Au fil des réponses se dessinait un peu plus clairement la nature de cet oasis. Un monde sorti de l'idée de cette femme, et dont la réussite s'était faite sans conflit. Une évidence, une construction naturelle, un assemblage volontaire. Tout ce village était fondé sur la volonté commune, et sur cette envie de vivre ensemble. Un prodige, en quelque sorte, qu'elle avait permis de réaliser du bout de ses deux bras. Et c'est pour cela qu'elle n'était forcément une Reine, mais plutôt un guide, ou une conseillère de l'ensemble. Cela faisait sens, à vrai dire.
Par contre, à l'inverse, l'histoire des horax le questionna un peu plus. S'il avait remarqué les murailles, forcément, leur très importante défense lui avait échappée. Et au regard de ce qu'elle en disait, il y avait de quoi tenir un vrai siège terrestre. L'image des guerres de réunification, survenues sur Têta, lui vint un instant à l'esprit en imaginait ce qui se trouvait dans la muraille. Une ancienne méthode pour faire la guerre, loin des vaisseaux spatiaux et des coups précis. C'était là plutôt l'affaire des masses de guerriers et du massacre sanglant. Dégoutant. Heureusement, ici, le fléau n'était pas la guerre. Simplement un animal requérant un arsenal de guerre pour se défendre ... Inquiétant ? Très. Mais au fond de lui, un doute persistait. Etait-ce réel ? Si il y avait un tel danger, les gens ne s'installeraient pas à l'extérieur. Mais si ce n'était pas le cas, il n'y aurait pas de murailles. Et puis des "titans" cela n'existe pas. En tout cas, lui, n'a jamais vue d'animaux capables de briser une telle muraille, le reste paraît donc couler de sources. Peut-être que ça existe. Ou peut-être qu'elle s'amuse juste avec lui, même si elle a l'air sérieuse. Hm. Un mystère à éclaircir à l'avenir.
Comme tout le reste, de toute manière. Forcément il serait amener à découvrir les choses, seul ou avec elle ou d'autres Gris. De ce qu'elle disait, chacun était prêt à discuter avec lui, peut-être pourrait-il donc facilement s'intégrer. Mais la question de la chasse, quant à elle, était plus complexe. Presque même plus sensible, au regard de ce qu'il était. Un étranger sur ce monde, prêt à corrompre la Krinar et apporter de mauvaises valeurs. Bien sûr que c'était faux, mais cette situation le travaillait quand même, surtout pour savoir s'il allait pousser la situation jusqu'à espérer se présenter aux rites de la chasse. Les discussions avec Booros à bord du vaisseau lui avaient fait comprendre combien tout cela était assez symbolique. Et aujourd'hui il en comprenait le sens, placé au pied de cet ensemble de coutumes. Il en serait le spectateur mais aussi l'apprenti, discret et curieux, prêt à écouter tout ce qu'on lui dirait. Tout réapprendre, avait-elle dit, c'était certain. Même elle, ici, ne devait pas être la même. Cette Reine qui n'en est pas une recelait bien de mystères. Leur séjour commun lui avait ouvert la voie de l'intimité, du comportement communié aux siens, mais pas celui de la figure. La Maîtresse, et Krinar de tout un peuple. Une glorieuse femme, grande et puissante, qui piquait au vif la curiosité d'un Prince admiratif. Tout réapprendre, oui, mais avec quel maître ? Booros était donc très occupé, sur son monde. Il n'irait pas l'embêter, pas plus qu'un autre membre important. Non, il fallait trouver un moyen. Et cette manière de faire, d'échanger des histoires contre des choses le déroutait pas mal. Oh oui, cela avait l'air amusant, mais lui en train d'essayer de faire la causette à une Nelvaanienne pour espérer avoir trois fruits pour lui et Helera lui paraissait totalement improbable. Et quoi raconter ? Le plus riche, vraiment ? Elle rêvait, il n'était qu'une vague figure qui n'en connaissait pas plus sur la Galaxie que tout ce qu'avait pu leur apprendre les Gris. Et c'était tout. Alors négocier un fromage ou des informations sur son avenir sur la planète était assez difficilement envisageable pour l'instant. Mais cela méritait un essai, il en convenait. Toujours. Pas de fermeture d'esprit avec une nouvelle culture, il faut essayer pour comprendre. Surtout lorsqu'elle promeut de tels principes, si illusoires semblent-ils être dans une Galaxie comme la leur.
Et finalement, au fil des mots et des mètres, au fil des quelques baisers et autres piques lancées d'un côté comme de l'autre, la demeure Kor'rial était apparue. Si particulière, à sa manière, elle détonnait comme son habitante. Une folie offerte par un peuple qui voulait remercier un guide miséricordieux. Un pouvoir qui n'en est pas un, mais paré de ses mêmes insignes. Mais dans tout cela, dans cette manière d'être si particulière, ce qui l'étonna le plus fut peut-être d'apprendre qu'elle y vivait seule. Dans ce grand ensemble. Vraiment ? Il n'osa pas poser la question, malgré tout, mais tout de même, personne d'autre ? Comment était-ce possible ? C'était curieux. Seule et sans famille ... Il avait eut raison de raison, avant qu'elle ne craque pour un autre, alors. Enfin ... Son assurance et sa manière de lui présenter les choses cachaient une apaisante manière d'effacer ses doutes. Que ce soit face à l'évocation d'un ennemi bien plus puissant qu'eux, ou un simple aveu d'un amour sincère, sa voix enchanteresse le laissait pantois. Perdu au bord de ces lèvres si douces, devant celle qui n'était resté qu'une présence lointaine ces derniers mois, il ne pouvait rien craindre. Pas plus qu'elle ne soit allé voir ailleurs qu'elle ne le fera à l'avenir. Comme si ses sentiments à elle étaient bien réels et indiscutables. S'était-il refuser à croire de nouveau en des sentiments pour lui ? Peut-être. Avec cette ancienne trahison, cette honte encore perceptible au fond de lui, la crainte de voir Helera le manipuler ou simplement se détourner de lui le travaillait. Cela avait contribué à accélérer toujours plus ce retour, bien que celui-ci soit avant tout fait par manque plus qu'autre chose. Non, il réfléchissait trop. Elle avait raison, des "noeuds au cerveau" alors que ce sourire parlait pour elle, toujours ces lèvres qu'il ne put s'empêcher d'embrasser. Il ne la méritait pas, à se poser tant de questions. Mais parce qu'elle était bien au-dessus de lui il ferait des millions d'efforts pour elle, il la ferait accepter sur Têta. Réellement. Elle avait beau dire qu'elle trouverait une solution, cette fois c'est lui qui gèrerait ce soucis. Et si son père était menacé il n'en resterait pas mois qu'il accepterait sa future fille comme il se doit. Parce que c'est elle qu'Althar aime, et que c'est pour elle qu'il bravera l'interdit. Une fois de plus, ou une fois de moins, cette fois cette bataille était bel et bien personnelle. Plus qu'un rêve, elle était l'objet qu'il s'était donné pour les mois à venir. Faire de cette Reine une Princesse Têtanne. Sa Princesse Têtanne. Et qu'elle se qualifie si mal, malgré les protestations d'un Althar embêté de l'entendre se prétendre "criminelle" ne lui allait pas. Elle méritait mieux. Tellement mieux. Rhaa. Elle le rendait fou.
Mais assez de tout ça, assez de ces questions et déclamations folles. Il lui avait dit ce qu'il avait sur le coeur, à raison, et maintenant ils pouvaient enfin rentrer dans ce qui serait ... leur foyer.
____________________________A dire vrai, il ne s'était pas attendu à ce que ce soit comme ça. Du moins, il n'y avait réfléchi tel quel. Avant de venir, il avait espéré pouvoir vivre avec elle. Une simple chambre, ou un hotel, quelque chose de simple. Mais à vrai dire, les descriptions faites par Booros et Helera l'empêchaient d'imaginer la chose si simplement. Qu'est ce qui allait l'attendre ? Et puis ... leur premier lieu de vie commune officielle. C'était quelque chose, non ? Bien sûr le vaisseau avait été des instants partagés, mais ce n'était pas pareil, pas si public, pas si évident. Ils avaient du dormir ensemble parce qu'il n'y avait pas d'autre lit. C'est ce qu'il avait d'abord cru, en tout cas, ça ou le fait qu'ils avaient besoin d'une présence chacun de son côté. Mais bon, bref, là n'est pas le débat. Leur premier appartement, leur première maison ... Une petite villa, sur une colline, avec de grands jardins naturels, un ruisseau, et une certaine modernité très vivante. Oui, parfois, en regardant leurs photos, des pensées si simples le traversaient. Il ne faudrait pas grand chose pour être heureux, juste la présence de l'autre. Alors d'un moment à un autre, cette vision s'évanouissait pour une chambre toute simple, un lit, un monde pas forcément accueillant, et elle qui restait dans ses bras. Elle était le point central de tous ces songes, de toute façon. L'unique raison pour bâtir des murs autour de lui, et s'enfermer pour vivre avec quelqu'un. Helera.
Alors un château, déjà ... Il n'en dit rien, mais cela avait son charme. Ne restait qu'à voir ce que renfermaient ces imposants murs de pierre ... de la vie, à n'en pas douter. Un foisonnement de gens et de serviteurs et ... C'est en constatant la cuisine vide qu'il comprit que son référent n'était pas du tout le bon. Chez lui, dans le sublime Palais à la taille démesurée, chaque niveau était occupé par tant de gens qu'il ne pouvait prétendre à tous les connaître. Entre les ailes dédiées aux services, d'autres au gouvernement et enfin celles à la famille royale, c'était un lieu de vie des plus hyperactifs. Et c'est ce qu'il avait toujours cru voir dans un Palais, même sur Tapani où nombre de gens de maison s'activent souvent autour des convives et nobles propriétaires des lieux. Pourtant ici, rien. Pas âme qui vive dans ces grands couloirs, et ces pièces aux tailles démesurées. La notion même de Palais n'était pas adaptée à l'édifice offert à la Guide. Les salles d'accueil furent l'éclaircissement final dont il avait eut besoin. Un refuge, plus que tout, dont elle était la gardienne. Un lieu central où tous pourraient venir, et dont chaque point semblait être prêt à résister à un siège. Et plus cela allait, et plus cette impression de vide le frappa. C'était une atmosphère étrange que lui, seul, n'aurait certainement pas tellement apprécié. Comment pouvait-elle s'imposer de vivre ici sans compagnie ? Sa main serra la sienne avec un peu plus d'assurance, et plus de fermeté. Vivre seule ... Encore, non. C'était fini. Au détour d'un croisement il l'embrassa sur la joue, sans raison ni justification. Mais au fond de lui, il comprenait la nécessité de sa présence.
Ne plus la laisser seule. Ne manquait donc qu'à se faire violence, et apprendre à connaître ce lieu pour l'humaniser. Peut-être appréciait-elle d'y vivre, mais quand même ... Ces murs sans fin, ces salles vides, ces étages à parcourir ... Brrr, de la vie bon sang ! De la vie, un couple, des coeurs qui battent, des loisirs et plein de Nelvans. Avec religiosité et curiosité il écoutait ce qu'elle expliquait. Le rôle des pièces, puis des extérieurs et leur symbolique, qu'il espérait voir un jour, pour tout apprendre. Apprendre et dominer. Pour elle. Mais finalement, ils arrivèrent dans la pièce qui donnait toute l'importance à la femme qui marchait à ses côtés. La salle du trône, ou du conseil, ou autre chose. Hm. Un amphithéâtre, d'accord, ainsi qu'une assemblée. Pourtant, elle n'avait pas de pouvoir de décision. Que signifiait donc cette drôle d'organisation ? Boarf, il lui demanderait après. Non, d'abord c'est l'élément central qui l'intéressait, celui qui justifiait sa présence ici. Le trône. Il ignora les sons venant de l'extérieur et toute la curiosité qui ne demandait qu'à voir pour se tourner vers elle. Une demande, une évidence, la voir réellement telle qu'elle est. Une femme puissante, bien plus que lui, qu'un peuple entier acceptait comme Guide. Une femme qui tenait entre ses mains la confiance absolue de ceux qui ne la connaissaient pas. Grande, majestueuse, un objet d'admiration et de fantasme qu'aucun n'aurait pu qualifier à cet instant. Il voulait la voir sur ce siège, par conséquent, la voir en pleine action. Graver mentalement cette image de ce qu'elle est réellement s'il ne vient pas brouiller tout ça. Une trône, une Reine, et un sourire. Plus un manteau, visiblement, que fait-elle ? Elle partit alors même qu'Althar était totalement perdu.
« J'ai dit une bêtise ... ? »
Sa voix se perdit dans le vide de la pièce et n'eut pour seule réponse que le silence. Il renfila son manteau, supposant qu'elle n'allait pas tarder. Qu'est-ce qu'elle allait faire ? Les mains dans les poches il s'avança, portant son regard vers le haut des bancs pour se donner l'idée de ce que cela devait être plein. La pression, certainement, surtout si ce sont que des nelvans. Autant de regards et de dents acérées ... Brrr. C'est vrai qu'il fait pas chaud, en plus, avec ces fenêtres ouvertes. A moins que ce ne soit parce qu'elle n'est plus là pour lui tenir chaud. Hm. Si indispensable. Son dernier arrêt fut devant le trône, cependant, ne pouvant s'empêcher de s'en approcher quand même. De la pierre ? Mais ca doit être très ... un bruit. Une présence. Il se tourna juste à temps pour l'apercevoir arriver ...
Et quelle entrée. Parée de toute sa sacralité, couronnée et toute timide, Althar resta pantois face à la vision qui s'approcha. Les mots ne venaient pas maintenant que son imagination s'était matérialisée sous ses yeux. Loin de la guerrière qu'il avait l'habitude de voir et d'embrasser, elle dessinait-là l'image d'une Reine qu'on serait prêt à suivre jusqu'à la mort. Ce pourpre, qui plus est, semblait aller à la perfection avec ses cheveux. Et cette couronne, si subtilement élégante, magnifiait ce visage rougi de gêne. L'embrasser, là, maintenant ? Il n'osa pas, malgré qu'elle s'avance et aille jusqu'à le saluer, sous son regard ébahi. A son tour il lui rendit l'hommage du souverain, avec moins d'assurance, mais surtout n'arriva pas à décrocher son regard d'elle. C'est ainsi qu'immobile il avait fini par tourner sur lui-même, sans bouger, pour pouvoir la contempler. Elle incarnait à merveille la Royauté. Oh oui, sans l'entendre, ou sans même penser où il se trouvait, elle venait sans le savoir de passer une main au plus près de sa joue pour l'ensorceler.
« Tu es ... tu es ... tu es ... »
Il bafouilla, incapable de répondre. Impossible de trouver le mot. Splendide ? Magnifique ? Glorieusement impressionnante ? Furieusement désirable ? Tu es ma Reine éternelle ? Peut-être était-ce ce côté intouchable, ce côté résistant, telle celle qui l'ignora presque au point de passer à côté de lui tout juste en le saluant. Et lui, tout bêtement, l'admirait pour cela. Pour la simplicité si puissante qu'elle venait de lui faire vivre dans cet endroit insensé. Il la regarda s'asseoir, et entendit vaguement le craquement du datapad. Etait-ce l'habit qui venait de craquer ? Heureusement non, mais il était trop occupé à ne plus la quitter des yeux que cela lui parut lointain. C'est sa voix à elle qui le rappela à sa réalité concrète, et au fait qu'il était bien plus que son loyal sujet. Oh non, il était son amoureux fou qui l'admirait pour tout ce qu'elle était.
« Tu trôneras sur Têta oui .. Hm pardon ? Oui, bien mieux oui, tu es ... »
Lui semblait presque perdu, oui, surtout dans sa manière de répondre. Rêveur et si souriant, il ne put que s'avancer face à cet ordre qui l'amusait. Roi ? Lui ? Oh que non, mais cela peut lui permettre de l'embrasser, il est prêt à ce sacrifice. Joueuse, elle tend une main sur laquelle il veut poser ses lèvres, tendrement, avant de l'aider à se relever. Par contre, ce coup-là, il ne l'avait pas vu venir. Obligé, réellement ? Il n'est qu'un Prince, et simplement très curieux. Bon, bon, bon. Sous cet ordre qu'il ne pouvait refuser, il s'assit lentement sur l'objet aussi inconfortable qu'il semblait l'être. De la pierre, froide et sans confort. Un vrai trône, donc, un de ceux qui ne donnent pas envie. Les yeux plissés il lui jeta un regard mais sa réaction fut coupée court par celle qui s'installa, dans un éclat de rire.
« Je comprends mieux pourquoi il te faut un roi oui ... tu veux juste du rembourrage ... »
Amusé, il secoua la tête tout en la tirant un peu plus contre lui pour ne pas qu'elle tombe. Un bras passa dans son dos à elle pour lui permettre d'avoir une position à peu près confortable. Après tout, pourquoi pas, c'est pas mal avec un trophée comme ça dans les bras. A sa remarque, une nouvelle fois il éclata de rire, bien persuadé du comique de cette particularité qu'elle espérait mettre en place. Elle n'oserait jamais, et puis même, c'était un coup à avoir mal au cou cette histoire. Mais cela ne l'empêcha pas d'en rigoler de bon coeur avec elle.
« Ca par contre, grande Reine, on ne le trouve pas sur Têta ... Il n'y a qu'ici qu'on peut voir ça ! Mais c'est vrai que cette position est pas mal ... Regardes ... »
Et sa main posée jusque-là sur le genoux royal remonta tout doucement la cuisse qu'elle tenait telle un bonhomme marchant sur deux jambes, c'est-à-dire seuls deux doigts avançaient lentement. Et petit à petit il remonta le long de cette cuisse, comme si le creux de cet endroit finirait inéxorablement par les attirer, à moins qu'arrivés au niveau de cette taille ils finissent par s'aventurer avec furie sous ce manteau pour mieux en chatouiller une Reine prise au dépourvue. Dans un éclat de rire de plus il ne put s'empêcher de la torturer de ces 5 doigts. Ah oui, une si belle Reine qu'un rien arrivait à faire rigoler. Elle était loin la guerrière froide et distante ! Il s'arrêta cependant un peu vite pour la rattraper avant qu'elle ne finisse par tomber du trône pas du tout prévu pour ça à la base.
« Attention aux Rois joueurs ... Et aux trônes trop petits pour un si grand et si beau couple royal ... »
Il mourrait l'envie de l'embrasser, à vrai dire. Mais cette fois, il lui concéda cet ordre avec gourmandise, trouvant ces lèvres aussitôt ses mots furent-ils entendus. Un baiser passionné et surtout très bruyant, avec cette réverbération amenée à par la disposition de la pièce. Mais loin de le gêner, cela l'incita peut-être plus à l'embrasser que d'habitude. Ha ça oui, c'était bien la première fois qu'il le faisait avec une Reine, sur son trôle à elle, dans son Palais. Un vrai délice qui lui donnerait presque fierté, si il en avait conscience. Mais non, il était trop occupé à marquer cette pièce de ce premier baiser d'une longue lignée, comme une emprunte commune laissée dans chaque endroit qu'ils allaient occuper. Il n'était pas son Roi, et le serait sûrement jamais, mais cela ne l'empêchait pas de profiter de cet avantage-là, sûrement le plus fameux. Ha, que ce doit être simple d'être une Reine à qui tout le monde obéit de la sorte.
Mais la visite n'était pas encore tout à fait finie. Il attrapa sa main avec contentement, quitte à y glisser une nouvelle fois un baiser dessus avant de reprendre leur ascension vers ce qui semblait être le dernier niveau.
« Il faudra que tu penses à m'expliquer pourquoi il y a tout ça si tu n'es pas Reine par contre ... mais sinon ... je crois que je viens de comprendre le rôle du Roi ... Soit de servir de coussin, soit de te masser les fesses c'est ça ? Dans les deux cas ça me convient mais ... hmmm ... »
Le Prince se rapprocha près d'elle, quitte à ralentir le rythme, pour venir au plus près de son oreille. Sa main ne quitta pas la sienne mais la seconde vint se porter sur sa hanche, d'une manière ou d'une autre. Un murmure.
« Est-ce que Votre Majestée a le droit de porter cette tenue dans son autre Royaume ? Je connais un Prince qui n'aime pas qu'on lui donne des ordres ... et qui veut renverser votre trône ... Il va falloir ... agir ... »
L'air malicieux, c'est d'un baiser volé sur sa joue qu'il reprit son allure normale comme si de rien n'était. La tentation avait été formulée, et surtout l'espoir inavoué de la voir ainsi habillée tout en étant ... déshabillée. Hm. Un fantasme. Sans se départir de son sourire, il n'en restait pas moins concentré sur les lieux qui se dévoilaient face à eux.
« Chaleureuses ces torches ... Ca doit être compliqué à entretenir ... »
Une manière comme une autre de changer de sujet. Et de lui sourire, parce qu'il trouvait vraiment ça chaleureux. Un petit côté très vieille époque, mais pourquoi pas. Ne restait qu'à espérer que la chambre soit un peu mieux que ça. Ok il était prêt à sacrifier de son luxe, mais un carré de pierre tout poussiéreux et chauffé par trois torches ce serait difficile. Très difficile. Quitte à devoir tout réaménager lui-même. Mentalement il espérait donc que cela serait mieux que le reste, égoïstement. Elle n'était pas du genre à se laisser vivre, si ? La porte était devant eux. Grande et en bois. L'appréhension. Leur chez eux. Ils y étaient. Elle ouvrit la porte et ...
Le choc. Ou en tout cas, la surprise. L'électricité, d'une part, et puis ... la modernité. Il essaya de ne pas montrer qu'il était soudainement content de voir ça, mais quand même, une cuisine équipée, une vraie salle à manger, c'était presque mieux que son appartement coruscanti. Et cette salle de bain ... Ils seraient obligés de se laver en même temps pour pas s'y sentir seuls, clairement. Bien équipée, et d'un charme très poétique, il arrivait presque à se projeter dans cet étage qui leur était réservé. En omettant tout le reste du chateau, ce loft était un lieu des plus agréables à vivre. Vraiment. Et maintenant, le dernier coin, celui où les heures qui arrivent ils finiraient par y passer beaucoup de temps : la chambre.
Sans vraiment oser quoi que ce soit, il lui adressa un sourire, mélange de fierté et de gratitude, avant de s'avancer lentement au milieu de tout cela. Elle était équipée comme ailleurs dans la Galaxie, le tout dans une ambiance propre à la planète. Cela sonnait le bon vivre, presque en décalage avec ce qu'il avait vu à l'extérieur. Pourtant, ce n'était pas choquant. Pas plus que ces grands meubles, cette cheminée ou tout ce qui complétait un vrai lieu de vie. Cette fois, il était bien chez elle. Ses yeux passèrent en revue tout ce qu'ils voyaient, du bureau aux rangements, sans jamais oser tendre une main. Il la laissa s'installer, après tout, elle faisait comme si elle était dans sa propre maison. Bien rangée, pas trop chargée, et même un grand lit. C'était un petit paradis, non ? Il n'osa pas vraiment regarder lorsqu'elle partit jusqu'à la penderie, comme si la timidité avait repris le dessus sur leurs habitudes. C'était déjà beaucoup qu'elle accepte de vivre avec lui, ou du moins, qu'il vive avec elle, alors reprendre les mauvaises habitudes pouvait attendre. Non, plutôt que de fouiller et observer de long en large ce lieu qui serait son nouveau foyer, il se rapprocha du lit, pour finalement regarder ce qu'elle faisait. Qu'est ce que c'est que ça ? Un animal mort dans sa penderie ? Il ne dit rien en la voyant venir vers lui, et la laissa même poser l'objet sur ses épaules. Qu'est-ce que ? Machinalement il renifla la chose comme s'il craignait ce qu'elle pouvait être, avant de se retrouver soudainement apaisé par cette odeur qu'il reconnaissait du premier coup.
« Ca a l'air .. confortable ... Et tu as une bonne odeur de bantha, en plus, mon amour ... Je plaisante, merci, ce sera pour nos soirées nues au coin du feu n'est-ce pas ? »
Il n'était pas certain de ce qu'il devait en faire. Presque gêné, espérant ne pas dire une bêtise, il la garde tout de même sur ses épaules. C'est ce qu'il sentait un regain de chaleur, à moins que ce soit le loft en général, où la température était nettement plus agréable qu'ailleurs. Affublé comme un trappeur, il pouvait lui faire face désormais. Quelle allure il devait avoir. Il la réajusta sur ses épaules et pris ses mains dans les siennes, ne pouvant s'empêcher de les embrasser une nouvelle fois. C'était une vraie manie chez lui, mais c'était une nécessité, pour lui prouver qu'il était bien avec elle. Un peu de gratitude ne fait jamais de mal. Il était temps de l'officialisation, maintenant. A ses mots, devant un Althar regagnant son rouge aux joues et un regard plus fuyant porté sur des mains qui lui tiraient un sourire sincère jusqu'aux oreilles. Il était finalement heureux. L'avoir retrouvé avait été son meilleur choix de ces dernières semaines. Tout son corps, sans qu'il ne le commande, réagissait à cette annonce comme un éclat de joie intense. Leur chez eux ? Il ne le réalisait. Un lieu rien que pour eux, pour s'épanouir, pour bâtir l'avenir, pour être heureux ! C'est de la folie, quand on y pense. Un chez eux alors même qu'il y a quelques mois ils étaient à l'opposé dans la Galaxie et dans leurs esprits ! Une folie permise par celle qu'il lui faisait face.
« C'est notre maison alors ? Notre foyer, notre refuge à nous, notre ... »
Un droit de passage ? Le Prince releva la tête vivement, encore marqué par les rougeurs d'un bonheur réprimé par une forme de timidité. Et là, elle lui tend un rêve qu'il devrait payer ? Que veut-elle ? Son Royaume ? Son Empereur ? Sa dignité ? Tout ! Elle aura tout et bien plus encore ! Ha, non, non, c'est autre chose. Ouf. Il plissa les yeux, la voyant manigancer petit à petit ce qu'elle essayait de négocier. A son tour ses mains se joignirent dans son dos, comme s'il réfléchissait d'un air faussement sérieux, les yeux toujours plissés. Lentement il traversa le pas qui les séparait pour approcher son visage de celui de la Grise, prêt à se reculer si elle venait à craquer, pour jouer un peu avec elle.
« Les loyers sont chers ici, je pensais que la Royauté m'hébergerait gracieusement ... mais je me suis trompé. Et ce sera quoi la prochaine fois ? Une nuit d'amour à chaque fois ? En plus je suppose que je suis endetté, n'est-ce pas ? L'astroport, la visite guidée, et l'état des lieux ... Hmmm ... »
Et dans un geste millimétré et assuré, ses mains se posèrent comme deux étaux sur ses hanches.
« Soit, Helera. Je t'achète ce Palais ! »
Et sans attendre, sans coup férir, un roulement d'épaule eut raison de la peau de bantha qui retomba vers le lit placé derrière lui. Presque aussitôt il colla son corps à elle, bassin contre bassin, et l'embrassa avec une fougue trop longtemps réprimée. Plus qu'un baiser d'achat, c'était un baiser d'amour aussi puissant que bestial, aidé de l'ambiance si particulière de leur nouvelle maison. Cette fois, il escomptait bien gagner pour la pousser à voler l'air princier pour réussir à respirer. La folie s'était emparé de lui, remontant une main pour soutenir ce dos qui était en passe de lacher l'affaire. Telle une pin-up qui se retrouve à l'horizontale sous l'effet d'un baiser passionné, Althar menait cette danse avec toute la maîtrise princière qui était sienne. Et comble de romantisme, il pivota de sorte à venir la déposer sur ce lit sans jamais stopper sa folle embrassade. Et mieux encore, il n'hésite pas à prendre sa place sur ce corps frêle qu'il prend plaisir à dominer par sa présence. Une main glisse pour attraper une cuisse grise, tandis que l'autre main essaie de défaire les cheveux de la Grise. Il ne veut plus s'arrêter, il ne veut plus se stopper dans ce désir trop longtemps réfréné. Serait-ce trop simple ? Trop gourmand ? Trop déraisonnable ? Lui arracher ses vêtements, la déshabiller sans respect aucun et l'honorer avec une intensité qu'elle n'avait pas connue jusque-là ?
Dans un élan pour chercher de l'air il s'arrêta, en la surplombant, à bout de souffle. Qu'est ce qu'il était en train de faire ? Ce ne devait pas finir comme ça si vite, pas à peine retrouvés. Un peu de civilité, et surtout, une dernière chose à faire avant ... Continuant de reprendre son souffle, sa main vint caresser doucement sa joue.
« Excuses moi pour .. cet instant. Tu n'imagines pas combien je suis heureux de vivre avec toi, mon amour. »
Après tout, il ne s'était pas départi de son sourire malgré sa culpabilité. Non, l'excuse valait pour les méthodes employés, pas pour l'acte en lui-même que tous les deux désiraient intensément. Ses yeux vagabondaient sur ce visage et cette couronne, pour finalement échouer plus bas, sur la lune qui retenait la cape pourpre. Cette fois c'est son autre main qui vint prendre doucement l'élément pour en sentir l'aspérité sous le pouce.
« Que représente cela ? »
Une question simple, droit au but. Et voilà, il était redevenu le Prince calme et apaisé des temps normaux. Un sourire des plus sereins, et surtout des plus sincères. De ceux qu'elle seule avait la chance de voir. Et cette curiosité, elle aussi, était réelle. Il ne quitta pas des yeux le petit objet, même une fois la réponse reçue.
« Alors tu as vécu seule ici ? Il n'y a personne qui travaille à l'intérieur, en réalité ? Et surtout, il n'y a pas ... ta famille ? Ton frère ne vit pas dans le Palais .. enfin, le .. la ... la forteresse ? Et .. Hmmm ... ton père ? »
A ces mots, il remonta les yeux vers elle. C'était peut-être aussi pour ça qu'il était aussi calme. Sans brusquerie ni sans s'appuyer sur elle il se redressa sur ses deux jambes pour finir debout, avant de se rasseoir sur le lit à côté d'elle. Plus sérieux qu'à l'accoutumée, elle pouvait voir que le sujet était redevenu bien loin de leurs embrassades l'instant d'avant. Il ramassa cependant la peau de bantha pour la caler sur ses genoux, voire même la partagée avec la Grise si elle s'installait tout près. Mais il n'osait pas vraiment la regarder, à cet instant.
« Tu ne m'avais pas dit que tu étais seule ... Mais cela va changer maintenant, parce que ce sera notre "chez nous" ma Lera. » Un sourire en sa direction. « Mais après que j'ai fait une dernière chose. »
C'était cette chose là qui paraissait soudainement si grave. Un adieu ? Un message à une amante eplorrée quelque part dans la Galaxie ? Un aveu à Helera ? Un rituel de passage ? Non.
« Ma .. hmmm .. Nos .. hmmm ... Tu as compris que j'avais des coutumes étranges, et compliquées, en terme de famille, Helera. Je ne peux pas aller contre ça, je ne peux pas lutter contre ce respect que j'ai pour cet élément de nos vies. Et c'est pour ça que ... que je dois parler à ton père, Helera. Je ne sais pas si tu seras d'accord, et à vrai dire, ce sera l'unique fois, ou presque, de notre vie commune où j'irais au contraire de ton opposition. »
Si cette dernière était proche de lui, sûrement aurait-il pris sa main à cet instant, pour la rapprocher de son propre coeur.
« Tu es sa fille, son unique fille, sa fleur ... Il faut qu'il soit mis au courant le premier de ma présence. Et du fait que ... nous allons vivre ensemble. S'il venait à découvrir qu'un Prince impérial lointain est en train de faire des choses inavouables avec sa fille ... Je dois me présenter, lui dire, et avoir si possible son avis favorable ... Même s'il ne m'empêchera pas de t'aimer quoi qu'il advienne. Est-ce que tu comprends, mon amour ? Je dois aller le voir. Maintenant. »
Tant qu'il en avait encore la volonté, il fallait qu'il le fasse. Il se releva, malgré toute l'incertitude qui planait sur lui, et jeta un regard à sa main qui trembla très légèrement. Le sujet, et l'inquiétude, étaient très très réels. Même si elle pouvait largement se moquer, lui c'était en réalité mis en tête la chose les semaines passées. Le déroulement de tout ça, quelles étapes, à qui parler, et enfin s'installer réellement. Son père était l'ultime barrière qu'il devait passer, et valider, pour espérer emménager sereinement avec Helera. C'était un grand pas, très grand, mais il n'avait pas le choix. L'honneur d'Helera en dépendait, tout comme le sien. Debout, il inspira très fort et jeta un regard tout autour de lui avant de prendre en main la peau de bantha.
« Tu crois qu'il faut que je me change ? J'ai ce qu'il faut dans le vaisseau, peut-être un truc plus princier, ou moins justement, plus kuati ? Plus comme toi ? Est-ce que je suis présentable ? Tu penses que je suis assez bien pour lui ? Tu penses qu'il va m'en vouloir pour ma relation avec toi ? Et si ça se passe mal ? Et si il me refuse mon amour pour toi ? »
Cette fois, c'était la panique. La vraie. Il regarda Helera, puis son datapad, puis l'heure, puis la porte. Pas le choix, s'il veut profiter de la journée, il faut y aller. Et c'est sans sérénité aucune qu'il était prêt à le faire, prêt à s'armer d'une peau de bantha et potentiellement d'une Helera pour aller affronter la figure paternelle des Kor'rial.