L'Astre Tyran

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#13306


Fiche Force : Aldan Mabral


Grade Hrp: Arcaniste.
Grade Inrp : Mystique Sith, Passeur de l'Oeil et acolyte de Darth Odion.
6 pouvoirs, 2 formes de combat.

Pouvoirs d'arcaniste :
Magie Sith : Maîtrisé
Etreinte : Maîtrisé
Esprit Obscur : Connu
Rage Obscure : Connu
Altération Mémorielle : Connu
Vague de Force : Connu

Pouvoirs de base:
Bouclier : Connu
Dissimulation : Pratiqué
Divination : Connu
Empathie : Pratiqué
Lévitation : Connu
Mémoire : Connu
Persuasion : Pratiqué
Poussée : Pratiqué
Saut : Pratiqué
Sensibilité : Connu
Tapas : Connu
Télékinésie : Pratiqué
Télépathie : Pratiqué
Traction : Connu
Vision : Connu
Vitesse : Pratiqué
Voile : Pratiqué

Formes:
Makashi ( II ) : Pratiqué
Djem So ( V ) : Pratiqué

Suivi des RPs :

Pélerinage : Terminé.
Une visite impromptue [ Gwindor ] : Terminé.
[ Entraînement ] Les voies de la Force : En cours.
[ Solo ] Damoiselle en détresse : Terminé.
[ Entraînement ] L'art du duel : En cours.
La piste noire [ Ouvert ] : Terminé.
[ Quête ] Meurtre en entreprise : Terminé.
[ Quête ] Arnaque écologique : Terminé.
[ Quête ] Sordide concurrence : En cours.
[ Kamino ] L'argent et le pouvoir : Gelé.
Nu buti tave tihtoha iv tave jena'tes [Aldran] : En cours.
Retour aux sources [ Alemidna Zannar ] : Gelé.
[ Quête ] Echange de bons procédés : Terminé.
Sur les traces des Anciens : Gelé.
[ Umbaran ] Murmures en coulisse : Gelé.
[Dathomir] J'irais cracher sur vos tombes : Terminé.
Un passif un peu lourd [ Thoryn ] : En cours.
Soyons unis. [Aldan/Cyniosis] : En cours.
[ Quête ] L'appel de la terre : En cours.
[ Quête ] La loi du silence : En cours.
Modifié en dernier par Aldan Mabral le ven. 3 juil. 2015 09:23, modifié 36 fois.
#13398
Ouverture du datapad.
Initialisation des données.
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Ecrits du Seigneur Avidius, Sorcier de l'Ordre Sith, Historien et Archiviste
Dédiés à la postérité de la confrérie et à son apprenti


Ces quelques écrits ont été rédigés entre la fin de l'an 7 après la Défaite de Yavin, et le début de l'an 8. Il m'a fallu quelques mois pour récupérer les informations qui font le sujet de ce texte. Après l'humiliation qu'a connu l'Empire, et sa rupture avec notre ordre millénaire, il m'a semblé, en tant que Seigneur Sith, qu'il était de mon devoir, en vue de la survie et de la pérennité de l'Ordre, de coucher par écrit mon savoir concernant les arts de la Force, et particulièrement les arts obscurs. Il s'agira ici autant de mystique que de philosophie.

A 80 ans passés, je sens ma mort arriver, pour des raisons que je n'étalerai pas ici et qui ne sont pas liées à mon âge. Aussi, je souhaite que le plus possible de mes connaissances me survivent. Elles devront servir à une rénovation de la Sith, et en premier lieu, à l'édification de mon apprenti. C'est toi, en effet, qui sera désormais le dépositaire de mes acquis. J'ai vécu la Guerre des Clones, puis ce que d'aucuns appellent la Guerre Civile Galactique. J'ai erré, solitaire, à travers des mondes morts, fouillé des temples, des tombeaux, j'ai médité des décennies durant sur la Force, à l'écart des remous de l'Univers. Certes, j'ai servi l'Empire, mais parce que je n'avais pas le choix. C'était cette option, ou mourir, ou encore être condamné à un exil perpétuel et lourd de menaces.

Mon apprenti, je te révèle post-mortem que je fus un Jedi, avant d'être ce que je suis maintenant. Formé au Temple de Coruscant, je ne compte pas ici faire ma biographie ; je ne veux, ici qu'être utile, et non pas m'épancher. Je vais donc t'apprendre quelque chose sur la Force, via l'énoncé de mon parcours. Il y avait à l'époque, j'étais alors chevalier Jedi, une grave dissension parmi l'Ordre concernant la nature de la Force. Je t'ai déjà parlé brièvement de la différence entre la théorie de la Force Unifiée, majoritaire, et celle de la Force Vivante, que défendait alors le futur Darth Tyrannus, alors Comte Dooku. Ce débat, qui fut alors d'une extrême violence, va te renseigner sur mon évolution, et par là-même, je l'espère, te permettra d'acquérir une perception plus acérée de la Force.

Depuis des millénaires, tous les praticiens se sont battus pour défendre leur définition de ce fluide qui constitue le coeur même du vivant. Je t'ai appris que la Force est plus importante encore pour la Vie que l'eau, le sang, les différentes protéines, et autres éléments. Elle est, en effet, ce qui donne cohésion à ces derniers, leur permet de posséder une cohérence, de vivre en harmonie, d'agir de concert pour créer la Vie. La Force correspond à ce que certaines religions nomment "Esprit", "Courant", etc...mais elle est toujours plus que cela. Même la description que je viens d'en faire m'apparaît ridiculement bancale et maladroite. Ratiocinations et puérils babillages, voilà ce que sont, depuis des dizaines de millénaires, toutes nos disputes concernant la nature de la Force, de chose et de ce qu'elle nous fait vivre au quotidien, ainsi que ce dont elle nous rend capables.

Mais j'en reviens au débat d'alors, et qui dura plus d'une décennie ( Chevalier accompli, j'entrais alors dans ma quarantaine ). Il opposait donc la conception selon laquelle la Force est un Tout, une énergie omniprésente, qui dépasse les dimensions que définit la physique actuelle, puisque nous pouvons nous en servir, ou la "suivre", pour plonger dans le passé ou dans l'avenir, avec toutes les réserves nécessaires pour appréhender le dernier point. La théorie de la Force Unifiée est très ancienne, et est à l'origine de l'usuelle dichotomie établie entre les Côtés Clairs et Obscurs, lesquels sont censés être en harmonie, et voir leur puissance basculer, en bien ou en mal, selon les époques et la puissance des praticiens de l'un ou de l'autre. Cette lutte incessante aboutit à l'équilibre qui caractérise notre Galaxie. Une autre caractéristique de cette théorie est qu'elle défend la présence de la Force dans le temps et dans l'espace, et que c'est elle qui lie l'un et l'autre. Ce qui explique la tendance des Jedi, et je l'ai vu, à privilégier la contemplation et la méditation en vue de pénétrer les voiles qui entourent l'avenir. Bref, un des objectifs principaux de l'Ordre relevait de la prophétie.

En face, se trouvaient les défenseurs de la Force Vivante. Elle constituait, d'une certaine manière, un progrès à mes yeux, quoique je me tins à l'époque relativement à l'écart des disputes philosophiques qui troublaient alors l'Ordre. En effet, cette théorie réfutait alors l'existence pure et dure d'un aspect lumineux et d'un autre obscur de la Force : voyant eux aussi la Force comme un tout, ils y distinguaient, et le Comte Dooku en particulier, une énergie complexe et subtile qui pénétrait, donc, comme je l'ai déjà dit, tous les êtres vivants, mais qui demeurait, en elle-même, fondamentalement neutre. Dès lors, le Mal, ou le Bien, n'existaient pas en tant que tels, comme entités, mais dans le coeur et l'esprit des créatures intelligentes. On en venait donc à une importante notion de responsabilité profonde de la part de ces dernières. Tout était question de choix. L'influence, le magnétisme sombre auquel, selon les Jedi, succombaient les sectateurs du Côté Obscur, ne venait pas de ce dernier, mais d'eux-mêmes, d'une auto-illusion, d'une faiblesse, envers les passions troubles qui résidaient dans les profondeurs de la conscience. On éliminait donc une certaine passivité à l'égard de la Force. Il n'y avait plus de dimension toute-puissante qui poussait les individus au Mal, mais simplement le laisser-aller, l'auto-satisfaction, le goût de la facilité des uns et des autres.

Ces deux concepts dominants sont plus complexes qu'il n'y paraît, et je suis loin d'avoir tout dit à leur sujet, mais tu sais déjà le reste, ou tu pourras le trouver sans problèmes. Les réponses à tes éventuelles questions sont aisément accessibles, et mon propos est tout autre.

Tout cela me dégoûtait. Chez de plus en plus de mes confrères, le long du développement de ce débat, je les voyais se montrer tels qu'ils étaient vraiment : des êtres sectaires, dogmatiques, étriqués, qui cherchaient à tout prix, et souvent de façon malhonnête et déloyale, à faire triompher leurs arguments. Ces gens, censés être l'exemple même de la sagesse, de l'intelligence, à la pointe de la science, de la philosophie, et les créatures les plus équilibrées, les plus harmonieuses de la Galaxie, se battaient comme des chiffonniers, ne tolérant pas d'avis extérieurs aux leurs, et cherchant à faire taire l'autre à tout prix. Le Conseil Jedi d'alors était majoritairement favorable à la première théorie, et jugeait arbitrairement les débats en sa faveur. Dégoûté, fatigué, je quittais, il y a 43 ans, l'Ordre Jedi.

Il y a plus de raisons à ma césure définitive avec l'Ordre, que ces simples discussions, qui ne furent jamais que la goutte d'eau qui fit déborder le vase. En effet, j'avais pu constater à plusieurs reprises une certaine passivité de l'Ordre, une tendance à s'endormir sur ses lauriers. Au départ, confrérie honorable et puissante, pleine de curiosité et de vitalité, il était devenu une créature bouffie soutenant sans réserves une République corrompue que je haïssais. Servir l'un, c'était servir l'autre, et je m'y refusais. Je précédais ainsi un mouvement parmi les Jedi qui eut lieu trois ans plus tard, et qu'on appela les Egarés : une vingtaine de Jedi, dont le fameux Comte Dooku, quittant l'Ordre pour des raisons similaires aux miennes.

J'entamais alors une longue période d'errance parmi la Galaxie. Aucune de ces deux théories ne me satisfaisait pleinement. J'étais résolu à faire la part des choses, et à pénétrer, grâce à la masse de documents que j'avais emporté avec moi, et à mes voyages, les mystères de la Force d'une façon plus profonde et plus fine que Jedi et Sith ne l'avaient fait par le passé.


Fin du premier fichier.



Modifié en dernier par Aldan Mabral le sam. 7 mars 2015 07:24, modifié 3 fois.
#13422
Deuxième fichier.


J'entamais donc une existence d'anachorète. Au départ, j'orientais mes voyages et mes recherches vers les lieux sacrés de l'Ordre Jedi, et les mondes traditionnels où la Force, sous ce que je jugeais alors, naïvement, son meilleur aspect, était particulièrement puissante. Je me rendais sur Tython, où je restais deux ans, sur Illum, sur Dantooine, où je me recueillis quelques semaines parmi les ruines de l'ancienne enclave Jedi. J'allais également sur Ossus, dont j'avais pu récupérer les données de navigations en piratant les données du Temple de Coruscant. C'est là que je passais mon plus long séjour, vivant en ermite, durant près de huit années. Fouillant les lieux sacrés de l'Ordre à la recherche d'holocrons, j'étais cependant confronté à un problème majeur. Mes méditations, les visions qui me venaient en rêve, m'évoquaient un aspect de la Force auquel je n'avais jamais pensé. Malgré mon expérience, et tous les documents que j'avais pu étudier, je réalisais que je flirtais avec une dimension de cette énergie absolument inédite.

Alors que la rumeur de la guerre grondait, et que la situation politique dans toute la Galaxie se tendait pour aboutir à la Guerre des Clones, qui devait débuter dans trois ans, je ressentais comme un trouble dans la Force. Ce n'était pas exactement ce que l'on m'avait habitué à nommer le Côté Obscur, mais quelque chose de nouveau. Comme si Elle avait alors revêtu un nouveau visage, et préfigurait une nouvelle ère, et offrait de nouveaux champs d'exploration pour l'esprit. Je vivais alors une période difficile, dormais peu, agité que j'étais, de veille comme pendant mon sommeil, par des murmures, visions, cauchemars, traversés de numéros. Le nombre 45 me revenait perpétuellement à l'esprit. Dans d'anciennes religions et systèmes ésotériques, l'addition de ces deux chiffres, le 9, donc, est particulièrement important, et censé être puissant, puisqu'il est associé à la sagesse, mais aussi à la découverte, à l'inconnu. Il a aussi une valeur symbolique de réalisation et d'oubli de soi. De plus, plusieurs d'entre eux utilisent un alphabet dont les lettres ont une valeur numérique, et, chose surprenante, s'entendent pour accorder au nombre 45 une valeur très importante, puisqu'il est associé au mot "homme" chez certains groupes humains, et à la plénitude dans le système de certaines populations de Shili, la planète-mère des Togruta. Et cela se retrouve à plusieurs endroits de la Galaxie. Certains des premiers Jedi eux-mêmes, dans les siècles qui suivirent la découverte de la Force, utilisaient, pour pénétrer ce mystère, un système de guématrie, c'est-à-dire de mise en rapport des mots et des phrases selon une valeur numérique attribuée : leurs premières méthodes pour invoquer ce fluide, le comprendre et l'utiliser en étaient imprégnées. Y voyant vite un signe que m'envoyait la Force, comme un message codé, je comprenais que j'avais fais une erreur jusqu'à présent.

J'avais en effet privilégié des lieux de retraites trop connus, trop classiques, pour la tâche que je m'étais fixée : tout en voyant dans ce nombre consacré le signe que j'avais entrepris la bonne démarche, sa répétition m'indiquait également que je devais changer quelque chose dans mon mode opératoire. Il me faudrait me risquer sur des chemins de traverse, me rendre sur des lieux plus marginaux, moins connus, plus dangereux aussi. Je me rendis donc sur Yavin IV, ancien fief d'Exar Kun, le Jedi déchu dont je t'ai déjà parlé. Là, j'y affrontais des créatures innommables, et j'y subissais les tourments infligés par les esprits en détresse des Massassis, ce peuple humanoïde qui servit Kun et le paya de son existence. Frôlant la folie, sale et usé par les combats, je finissais par pénétrer dans une étrange chapelle qui ruisselait d'une énergie trouble, instable et obscure. Épuisé, mais sécurisé par ce lieu taillé dans une grotte, à l'abri des créatures qui me poursuivaient, je sombrais dans un profond sommeil qui dura plusieurs jours. Les rêves que j'y fis sont encore marqués au fer rouge dans ma mémoire, si bien que je me demande encore si il s'agissait réellement d'un rêve ou d'une vision, ou encore d'une hallucination causée par la fièvre.

Je rêvais que je me trouvais au fond d'une crypte ancienne, taillée dans une roche ocre. Des torches flambaient des deux côtés du corridor dans lequel j'avançais à tâtons, éclairant faiblement les ténèbres. J'aboutissais dans une large salle, surplombée d'une rotonde, où se trouvaient, délimitant un large cercle, des statues d'individus dont j'avais du mal à distinguer si il s'agissait de Jedi ou de Sith - vêtus de bure, tenant épées, sceptres, livres et balances dans une position auguste. J'avançais au centre de la pièce, où m'attendait quelqu'un, vêtu comme les sculptures. Se retournant vers moi alors que j'arrivais à sa hauteur, je me trouvais face à face avec une vieille femme, dont seul le visage dépassait de sa longue bure noire. Deux tresses savamment confectionnées l'encadrait, mais ce qui me glaçait de terreur, c'était ses yeux noirs, sans iris, ni pupilles, ténébreux comme le vide intersidéral. Je me sentais comme pénétré de part en part par une intelligence puissante et acérée, épaulée par un pouvoir colossal. Malgré moi, je m'agenouillais. Je me souviens encore de la conversation que nous tînmes.

-Qui...qui êtes-vous ?
-Je pourrais vous répondre que je suis la Force elle-même ou une sottise du genre, pour me gausser de vous. Vous devriez mater vos faiblesses plus sévèrement. Vous vous laissez aller, Chevalier Jedi.
-Êtes-vous...une Sith ?

Je me souviens encore de son rire sonore et tranchant. Un rire froid et presque triste.

-Comme vous êtes resté borné malgré toutes vos péripéties ! J'ai suivi votre parcours pas à pas depuis votre départ de Coruscant. En un sens, j'aurais eu raison de me présenter comme la Force, comme certains mystiques, une fois qu'ils ont atteint un tel point de fusion avec ce qu'ils prennent pour le Créateur, n'y tiennent plus, et proclament avec joie qu'ils sont ce Créateur. Pour revenir à ma position, c'est ironique.
-Pourquoi cela ?
-De mon vivant, j'ai voulu détruire la Force. Vous êtes surpris. Mais oui, mon cher, rien moins que cela ; et plus surprenant encore, je faillis réussir.
-Comment ?
-Cela fait des millénaires, Jedi, que je erre dans la Galaxie, spectre éthéré, pour guider les quelques praticiens qui l'ont mérité, quelque soit leur bord, leur allégeance. Pourvu qu'ils sachent s'en démarquer. Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps. J'ai vécu les Guerres Mandaloriennes, de loin, il est vrai, ainsi que la Guerre Civile des Jedi, il y a plus de trois mille ans. Avez-vous entendu parler de celui qu'on nomma le Revanchiste ?
-Revan.
-Tout juste. Je fus son Maître, son premier, du moins. Mon nom est Kreia. Enfin, l'un de mes noms. On m'a également connu sous le nom de Dark Traya...
-Je suis un des principaux historiens de l'Ordre, enfin je l'étais...Ces noms ne me disent rien...
-Rien d'étonnant à cela, j'ai effacé toutes les traces, ou alors Revan le fit pour moi. L'Exilée a sans doute sa part de responsabilité dans le fait que presque personne ne se souvient de moi...
-L'Exilée ?
-Une figure, oubliée, elle aussi, de cette époque, et de l'Histoire Galactique. Elle sauva pourtant la Force, si l'on peut dire.
-De quoi parlez vous ? Comment comptiez-vous détruire la Force ?
-A l'époque, suite à une grande bataille menée par Revan, cette Exilée dont je vous parle, alors général et Chevalier Jedi, perdit son lien avec la Force. Elle dut se débrouiller sans pendant des années, errant à travers la Galaxie, bannie par l'Ordre...elle revint après la Guerre Civile, alors que les Sith réapparaissaient sous un nouveau visage. J'en étais. Voyez-vous, j'avais alors la conviction que les luttes éternelles entre les deux Ordres étaient dues à une quête effrénée de pouvoir due à l'existence de la Force. J'en concluais que nous devions apprendre à vivre sans elle, à nous en passer.
-Impossible...
-Ecoutez ce que je vous dis ! L'Exilée me prouva le contraire. Cependant, il est vrai que pour me stopper, elle dut renouer avec la Force, mais la déchirure qu'elle représentait, me donnait l'espoir que mon plan était possible. Je fus tuée de sa main sur Malachor V, qui n'existe plus.
-Où voulez-vous en venir ?
-Ma puissance dans la Force, paradoxalement, et très ironiquement, était assez importante pour que je gagne le droit, si je puis m'exprimer ainsi, de la rejoindre sous la forme d'un spectre. J'acquis la capacité de visiter l'esprit des praticiens de la Force qui m'intéressaient, de m'immiscer dans leurs rêves, pour préserver mon savoir.
-Dois-je en conclure que ce savoir concerne l'ensemble des facettes de la Force ?
-Pas à fond, bien entendu, mais vous visez juste en suggérant que j'ai visité à la fois ce qu'on appelle le Côté Lumineux, en tant que Maître Jedi, et l'Obscur, étant devenue Seigneur Sith.
-Soit. J'ai suscité votre intérêt, donc. Que me voulez-vous ?
-Vous êtes sur la bonne voie, mais vous hésitez encore, Jedi. Vous avez peur de certains recoins obscurs de la Force, du moins c'est comme ça que vous le vous représentez...mais c'est de vous-mêmes, en vérité, que vous avez peur. Sachez que la Force est une source d'énergie, mais qu'elle n'a pas, pour ainsi dire, de volonté centralisée, déterminée. C'est un flux, pas une entité. Ce qui veut dire que lorsqu'on pense et affirme : "la Force m'a dit ceci, la Force souhaite cela...", en vérité c'est nous-mêmes qui sommes à l'oeuvre. Vous devez comprendre que vous représentez plus que vous ne le croyez, et que vous avez plus d'impact que vous ne le pensez. Rien ne vous oblige jamais à chuter, sinon vous-même.
-Pourtant, certains lieux sont bien chargés d'énergies négatives...
-Certes. La Force revêt plusieurs visages. Comme la nature animale, par exemple, peut être faite de tendresse comme de férocité, comme la mer est tantôt placide, tantôt furieuse...ce que je veux vous faire comprendre, c'est que les mille variations de la Force dépendent en grande partie de la volonté des créatures intelligentes. Pour des raisons mystérieuses, et que je ne peux pas vous communiquer, d'une part parce que je ne les connais pas, d'autre part parce que je ne le souhaiterai pas, cette énergie que vous manipulez est en constant changement, en constant renouvellement, comme si elle mourrait et renaissait à chaque instant, à l'instar des cellules de votre corps. Cependant, sachez qu'elle est fondamentalement neutre et multiple. Il n'y a pas de blanc, de noir, et de gris au milieu, comme les Jedi et les Sith le pensent naïvement et bien sottement. Il y a une myriade de tonalités, et vous devrez toutes les traverser pour poursuivre votre quête.
-...Cela veut dire...
-Vous commencez à comprendre. En effet, vous devrez impérativement passer par ce que vous concevez encore comme étant le Côté Obscur, comme je l'ai fait moi-même. Je me dois de réparer mes torts vis-à-vis de la Force, si on peut appeler ça comme ça, et vous communiquer cette information, pour qu'elle se propage, et provoque une véritable révolution dans la conception que la Galaxie s'en fait. Une nouvelle ère pourrait voir son avènement, grâce à vous. Vous devrez, donc, devenir un Jedi Noir, ou un Sith, mais tout en vous souvenant qu'il ne s'agit pas là de finalités, mais d'étapes vers une réalisation supérieure, qui transcende toutes les catégories qui ont été jusque là forgées pour définir, cerner, comprendre la Force. Et cela, vous devrez le faire dans le plus grand secret.
-C'est ce qu'il me semble. Je ressens comme de graves perturbations, annonciatrices de grands troubles.
-Vous allez devoir passer par des moments bien difficiles, je le crains. L'avenir m'est disponible, mais je ne suis pas autorisée à vous révéler ce qui va advenir. Mais vous devrez faire appel à toutes vos capacités de survie pour accomplir votre mission. Vous serez bientôt amené à vous fondre dans les Ténèbres, à dissimuler dans les replis de votre conscience qui vous êtes réellement et quelles sont vos intentions. Vous devrez apprendre et maîtriser au plus haut degré l'art de la duplicité. Je reviendrai, et je vous y aiderai.
-...Est-ce vous qui m'avez envoyé tous ces rêves des derniers mois, et m'avez poussé à me rendre ici ?
-Vous me surestimez, mon cher. Je ne suis pas capable d'un tel pouvoir, malgré ma présence dans votre esprit en ce moment-même. La Force, peut-on dire, a parlé, et vous a mené jusqu'ici, pour que je vous dise ce qui doit être fait. Mais je m'exprime mal. En effet, il n'y a pas que la Force, malgré ce que les Jedi ont toujours prétendu.
-Que ? Je ne comprends pas.
-Il y a quelques chose, ou quelqu'un, derrière la Force. Qui exprime sa volonté à travers elle. Croyez-vous qu'elle soit née du hasard, toute seule, présidant à toute chose ? La Force vient d'un point précis dans la réalité, qui dépasse la notion même d'espace-temps. Je ne peux pas en dire plus, car c'est tout ce que je sais. Mais vous devrez transmettre tout ce que je viens de vous dire. Je marquerai votre mémoire de cette conversation en lettres de feu. Vous ne l'oublierez jamais. Un jour, vous me rejoindrez, et vous comprendrez certaines choses. En attendant, que mon message perdure et résonne dans la Galaxie.

Et je me réveillais. Comme tu l'imagines, j'étais profondément troublé et sous le choc. Je ne sais combien de temps a passé durant ce songe, mais, comme je l'ai déjà dit, cela se compte sûrement en jours, au jugé de l'évolution de ma barbe. J'étais profondément raffermis et très confiant, mais en même temps en proie à la perplexité et à l'inquiétude. Comme conduit par la Force, ou ce qu'il y avait derrière selon les paroles de Kreia, ou encore par cette dernière, je n'en sais rien, je m'aventurais plus profondément dans la chapelle obscure, qui se révéla bientôt conduire à un temple taillé dans la montagne. Je m'attendis à y trouver les statues de mon songe, mais en lieu et place, je fus assailli par des créatures que je n'avais jusqu'à présent rencontré que dans les livres : des Rancors. Adolescents, mais déjà énormes et agressifs, ces bêtes semblaient avoir été comme changées, perverties et corrompues. Je faillis être défait, et dus, pour m'en sortir, faire appel à des émotions que j'avais impitoyablement réprimées jusqu'alors : colère, haine, etc...tu devines la suite : je triomphais de mes adversaires, tout en étant en proie à un sentiment contre-nature, comme si ce combat m'avait changé, défiguré de l'intérieur. Je poursuivais mon avancée. J'aboutis alors à un autel saturé d'énergie noire. Je l'ouvris...et, en plus d'un holocron Sith, j'y découvrais un cristal rouge inconnu, qui, au toucher, me brûla littéralement la peau. Il était différent de ceux qui étaient répertoriés comme les cristaux traditionnels des sabres Sith. Encouragé par la voix de Kreia qui résonnait dans mon esprit, je remplaçais, une fois retourné à mon vaisseau, l'ancien cristal de mon sabre par celui-ci, et il y est encore.

Quand à l'holocron Sith, je découvris qu'il était un de rares qui aient été forgés par Dark Traya, ou Kreia, si tu préfères. Elle m'enseigna bien des choses, et tu lui dois une grande partie de l'enseignement que je t'ai fourni. Notamment cette aptitude à se passer de la Force dans des circonstances périlleuses. Je vais maintenant te conter les péripéties de la Guerre des Clones, puis l'avènement de l'Empire, et comment je fus amené à le servir. Enfin, viendra mon opinion finale concernant la Force, comme conclusion.
Modifié en dernier par Aldan Mabral le ven. 10 juil. 2015 09:15, modifié 7 fois.
#13426

Troisième fichier.


Je suis resté donc sur ce monde durant quatre années, de l'an 25 à l'an 21 avant la Défaite de Yavin. Explorant les environs, je plongeais peu à peu dans le "Côté Obscur", me nourrissant du savoir de Dark Traya. Je m'y exerçais à combattre à mains nues les diverses créatures qui pullulaient sur la planète, me gorgeant de haine pour accentuer ma puissance. Cet holocron, que j'ai du dissimuler pour des raisons que j'expliquerais bientôt, était d'une facture tout à fait spéciale : au lieu de s'ouvrir et de dévoiler d'un coup son enseignement, il ne révélait ses secrets qu'étape par étape : Traya, via cet objet, me mettait à l'épreuve, me donnant des missions à travers la planète qui me menaient dans d'autres petits endroits similaires à cette chapelle où j'avais élu domicile ; je n'étais alors pas encore assez puissant pour explorer les Temples Sith qui recouvraient Yavin IV. Au fur et à mesure que la corruption, pour m'exprimer simplement- je fais confiance à ton intelligence, mais d'autres qui n'ont pas tes capacités pourraient être amenés à vouloir tirer profit de ce datapad, et je tiens à être intelligible pour le plus grand nombre - s'emparait de moi, je remarquais que je parvenais de plus en plus à me passer de mes pouvoirs, et même parfois de mon sabre laser, pour affronter les difficultés de la jungle. J'en vins à traverser une période où je me coupais complètement de la Force pendant quelques mois, avant d'y revenir peu à peu - ce processus dura un an, le dernier que je passais sur ce monde -. Traya, semblant satisfaite et estimant apparemment que j'ai fait mes preuves, me laissa l'accès au suprême enseignement de cet holocron que je ne peux évidemment te révéler ici.

Je t'ai laissé quelques indices parmi les datapad dont tu hérites qui te mèneront à ce puissant holocron, pourvu que tu sois assez fort et que tu témoignes d'assez de jugeote. Ces informations sont trop importantes pour que tu en hérites aussi simplement, quelque soient tes mérites, par ailleurs. Ce sont les instructions de Traya elle-même, comme tu t'en doutes. Et elle a parfaitement raison. Le savoir se mérite. Je reprends à présent le cours de mon récit. Je passais donc l'an -21 sur la planète, lorsque Kreia m'apparut en rêve - elle le fit plusieurs fois entre la première et la dernière vision d'elle que j'eus sur ce monde -, m'annonçant qu'une grande guerre avait commencé à secouer la Galaxie, et qu'il me fallait partir pour des mondes encore plus reculés. Cette planète allait recevoir de la visite sous peu, et je devais m'en aller, garder mon existence secrète. Mais avant, elle m'enjoignit de me rendre -enfin - sur un des temples de la lune les plus imprégnés par le Côté Obscur, édifiés par Naga Sadow. Je n'étais pas assez puissant pour affronter l'ire de l'esprit du Seigneur Sith, et je n'étais d'ailleurs même pas dans le principal temple du monde, mais je m'y imprégnis d'avantage encore de la puissance noire qui palpitait en ces lieux, jusqu'à ce que mon corps en exhibe les ravages, mon regard principalement.

Je changeais également d'odeur, et remarquais un point focal de respiration différent. Ces quelques changements n'étaient cependant rien en comparaison au noircissement de mes veines qui ressortaient. Bref, je connaissais les symptômes habituels dus à une immersion suffisamment profonde et étendue dans les Ténèbres. J'en ressortais, plus puissant que jamais, mais aussi plus troublé. Suivant les instructions de Dame Kreia, comme je m'étais mis à l'appeler, je quittais le monde, tandis que je remarquais au décollage qu'un chasseur, suivi d'un autre, que j'identifiais comme appartenant à l'Ordre, se posaient ; par chance, suffisamment loin pour qu'il ne me remarquent pas. J'appris plus tard qu'il s'agissait des vaisseaux du futur Darth Vador, alors Anakin Skywalker, et d'Assajj Ventress, qui devaient se livrer à un duel d'une rare violence.

J'avais acquis dans l'holocron les coordonnées du monde-crypte de la Sith, Korriban, et je m'y rendis. Sois bien préparé pour t'y rendre, car c'est un monde dangereux, moi-même j'ai failli y sombrer dans la folie. Plus puissant et immergé dans le Côté Obscur on est, plus on risque d'y attirer la convoitise des esprits des défunts Sith qui errent sur ce monde par milliers, et qui n'attendent qu'une chose : se repaître de tes espoirs, de tes pensées, rêves, idéaux, craintes, bref de ton coeur et de ton esprit. Ce sont des spectres revanchards et cruels qui souhaitent prendre leur revanche sur la mort, et infliger à quiconque foule le sol du monde sacré, des tourments équivalents à celui que la mort et l'errance dans les limbes représente pour eux. Suivant les conseils de Dark Traya, je me rendais dans le tombeau du légendaire Sorcier et Seigneur Noir Marka Ragnos, où je faillis trépasser, mais j'en sortais avec les rudiments dans l'art de la Magie Sith que je t'ai enseignés. Ne me sentant pas assez fort pour résister aux assauts permanents des malheureux esprits sombres, je quittais la planète et me rendis sur Dxun, où je visitais le nexus qu'était le Mausolée de Freddon Nadd. J'y allais sans crainte, sachant que l'esprit du Sith s'était désintégré depuis son ultime confrontation avec Exar Kun. C'est le dernier monde imprégné par le Côté Obscur que je visitais avant de rentrer au service de l'Empire. J'en sortis avec le premier holocron que je t'ai montré, et qui détaille les techniques du Makashi.

J'y restais encore un an et demi, pour y méditer, puis je sortis de mon isolement complet avec le reste des évènements qui secouaient la Galaxie. En effet, l'Empire venait d'être proclamé, et cette nouvelle se renforça de troubles conséquents dans la Force, parmi lesquels je percevais un renforcement incroyablement fort du Côté Obscur. Très intéressé par le tour qu'avais pris la politique galactique, ainsi que par la nouvelle de la disparition des Jedi, je décidais, sans détours, de retourner sur Coruscant, après 16 ans d'errance et d'exil volontaire, afin de me rendre compte par moi-même de la mort de l'Ordre et de juger de la qualité de ce qui les remplaçait, avec la République.


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#13443

Quatrième fichier.


A la fin de l'an -19, j'atterrissais donc sur Coruscant ; je ne fus pas repéré car j'avais eu, lors de mon départ du Temple, la présence d'esprit de me servir de mon cargo léger personnel plutôt que du vaisseau Jedi qui m'avait été affecté par l'Ordre. Je pus donc me rendre sur la planète-cité sans encombres. Mon premier réflexe fut de me rendre dans ce que je croyais être les ruines du Temple - bien sûr, je me revêtais de ma tenue de cuir sans emporter ma bure - quand j'eus la surprise de réaliser que, bien qu'il avait connu des dommages, le bâtiment était resté en grande partie intact. Peut-être l'Empereur avait-il eu l'idée de laisser ce lieu debout afin qu'il témoigne du passé corrompu de l'Ordre et de la République, et de sa victoire ? Ou, plus vraisemblablement, avait-il voulu garder à disposition toutes les informations, datapads et holocrons dont disposait l'immense bibliothèque Jedi pour son profit, et celui de ses serviteurs. Je ne me privais pas d'en faire de même, et, déjouant la lourde surveillance qui y avait été affectée, usant de mes capacités de dissimulation apprises lors de mes différents voyages, je pillais, on peut appeler ça comme ça, les rares archives, ouvrages et documents qui n'avaient pas été récupérées par l'Empire. Je les gardais précieusement, et ils te sont encore disponibles ; je les ai dissimulés, car ils contiennent des renseignements importants, mais, comme pour l'holocron de Traya, je t'ai laissé des indices qui te permettront de les retrouver. Ceci, afin qu'au cas où ce datapad tombe entre de mauvaises mains, ce savoir ne puisse pas être retrouvé. En effet, ces indices seuls ne mènent nulle part sans les indications orales que je t'ai dispensées au cours de mon enseignement.

Je restais quelques jours à méditer en secret dans les profondeurs du Temple, dissimulant ma présence dans la Force grâce aux techniques que Dame Kreia m'avait apprises, passant inaperçu aux consciences des Seigneurs Sith qui régnaient sur la planète. C'était chose aisée, car si cet endroit était à la base un point focal du dit Côté Lumineux, les récents évènements qui avaient marqué son saccage l'avaient imprégné d'une charge trouble : haine, colère, peur, la mort, partout. Un curieux mélange entre les différentes facettes de la Force s'exprimait ici, et ma forte "corruption" pouvait s'y nicher à l'aise sans crainte d'être remarquée. J'eus encore une fois, après quelque jours, une vision de Dark Traya, qui m'enjoignit de rejoindre le Palais Impérial pour me présenter à l'Empereur. J'hésitais, craignant que mon passé Jedi ne suffise à signer mon arrêt de mort, mais elle m'assura que mon imprégnation dans le Côté Obscur suffirait à le convaincre que je m'avèrerais un soutien précieux, et qu'il m'accueillerait favorablement. Je me rendais donc, avec ce qui fut considéré comme un formidable culot, directement au Palais, cette fois revêtu de ma bure noire, et ne masquant plus ma présence. Après quelques formalités que je t'épargnerai, j'obtins une audience avec le Seigneur Sidious et le Seigneur Vader. La conversation qui s'en suivit fut d'un certain intérêt ; tu en obtiendras les éléments les plus importants et édifiants plus tard, et par des moyens détournés ; je ne suis pas autorisé à la retranscrire, quoique je m'en souvienne parfaitement. Il en sortit que désormais, j'étais au service de l'Empire, d'une façon tout à fait spéciale : ironiquement, je repris mes fonctions d'Historien, Archiviste, et ma position d'érudit, cette fois en tant que membre de la Sith, et je fus également nommé parmi les principaux responsables des recherches archéologiques impériales.

Je repris donc ma vie d'errance ; je fus de loin en loin informé des bouleversements dans la politique impériale ; la mort de Sidious, son remplacement à la tête de l'Empire par Darth Vador, puis par Traetius. Hormis ces deux serments d'allégeance, je passais ma vie à voyager parmi les mondes les plus noirs, les plus dangereux et les plus chargés d'énergie obscure dont cette Galaxie, pour employer un terme ironique, peut s'enorgueillir. Je retournais sur Korriban, Dxun, Yavin IV, dirigeais des recherches importantes sur Dromund Kaas, où je rencontrais les Prophètes du Côté Obscur, une organisation Sith fondée il y a des siècles par un Sith du nom de Dark Millenial , et qui avait fondée ni plus ni moins que la religion de la Force Obscure. Il s'agit d'une croyance compliquée qui rejoint à certains égards la théorie de la Force Vivante, et qui affirme que chaque être vivant laisse son empreinte dans la Force. Chacune de leurs actions crée comme une espèce de vague au sein de la Force, qui, comme tu le sais, couvre à la fois le passé, le présent et le futur. Ces remous agitent donc à la fois l'instant présent comme l'avenir, et ces prophètes, comme leur nom l'indique, se consacraient à percer ces remous pour que le futur se dévoile peu à peu. Sidious, comme ses successeurs, visitèrent Dromund Kaas et les employèrent à leur service, mais je fus le premier à les contacter ; Le Premier Empereur m'y avait en effet envoyé en tant qu'éclaireur. Leurs pouvoirs de prédictions, certains, n'empêchèrent cependant pas la défaite de l'Empire, qu'ils ne l'aient pas pu ou voulu est une autre histoire, et je ne les connais pas assez pour faire une affirmation.

En effet, après que je les ai repérés, Sidious vint très vite sur le monde Sith, et les prit à son service, en installant une partie dans son Palais. Je repris mes recherches archéologiques, et y fis plusieurs découvertes intéressantes, dont, encore une fois, des holocrons que j'ai disséminé dans la Galaxie ; même mode opératoire pour les retrouver que dit plus haut. Considère ces difficultés supplémentaires que je t'impose comme un moyen de compléter ton apprentissage, dont je pense qu'il ne sera pas achevé à ma mort, sans doute prochaine. Et que ça ne te dispense pas de chercher un nouveau Maître lorsque adviendra ce moment fatidique ; tu as pour cela ma bénédiction. Je vais cependant te donner un précieux indice ; je me permets de te concéder celui-ci car il découragera les éventuels rapaces qui pourraient tomber sur ces documents. Il existe, sur un monde reculé nommé Dagobah, un nexus, un point focal du Côté Obscur. Je t'en laisse les coordonnées. Je l'ai visité quelques mois après la défaite d'Endor. C'est un puissant lieu d'épreuve ; je ne sais ce qui l'a formé, ni depuis combien de temps il existe ; au vu de la puissance qui y réside, sans doute est-ce un endroit séculaire. Quoiqu'il en soit, il s'agira pour toi d'y compléter ton initiation. Une surprise t'y attend.

Afin de récompenser mes services, l'Impératrice, en -8, me nomma Seigneur Sith. J'étais désormais connu sous le nom de Darth Avidius. Cependant, je redoutais les intrigues de la Cour, notamment l'ire de Vador, avec qui je ne m'entendais pas, et dont je craignais qu'il ne visât mon trépas. Sachant que, malgré toutes mes connaissances, non seulement je n'étais pas sûr de triompher de lui, mais également que son décès n'arrangerait pas l'Ordre Sith - Traya m'avait ordonné, dans une vision, de tout faire pour le renforcer "durant le temps de suprématie qui lui serait imparti" -, je décidais donc de m'éloigner de cette atmosphère particulièrement délétère, et je reprenais mes pérégrinations et recherches à travers la Galaxie. Six années plus tard, en -2, je te rencontrais. Tu dois savoir que tu es le premier apprenti que j'eus jamais durant mon existence. Tu es donc le seul à avoir jamais profité de mes enseignements, et l'unique dépositaire de mon héritage, dont je te demande de prendre le plus grand soin.

Tout de suite après la défaite d'Endor, je me rendais, avec la plus grande célérité, et non sans une certaine panique, je dois te l'avouer, sur la capitale, afin de récupérer le plus de documents possibles, mais également dans le but d'effacer de tous les registres et archives le moindre indice de mon existence, de sorte que personne ne remonte à la source. Personne, normalement, ne connaît donc mon nom de Jedi, ni ne sait avec exactitude ce que j'ai découvert, à part toi, qui le découvrira peu à peu ; et c'est très bien ainsi. Toi-même n'est pas censé savoir qui je fus avant de "succomber" - pour employer un terme remis à la mode par ces Jedi imbéciles -. Si la Force le veut, tu le sauras en temps et en heure, mais c'est d'une telle insignifiance que je me demande pourquoi tu perdrais ton temps à enquêter à ce sujet.

Je vais maintenant passer au coeur du sujet ; tu remarqueras que j'ai dérogé un peu à la promesse que je m'étais faite au début de la rédaction de ce texte, quand je disais que je ne ferais pas ma biographie ; cependant, tu as déjà deviné depuis un moment que les informations que je t'y laisse sont nécessaires pour comprendre mon parcours, et la théorie que je vais maintenant énoncer.
Modifié en dernier par Aldan Mabral le sam. 13 sept. 2014 10:24, modifié 2 fois.
#13444

Cinquième fichier.

Théorie de la Force Transcendée


Apprends, cher élève, qu'à travers mes voyages, comme tu auras déjà pu le constater, j'ai bénéficié du concours de l'ancienne Maître praticienne de la Force Kreia/Traya. Si les postulats que je vais maintenant énoncer sont le fruit de ma réflexion et de mon expérience, et non des siennes, elle a concouru activement à ce que ces vérités me soient révélées, et à ce que j'accède peu à peu à des éléments inédits qui devront, si tu as l'intelligence d'entretenir et de propager ce savoir, renouveler à jamais la compréhension que nous nous faisons de la Force, et ce, dans ses moindres détails. Tu connais les deux théories qui avaient cours dans mon âge mûr, celles de la Force Vivante et de la Force Unifiée. Je rajoute, espérant que la postérité estimera que j'ai marqué une avancée dans la compréhension de ce phénomène, la théorie de la Force Transcendée. Il ne s'agit pas d'un énoncé intellectuel annulant, cela va de soi, l'existence de cette énergie, ni réduisant son importance dans nos vies, ni dans la constitution de la Vie en général, mais il affirme qu'il existe quelque chose, ou quelqu'un, au-delà de la Force, qui pré-existe à elle, et par conséquent, à tout ce qui existe.

Mise en garde : je comprends toute la délicatesse nécessaire pour manier cette théorie révolutionnaire, et qui pourrait vite, ce que je ne souhaite pas, dégénérer en une religion. Il s'agit bien d'avantage de philosophie et même de science que de foi. De plus, elle comporte bien des incertitudes ; ni moi, ni Traya, ni personne, à ma connaissance du moins, n'a jamais eu la possibilité d'entrer en contact direct avec ce que nous appellerons, faute de mieux, une entité. Je parle d'inexistence, jusqu'à présent, d'un contact direct, car il va de soi, en toute bonne logique, que cette entité s'exprime via la Force, les lois de la nature, de la physique, de la psychologie. Je suis convaincu qu'il existe un point initial dans l'Univers qui a engendré littéralement tout ce qui existe, et non seulement cela, mais qu'en plus cette entité est dotée, évidemment, d'une volonté et d'une intelligence au-delà de tout ce que nous pouvons concevoir, imaginer, percevoir.

Cette entité est impossible à définir. En vérité, nous gagnerons du temps et nous montrerons plus intelligents si nous tentons de l'appréhender non pas en fonction de ce qu'elle est possiblement, mais de ce qu'elle n'est pas ; cette théorie est donc apophatique, ou, pour employer un terme moins savant, négative. Je parais me contredire : mais de façon très logique, si tout ce qui existe, ce qui comprend les créatures intelligentes, est le fruit de la conception d'une volonté unique, il va de soi que l'intelligence, la volonté elle-même sont, sinon sa création, du moins consubstantielles à cette dernière. Cela ne nous permet pas d'affirmer explicitement et sans ambages ce qu'elle "veut", "fait", "planifie". Il va de soi que des tentatives de le comprendre, avec nos moyens actuels, serait vouée à l'échec et une vaste et sotte perte de temps. Nous ne pouvons donc pas communiquer avec elle, directement, encore une fois. Indirectement, c'est autre chose. Je suis, je le répète, convaincu, qu'en biais, cet être, quel et quoiqu'il soit, rentre en contact avec nous, et s'exprime en permanence via un vecteur, un média : et ce média, est la Force.

Lorsque nous disons donc que la Force nous révèle quelque chose, nous guide, nous parle, en vérité, c'est de cet être qui transcende la Force elle-même que nous voulons parler ; il existe en tout temps, en tous lieux, et regroupe toutes les facettes de l'existence, et donc de l'énergie dont nous nous servons au quotidien. Côté Obscur et Côté Clair, pour employer une dichotomie très rudimentaire, sont donc des visages multiples que cet être revêt pour s'exprimer à nous et créer un équilibre, une harmonie dans l'Univers, qui repose, ce qui, à première vue, est paradoxal, non pas sur une paix plate et fade qui ressemble à la mort, mais sur une connexion entre les différents "avatars" de la Force. Celle-ci est donc composée d'une myriade de nuances et de tons, tout comme le spectre lumineux est composé de toutes les couleurs. Pour employer une métaphore plus basique, je vais utiliser le fonctionnement de l'électricité. Tu sais que chaque atome est composé :

1°D'un noyau central qui est un assemblage de protons et de neutrons. Les protons portent des charges positives et les neutrons ne portent pas de charges et sont donc neutres (d'où leur nom).
2°D'un ensemble d'électrons qui tournent très vite autour de ce noyau. Les électrons portent des charges négatives.

En temps normal, un atome comprend autant d'électrons que de protons, donc autant de charges positives que de charges négatives. Ces charges s'équilibrent, ce qui rend l'atome électriquement neutre. Mais il suffit qu'un électron s'ajoute à ceux de cet atome (par frottement avec un autre atome par exemple) pour que l'équilibre soit rompu et que l'atome devienne négatif. De la même manière, il suffit qu'un électron soit enlevé à cet atome pour que l'atome devienne positif. L'électricité résulte du déplacement de ces électrons.

D'un déséquilibre primordial, qui s'ajoute à un autre, mais lequel est de nature opposée, on arrive donc à la formation de l'énergie électrique. L'équilibre dans la Force est produit de la même manière, par la connexion - certains, avec lesquels je suis en désaccord total, parleraient de confrontation mortelle - entre les différents tonalités de la Force. Disons-le encore autrement : la Force, selon les personnes, les endroits, et surtout, point capital, selon les passions, pensées, intentions, volontés des êtres intelligents, est chargée différemment. L'usage que nous faisons de certains pouvoirs auxquels nous accédons par la Force charge cette dernière, et, fait capital, peut, momentanément, et dans un cadre restreint, influer sur cette dernière. Un nexus est un point d'énergie dite obscure, car la personne qui l'a crée ( je pense en effet qu'il n'existe pas de nexus naturels ) l'a, par le biais des pouvoirs qu'elle a appris, mais encore plus, via sa propre corruption, la charge négative qu'elle s'est elle-même "infligée" ou "attribuée", d'une certaine manière, modifiée. Tu sais que dans la nature, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Il en est de même pour la Force.

Cela nous amène à un facteur essentiel, et qui ne nous est pas extérieur, mais propre à toutes les créatures intelligentes : la conscience, et le libre-arbitre. Il n'y a pas de corruption infligée par la Force elle-même sous sa forme la plus noire, mais :

1°Soit par notre propre consentement, qu'il soit délibéré, ou le fait d'une cession à nos propres faiblesses.
2°Soit du fait d'un chargement spécifique, exercé par un praticien versé dans les arts dits obscurs.

Résultat : la nécessité d'une vigilance extrême et d'une attention de tous les instants consacrés à notre propre perfectionnement, et à l'usage de notre conscience et de notre liberté pour faire ce que nous estimons être le mieux. Ceci fait également que nous devons traverser, nous imprégner, de toutes les composantes de la Force pour la comprendre, et peu à peu, d'une certaine manière, l'utiliser comme un courant que l'on remonterait, qui permette de la "dépasser", et de nous rapprocher de l'entité qui préside à tout. C'est le sens de mon concept de la Force transcendée. La volonté de cet être énigmatique nous est bien sûr inaccessible par les voies classiques ; c'est le sens de mes recherches que de chercher de nouveaux moyens de percer un tout petit peu à jour ce gigantesque mystère. Quelque chose me souffle qu'une des solutions réside dans les mondes les plus proches du Noyau, si ce n'est dans le Noyau lui-même. La prudence est de mise, mais qui sait les découvertes qui nous attendent si nous avons l'audace d'explorer ces régions mystérieuses ! Je suis convaincu, mon cher apprenti, que nous ne connaissons que peu de choses vis-à-vis de la Force ; peut-être un dixième, un cinquième, de ses secrets. Le fait est que notre ignorance met depuis des millénaires la Galaxie à feu et à sang, et nous devons faire en sorte de limiter ceci ; c'est notre devoir, et notre mission. Parce qu'elle ne supportait pas ce fait, ces dizaines de milliards de morts au cours des siècles, Traya a souhaité éliminer la Force ; c'était une erreur et une faiblesse, née d'un esprit tout à fait lucide, et d'une grande puissance, ce qui doit nous enseigner l'humilité. Mais je la comprends d'une certaine manière ; seulement, le drame de notre condition ne repose pas sur des facteurs extérieurs, mais en nous-même. C'est ce que la Galaxie doit comprendre.

Rien ne doit dépasser la recherche des secrets de l'Univers, et je compte sur toi pour préserver et continuer mes recherches. Tu dois initier une chaîne du Progrès qui n'aura peut-être jamais de terme ; mais peu importe. Tu as une grande mission ; si la Force, ou plutôt, puisqu'elle n'est pas autonome, l'être qui se niche derrière elle, le souhaite, je pourrais t'y aider, par-delà la mort.
#13495


Sixième fichier.

Des méthodes pour comprendre la Force et se rapprocher de ce qui la transcende
Résultat des implications de la théorie de la Force Transcendée


Cher apprenti,
Maintenant que je t'ai parlé de mes conceptions concernant la nature de la Force, je m'apprête à te parler de son exploration expérimentale ; te voici au coeur de mes recherches dans le domaine. Il s'agit de te transmettre, et par la même, à toute la Galaxie, les méthodes que j'ai découvertes devant permettre une réconciliation, pour m'exprimer audacieusement. Cet audace peut avoir aussi des implications sinistres ; en effet, tu sais que depuis des millénaires, Jedi et Sith, et autres sectateurs des différents versants de la Force, se font la guerre. Les uns comme les autres tentent d'imposer leur vision de cette énergie qui nous dépasse, triomphants et sûrs du caractère unique de leur point de vue, se gargarisant de leur valeur. Pourtant, face à ce qui nous dépasse, l'humilité est de mise. Nous devons nous reconnaître ignorants de beaucoup de choses, et notre façon de manier la Force, j'en suis convaincu, ne fait de nous pas plus que des nourrissons qui apprennent à marcher. Ceci, malgré toutes les prouesses qu'ont pu exécuter tous les praticiens de la Force jusqu'à maintenant. Une ère nouvelle s'ouvre à nous dans la compréhension des mystères de l'Univers.

Je te parle donc de réconciliation, et j'ai dit plus haut qu'elle pourrait avoir des implications sinistres. En effet, je suis persuadé que notre devoir est de tous, Sith comme Jedi, rengainer les armes pour nous consacrer, selon nos affinités et capacités à la recherche concernant les profondeurs de la Création. Sith comme Jedi, d'une certaine manière, doivent donc, ou bien cesser de s'exterminer, ce qui passe par soit faire la paix, soit s'ignorer mutuellement, soit cesser d'exister sous leur forme actuelle. Quel paradoxe, lorsque je me présente moi-même dans ces écrits comme un Sith et lorsque je t'ai formé pour en devenir un. Pourtant, si tu as bien lu, tu comprendras que cette situation de Sith n'est pas une finalité en soi, mais une étape vers quelque chose de supérieur, de transcendant, précisément. Or donc, pourquoi fais-je donc appel aux Sith pour ce faire plutôt que de me retourner vers les Jedi ?

La réponse est simple : mon expérience m'a appris que la confrérie Sith est de loin la plus à la pointe de cette recherche, comparée aux autres praticiens de la Force, Luxiens mis à part. Cette supériorité momentanée de la Sith est donc fragile, provisoire, et uniquement de comparaison ; pris solitairement, les Sith eux-mêmes ne valent quasiment rien en regard de ce que nous pourrions et devrions comprendre. Le résultat, comme tu le vois, n'est pas brillant ; j'en suis réduit à ne pas faire appel aux meilleurs, mais aux moins médiocres ; c'est pourtant la seule solution. Et encore, je ne te parle que d'une fraction bien précise des Sith : celle des chercheurs, des Sorciers, ceux qui sont de la trempe de Dark Traya, ou encore de Marka Ragnos, un des seuls Seigneurs Noirs qui eut la sagesse de poursuivre sa quête de savoir et de développer son territoire, ainsi que de faire prospérer son peuple, plutôt que de se lancer sottement dans d'aveugles conquêtes comme l'ont fait ses successeurs.

Il y a une majorité d'imbéciles parmi les Sith, et je n'ai jamais fait une grande confiance à la défunte Impératrice, que je soupçonnais d'avoir sombré dans la Folie, ni à Vador, qui était un guerrier, pas un mystique. A peine Sidious, le premier Empereur, sortait-il du lot. Vraiment, rien de brillant dans tout cela, à part peut-être le Comte Dooku, qui, de toutes les figures de l'époque, est de loin le praticien de la Force que je respecte le plus. Mais je m'égare : au cours de mes recherches, réflexions et méditations, j'ai pu expérimenter des méthodes hétérodoxes pour parvenir à une plus grande compréhension de la Force. Tu recueilles mon héritage : tu es le Passeur, apprenti. Tu te dois de recueillir tout ce que je te laisse pour propager ce message à travers les étoiles. J'en viens donc à la pratique proprement dite, qui ressort de la mystique, mais aussi, d'une certaine manière, un brin cocasse, de la recherche expérimentale.

Si tu souhaites comprendre la Force, et la puissance qui la transcende et, selon moi, l'a créée, tu te dois tout d'abord d'aboutir, à force de travail, à un état d'esprit particulier : cet état est celui d'un examen constant. Pour ce faire, tu dois d'abord traverser l'étape du silence intérieur que tu connais. Cette pratique consiste à faire taire en soi toute passion, toute imagination et toute pensée, pour dépasser le cours usuel des choses, pour sortir du tangible, et entamer une connexion profonde avec la Force. Premier point : pas de fusion, pas de communion, ceci n'existe pas et est le fruit d'une illusion courante, surtout chez les Jedi. Il n'y a pas d'extinction de l'individu pour laisser place à la Force : celle-ci nous traverse, nous "gonfle", nous nous laissons emplir par elle ; elle est un fluide au même titre que le sang qui parcoure notre corps. Pas d'annulation de soi dans la Force, donc.

Pour parvenir à ce silence intérieur, il faut passer par un état de stabilité et d'équilibre qui passe par l'examen extérieur, donc des différents facteurs que j'ai énoncés plus haut. Tu parviens donc, en faisant taire tes sens et ta pensée, au silence intérieur. Celui-ci te permet, à force de pratique et de concentration, à une autre dimension de la conscience : le monde des énergies de Force. Ces énergies sont des courants spirituels, les émanations de la Force, pour employer une métaphore qui ressorte de la pure physique. Ce sont des remous incessants, et on peut les manipuler et les apprivoiser ; mais dans l'autre sens, ils heurtent, eux aussi, notre esprit et notre rapport, notre connexion avec la Force. Chacun de nous émet comme une vibration qui contribue à amplifier ces remous, et lorsque quelqu'un a une présence en Elle assez importante, il génère en permanence comme des vagues plus violentes que la moyenne ; et d'autant plus lors d'une confrontation violente, lors de l'utilisation d'un pouvoir particulièrement puissant. Les Magiciens Sith, notamment, le savaient, et s'en servaient pour perfectionner leurs pouvoirs, et altérer leur environnement : le Mechu-Deru, la Science des Machines, en est un exemple.

Et bien, nous ne sommes donc pas insensibles à ces remous ; en vérité, ils nous heurtent en permanence, créant comme un vacarme spirituel qu'il faut calmer. Au lieu de les manipuler, jouant ainsi à l'apprenti sorcier, il faut tâcher de les maîtriser, en concluant comme un échange, une alliance avec eux : en acceptant de laisser ces puissantes énergies nous traverser dans un premier temps, on s'expose à un gigantesque déséquilibre, potentiellement mortel. Du moins est-il susceptible de faire basculer les plus puissants esprits dans une démence irréversible ; c'est ce qui arrive, notamment, à d'imprudents praticiens du "Côté Obscur", peu importe leur puissance et leur maîtrise. C'est également, j'en suis convaincu, une explication aux différents phénomènes que constituent les maladies mentales non dues à des lésions cérébrales, ou autres traumatismes psychologiques. Certains naissent avec une instabilité mentale réelle, et les superstitions de certains peuples voient là le signe d'un lien privilégié avec les esprits, et une prédestination à la fonction de chaman ou sorcier. Je suis convaincu que ces cas particuliers sont dus à une connexion à la Force d'un type tout particulier, non-identifié jusqu'à présent, et qui peut faire l'objet d'une maîtrise, d'une correction, d'un apprivoisement.

Cette connexion nouvelle à la Force, très spéciale, tu la connais, car tu en es "atteint". Considère cela comme un privilège, car ceci, d'après mes recherches, doit te permettre, si tu fais l'effort de te contrôler, de te redresser mentalement et de t'examiner suffisamment, d'accéder incroyablement vite à un palier élevé dans la maîtrise et la compréhension de la Force et de ce qu'il y a derrière. Je considère toutes les personnes que je suis en train de mentionner, dont toi, comme des privilégiés, l'avant-garde d'un nouvel Ordre, j'ose le dire, qui proposera à l'Univers une façon différente de penser. Récapitulons : après être passé par le silence intérieur, tu affrontes donc, confronté aux remous de Force, un puissant déséquilibre : comme si tu étais emporté par un fort courant, balloté, par les flots. Et bien, je pense que nous pouvons tous nous maîtriser, reprendre le contrôle de nous-même et de notre environnement, même, et précisément, dans ce ballottement. Ceci exige une longue pratique, beaucoup d'entraînement, des essais répétés inlassablement et une force de volonté incroyable, mais c'est possible, et c'est faisable, quoique d'une atroce difficulté.

Une fois atteint le point où tu t'es "redressé" dans ce courant qui t'emporte à une vitesse qui rappelle l'hyperespace, et qui peut, virtuellement, et même pratiquement, désintégrer les esprits les plus expérimentés, tu accèdes à un nouvel équilibre, supérieur à celui obtenu par la méditation classique, et de loin. Tu es alors, vraiment, et pleinement connecté à la Force, en contact quasi-direct avec elle ; toutes nos capacités habituelles sont alors décuplées, j'oserai dire que tu deviens alors un Champion de la Force. Pour ce faire, tu dois passer par une étape d'examen intérieur, bien plus difficile que le premier, auquel nous avons tous été formés, Jedi, Sith, Luxiens et autres, dès le plus jeune âge, pour la plupart, à un âge qui reste relativement frais pour les autres. J'entends par là que nous disposons, nous les praticiens de la Force, d'une formation pour l'examen extérieur, celui des éléments de notre conscience les plus basiques, les plus naturels et évidents. Mais les plus subtils, qui façonnent notre rapport usuel, quotidien avec la Force, est le plus souvent entretenu, sans être approfondi, affiné, "sculpté". Il s'agit d'apprendre à prendre de la distance avec la façon dont nous nous connectons à la Force ; "tuer" notre façon habituelle de l'appréhender pour qu'elle renaisse purifiée, filtrée. Alors, tu accèderas à une nouvelle dimension dans l'appréhension de la Force, atteinte par peu de praticiens au fil des millénaires. Tu acquiereras la véritable indépendance, vis-à-vis de tout, qui te permettras de te maintenir et de te préserver, droit et lucide, en toute circonstances, à parmi les pires bouleversements, et les situations les plus mouvementées.

Te voilà dès lors confronté à un nouveau danger : celui de te perdre dans cette harmonie, la tentation d'y demeurer comme dans un état mystique supérieur constant ; alors qu'il te faut dès lors revenir à la réalité. Maintenir la liaison entre les deux dimensions est difficile, mais, encore une fois, faisable, alors que les dangers de voir ta psychologie se dissoudre définitivement sont plus grands que jamais. Une fois arrivé à cette dimension, tu dois être capable de faire le chemin inverse. Puis, peu à peu, de recommencer ces connexions à volonté, qui te renforceront, et surtout, te dévoileront de nouvelles connaissances. Etape par étape, tu pourras alors, j'en suis convaincu, te rapprocher de ce qui existe derrière la Force. Je suis loin d'y être encore parvenu, malgré tout ce que j'écris ici. Ceci pour t'édifier et te faire comprendre à quel point le chemin est long, et à quel point la Galaxie doit le comprendre. Enfin, sois prudent, méthodique et patient, car moi-même, alors que je suis un Seigneur Sith et un Sorcier accompli, j'ai plusieurs fois failli me perdre définitivement dans les limbes de cette dimension spirituelle. Attends, progresses pas à pas, profites du fait que tu entames cette recherche et ce travail bien plus tôt que moi pour me dépasser et concourir au véritable Progrès et à la diffusion de la Vérité dans la Galaxie.

Modifié en dernier par Aldan Mabral le ven. 5 sept. 2014 06:14, modifié 7 fois.
#13511
L'an -35, Coruscant, Temple Jedi.


Xoran Kel'Nos s'adossait contre un des piliers du bâtiment millénaire, humant tranquillement l'air frais qui se dégageait des nombreuses ouvertures vers l'extérieur qui y avaient été aménagées. Faisant le vide dans son esprit, l'humain profitait d'un repos bien mérité après d'âpres négociations sur Cato Neimodia. Le Chancelier Valorum avait fait appel au Conseil pour l'aider à modérer les appétits de la Fédération du Commerce concernant les taxes à imposer sur les principales routes commerciales de la Galaxie, et la ténacité des Neimodiens avait convaincu les Maîtres d'envoyer sur leur monde d'origine le Chevalier Kel'Nos et son Maître, Alek Rand, pour régler l'affaire en faveur de la République. Cette dernière avait voulu limiter les droits de passage afin de renforcer sa popularité auprès de ses citoyens, mais s'était attirée l'ire de la puissante organisation marchande. Les deux Jedi s'étaient donc rendus sur Cato Neimodia pour résoudre ce problème. On avait eu confiance en leur capacités de négociations et leurs talents de diplomate ; on avait eu raison. L'affaire avait été réglée, mais après deux mois, quand la mission était censée durer une semaine tout au plus. Un brin usés, le Maître et le Chevalier s'octroyaient donc un temps de relaxation, d'autant plus qu'aucune prochaine mission ne les attendait, en dépit de leur longue absence. Pour l'instant, la Galaxie était paisible, aucune menace ne se profilait à l'horizon, les quelques tensions qui l'agitaient avaient été momentanément apaisées.

Kel'Nos, peu à peu, à force de plonger dans la tranquillité de son monde intérieur, aiguisé par de longues décennies de pratiques de la méditation, plongea peu à peu dans un état second, où il lui semblait pouvoir ressentir comme de petites vaguelettes de Force venant le heurter doucement. Maître Rand, assis en tailleur sur un des canapés qui parsemaient l'allée du Temple où il se trouvait, l'avait imité. Deux Jedi, plus loin, se disputaient violemment. C'était déjà l'époque de la confrontation des deux théories concernant la nature de la Force. Les débats, initiés il y avait quelques années, n'avaient fait que gagner en intensité, et troublaient l'Ordre, au point de menacer de le diviser. L'on redoutait une scission. L'indépendance d'esprit de Kel'Nos, si elle le poussait à adhérer plutôt à l'hypothèse de la Force Vivante, comme les Maîtres Dooku ou Jinn, l'avait surtout encouragé à rester à l'écart de ces conversations déplaisantes et qui, au départ vivifiantes et intéressantes, avaient vite tourné au pugilat continuel.

-Comment peux-tu affirmer une seconde qu'il n'existe, "à proprement parler", comme tu dis, ni Côté Lumineux, ni Côté Obscur ?
-Je ne nie pas l'existence de versants positifs et négatifs dans la Force, écoute ce que je te dis ! Ce que j'affirme, c'est qu'Elle est une énergie pure, qui participe du vivant, et qui est aussi multiple que ce dernier !
-C'est ça, en gros, tu rejoins complètement Dooku ?
-Je ne vais pas jusque là, j'appuie certaines de ses idées, mais pas toutes !
-Et quand il propose d'explorer certains holocrons Sith mineurs, qu'est-ce que ça te fait ? Ca ne te choque pas ?
-Ca me choque, mais on ne peut pas condamner tous les propos de quelqu'un sous prétexte qu'une partie d'entre eux incluent de s'aventurer sur un terrain glissant.
-Ouais. Tout ça me rappelle Exar Kun. Lui aussi se proposait au départ d'explorer "prudemment" les arcanes du Côté Obscur, pour "mieux le combattre". Je suis d'accord qu'il faut comprendre nos ennemis pour les terrasser, mais là c'est dangereux !
-Là-dessus, nous sommes d'accord. Mais tu ne peux pas comparer Dooku à Kun. L'un est un Maître accompli, l'autre était un apprenti lorsqu'il a commencé ses recherches !
-Je te dis que Dooku et tous ceux qui soutiennent sa théorie sur la Force, comme toi, vous défendez une théorie risquée !
-Mais en quoi ?
-En ceci que vous éludez, encore une fois, et estompez la gravité et la puissance du Côté Obscur en l'incluant dans un équilibre, un "écosystème spirituel !" Déjà, la formule est ridicule, et puis vous mettez sur un pied d'égalité les Ténèbres et la Lumière ! Je trouve ça scandaleux.
-Tu raisonnes comme si les Sith étaient à nos portes. Ca fait mille ans qu'ils ont disparu, les problèmes qui se posent à l'Ordre sont très différents.
-Ce n'est pas une raison ! Je dirais même, raison de plus, pour ne pas risquer qu'un Jedi, à cause des théories de Dooku, ne s'aventure trop loin et s'égare définitivement !


Tandis qu'ils continuaient leur dispute, Kel'Nos, qui était sorti de sa méditation pour écouter de loin les deux Jedi, hochait la tête avec une moue désapprobatrice. Tournant la tête vers Rand à sa gauche, celui-ci étira ses lèvres fines en un sourire malicieux.

-Du grain à moudre hein ?
-Pour qui, Maître ?
-Oh, tous les amateurs de débats, les beaux-parleurs, et les intellectuels de l'Ordre. Heureusement que je ne suis pas un rat de bibliothèque, on me harcèlerait sans cesse pour me demander mon opinion et éclairer tel ou tel de mes lumières. On ne te sollicite pas trop ?
Rajouta-t-il d'un ton narquois. Le vieux Zabrak, malgré sa sagesse, avait toujours eu un tempérament espiègle et moqueur, et son élève, qui était devenu un des principaux historiens du Temple, faisait les frais de cette disposition d'esprit. En effet, ses fonctions avaient conduit, depuis le début des débats, à devoir renseigner en permanence des Jedi soucieux d'appuyer solidement leurs opinions sur les archives.

-C'est épuisant. Ils ne me lâchent pas. Heureusement que ces deux-là sont tellement pris dans leurs disputes qu'ils ne m'ont même pas remarqué.
-Xoran, la patience et l'indulgence pour nos Frères et Soeurs est une règle tacite...
-Je sais, Maître, ce n'est pas le problème. L'Ordre tout entier, parfois même, désolé de vous le dire, le Conseil lui-même, semble oublier les Neuf Concepts.
-Ne me rabâches pas ça, tu sais que je déteste-
-Vaincre son arrogance, vaincre son excès de confiance, vaincre le défaitisme, vaincre son obstination, vaincre les imprudences, vaincre sa curiosité, vaincre la déloyauté, vaincre le désir de possessions matérielles, et, je le rappelle, vaincre son a-grré-si-vi-té.


Le tempérament malicieux de Maître Rand avait déteint sur son apprenti. Kel'Nos aimait beaucoup radoter les règles annexes que constituaient les Neufs Concepts et les Huit Règles de Responsabilité, qui formaient, avec le Code Jedi, le pilier fondamental de l'Ordre. C'était à son tour de toiser le vieux Zabrak d'un air narquois. Celui-ci fit une moue désabusée, fixant son ancien élève.

-Tu sais que ce n'est pas à moi qu'il faut le dire, Xoran. Je suis toujours resté totalement en-dehors de ces controverses spirituelles ; ça ne me regarde pas. Je suis une Sentinelle, moi.
-Ca nous concerne tous, Maître.
-Alors pourquoi ne prends-tu pas d'avantage part dans ces disputes stériles ?
-Les questions posées sont les bonnes, mais les réponses qui y sont faites, si vous me passez l'expression, débloquent complètement.
-Alors, qu'est-ce que tu proposes ?


Xoran resta coi un temps.

-Déjà, de tous se calmer. Puis d'envisager ensemble ces questions sans à priori ni parti pris ; en respect des fondamentaux même de notre formation, qui nous incite à garder la tête froide en toutes circonstances. Si quelque chose risque de bouleverser l'Ordre et de le diviser, c'est bien la passion que nous mettons dans ces débats.
-Je suis certes d'accord, mon cher ex-élève. Tu n'as qu'à demander audience au Conseil, car ce n'est pas moi qu'il faut convaincre, encore une fois,
répondit Rand, narquois.
-Mais c'est bien mon intention.

Le Zabrak resta interloqué quelques secondes. Xoran l'avait mouché.

-Tu n'es pas sérieux ?
-Oh que si. D'ailleurs c'est déjà fait. J'ai obtenu le droit de paraître au Conseil ce soir.


Le Maître Jedi fixa d'un air désolé celui qu'il considérerait toujours comme son apprenti, bien que Xoran fut un Chevalier confirmé depuis plus de dix ans. De par son statut, il aurait du savoir depuis longtemps ce que Kel'Nos lui apprenait, mais son tempérament solitaire, à la limite de l'individualisme, le tenait à l'écart de tout ce qui se passait au Conseil, et il ne suivait plus l'ordre du jour depuis plusieurs mois.

-Tu n'arrangeras rien, Xoran. Les Maîtres ont leurs avis, ils ont plus d'expérience que toi, consulté plus d'ouvrages et d'holocrons. Que crois-tu pouvoir faire ?
-Rien de plus qu'apporter, pour une fois, mon point de vue dans cette controverse, histoire de n'être pas resté complètement muet. Et puis, j'espère réveiller le Conseil et le conduire à trancher. On doit en finir avec ces questions qui traînent depuis des années et gangrènent l'Ordre.


Alek étudia attentivement son disciple. Une expression résolue et déterminée, mais aussi blasée, s'affichait sur le visage du Consulaire.

-Fais bien attention, Xoran. Tu n'es pas censé solliciter le Conseil sur ces questions.
-Maître, je souhaite qu'une conclusion soit enfin exprimée officiellement, et je veux la précipiter.


Le Zabrak soupira.

-Tu as ton idée, tête de mule, et tu t'y tiendras, je le sais. Soit, Chevalier Kel'Nos, fais ce que tu as à faire. Autre chose : je te sens désabusé, et par autre chose que tout cette histoire. Qu'est-ce qu'il y a, Xoran ?

Le Chevalier hésita.

-Maître, depuis notre retour de mission, les choses ne semblent pas s'être améliorées. La République est de plus en plus sollicitée par des partis divers qui, chacun, tirent la couverture à eux. Ce qui était censé permettre à chaque monde de s'exprimer et de défendre ses droits et ses intérêts est en train de devenir un Bantha bouffi et corrompu. Je ne sais plus qu'en penser.
-Je sais que tu n'as jamais été un grand admirateur de notre République, ni encore moins, et en cela, je ne peux que te donner raison, des intrigues du Sénat. Mais que veux-tu qu'on y fasse ? Et que proposes-tu de mieux ?
-Je ne sais pas. Rien. Je n'y ai pas réfléchi plus à fond. Peut-être que la Galaxie est trop grande et complexe pour qu'un système centralisé puisse la gérer. Peut-être qu'il faudrait une structure plus lâche, et surtout que chaque monde s'oriente vraiment selon ce qu'il estime bon pour lui, plutôt que d'être sujet à des directives lointaines et vagues.


Bien qu'il fut peiné par les paroles de son élève, le Zabrak ne trahit aucune des émotions qui l'agitaient, ni via son visage, ni via sa présence dans la Force.

-Notre tâche reste de la défendre, cette République que tu n'aimes pas. Je souhaiterai désormais, que, dans l'enceinte du Temple, nous n'ayons plus ce genre de conversations que je n'ai pas su empêcher. Tes opinions ne me gênent pas, mais j'aimerais que personne ne sache ce que tu penses vraiment , car cela pourrait te porter préjudice.
-Je sais Maître. Mais j'aimerais que les choses soient différentes. Maintenant, si vous permettez, je dois me préparer pour mon audience.


Pendant que le Chevalier Kel'Nos s'éloignait vers ses appartements, sa longue bure virevoltant au gré des légers courants d'airs qui soufflaient dans le Temple, le Zabrak, qui le contemplait de dos, hochait la tête horizontalement. Il commençait à s'interroger sur le devenir de ce Jedi talentueux, mais dont il sentait qu'il était dépité de servir un système qu'il estimait corrompu, et de vivre au sein d'un Ordre qui se déchirait et s'éloignait de ses principes de base. Avec un noeud dans le ventre, il s'en remit à la Force pour le conseiller, et tenter de percer les voiles qui l'empêchaient d'accéder à la perception de l'avenir. Il reprit sa méditation.
Modifié en dernier par Aldan Mabral le dim. 7 sept. 2014 17:25, modifié 5 fois.
#13512
Quelques heures plus tard...


L'ascenseur qui couvrait la Tour du Temple, au sommet de laquelle siégeait le Conseil Jedi, et à la base de laquelle s'était passée la dispute entre les deux Chevaliers quelques heures plus tôt, à laquelle avaient assisté Rand et Kel'Nos, s'ouvrit. Son abondante chevelure complètement ébouriffée, signe qu'il s'y était activement passé la main, ce qu'il faisait toujours lorsqu'il était en colère, ce dernier en sortit vivement. A côté, son Maître l'attendait depuis quelques minutes. Sentant sa présence, Xoran ne modifia en rien la direction ni la vitesse de sa marche, et le Zabrak courut pour arriver à sa hauteur.

-J'ai senti une grande tension, là-haut. Comment ça s'est passé ?
-Mal, Maître. Très, très mal.


Se contentant de ce commentaire laconique, renfrogné et tendu, Xoran paraissait complètement plongé dans ses pensées, récapitulant la séance qui venait de se clore, réfléchissant à ce qui s'y était dit. Après quelques minutes, ils arrivèrent dans un grand hall, où il se mit à faire nerveusement les cent pas, tandis que Alek, qui était resté silencieux, se tenait immobile, le fixant de ses yeux orangés.

-Calme-toi, Xoran.
-J'essaie ! Seulement...je vais vous raconter ce qui s'est déroulé. On a commencé par un récapitulatif des débats, puis on a entamé la classique opposition thèse, antithèse, synthèse...puis j'ai exprimé mon avis. Et là, Maître Yoda m'a rembarré.
-Pardon ?
-Comme je vous dis, Maître. Je ne l'avais jamais vu hausser le ton, mais il m'a expliqué avec fermeté, trop de fermeté, que la théorie de la Force Unifiée, en mettant l'accent sur la capacité à percer l'avenir qu'elle implique et sur laquelle elle met l'accent, avait permis de sauver l'Ordre plusieurs fois. Il a bien voulu me concéder ce que je vous ai dis tout à l'heure, concernant le fait que nous devons tous nous en tenir au raisonnement plutôt qu'à la passion qu'ont déclenché les débats...pour retourner mon argument contre moi. En affirmant que selon lui, la question devait être tranchée comme je l'affirmais, mais en faveur de son courant de pensée. Alors...alors, Maître Qui-Gon-
-Quoi, il était là ? Je croyais qu'il ne voulait pas siéger au Conseil...
-Il a tenu à y assister, compte tenu de la teneur de la conversation.
-Il t'a défendu, j'imagine ?
-Et pas qu'un peu. Lui et le Comte Dooku étaient là, tout le monde, en somme. Ils doivent se revoir dans une semaine pour avoir le temps de préparer l'ouverture des débats officiels.
-Alors tu as réussi.
-Non ! Désormais, ils pensent que je suis du côté des défenseurs de la Force vivante, quand je ne suis ni de l'un ni de l'autre. J'en avais juste assez de toutes ces querelles, qu'il fallait vider une bonne fois pour toutes ! Rien n'est réglé, Maître ! Les débats vont simplement se déplacer des rangs des Jedi au Conseil lui-même ! J'ai empiré les choses ! Ils n'ont pas compris où je voulais en venir.
-N'insulte pas les membres du Conseil, Xoran.
-Je n'insulte personne, c'est juste que...
-Que quoi ?
-Je ne vois pas de solution à ce nouveau noeud dans lequel l'Ordre s'est empêtré tout seul. Les Maîtres Windu, Yoda, Mundi, ont été à deux doigts de me faire une leçon d'histoire alors que Dooku et Jinn ont cru que je les défendais, eux, simplement parce que j'ai affirmé que leur théorie était tout à fait raisonnable et, à certains égards, d'avantage que celle défendue par Yoda. Celui-ci a fait valoir son expérience séculaire, j'ai, moi, rétorqué que nul n'était omniscient ni infaillible, et ça s'est envenimé. Dispute générale. Yoda et Windu ont failli se lever de leur siège pour me remettre à ma place. Tout le monde s'est querellé, ça a duré des heures, bref... Que faire, Maître ? Je requiers votre conseil.


Alek Rand réfléchit un temps.

-L'Ordre est vraiment déchiré par ces questions. Nous n'aurions pas du laisser cette controverse durer si longtemps. Elle est maintenant une gangrène qui nous ronge tous. De plus, quelque part, ceux qui s'opposent à la théorie défendue par Yoda et les autres ont raison. Nous n'avons vraiment rien vu venir, même pas les plus sages et puissants d'entre nous. En tout cas, tu as attiré l'attention et les ennuis. Je te conseillerai bien de te retirer quelque part en attendant que ça se tasse, mais ce serait fuir, et tout ce que tu défends serait discrédité. D'un autre côté, si tu restes, et si tu défends ta position, tu vas sans doute contribuer au renforcement des divisions, désolé de te le dire. Beaucoup risquent d'avoir une dent contre toi.
-Tout juste, Maître.


Rand eut alors une expression navrée que le Chevalier ne lui avait encore jamais vue.

-Nous commençons à nous éloigner de ce que nous étions censés êtres, Xoran. Vraiment, tout ça me désole. Pourquoi s'entredéchirer pour...je ne dirais pas des foutaises ou des questions secondaires, mais des questions d'une dimension qui exige, plus qu'aucune autre, d'être approchée avec prudence et minutie ?
-Tout le monde se montre trop audacieux, sûr de soi, sûr de comprendre la Force. L'Ordre a un grave problème intérieur, Maître.
-Je ne peux que t'approuver.


Ils entendirent alors un bruit de botte résonner vivement sur le marbre du Temple. Un des padawans des Maîtres présents lors du Conseil, un jeune homme qui avait pu assister à la séance, les avait rattrapés. Alek Rand fut le premier à le reconnaître.

-Salutations, Obi-Wan.
-Salut à vous, Maître Rand. Je m'excuse de vous interrompre, mais je dois transmettre un message du Conseil au Chevalier Kel'Nos.
-Fais donc.
-Chevalier, le Conseil, suite à l'audience de ce soir, a statué que vous deviez, jusqu'à nouvel ordre, vous abstenir de toute déclaration publique concernant les débats sur la Force actuellement en cours, ainsi que tout mention, directe ou indirecte, à propos de ces derniers, à qui que ce soit.


Ayant quitté la raideur que le caractère officiel de sa mission lui avait donné, il arbora, tout en se détendant, un air penaud.

-Je suis désolé, Chevalier Kel'Nos. Ce sont les directives du Conseil. Ni moi ni mon Maître...
-Je sais que vous n'approuvez pas cette décision, padawan. Sois sans souci, le Conseil n'aura pas à se plaindre de moi, je serais muet comme une tombe. Ne sois pas navré pour moi.


Saluant les deux Jedi en s'inclinant, lesquels en firent autant, le jeune Kenobi disparut. Rand put constater sur le visage de son ancien élève un air ironique, et en même temps, ce qui la troubla, curieusement satisfait.

-Vous avez vu que le Conseil a décidé pour moi. Je dois la fermer jusqu'à ce que l'on m'intime le contraire.
-Cette décision est surprenante. Ça n'a rien d'habituel, tu as du sacrément les mettre en rogne...
-Je ne voulais pas provoquer de tels remous, mais j'assumerais tout. Bien, je dois méditer sur tout cela.
-Je t'accompagne.


Une semaine plus tard, Kel'Nos était avisé qu'il pourrait participer modérément à la première session des débats qui devaient, dans les mois qui suivraient, furieusement agiter le Conseil. Coincé entre deux théories dont aucune ne le satisfaisait pleinement, il représentait, avec quelques marginaux, un troisième "camp" dans les débats, qui fut vite débordé, puis réduit au silence. Participant aux premières séances, les seuls moments où il était autorisé à s'exprimer concernant ces questions, Kel'Nos fut bientôt réduit à ne pouvoir plus qu'y assister, avant d'en être peu à peu exclu. La manoeuvre du Conseil, si l'on pouvait décrire ainsi la situation - c'étaient les mots du Chevalier jedi - avait réussi : admis comme membre tout à fait honorable de la controverse, et autorisé à défendre son point de vue pour donner aux débats officiels la plus grande crédibilité, il en fut assez vite rejeté, étant considéré comme un gêneur, ainsi que le représentant d'un discours trop marginal et le moins fondé sur des bases cohérentes, s'appuyant sur des recueils et documents épars, dont certains avaient des origines obscures. Xoran comprit qu'il n'était plus le bienvenu. Il avait saisi qu'on ne souhaitait plus qu'il énonce son opinion sur la matière en quelque circonstance que ce soit, sans que cela fut exprimé publiquement.

Pendant ce temps, la Fédération du Commerce reprenait du poil de la bête, et exigeait toujours plus de droits auprès du Chancelier, qui faiblissait, voyant son autorité s'amenuiser. Le spectre de l'anarchie et de l'apparition de zones de non-droit, ainsi que du renforcement de compagnies privées aux intérêts purement mercantiles, tous ces facteurs réunis avaient fini par dégoûter Xoran Kel'Nos d'à peu près tout ce qui avait fait jusqu'ici son existence. C'est pourquoi, à la fin de l'an -35, il décida de quitter l'Ordre Jedi et de partir voyager dans la Galaxie. Estimant qu'il avait assez fait pour l'Ordre et la République, institutions poussives, étriquées, menacées par la corruption, il entama son existence d'errance à travers les mondes les plus "marqués par la Force". Avant, diront certains, de "basculer dans le Côté Obscur".

L'an -2, Dantooine, non loin des ruines de l'ancienne Enclave Jedi et de la base rebelle démantelée depuis quelques jours.


Un vent froid courait sur la plaine, à travers la brume. Se renfonçant dans sa bure noire, Darth Avidius venait de sortir de l'enclave, sans rien à se mettre sous la dent. Ni soldat rebelle qui se serait dissimulé quelque part, et qui eut put lui être utile, pour peu qu'il consentît, de gré ou de force, à lui révéler une cache secrète dans le bâtiment, ni personne. L'Empire avait fait un trop bon travail, et si il restait quelque cristal, relique, holocron ou document dans l'ancien édifice Jedi, il les avait récupéré depuis longtemps, laissant le Sorcier Sith bredouille. Mécontent, celui-ci traînait, tandis que la nuit tombait, en quête d'une cache quelconque, située aux alentours de l'endroit. Sa vue perçante balayait les environs sans succès, renforçant sa mauvaise humeur, lorsqu'il sentit soudain, avec stupeur, une présence dans la Force. Faible, ténue, chancelante, mais vibrant tout de même. La main sur son sabre-laser, il se réjouit. Se pouvait-il qu'un Jedi se soit caché depuis l'Ordre 66 sur le paisible monde de plaines ? Il était logique, alors, qu'il ait trouvé refuge dans cette enclave. Logique, et dans le même temps, pas très futé. Si un chasseur de Jedi voulait assouvir sa quête de proies, c'était le premier endroit où il chercherait.

Et puis, cette présence avait la particularité d'être très instable. Comme si elle menaçait de s'éteindre à tout moment, à l'instar d'un feu mal entretenu qui achèverait de mourir. Curieux. Non, il ne pouvait s'agir d'un Jedi authentique. Il l'aurait repéré plus facilement, ou alors, pas du tout. Cet étrange entre-deux ne le conduisit cependant pas à relâcher si vigilance. Etait-il possible qu'il s'agisse d'un praticien ayant perdu la raison, ou cette personne essayait-elle de dissimuler sa présence dans la Force sans y parvenir tout à fait, faute d'avoir pu maîtriser suffisamment cette technique délicate ? Il en aurait le coeur net. Il se rapprochait de la source. Très vite, il en était même tout proche. Activant mentalement son sabre, la lame de plasma crépitant doucement, il éclaira les alentours immédiats de sa lueur rougeoyante. Déplaçant devant lui son sabre comme une torche, il finit par tomber sur une frêle silhouette, adossée contre un arbre touffu, qui remuait doucement, en grognant. Apparemment, le Seigneur Sith venait de réveiller l'individu. Par télékinésie, il ôta du corps la couverture dans laquelle ce dernier s'était enroulé.

Il examina alors les traits du jeune homme. Fins. Il avait cependant tout d'un enfant sauvage : les yeux comme exorbités, l'air dément, regardant vivement autour de lui, la respiration haletante, et les cheveux en bataille. Le Dantooinien faisait piètre figure. Déglutissant avec peine, il fixa alors ses yeux fous sur le Sith, qui étira lentement ses lèvres en un sourire carnassier.

-Qui es-tu ?
-Vous, qui êtes-vous ?
Hurla l'adolescent.

Ricanant, Avidius leva légèrement le bras, la main ouverte tendue vers son jeune interlocuteur. Renfermant le poing, il fit léviter ce dernier, qui avait serré ses mains autour de sa gorge, larmes aux yeux, respiration sifflante, un peu de sang suintant sur ses lèvres.

-Saches que c'est moi qui pose les questions. Réponds.


Le vieil homme relâcha sa pression sur le jeune homme qui tomba mollement à terre. Peinant à articuler normalement, aspirant goulûment de grandes bouffées d'air frais, celui-ci finit par répondre :

-Je...ne suis...rien, personne...ça fait deux jours que...je erre, comme ça...dans la campagne...s'il vous plait...
-Quel est ton nom ?
-Ma...bral. Aldan Mabral.

Après un temps, voyant que le Seigneur Sith, qui n'avait pas quitté son sourire, le fixait avidement dans les ténèbres, sa propre face rougie par le sabre laser, et abasourdi par ce qui venait de se passer, il tenta maladroitement de comprendre ce qui lui arrivait et de se sortir d'affaire du mieux qu'il pourrait. Gauchement, après avoir repris son calme, tentant de masquer sa terreur, il dit :

-Vous...impossible. Il n'y a plus de Jedi.


Un rire froid et métallique lui répondit.

-Tu dis vrai, jeune Aldan, il n'y a plus de Jedi. Il n'y a plus que nous.

Puis, redevenu sérieux, il tendit les deux mains en avant, en direction de Mabral, qui, effrayé, fit une roulade sur le côté. Le Sith ne le visait pas, mais l'arbre qui se trouvait derrière lui. Par la Force, il le déracina, sous les yeux écarquillés d'Aldan, qui n'en revenait pas. Faisant léviter le vieil arbre à deux, trois, cinq mètres, puis le maintenant suspendu un temps, le vieux Sith se mit alors à murmurer quelques phrases dans une langue inconnue de l'adolescent, le vieil idiome de Korriban. Puis il rétablit lentement l'objet de sa démonstration à sa place. Faisant quelques signes dans les airs, les racines arrachées du sol s'y replantèrent, et l'arbre reprit contact avec la terre comme si rien ne s'était passé. Essuyant les quelques feuilles et se débarrassant des branches qui l'avaient recouvert durant l'opération, Mabral fixait à son tour le vieillard, muet.

-Jeune Aldan, ceci n'est rien en regard de ce que je pourrais exécuter. Les performances des piteux Jedi dont tu as parlé, tiennent encore moins la comparaison. Soyons sérieux, maintenant. Où sont tes parents ?

Il avait cruellement provoqué le jeune homme. Il se doutait que ces derniers n'étaient plus de ce monde depuis un moment ; peut-être avaient-ils été parmi les rebelles qui avaient fui l'Empire ? La réponse d'Aldan le surprit, en même temps qu'elle le satisfit au plus haut point :

-Inutile de parler d'eux. J'ai quitté la maison et je ne reviendrai pas. J'ai...sérieusement blessé mon frère lors d'une dispute, très sérieusement. Il est hors de question que je me représente devant eux...ils prennent toujours son parti.

Une lueur nouvelle, encore plus avide, brilla dans les yeux sombres d'Avidius.

-Comment s'appelle ton frère ?

-Meridan,
fit Mabral entre ses dents, rage au coeur. Il ne regrettait en rien son geste, et Avidius le sentait. Il se réjouit de la haine qui battait furieusement dans la poitrine du jeune homme.

-Si je comprends bien, tu n'as nulle part où aller ?
-Non.
-Aimerais-tu pouvoir faire ce que je viens d'effectuer avec cet arbre, et bien plus ?


Aldan planta son regard, furieux et déterminé dans les prunelles fauves du Sith. Calme, il souffla :

-Et comment.


Avidius sourit largement.

-Bien. Dans ce cas, je suis Avidius, Darth Avidius, Seigneur Sith. Retiens bien ce nom. Désormais, tu m'appelleras "Maître". Maintenant, apprenti, agenouilles-toi. Tu vas me prêter serment.
Modifié en dernier par Aldan Mabral le jeu. 5 mars 2015 07:23, modifié 8 fois.
#13530
Près de dix ans plus tard, à bord du cargo léger Y-1300 Black Arrow, quelque part dans le vide intersidéral...


Le ronronnement feutré du moteur, qu'il entendait vrombir à ses oreilles, apaisait Aldan, tandis qu'il reposait le premier parmi les nombreux datapds et les quelques holocrons mineurs que son Maître Avidius lui avait laissés. La plupart de ces dernières reliques Sith devaient servir à l'entretien de ses capacités, et aucun ne lui avait révélé jusqu'à présent de nouveaux savoirs, de nouvelles informations quelconques sur la quête qui lui avait été confiée. Non sans perplexité, il relut quelques uns des passages des six fichiers qui composaient l'objet. Ainsi, son ancien Maître avait parsemé parmi la Galaxie des indices pour lui permettre de remonter à ses secrets les plus importants. Il reconnaissait là les façons de feu Avidius, qui avait toujours apprécié faire compliqué quand on pouvait faire simple. Du moins, c'est ainsi que l'auraient interprété des esprits superficiels, mais, comme l'avait dit le Sage Sith, le savoir se mérite.

Les premières clés menant à ces éléments éparpillés, selon les dires du Sorcier, se trouvaient dans les datapads qu'il avait daigné lui remettre peu avant sa mort, qu'il avait prévu. Alors, Aldan avait été surpris que la puissance du Seigneur Sith ne lui ait pas permis de voir le coup venir, ni de deviner les auteurs de son lent empoisonnement ; encore moins de contrecarrer le sort. Ce mystère inexplicable, s'expliquait-il par un refus du Maître de continuer à prolonger sa longue existence, pour, enfin, rejoindre la Force, et la puissance qui la "manipulait", selon ses propres dires ? Ou bien fallait-il soupçonner la participation dans cette affaire de rivaux Sith assez puissants et rusés ? Cela tenait difficilement la route. Traqués comme les Jedi avant eux, par quasiment toute la Galaxie, contraints à se terrer comme des rats pour survivre, ou à nouer de fragiles alliances , qui, le plus souvent, se retournaient contre eux, les Sith vivaient une des périodes les plus critiques de leur histoire. La dimension de leur triomphe du temps de l'Impératrice coïncidait avec l'ampleur de leur déchéance présente...il était évident qu'il leur fallait s'unir et, pour une fois, faire preuve de solidarité, si ils voulaient que leur Ordre perdure. D'autant plus que certains anciens Sith, eux-mêmes, s'étaient rangés dans les rangs de l'Empire, pour traquer leurs "collègues."

Les temps étaient durs pour la Confrérie, et Aldan, tout en souffrant de cette menace d'extinction des Sith, se dit qu'il devait garder la tête froide si il voulait se montrer utile. Aussi, résolut-il de méditer. Assis en tailleur, les yeux clos, le vrombissement du moteur du cargo résonnait dans la tôle, seul bruit à bord du vaisseau. Assez vite, il sombra dans un état second.

Ciel jaunâtre et roche ocre. Un vent violent, froid et sec, roulait sur la vallée. Ce qui avait été autrefois une cité fabuleuse quand on envisageait le pouvoir et la connaissance qui y avait été concentrés, n'était plus qu'un gigantesque amas de ruines qui dégageaient une aura mélancolique et délétère. Déambulant dans la Vallée des Seigneurs Noirs, les vieux piliers poussiéreux recouverts d'inscriptions incompréhensibles honorant les Maîtres de la Sith, se dressant dans le ciel, témoignaient du passé glorieux de Korriban. Alors que les gigantesques tertres et cryptes, taillés dans la pierre rougeâtre du monde, toisaient l'insignifiant qui avait l'audace de les visiter, il arriva bientôt dans ce qui lui semblait être le centre de la Vallée. Les esprits mauvais du lieux tournaient autour de lui, désespérés et furieux, hurlant et se lamentant à la fois, tantôt lui susurrant vicieusement des menaces, tantôt le cajolant de leurs voix mielleuses qui résonnaient dans sa tête. Résolu à faire ce que son Maître lui avait appris, il continua sa route en ne pensant strictement à rien, faisant un grand vite dans son esprit, marchant comme un fantôme, quasi-inconscient ; cette méthode, qui avait ses faiblesses, lui permettait de dresser une barrière protectrice autour de son esprit qui tenait les spectres des anciens Sith à distance. Bientôt, lui apparut un autel, qui semblait fait d'or massif. De face, le visage grimaçant et tordu d'un Sith typique, reconnaissable à ses appendices faciaux, montrait des dents de fauve et tirait la langue dans une attitude menaçante. De profil, avaient été sculptées des servants enchaînés, dans une posture d'attente et d'humilité.

Sur la surface de l'autel, il put voir un bassin, autour duquel le vieux Code Sith avait été gravé, rempli d'un liquide pourpre. Les voix rugissantes, désormais, des fantômes lui vrillaient le crâne, et, n'y tenant plus, il dut se cramponner à l'autel avant de chuter. Se relevant péniblement, il entendait désormais les voix maléfiques des anciens lui intimer à l'unisson de boire le contenu malsain de l'autel. Elles se turent alors que, faiblissant, il obtempérait. Se penchant pour s'humecter du breuvage, il faillit le recracher, car il reconnaissait en lui le goût du sang, quoique sa texture était beaucoup moins épaisse. Mais, peu à peu, une énergie mauvaise s'empara de lui, et il se surprit à trouver plaisant le goût de la mixture. Aussi, avidement, frénétiquement, but-il le reste, jusqu'à vider complètement le bassin. Il se releva, parmi les murmures approbateurs et triomphants des spectres Sith. Il se sentait à la fois puissant et apaisé, mais surtout avait été détendu par les décharges de plaisir qu'il avait pris à consommer le mystérieux liquide. Curieux, il se pencha à nouveau pour examiner le fond du bassin ; il constata qu'il y avait, au fond de celui-ci, une plaque de verre, mais que le visage qu'il y apercevait, au lieu d'être son exact reflet, semblait montrer une autre personne. Les joues creusées, le teint pâle, de grosses veines noires ressortant sous la peau, laquelle était presque transparente, l'homme le contemplait avec un sourire malsain, mais c'était surtout son regard qui frappait le jeune homme. Orangé, les yeux luisants et fixes, gonflés de sang, celui en qui il reconnut son double éclata de rire.

-Tu as fait le bon choix ! Lança-t-il d'un ton malveillant et profondément ironique. Sois le bienvenu, Darth Kane !

Il éclata alors d'un rire strident, contre-nature et dément. La stupeur et l'effroi de Mabral le firent chavirer. Sa tête heurta le bord de l'autel...puis plus rien.

Noir.
Corps inconscient qui flotte dans l'éther.
Silence.

...

"Imbécile"


Aldan Mabral sortit alors de sa méditation. Respirant bruyamment, en sueurs, le coeur battant la chamade dans sa poitrine, comme si il s'apprêtait à la casser. Regardant autour de lui, s'essuyant le front, il constata que le calme habituel de ses appartements, et plus généralement du vaisseau, s'était refait autour de lui. Rien n'avait changé durant sa stase/transe, le perpétuel vrombissement du moteur achevant de le calmer. Pourtant, la voix, cette voix qu'il aurait reconnu entre mille, basse, grave, rauque, presque un murmure d'outre-tombe, résonnait encore dans sa tête.

-Impossible...
-Imbécile. Répéta la voix. Plus nettement, cette fois-ci.

Apparition


Soudain, quelque chose se produisit. L'air semblait comme littéralement vibrer, il lui semblait qu'à un point précis de l'espace de sa cabine, une ondée se formait, qui prit bien vite une apparence humaine. Des traits, un corps fantomatique, se formèrent, jusqu'à prendre, très distinctement, une forme qu'il connaissait bien. Il reconnut en elle son défunt mentor. Instinctivement, il s'agenouilla. L'apparition ricana, puis de sa voix spectrale :

-Tu as conservé les bonnes manières que je t'ai inculquées, à ce que je vois...
-Seigneur Avidius, je...
-Bon réflexe, apprenti ! Tu t'es empressé de changer de Maître, si bien que tu ne te sens plus obligé de m'appeler ainsi lorsque je t'apparais...
-Mille excuses, Maître.
-Je m'amuse avec toi, Aldan. Tu as eu raison de filer sur Korriban suite à mon trépas. La possibilité d'avoir deux professeurs dans la Force, et de confronter leurs enseignements, n'est pas donnée à tout le monde. Cette expérience ne peut que t'être profitable. Je peux en parler, puisque j'ai eu cette chance, grâce à une Dame dont je t'ai parlé via mes écrits...en ce qui te concerne, le Seigneur Odion fera un excellent formateur.
-Vous....vous l'avez connu ?
-Certes non, et lui n'a, apparemment, jamais eu vent de mon existence, ce qui m'arrange fort bien. Trêve de bavardages inutiles. Je vois que tu as lu mes notes, c'est bien. Tu sembles les avoir comprises. Ou plutôt, tu semblais. Je suis assez mécontent, apprenti...
-Maître...était-ce juste un rêve, ou une vision ?
-Une vision !
Le spectre éclata de rire. Vois, je n'ai rien perdu de ma facilité à rire, par-delà la mort ! Mais soyons sérieux. Ce qui t'es apparu n'est qu'une projection de tes...démons intérieurs, pour m'exprimer maladroitement. Tu as accédé à une dimension spéciale, à laquelle parviennent ceux qui s'imprègnent des arts Obscurs. Ceci était une mise à l'épreuve. Et je devancerai ta question : non, ce n'est pas moi qui te l'ai envoyée. Ce que tu as vécu était une production de ton propre esprit mis en contact avec la Force. Dans un sens, je pourrais te féliciter : ceci, de la part d'un apprenti, est le résultat d'une puissante méditation, tu as donc des capacités et un potentiel prometteur - de manière générale, d'une part, ce qui ne fait aucun doute, puisque tu es là au lieu de traire les vaches sur Dantooine -, et d'autre part, et plus spécialement, pour la tâche que je t'ai confiée. Cependant, en la circonstance, tu ne t'en es pas montré digne.
-J'ai échoué, Maître. Pardonnez-
-Je n'ai que faire de tes excuses. Tu n'as même pas compris en quoi tu as failli ! Tu t'es aventuré trop loin dans une voie qui ne mène nulle part...virtuellement, certes. Mais cela aurait pu te coûter cher. Je ne reprendrai pas la terminologie des Jedi, ni, dans un sens opposé, de mes chers collègues - ils ne valent pas mieux les uns que les autres -, mais je suis très insatisfait de ta performance mentale. Je vais donc, pour une fois, me permettre de parler comme tous ces idiots : tu t'es fait, dans cette transe, dévorer, ( virtuellement, encore une fois ), par le Côté Obscur. Dit plus intelligemment, tu as cédé à tes propres démons, et de quelle manière ! A la première pichenette, tu as volé en éclat et t'es abreuvé de cette chose...
-On aurait dit du sang...
-Ce n'était rien d'autre qu'un symbole, très tangible et frappant, certes, des risques que tu prends en suivant la voie à laquelle je t'ai initiée. Logiquement, on pourrait en conclure que c'est de ma faute. Cependant, les documents que tu viens de lire te mettaient en garde. Tu marches sur une corde raide, ton art est celui d'un funambule, mais c'est justement l'honneur et la fierté de notre lignée spirituelle, que d'avoir choisi ce chemin qui est de loin le plus ardu...
-J'ai donc accédé à...une des dimensions spirituelles que vous y mentionnez ?
-D'une façon extrêmement sommaire, basique et incomplète, mais oui, on peut dire ça comme ça. Si on comparait ça à l'escalade d'une montagne, tu as chuté alors que tu avais à peine entamé ton ascension. C'est dire. Tu as échoué à ta première épreuve, et le soi-disant "Côté Obscur" t'en enverra d'autres, tu peux en être certain.
-Si je comprends bien, ceci représentait la soif de sang, l'amour de la cruauté, l'avidité de pouvoir qui a consumé les Sith à travers leur histoire, et continue de le faire ?
-Bien vu. Cette bêtise atavique, qui ronge l'Ordre depuis le début, a failli consumer sa perte à de nombreuses reprises, et aujourd'hui plus que jamais. Tu dois mettre des bâtons dans les roues des sots intrigants qui ignorent le caractère glorieux, et avant-gardiste, de la Confrérie. Mais pour ce faire, tu dois être le plus proche possible de la perfection, être un exemple, ce dont tu es encore loin. Tu dois t'activer dans ce sens, et faire preuve, à l'avenir, de plus de concentration et de volonté. Les enjeux sont trop grands.
-Que dire alors du Seigneur Odion ?
-En un sens, c'est un des plus futés, présentement. Il a compris plusieurs choses importantes, et tu vas suivre son enseignement jusqu'à son terme. Ensuite, quand tu seras devenu assez puissant pour ne plus être son serviteur, tu t'associeras à lui, jusqu'à un certain point, et sous conditions. Le moment n'est pas encore venu de te parler de tout ça, tu sais qui je suis et comment je fonctionne : au compte-goutte. C'est frustrant, mais c'est comme ça. Gérer la frustration n'est rien en comparaison de ce qui te sera demandé. Je te réapparaitrais bientôt, apprenti.
-Maître...comment éviter de faillir, lorsque le type de situations que j'ai vécu dans ma vision se présentera réellement à moi ?
-Tu as su le faire au début, mais tu as vite flanché. Entraîne-toi sans relâche, fortifie-toi, apprends à mépriser à mort une part de toi-même, et à la faire taire ; celle, précisément, qui a englouti le contenu de l'arche de Korriban, cette part cruelle et avide qui a le goût du pouvoir et de son ostentation, de sa démonstration. Ces fadaises puériles ne sont pas pour toi. Laisse-la aux faibles. Sache que le pouvoir n'est rien sans le savoir, alors que ce dernier vaut déjà quelque chose par lui-même. Maintenant, dès que tu auras réglé tes affaires, tu te rendras sur Dagobah. Je t'en ai déjà parlé dans mes notes : quelque chose t'y attend. Il y existe un puissant nexus, un point focal du Côté Obscur, une grotte surmontée d'un grand arbre mort. Là, de nouvelles choses te seront révélées. En attendant, progresses, apprenti, et étudies mes documents. La clé est sous tes yeux, réfléchis et médite.


Et le spectre disparut.
Modifié en dernier par Aldan Mabral le ven. 12 sept. 2014 09:09, modifié 7 fois.
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