planait dans chaque coursive, enfilèrent une batterie de vêtements relativement propres, et commencèrent de débarquer leur matériel. « On prend un ou deux swoop ? » demanda l'agente numéro 4, en déployant la soute ventrale, « Deux. Je préfère conduire tout seul. » Hors de question d'assumer un passager qui lui tiendrait le dos. Les swoops étaient dangereux à deux. Filant sur les vagues de sable en tourbillons, à deux de front, lunettes fumées sur les yeux et foulard sur la bouche, les agents couvrirent la distance en une quart d'heure de temps. Garant leurs véhicules à l'entrée d'une toute petite ville - on devait compter une bonne centaine d'habitants tout au plus - l'agente 3 farfouilla dans ses sacoches, et sortit un ComSet, qu'elle brancha à son moteur de Swoop. Synchronisant son comlink au poignet, elle hocha la tête pour prévenir de la connexion entre eux et le vaisseau. « Rien à craindre normalement. » Puis, très vite, ils laissèrent tomber les lunettes, mais pas les foulards.
Une tête étrangère se remarquait vite dans un environnement aussi petit. Les pauvres hères qui traînaient ça et là levèrent des têtes ahuries, comme autant de bêtes curieuses dont elles partagaient traits et borborygmes. Twi'Lek, Rodiens, Ithoriens, Chevins et Eloms se bousculaient dans les rues, semblant d'un coup prit de panique en voyant arriver deux gens, grossis par les armures, avec des vêtements à bandelette flottant au vent, le visage à demi caché sous le même tissu beige qu'affectionnaient les Tuskens, une image qui affola un Jawa, qui eut comme réflexe de dégainer un fusil à boulons. « Te gunda ! Yapoopa Gemada, ekoh ! » L'injection d'un Skrilling mis fin à la panique, tandis qu'un Kubaz en capuche percutait l'agent numéro 4. Le duo entra vite dans une maison en torchis, de la taille d'un petit hangar de province, avec une pancarte rouillée, issue d'une tôle de titane extraite d'un cargo, sur laquelle on avait peint avec un peu d'attention le mot "Cantina" en Basic, en Haut Galactique, en Huttese et dans une autre langue qui n'évoquait rien aux deux agents. « Prend une visio... On fera analyser cette langue au retour. » L'agente s'exécuta sans broncher, captura l'image et ils purent rentrer. Quelques chaises très éclectiques servaient d'assises aux clients, rares, les tables étant de la tôle froissée, de vieux ensembles de vaisseau posés sur des trépieds de fortune, ou des enrouleurs de fils électriques industriels en bois bien coupés. Le patron, un homme d'un âge mûr, les cheveux gris, recevait quelques fûts à bière derrière le comptoir, servis depuis la porte arrière, grande ouverte sur un Besalisk fort charitable, qui en livrait une par chaque paire de bras. « BIENVENUE A LA CANTINA LOCALE. JE SUIS VOTRE SERVITEUR? EG-7-G7. VOULEZ-VOUS PRENDRE UN RAFRAICHISSEMENT ? » Les deux agents s'installèrent, puis se tournèrent vers un droïde de protocole, un modèle Arakyd peint en rouge carmin, avec un plateau greffé à la place de sa main gauche. « Je prendrais bien une pinte de votre bière la plus fraîche. - Deux. - JE VOUS LES APPORTE TOUT DE SUITE. » Le droïde partit à petits pas sous le bruit de ses servomoteurs derrière le comptoir, où le patron installait les fûts sous les tireuses. « Ne gâche pas tout l'argent en boissons cette fois. - Pourquoi pas ? C'est notre argent, on en fait ce qu'on en veut. - Non... » corrigea-t-elle, les dents serrées, « C'est l'argent de l'Empire. On nous l'accorde pour nos missions, pas pour nos frasques. » L'agent ricana et se détendit sur sa chaise, dure, sans coussin, et taillée pour les petits séjours. L'agente avait hérité d'un fauteuil d'un AA-9, au moelleux jauni mais encore intact. « C'est lui tu crois ? » Elle usa de sa technique de "voir sans être vue" en jetant un oeil dans un miroir de fortune, et acquiesça. « Tout juste. On a un bon informateur. » Informateur qui n'était bien sûr nul autre que le Kubaz croisé plus tôt.
C'est finalement le patron qui leur servit leurs bières. « La bière... pour monsieur... et la bière... pour madame... voilà ! Ca fera deux crédits s'il vous plaît. » L'agent s'en trouva étonné. « Deux crédits ? Vous gagnez votre vie avec ça ? - Pour être honnête, la majorité ne payent pas ici de toute façon. Nous n'avons pas besoin de ça. Tant que je couvre les frais pour en racheter, ça me convient. » L'agent versa la somme qui lui était donc du. Une poignée pleine de crédits. Vingt plaquettes de 5.000 crédits, brossées couleur aurodium. Crédits impériaux, frappés du palais de Yaga Minor. « Mais... c'est... » L'agente le retint par le bras. « Voyez, je pose vos deux crédits. Le reste n'est qu'un arriéré de salaire. » Le patron soupira quand l'éclat de compréhension pointa dans son regard. Il posa son plateau sur la table et les fixa, avec lassitude. « Je devais me douter que vous viendriez. » Il regarda la pile de crédits, la plaça sur son plateau, et remarqua que personne dans la cantina ne faisait attention à eux. C'en était étrangement louche. « Vous permettez que j'aille me chercher une pinte pour moi-même ? » On lui fit signe de faire. C'est en passant le comptoir que l'agent remarqua le soucis. « Il s'enfuit ! - La porte arrière ! »